Victimes de violences conjugales : l’aide d’urgence adoptée définitivement au Sénat

  • l’année dernière
“A l’issue de cette séance, nous avons l’occasion de sauver des vies.” Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
Le 16 février 2023, le Sénat examinait pour la seconde fois la proposition de loi de la sénatrice centriste Valérie Létard créant une aide d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Adoptée en première lecture par le Sénat en octobre 2022, puis par l’Assemblée nationale en janvier 2023, le Sénat l’a adoptée en deuxième lecture le 16 février. Ce texte a pour but d’apporter un soutien financiers aux personnes, le plus souvent des femmes, victimes de violences conjugales et contraintes de quitter leur foyer.

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00:00:00 Alors, je tiens à vous faire part du plaisir et de la satisfaction
00:00:04 que j'ai de voir aujourd'hui,
00:00:05 cette proposition de loi examinée par notre Assemblée,
00:00:10 cette aide universelle d'urgence
00:00:13 qui vise à combler un réel manque lorsque les victimes
00:00:17 subissant des violences conjugales rencontrent des difficultés
00:00:20 à s'extraire de l'emprise de leurs conjoints violents
00:00:24 en raison de la dépendance financière.
00:00:27 Cette dépendance financière peut faire renoncer au départ
00:00:31 ou forcer les victimes de violences conjugales
00:00:33 qui ont franchi le pas à renoncer, à revenir en arrière.
00:00:38 Je dis "notre proposition" car je tiens à associer
00:00:41 les équipes du Conseil départemental du Nord,
00:00:44 qui sont ici présentes,
00:00:46 avec qui je travaille depuis plusieurs mois
00:00:48 sur ce dispositif qui est au final
00:00:50 le résultat de nos nombreux échanges
00:00:52 avec les associations compétentes, les travailleurs sociaux,
00:00:56 les services de gendarmerie et de police,
00:00:58 le procureur, la caisse d'allocations familiales.
00:01:01 C'est ce travail de terrain qui nous a fait imaginer
00:01:04 le dispositif proposé aujourd'hui
00:01:06 et que nous avons d'ores et déjà décidé d'expérimenter
00:01:09 dans le Valenciennois.
00:01:11 Je tiens bien sûr particulièrement et également
00:01:15 à remercier notre rapporteur Jocelyne Guidez,
00:01:19 qui a su s'emparer de ce texte, en comprendre les enjeux
00:01:22 et l'enrichir utilement lors de son passage
00:01:25 en commission.
00:01:27 Le président de la République a fait des droits des femmes
00:01:30 et de la lutte contre les violences faites aux femmes
00:01:33 une des grandes causes du quinquennat.
00:01:35 A ce titre, le 3 septembre 2019,
00:01:37 le gouvernement lançait le Grenelle des violences conjugales,
00:01:41 lequel a débouché sur un plan d'action global et inédit.
00:01:45 Mme Elisabeth Borne, Première ministre,
00:01:47 a renouvelé l'engagement du gouvernement
00:01:49 en faveur de cette cause.
00:01:51 Et il le faut, car les chiffres sont là et ils sont glaçants.
00:01:55 En 2020, en France, hors homicide,
00:01:57 les forces de sécurité ont enregistré
00:01:59 159 400 victimes de violences conjugales
00:02:02 commises par leurs partenaires,
00:02:04 soit une hausse de 10% sur un an.
00:02:07 En 2021, 143 morts violentes au sein du couple
00:02:11 ont été recensées contre 125 l'année précédente.
00:02:14 Cela signifie 18 victimes en plus.
00:02:17 Dans l'arrondissement de Valenciennes,
00:02:19 territoire dans lequel nous avons imaginé cette aide,
00:02:22 les statistiques du parquet sont particulièrement inquiétantes.
00:02:26 Chaque année, le service d'aide aux victimes
00:02:28 accompagne 1 000 victimes de violences conjugales.
00:02:32 En 2021, les services de police et de gendarmerie
00:02:35 ont eu à traiter en moyenne 8 cas de violences intrafamiliales
00:02:38 chaque jour.
00:02:39 Face à ce constat alarmant,
00:02:41 il est bien sûr plus que nécessaire de s'interroger
00:02:43 sur la façon de prévenir ces violences,
00:02:46 d'anticiper, de protéger, d'agir en amont.
00:02:49 Sur ce sujet, je ne peux que soutenir,
00:02:51 sinon inciter le gouvernement à faire davantage
00:02:53 pour la prévention en lien avec les professionnels de terrain
00:02:57 pour leur donner les moyens d'agir.
00:03:00 Un vrai travail doit être fait en amont.
00:03:03 Et à ce titre, je remercie et félicite mes collègues
00:03:06 Laurence Rossignol, Laurence Cohen, Nicole Duranton,
00:03:09 Loïc Hervé, Françoise Laborde, Noëlle Rossin,
00:03:12 au nom de la délégation du droit des femmes,
00:03:15 dont le rapport d'information présenté en juin 2018
00:03:18 sur "Prévenir et combattre les violences faites aux femmes",
00:03:20 un enjeu de société, a apporté énormément de propositions.
00:03:24 Riche de leurs constats, points de vigilance,
00:03:26 ces 36 recommandations effectuées
00:03:29 feraient une excellente feuille de route,
00:03:30 madame la ministre, pour renforcer ces mesures de prévention.
00:03:34 Mais il est également urgent d'apporter une réponse adaptée
00:03:37 et rapide à ces victimes,
00:03:38 une fois l'emprise du conjoint violent malheureusement établie.
00:03:42 Aider une victime qui trouve la force d'aller porter plainte,
00:03:44 de demander une ordonnance de protection,
00:03:46 qui trouve la force de quitter le foyer conjugal,
00:03:49 alors même que cela représente un choix parfois tout aussi effrayant
00:03:52 que de rester subir les violences de son conjoint.
00:03:55 Là est le coeur de la présente proposition de loi.
00:03:58 Ainsi, en créant une aide universelle d'urgence
00:04:01 pour les victimes de violences conjugales,
00:04:04 on accorde un droit à s'émanciper, à s'échapper de cette emprise,
00:04:08 générée par une dépendance financière
00:04:10 que le conjoint violent a sur elle.
00:04:12 Car trop souvent, les victimes de violences
00:04:14 sont contraintes de retrouver le foyer conjugal
00:04:17 très peu de temps après l'avoir quitté,
00:04:19 faute d'autonomie financière immédiate.
00:04:21 Ce constat, mes chers collègues,
00:04:23 ce sont les professionnels de terrain qui me l'ont dressé.
00:04:27 J'ai souhaité faire de ce dispositif une aide universelle,
00:04:30 le préoctroyer n'étant pas soumis à conditions de ressources
00:04:33 ni de statut. Pourquoi ?
00:04:35 Parce que tant la victime éligible au RSA
00:04:38 ou que celle ou celui qui a des revenus ou un patrimoine,
00:04:41 les moins de 25, les plus de 25, les retraités,
00:04:44 hommes ou femmes, les violences,
00:04:47 l'emprise n'épargne personne.
00:04:49 N'oublions pas que la rétention de moyens de paiement
00:04:52 ou de titres par le conjoint violent est fréquente.
00:04:55 L'objectif est donc de garantir aux victimes
00:04:57 les conditions financières nécessaires
00:04:59 pour leur permettre de se libérer de celles-ci,
00:05:01 et ce, le plus vite possible.
00:05:03 C'est pourquoi le dispositif répond également
00:05:07 au caractère de l'urgence qu'imposent ces situations.
00:05:11 Les conditions de survie des victimes,
00:05:13 leur capacité à se mettre à l'abri le plus rapidement possible
00:05:17 est déterminant pour elles-mêmes et quelques fois leurs enfants.
00:05:20 Dans ces situations, plus que dans tout autre,
00:05:22 le temps est compté.
00:05:24 Le présent texte, amendé avec efficacité
00:05:27 par notre rapporteur Jocelyne Guidaise en commission,
00:05:30 ainsi que certains collègues qui proposent
00:05:32 ou qui ont proposé ou qui proposent des amendements,
00:05:35 prévoient ainsi tout d'abord un délai de déblocage du prêt
00:05:39 alloué par la caisse d'allocation familiale de 72 heures,
00:05:42 soit 3 jours ouvrés, madame la rapporteure.
00:05:44 Cette durée n'est pas un choix arbitraire,
00:05:47 mais juste un équilibre entre le besoin d'une solution
00:05:49 à court terme pour les victimes et la capacité
00:05:52 des services compétents de la CAF à instruire la demande
00:05:55 le plus rapidement possible.
00:05:56 S'inspirant des mécanismes extra-légaux d'action sociale
00:05:59 de la branche famille, le montant retenu
00:06:02 par cette avance d'urgence versée en 3 mensualités au maximum
00:06:06 est l'équivalent du revenu de solidarité active.
00:06:10 Je souhaite que nos débats n'excluent pas
00:06:12 celui de l'impact budgétaire de la mesure proposée,
00:06:15 puisque des critiques ont pu être émises
00:06:17 et nous nous serons faites.
00:06:19 Au-delà du drame humain et familial
00:06:21 que constituent les violences au sein du couple
00:06:24 avec les conséquences dramatiques humaines
00:06:27 que cela peut entraîner pour la victime comme pour les enfants,
00:06:31 nous avons monté un dispositif utile et financièrement maîtrisé.
00:06:35 Si besoin en était de le justifier,
00:06:38 l'impact budgétaire sur les finances publiques
00:06:40 n'a aucune commune mesure,
00:06:42 avec les conséquences financières d'une mise à l'abri
00:06:44 de la victime et de ses enfants quand cela est le cas.
00:06:48 Quand vous savez qu'un placement,
00:06:50 une journée en maison de l'enfant, c'est 200 euros,
00:06:53 c'est-à-dire 6 000 euros par mois,
00:06:55 6 000 euros par mois pour réparer,
00:06:58 et de façon absolument pas satisfaisante,
00:07:01 une maman et ses enfants,
00:07:03 on voit bien l'intérêt de cette mesure de bon sens.
00:07:07 En outre, un mécanisme de remboursement
00:07:09 mettant à contribution l'auteur de violences est prévu.
00:07:12 Une subrogation serait ainsi possible de la CAF
00:07:15 dans des droits des victimes pour se constituer parti civil
00:07:18 et demander en leur nom la réparation du préjudice subi.
00:07:22 L'idée est simple, faire payer l'auteur des violences
00:07:25 pour une situation dont il est responsable.
00:07:27 Enfin, il s'agit là d'une disposition vitale
00:07:30 à l'efficacité du dispositif proposé.
00:07:32 Le président du Conseil départemental sera informé
00:07:36 dès la transmission de la demande à la CAF
00:07:38 afin d'engager immédiatement l'accompagnement social
00:07:41 de la victime aux côtés, effectivement, de cette aide.
00:07:44 Concrètement, ça signifie un accompagnement global
00:07:47 de la victime dès le dépôt de plainte,
00:07:48 l'ordonnance de protection ou le signalement
00:07:50 par un travailleur social.
00:07:52 Celui-ci sera la personne ressource
00:07:54 tout au long du parcours de rebond de la victime,
00:07:56 car, rappelons-le, l'objectif recherché
00:07:59 est non seulement de sécuriser les situations fragiles,
00:08:01 mais aussi et surtout d'amener une indépendance pérenne.
00:08:05 Cela passe forcément par un accompagnement multidimensionnel,
00:08:08 logement, démarche administrative, accompagnement juridique,
00:08:10 accompagnement santé psychologique, insertion professionnelle,
00:08:14 pour lesquels les travailleurs sociaux des départements,
00:08:16 des CCAS sont tout désignés.
00:08:18 Ils agiront comme facilitateurs
00:08:20 tout en étant les garants des étapes de parcours
00:08:22 en coordonnant les partenaires.
00:08:24 Cette aide universelle travaillée en bonne intelligence
00:08:27 avec les acteurs de terrain permet d'offrir un résultat
00:08:31 non seulement opérationnel, mais demandé et fortement attendu
00:08:34 par les victimes de violences qui cherchent une mise à l'abri,
00:08:38 mais aussi à retrouver cette indépendance économique
00:08:40 et administrative, et par tout le maillage
00:08:42 des travailleurs sociaux, associations,
00:08:44 structures d'aide, acteurs judiciaires
00:08:46 qui se battent chaque jour pour tenter
00:08:48 de changer la vie de leurs victimes,
00:08:50 voire de sauver des vies.
00:08:52 Monsieur le Président, Madame la ministre,
00:08:55 mes chers collègues,
00:08:57 quelle que soit notre place dans l'hémicycle,
00:09:00 quelle que soit et quelles soient nos convictions politiques,
00:09:04 nous rejetons toutes et tous la violence.
00:09:07 Ces violences conjugales détruisent la vie
00:09:09 de trop nombreuses victimes, de trop nombreuses familles.
00:09:13 Elles touchent toutes les catégories de notre société.
00:09:16 Notre pays s'est toujours grandi à protéger les plus fragiles,
00:09:20 les victimes d'actes de violence.
00:09:23 Cette aide universelle s'adresse à l'ensemble des victimes
00:09:26 de violences conjugales,
00:09:28 quel que soit leur sexe, leur origine,
00:09:30 leur statut ou leur âge.
00:09:32 Elle se veut un moyen de rendre la dignité
00:09:35 de personnes victimes et aux personnes victimes
00:09:39 de relever la tête, de s'extraire d'une situation personnelle
00:09:42 qui n'apporte que souffrance et douleur.
00:09:45 Elle sera, je l'espère, si vous l'adoptez,
00:09:49 tout simplement, un moyen supplémentaire
00:09:52 et essentiel manquant à notre dispositif d'accompagnement
00:09:57 à mettre à disposition de notre République
00:10:01 pour endiguer ce fléau
00:10:03 et enfin, eh bien, avoir l'ensemble des conditions réunies
00:10:07 pour réussir cet objectif
00:10:08 que nous appelons tous et toutes de nos voeux.
00:10:11 -Merci, madame la présidente.
00:10:13 -Merci, monsieur le président.
00:10:15 (Applaudissements)
00:10:19 -La parole est maintenant à madame Jocelyne Guidaise,
00:10:23 rapporteure de la Commission des affaires sociales
00:10:25 pour 10 minutes.
00:10:26 (...)
00:10:33 -Merci.
00:10:35 (...)
00:10:41 Monsieur le président, madame la ministre,
00:10:43 madame la présidente de la Commission des affaires sociales,
00:10:45 mes chers collègues,
00:10:48 la présidente Valérie Lettar, chère Valérie,
00:10:50 a rappelé le contexte douloureux
00:10:52 dans lequel s'inscrit cette proposition de loi.
00:10:55 En dépit de la mobilisation des pouvoirs publics,
00:10:57 les violences commises au sein du couple
00:10:59 perdurent à un niveau élevé.
00:11:01 Dans l'Hexagone, une enquête statistique
00:11:03 estime à 295 000 le nombre annuel
00:11:05 de victimes de violences conjugales
00:11:07 entre 2011 et 2018,
00:11:09 dont 72 % de femmes.
00:11:13 La violence au sein du couple est aussi prégnante en Outre-mer.
00:11:16 Une étude de l'Ined de 2018 révèle
00:11:19 que près d'une femme interrogée sur 5
00:11:20 se déclare en situation de violence conjugale
00:11:23 en Martinique et Guadeloupe.
00:11:25 La proposition de loi entend répondre à cet enjeu
00:11:27 et puise sa force dans les retours concrets d'expérience.
00:11:30 Valérie Lettar a en effet présenté le travail
00:11:33 qu'elle mène avec le département
00:11:34 et la Caisse d'allocations familiales du Nord
00:11:36 pour mettre en place un prêt d'urgence
00:11:38 et un accompagnement global pour les victimes
00:11:39 de violences conjugales identifiées par les services sociaux.
00:11:43 Le texte est issu du constat empirique
00:11:45 d'un déficit à combler dans les politiques publiques
00:11:48 que nous déployons en faveur des victimes
00:11:50 de violences conjugales.
00:11:51 Il convient de les aider à quitter définitivement
00:11:53 leurs partenaires violents
00:11:55 en leur apportant une aide cruciale
00:11:57 dans des délais très réduits.
00:11:58 Les données issues des appels au numéro 3919,
00:12:01 "Violences femmes info",
00:12:02 montrent que 59% des victimes
00:12:05 souhaitent quitter le domicile conjugal,
00:12:07 tandis que 18% des victimes indiquent avoir effectué
00:12:10 plusieurs départs du domicile.
00:12:12 -Un amendement 4, M. Chassain.
00:12:15 -Merci, M. le Président.
00:12:20 Mme la présidente, Mme la rapporteure,
00:12:23 mes chers collègues.
00:12:25 Alors, si vous voulez, c'est un amendement
00:12:28 qui a été peut-être mal rédigé,
00:12:31 puis dans mon esprit, c'était, si vous voulez,
00:12:34 permettre aux mutuelles agricoles de procéder
00:12:37 aux côtés des CAF au versement de l'avance d'urgence
00:12:41 pour les victimes de violences conjugales.
00:12:44 Ainsi, si vous voulez, le dispositif risque
00:12:48 de manquer certaines cibles
00:12:50 qui ont pour interlocuteur la MSA plutôt que la CAF.
00:12:53 C'est pour ça, il me semble pertinent
00:12:55 d'ouvrir la possibilité aux MSA
00:12:57 de procéder au versement de cette aide.
00:13:01 Donc cet amendement, si vous voulez,
00:13:05 demande l'opportunité d'ouvrir le dispositif à la MSA.
00:13:11 Et en fait, je répare dans cet amendement
00:13:15 un sous-entendu,
00:13:17 parce que c'est complètement évident,
00:13:19 35 co-signataires l'ont interprété de la même chose que moi,
00:13:24 dont Mme Léthard et Mme Lerapporteur
00:13:28 ont signé cet amendement.
00:13:31 Et donc je souhaite effectivement qu'il puisse être adopté
00:13:34 pour que les MSA aussi puissent s'impliquer. Merci.
00:13:38 -Bien. Sur un rapport, je vous souhaite bon courage,
00:13:44 M. Chassain.
00:13:46 Avis de la commission, Mme Lerapporteur.
00:13:49 -Oui, chers collègues.
00:13:52 Moi, je partage entièrement l'intention de cet amendement.
00:13:55 Au moins, on peut en discuter,
00:13:56 parce que de toute façon, ça aurait été tombé sur l'article 40.
00:13:59 Donc au moins, c'est simplement pour ça
00:14:01 que nous l'avons co-signé avec Valérie Léthard.
00:14:03 C'est que je pense qu'à terme,
00:14:05 il conviendra aux caisses de la mutualité sociale agricole
00:14:08 de verser l'aide d'urgence à leur allocataire.
00:14:10 Et là, je m'adresse bien sûr à Mme la ministre.
00:14:13 Voilà, je pense que là-dessus, on va s'entendre,
00:14:16 parce que c'est vrai qu'il y a un trou dans la raquette
00:14:18 et qu'il est important, en tous les cas,
00:14:20 chers collègues, qu'on le considère.
00:14:23 Mais vous comprendrez bien que comme c'est un rapport,
00:14:26 je suis obligée de donner un avis défavorable.
00:14:29 Mais écoutez, là, je crois que simplement,
00:14:32 ce qui est important, c'est que Mme la ministre est là,
00:14:34 elle a entendu et le message est passé.
00:14:37 Voilà.
00:14:39 Donc avis défavorable.
00:14:41 -Madame la ministre, avis du gouvernement.
00:14:44 -Retrait.
00:14:46 -Retrait.
00:14:47 -Ou avis défavorable.
00:14:48 -M. Chassain.
00:14:50 -M. le président, je vais retirer cet amendement,
00:14:57 mais c'est quand même quelque chose de totalement évident.
00:15:00 J'arrive pas à comprendre pourquoi il y a l'article 40 là-dedans.
00:15:04 Les personnes qui sont assujetties à la CAF
00:15:07 auront cette aide d'urgence.
00:15:09 Les personnes qui sont assujetties à la MESA,
00:15:12 malheureusement, il y a aussi des violences dans le rural.
00:15:15 Et j'avoue ne pas comprendre pourquoi on peut pas associer la MESA.
00:15:19 C'est pratiquement rédactionnel, c'est un oubli, c'est tout.
00:15:23 Mais bien sûr, tout le monde est sûrement d'accord pour ça.
00:15:26 Merci.
00:15:28 -Amendement est retiré.
00:15:29 M. Chassain, l'amendement est retiré.
00:15:32 Ah, il est retiré.
00:15:33 Désolé, Mme la présidente Rossignol, pas de chance.
00:15:36 C'est dommage.
00:15:40 Ah non, vous pouvez pas, non.
00:15:42 C'est pas...
00:15:43 Par qui ?
00:15:46 -Elle est présentée, donc elle est pas signataire.
00:15:50 -Ah, vous n'êtes pas signataire, vous pouvez.
00:15:53 Vous pouvez.
00:15:54 Je le maintiens. Merci.
00:15:57 -Vous le maintenez. Donc, vous avez une clarification de vote.
00:16:02 -Mais je serai obligé de redonner la parole à la Commission.
00:16:06 -Oh, mais c'est un plaisir, M. le président,
00:16:08 d'entendre de nouveau la Commission.
00:16:09 -Vous ne vous doutez pas.
00:16:11 -Non, juste pour dire qu'il y a quelques mois,
00:16:14 la délégation Droits des femmes a travaillé,
00:16:18 de manière, comme toujours,
00:16:19 dans la délégation Droits des femmes totalement transpartisane,
00:16:22 et 4 de nos collègues, à ma connaissance,
00:16:25 ont produit un rapport qui s'appelle
00:16:28 "Les inégalités spécifiques dont les femmes sont victimes
00:16:33 "en milieu rural".
00:16:34 Je regardais si ma collègue Marie Permonnier...
00:16:37 Qui s'appelle "Les zones blanches de l'égalité,
00:16:39 "la spécificité des inégalités
00:16:41 "dont les femmes sont victimes en milieu rural".
00:16:43 Dans ce rapport, il est très clairement identifié
00:16:47 que les femmes victimes de violences en milieu rural
00:16:50 souffrent encore plus que celles qui sont en milieu urbain.
00:16:55 C'est clair.
00:16:56 Elles souffrent encore plus
00:16:57 parce qu'elles ont moins de tissus associatifs,
00:17:01 moins d'environnement de soutien.
00:17:05 Voilà. Je pense donc que pour nous,
00:17:07 pour moi, en tout cas, membre de la Légation des droits des femmes,
00:17:10 c'est une cohérence totale que de reprendre et voter
00:17:13 l'amendement présenté par notre collègue Chassin.
00:17:16 -Bon.
00:17:21 Peut-être pas.
00:17:23 Mme la rapporteure.
00:17:25 Oui, mais vous ne changez pas d'avis du fait de l'intervention.
00:17:31 -La commission ne s'étend pas.
00:17:34 Je vous remercie, mais vous savez très bien
00:17:36 que la commission, il faudrait qu'elle se regroupe
00:17:38 et qu'elle décide d'elle-même.
00:17:41 Voilà. Je laisse le vote tel qu'il est,
00:17:43 mais je pense que vraiment, c'est plutôt la balle,
00:17:45 et j'espère que vous êtes bonne en rubis, madame...
00:17:49 Je vous passe la balle.
00:17:51 Et je pense que la décision vous revient.
00:17:53 Parce que c'est vrai que ça aura un coût supplémentaire,
00:17:55 qu'on le veuille ou non.
00:17:56 Donc de toute façon, ça tomberait sur l'article 40 aussi.
00:17:59 -L'article 40, il suffit d'améliorer tout en achetant...
00:18:03 -Mais là, on ne pouvait pas, parce que c'était un rapport.
00:18:06 Voilà, c'était un rapport. Donc le rapport...
00:18:08 -Pas tous en même temps.
00:18:10 Merci, madame la rapporteure. On a compris.
00:18:13 Allez. Alors, j'ai madame Jasmin qui veut s'exprimer.
00:18:19 Et ensuite, on va voter.
00:18:21 Non, non, non, pas de discussion dans l'hémicycle.
00:18:25 Laissez la parole à madame Jasmin et à madame Jasmin seule.
00:18:29 -Merci, monsieur le président.
00:18:32 Oui, vraiment, je suis très favorable,
00:18:35 madame la rapporteure. Je comprends les arguments,
00:18:38 mais nous ne devons pas créer des disparités une fois de plus.
00:18:42 Parce que là, nous sommes sur un sujet sérieux.
00:18:44 La proposition de madame Valérie Lettar,
00:18:46 nous avons tous adhéré.
00:18:47 Et je crois que le rapport qui a été fait
00:18:50 par la délégation des droits des femmes
00:18:51 avec l'ensemble des groupes,
00:18:53 parce que tous les groupes étaient représentés, justement,
00:18:56 et quand on regarde les préconisations,
00:18:58 les recommandations de ce rapport,
00:19:00 je crois que la proposition de notre collègue
00:19:03 est en parfaite cohérence, en fait,
00:19:05 avec ce qui devrait être fait.
00:19:07 Donc je crois que madame la ministre,
00:19:09 lorsqu'elle a pris la parole,
00:19:11 elle a dit qu'elle allait faire évoluer
00:19:12 un certain nombre de choses, elle allait poursuivre.
00:19:14 Donc je crois que nous devons, aujourd'hui,
00:19:17 voter l'amendement qui est proposé par notre collègue,
00:19:21 et après, madame la ministre va voir
00:19:24 ce qu'il y en est pour l'améliorer.
00:19:26 Je ne sais pas, mais on ne doit pas créer des disparités
00:19:29 entre les femmes et les minoriales,
00:19:30 d'autant plus que nous avons été unanimes
00:19:33 à reconnaître que ce rapport-là méritait d'être fait,
00:19:36 parce que les préconisations qui sont faites
00:19:38 reflètent la réalité de nos territoires,
00:19:41 et malheureusement, les femmes en sont les victimes.
00:19:44 -Je crois avoir compris, quand même, dans le débat,
00:19:46 si vous voulez bien me permettre,
00:19:47 que l'opposition de la Commission
00:19:49 n'est pas liée au problème de fond,
00:19:51 mais au fait que c'était un rapport,
00:19:53 et seulement cela.
00:19:54 Donc chacun sait, dans cet hémicycle,
00:19:57 que les commissions dans le Sénat ne veulent pas de rapport.
00:20:01 Donc après, l'hémicycle décide souverainement.
00:20:04 Et je vais donc mettre... Oui, madame la présidente Léthard,
00:20:07 je crois qu'on a compris.
00:20:09 -Mais il vaut mieux redire les choses
00:20:12 pour qu'elles soient bien claires,
00:20:13 et remercier la rapporteure, c'est vrai,
00:20:15 qui applique des dispositions qu'on demande aux commissions
00:20:19 de mettre en oeuvre,
00:20:20 et de la façon la plus exigeante possible.
00:20:22 Elle émet un avis défavorable sur une idée
00:20:24 qu'elle partage, qu'elle porte,
00:20:26 parce qu'en fait, elle passe au travers d'un rapport.
00:20:28 Sinon, effectivement, on a une problématique budgétaire
00:20:31 qui fait qu'on pourrait mettre en difficulté le texte.
00:20:33 Donc on peut s'accorder que madame la rapporteure,
00:20:36 tout en ayant émis un défavorable...
00:20:40 Enfin, le soutien, moi...
00:20:42 Allez, on va dire qu'avec tous mes collègues...
00:20:44 -Madame la présidente, je peux pas vous laisser dire
00:20:47 que madame la rapporteure dit oui en disant non,
00:20:49 dit non en disant oui.
00:20:51 Non, non, non.
00:20:52 On a compris, madame la présidente.
00:20:54 On a compris. -Monsieur le président,
00:20:55 professionnellement, je voterai pour cet amendement
00:20:59 pour une simple raison, c'est que l'esprit qui sous-tend
00:21:02 effectivement les explications justifie qu'on marque le coup.
00:21:06 L'AMSA doit être intégré.
00:21:08 Et madame la ministre, c'est un message.
00:21:10 -Bien. Alors, madame la ministre...
00:21:13 Allez, allez, on a compris.
00:21:14 Madame la ministre.
00:21:15 -Merci de cet amendement.
00:21:19 Alors, c'est bien...
00:21:21 Je relis. C'est bien.
00:21:22 "Cet amendement vise à demander la remise
00:21:25 "par le gouvernement au Parlement d'un rapport
00:21:27 "sur l'opportunité d'ouvrir le dispositif au MSA
00:21:30 "en plus des CAF."
00:21:31 Voilà exactement ce dont nous sommes saisis.
00:21:35 Si le dispositif est preuve d'efficacité,
00:21:38 il apparaîtra nécessaire qu'il soit élargi
00:21:41 au caisse de MSA par équité de traitement
00:21:44 entre les allocataires et aussi par simplification
00:21:47 de l'accès à l'aide pour les personnes victimes
00:21:49 relevant du régime agricole,
00:21:51 mais qui, pour ce prêt d'urgence sans intérêt,
00:21:55 devront s'adresser à la CAF.
00:21:56 La production d'un rapport n'apparaît pas nécessaire.
00:22:00 C'est pourquoi j'en préconiserais le retrait
00:22:04 ou, à défaut, j'émettrais un avis défavorable.
00:22:09 -Allez.
00:22:12 Je mets aux voix, donc, un amendement
00:22:16 qui a un avis officiellement défavorable de la Commission
00:22:21 et défavorable du gouvernement.
00:22:22 Nous sommes bien d'accord, quelles que soient les opinions de chacun.
00:22:25 Qui est pour ?
00:22:27 Qui est contre ?
00:22:33 Il est adopté.
00:22:36 -Le Sénat avait donc adopté à l'automne dernier,
00:22:39 en première lecture, cette proposition de loi
00:22:40 qui crée une aide financière d'urgence
00:22:42 pour les femmes victimes de violences conjugales.
00:22:44 Le texte est ensuite allé à l'Assemblée nationale
00:22:47 où il a été enrichi, adopté,
00:22:49 notamment sous l'impulsion du gouvernement,
00:22:51 puisque cette aide financière d'urgence fera l'objet
00:22:54 soit d'un don, soit d'un prêt,
00:22:55 en fonction des ressources financières de la victime.
00:22:58 Et puis, cette proposition de loi est ensuite retournée au Sénat
00:23:00 pour une seconde lecture.
00:23:02 Je vous laisse écouter les débats.
00:23:04 -L'ordre du jour appelle à discussion de deuxième lecture
00:23:07 de la proposition de loi modifiée par l'Assemblée nationale,
00:23:10 créant une aide universelle d'urgence
00:23:12 pour les victimes des violences conjugales.
00:23:16 Dans la discussion générale,
00:23:18 la parole est à madame Isabelle Romm,
00:23:20 ministre déléguée chargée de l'égalité
00:23:22 entre les femmes et les hommes,
00:23:24 de la diversité et de l'égalité des chances.
00:23:26 Vous avez la parole, madame la ministre.
00:23:29 -Monsieur le Président,
00:23:38 madame la présidente de la Commission des affaires sociales,
00:23:41 madame la rapporteure,
00:23:43 mesdames les sénatrices et les sénateurs,
00:23:46 nous tenons entre nos mains un objet précieux,
00:23:49 l'un de ces objets législatifs particuliers
00:23:52 qui, dès la seconde même où ces dispositions seront appliquées,
00:23:56 changera immédiatement des vies.
00:23:59 Parce qu'en cas de violence conjugale,
00:24:01 il est toujours difficile de tourner définitivement
00:24:04 le dos à son bourreau,
00:24:06 nous devons faire en sorte que lorsqu'une femme décide
00:24:09 de recouvrer une liberté qu'elle n'aurait jamais dû perdre,
00:24:12 rien ne puisse freiner son courage.
00:24:16 Le drame de celles qui subissent au quotidien
00:24:19 la violence de leurs conjoints
00:24:21 connaîtra, grâce à cette proposition de loi,
00:24:23 un facteur contraignant en moins.
00:24:26 Bien sûr, si je le pouvais, si nous le pouvions,
00:24:30 nous aiderions chaque victime de violence
00:24:32 physique ou psychologique,
00:24:34 nous ferions disparaître cette emprise mortifère
00:24:38 par laquelle les hommes violents
00:24:40 détruisent à petit feu leur compagne.
00:24:42 Si je le pouvais, si nous le pouvions,
00:24:45 nous aiderions chacune de ces victimes
00:24:48 à boucler sa valise.
00:24:51 Ce que nous pouvons faire, en revanche,
00:24:54 c'est agir en acteurs responsables des politiques publiques.
00:24:58 C'est ce que fait le gouvernement
00:25:00 via le pacte Nouveau Départ
00:25:02 annoncé par la Première ministre dès septembre 2022.
00:25:06 C'est ce qu'a fait la sénatrice Valérie Lettar,
00:25:09 merci, madame la sénatrice,
00:25:11 en déposant cette proposition de loi,
00:25:14 et c'est ce qu'ont fait l'Assemblée nationale et le Sénat
00:25:17 en adoptant à l'unanimité ce texte en 1re lecture.
00:25:21 Je suis convaincue que ce texte que vous examinez aujourd'hui
00:25:25 en 2de lecture
00:25:26 fera à nouveau l'objet d'un vote favorable et transpartisan.
00:25:30 Je m'en réjouis de tout coeur.
00:25:33 Face à ce fléau, seule l'union fait la force.
00:25:37 C'est pour que ce dispositif convienne à toutes
00:25:41 et s'adapte à chacune,
00:25:43 quel que soit son parcours, son âge, son orientation sexuelle,
00:25:46 son lieu d'habitation, son statut social ou sa profession,
00:25:50 que le gouvernement a souhaité modifier
00:25:52 l'article 1er de ce texte.
00:25:55 Les principes énoncés dans cette proposition de loi
00:25:58 sont ceux qui sont portés haut dans notre République,
00:26:02 ceux dont vous, représentants du pouvoir législatif,
00:26:05 êtes les gardiens.
00:26:07 Ainsi, nous l'avons élaboré
00:26:10 de manière à ce qu'elle ne contienne rien d'autre
00:26:13 que des solutions pratiques
00:26:14 qui permettent aux femmes une aide concrète au départ.
00:26:19 Tout au long de ma carrière de magistrate,
00:26:22 j'ai croisé des femmes
00:26:24 qui n'étaient plus que l'ombre d'elles-mêmes.
00:26:27 J'ai écouté leurs souffrances des heures durant.
00:26:30 J'ai dû juger, arbitrer,
00:26:33 apporter une réponse pénale à leur calvaire.
00:26:38 Je me souviens de Gisèle, séquestrée,
00:26:41 violée pendant des mois chez elle par son conjoint,
00:26:45 qui, un jour, avec la complicité d'une amie,
00:26:48 parvint à prendre la fuite,
00:26:50 de Solange, qui parvint à partir à 75 ans
00:26:54 après des années d'humiliation et de violence.
00:26:59 J'aurais voulu leur offrir bien plus,
00:27:02 mais ce n'était pas mon rôle.
00:27:04 Alors, j'ai gardé leurs mots en mémoire.
00:27:10 Et je n'oublierai jamais non plus les visages de celles
00:27:14 que je n'ai vues que sur photo,
00:27:17 parce que c'était trop tard,
00:27:18 comme Leila,
00:27:20 massacrée toute la nuit par son conjoint
00:27:23 devant ses 3 enfants.
00:27:25 J'aurais voulu aider Leila à partir.
00:27:29 Ces femmes m'accompagnent chaque jour,
00:27:32 particulièrement aujourd'hui.
00:27:36 Cette proposition de loi, dont nous débattons aujourd'hui,
00:27:40 permettra à d'autres Gisèle, Solange, Leila,
00:27:43 de relever la tête, de recouvrer la dignité
00:27:47 dont leurs bourreaux les as poliés.
00:27:49 Chaque cas est unique.
00:27:51 Il nous faut apporter une solution,
00:27:53 même aux cas les plus complexes.
00:27:56 Lorsqu'elle sera votée,
00:27:57 cette proposition de loi viendra donc compléter
00:28:00 et renforcer nombre de mesures que nous avons mises en place,
00:28:04 comme par exemple le pacte Nouveau Départ
00:28:06 que j'ai proposé à la Première ministre,
00:28:08 qui a été annoncé par elle début septembre
00:28:11 et qui vise à proposer aux victimes
00:28:13 un parcours coordonné
00:28:16 afin d'assurer le déblocage rapide
00:28:19 de toutes les aides auxquelles elles peuvent prétendre,
00:28:21 et dont le président de la République
00:28:23 a réaffirmé le caractère prioritaire
00:28:25 le 25 novembre dernier.
00:28:27 Je pense également au Grenelle,
00:28:30 auxquelles j'ai activement participé
00:28:31 lorsque j'étais au ministère de la Justice,
00:28:34 et dont la quasi-totalité des mesures ont été mises en oeuvre.
00:28:37 Grâce à vous, nous irons encore plus loin.
00:28:41 Selon sa situation, une femme victime de violence
00:28:44 peut faire face à une multitude d'obstacles
00:28:47 qui constituent autant de freins à son départ.
00:28:50 Lorsque ces optats peuvent être levés
00:28:53 par des politiques publiques,
00:28:54 il est essentiel que nous soyons au rendez-vous.
00:28:58 Car c'est aussi dans ce moment charnière
00:29:01 que les victimes sont les plus faibles,
00:29:03 dans cette zone grise qu'elles ne connaissent que trop,
00:29:07 ce moment où tout peut encore basculer,
00:29:10 où l'emprise trouve toute la place de s'exercer.
00:29:12 Nous pouvons alors, en faisant cesser
00:29:15 cette situation de dépendance matérielle économique,
00:29:18 mettre fin à l'emprise et rompre le cycle de la violence.
00:29:22 Car tout non-départ,
00:29:25 tout retour en arrière peut être fatal.
00:29:28 C'est pour cette raison que j'ai voulu
00:29:31 que le prêt initialement prévu
00:29:33 puisse aussi prendre la forme d'un don.
00:29:37 Tout simplement parce qu'il est impensable
00:29:39 que la victime se retrouve en position de débiteur
00:29:42 face à qui que ce soit du fait des actions
00:29:45 qu'elle engage pour se protéger.
00:29:48 Parce que le déséquilibre généré par un départ
00:29:50 peut faire vaciller une décision déjà difficile à prendre
00:29:53 et donc fragile,
00:29:55 et nous voulons à tout prix éviter un faux départ.
00:29:58 Ce que nous proposons,
00:29:59 c'est de poser le principe d'une aide financière d'urgence
00:30:03 aux victimes de violences conjugales.
00:30:05 Cette aide sera financée par l'Etat
00:30:07 et prendra la forme d'un don ou d'un prêt
00:30:10 qui, le cas échéant,
00:30:12 devra être remboursé par l'auteur condamné.
00:30:16 Ce dispositif émancipateur,
00:30:18 lorsqu'il est attribué sous forme de prêt,
00:30:20 aura le mérite de mettre l'auteur
00:30:23 face à sa responsabilité financière.
00:30:25 Il pourra, dans le cadre de la procédure pénale,
00:30:28 se voir réclamer le recouvrement de l'aide accordée à la victime.
00:30:33 Nous faisons reposer notre proposition
00:30:36 sur le triptyque de souplesse, rapidité, universalité.
00:30:40 Souplesse, parce qu'il nous faut répondre
00:30:43 aux besoins de chaque victime.
00:30:45 Rapidité, parce que notre réponse doit prendre en compte
00:30:48 chaque seconde passée en compagnie de son bourreau
00:30:52 et que chaque seconde passée en cette compagnie
00:30:54 est une seconde de trop.
00:30:56 Et universalité, parce que nous voulons
00:30:59 que nos dispositifs soient accessibles
00:31:02 sans condition de ressources aux victimes qui en ont besoin.
00:31:06 Vous l'aurez compris, ce que j'appelle de mes voeux
00:31:09 devant vous aujourd'hui, c'est que nous admettions ensemble
00:31:12 que protéger nos concitoyennes du danger qui les guette
00:31:16 dépasse les clévages partisans.
00:31:19 En votant ce texte de loi,
00:31:21 vous permettez son application rapide.
00:31:24 En votant ce texte de loi, vous soulagez les souffrances
00:31:26 de celles qui veulent s'extraire des griffes de leur bourreau.
00:31:28 Vous leur donnez le souffle pour partir.
00:31:31 Vous sauvez leur peau.
00:31:34 Quelle que soit notre appartenance politique,
00:31:36 nous devons vaille que vaille protéger ces femmes.
00:31:39 A l'issue de cette séance, nous avons la possibilité
00:31:43 de sauver des vies.
00:31:45 Nous avons l'occasion de faire un pas de plus
00:31:48 en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes.
00:31:51 Saisissons-la.
00:31:53 -Merci, madame la ministre.
00:31:55 La parole est maintenant à madame Jocelyne Guidaise,
00:31:57 rapporteure de la Commission des affaires sociales,
00:31:59 pour 10 minutes maximum.
00:32:02 -Monsieur le président, madame la ministre,
00:32:15 mes chers collègues,
00:32:16 le 20 octobre dernier, le Sénat a adopté à l'unanimité
00:32:20 la proposition de loi créant une aide d'urgence
00:32:22 en faveur des victimes de violences conjugales
00:32:24 déposée par notre collègue Valérie Lettard.
00:32:27 Moins de 4 mois plus tard, le texte nous revient,
00:32:29 après avoir recueilli le vote, là aussi unanime,
00:32:32 de l'Assemblée nationale,
00:32:34 qui a toutefois apporté des modifications substantielles.
00:32:40 La proposition de loi adoptée par le Sénat
00:32:41 prévoyait un dispositif d'avance d'urgence
00:32:43 octroyé par les caisses d'allocations familiales
00:32:46 sous la forme d'un prêt à taux zéro.
00:32:48 L'objectif poursuivi par cette avance
00:32:49 était d'aider les victimes à quitter le domicile conjugal,
00:32:52 alors que 19% des femmes victimes
00:32:54 déclarent subir des violences économiques
00:32:56 lors de leur appel au 39-19 en 2020.
00:33:01 Le premier des 3 versements mensuels constituant cette aide
00:33:03 devait intervenir dans les 3 jours ouvrés
00:33:06 suivant la demande.
00:33:08 Le dispositif et ses paramètres étaient issus
00:33:09 des retours d'expérience d'une expérimentation
00:33:11 menée dans le nord par le Conseil départemental
00:33:14 et la caisse d'allocations familiales.
00:33:16 En outre, le texte que nous avions adopté
00:33:19 assortissait le service de l'aide d'un mécanisme
00:33:21 de remboursement par l'auteur des violences conjugales.
00:33:24 La CAF avait la possibilité de se constituer partie civile
00:33:27 pour le compte de la victime
00:33:29 si celle-ci a renoncé à exercer ses droits
00:33:31 afin de récupérer les sommes sur les dommages
00:33:34 et intérêts prononcés lors d'un procès pénal.
00:33:37 Nos collègues députés ont apporté au texte du Sénat
00:33:39 des modifications qui ne sont pas négligeables.
00:33:42 Certaines ont été portées par le gouvernement,
00:33:44 qui, à cette occasion, est sorti de la réserve
00:33:46 dont il avait fait preuve devant nous.
00:33:49 Toutefois, la proposition de loi a gardé intacte
00:33:51 l'ambition de donner aux victimes de violences conjugales
00:33:54 dans un délai très court les moyens financiers
00:33:56 pour se séparer du conjoint violent.
00:33:58 C'est pourquoi la Commission a adopté
00:34:00 cette proposition de loi sans modification
00:34:02 pour permettre son application rapide.
00:34:05 L'article 1er du texte,
00:34:06 qui porte le dispositif de l'aide d'urgence,
00:34:09 a fait l'objet d'un amendement de rédaction globale
00:34:11 du gouvernement sous-amendé à de nombreuses reprises.
00:34:14 Il faut souligner d'emblée les motifs de satisfaction du texte
00:34:18 qui nous a été transmis.
00:34:19 Le financement de l'aide d'urgence a été transféré
00:34:21 de la Caisse nationale des allocations familiales
00:34:24 à l'Etat, qui assumera là une mission
00:34:26 qui lui incombe naturellement.
00:34:28 L'Assemblée nationale a également affirmé
00:34:30 le droit de toute victime conjugale
00:34:32 à bénéficier d'un accompagnement global.
00:34:34 Enfin, le gouvernement a pu proposer des modifications
00:34:37 que nous appelions de nos voeux,
00:34:39 mais que les règles de recevabilité financière
00:34:41 ne nous permettaient pas de réaliser.
00:34:43 Jeune par exemple, les caisses de la mutualité sociale agricole
00:34:46 se trouvent désormais intégrées au service de cette nouvelle aide,
00:34:49 ce qui est nécessaire afin d'atteindre leur allocataire.
00:34:53 S'agissant des caractéristiques de l'aide,
00:34:55 sa nature a tout d'abord été dédoublée
00:34:58 avec la possibilité d'octroyer à la victime
00:35:00 soit un prêt, soit une aide non remboursable
00:35:02 selon sa situation financière et sociale,
00:35:05 qui était très important.
00:35:07 La détermination du montant de l'aide a également été revue.
00:35:09 Le montant pourra être modulé
00:35:11 dans le respect de plafonds limitatifs
00:35:13 selon l'évaluation des besoins de la personne,
00:35:16 notamment sa situation financière et sociale.
00:35:18 De même, le montant devra tenir compte
00:35:20 de la présence d'enfants à la charge de la victime,
00:35:23 ce que nous avions souhaité au Sénat.
00:35:26 Cette modulation semblait impérative
00:35:28 alors que dans la plupart des cas,
00:35:29 des victimes ne quittent pas le domicile sans leurs enfants.
00:35:33 L'Assemblée nationale a également insoupli
00:35:34 les délais de premier versement de l'aide.
00:35:36 Le délai pourra, par dérogation,
00:35:38 être porté de 3 à 5 jours ouvrés
00:35:40 dans le cas où la victime n'est pas déjà enregistrée
00:35:43 comme allocataire de l'organisme payeur.
00:35:45 Cet allongement n'est pas souhaitable en soi,
00:35:48 mais demeure plus conforme aux inquiétudes avancées par la CNAF
00:35:51 et aux délais qui pourront réellement être respectés
00:35:53 par les caisses sur le terrain.
00:35:55 Enfin, toujours à l'article 1er,
00:35:57 le mécanisme de récupération de l'aide a été amendé
00:36:00 en conservant le principe de demander le paiement à l'auteur
00:36:03 des violences lorsque l'aide est versée
00:36:05 sous la forme d'un prêt.
00:36:06 Dorénavant, le remboursement fait partie des peines
00:36:09 que les juridictions pénales peuvent prononcer
00:36:11 contre l'auteur reconnu coupable,
00:36:13 ainsi que les dispositifs à la main des parquets
00:36:15 dans le cadre d'un classement sous condition
00:36:17 de la procédure ou de mesure de composition pénale.
00:36:21 La navette a donc enrichi l'article 1er de nouvelles dispositions.
00:36:24 Toutefois, comme vous pouvez le constater,
00:36:26 elle demeure fidèle à l'objectif du texte adopté par le Sénat.
00:36:29 Nos collègues députés ont d'ailleurs maintenu
00:36:32 et changé les conditions d'octroi de l'aide d'urgence,
00:36:34 ainsi que le bénéfice au droit et aide accessoire au RSA
00:36:38 qui accompagne le versement de l'aide pécuniaire.
00:36:40 À l'article 2, les députés ont maintenu l'obligation
00:36:43 faite aux gendarmes et policiers d'informer la victime
00:36:45 déposant plainte de la possibilité de demander l'aide d'urgence.
00:36:49 En revanche, si l'enregistrement à la demande
00:36:51 dans le commissariat ou la gendarmerie
00:36:53 demeure une faculté, elle n'est plus systématique.
00:36:56 Sans doute, les députés ont-ils estimé
00:36:58 que de telles dispositions ne seraient pas appliquées
00:37:00 par la norme contraignante,
00:37:02 mais par les engagements volontaires des acteurs du terrain.
00:37:05 D'autres dispositions de la proposition de loi
00:37:07 concernent son applicabilité aux Outre-mer.
00:37:10 Comme vous le savez, mes chers collègues,
00:37:12 en proposition, les victimes de violences conjugales
00:37:14 sont encore plus nombreuses en Outre-mer que dans l'Hexagone.
00:37:18 L'article 1er bis habilite ainsi le gouvernement
00:37:20 à légiférer par ordonnance pour adapter la loi à Mayotte.
00:37:24 Enfin, l'Assemblée nationale a inséré quelques nouveaux articles.
00:37:27 Pour avoir examiné ces dispositions en commission,
00:37:30 la sincérité m'oblige à dire que leur pertinence est toute relative.
00:37:34 Mais ces dispositions sont annexes
00:37:36 aux dispositifs de l'aide d'urgence
00:37:37 et ne gênent pas son application.
00:37:39 L'article 1er ter propose ainsi
00:37:41 qu'une loi de programmation pluriannuelle
00:37:43 détermine la trajectoire des finances publiques
00:37:46 en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:37:48 Pour symbolique et médiatique que soit cette disposition,
00:37:51 elle est dépourvue de portée normative.
00:37:53 Le gouvernement ne pouvant constitutionnellement
00:37:56 être tenu de déposer un tel projet de loi.
00:37:59 Enfin, les articles 2 ter et 2 qua ter
00:38:01 sont des demandes de rapport sur lesquelles,
00:38:03 une fois n'est pas coutume, la Commission a été indulgente.
00:38:07 En 2e lecture, la Commission a donc adopté,
00:38:10 sans modification, le texte transmis,
00:38:12 en raison du maintien de l'essentiel
00:38:14 de la proposition de loi adoptée par le Sénat
00:38:16 et des améliorations introduites par la navette parlementaire.
00:38:20 Nous nous réjouissons notamment de la suppression de l'article 3
00:38:22 par amendement du gouvernement,
00:38:24 permettant ainsi de lever le gage financier.
00:38:27 Une adoption conforme du texte aujourd'hui
00:38:30 signifierait une belle avancée d'initiative sénatoriale
00:38:33 dans la lutte contre les violences conjugales.
00:38:35 Issue de l'expérience de nos territoires,
00:38:37 cette proposition de loi qui entrera en vigueur
00:38:40 au plus tard 9 mois après sa promulgation,
00:38:42 viendra utilement compléter les dispositifs existants.
00:38:46 C'est pourquoi la Commission vous invite à adopter
00:38:48 la proposition de loi dans les mêmes termes
00:38:50 que l'Assemblée nationale. Je vous remercie.
00:38:53 (Applaudissements)
00:38:54 -Merci, chers collègues.
00:38:57 La parole est maintenant à Mme la présidente
00:38:59 Laurence Rossignol pour le groupe socialiste pour 6 minutes.
00:39:04 (Pause)
00:39:06 -M. le président, Mme la ministre, Mme la rapporteure,
00:39:19 M. le vice-président de la Commission,
00:39:23 je suis d'abord...
00:39:25 Je voudrais renouveler à notre collègue Valérie Lettard
00:39:29 nos remerciements pour sa rédaction,
00:39:33 pour le dépôt de son proposition de loi,
00:39:35 pour son obstination et l'énergie qu'elle a mise à la faire adopter,
00:39:39 la vigilance qu'elle a exercée sur le parcours du texte,
00:39:43 et me réjouir aujourd'hui que cette proposition de loi
00:39:47 soit adoptée. Il est temps que la navette parlementaire s'arrête,
00:39:50 que le texte soit adopté, promulgué et mis en oeuvre.
00:39:54 Les femmes l'attendent et nous avons là un bon texte,
00:39:57 je crois, que nous allons déboucher aujourd'hui.
00:39:59 L'un des premiers écueils à la dénonciation des violences subies
00:40:02 est la crainte de devoir quitter le domicile
00:40:05 et de se retrouver sans ressources, dans une précarité matérielle
00:40:08 et qui pose une question de survie quotidienne.
00:40:10 Et cette crainte est d'autant plus grande et accrue
00:40:13 que la femme des enfants à charge.
00:40:17 Et cette crainte peut être suffisamment forte,
00:40:19 peut être si forte que les femmes ne vont pas demander d'aide,
00:40:22 elles ne vont pas dénoncer leur calvaire,
00:40:25 elles vont se résigner à rester au domicile conjugal,
00:40:30 domicile conjugal qui est désormais pour elles une prison
00:40:33 où les enferment l'auteur de ces violences.
00:40:36 C'est notamment pour cette raison que la défense
00:40:38 de l'indépendance économique des femmes,
00:40:40 plus globalement, est cruciale.
00:40:42 C'est une étape indispensable dans l'émancipation,
00:40:45 que les femmes soient ou non victimes de violences.
00:40:48 Nous avons progressé à grands pas sur le sujet
00:40:50 grâce aux mobilisations féministes,
00:40:52 accès aux comptes bancaires, droit de travail et sans consentement
00:40:55 du mari, suppression des interdictions professionnelles
00:40:57 faites aux femmes, etc.
00:40:59 La liste est longue et réjouissante.
00:41:01 Nous poursuivons cette mobilisation
00:41:03 à travers différentes initiatives
00:41:05 pour avancer sur le chemin de l'égalité professionnelle,
00:41:08 faire tomber les stéréotypes qui entravent l'orientation des filles.
00:41:12 Et en cette journée consacrée au numérique,
00:41:14 je souhaite attirer l'attention du Sénat
00:41:17 sur la faible part de femmes dans le numérique,
00:41:21 dans ces métiers de demain,
00:41:23 et qui nous privent d'un nombre d'ingénieurs importants
00:41:27 si les femmes s'engagent dans ces métiers,
00:41:30 qui privent ce secteur de ressources humaines
00:41:34 et qui privent les femmes d'accès à des métiers
00:41:36 qui seront demain des métiers importants.
00:41:39 Dans ces mesures que nous devons encore prendre
00:41:42 pour éliminer les inégalités salariales,
00:41:44 accompagner les mères monoparentales,
00:41:46 défendre l'augmentation des bas salaires,
00:41:48 nous avons déjà des outils.
00:41:49 Et c'est pour ça que je défends régulièrement
00:41:52 quelques propositions comme la déconjugalisation
00:41:55 de l'allocation de soutien familial
00:41:57 ou encore l'augmentation du SMIC,
00:41:59 puisque je rappelle que 60% des salariés au SMIC
00:42:03 sont des femmes.
00:42:04 Augmenter le SMIC, c'est augmenter les salaires des femmes.
00:42:06 Mes chers collègues, nous fêtons cette année
00:42:08 les 5 ans du mouvement #MeToo,
00:42:10 grâce aux témoignages, grâce au mouvement féministe,
00:42:13 grâce à la mobilisation d'associations
00:42:16 et de l'ensemble de la société,
00:42:18 grâce à la mobilisation des pouvoirs publics,
00:42:20 et j'ajouterai maintenant, grâce à la mobilisation
00:42:22 des collectivités locales,
00:42:23 qui est un élément nouveau
00:42:25 dans la lutte contre les violences intrafamiliales.
00:42:29 J'ai observé d'abord cette année au Congrès des maires de France,
00:42:32 un atelier était consacré, nous y étions, madame la ministre,
00:42:35 à la manière dont les collectivités locales
00:42:37 pouvaient s'impliquer,
00:42:39 et je vois sur le terrain, dans mon propre département,
00:42:42 que c'est un sujet en lien avec la gendarmerie,
00:42:45 d'ailleurs, le plus souvent, des délégués droit des femmes,
00:42:47 dont les collectivités locales, les EPCI, s'emparent.
00:42:50 Qu'est-ce qu'on peut faire ? Comment rapporter une réponse ?
00:42:54 3 types de violences conjugales
00:42:56 concernent les collectivités locales.
00:42:58 Celles dont sont victimes les habitantes de leur commune,
00:43:02 celles dont sont victimes les salariés,
00:43:05 les fonctionnaires territorials dans leur commune
00:43:08 ou leur collectivité locale,
00:43:11 et enfin, celles subies par les conseillères municipales
00:43:15 et les élus, et sujet parfois plus difficile,
00:43:18 celles effectuées par des collègues conseillers municipaux.
00:43:22 Malheureusement, les statistiques globales
00:43:25 ne sont pas différentes dans chaque catégorie,
00:43:27 chaque échelon de la société.
00:43:29 Nous retrouvons strictement les mêmes.
00:43:31 Mais je trouve que cette mobilisation
00:43:33 des collectivités locales est un élément fort, important
00:43:36 et tout à fait encourageant
00:43:38 pour éradiquer les violences faites aux femmes.
00:43:41 Je voudrais pas trop disgracer,
00:43:45 mais nous avons encore beaucoup de chantiers.
00:43:47 La restriction des modalités d'exercice de l'autorité parentale
00:43:49 et du droit de visite et d'hébergement,
00:43:52 l'exclusion de la résidence principale de l'enfant
00:43:54 chez l'auteur de violence, l'augmentation de la durée,
00:43:56 de la portée des conditions d'accès à l'ordonnance de protection,
00:43:59 la dissimulation de l'adresse de résidence
00:44:01 et de l'école des enfants à l'ex-conjoint violent,
00:44:05 le signalement à la victime de la remise en liberté
00:44:07 de son agresseur présumé, le renforcement de la lutte
00:44:09 contre la violence de post-séparation,
00:44:11 l'abrogation du délit de non-représentation d'enfants,
00:44:14 qui est une arme à fragmentation contre les femmes aujourd'hui,
00:44:18 contre les mères qui protègent leurs enfants,
00:44:20 et enfin, le très beau chantier, madame la ministre,
00:44:22 dont je connais votre engagement,
00:44:26 pour lequel je connais votre engagement,
00:44:28 votre volonté d'aboutir, de réussir,
00:44:30 et nous serons à vos côtés pour le faire,
00:44:32 celui de la mise en place d'une juridiction spécialisée
00:44:37 en matière de violences intrafamiliales,
00:44:39 conjugales et sexuelles,
00:44:40 qui rassemble justice civile et justice pénale.
00:44:44 La création d'une aide financière d'urgence
00:44:46 à l'attention des victimes est donc un moyen concret immédiat.
00:44:48 Ca ne résout pas tout, mais c'est essentiel,
00:44:50 ce que vous avez proposé aujourd'hui,
00:44:52 madame, cher collègue Valérie Lettar.
00:44:54 Je voudrais dire enfin que les violences contre les femmes
00:44:57 coûtent 3,3 milliards d'euros par an à la société,
00:45:00 et que donc les sommes que nous allons engager
00:45:02 par l'intermédiaire des caisses d'allocations familiales
00:45:05 sont bien peu comparées aux coûts collectifs
00:45:08 que nous assumons du fait de ces violences.
00:45:10 Je vous remercie, cher collègue.
00:45:12 -Merci, cher collègue.
00:45:14 La parole est maintenant à madame Laurence Cohen
00:45:17 pour le groupe CRCE pour 4 minutes.
00:45:20 -Monsieur le président, madame la ministre,
00:45:28 madame la rapporteure, mes chers collègues,
00:45:30 la proposition de loi créant une aide universelle d'urgence
00:45:33 pour les victimes de violences conjugales
00:45:35 que nous examinons aujourd'hui en nouvelle lecture
00:45:37 aura connu un parcours des plus tumultueux.
00:45:40 Cette proposition de loi de notre collègue Valérie Letta
00:45:43 reprenait une proposition de loi déposée par ma collègue
00:45:46 Michèle Le Greaume en février 2021.
00:45:49 Je veux les en remercier, ainsi que notre rapporteur
00:45:52 Jocelyne Guides.
00:45:53 Face aux nombreuses insuffisances de l'action publique
00:45:55 en matière de lutte contre les violences conjugales,
00:45:58 le gouvernement a déposé et fait adopter un amendement
00:46:00 visant à réécrire intégralement l'article 1er.
00:46:03 Nous saluons le fait que plusieurs amendements GDR,
00:46:07 nos homologues à l'Assemblée nationale,
00:46:09 aient été adoptés pour encore enrichir le texte
00:46:12 et supprimer la condition que le gouvernement avait instaurée
00:46:15 sur la régularité au séjour
00:46:17 et sur les difficultés financières immédiates.
00:46:19 Une aide universelle se doit de l'être,
00:46:21 même si elle est modulée en fonction des besoins.
00:46:24 Le fait que la présence d'enfants à charge
00:46:26 ait été pris en compte et que ce soit l'Etat
00:46:28 et non plus la CNAF qui gèrent ces dépenses de l'aide
00:46:31 sont également des mesures positives.
00:46:33 L'introduction de l'article 1er TER
00:46:35 qui prévoit une loi de programmation pluriannuelle
00:46:38 de lutte contre les violences faites aux femmes
00:46:40 en ciblant l'accompagnement psychologique et social,
00:46:43 l'hébergement, la formation, est extrêmement importante.
00:46:47 Madame la ministre, même sans caractère normatif,
00:46:50 pouvez-vous nous confirmer que cette loi verra le jour
00:46:53 avec les moyens nécessaires,
00:46:55 que cela soit pour le 39-19, comme cela d'ailleurs est prévu,
00:46:59 comme pour l'ensemble des associations qui nous alertent ?
00:47:01 Les groupes LR et centristes à l'Assemblée nationale
00:47:04 ont également enrichi cette PPL.
00:47:07 Si j'ajoute enfin que plusieurs amendements
00:47:08 du groupe socialiste ont complété le texte
00:47:11 en précisant notamment que l'accord de la victime
00:47:14 était nécessaire avant l'information
00:47:16 du président du Conseil départemental,
00:47:18 vous aurez là un texte largement transpartisan.
00:47:21 Cette construction partagée s'explique en grande partie
00:47:24 par la progression des violences conjugales dans notre pays.
00:47:28 Selon l'Observatoire national des violences faites aux femmes,
00:47:31 213 000 femmes ont été victimes de violences physiques et sexuelles
00:47:35 commises par leurs partenaires ou ex-partenaires en 2019.
00:47:39 Le ministère de l'Intérieur a fait paraître une alerte
00:47:43 sur l'augmentation de 20 % en 2021 par rapport à 2020
00:47:48 du nombre des féminicides.
00:47:50 122 de nos soeurs, nos mères, nos cousines, nos voisines,
00:47:53 nos filles, nos amis sont décédés sous les coups d'un conjoint
00:47:57 ou ex-conjoint contre 102 en 2020.
00:48:01 Par conséquent, il est indispensable d'accompagner
00:48:04 les victimes de violences conjugales à sortir
00:48:06 de l'emprise morale et économique exercée par le conjoint.
00:48:10 L'instauration d'une aide financière d'urgence aux victimes
00:48:13 permettra donc d'encourager cette démarche de départ salvatrice.
00:48:18 Nous ne pouvons que regretter, madame la ministre,
00:48:20 permettez-moi de revenir là-dessus,
00:48:23 que la grande cause du quinquennat d'Emmanuel Macron
00:48:26 ne bénéficie pas des 2 milliards d'euros
00:48:29 qui sont demandés par les associations féministes
00:48:32 afin d'engager une lutte véritablement efficace
00:48:35 contre les violences en agissant sur l'éducation et la prévention
00:48:39 plutôt que d'attendre l'apparition des comportements violents.
00:48:44 Et je vais profiter de ce moment pour insister,
00:48:48 madame la ministre, sur un fait important.
00:48:51 Si nous voulons, et je sais que c'est votre objectif,
00:48:54 débarrasser notre société de ce fléau,
00:48:56 je vous appelle à soumettre au Parlement assez rapidement
00:49:01 un projet de loi cadre sur les violences faites aux femmes
00:49:04 en vous appuyant sur le travail
00:49:06 qui est fait par les associations féministes
00:49:08 et notamment le collectif national des droits des femmes.
00:49:12 C'est mon souhait, c'est notre souhait,
00:49:13 je crois que nous le partageons.
00:49:15 En attendant, les sénatrices et sénateurs de mon groupe,
00:49:18 le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste,
00:49:21 votera favorablement ce texte
00:49:23 en espérant une adoption conforme
00:49:26 pour une entrée en vigueur le plus rapidement possible.
00:49:28 Je vous remercie.
00:49:30 -Merci, chers collègues.
00:49:31 La parole est maintenant à la présidente Valérie Lettard
00:49:34 pour le groupe unioncentriste pour 6 minutes.
00:49:36 -M. le président, madame la ministre,
00:49:53 M. le président de commission, madame la rapporteure,
00:49:55 chers collègues,
00:49:56 nous voici arrivés à la fin du processus d'examen
00:50:00 de la proposition de loi sur l'aide universelle d'urgence
00:50:03 pour les victimes de violences conjugales
00:50:06 que j'ai souhaitée, avec l'aide de mon groupe,
00:50:09 porter au débat devant le Parlement.
00:50:11 Et dans un délai record,
00:50:14 Laurence Rossignol l'a signalé,
00:50:16 madame la rapporteure aussi, en 4 mois à peine,
00:50:19 c'est assez extraordinaire pour ce type d'exercice.
00:50:24 C'est forcément aussi avec un sentiment particulier,
00:50:27 une émotion certaine, sincère, que je prends la parole
00:50:31 pour exprimer un mélange de satisfaction,
00:50:33 de joie, de fierté partagée
00:50:36 qui m'empare à ce moment de nos débats.
00:50:39 Qu'une initiative de terrain qui s'est construite
00:50:42 grâce à un travail nourri par les professionnels
00:50:45 de mon territoire,
00:50:46 à l'expertise de nos administrateurs
00:50:48 qui ont su, à travers d'échanges, d'expériences, d'expertises,
00:50:52 traduire une volonté d'aboutir à un texte adapté
00:50:57 à la réalité quotidienne que vivent les professionnels
00:51:00 dans leur action auprès des victimes de violence
00:51:03 et, bien évidemment aussi, trop souvent, de leurs enfants.
00:51:07 Un texte qui, je l'espère, nous l'espérons tous,
00:51:10 contribuera à changer la vie et le destin
00:51:13 de trop nombreuses victimes sous emprise
00:51:17 grâce à une aide financière
00:51:19 qui devra être simple d'accès
00:51:21 et dont le montant et les modalités, madame la ministre,
00:51:23 devront, au travers du décret
00:51:25 que vous avez la grande responsabilité de mettre en oeuvre,
00:51:29 être à la hauteur des besoins.
00:51:31 Une aide universelle qui pourra prendre la forme
00:51:33 d'une aide non remboursable
00:51:34 ou d'un prêt partiellement ou totalement remboursable.
00:51:37 Vous en avez changé les mots, madame la ministre,
00:51:39 en remplaçant cette notion de prêt bénéficiant
00:51:42 de remise totale ou de réduction
00:51:44 en un don, une aide non remboursable
00:51:47 ou un prêt sans intérêt.
00:51:50 Le but, vous en conviendrez, est le même,
00:51:53 c'est un soutien financier ambitieux,
00:51:55 accessible, rapide et lisible,
00:51:57 facile d'utilisation par les professionnels,
00:52:00 permettant de libérer de l'emprise financière
00:52:02 de leurs bourreaux, celles et ceux qui en sont victimes,
00:52:05 pendant une période nécessaire
00:52:09 pour rétablir les droits de ceux qui les ont perdus,
00:52:12 de cette absence de financement dans l'urgence.
00:52:16 Il n'y a pas de classe, pas de milieu, pas de génération,
00:52:19 pas de situation socio-professionnelle
00:52:21 qui soit épargnée par cette triste réalité
00:52:24 des violences au sein du couple.
00:52:26 L'universalité était donc essentielle, à mes yeux,
00:52:28 à nos yeux.
00:52:30 Peut-on exclure une femme salariée
00:52:32 privée de ses propres ressources,
00:52:34 une jeune de moins de 25 ans qui n'a pas de droit au RSA,
00:52:37 une personne retraitée ? Non.
00:52:39 Et donc ce dispositif imaginé, universel et rapide,
00:52:43 visant à n'exclure aucune victime,
00:52:45 quelle que soit sa réalité, était indispensable.
00:52:49 Merci, madame la rapporteure.
00:52:51 Merci aussi à monsieur le président,
00:52:53 vous saluerez aussi madame la présidente,
00:52:55 pour l'écoute attentive qu'a eue la commission
00:52:58 et bien évidemment aussi nos collègues
00:53:00 pour entendre, nourrir, enrichir des amendements divers
00:53:04 de l'investissement de nos collègues sur ce texte.
00:53:07 Votre écoute, vos avancées
00:53:09 n'ont fait que renforcer encore la portée de ce texte.
00:53:13 Notre unanimité en 1re lecture a été inspirante
00:53:16 et a permis, je pense au gouvernement,
00:53:18 madame la ministre,
00:53:19 de changer la position de départ qui était plutôt réservée
00:53:23 et de vous donner la possibilité d'aller plus loin.
00:53:26 L'Assemblée nationale, et on peut remercier aussi
00:53:28 la présidente de l'Assemblée qui a su créer les conditions
00:53:30 d'un examen transpartisan,
00:53:33 et un vote unanime après des modifications apportées
00:53:36 par les rapporteurs, et je salue ma collègue Béatrice Descamps,
00:53:39 qui était rapporteure et qui est ma collègue du Nord,
00:53:41 et les différents groupes aussi de l'Assemblée,
00:53:43 vous l'avez dit, madame Cohen, ont apporté et nourri ce texte,
00:53:46 et y ont réintégré des dispositions
00:53:49 qui n'étaient pas toutes dans la position
00:53:51 et dans l'amendement du gouvernement.
00:53:53 Cela permet d'avoir rajouté
00:53:55 l'accompagnement social et professionnel,
00:53:57 les droits sociaux liés, qui sont indispensables,
00:54:00 une transmission de la demande simplifiée à la CAF
00:54:03 et au département.
00:54:05 Et aussi, madame la ministre, vous remerciez évidemment
00:54:08 d'avoir maintenu la possibilité de se retourner
00:54:11 sur l'auteur des violences pour le remboursement,
00:54:13 ou encore d'avoir levé les gages pour la familialisation,
00:54:17 et possibilité aussi donnée à la MSA
00:54:19 de gérer ses propres ressortissants.
00:54:22 Unanimité au Sénat et à l'Assemblée
00:54:24 la montre que même dans les périodes de tension,
00:54:27 l'intérêt général et la portée des sujets
00:54:30 tels que celui qui nous réunit transcendent les courants
00:54:33 et montrent le sens des responsabilités
00:54:35 de nos assemblées.
00:54:37 C'est un bel exemple dans les moments que nous vivons.
00:54:40 La loi doit protéger les plus fragiles d'entre nous.
00:54:43 Ce principe essentiel m'a toujours guidée.
00:54:46 Et si vous êtes là à cet instant et si vous tenez ses propos,
00:54:49 c'est bien parce que vous le partagez
00:54:51 et que vous le défendez tout autant que moi.
00:54:54 Et je vous en remercie.
00:54:56 Merci à vous tous, et j'en arrêterai là,
00:54:59 de donner tout son sens à l'engagement politique
00:55:03 et à l'action publique,
00:55:04 car ce que nous faisons aujourd'hui,
00:55:06 c'est une vraie avancée,
00:55:08 et c'est pour cela, je pense, que toutes et tous,
00:55:11 eh bien, nous avons toujours été mobilisés,
00:55:14 déterminés à faire avancer
00:55:17 la cause des plus vulnérables avant tout,
00:55:19 le destin de notre pays,
00:55:21 sans laisser personne au bord de la route.
00:55:23 Nous pouvons en être collectivement très fiers.
00:55:26 Merci à toutes et à tous.
00:55:28 -Merci.
00:55:30 La parole est maintenant à M. Eric Gold
00:55:32 pour le groupe RDSE pour 4 minutes.
00:55:35 ...
00:55:43 -Excusez-moi, je vais remettre l'ordre dans ma chemise.
00:55:45 M. le Président, Mme la ministre,
00:55:48 Mme la présidente de commission,
00:55:51 Mme la rapporteure, chers collègues,
00:55:53 4 mois après l'adoption de cette proposition de loi
00:55:56 à l'unanimité, nous nous retrouvons donc
00:55:58 pour examiner le texte en 2e lecture
00:56:00 après son adoption à l'Assemblée nationale,
00:56:02 à l'unanimité également,
00:56:05 mais avec plusieurs modifications.
00:56:07 Si ces modifications ont fait craindre un report
00:56:09 dans l'application de la mesure,
00:56:11 elles ont néanmoins permis d'améliorer le texte,
00:56:13 notamment grâce à l'engagement du gouvernement
00:56:15 sorti de sa réserve initiale.
00:56:17 Sur un sujet aussi majeur que les violences conjugales,
00:56:20 nous pouvons saluer le travail consensuel
00:56:23 effectué au sein du Parlement et de l'exécutif.
00:56:27 Quand il s'agit d'aider les victimes à s'extirper
00:56:29 des mains de leurs bourreaux,
00:56:31 nous sommes heureusement capables de travailler
00:56:33 en bonne intelligence.
00:56:35 Près de 300 000 personnes sont victimes chaque année
00:56:37 de violences conjugales en France.
00:56:39 72 % d'entre elles sont des femmes.
00:56:42 Or, il est avéré que la précarité financière
00:56:44 retarde, voire empêche, le départ du domicile conjugal.
00:56:48 Et on le sait que cette précarité
00:56:51 touche davantage les femmes.
00:56:53 En complément des aides déjà existantes,
00:56:55 je rappelle le téléphone grave danger,
00:56:57 le bracelet anti-rapprochement
00:56:58 et toutes les mesures du Grenelle des violences conjugales,
00:57:01 cette proposition de loi s'attaque donc spécifiquement
00:57:04 à la question de la dépendance financière,
00:57:06 qui demeure un frein majeur pour nombre de victimes.
00:57:10 Conservant l'esprit initial du texte,
00:57:13 le dispositif adopté par l'Assemblée nationale
00:57:15 se décline en un prêt à taux zéro
00:57:18 et une aide non remboursable modulée en fonction
00:57:20 des besoins de la victime
00:57:22 et de sa situation économique et sociale.
00:57:24 La présence d'enfants à charge pourra notamment permettre
00:57:27 l'octroi d'un montant supplémentaire
00:57:29 qui devrait aider à les sortir de ce climat de violence
00:57:32 dont ils sont aussi les principales victimes.
00:57:35 Dans le cas d'un prêt et sur décision de justice,
00:57:38 le remboursement pourrait être mis à la charge
00:57:39 de l'auteur des violences,
00:57:41 ce qui libérera de fait la victime de sa créance.
00:57:44 Cette aide est toutefois conditionnée
00:57:46 à un dépôt de plainte ou un signalement
00:57:47 au procureur de la République.
00:57:49 Les commissariats et unités de gendarmerie
00:57:51 pourront enregistrer et transmettre la demande d'aide
00:57:53 sans y être obligés.
00:57:54 Seule demeure l'obligation d'informer la victime
00:57:57 de l'existence de cette aide,
00:57:58 ce qui semble en effet plus conforme
00:58:00 au rôle et mission des forces de l'ordre.
00:58:02 Hormis les articles qui sollicitent les demandes de rapports,
00:58:04 auxquels nous sommes, au Sénat et au groupe RDSG,
00:58:07 généralement très réticents,
00:58:09 nous regrettons l'inscription d'une demande de loi
00:58:11 de programmation pluriannuelle
00:58:12 sur la trajectoire des finances publiques
00:58:14 en matière de lutte contre les violences faites aux femmes.
00:58:17 Elle n'a qu'une portée symbolique,
00:58:18 puisque le gouvernement n'est pas tenu
00:58:20 de déposer un tel projet de loi.
00:58:22 Gardons-nous de créer de faux espoirs en la matière.
00:58:25 Enfin, si la rédaction issue de l'Assemblée
00:58:28 correspond à la volonté générale des auteurs de la PPL,
00:58:31 de créer une aide universelle,
00:58:32 la suppression de la condition de régularité de séjour
00:58:35 et de stabilité de résidence en France
00:58:37 me paraît en réalité peu opérationnelle.
00:58:39 Chaque victime doit bien sûr pouvoir être aidée,
00:58:42 mais je doute que les personnes en situation irrégulière
00:58:45 se rendent au commissariat pour porter plainte,
00:58:47 et je crois que nous devrions nous concentrer
00:58:48 sur des aides plus adaptées à leur réalité.
00:58:51 Pour conclure, cette proposition de loi
00:58:54 offre une aide supplémentaire dans cette période de latence
00:58:56 qui constitue le départ, parfois brutal, du domicile
00:58:59 et sur le sujet très complexe de la dépendance financière
00:59:02 qui rajoute à la vulnérabilité
00:59:04 et repousse l'indispensable mise à l'abri.
00:59:06 Si ce nouveau droit peut convaincre,
00:59:08 ne serait-ce qu'une seule victime, de partir,
00:59:10 alors nous aurons peut-être sauvé une vie de plus.
00:59:14 Le groupe RDSE votera donc, comme en 1re lecture,
00:59:16 cette PPL d'une seule voix. Je remercie.
00:59:19 -Merci, chers collègues.
00:59:21 La parole est maintenant à Mme Valérie Boyer
00:59:23 pour le groupe Les Républicains pour 5 minutes.
00:59:26 (Applaudissements)
00:59:29 -Merci, M. le président.
00:59:35 M. le président, Mme la présidente,
00:59:39 Mme la ministre, Mme la rapporteure
00:59:42 et mes chers collègues.
00:59:43 Elles avaient 19, 30, 51 ou 90 ans.
00:59:46 La plupart étaient mères de famille.
00:59:47 Leurs enfants, parfois, étaient témoins de cette barbarie
00:59:49 ou même étaient tués à leur tour.
00:59:51 Certaines étaient enceintes, parfois, elles ont été brûlées vives,
00:59:54 poignardées, étranglées ou abattues d'un coup de fusil.
00:59:57 Ces meurtres perpétraient sur tout le territoire français,
00:59:59 essentiellement par des hommes qui étaient déjà, parfois,
01:00:01 connus des services de police, et même souvent, et de la justice,
01:00:04 pour des faits de violence conjugale.
01:00:07 En 2022, 147 d'entre elles ont été tuées
01:00:09 par leurs conjoints et ex-conjoints.
01:00:11 Et je voudrais souligner que 18 hommes aussi ont été tués
01:00:13 par leurs conjoints ou leurs conjointes.
01:00:15 Un enfant est tué par l'un de ses parents
01:00:17 tous les 5 jours en moyenne d'après l'UNICEF.
01:00:20 Près de 400 000 enfants en France vivent dans un foyer
01:00:23 où les violences intrafamiliales sévissent.
01:00:26 Derrière ces chiffres, il y a une réalité,
01:00:28 celle de la souffrance insupportable et inacceptable.
01:00:31 Plus que jamais, nous avons besoin de l'implication de tous.
01:00:35 C'est pourquoi, le 20 octobre dernier,
01:00:37 le Sénat a adopté à l'unanimité la proposition de loi
01:00:40 créant une aide d'urgence en faveur des victimes
01:00:43 de violences conjugales,
01:00:44 déposée par notre collègue Valérie Lettard.
01:00:47 Et je veux la remercier pour son travail
01:00:49 et lui dire, enfin, une mesure concrète,
01:00:51 qui allie Sénat, proximité et conseils départementaux.
01:00:55 Et c'est ça que nous attendons de la Chambre haute,
01:00:57 et c'est ça, je pense, que les femmes attendent aussi.
01:01:00 Quelque chose de concret, de rapide et d'efficace.
01:01:04 Après moins de 4 mois plus tard, le texte nous revient,
01:01:08 après avoir accueilli le vote, là aussi,
01:01:10 quasi unanime de l'Assemblée nationale.
01:01:12 La lutte contre ces violences, notamment faite aux femmes,
01:01:14 est un combat qui concerne toute la société.
01:01:16 C'est un combat universel.
01:01:18 Ce combat me tient particulièrement à coeur,
01:01:20 comme vous tous, mes chers collègues ici présents.
01:01:22 En effet, je suis engagée pour les victimes
01:01:24 comme parlementaire il y a maintenant près de 10 ans,
01:01:26 notamment aux côtés de M. Nathalie Tomasini
01:01:29 et du juge Édouard Durand, que je veux saluer.
01:01:31 Et je sais qu'un certain nombre d'entre vous
01:01:33 tentent de faire évoluer aussi notre législation.
01:01:35 Je pense notamment à notre délégation aux droits des femmes
01:01:38 avec sa dynamique présidente, Annick Billon,
01:01:40 que je veux saluer pour son investissement
01:01:42 et son énergie pour cette cause.
01:01:44 Mais malheureusement, ce combat n'avance jamais assez vite.
01:01:47 Voilà des années que nous demandons une grande loi
01:01:49 sur les violences conjugales
01:01:51 et pas d'examiner les choses de façon tronçonnée.
01:01:54 Mais voilà plusieurs années que nous devons nous contenter
01:01:56 de propositions de lois successives,
01:01:58 et ce, malgré le Grenelle des violences conjugales de 2019.
01:02:01 Et comment ne pas évoquer la grande loi du 9 juillet 2010,
01:02:05 à laquelle Valérie Lettard, d'ailleurs, et moi-même,
01:02:07 nous avons participé sur les bandes de l'autre assemblée,
01:02:11 celle de Guy Geoffroy,
01:02:12 qui a créé notamment l'ordonnance de protection,
01:02:15 l'expérimentation sur le bracelet électronique,
01:02:17 il a fait rentrer enfin concrètement dans la loi,
01:02:19 c'était la 1re fois, le téléphone grave danger.
01:02:22 Ou encore les lois du 28 décembre 2019 et du 38 juillet 2020,
01:02:25 qui prévoient notamment les dispositions
01:02:27 pour améliorer l'accès au logement
01:02:28 des victimes de violences conjugales
01:02:29 et modifier le régime d'ordonnance de protection
01:02:31 prise par le juge des affaires familiales.
01:02:34 Sans oublier les dispositions qui facilitent la suspension
01:02:36 et le retrait de l'autorité parentale du parent violent,
01:02:38 mesures que je réclame depuis des années
01:02:41 et qui ont été systématiquement, malheureusement,
01:02:43 Madame la ministre, rejetées par les gouvernements
01:02:45 Hollande et Macron,
01:02:46 avant d'être intégrées quelques années plus tard,
01:02:48 d'ailleurs, dans quelques semaines,
01:02:49 nous aurons à nouveau à examiner un texte à ce sujet.
01:02:52 Je crois, Madame la ministre, que ces grandes causes
01:02:54 méritent que nous dépassions définitivement
01:02:56 nos clivages politiques, il serait temps.
01:02:58 Aussi, rappelons-le, l'analyse des appels du 39-19
01:03:02 révèle ces dernières années une aggravation des viols conjugaux,
01:03:04 des menaces de mort et des tentatives de féminicide.
01:03:07 En 2019, plus de 2 100 auteurs de violences
01:03:10 en étaient déjà rendus coupables par le passé.
01:03:13 Aussi, le texte de notre collègue Valérie Lettard
01:03:15 crée une aide financière d'urgence
01:03:16 aux victimes de violences conjugales.
01:03:18 L'aide peut être versée sous forme d'un prêt sans intérêt,
01:03:20 comme le prévoyait le texte issu du Sénat,
01:03:22 mais peut également être un don.
01:03:24 Et il responsabilise aussi le violent conjugal,
01:03:27 et ça, c'est vraiment primordial,
01:03:29 qui devra rembourser à l'issue de toutes les procédures.
01:03:33 Et c'est bien que ce qui...
01:03:36 C'est quand même une avancée aussi considérable
01:03:38 qui fait en sorte que cette responsabilisation
01:03:40 et cette culpabilisation, eh bien, elles rentrent
01:03:42 de façon concrète.
01:03:44 Bien sûr, ce texte ne suffira pas à résoudre toutes les failles.
01:03:48 Mais c'est une avancée importante.
01:03:50 Et je veux rappeler qu'un rapport
01:03:51 de l'Inspection générale de la justice en 2019
01:03:54 sur les homicides conjugaux indique que si 41 %
01:03:57 avaient alerté les forces de sécurité,
01:03:59 82 % des mains courantes à l'époque,
01:04:01 puisque maintenant, c'est différent,
01:04:03 et des procès verbaux de renseignements judiciaires
01:04:05 n'avaient donné lieu à aucune investigation,
01:04:08 tandis que 80 % des plaintes
01:04:11 avaient déjà abouti à un classement sans suite.
01:04:14 C'est pourquoi il est important que nous regardions
01:04:17 dans chaque commissariat, dans chaque lieu d'accueil,
01:04:19 comment les choses évoluent.
01:04:21 Et c'est pourquoi, nous ne disons pas assez,
01:04:23 mais avant d'envisager d'autres réformes,
01:04:25 je crois qu'il est nécessaire et vital
01:04:26 d'appliquer les lois existence
01:04:28 et de vérifier leur effectivité et leur application.
01:04:31 Je vais citer un exemple.
01:04:32 La loi de 2019 sur les violences conjugales
01:04:34 a permis la mise en place d'un comité de pilotage
01:04:36 chargé de suivre le déroulement
01:04:37 des différentes expérimentations.
01:04:39 Ce comité, dont je suis membre,
01:04:41 qui devait se réunir...
01:04:42 qui devait réunir 2 députés et 2 sénateurs,
01:04:45 ne s'est réuni que 2 fois en 4 ans.
01:04:47 Alors, mes chers collègues, la parole...
01:04:51 La loi et la justice ont le pouvoir
01:04:52 et même la responsabilité de protéger ces victimes.
01:04:55 C'est pourquoi, bien sûr, j'espère que nous adopterons
01:04:57 à l'unanimité cette très belle loi.
01:04:59 Merci beaucoup.
01:05:00 -Quand la passion dure.
01:05:03 Merci, chers collègues.
01:05:04 La parole est maintenant à Mme Colette Mélo
01:05:06 pour le groupe Les Indépendants pour 4 minutes.
01:05:09 (Applaudissements)
01:05:12 (...)
01:05:16 -Bonjour, M. le président.
01:05:19 (Propos inaudibles)
01:05:22 (Propos inaudibles)
01:05:23 Merci. M. le président, Mme la ministre,
01:05:28 Mme la rapporteure, M. le président de la Commission,
01:05:31 mes chers collègues,
01:05:33 il y a quelques mois, en octobre dernier,
01:05:35 le Sénat a prouvé à l'unanimité la proposition de loi
01:05:38 créant une aide universelle d'urgence
01:05:41 pour les victimes des violences conjugales.
01:05:43 Cette initiative sénatoriale constitue, à mes yeux,
01:05:46 un cas d'école.
01:05:47 Elle vise à intégrer dans la loi des pratiques
01:05:50 qui ont fait leur preuve sur le terrain.
01:05:52 C'est bien sûr le cas du Nord,
01:05:54 et je veux remercier Valérie Létard pour son travail.
01:05:57 L'expérimentation menée dans l'arrondissement de Valenciennes
01:06:00 est déjà couronnée de succès,
01:06:02 si tentée que l'on puisse parler de succès
01:06:03 dans la lutte contre les violences conjugales.
01:06:06 Dans mon département, la Seine-et-Marne,
01:06:08 la CAF a également mis en place
01:06:10 un système d'aide complémentaire aux victimes
01:06:13 de violences conjugales.
01:06:14 De toute évidence, ce mécanisme d'aide aux victimes fonctionne.
01:06:17 Les acteurs de terrain s'en sont emparés.
01:06:20 Nous ne pouvons pas l'ignorer. C'est pourquoi.
01:06:23 Je tiens à remercier Valérie Létard pour son initiative
01:06:26 qui répond précisément aux problématiques du terrain.
01:06:28 Les acteurs du social qui agissent pour la protection des victimes
01:06:32 ont montré leur appétence et leur intérêt
01:06:34 pour ce type de mécanisme.
01:06:36 Comme lors de la 1re lecture,
01:06:38 notre groupe votera en faveur de ce texte
01:06:40 afin de permettre la mise en oeuvre rapide de ce dispositif.
01:06:44 Je me réjouis que l'Assemblée ait également adopté ce texte
01:06:48 et que le gouvernement ait choisi de le soutenir.
01:06:50 Ce soutien est décisif parce qu'il témoigne de la volonté partagée
01:06:54 de voir ce dispositif compléter toutes les actions
01:06:57 déjà mises en place par le gouvernement.
01:06:59 L'examen à l'Assemblée a permis de corriger les quelques lacunes du texte
01:07:03 que nous n'avons malheureusement pas pu corriger en 1re lecture
01:07:06 à cause de l'article 40 de la Constitution.
01:07:08 C'est le cas pour l'intégration des mutuelles sociales d'agricoles
01:07:12 au dispositif qui est désormais acquise.
01:07:14 Ce texte met en place des outils nouveaux
01:07:17 et je me réjouis qu'il fasse l'objet d'un consensus politique large.
01:07:21 Cependant, ce sujet délicat ne doit pas servir de véhicule législatif
01:07:26 pour d'autres combats que celui mené pour la protection
01:07:28 des victimes de violences conjugales.
01:07:30 C'est pourquoi j'avais déposé un amendement
01:07:33 que j'ai retiré avant la séance,
01:07:35 ce qui était de modifier à la marge la rédaction de l'article 1er terre.
01:07:40 Cet article vise à instaurer une loi de programmation
01:07:43 pour lutter contre les violences faites aux femmes.
01:07:45 Notre groupe est plutôt favorable au principe d'une telle loi de programmation
01:07:49 qui permettra de mettre en cohérence les objectifs
01:07:51 et les moyens mobilisés à cette fin.
01:07:53 Cela nous donnera l'opportunité d'en débattre de façon régulière et sérieuse,
01:07:57 mais nous regrettons que la rédaction proposée à l'Assemblée
01:08:00 ne soit pas aussi appropriée que celle du texte initial.
01:08:04 En effet, le texte initial prenait soin de ne pas distinguer
01:08:07 entre hommes et femmes pour s'intéresser à toutes les victimes.
01:08:10 Cette modification sémantique est importante
01:08:14 car elle introduit un biais idéologique dans ce texte.
01:08:17 Je crois que notre travail doit rester guidé par le bon sens
01:08:21 et la volonté d'aider toutes les victimes de violences conjugales,
01:08:24 qu'elles soient des femmes ou des hommes.
01:08:26 Même s'il s'est avéré que l'immense majorité
01:08:29 des violences conjugales sont commises par des hommes contre des femmes,
01:08:34 les violences n'en sont pas moins graves
01:08:36 lorsqu'elles ne sont pas commises contre des femmes.
01:08:39 Je pense là aux hommes qui subissent des violences
01:08:41 de la part de leur conjointe ou de leur conjoint. Cela peut arriver.
01:08:45 En conclusion, je crois que cette proposition de loi
01:08:48 créant une aide universelle d'urgence
01:08:50 pour les victimes de violences conjugales est essentielle
01:08:53 et répond aux préoccupations actuelles de notre société.
01:08:57 J'espère que nous pourrons encore améliorer ce texte,
01:09:00 même si le plus important est que sa mise en œuvre sur le terrain
01:09:03 soit la plus rapide possible. C'est ce que les victimes attendent.
01:09:07 -Merci, chers collègues.
01:09:09 La parole est maintenant à Mme Mélanie Vaugelle
01:09:12 pour le groupe écologiste pour 4 minutes.
01:09:15 -Merci, M. le Président.
01:09:25 Mme la ministre, chers collègues,
01:09:28 sous leurs coups, sous leurs abus,
01:09:30 une femme meurt tous les 3 jours en France.
01:09:32 De cela, nous devons tous nous sentir responsables.
01:09:35 C'est ce qu'avait constaté Emmanuel Macron le 25 novembre 2017
01:09:39 quand il promettait de faire de l'élimination
01:09:43 des violences faites aux femmes la grande cause de son 1er quinquennat.
01:09:46 Des actes, certes, mais si peu, ont malheureusement suivi cette annonce.
01:09:50 Et quoi qu'on en dise, une chose est claire,
01:09:52 l'objectif d'éliminer les violences faites aux femmes n'a pas été atteint.
01:09:56 213 000 femmes sont victimes de violences conjugales en France chaque année,
01:10:01 147 féminicides en 2022,
01:10:03 c'est 25 % de plus qu'en 2021.
01:10:06 Depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron,
01:10:08 c'est un fait implacable.
01:10:10 Les féminicides n'ont pas baissé,
01:10:12 et au contraire, ils ont en réalité augmenté.
01:10:14 C'est aussi pour cela que les parlementaires ont pris le relais,
01:10:17 et ce n'est pas rien, je crois, de débattre aujourd'hui
01:10:19 d'une proposition de loi et non d'un projet.
01:10:22 Je salue donc encore la proposition de loi de Valérie Gattard
01:10:25 et je veux la remercier, encore une fois, d'avoir proposé ce texte,
01:10:29 une étape importante dans le combat contre les violences faites aux femmes
01:10:31 par leurs conjoints ou ex-conjoints.
01:10:33 Avec mon groupe, je peux vous en assurer, nous soutenons votre proposition
01:10:37 et comme en première lecture, nous voterons en faveur de ce texte.
01:10:41 Ce texte est important parce qu'il vise à traiter un des grands obstacles
01:10:45 à la mise en sécurité des victimes de violences conjugales,
01:10:47 qui est la barrière économique.
01:10:49 Le revenu des femmes est en moyenne inférieur de 22 % à celui des hommes,
01:10:54 même si nous ne sommes plus diplômés,
01:10:57 et dans les couples hétérosexuels, l'écart est encore plus grand,
01:11:00 les hommes gagnent en moyenne 47 % de plus que leurs conjointes.
01:11:03 Et dans cette inégalité se loge le mécanisme de la dépendance,
01:11:07 l'absence d'autonomie financière, encore plus effrayante
01:11:10 lorsque des enfants sont en jeu,
01:11:12 et donc un déblocage majeur au départ des femmes victimes de violences.
01:11:16 Au-delà des inégalités de revenus, il existe par ailleurs,
01:11:19 dans de nombreux cas de violences conjugales,
01:11:21 des violences économiques, c'est-à-dire la mise en place
01:11:25 d'une stratégie d'emprise financière sur la victime,
01:11:27 par exemple l'absence d'accès aux comptes,
01:11:29 de pouvoirs décisionnels financiers, le contrôle des dépenses, etc.
01:11:33 Et ces mécanismes se mettent souvent en place
01:11:36 lorsque l'éventualité d'un départ effleure les conjoints violents.
01:11:40 Or on sait que nous sommes là, autour de la rupture et du départ,
01:11:44 au moment de l'annonce de la séparation
01:11:46 ou de la survenue de sa crainte chez le conjoint violent,
01:11:49 au moment le plus dangereux pour la victime de violences,
01:11:53 car c'est là, à ce moment-là, qu'elle risque le plus la mort.
01:11:56 Les féministes l'ont collée sur les murs,
01:11:58 elles le quittent, ils la tuent.
01:12:00 En prévoyant des aides financières
01:12:02 pour les femmes victimes de violences conjugales,
01:12:04 la proposition de loi vise justement à trouver
01:12:06 une réponse à ces situations dramatiques.
01:12:09 Dans la première version du texte,
01:12:11 la participation financière n'était proposée
01:12:14 qu'en termes de prêts aux femmes victimes de violences
01:12:17 et pouvait donc constituer une dette à rembourser.
01:12:21 Dès la première lecture, j'avais souligné avec mon groupe
01:12:23 qu'on ne pouvait pas se limiter à un prêt,
01:12:25 comme l'ont d'ailleurs fait mes collègues écologistes
01:12:27 à l'Assemblée nationale. Je salue donc le fait
01:12:29 que, comme nous l'avions porté en première lecture,
01:12:31 et grâce à la mobilisation de nos collègues à l'Assemblée
01:12:34 et à la volonté au soutien de la ministre,
01:12:36 qui a bien voulu lever le gage
01:12:38 et autoriser un certain nombre d'avancées favorables,
01:12:40 le texte prévoit désormais une aide financière
01:12:43 d'urgence aux victimes de violences conjugales
01:12:45 qui peut prendre la forme d'un prêt
01:12:46 ou d'une prestation non remboursable.
01:12:49 Je cite aussi que désormais le montant de l'aide
01:12:50 puisse être modulé selon l'évaluation
01:12:52 des besoins de la personne
01:12:54 et que le remboursement puisse être imputé
01:12:56 aux auteurs de violences.
01:12:58 Enfin, je rappelle que ce texte ne peut être qu'une première brique
01:13:01 car notre horizon politique, ça doit être
01:13:03 la diminution des cas de violences eux-mêmes
01:13:06 et pour cela, toujours la même chose,
01:13:08 nous demandons 2 milliards contre les violences de genre,
01:13:10 1% du PIB pour protéger 50% de la population.
01:13:14 C'est ce que nous continuerons à demander
01:13:17 pour la prévention, pour la formation,
01:13:18 pour la mise à l'abri,
01:13:19 pour que le décompte macabre des féminicides
01:13:22 cesse de nous hanter.
01:13:23 Je vous remercie.
01:13:25 - Merci, chers collègues.
01:13:26 La parole est maintenant à madame Nadejda Vey
01:13:29 pour le groupe RDPI pour 4 minutes.
01:13:32 - M. le président, madame la rapporteure,
01:13:42 madame la ministre, mes chers collègues,
01:13:46 le texte que nous examinons ce matin en 2e lecture
01:13:48 et que nous nous apprêtons à adopter définitivement
01:13:51 en tant que créé une aide universelle d'urgence
01:13:53 pour les victimes de violences conjugales.
01:13:55 En tout 1er lieu, je veux ici saluer l'engagement
01:13:58 de la vice-présidente du Sénat, Valérie Lettard,
01:14:01 à l'initiative de cette proposition de loi.
01:14:03 Mon groupe se prononcera, comme il l'a fait en 1re lecture,
01:14:06 en faveur de ce dispositif pertinent
01:14:09 et déjà expérimenté, madame la sénatrice,
01:14:11 dans votre département.
01:14:13 Notre approbation est d'autant plus assurée
01:14:15 que le dispositif a répondu à certaines des interrogations
01:14:18 dont nous avions fait part
01:14:20 et sur lesquelles je reviendrai plus tard.
01:14:22 Cette proposition de loi prévoit donc un soutien financier
01:14:26 dont les conditions d'octroi ont été précisées ici
01:14:29 en octobre dernier, rendues accessibles rapidement
01:14:32 dans un moment d'urgence.
01:14:34 Il doit permettre aux victimes en souffrance
01:14:37 d'être accompagnées lorsqu'elles prennent cette décision difficile
01:14:40 de quitter l'environnement violent.
01:14:43 Cette prise de décision,
01:14:45 notamment en raison d'une dépendance financière,
01:14:47 nous le savons, peut être redardée,
01:14:49 voire même empêchée.
01:14:51 Et cela, il faut l'éviter absolument.
01:14:53 C'est pourquoi cette nouvelle aide prendra la forme
01:14:55 d'un prêt à taux zéro versé en 3 mensualités.
01:14:58 Les versements se feront soit par la caisse d'allocations familiales,
01:15:01 soit par les caisses de mutualité sociale agricole
01:15:04 dans un délai de principe de 3 à 5 jours ouvrés
01:15:07 après la demande.
01:15:09 Le texte prévoit l'application de cette loi
01:15:11 dans les départements et régions d'Outre-mer.
01:15:14 Nous nous en félicitons.
01:15:16 Enfin, nous l'avions souligné préalablement,
01:15:18 la notion de prêt pouvait être source d'insécurité
01:15:21 pour les personnes les plus précaires.
01:15:23 Les modifications apportées à l'Assemblée nationale
01:15:26 ont permis de répondre à notre inquiétude
01:15:28 en prévoyant que cette aide pourrait être non remboursable
01:15:31 en fonction de la situation financière et sociale
01:15:34 et le cas échéant de la présence d'enfants.
01:15:36 Et c'est une belle avancée.
01:15:38 Je rappelle ici les chiffres glaçants.
01:15:40 Il faut les regarder en face.
01:15:42 122 féminicides au sein du couple ont été recensés en 2021.
01:15:46 Près de 160 000 plaintes pour violences conjugales
01:15:49 enregistrées en 2020
01:15:51 et la réalité pourrait être proche du double.
01:15:54 Si la règle première en droit civil et pénal
01:15:57 est de sortir l'auteur des violences du domicile conjugal
01:16:00 et non la victime, dans les faits,
01:16:02 c'est la victime qui va d'abord s'en aller, nous le savons,
01:16:05 et il faut le prendre en compte.
01:16:07 Cette avance financière doit aussi,
01:16:09 pour jouer tout son rôle, aller de pair
01:16:11 avec un accompagnement social et professionnel.
01:16:14 Cela est prévu et elle doit aussi être connue et accessible.
01:16:18 C'est pourquoi l'article 2 prévoit que l'officier
01:16:21 ou l'agent de police judiciaire qui reçoit une plainte
01:16:24 devra en informer la victime.
01:16:26 Il devra également enregistrer la demande
01:16:29 et la transmettre à la CAF compétente
01:16:31 ainsi qu'au Conseil départemental,
01:16:33 chef de file de l'Action sociale.
01:16:35 Il sera important de pouvoir évaluer
01:16:37 le fonctionnement de ces modalités d'accompagnement
01:16:40 et cela est également prévu.
01:16:42 Pour toutes ces raisons, le groupe RDPI
01:16:44 votera bien évidemment ce texte.
01:16:46 Et je voudrais conclure par le rappel
01:16:48 d'une autre information essentielle.
01:16:50 Le 3919 est le numéro national d'écoute téléphonique
01:16:54 et d'orientation à destination des femmes victimes de violences
01:16:58 mais aussi de leur entourage et de leurs témoins.
01:17:01 Le 3919 est anonyme et gratuit.
01:17:04 Le 3919, rappelons-le encore et toujours.
01:17:08 Je vous remercie.
01:17:10 -Merci, chers collègues.
01:17:12 La parole est maintenant à M. Max Brisson
01:17:14 pour le groupe Les Républicains pour 5 minutes.
01:17:17 (Applaudissements)
01:17:20 -M. le Président, Mme la Ministre, Mme la rapporteure,
01:17:28 M. le vice-président de la commission,
01:17:30 Mme la présidente de la délégation aux droits des femmes,
01:17:33 chère Valérie Lettar, mes chers collègues.
01:17:35 Depuis 2019, le Sénat a débattu de plusieurs textes majeurs
01:17:38 sur les violences conjugales.
01:17:40 Accélération de la délivrance des ordonnances de protection,
01:17:42 renforcement du déploiement des bracelets d'anti-rapprochement
01:17:45 et des téléphones graves dangers,
01:17:47 levé du secret médical, attribution facilitée
01:17:49 de logements d'urgence.
01:17:51 Autant de mesures désormais gravées dans la loi
01:17:53 et dont la mise en oeuvre, parfois trop frileuse, a commencé.
01:17:56 L'accélération de la cadence des travaux du Parlement
01:17:58 atteste dans tous les cas d'une prise de conscience profonde
01:18:02 de l'urgence à agir.
01:18:04 Ces diverses mesures ont tenté de compenser quelque peu
01:18:07 le retard que nous avons pris sur ce sujet au combien majeur.
01:18:10 Et quel retard, quand l'on pense que dans notre pays
01:18:12 la première étude statistique sur les violences conjugales
01:18:15 ne date que de 2006.
01:18:18 Cependant, malgré un volontarisme aux politiques récents
01:18:20 et des moyens supplémentaires,
01:18:22 la croissance du nombre de violences conjugales demeure.
01:18:25 Les difficultés inhérentes à leur prise en charge persistent.
01:18:28 Et les crimes violents continuent de briser des vies et des familles.
01:18:32 Nous devons continuer les efforts et intensifier encore
01:18:34 la lutte contre le fléau des violences conjugales.
01:18:37 Dans ce contexte, cette proposition de loi
01:18:40 instaurant une aide d'urgence, une avance sans intérêt
01:18:44 ou une aide de mise en place aisée
01:18:47 que Valérie Letart a justement voulu universelle
01:18:50 est la bienvenue.
01:18:52 Une aide pour aider les femmes à quitter une personne violente
01:18:55 et à s'en éloigner dans la durée.
01:18:58 Mes chers collègues, plus encore que bienvenue,
01:19:00 elle sonne comme une évidence dans cette aide primordiale.
01:19:04 Primordiale parce qu'elle envoie un message fort
01:19:06 dans un moment particulièrement éprouvant pour la victime.
01:19:09 Nous savons s'extraire de l'enfermement que l'on subit
01:19:12 aux côtés d'un compagnon violent
01:19:14 et d'un saut dans l'inconnu.
01:19:16 Ce moment-là, celui de la rupture, est souvent le plus dangereux.
01:19:19 C'est là que tout peut basculer vers le drame.
01:19:22 Et c'est précisément pour ces raisons
01:19:24 que de nombreuses victimes préfèrent le statu quo
01:19:26 aussi insupportable soit-il.
01:19:29 Cette aide universelle, l'aide universelle d'urgence,
01:19:32 permettra donc de lever une partie de cet inconnu
01:19:35 et de soutenir les victimes dans cet acte de courage.
01:19:39 Primordiale aussi parce qu'elle ne répondra pas seulement
01:19:42 à des besoins matériels essentiels.
01:19:44 Elle donnera le signal d'un soutien de la société
01:19:47 à la victime dans une situation de crise.
01:19:49 Elle clamera la compréhension de leurs difficultés.
01:19:52 Elle apportera une réponse aux questions matérielles
01:19:55 qui retardent ou pire encore empêchent
01:19:57 la victime de violences conjugales de briser l'emprise.
01:20:01 Dans ce moment de crise, elle suscitera de la confiance
01:20:05 et donnera un appui.
01:20:07 En quelques mots, cette aide universelle d'urgence
01:20:10 permettra à la victime d'entrevoir un après.
01:20:14 Je salue donc cette avancée majeure
01:20:16 qui nous rassemble pour faire progresser l'aide
01:20:19 aux victimes de violences conjugales.
01:20:21 Je salue tout particulièrement notre collègue Valérie Dettar
01:20:24 qui a porté cette proposition de loi
01:20:26 issue d'un travail de terrain collectif
01:20:28 qui a conduit à imaginer ce système d'avance indispensable
01:20:32 pour que les victimes sortent de la dépendance matérielle
01:20:35 que leur impose leur conjoint violent.
01:20:38 Au-delà du dispositif qui sera créé,
01:20:40 la méthodologie empruntée pour aboutir
01:20:43 à l'instauration de cette aide est exemplaire.
01:20:46 Elle se fonde sur l'écoute de l'ensemble des acteurs intervenants
01:20:51 dans les domaines du médico-social,
01:20:53 du soutien psychologique, de l'aide juridique,
01:20:56 du logement et de l'insertion professionnelle.
01:20:59 La manière dont a été pensé ce dispositif
01:21:02 nous rappelle qu'en matière de violences conjugales,
01:21:05 seule une approche multidimensionnelle
01:21:08 avec notamment les collectivités locales,
01:21:11 les associations, les travailleurs sociaux,
01:21:14 les services de gendarmerie de police,
01:21:16 les procureurs de la République
01:21:18 et les caisses d'allocations familiales
01:21:20 permet d'aboutir à des dispositifs pertinents.
01:21:23 Je souhaite donc qu'à l'aube du chantier majeur
01:21:26 qui est celui de la création d'une juridiction spécialisée,
01:21:30 que j'appelle de mes voeux,
01:21:32 regard en particulier de ce que je peux observer en Espagne,
01:21:35 voisine de mon département,
01:21:37 nous nous souvenions de la pertinence de cette méthode,
01:21:41 comme d'ailleurs pour tous les autres chantiers
01:21:43 qu'a recensé fort justement il y a un instant Laurence Rossignol.
01:21:47 Que nous nous souvenions de l'urgence d'agir
01:21:50 mais aussi de créer consensus
01:21:52 pour intensifier encore la lutte menée
01:21:55 contre les violences conjugales
01:21:57 qui nécessite d'encore mieux coordonner les acteurs
01:22:01 et de supprimer ces terribles trous dans la raquette
01:22:04 dans laquelle malheureusement s'engouffrent encore trop souvent les auteurs.
01:22:09 Dans l'attente, madame la ministre,
01:22:11 d'une grande loi de lutte contre les violences conjugales,
01:22:14 le groupe Les Républicains votera bien entendu
01:22:17 conforme à cette proposition de loi attendue et utile.
01:22:21 Merci, cher Valéry Détat.
01:22:23 Merci, chers collègues.
01:22:27 La discussion générale est close.
01:22:29 Nous passons à la discussion du texte de la Commission.
01:22:32 Article 1er, je le mets aux voix.
01:22:35 Qui est pour ?
01:22:37 Qui est contre ?
01:22:41 Mes chers collègues, en dehors des articles 2 bis et 3 qui sont supprimés,
01:22:46 est-ce que je peux considérer, en les appelant naturellement,
01:22:49 que le vote est identique sur tous les articles ?
01:22:52 Oui. Donc article 1er bis, article 1er 3, article 2, 2 3, 2 4,
01:22:57 2 quinquiès sont adoptés.
01:23:00 Et je mets aux voix l'ensemble du texte de la proposition de loi
01:23:04 qui est pour.
01:23:06 Qui est contre ?
01:23:13 Qui s'abstient ?
01:23:15 La proposition de loi est adoptée à l'unanimité.
01:23:18 Pourquoi il n'est pas là ?
01:23:22 Où elle est ?
01:23:23 Le rapporteur.
01:23:26 Monsieur le Président, plutôt.
01:23:28 Madame la Ministre.
01:23:30 Merci, Monsieur le Président.
01:23:32 Un mot très rapide.
01:23:34 Je voudrais, cher Valéry Détat, au nom de la commission des affaires sociales,
01:23:37 vous remercier et vous féliciter pour les travaux.
01:23:40 Mais d'une façon générale, je voulais remercier l'ensemble des sénateurs
01:23:43 pour leur mobilisation sur cette grande cause qui nous anime tous.
01:23:46 Et donc c'est l'occasion à la fois de remercier et féliciter
01:23:50 et de porter... Excusez-moi, les sénatrices et les sénateurs.
01:23:53 La remarque est importante, excusez-moi.
01:23:55 Et je voulais en profiter notamment pour porter un message auprès de Mme la Ministre
01:23:59 pour vous dire que, d'une façon générale, c'est une unanimité portée ici dans l'hémicycle
01:24:02 qui montre combien le sujet nous anime tous.
01:24:05 Et je crois qu'il est vraiment important et urgent
01:24:07 que nous ayons, et les sénatrices et les sénateurs, l'occasion
01:24:10 de pouvoir vous accompagner dans un texte global sur les finances vêtes aux femmes.
01:24:13 C'est une volonté à la fois de la commission, mais d'une façon générale du Sénat.
01:24:17 Et vous aurez ici des partenaires dans l'unanimité
01:24:20 et je crois que nous avons tous la capacité de nous mobiliser,
01:24:23 quels que soient nos rangs. C'est un message que je voulais porter.
01:24:26 -Merci, M. le Président. Mme la Ministre.
01:24:29 -M. le Président, mesdames les sénatrices, mesdames les sénateurs,
01:24:35 moi aussi, je suis émue de l'adoption de cette proposition de loi à l'unanimité.
01:24:41 Alors bien sûr, merci, chère Valérie Lettar, pour cette proposition.
01:24:45 Merci pour la qualité de nos échanges aussi.
01:24:49 Merci à Mme la rapporteure, chère Jocelyne Guidez,
01:24:53 pour tout le travail effectué.
01:24:55 Je suis heureuse aussi que nous ayons pu ajouter la possibilité du don
01:25:01 pour la forme de cette aide universelle d'urgence
01:25:05 à laquelle nous tenons vraiment très fermement.
01:25:08 Et puis nous allons maintenant nous attaquer à l'élaboration du décret
01:25:13 pour que très vite, cette loi puisse effectivement être mise en oeuvre.
01:25:17 Je tiens aussi, puisque vous me donnez l'occasion de le dire aussi,
01:25:22 M. le Vice-président, saluer le travail constant
01:25:26 et toujours constructif que nous menons avec la délégation
01:25:30 aux droits des femmes et notamment sa présidente, chère Annick Billon.
01:25:35 Et puis bien sûr, le travail continu, chère Laurence Rossignol,
01:25:40 chère Max Brisson, et vous savez combien, pour moi,
01:25:45 cette notion de justice spécialisée est fondamentale.
01:25:48 Je maintiendrai toujours que ces violences ne sont pas des infractions
01:25:53 comme les autres et qu'elles nécessitent un traitement
01:25:57 et une prise en charge spécifique.
01:26:00 Nous allons bientôt pouvoir recevoir le rapport justement effectué
01:26:07 par les deux parlementaires que sont donc la sénatrice Dominique Vérien
01:26:11 et la députée Émilie Chandler sur ce sujet.
01:26:15 Et vous pouvez compter sur moi. Je sais aussi que je peux compter sur vous.
01:26:20 Je pense que nous avons vraiment un message unique aujourd'hui,
01:26:24 c'est que face à ces violences, seule l'union fait la force.
01:26:27 Merci à vous toutes et tous.
01:26:31 Sous-titrage Société Radio-Canada

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