Retraites : "C’est le gouvernement qui produit l’obstruction parlementaire"

  • l’année dernière
Retraites : "L’obstruction parlementaire, c’est le gouvernement qui la produit. Nous sommes sur un texte essentiel pour la vie des Français, et nous sommes censés en débattre en quelques jours" argumente Aurélie Trouvé, députée (LFI) de la Seine-Saint-Denis

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00:00 Et notre invitée politique ce matin c'est Aurélie Trouvé. Bonjour.
00:03 – Bonjour.
00:04 – Merci d'être avec nous députée de la France Insoumise de la Seine-Saint-Denis.
00:07 On va évidemment parler de la réforme des retraites puisque c'est un sujet
00:10 que vous suivez tout particulièrement à l'Assemblée nationale.
00:13 Pour votre groupe, Élisabeth Borne qui a donc fait hier un long exercice
00:16 de pédagogie sur sa réforme, elle la juge indispensable
00:19 et elle a fait quelques ouvertures. On va y venir.
00:21 Qu'est-ce que vous avez pensé hier soir de cette interview d'Élisabeth Borne ?
00:25 – Bah rien de neuf, sous le soleil.
00:26 Alors même qu'on a 80% des Français, ça ne fait qu'augmenter,
00:30 qui sont contre cette réforme, la totalité des syndicats de salariés,
00:34 alors que nous avions 2,8 millions de personnes dans la rue.
00:38 – De loin, c'est bien.
00:39 – Voilà, selon les syndicats, en tout cas énormément de personnes dans la rue.
00:44 Et la colère monte parce que tous les chiffres sont en augmentation
00:47 dans les manifestations. On a aussi des centaines d'établissements scolaires,
00:52 des facs qui sont mobilisés. Donc les jeunes aussi sont très mobilisés
00:56 parce qu'ils voient que ça va avoir des conséquences,
00:58 non seulement sur leurs parents, mais sur eux directement,
01:01 parce que cette réforme va produire du chômage et ils le comprennent bien.
01:05 Donc malgré tout cela, elle reste droite dans ses bottes et allons-y gaiement
01:11 dans cette réforme qui a des conséquences, je dirais,
01:15 des conséquences même funestes, puisque l'on sait que c'est...
01:18 Alors moi je retiens sur tout ce chiffre, 15 000 personnes supplémentaires
01:23 qui ne verront pas la retraite, qui seront mortes avant le départ en retraite
01:27 si on décale de 2 ans l'âge moyen de départ en retraite.
01:29 – Alors elle ne dit pas qu'elle y va gaiement en tout cas,
01:32 mais elle dit que si on ne fait pas cette réforme,
01:34 le système par répartition est menacé. Vous n'entendez pas cet argument ?
01:37 – Alors il est faux, d'ailleurs le président du COR,
01:42 du Conseil d'orientation des retraites lui-même,
01:44 dit que les dépenses sont maîtrisées.
01:48 D'ailleurs ça a été... C'est dit même dans le rapport du COR.
01:51 – Pardon, il dit que les dépenses sont maîtrisées,
01:53 mais que les retraités futurs n'auront pas le même niveau de vie
01:57 que les retraités actuels. Ça veut dire clairement une baisse des pensions.
02:01 – En fait ce qu'il y a dans le rapport du COR, ce qui est prévu,
02:06 c'est à peu près, sur le long terme, sur 25 ans,
02:08 10 milliards d'euros de déficit par an.
02:11 Il faut relativiser ces 10 milliards d'euros,
02:14 et il faut regarder à quoi ça correspond.
02:16 En fait ce sont des choix politiques, c'est-à-dire,
02:19 c'est ce que l'État accepte de mettre dans le pot commun pour les retraités.
02:24 Or aujourd'hui, il est prévu que l'État réduise sa contribution à terme.
02:30 Et ça c'est tout à fait anormal, alors même que le nombre de retraités
02:33 va augmenter par rapport au nombre d'actifs.
02:35 Nous ce que nous demandons, et ce que nous proposons
02:37 à travers tous nos amendements, notamment sur les 6 premiers articles,
02:42 c'est d'avoir d'autres solutions. Et il y a plein d'autres solutions possibles.
02:46 En fait, le gouvernement a choisi la solution la plus injuste qui soit,
02:50 c'est-à-dire de reporter de 2 ans l'âge de départ légal à la retraite.
02:53 – Vous le dites vous-même, le nombre de retraités va augmenter
02:55 par rapport au nombre d'actifs, c'est-à-dire qu'il y aura
02:57 de moins en moins d'actifs pour de plus en plus de retraités.
02:59 Est-ce que le système par répartition est tenable avec des pensions légales ?
03:03 – Eh bien, ça veut dire qu'il faut que l'État d'abord compense
03:07 ce qui est réduit à terme, puisqu'il va y avoir notamment
03:09 moins de fonctionnaires, donc moins de contributions des fonctionnaires,
03:13 moins de contributions de l'État, donc dans le système des retraites.
03:17 Et ça, ça n'est pas normal, il faut que l'État compense.
03:19 Or, comment il peut le compenser ? En mettant un peu plus sur la table.
03:22 Et ça n'est rien 10 milliards d'euros.
03:24 Quand on voit les richesses des ultra-riches exploser,
03:29 Oxfam l'a mis en avant, 2% de taxes ou de ponctions sur la fortune
03:38 des 43 milliardaires de France, ça permet de compenser ces 10 milliards d'euros.
03:43 Il y a d'autres solutions, par exemple les dividendes du CAC 40
03:46 qui sont à un niveau historique à 80 milliards d'euros par an.
03:49 Il suffirait d'aller ponctionner 10% de ces 80 milliards d'euros
03:53 pour quasiment compenser le déficit.
03:55 – Vous le savez, Aurélie Trouvé, ce n'est pas 10 milliards d'euros
03:58 et après, circuler, il n'y a rien à voir.
04:00 – Non, tous les ans, bien sûr, chaque année.
04:03 Mais quand je vous parle de mettre à contribution les dividendes du CAC 40,
04:07 c'est chaque année qu'on pourrait les mettre à contribution.
04:10 Pourquoi les revenus financiers ne sont pas mis à contribution
04:13 pour cotiser au système ? Là aussi, c'est une question.
04:16 Et puis, je rappelle aussi que le gouvernement vient de décider
04:19 la suppression de ce qu'on appelle la CVE, la contribution sur la valeur ajoutée
04:24 des entreprises qui va d'abord avant tout vers les très grandes entreprises.
04:29 Cette CVE, il y en a pour 8 milliards d'euros par an.
04:32 Donc vous voyez, ce sont des choix politiques.
04:34 Les choix politiques faits depuis 6 ans par ce gouvernement,
04:37 et c'est ça qui ne passe pas auprès des Français,
04:39 c'est que ce sont avant tout des cadeaux fiscaux et des cadeaux aux plus riches.
04:42 Voilà, et qu'à l'inverse, on pénalise les retraités,
04:47 comme d'ailleurs on a pénalisé les chômeurs très récemment
04:50 avec une assurance chômage qui a diminué leurs indemnités.
04:52 C'est toujours les mêmes qui payent.
04:53 – Le gouvernement, dit l'inverse, dit que si on ne sauve pas le système
04:56 par répartition, ce sont les Français les plus modestes qui paieront
04:59 parce que les Français les plus riches, ils ont les moyens de créer un patrimoine,
05:03 de se créer une retraite, d'économiser durant leur vie
05:05 pour se payer leur retraite après. Vous l'entendez cet argument ?
05:08 – Mais alors ça c'est d'abord totalement faux
05:10 parce que cette réforme est extrêmement injuste.
05:12 Elle va en fait s'en prendre aux plus précaires,
05:16 à ceux qui d'abord commencent leur carrière le plus tôt,
05:20 puisque c'est ceux qui ont commencé à 20 ans
05:22 qui pouvaient espérer partir à 62 ans et qui finiront par partir à 64.
05:27 Donc c'est eux qui se prennent 2 ans ferme de travail en plus,
05:31 à des âges où on est épuisé par des travaux extrêmement pénibles.
05:35 Voilà, c'est eux. C'est aussi les femmes, c'est mon cas,
05:39 qui avaient pu avoir des trimestres en plus
05:43 et qui pouvaient espérer partir à 62 et qui se prendront 2 ans ferme.
05:46 Voilà, c'est les gens qui se prennent les 2 ans ferme,
05:48 ce sont les femmes qui ont eu des enfants qui bénéficient des trimestres,
05:54 ce sont ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt.
05:57 Et c'est tous les Français par ailleurs, il faut le rappeler,
05:59 puisque même les carrières les plus pénibles,
06:02 où les aides-soignants etc. qui ont aussi des dispositifs de départ un peu plus tôches,
06:09 ou les pompiers par exemple, ou les égouttiers de Paris,
06:11 eux aussi se prendront les 2 ans ferme.
06:13 – Alors justement sur les carrières longues,
06:14 Elisabeth Borne hier soir a promis un débat,
06:16 elle a dit "oui je suis ouverte à un débat sur les carrières longues".
06:19 Est-ce que vous êtes satisfaite ?
06:20 Et comment vous allez le mener, ce déparlement sur les carrières longues ?
06:23 – Elle n'a rien proposé de concret, donc mettez-le sur la table.
06:26 Ça c'est la première chose, qu'est-ce qu'elle propose ?
06:28 – Elle était ouverte au débat sur les 44 amicies sur les Français,
06:31 qui sont obligées de… comment vous allez le mener ?
06:33 – Ouvert au débat…
06:35 – Elle ne termine pas l'accord par exemple sur les 64 amicies,
06:37 c'est pas négociable, là les carrières longues…
06:39 – Ça ne veut rien dire, ouvert au débat d'abord,
06:41 ensuite je rappelle que tout ce qu'ils mettent en avant est de l'intox,
06:45 puisque tout vise à détériorer la condition actuelle des travailleurs
06:51 et de leur départ en retraite.
06:53 Toutes les situations mènent à une détérioration en réalité.
06:57 Donc y compris sur les carrières longues,
06:59 c'est-à-dire qu'aujourd'hui quand vous commencez à travailler à 18 ans,
07:03 vous avez des dispositifs pour partir un peu plus tôt,
07:06 et là ce sera empiré.
07:07 Les seuls qui peuvent espérer le statu quo,
07:11 c'est ceux qui commencent à 16 ans,
07:13 ça concernera dans 10 ans 300 personnes par an.
07:17 Donc franchement, ils sont en train de nous dire "vous inquiétez pas,
07:20 il ne va pas y avoir de détérioration pour 300 personnes par an".
07:23 – Il y a aussi par exemple les femmes sur les pensions minimums,
07:27 il y a aussi beaucoup de femmes aujourd'hui
07:28 qui ne touchent pas une pension minimum à 85% du SMIC
07:31 même en ayant une carrière complète.
07:33 Est-ce que vous reconnaissez que pour ces personnes-là par exemple,
07:35 la situation va quand même s'améliorer ?
07:37 – Alors est-ce que vous parlez des 1200 euros minimum ?
07:39 Je vais parler des 1200 euros,
07:41 alors ça y est, ils en parlent déjà un peu moins
07:43 parce qu'ils ont compris quand même que c'était vraiment gonflé.
07:46 Donc ces fameux 1200 euros, c'est pour une carrière complète.
07:50 50% des femmes n'ont pas de carrière complète,
07:53 elles ont des carrières hachées,
07:54 donc ça ne concerne déjà que 50% des femmes.
07:57 Ensuite, cette loi en fait existe depuis 2003,
08:02 sauf qu'elle n'est pas mise en œuvre.
08:04 Donc en fait, ils n'inventent rien.
08:06 C'est déjà dans la loi…
08:08 – Non, la gauche ne l'a pas mise en œuvre, vous le met en œuvre.
08:10 – Alors excusez-moi, mais quand vous dites la gauche,
08:12 il y a beaucoup de choses.
08:14 D'abord, nous ne nous réclamons pas de l'héritage des 50 François Hollande,
08:20 d'ailleurs nous sommes foncièrement contre la réforme Touraine
08:23 et les 43 annuités au lieu des 42 annuités
08:26 que vont subir avant tous les femmes.
08:28 Donc nous, nous sommes pour une retraite à 60 ans
08:32 et le fait d'avoir moins d'annuités nécessaires
08:37 pour pouvoir partir en retraite à taux plein.
08:38 – Donc c'est une retraite à 60 ans tout de suite,
08:40 ou c'est un maintien à 62 ans dans un premier temps
08:42 et pour les 60 ans un peu plus tard ?
08:44 Ou vous réclamez la retraite à 60 ans dès maintenant ?
08:46 – Nous réclamons la retraite à 60 ans comme elle est existée avant.
08:50 C'est-à-dire qu'il y avait la retraite à 60 ans, il faut s'en souvenir,
08:53 et qu'en fait nous avons eu depuis 20-30 ans
08:55 toute une période de régression des droits sociaux
08:59 et que oui, maintenant, nous pouvons,
09:02 avec un pays qui est de plus en plus riche,
09:04 au contraire, avoir du progrès social.
09:06 Et le progrès social c'est quoi ?
09:08 Eh bien c'est de pouvoir gagner mieux,
09:11 alors qu'on est chacun de plus en plus productif dans notre travail,
09:15 et puis chacun pouvoir travailler moins longtemps dans sa vie,
09:19 dans l'année, nous sommes pour la 6e semaine de congés payés,
09:22 et dans la semaine, puisque nous sommes pour les 35 heures effectives.
09:25 – Elisabeth Borne a fait une autre ouverture hier soir sur l'index senior,
09:29 elle s'est dite favorable à des sanctions contre les entreprises
09:32 qui ont de mauvaises pratiques en matière d'emploi des seniors.
09:34 Vous les voteriez ces sanctions ?
09:36 – Alors là aussi, je me dis, tiens c'est bizarre
09:40 puisque on vient de faire tout un débat en commission des affaires sociales,
09:44 ils n'ont rien lâché, pas un seul amendement.
09:47 On en a proposé des amendements, des solutions constructives,
09:50 rien n'a été lâché par la minorité présidentielle, rien.
09:54 – Donc là vous êtes satisfaites de ce qu'a dit Elisabeth Borne hier soir j'imagine ?
09:59 – Mais ça veut dire quoi des sanctions ?
10:01 On vient de faire les propositions en commission des affaires sociales,
10:03 ils ont tout rejeté, donc il y a les discours et il y a les actes.
10:06 Je veux dire, il y a 24 heures, ils repoussaient tout ce qu'on proposait,
10:10 et alors on en a proposé des façons de faire, tout a été rejeté,
10:16 c'est-à-dire tout ce qui pouvait un tout petit peu contraindre les grandes entreprises.
10:21 Bon, donc voilà, j'entends ce qu'elle dit,
10:24 mais ensuite il aurait fallu du coup accepter nos amendements.
10:29 Donc moi je veux bien, mais il y a les discours et les actes, voilà.
10:32 – Est-ce que vous pensez pouvoir faire bouger l'exécutif ?
10:34 Il y aura 9 jours d'examen, ça commence lundi à l'Assemblée nationale.
10:37 Est-ce que vous pensez pouvoir faire bouger l'exécutif
10:40 avant la fin de l'examen de ce texte ?
10:41 – Je le dis, pour nous, ce qui ne va pas c'est le cœur de la réforme,
10:44 c'est l'article 7 et le report de 2 ans de l'âge de départ légal à la retraite.
10:50 C'est ça que refusent et que repoussent tous les syndicats de salariés.
10:53 Il y a une unité syndicale qui est historique,
10:56 c'est ça que repousse 80% des Français, donc ils peuvent déguiser,
11:00 parce que c'est ça tout l'art de ce gouvernement,
11:03 c'est de faire des intox, de l'enfumage et de nous dire
11:05 "Ah mais alors ils nous sortent 10 000 dispositifs
11:10 qui soi-disant viendraient compenser, qui ne compensent rien du tout,
11:13 jusqu'à l'index des seniors qui est une vaste blague,
11:15 qui est juste un index que viendraient afficher les plus grandes entreprises
11:20 sans aucune contrainte sur elles, sans aucun effet coercitif.
11:24 Donc je le dis, le cœur de la réforme, nous, nous voulons le mettre à bas,
11:28 c'est-à-dire ce report de 2 ans de l'âge légal de départ à la retraite.
11:32 Donc ils pourront déguiser comme ils veulent le reste,
11:34 c'est ça que nous voulons retirer.
11:36 – On va parler du débat à l'Assemblée justement,
11:38 puisque plus de 20 000 amendements ont été déposés,
11:41 dont 18 000 pour l'ANUP et quasiment 13 000 pour la seule LFI,
11:46 pour deux semaines de débat, 9 jours.
11:47 Est-ce que vous n'êtes pas clairement dans l'obstruction parlementaire ?
11:50 – Alors d'abord, l'obstruction parlementaire,
11:52 c'est le gouvernement qui l'a produit.
11:55 Pourquoi ? Parce que nous sommes sur un texte essentiel pour la vie des Français.
11:58 Je dis bien que c'est pour la vie des Français,
12:00 parce que ce n'est pas une histoire de temps de budget etc.
12:02 C'est qu'est-ce qu'on considère comme droit dans notre vie.
12:05 Est-ce qu'on a droit après une vie de travail acharnée, assez puisée etc.
12:09 C'est ça, ça concerne d'abord ces travailleurs et ces travailleuses essentielles.
12:13 Est-ce qu'on a le droit à une retraite heureuse ?
12:15 Est-ce que le temps de la retraite est aussi…
12:18 Est-ce que ce n'est pas aussi une richesse pour nous ?
12:20 C'est-à-dire le fait de s'occuper de nos petits-enfants,
12:23 le fait de pouvoir s'occuper d'associations, de mairies,
12:26 et puis le fait aussi de pouvoir se reposer de toute cette vie de labeur.
12:31 – Non mais là, est-ce que vous dites qu'on assume
12:32 le stratégie de l'obstruction parlementaire ?
12:34 – Alors, donc du coup, on a un gouvernement qui,
12:37 pour un texte aussi essentiel pour nos vies,
12:39 qui nous retire 2 ans de retraite, voilà,
12:42 on a un gouvernement qui nous dit "ça tiendra en hémicycle en quelques jours".
12:49 C'est-à-dire qu'en quelques jours, on est censé débattre de ce texte-là.
12:52 Ça n'est pas possible de débattre d'un tel texte en quelques jours.
12:56 – Mais est-ce que c'est pas vous qui avez provoqué ça
12:58 en menaçant de déposer 75 000 amendements,
13:00 ce qui aurait fait des mois de débat ?
13:02 Est-ce que c'est pas aussi ça qui a poussé le gouvernement à passer par le 47 ?
13:05 – Alors, d'abord, nous avons dit qu'effectivement,
13:08 nous allions nous battre autant que possible contre ce texte.
13:11 Ensuite, le gouvernement aurait pu choisir un débat parlementaire
13:15 qui s'étale autant qu'il faut pour pouvoir débattre correctement de ce texte.
13:21 De fait, qu'a voulu faire le gouvernement ?
13:22 Court-circuiter les mobilisations.
13:24 Parce qu'ils savent très bien que les mobilisations ne vont faire que monter.
13:29 Donc il faut les couper, voilà.
13:31 Et donc, comment ils s'y prennent ?
13:33 Eh bien, par un débat parlementaire le plus court possible.
13:36 Donc qu'est-ce qu'ils ont trouvé ?
13:37 Ils sont allés chercher au fin fond de la Constitution,
13:40 ils nous ont pris le 47-1, c'est-à-dire un 49-3 déguisé.
13:45 C'est-à-dire, si au bout de 20 jours, jour pour jour,
13:48 après la connaissance du texte,
13:50 vous n'avez pas fini l'examen en Assemblée nationale,
13:54 eh bien, automatiquement, il sera acté.
13:58 Il va au Sénat.
13:59 Mais enfin, c'est quoi cette démocratie ?
14:01 C'est vraiment, c'est étouffé, la démocratie parlementaire.
14:04 Et après, ils sont gonflés, quand même.
14:06 Ils viennent nous dire que c'est nous qui pourrissons les débats.
14:08 Mais c'est eux qui bloquent les débats.
14:10 – Mais 13 000 amendements, Aurélie,
14:11 comment vous voulez avoir un débat avec 13 000 amendements ?
14:15 C'est-à-dire que tous les amendements ne sont pas des amendements
14:17 sur le fond du texte.
14:18 – La plupart de ces amendements sont sur le fond du texte.
14:22 Vous regarderez, à chaque fois, nous avons fait des propositions,
14:25 échelonnées, pour espérer pouvoir faire bouger ce texte.
14:30 Mais je le dis par ailleurs, nous, nous battrons contre le cœur du texte,
14:34 c'est-à-dire ce fameux article 7.
14:36 – Voilà, on va y venir, mais juste, je voudrais vous faire réagir
14:38 à un tweet de Marine Le Pen hier, lorsque vous avez déposé vos amendements.
14:41 Je la cite, "En déposant des milliers d'amendements,
14:43 la NUP va permettre au gouvernement de faire passer
14:45 la réforme des retraites en première lecture.
14:47 Sans vote, nous avions la possibilité de rejeter ce texte,
14:50 mais leur stratégie stupide d'obstruction va nous en empêcher."
14:53 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
14:54 – Alors déjà, je réponds aux réassemblées nationales
14:56 que ça aurait été bien qu'ils soient là dans les débats,
14:58 puisque dès qu'on a commencé la commission des finances,
15:00 il y avait deux députés sur onze du Rassemblement national.
15:04 On ne les voyait pas, je veux dire, ils ne sont pas dans les débats.
15:07 Nous, je veux dire, en commission des affaires sociales,
15:08 vous savez combien on était ? On était entre 20 et 30 députés au lieu des...
15:11 Enfin voilà, on est venus au maximum qu'on pouvait pour participer au débat,
15:16 y compris au-delà des dix commissaires, puisqu'on y a le droit,
15:18 pour pouvoir justement être prêt, être affûté,
15:24 et pouvoir participer pleinement. Voilà, c'est notre choix.
15:27 Nous sommes à fond dans la bataille parlementaire.
15:29 Donc voilà, je leur réponds ça. Nous, nous sommes dans le...
15:32 Voilà, nous faisons notre travail parlementaire, nous.
15:35 Et c'est-à-dire que nous avons déposé...
15:37 Eux, ils ont déposé moins d'amendements que Renaissance, quoi.
15:39 Enfin, la blague. Donc oui, d'abord, il nous fallait tous les amendements nécessaires
15:45 pour rejeter ce qui est inacceptable,
15:47 et tous les amendements nécessaires pour dessiner un contre-projet,
15:50 parce que c'est... Vous voyez bien que c'est énorme la question des retraites.
15:53 – Sauf que du coup, en commission, ça s'est interrompu,
15:56 sans même que l'article 7, qui est l'article du report de l'âge,
16:00 n'ait pu être examiné. – La faute à qui ?
16:01 – La faute de temps. – On a commencé lundi.
16:03 – Mais du coup, est-ce que vous craignez pas qu'il en soit de même en séance,
16:05 et que cet article 7 que vous voulez examiner,
16:07 vous n'ayez pas le temps de l'examiner ?
16:09 – Regardez, pour un texte aussi énorme, on a commencé lundi à 9h30,
16:12 à 20h, à mercredi, on nous a dit "Allez, ciao, au revoir".
16:15 Enfin, je veux dire, c'est qui bloque le débat parlementaire ?
16:19 Et après, on s'adresse à nous.
16:21 – Mais là, est-ce que vous ne craignez pas que si vous ne retirez pas
16:23 un certain nombre de vos amendements,
16:24 l'article 7 ne soit même pas examiné en séance ?
16:27 – En fait, on ne peut, je suis désolée, on ne se mettra…
16:29 On n'acceptera jamais, on n'acceptera jamais
16:33 ce blocage du débat parlementaire.
16:34 C'est pas à nous de retirer nos amendements,
16:38 parce qu'on a un gouvernement qui utilise le 47.1,
16:42 c'est-à-dire un 49.3 désigné,
16:44 et qui nous empêche d'avoir le temps nécessaire.
16:46 C'est pas à nous, c'est au gouvernement de dire non,
16:48 pour un texte aussi essentiel pour les Français.
16:51 80% des Français s'y opposent, il nous faut un véritable débat.
16:56 Donc la question, elle est pourquoi ce gouvernement a choisi,
16:59 pourquoi a-t-il choisi un 49.3 déguisé ?
17:02 Nous, on a la réponse, parce qu'ils ont peur
17:04 de la mobilisation dans la rue.
17:05 Et ils ont raison d'ailleurs, parce que le 7 et le 11 février,
17:08 ce à quoi on s'attend, c'est énormément,
17:11 énormément de monde dans la rue.
17:13 Donc oui, effectivement, aujourd'hui, on a un gouvernement…
17:15 Enfin, je veux dire, on est quand même dans un moment historique,
17:18 où on a… Enfin, c'est quand même dans l'histoire,
17:21 d'avoir un gouvernement et une réforme aussi impopulaires,
17:24 c'est quand même historique.
17:26 Et un gouvernement qui ne change rien.
17:27 Hier soir, moi franchement, j'ai regardé Elisabeth Borges,
17:29 je me suis dit, quand même, ils vont un peu reculer, rien !
17:32 Donc voilà, c'est vrai.
17:34 – Vous voulez un référendum sur cette question de la réforme des retraites.
17:36 Du coup, pourquoi ne pas voter la motion référendaire
17:39 du Rassemblement national lundi ?
17:40 – Alors d'abord, nous contestons ce qui vient de se passer.
17:45 L'usage veut que ce soit le groupe, les députés
17:49 qui sont les premiers à déposer la motion référendaire,
17:52 ça se fait comme ça, généralement.
17:55 Eh bien, l'usage veut que ce soit cette motion référendaire
17:57 qui soit votée d'abord.
17:59 – C'est un peu fou, le règlement de l'Assemblée.
18:01 – Donc, c'est ce qui se fait, c'est l'usage.
18:04 La conférence des présidents et donc la présidence ont décidé quoi ?
18:07 Ont décidé, en fait, d'un tirage au sort,
18:11 ce qui amène à avoir la motion référendaire du Rassemblement national.
18:15 Je décrypte, la minorité présidentielle s'est choisie
18:18 sa propre opposition, celle qui lui convient,
18:21 c'est-à-dire cette opposition de Pacotti qui est le Rassemblement national.
18:24 – Est-ce que vous allez déposer une autre motion référendaire ?
18:26 – Exactement, parce qu'ils ont…
18:28 et on va faire en sorte que ce ne soit pas la motion référendaire
18:32 du Rassemblement national qui soit déposée en premier lieu.
18:35 – Donc vous allez en déposer une nouvelle ?
18:37 – Bien sûr, mais pourquoi ils ne veulent pas le gouvernement ?
18:39 Parce qu'ils ont peur, ils ont peur que cette motion référendaire
18:42 soit majoritaire à l'Assemblée nationale.
18:44 C'est pour ça qu'ils se sont débrouillés pour que ce soit celle du RN.
18:46 – Je me mets juste sur ce que vous allez faire,
18:47 vous allez en déposer une nouvelle et donc vous demandez quoi ?
18:50 – Un nouveau tirage au sort, tout à fait.
18:52 – Donc ça sera ça lundi ?
18:53 – On espère, voilà, pour l'instant, à l'heure d'aujourd'hui,
18:57 c'est ça qu'on essaye d'avoir, voilà.
18:59 Comme le veut l'usage, par ailleurs,
19:01 normalement l'usage aurait voulu que ce soit nous.
19:03 – Et si vous perdez encore le tirage au sort, qu'est-ce qui se passe ?
19:06 – Écoutez, pour l'instant, on en est là, voilà.
19:08 – Vous l'avez déjà fait savoir à Yael Brune-Pivet,
19:10 la présidente de l'Assemblée nationale, que vous alliez en déposer une nouvelle ?
19:12 – Oui, donc là c'est clair, nous allons déposer une nouvelle motion référendaire
19:17 et nous allons faire en sorte qu'il y ait, voilà, cette procédure-là.
19:23 Et je le redis, il est scandaleux que ce ne soit pas notre motion référendaire
19:28 qui ait été déposée en premier, comme le veut l'usage parlementaire.
19:30 – Mais si jamais c'est la motion du RN qui est soumise au vote,
19:35 si vous ne la votez pas, elle ne passera pas.
19:38 Mais de même que si le RN ne vote pas la vôtre, elle ne pourra pas passer.
19:42 – Alors, de toute façon, nous n'en sommes pas là, nous aurons un débat,
19:45 vous savez qu'on discute, nous, on a un groupe parlementaire,
19:49 et donc de toute manière, je ne peux pas vous dire ensuite ce qui se passera.
19:52 – C'est-à-dire que vous n'excluez pas de voter celle du RN ?
19:55 – Je ne peux rien vous dire là-dessus, nous attendons la discussion
19:58 en groupe parlementaire, nous avons 76 députés,
20:00 ce que je rappelle que nous en avons gagné un au dernier législatif partiel,
20:04 donc on a un député de plus contre la réforme des retraites, à 64 ans,
20:09 donc nous en discuterons en groupe parlementaire,
20:13 mais pour l'heure, on n'en est pas là, là on en est à contester
20:18 ce qui vient de se passer, qui pour nous est scandaleux.
20:22 C'est-à-dire que cette minorité présidentielle se choisit
20:24 une opposition de Pacotti, quel Rassemblement national ?
20:26 – Un dernier mot, Aurélie Trouvé, puisque vous nous avez beaucoup parlé de la rue
20:29 et de ce que vous espérez des deux jours de mobilisation à venir,
20:32 est-ce que vous dites aussi aux syndicats qu'il faut aller jusqu'à des mesures dures,
20:37 c'est-à-dire des blocages, des grèves illimitées ?
20:40 – Ce n'est pas à nous de dire ce que les syndicats doivent faire,
20:43 par contre nous appuyons fortement ce que décident les syndicats de salariés,
20:49 et en plus ils ont une unité syndicale qui est historique,
20:52 nous appuyerons à fond, de toutes nos forces, les 7 et les 11 février,
20:56 donc les mobilisations, mais je le dis aussi, nous avons notre propre campagne,
21:00 la campagne de la Nupes, et ce week-end je peux vous dire que nous allons tout faire,
21:06 porte-à-porte, points d'info retraite, votation citoyenne,
21:11 on va tout déployer au maximum, pour surtout que tout le monde se dise,
21:16 en fait c'est quoi la clé, je finirai là-dessus,
21:18 c'est vraiment de sortir de la résignation,
21:20 parce que c'est ça qu'on a compris, il y a 80% des Français qui sont contre,
21:23 mais trop de Français qui pensent qu'on va encore subir ça,
21:26 donc là il faut qu'on passe au fait d'y croire et de se mobiliser.
21:30 – Merci beaucoup, merci Marie-Luc Roux, d'avoir été notre invitée,
21:33 on suivra bien évidemment les débats qui débutent lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée,
21:36 merci beaucoup, on en parle encore de cette réforme des traites, tout de suite dans le club.

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