Retraites : "Le débat via la le budget de la Sécu empêche d'expliquer les avantages de la réforme"

  • l’année dernière
Retraites : "On aurait pu débattre de cette réforme pour expliquer ces avantages, mais avec un budget de la Sécu on ne va parler que d'âge et de sommes. C’est limitatif et ça manque de pédagogie, même pour les parlementaires, alors imaginez pour le grand public" pointe Philippe Mouiller, sénateur (LR) des Deux-Sèvres

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00:00 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation, Philippe Mouillet, de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:04 Vous êtes sénateur LR1 des Decevres, vice-président de la Commission des affaires sociales,
00:08 et on commence évidemment par la réforme des retraites.
00:10 On l'a vu dans le journal, les syndicats qui se sont réunis hier devant l'Assemblée nationale
00:14 appellent à multiplier les actions et les initiatives d'ici mardi prochain, journée de grande mobilisation.
00:20 Est-ce que vous redoutez une multiplication des grèves et un éventuel blocage du pays ?
00:25 Alors on est toujours inquiet parce que l'impact économique peut être important,
00:30 et en même temps il est logique que les syndicats se mobilisent, ils sont dans leur rôle.
00:34 Voilà, je crois que ça fait partie de l'expression à la fois de la démocratie, de la démocratie sociale.
00:40 Voilà, donc le tout c'est d'avoir un rapport de force qui existe,
00:43 mais qui doit être aussi équilibré au regard des enjeux nationaux.
00:47 Est-ce que vous pensez que le gouvernement va tenir face à la rue et ne cédera pas ?
00:51 Moi je pense que oui, mais à la fois parce que je pense qu'il n'a pas le choix,
00:55 il s'est engagé, donc le programme de la République s'est engagé personnellement dans cette réforme,
01:00 et puis je crois que c'est une réforme de responsabilité,
01:02 donc c'est un cap politique important dans ce quinquennat,
01:06 donc je ne vois pas le gouvernement faire marcher en arrière.
01:08 Il peut peut-être moduler, évoluer, mais je pense qu'il va être relativement ferme au regard de ses engagements,
01:13 même si dans ce type de réformes il faut toujours être prudent,
01:16 on a connu dans le passé des évolutions au regard des mobilisations.
01:19 Oui mais est-ce qu'il peut se contenter de moduler et de changer finalement quelques points,
01:23 alors qu'il y a eu quand même plus d'un million de personnes dans la rue jeudi dernier,
01:27 ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu autant de monde dans la rue,
01:29 est-ce que ça ne donne pas l'impression de rester sourd à ce que disent les Français ?
01:33 Je crois que c'est le jeu classique, on est sur une réforme qui par définition est toujours impopulaire,
01:38 quels que soient les gouvernants, lorsqu'on a évoqué le débat des retraites, c'était une réforme impopulaire.
01:43 Les gens t'immobilisent dans la rue, mais d'ailleurs moi j'ai croisé un certain nombre de syndicalistes,
01:48 j'ai croisé un certain nombre de personnes qui ont été mobilisées,
01:51 c'est à la fois les retraites mais aussi d'autres messages qui ont été portés,
01:54 d'inquiétude, d'angoisse vis-à-vis de la situation,
01:58 donc on voit bien qu'à un moment donné c'est un moyen d'exprimer une situation du moment,
02:02 qui est alimentée certes par les retraites mais peut-être plus générale,
02:05 et je crois qu'il faut entendre également les messages.
02:06 Ça veut dire que vous craignez que ça prenne de l'ampleur,
02:09 que ça se transforme en autre chose qu'une réforme contre la réforme des retraites ?
02:13 Alors je le crains, mais en même temps je pense que pour l'instant
02:16 on est vraiment dans un rapport de force, on va dire entre guillemets "classique", "logique",
02:21 et donc maintenant place au débat parlementaire.
02:24 – Et justement on va parler du fond de cette réforme,
02:26 puisque hier vous avez auditionné avec vos collègues
02:28 sénateurs de la commission des affaires sociales,
02:30 le ministre du Travail Olivier Dussopt
02:32 et le président du Haut Conseil des finances publiques Pierre Moscovici,
02:36 deux auditions dont on va parler avec Audrey Futas.
02:40 [Générique]
02:46 – Bonjour Audrey. – Bonjour.
02:48 – Et Audrey, les sénateurs auditionnaient donc hier Olivier Dussopt,
02:51 le ministre du Travail dans le cadre de cette réforme des retraites.
02:53 – Oui avec des échanges très techniques et des précisions
02:56 qui vont permettre ensuite aux sénateurs de préparer leurs amendements sur le texte,
02:59 sur le papier ce n'était donc pas une séquence politique,
03:02 il faudra attendre les débats en séance.
03:04 Il n'empêche, certains sénateurs en ont profité pour glisser des petits commentaires
03:09 comme la sénatrice de gauche Corinne Ferret qui a décrit,
03:12 avant de poser ses questions, une réforme, je cite,
03:15 "injuste, brutale et inutile".
03:18 Il y a eu aussi des questions sur la forme du texte,
03:20 ça peut paraître anecdotique mais c'est important pour la suite.
03:23 Cette réforme des retraites, elle est proposée par la voie,
03:26 il faut s'accrocher un peu, d'un projet de loi de finances rectificatif
03:29 de la sécurité sociale.
03:30 C'est un texte budgétaire, ce n'est pas un texte traditionnel
03:33 et ça permet au gouvernement d'utiliser le 49-3 à volonté, si je puis dire,
03:38 et de garder une cartouche pour un autre projet de loi
03:40 parce que l'utilisation du 49-3, elle est limitée
03:44 et sur les textes budgétaires, on peut l'utiliser à plusieurs reprises.
03:47 Ça limite aussi le temps des débats parlementaires, c'est important,
03:51 c'est une manœuvre politique et ça, la sénatrice socialiste Monique Lubin
03:55 l'a repéré, écoutez.
03:57 – Pourquoi n'avez-vous pas fait un véritable projet de loi sur les retraites ?
04:02 Parce que toutes les mesures d'accompagnement dont vous nous parlez,
04:07 soit vous nous dites qu'elles seront prises par décret,
04:09 et les décrets, on sait ce qu'il en est, soit ils ne sont jamais pris,
04:13 soit ils nous réservent certaines surprises,
04:15 comme la surprise qu'on a eue le 23 décembre avec le décret
04:19 qui finalement n'a pas été pris sur l'indemnisation des chômeurs.
04:23 Oui, ça vous fait beaucoup rire, excusez-moi,
04:26 je ne trouvais pas ça pourtant très rigolo.
04:28 Alors en fait, je vous pose la question, mais je sais bien pourquoi
04:31 vous n'avez pas fait un projet de loi retraite
04:33 et pourquoi vous êtes passé par une loi de finances rectificative
04:38 pour des raisons uniquement de politique politicienne,
04:42 mais c'est bien dommage quand même parce que les salariés,
04:45 les futurs retraités méritaient mieux que ça.
04:48 – On sent la tension dans la question de Monique Lubin,
04:52 Monsieur Mouillet, vous êtes d'accord avec elle,
04:53 il aura fallu un vrai texte sur ce sujet.
04:55 – Oui, moi je le pense également parce que,
04:57 au-delà de l'aspect technique qui est proposé par le gouvernement,
05:01 on voit bien que lorsqu'on est sur un texte budgétaire,
05:04 alors le pouvoir d'amendement est limité,
05:05 on ne peut ne modifier les choses qu'au regard de chiffres et de sommes,
05:09 et non pas sur le fond ou sur des précisions.
05:12 Et je crois qu'en matière de pédagogie,
05:14 lorsqu'on veut porter une réforme qui semble quand même impopulaire sur le papier,
05:18 il y a des contreparties, il y a des points positifs dans cette réforme,
05:21 et quelque part on parle très vite de ces points positifs
05:24 parce qu'on parle avant tout d'âge, de somme,
05:27 alors qu'on a une véritable plus-value.
05:29 Et je crois qu'avec un texte dédié, on aurait pu débattre,
05:32 on aurait pu rentrer dans le détail pour montrer à un certain nombre de Français
05:36 la plus-value, les plus-values, les avantages de cette réforme,
05:39 alors que là on ne parle principalement que des inconvénients.
05:43 – Oui parce que les mesures d'accompagnement dont on parle beaucoup
05:45 passeront elles par décret.
05:46 – Exactement, et donc c'est toute la limite du système,
05:48 d'ailleurs c'était un élément qu'on a retrouvé lors de l'audition,
05:52 c'était beaucoup de regrets parce qu'on avait aussi des questions
05:55 sur les pensions de réversion, sur les carrières longues,
05:58 sur la situation des femmes, des questions qui nécessiteront
06:01 d'ailleurs des avancées, et donc on veut être porteur
06:03 d'un certain nombre d'avancées au Sénat,
06:05 mais forcément le texte budgétaire va nous limiter
06:09 et on sera plus dans les commentaires que dans la traduction,
06:11 donc là il y a un vrai sujet sur la méthode.
06:13 – Comment vous expliquez alors ce choix,
06:15 parce que finalement ça va être défavorable pour le gouvernement aussi ?
06:18 – Alors à mon avis ça complexifie le débat,
06:20 alors c'est plus simple pour eux techniquement,
06:22 parce qu'ils vont pouvoir comme ça limiter le temps de parole,
06:25 on l'a évoqué notamment à l'Assemblée nationale,
06:27 ils vont éventuellement avoir la possibilité de le 49/3,
06:31 donc on voit bien que techniquement c'est plus simple pour eux,
06:34 ça encadre le système, mais en matière de débat,
06:37 eh bien on voit bien que c'est aussi limitatif,
06:39 donc le seul moyen de contre-cadre à tout ça,
06:41 c'est d'une véritable pédagogie,
06:43 et donc ce qu'on a senti hier c'est une présentation technique,
06:46 une vision du gouvernement sur ce projet,
06:48 mais il manque quand même beaucoup de pédagogie,
06:50 c'est vrai pour les parlementaires, alors imaginez pour le grand public.
06:53 – Il y a eu un problème de méthode dans la manière
06:55 dont le gouvernement a géré cette réforme des retraites.
06:58 – Oui je le pense, parce que je fais partie de ceux qui pensent
07:00 qu'on aurait dû mettre en place un système de préalable,
07:03 l'exemple type c'est notamment tout le débat
07:06 qui concerne les pensions de réversion,
07:08 c'est un sujet important, fondamental,
07:10 moi je suis porteur avec mon groupe du principe
07:13 d'une pension de réversion pour les parents qui décèdent
07:15 lorsqu'on a un enfant handicapé,
07:16 mais techniquement comment ça se passe ?
07:18 Eh bien on ne le sait pas pour l'instant,
07:19 on a aussi le débat autour de l'employabilité des seniors,
07:24 moi j'aurais préféré qu'il y ait un texte spécifique préalable
07:27 qui emmène ensuite le débat sur les retraites.
07:30 Donc on voit bien qu'on met tout en même temps,
07:32 on met tous les sujets sur la table,
07:34 mais en plus en matière de débat parlementaire,
07:36 on va être limité à un débat budgétaire.
07:39 – On va parler de l'emploi des seniors
07:40 puisqu'effectivement ça fait partie des questions
07:42 et Audrey lors de son audition, Olivier Dussopt
07:44 a annoncé un nouveau projet de loi en faveur de l'emploi des seniors.
07:46 – Oui, parce que c'est un sujet qui a été relevé
07:47 par de nombreux sénateurs qui montent aussi dans le débat public,
07:50 quand on regarde le taux d'emploi des 55-62 ans pour l'instant,
07:54 seule la moitié est encore en emploi,
07:57 un quart est au chômage, un quart est au RSA,
07:59 alors le ministre a fait des annonces hier.
08:03 – Vous avez ensuite souhaité savoir si pour un certain nombre de mesures,
08:06 notamment sur l'emploi des seniors,
08:09 les questions relatives à la formation,
08:10 les concernant, un texte législatif autre que ce PLFSS rectificatif
08:14 était prévu, je vous le confirme,
08:16 et d'ici l'été nous aurons l'occasion de proposer au Parlement
08:19 l'examen d'un autre texte sur l'emploi et le travail
08:22 et qui aura aussi vocation à porter un certain nombre de mesures
08:25 dans le cadre de la mise en œuvre de France Travail,
08:27 de l'accompagnement amélioré et renforcé des allocataires du RSA
08:30 ou encore pour donner suite aux propositions qui ont été faites
08:33 dans le cadre des discussions entre partenaires sociaux
08:35 sur la formation professionnelle.
08:36 – Alors ça arrive peut-être un peu dans le désordre,
08:38 mais il y aura un texte, est-ce que ça vous rassure ?
08:40 – Alors ça me rassure, mais comme on l'a évoqué,
08:42 j'aurais préféré qu'on débatte d'abord de ce sujet-là,
08:45 parce que ça a apporté en plus des arguments favorables,
08:47 alors qu'aujourd'hui on est suspendu à une intention.
08:50 Voilà, donc je crois que de nouveau, on voit bien que les choses
08:52 ne sont pas prises forcément dans le bon ordre,
08:54 c'est un point essentiel, alors que l'on considère
08:57 qu'il faut travailler plus longtemps,
08:59 on a la situation aujourd'hui de l'emploi des seniors
09:01 qui n'est pas très favorable, donc si on ne règle pas ce problème-là,
09:04 si on n'a pas une véritable avancée, une possibilité d'améliorer le système,
09:08 c'est une partie, une pierre angulaire de la réforme qui tombe.
09:11 Voilà, donc on aurait dû préalablement traiter de ce sujet-là
09:13 avant d'enclencher cette réforme mécanique
09:16 et en tous les cas budgétaire.
09:18 – C'est ce qu'avait proposé le Sénat,
09:19 une convention nationale pour l'emploi des seniors,
09:21 est-ce que vous regrettez que le gouvernement ne vous ait pas suivi,
09:24 est-ce que pour vous ça aurait permis d'amoindrir un peu la contestation ?
09:27 – Oui, je pense, je pense qu'on voit bien aujourd'hui
09:30 les grands sujets qui sont portés dans la rue et pas les syndicats,
09:33 et je pense qu'une grande partie de ces sujets-là,
09:35 on aurait pu les traiter préalablement,
09:37 qui auraient été une condition à mon avis, pour en tout cas rassurer,
09:41 ou en tout cas peut-être donner une image plus favorable à cette réforme,
09:45 qui par définition reste une réforme difficile,
09:48 comme je l'ai évoqué tout à l'heure.
09:49 – Alors sur l'emploi des seniors,
09:50 les entreprises de plus de 300 employés devront publier un index,
09:54 il pourra y avoir des sanctions,
09:56 le ministre a dit que les détails viendraient par la suite,
09:59 est-ce que vous pourrez proposer des amendements en ce sens ?
10:03 – Oui, complètement, parce qu'il y a une règle de confiance,
10:06 dès lors qu'on considère que cette réforme des retraites
10:09 n'est pas financée par un effort supplémentaire des entreprises,
10:12 et je suis favorable pour la compétitivité des entreprises,
10:15 il faut une contrepartie,
10:16 et la contrepartie c'est notamment l'employabilité des seniors,
10:20 donc ça veut dire qu'avec les partenaires sociaux,
10:22 il faut, avec les partenaires sociaux c'est fondamental,
10:25 il faut bien mettre en place un certain nombre d'outils,
10:28 à la fois des outils de motivation, d'accompagnement des personnes,
10:31 on va parler de la formation, mais également des contraintes,
10:33 parce que c'est un contrat de nant de nant et c'est essentiel.
10:37 – Sur peut-être une dernière question,
10:39 sur l'allongement de l'âge légal de départ en retraite,
10:42 le ministre a rappelé à plusieurs reprises hier
10:44 que le Sénat avait voté depuis 4 ans pour cet allongement,
10:47 c'est peut-être une manière de vous inciter à voter cette réforme,
10:50 est-ce que vous la votez sur le papier en l'état maintenant ?
10:53 – En l'état, le principe oui, puisque comme vous l'avez évoqué,
10:58 ça fait 4 ans que l'on vote une réforme,
11:00 en tout cas nous avons un amendement au PLFSS
11:03 pour montrer vers quoi nous voulons aller en matière de réforme des retraites,
11:07 donc on va être cohérents logiquement,
11:08 mais on a besoin quand même d'avoir des précisions
11:11 sur un certain nombre de sujets qui ne sont pas aujourd'hui dans le texte,
11:14 qui sont renvoyés, et ça, ça fait partie des points essentiels.
11:16 On voit bien à un moment donné que sur les…
11:18 on a parlé tout à l'heure dans le reportage de l'emploi des femmes,
11:22 de la situation, c'est un point fondamental,
11:24 qu'est-ce qu'on fait vis-à-vis des enfants,
11:25 qu'est-ce qu'on fait par rapport à la parentalité,
11:27 qu'est-ce qu'on fait vis-à-vis des aidants,
11:28 enfin les questions sont nombreuses
11:30 et nous ne pourrons pas simplement voter un texte,
11:34 au regard d'éléments chiffrés, techniques,
11:37 il nous faudra tout le parallèle pour pouvoir appréhender vraiment les enjeux
11:40 et ça, ça fait partie aussi de notre méthode de travail au Sénat.
11:43 Mais même sur le calendrier, alors sur les 64 ans,
11:45 vous l'avez dit, vous l'avez voté, donc…
11:47 Mais il y a la rapidité aussi.
11:49 Mais est-ce que vous allez garder ce même calendrier,
11:51 à savoir une application en 2030,
11:53 ou est-ce que vous allez aussi décaler l'entrée en vigueur finalement de ce calendrier,
11:57 parce que là, ça touche des personnes qui sont très proches de la retraite
11:59 et qui avaient peut-être déjà des projets de vie ?
12:01 Tout à fait, ça fait partie des deux questions
12:03 que nous avons en ce moment sous la table,
12:05 que nous travaillons à la fois à la Commission des Finances et à la Commission des Finances.
12:09 Pour l'instant, je suis encore prudent
12:11 parce que les travaux n'ont pas complètement débuté,
12:14 mais vous avez relevé les deux points de difficulté,
12:16 c'est-à-dire qu'on considère que la mise en pratique est beaucoup trop rapide,
12:20 et donc même chose, c'est-à-dire qu'on a un lien de confiance
12:23 avec les personnes qui ont des projets de vie
12:26 là pour la fin de l'année, pour l'année prochaine,
12:28 et puis en même temps, on considère certainement
12:30 que la mise en service est beaucoup trop rapide,
12:33 qu'il faut un délai supplémentaire, voilà.
12:35 Donc ça fait partie aussi des éléments de discussion,
12:38 mais vous avez… enfin, ça transpire déjà, vous l'avez évoqué,
12:41 on a quand même quelques points de cadrage,
12:42 mais qui restent quand même sur une ligne de conduite
12:45 où on suit plutôt les propositions du gouvernement,
12:48 qui sont en grande partie d'ailleurs les propositions du Sénat.
12:50 Il y a une autre audition, on en a parlé, que vous avez faite hier,
12:53 c'est celle de Pierre Muscovici,
12:54 qui est le président du Haut Conseil des Finances Publiques.
12:56 Alors lui, il dit que… il vous a dit que l'impact financier de la réforme était faible en 2023,
13:01 voire que ça allait coûter d'ailleurs aux finances publiques,
13:03 et il regrette d'ailleurs de ne pas pouvoir mesurer les effets
13:05 sur les finances publiques à moyen et à long terme.
13:08 Vous êtes d'accord avec lui ?
13:09 Oui, tout à fait. Alors, il regrette finalement de ne pas avoir de vision sur les finances publiques.
13:13 Il n'y a pas que le sujet des retraites.
13:15 Depuis de nombreux mois, que ce soit avec ces différentes casquettes,
13:19 notamment de prendre en compte la présidence de la Cour des comptes,
13:22 il évoque la nécessité d'avoir une vision stratégique
13:26 de l'engagement d'investissement des politiques publiques.
13:29 Et donc, ça concerne tous les domaines, et je crois qu'on ne peut que partager.
13:31 On a besoin de transparence, on a besoin de vision
13:34 pour pouvoir piloter nos politiques publiques.
13:37 Pour les retraites, c'est nécessaire.
13:38 Alors, hier, il était dans un rôle qui était limité,
13:41 puisqu'on lui demandait simplement, de part d'ailleurs sa fonction,
13:45 d'analyser la situation de 2023, d'une texte qu'il nous a proposé.
13:50 Donc forcément, il a fait une analyse, j'irais être contarmiste,
13:53 et donc avec très peu de conclusions, donc on a été un peu frustrés.
13:56 Mais les points essentiels pour nous, ça va être cette fois sa casquette Cour des comptes,
14:00 où là, réellement sur les trajectoires budgétaires, sur les 20-30 ans qui viennent,
14:04 quelle est la situation et quelles évolutions sont proposées.
14:07 Mais on voit bien que l'enjeu des retraites rentre dans un enjeu global
14:12 de situations des finances publiques qui ne sont pas bonnes aujourd'hui.
14:15 C'est-à-dire qu'il y a cette réforme fondamentale,
14:17 mais qui guide en matière de dépense, qui guide en matière de politique,
14:20 qui guide également en matière d'économie.
14:23 Et si on n'a pas une vision globale, ce n'est qu'un élément,
14:26 certes important pour les Français,
14:27 mais ce n'est qu'un élément de notre situation budgétaire globale.
14:30 Peut-être un point, justement, sur cette audition de M. Moscovici.
14:34 Il a souligné le fait que le gouvernement se basait peut-être
14:36 sur des prévisions trop optimistes, avec un taux de chômage très bas,
14:40 autour de 4,5%, mais finalement, ça peut peut-être changer par la suite.
14:43 Qu'est-ce que vous en pensez ?
14:44 Je crois que depuis le début, ce gouvernement,
14:47 d'ailleurs on l'a dénoncé au moment du PLFSS et au moment du PLF,
14:51 ce gouvernement s'appuie sur des taux de croissance,
14:54 sur des taux également budgétaires qui sont, pour nous, décorrélés de la réalité.
15:00 On voit bien qu'il y a une forme d'optimisme qui arrange,
15:03 parce que ça arrange les comptes d'une façon générale.
15:05 Donc il a réitéré cette critique, il faudrait être prudent,
15:08 mais ça veut dire que ces critiques-là étaient aussi un point essentiel.
15:11 Lorsqu'on parle d'équilibre budgétaire des comptes,
15:14 lorsqu'on parle d'équilibre budgétaire notamment des retraites,
15:16 ça veut dire que si le taux de chômage n'est pas si satisfaisant,
15:20 si le taux de croissance n'est pas aussi fort,
15:22 eh bien c'est une dégradation des comptes,
15:23 donc ça amplifie même d'ailleurs le besoin de réformer le système, le régime.
15:28 Justement, un dernier mot, puisque vous parlez du taux de chômage.
15:29 Hier ont été publiés les chiffres du chômage.
15:31 Le nombre de chômeurs a baissé au quatrième trimestre de 3,6 %
15:35 par rapport au trimestre précédent.
15:36 Le nombre de demandeurs d'emploi retrouve son plus bas niveau
15:38 depuis le troisième trimestre 2011.
15:41 Est-ce qu'Emmanuel Macron sera le président du plein emploi ?
15:44 Alors, en tous les cas, il est le président des circonstances et de la situation.
15:49 C'est-à-dire que le contexte économique fait que, d'une façon générale,
15:52 il y a une demande forte.
15:53 Et d'ailleurs, un des sujets pour nous, pour moi qui suis un élu de l'Ouest,
15:56 c'est comment les entreprises arrivent à trouver aujourd'hui des salariés
16:00 pour venir les accompagner parce qu'on a un vrai problème d'employabilité.
16:03 Voilà. Donc, on a à la fois, j'irais, un contexte économique national et international
16:08 qui est favorable, quand même un certain nombre de difficultés.
16:12 Il faut être quand même conscient que le poids de la dette,
16:14 que l'évolution des taux d'intérêt,
16:16 on a quand même des indicateurs qui sont inquiétants.
16:18 Voilà. Donc, il est plutôt dans une logique où il seurt sur une situation
16:22 qui lui est plutôt favorable, mais avec quand même quelques réformes,
16:25 notamment concernant l'allègement.
16:26 Et c'est un bon lien encore avec le débat sur la retraite.
16:29 Mais c'est clair pour nous que l'allègement des charges sur les entreprises
16:33 contribue aussi à une meilleure compétitivité.
16:35 – Merci Audrey.
16:36 – Vous reviendrez nous parler d'Olivier Dussopt dans le club ?
16:38 – Olivier Dussopt et puis Gabriel Attal.
16:40 – Voilà.
16:41 – Les patrons qu'on a suivi.
16:42 – On parlera évidemment réforme des retraites à tout à l'heure Audrey.
16:44 On va continuer à parler emploi et chômage.
16:47 On va aller du côté de Poitiers, retrouver Delphine Blanchard.
16:50 Bonjour Delphine. Merci beaucoup d'être avec nous, Delphine.
16:54 Vous êtes journaliste à La Nouvelle République.
16:56 Et Delphine, vous allez nous parler de Territoires zéro chômeur,
17:01 les signatures des conventions.
17:02 36 premiers contrats signés à Poitiers ?
17:05 – C'est ça. Le dispositif s'est concrétisé à Poitiers la semaine dernière.
17:09 36 premiers contrats de travail.
17:11 C'est donc un retour à l'emploi pour des personnes qui en étaient jusqu'ici
17:15 totalement exclues.
17:16 L'objectif final à Poitiers, c'est un retour à l'emploi de 340 poids de 20
17:21 dans deux entreprises à but d'emploi.
17:24 Les premières recrues, elles, sont issues de quartiers de Poitiers
17:27 plutôt défavorisés, comme Patricia, habitante de Belair,
17:30 qui suit le dispositif depuis 2015.
17:33 Tout a commencé pour elle avec la découverte du dispositif à Molléon,
17:37 dans les Deux-Sèvres, que votre invitée doit bien connaître, Auriane.
17:41 C'est l'une des toutes premières communes à avoir lancé le dispositif
17:44 en 2017 en France.
17:46 Patricia est travailleuse handicapée.
17:48 Depuis 10 ans, elle était au chômage.
17:50 Après avoir enchaîné des CDD, des petits boulots précaires,
17:53 elle a donc démarré le tout premier CDI de sa vie à 58 ans.
17:58 Ce qui fait la force de ce dispositif, c'est que c'est un contrat
18:01 adapté à chaque situation.
18:03 Une personne qui a des enfants qu'elle doit déposer à l'école
18:05 entre 8h et 9h, et c'est le début de journée au travail
18:08 qui est aménagé et décalé pour elle.
18:10 C'est vraiment du cas par cas.
18:12 Il y a aussi Stéphane, qui a signé le premier CDI de sa vie à 56 ans
18:17 et dans sa nouvelle ville, travaille les jeudis et vendredis
18:19 dans une épicerie solidaire.
18:21 Certains vont faire du maraîchage, d'autres encore de l'aide à la personne.
18:25 Signer un CDI, ça signifie toute une vie qui se transforme,
18:29 un salaire régulier, les galères financières qui s'envolent,
18:32 de la légèreté, une nouvelle vie pleine de promesses.
18:35 Dans la Vienne, Poitiers n'est pas la première ville
18:37 à rejoindre ce dispositif.
18:38 Il y avait eu Châtellerault en mars 2022.
18:41 Une chose en tout cas est certaine, personne n'est inemployable.
18:45 Mais j'ai une question pour vous, monsieur le sénateur, à votre avis.
18:48 Alors que, Auriane l'a dit, le taux de chômage en France
18:50 est en nette baisse de 3,6%,
18:52 pensez-vous que ce genre de dispositif soit toujours aussi utile ?
18:56 Car s'il remet, certes, le pied à l'étrier,
18:59 il est aussi très coûteux pour l'État.
19:01 Ces emplois sont en effet subventionnés à hauteur des 18 000 euros
19:05 par an et par poste.
19:07 Alors oui, je pense que ce dispositif est essentiel,
19:10 et d'autant plus lorsque le taux de chômage est bas.
19:13 Parce que ça veut dire que les personnes qui ne sont pas employées
19:15 aujourd'hui sont souvent très éloignées.
19:18 Et donc il faut un effort particulier pour pouvoir faire en sorte
19:20 qu'ils reviennent dans un système généralisé d'emplois.
19:24 Et concernant le coût financier, qui est important, vous l'avez évoqué,
19:28 mais en même temps il faut le remettre en parallèle d'une situation
19:31 où on paierait un certain nombre d'allocations d'aide sociale
19:36 pour des personnes qui ne seraient pas employées.
19:37 Et lorsqu'on fait le parallèle entre les deux,
19:39 on se rend compte que globalement il vaut mieux utiliser l'argent public
19:42 pour faire en sorte que des gens retrouvent une situation sociale,
19:45 ce "e" de contrat à durée indéterminée est fondamental,
19:48 vous l'avez évoqué, et je crois que globalement tout le monde est gagnant
19:51 parce que l'État reprend un certain nombre de personnes,
19:54 les accompagne dans l'emploi avec certains coûts financiers,
19:57 mais qu'elle aurait eus en grande partie,
19:59 et les personnes retrouvent une situation idéale.
20:01 Et donc je crois que ces structures d'insertion,
20:04 qu'elles ce soient les entreprises d'avis d'emploi
20:05 ou globalement les structures d'insertion,
20:07 sont encore plus nécessaires dans les territoires où le taux de chômage est bas,
20:11 parce que, comme je l'ai dit, il y a un accompagnement particulier,
20:13 et vous l'avez très bien dit, personne n'est inemployable.
20:18 Delphine, vous avez votre réponse je crois.
20:20 On regarde votre une, vous nous l'expliquez,
20:23 voiture d'occasion, le modèle d'un grande.
20:26 Oui, un grande, c'est près de Châtellerault,
20:28 c'est un fleuron de l'industrie dans la Vienne,
20:30 et Édouard Philippe hier est venu battre le rappel de la campagne dans cette industrie-là,
20:35 et donc on a mis en avant ce sujet.
20:38 Effectivement, un Châtellerault qui a perdu beaucoup d'emplois
20:40 ces dernières années avec l'effondrée du Poitou,
20:42 mais il reste quand même les voitures d'occasion.
20:44 Merci beaucoup Delphine d'avoir été avec nous,
20:47 on a vu votre une et on vous retrouve évidemment très vite dans cette émission.
20:50 Merci Delphine Blanchard.
20:52 Depuis Poitiers, on va revenir à l'actualité du Sénat,
20:55 on va parler du handicap,
20:56 puisque évidemment c'est un sujet que vous traitez beaucoup ici au Sénat.
21:00 Philippe Mouillé, vous êtes depuis hier le président du groupe d'études handicap.
21:03 Quelles seront vos priorités ?
21:05 Quel est l'objectif de ce groupe ?
21:07 Alors d'abord, en préambule,
21:10 rappelez que c'est un engagement du président du Sénat,
21:13 qui lors des universités d'été du Conseil national consultatif des personnes handicapées,
21:17 le CNCPH, a annoncé cette volonté de mobiliser le Sénat sur ces grands enjeux.
21:22 Alors trois objectifs principaux,
21:24 d'abord une veille juridique au regard de la situation des politiques du handicap en France,
21:29 avec le recueil d'un certain nombre de sollicitations, d'associations, de structures.
21:34 Et puis ensuite, vous avez un travail de fond
21:36 concernant notamment l'ensemble des textes qui seront votés au Sénat,
21:40 puisque l'idée c'est d'avoir un référent handicap dans chacune des commissions permanentes du Sénat.
21:44 Troisième objectif, c'est de faire en sorte que le Sénat lui-même soit tourné,
21:49 soit géré en performance vis-à-vis du handicap,
21:52 que ce soit en matière d'emploi des travailleurs handicapés, d'accessibilité,
21:56 et notamment d'accessibilité numérique, qui est un enjeu fondamental notamment pour tout un chacun.
22:00 Et d'accessibilité tout court, on imagine que ce n'est pas facile,
22:03 évidemment le Sénat c'est un moment historique,
22:05 là aussi il va y avoir des choses qui vont être faites.
22:07 On a partit des travaux, même si le Sénat a déjà avancé sur un certain nombre de sujets.
22:11 Donc on a vraiment cette vision globale,
22:13 et puis très heureux d'avoir 62 sénateurs qui se sont engagés dans ce groupe de travail.
22:18 Évidemment, on suivra de beaux travaux.
22:21 On termine par les Républicains, votre parti.
22:23 Il y avait les voeux cette semaine d'Éric Ciotti, c'était mardi soir.
22:26 Et alors, on a remarqué sur la photo de famille, c'est toujours les absents qui se font marquer.
22:30 Vous savez, c'est Aurélien Pradié.
22:31 Regardez cette image, Aurélien Pradié qui n'était pas là,
22:34 aux côtés de Bruno Retailleau et d'Éric Ciotti.
22:37 Et pourtant, Éric Ciotti dit que le moment est à l'unité.
22:40 C'est un vœu pieux ?
22:42 Écoutez, je ne connais pas l'agenda d'Aurélien Pradié,
22:45 donc je ne peux pas vous dire exactement où il était ce soir-là.
22:48 Aujourd'hui, clairement, il a été positionné comme vice-président,
22:52 avec Xavier Bellamy, de notre parti.
22:55 C'était un signe clair de la part de Pérennce Ciotti de vouloir rassembler l'ensemble des acteurs,
22:59 Bruno Retailleau à ses côtés.
23:01 Voilà, le geste est là.
23:02 Après, l'attitude d'Aurélien Pradié, eh bien, ça le regarde.
23:05 On verra bien les évolutions.
23:07 Vous pensez vraiment que c'est qu'une question d'agenda ?
23:09 Parce qu'on a l'impression qu'Aurélien Pradié, il essaye de se démarquer sur la réforme des retraites.
23:13 Il a une position qui est différente de celle du parti.
23:16 Est-ce que quand on a la place qu'il occupe dans l'organigramme,
23:18 c'est-à-dire qu'il est vice-président avec François-Xavier Bellamy,
23:20 ce qui est quand même le plus haut niveau en dessous d'Éric Ciotti,
23:22 est-ce qu'on peut avoir ce genre d'attitude ?
23:24 Alors, de nouveau, je suis prudent vis-à-vis de son absence à cette réunion.
23:27 Mais d'une façon générale, je crois que s'il veut faire peser ses idées,
23:32 s'il veut pouvoir revendiquer une ligne différente,
23:34 eh bien il faut être autour de la table.
23:36 La meilleure façon de débattre et de porter un message, c'est d'être présent.
23:39 Voilà, donc on verra pour la suite des événements.
23:42 Aujourd'hui, il est très mobilisé à l'Assemblée nationale avec son groupe de parlementaires.
23:47 Je crois que s'il veut perdurer dans notre famille politique,
23:51 il est nécessaire qu'il soit autour de la table pour pouvoir débattre.
23:53 Merci Philippe Mouillé.
23:54 On va parler de ces sujets dans quelques secondes.
23:57 D'abord, je vous précise que dans 20 minutes, dans le Club des Territoires,
23:59 on parlera de la réforme des retraites.
24:01 Opération pédagogie et conviction pour le gouvernement.
24:03 Nous avons suivi le ministre Gabriel Attal dans une réunion publique
24:06 dans une commune rurale de Laube.
24:08 Vous verrez ce reportage dans 20 minutes.
24:11 On va parler des Républicains, de la réforme des retraites.
24:13 Tout de suite, c'est votre président de groupe qui nous rejoint, Bruno Retailleau.
24:16 [Musique]

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