Après Guy, Alex Lutz repasse derrière la caméra pour filmer une nuit d'amour impossibles entre deux inconnus dans un Paris éthéré. Le film a été présenté en clôture d'Un Certain regard au festival de Cannes.
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Court métrageTranscription
00:00 Je veux faire ce métier avec de la liberté, sinon ça ne m'intéresse pas.
00:02 Si je n'ai pas de la liberté et un peu iconoclase,
00:05 de me dire "tiens, je pourrais faire ça, je pourrais faire ça",
00:07 je serais très malheureux.
00:08 Vous pourriez dire pardon.
00:15 Ça va, pardon.
00:17 Ça va, je ne vous ai pas cassé un bras non plus.
00:19 D'accord, donc vous, pour être désolé, il faut une fracture.
00:21 Je me serais excusée mille fois, vous m'auriez quand même fait chier.
00:29 J'ai vu une dispute comme ça dans le métro,
00:32 d'une femme comme ça qui est rentrée un peu en trompe dans un métro bondé.
00:37 Elle bouscule le gars, il dit "vous pourriez dire pardon".
00:39 Elle dit "bah pardon", il dit "bah c'est pas dire pardon".
00:41 Et c'était assez amusant, ils étaient très remontés,
00:45 mais les arguments étaient assez marrants, assez charmants.
00:47 Ils avaient du charme.
00:48 Et je me suis tout de suite noté qu'ils faisaient l'amour
00:52 un peu maladroitement, vite fait quelque part à la suite de ça.
00:55 Donc engueulade, cut, étreinte.
00:58 Et à partir de là, je me disais, tiens,
01:02 c'est un point de départ sympa pour deux personnes
01:05 qui ne parviendraient pas à se dire au revoir durant toute une nuit.
01:09 J'en ai parlé à Karine assez vite parce que c'était la partenaire
01:12 que très vite j'ai eu en tête pour ça et on s'entend super bien.
01:15 Il y a la confiance de notre relation amicale
01:19 qui pouvait terriblement servir le propos
01:24 et cet abandon dont on avait besoin,
01:27 cette fatigue dont on avait besoin pour construire le film.
01:31 - Vous faites quoi ? - C'est engueuler six minutes,
01:33 on a baisé les six autres, il n'y a vraiment pas de quoi en faire des caisses.
01:36 - Non, dans la vie !
01:38 C'est un amusement avec le code du romantisme au cinéma,
01:42 de la love story au cinéma, de la love story de nuit.
01:44 Donc même ça, c'était intéressant que des gens comme moi,
01:49 de 45 ans maintenant, enfin, c'est ce qui fait que c'est souvent beau.
01:53 La naissance de l'amour ou le sentiment amoureux de l'âge,
01:57 c'est que l'enveloppe de l'âge se bonifie de l'expérience de vie.
02:01 Ça met un charme fou,
02:03 qui n'est pas moins charmant que des tout jeunes piu-piu
02:08 qui vont se tourner autour, mais c'est autre chose.
02:11 - Et du coup, ce soir, les vieilles essoufflées disponibles,
02:15 c'est plutôt votre type. On va où ?
02:17 - Je voulais que ça soit filmé la nuit et Paris comme les corps.
02:21 Vu que nos corps sont filmés en intimité,
02:24 et que nous, spectateurs, on est en immersion, on est invités,
02:28 je voulais plus un Paris ou une ville sur l'épaule
02:31 qu'une ville en panorama.
02:33 Donc on la devine, pareil, elle est ellipsée.
02:35 Tu peux jamais trop savoir si t'es dans le 15e, dans le 16e ou dans le 11e.
02:38 Tu devines un peu, tu te dis "Ah, ça pourrait être ça".
02:41 Et finalement, c'est souvent comme ça que tu te souviens d'une nuit et d'une errance la nuit.
02:45 Pas à Cannes que je vais te dire ça.
02:47 Le lendemain, les gens disent "Non, c'était au Marriott ?"
02:49 "Ah non, c'était au Martinez."
02:51 "Ah bon ?"
02:53 "Ah non, c'était à la plage."
02:54 "Ah non, il y avait du macadam."
02:56 Donc c'est un peu ça.
02:58 - On va se dire au revoir ?
03:01 - On se revoit pas ?
03:04 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org