Patrick Martin, président du MEDEF, était l'invité de Benjamin Duhamel sur BFMTV, ce mercredi 23 avril.
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00:00Bonsoir Patrick Martin.
00:01Bonsoir.
00:01Merci d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir.
00:03Patron du Medef, beaucoup de sujets à aborder avec vous ce soir.
00:07La politique économique pour le moins erratique, c'est un euphémisme de Donald Trump.
00:11L'instabilité qui en découle ici en France.
00:13Le débat aussi sur les économies à trouver dans le prochain budget.
00:17Vous faites partie des voix qui plaident pour faire contribuer les retraités.
00:21On en parlera dans un instant.
00:23Mais d'abord Patrick Martin, Donald Trump qui fait donc marche arrière sur les droits de douane avec la Chine
00:27qui vont baisser, je cite le président américain, de façon substantielle.
00:32Donald Trump qui revient à la raison, c'est une bonne nouvelle pour l'économie mondiale et pour la France ?
00:38Oui, je vais développer.
00:39Je me permets simplement de glisser que le pape François,
00:43lors de notre rencontre des entrepreneurs de France en 2023,
00:47nous avait fait l'honneur de nous envoyer une lettre, longue lettre,
00:50lue par l'évêque de Nanterre, Mgr Rouget,
00:53dans laquelle il saluait la contribution des entreprises au bien commun.
00:57Donc au moment où vous...
00:59Ce n'était pas un grand, je ne vais pas dire le mot fan,
01:02mais disons qu'il avait des propos assez durs contre le capitalisme, généralement.
01:06Mais c'est intéressant que vous soulignez, c'est le fait qu'il vous avait envoyé.
01:10Oui, alors en disant bien que c'était sous condition,
01:12mais il avait salué cette contribution, ce qui nous avait beaucoup touché,
01:15quelles que soient nos convictions.
01:17Alors je viens à Donald Trump.
01:19Alors effectivement, c'est très déroutant,
01:22et en soi préjudiciable à la bonne marge de l'économie mondiale,
01:25de l'économie américaine elle-même,
01:27que le président Trump, j'allais dire d'un jour à l'autre,
01:30change de position.
01:32Moi ce que je vois, parce qu'il faut quand même positiver,
01:34c'est qu'il semble effectivement revenir à la raison,
01:37et ça me vaut de dire qu'il ne faut pas jouer avec l'économie.
01:40Parce que finalement, sa corde de rappel, c'est bien l'économie,
01:43parce que dans son propre pays, les marchés financiers,
01:46mais également les employeurs, les salariés,
01:49signifient d'une manière ou d'une autre,
01:52qu'il faut savoir ne pas aller trop loin.
01:54Vous parlez de cette instabilité qui est créée par la difficulté
01:59à lire la politique économique de Donald Trump.
02:01Que vous disent les chefs d'entreprise que vous représentez,
02:04qui ont vécu cette pause de 90 jours sur les droits de douane
02:07concernant les pays européens,
02:09qui aujourd'hui assistent sans doute avec une forme de stupéfaction
02:11à ce revirement sur la Chine ?
02:14Est-ce qu'ils sont toujours inquiets ?
02:16Est-ce qu'ils gèlent des investissements, des embauches,
02:20ou est-ce qu'ils sont un peu moins pessimistes
02:22qu'ils ne pouvaient l'être il y a encore quelques semaines ?
02:25Écoutez, sur les montagnes russes ou la douche écossaise,
02:28et tout ça incite à une extrême prudence.
02:30Donc oui, je vous confirme que même s'il y a un effet de soulagement
02:33au regard des dernières annonces du président Trump,
02:36chacun reste extrêmement prudent,
02:38ne sachant pas si dans quelques jours il ne dira pas l'inverse.
02:41Donc ça a des conséquences très concrètes.
02:43en matière de décision d'investissement,
02:46en matière de politique tarifaire,
02:48en matière d'emploi,
02:49et s'agissant spécifiquement de la France,
02:51ça vient se surajouter à d'autres aléas
02:53qui sont propres à notre pays.
02:54Vous aviez eu cette déclaration
02:57dans la foulée de la décision de Donald Trump
02:59de mettre en place ses droits de douane,
03:00je précise que c'était avant son annonce de gel de moratoire,
03:05vous aviez dit craindre des licenciements,
03:07plusieurs dizaines de milliers.
03:09Est-ce que c'est toujours cette perspective,
03:13si d'aventure Donald Trump persistait à vouloir,
03:17le moratoire de 90 jours, on arrive à peu près à fin juin, début juillet,
03:20à maintenir cette décision d'imposer des droits de douane,
03:23des barrières tarifaires ?
03:24Est-ce qu'il faut craindre un effet important
03:25sur l'emploi en France et en Europe ?
03:27Ce qui est certain, et que l'on doit craindre effectivement,
03:30c'est que cet épisode, quel qu'en soit l'issue,
03:33la conclusion laissera durablement des traces,
03:35parce que ça crée un vrai problème de confiance
03:37entre les continents, singulièrement entre l'Union Européenne
03:40et les Etats-Unis, et donc malheureusement,
03:42je peux affirmer que ça créera de la suspicion dans la durée,
03:46je vais dire, jusqu'au moment où le président Trump
03:47ne sera plus président, je ne sais pas dire quand,
03:50enfin au terme de son mandat, quoi qu'il en soit.
03:52Alors, à l'instant T, c'est vrai que, craignant le pire,
03:58on s'accommode d'un moindre mal.
04:00Et on s'accommode notamment des 10% de droits de douane
04:02qui apparaissent quasiment comme une forme de soulagement,
04:05alors même que cela reste très important.
04:08Oui, mais alors, c'est une tactique assez classique, je veux dire.
04:12On va vous faire très mal, puis finalement,
04:14on vous fait un petit peu moins mal,
04:15donc vous devriez être content.
04:17Non, on ne peut pas, dans la durée,
04:19se satisfaire de redescendre à 10%,
04:22c'est-à-dire par rapport au taux moyen qui existe d'ores et déjà,
04:257 points de plus, si on raisonne sur la moyenne des produits
04:27et la moyenne des services.
04:29Donc, ça pèsera immanquablement sur le commerce international,
04:32donc sur la production en France, avec un double effet,
04:36c'est-à-dire que si nous appliquons nous-mêmes,
04:38en rétorsion, l'Europe des mesures tarifaires,
04:41ça renchérira les intrants produits et services,
04:45j'insiste sur ce point,
04:46et puis ça pénalisera les exportateurs français et européens
04:49à destination du marché américain.
04:51Donc, il faut absolument que l'Europe continue
04:53à se préparer, à mettre en place des mesures de riposte,
04:57mais plus positivement, à amener les Américains
04:59à ce qui me semble être quand même un de leurs objectifs,
05:02c'est-à-dire la suppression des droits de douane.
05:04Là, ça serait beaucoup plus positif.
05:05Patrick Martin, on parlait de licenciement,
05:08je voudrais qu'on aborde cette annonce
05:10du sidérurgiste Varceller Mittal,
05:11qui, c'est une communication qui a été faite par l'entreprise,
05:14va supprimer environ 600 postes
05:16dans sept sites industriels de la moitié nord de la France,
05:18à cause, je cite, de la crise qui frappe
05:21l'industrie de l'acier en Europe.
05:24Je précise qu'Arceller Mittal envisage notamment
05:25de délocaliser un certain nombre d'activités en Inde.
05:28Les partenaires sociaux, les responsables syndicaux
05:31parlent d'une hécatombe.
05:32C'est bien de cela dont il s'agit.
05:34600 postes supprimés dans un secteur
05:36qui, on le sait, ces dernières années,
05:38était déjà très nettement en difficulté.
05:41Il se trouve que l'acier, par mon activité professionnelle,
05:43est un secteur que je connais assez bien.
05:45Ce que l'on est en train de payer,
05:47ce sont les errements de l'Union Européenne
05:49sur le prix de l'énergie.
05:51C'est par ailleurs une stratégie très offensive,
05:54très agressive de la part de la sidérurgie chinoise,
05:57parmi d'autres lignes de produits, si l'on peut dire.
06:01Alors même que chacun doit être bien conscient
06:04que la sidérurgie, on ne dit que la chimie,
06:07qui peuvent passer pour des industries d'un autre temps,
06:09sont en fait des industries totalement structurantes,
06:12parce que ces produits sont intégrés
06:13dans beaucoup de productions
06:14et que c'est un enjeu de souveraineté.
06:16Donc c'est grave parce que ce sont 600 suppressions d'emplois,
06:19mais c'est grave au-delà de ça
06:20parce que ça fragilise fondamentalement l'Europe.
06:23Est-ce qu'il faut qu'ArcelorMittal trouve une solution
06:25pour essayer de limiter la casse
06:26et de supprimer moins de postes
06:28qu'elle n'a prévu d'en supprimer ?
06:31Le marché est très exigeant, si vous voulez.
06:34On ne peut pas à la fois demander
06:35que le prix des automobiles n'augmente pas,
06:37ou le prix de l'électroménager,
06:38enfin toutes sortes de produits
06:39qui intègrent de l'acier,
06:41et puis accepter que les prix de l'acier
06:43soient anormalement élevés
06:45par rapport au prix de marché.
06:47Non, ce qu'il faut, c'est réguler le marché.
06:49Je suis le MEDEF pour le libre-échange,
06:52résolument pour le libre-échange,
06:53mais on sait tous que les Chinois
06:55qui sont en surcapacité de production
06:57en matière d'acier,
06:58comme dans d'autres lignes de produits,
07:00ont déversé d'une certaine manière
07:02ces excédents de production
07:04sur le marché européen.
07:05Donc il faut discuter avec les Américains,
07:08il faut discuter avec les Chinois également.
07:09Patrick Martin,
07:11sur ce débat,
07:12sur la façon dont les chefs d'entreprise français
07:15se positionnent quant à cette guerre commerciale
07:17qui a des conséquences,
07:18et on continue de le voir,
07:20je voudrais rappeler avec vous
07:21les propos du ministre de l'Économie et des Finances,
07:23Éric Lombard,
07:25dans la tribune dimanche,
07:26qui appelait les entreprises françaises
07:28et les chefs d'entreprise
07:28au patriotisme économique.
07:31Vous n'êtes pas assez patriote,
07:33Patrick Martin ?
07:33C'est ce qu'il semble insinuer,
07:35mais je crois que c'est très excessif.
07:36Bien sûr que nous sommes patriotes,
07:38j'allais dire qu'à chaque instant,
07:39nous sommes patriotes,
07:40sans quoi nous ne serions pas installés en France,
07:42nous n'employerions pas en France,
07:43nous n'investirions pas en France.
07:45Donc ce sont des propos de circonstances
07:47qu'il ne faut pas surinterpréter.
07:48Qui vous ont choqués, ces propos ?
07:49Qui nous ont un petit peu heurtés,
07:51mais je pense qu'on est des choses plus constructives
07:53à échanger et à construire avec le gouvernement,
07:56avec le ministre de l'Économie et des Finances en particulier.
07:59Sauf que quand il dit,
08:00et quand il appelle au patriotisme des chefs d'entreprise,
08:02c'est parce qu'Éric Lombard est interrogé
08:04notamment sur les propos qui ont été tenus
08:05par le patron de LVMH,
08:07l'un des hommes les plus riches du monde,
08:09première fortune de France,
08:10qui appelait à commenter cette guerre commerciale,
08:13expliquait qu'au fond,
08:14s'il allait produire aux États-Unis,
08:15ce serait de la faute de l'Union européenne,
08:17qui dénonçait la bureaucratie européenne
08:21et semblait là encore préférer parler de l'Europe
08:23plutôt que de celui qui a initié cette guerre commerciale,
08:26à savoir Donald Trump.
08:27C'est vrai que quand on lit ce type de déclaration,
08:31on peut s'interroger sur la façon
08:34dont Bernard Arnault décide d'aider ou pas
08:37ceux qui sont en train de mener cette guerre commerciale.
08:39Alors si vous devez citer ou lire Bernard Arnault,
08:42permettez-moi de vous dire qu'il faut le faire complètement.
08:44Il a par ailleurs rappelé
08:45qu'il est un des plus gros employeurs de France,
08:47mais l'un n'empêche pas l'autre d'ailleurs,
08:49est un des plus gros contributeurs fiscaux français.
08:53Donc il faut équilibrer le propos.
08:56Ce coup de gueule en quelque sorte de Bernard Arnault
08:58et d'autres patrons et du Medef,
09:00en revanche je le partage sur le fait que
09:02l'Europe qui s'est enfermée dans une espèce de logique mortifère,
09:06ne peut pas se tenir à l'écart de la compétition mondiale.
09:09Donc il faut simplifier beaucoup plus vite que ça n'est engagé en Europe, en France.
09:13Il faut regagner en compétitivité, sinon nous serons un marché.
09:17Tout simplement un marché pour les Chinois, pour les Américains.
09:19On n'aura plus d'industrie et on deviendra finalement un continent pauvre.
09:23Mais vous considérez vous aussi, Patrick Martin,
09:25que la responsabilité de tout cela incombe à la bureaucratie européenne
09:29davantage qu'à Donald Trump ?
09:30Non, mais moi je ne distribue pas les bons et les mauvais points.
09:33Mais on sait, ça ne date pas de l'élection de Donald Trump.
09:36L'Europe progressivement se disqualifie
09:37parce qu'elle poursuit des chimères.
09:40Elle veut être le continent le plus vertueux du monde,
09:42alors qu'elle l'est déjà.
09:43Donc on empile des réglementations,
09:45on lit les pieds et les poings des acteurs économiques,
09:47les entreprises elles-mêmes,
09:48mais les salariés, les ménages.
09:50Et donc à un moment donné, il faut revenir à un juste équilibre.
09:52Je crois que l'Union européenne en a pris conscience.
09:54Il y a de premières annonces qui sont intéressantes,
09:56par exemple sur les réglementations CSRD, CS3D,
10:00et dans d'autres matières également.
10:02Il faut que la France accélère.
10:03Le MEDEF a transmis au Premier ministre
10:05un projet de loi d'accélération avec 14 mesures
10:07qui nous permettrait de revenir dans le rythme
10:10de la compétition économique.
10:12Je voudrais vous soumettre, Patrick Martin,
10:13une réaction politique.
10:14C'est celle du secrétaire national du Parti communiste français,
10:16Fabien Roussel, qui, sur ses réseaux sociaux,
10:19est revenu sur ses déclarations des patrons,
10:22face à la guerre économique de Trump,
10:24des grands patrons européens et français nous menacent.
10:25Soit on accède à leur demande de cadeaux fiscaux supplémentaires,
10:27soit ils partent investir aux États-Unis.
10:29Dans l'histoire, il y a toujours eu la résistance
10:31et la collaboration.
10:33Oui, mais c'est très excessif.
10:36Je ne veux pas commenter les propos de Fabien Roussel,
10:38que par ailleurs j'apprécie,
10:39parce que c'est un productiviste et c'est un patriote.
10:43Maintenant, en nous parler de cadeaux fiscaux,
10:45ça me laisse pantois.
10:46Je rappelle que le taux d'imposition sur les grandes entreprises françaises
10:49cette année a été porté à 35,5%.
10:52Il y a un certain nombre de pays européens.
10:54Mais ça va être vrai des États-Unis très rapidement,
10:56dont le taux d'imposition est descendu à 15%.
10:59Ce n'est pas exactement ce que j'appelle un cadeau.
11:01Mais c'est vrai, Patrick Martin, que ces dernières années,
11:03la tendance, que ce soit sur l'impôt sur les sociétés
11:05ou la suppression d'un certain nombre d'impôts de production,
11:07était plutôt à la baisse pour les entreprises.
11:08Bien sûr, on s'est rapprochés des standards européens.
11:13Je ne parle pas de pays exotiques.
11:15Il n'en demeure pas moins que les entreprises françaises
11:18demeurent, en termes de fiscalité, en termes de charges sociales,
11:21parmi les plus taxées du monde.
11:24Donc il ne faut pas s'étonner à partir de là
11:25qu'on ait un énorme et chronique déficit commercial,
11:28que nos entreprises ne soient pas assez compétitives,
11:30qu'on n'emploie pas autant qu'il le faudrait
11:32et qu'on ne distribue pas autant de salaire qu'il le faudrait.
11:34Juste avant de parler de ce budget à venir
11:37et des choix budgétaires, fiscaux qui seront à faire,
11:40l'appel d'Emmanuel Macron aux grandes entreprises
11:42à mettre sur pause leurs investissements aux États-Unis.
11:44J'ai l'impression qu'il a parlé, mais que personne ne l'a écouté.
11:48Tout le monde écoute le président de la République.
11:49Je participais à la réunion à l'Élysée.
11:51L'entendent-ils ?
11:52Mais bien sûr qu'ils l'entendent.
11:53Mais que voulez-vous ?
11:54Il y a des investissements qui ont été annoncés ces derniers jours,
11:57qui étaient lancés, parfois, depuis des années.
11:59On ne peut pas se mettre sur pause
12:00quand vous avez engagé des centaines de millions de dollars.
12:03Donc le président de la République a parlé dans le désert.
12:04Mais non, il n'a pas parlé dans le désert.
12:07À nouveau, l'économie, ce sont des cycles longs.
12:10On ne décide pas, du jour au lendemain, d'investir ou de ne pas investir,
12:13sauf catastrophe.
12:14Donc je pense qu'il a été entendu, le président de la République.
12:17Visiblement pas, puisque ces investissements-là n'ont pas été mis sur pause.
12:19Non, mais moi, ce que je constate,
12:20et je ne sais pas si c'est du fait des propos du président de la République,
12:23c'est qu'il y a beaucoup d'entreprises européennes et françaises
12:25qui avaient des projets d'investissement aux États-Unis
12:27et qui les ont suspendus à ce jour.
12:30Pourquoi ?
12:31Parce qu'en considérant que la politique économique du président Trump
12:34est préjudiciable aux États-Unis eux-mêmes.
12:38Patrick Martin, il y a aussi les discussions sur le budget 2026.
12:4140 milliards d'euros à trouver l'année prochaine,
12:42le tout sans augmenter les impôts, du moins c'est ce que dit le gouvernement.
12:45Et vous faites partie de ceux qui plaidaient pour un effort sur les retraités.
12:48Il est notamment question de ce fameux abattement fiscal
12:51de 10% dont les retraités bénéficient.
12:54Donc si je comprends bien votre ligne,
12:56on fait payer les retraités pour éviter que les entreprises ne paient, c'est ça ?
12:59Non, mon propos là aussi, il faut être exhaustif et complet,
13:02c'est de dire qu'il faut déjà que l'État, la sphère publique globalement,
13:06y compris le système de santé, y compris les collectivités locales,
13:09baissent leurs dépenses.
13:10Ça, c'est la solution la plus saine et la plus vertueuse.
13:14Si d'aventure, il faut aller chercher un surcroît de recette,
13:18ça n'est certainement pas sur le dos des entreprises,
13:20dont je rappelle que cette année,
13:22elles supportent 13 milliards d'euros de prélèvements de plus qu'en 2024,
13:26et je leur dis qu'elles sont les plus taxées au monde.
13:27Donc, pardon, les mêmes causes produisant les mêmes effets,
13:32si on charge encore les entreprises,
13:34on aura en 2026, qui se produit déjà en 2025,
13:37du fait de ces 13 milliards d'euros d'impôts et de charges supplémentaires,
13:40ralentissement de la croissance, destruction d'emplois.
13:43Qui tracte le modèle économique français ?
13:45Qui tracte le modèle économique français ?
13:47Ce sont les entreprises et leurs salariés.
13:49Vous voyez les réactions politiques à cette possibilité
13:52de supprimer l'abattement fiscal pour les retraités,
13:54vous voyez aussi la réaction des Français,
13:55plus de 70% d'entre eux sont opposés à cette mesure.
13:59Est-il, selon vous, juste de faire payer les retraités
14:04et de leur supprimer cet abattement fiscal ?
14:05Est-ce que vous considérez que c'est une mesure de justice ?
14:07On est dans une forme d'urgence.
14:09L'état des finances publiques est critique,
14:11et je pense que tous nos concitoyens ne l'ont pas encore compris.
14:13Ils ne l'ont pas encore compris parce que, finalement,
14:15il y a une mutualisation des charges
14:17qui fait que chacun considère qu'ils ne payent rien
14:20et que c'est les autres qui payent à leur place.
14:21Ce n'est pas vrai, premier point.
14:22Deuxième point, beaucoup oublient que les retraites
14:26sont payées par les actifs.
14:27Chacun peut se dire, j'ai cotisé, donc j'ai droit à ma retraite.
14:30Non, on est dans un système par répartition, il faut le rappeler.
14:33Donc, on est dans le pays où l'équilibre
14:36entre les revenus du travail et les revenus des retraites
14:39sont à peu près les mêmes.
14:41C'est le seul pays au monde où le taux de retraite
14:46est aussi élevé par rapport au taux de salaire.
14:48Donc, à un moment donné, s'il doit y avoir des efforts,
14:50et si tout le monde doit contribuer à l'effort,
14:52pourquoi s'interdire de mettre les retraités,
14:55les retraités les plus aisés, comprenons-nous bien ?
14:58Les plus aisés, c'est-à-dire ceux qui sont assujettis
15:00à l'impôt sur le revenu ?
15:02Non, en l'occurrence, il y a une niche fiscale
15:04que, par abus de langage, on appelle sur frais professionnels,
15:07qui bénéficient...
15:07Oui, c'est-à-dire que c'est les retraités qui payent l'impôt sur le revenu ?
15:10Oui, qui payent l'impôt sur le revenu,
15:12mais ce n'est pas tous leurs impôts qui...
15:14Non, mais vous disiez les retraités les plus aisés,
15:15il y a des retraités qui payent l'impôt sur le revenu
15:17qui ne sont pas particulièrement aisés.
15:19Non, mais à un moment ou à un autre,
15:20si on ne fait pas d'économie, il faut bien que quelqu'un paye.
15:22On est dans l'urgence.
15:23Et donc les retraités, mais pas les entreprises.
15:25Mais les retraités et d'autres.
15:27Mais pas les entreprises.
15:28Je vais vous dire, que préconise le Medef ?
15:31Outre le fait qu'il faut rapidement et drastiquement
15:34baisser les dépenses publiques.
15:35On a le niveau de dépense publique le plus élevé du monde.
15:37A-t-on les meilleurs services publics du monde ?
15:39Non.
15:40Donc, il y a un impératif à la fois d'équilibre financier
15:43et d'efficience de la dépense publique.
15:45Bon, ensuite, si on doit répartir les efforts,
15:50il est évident qu'à un moment donné,
15:52il va falloir transférer vers la fiscalité
15:54une partie des charges sociales totalement anormales,
15:58totalement disqualifiantes,
15:59que supportent les entreprises, les salariés.
16:02Moi, ce que je propose, ce que propose le Medef,
16:03c'est donc qu'on transfère une partie du coût
16:05du financement de la protection sociale,
16:07notamment sur la famille et la santé,
16:09vers la fiscalité.
16:10Ça, c'est déjà fait.
16:11Ça, c'est déjà fait, de sorte qu'on gagne en compétitivité,
16:14qu'on puisse augmenter les salaires
16:15et donc être plus attractifs pour les salariés
16:18qui seront mieux dans les entreprises
16:19avec des salaires majorés qu'au chômage.
16:23Encore un mot, Patrick Martin,
16:23sur cette mesure qui, là encore, agite le débat.
16:26Il s'avère que les retraités sont également
16:28ceux qui votent, en grande majorité.
16:30Est-ce que vous pensez que les gouvernants,
16:32dans le cas d'Espèce,
16:33le gouvernement de François Bayrou,
16:35osera aller prendre une mesure
16:38qui sera défavorable aux retraités ?
16:39Je ne me livre pas à ce type de pronostics
16:41et moi, je ne suis pas en campagne électorale.
16:43Donc, ça n'est pas mon propos.
16:45Moi, je regarde la situation générale du pays,
16:47des finances publiques,
16:48de la dynamique économique.
16:49Les finances publiques sont dégradées,
16:50la dynamique économique est insuffisante.
16:52À la fin des fins, je me répète,
16:54à 60%, notre protection sociale
16:57est financée par les entreprises
16:58et leurs salariés.
17:00Donc, si on n'est pas à contribution
17:02d'autres agents économiques,
17:05ça tombera sur qui ?
17:06Sur les entreprises et sur leurs salariés.
17:09Et ça, vous y êtes opposé ?
17:11Résolument opposé.
17:12Et d'ailleurs, j'entends avec beaucoup d'intérêt
17:14ce que disent les ministres Lombard,
17:16Montchalin, Mignola,
17:17encore dans la presse dominicale.
17:20Je les crois.
17:21Ils ont dit qu'il n'y aurait pas
17:22d'augmentation d'impôts pour tout le monde,
17:24donc pas pour les entreprises.
17:25Même si, quand on supprime des niches fiscales,
17:27ça veut dire qu'on augmente les impôts, non ?
17:29Moi, je crois ce que disent les ministres
17:31pour les entreprises.
17:33Donc, on verra si les propos sont suivis d'actes.
17:37Vous êtes bien optimiste.
17:37Un dernier mot, je me souviens de ce titre
17:40d'une chronique, d'une analyse
17:41de notre conseiller Claire Gatinois
17:42dans les colonnes du Monde,
17:43qui s'interrogeait sur la possibilité,
17:46à la tête de la France, d'un PDG.
17:48Il faut un PDG pour la France,
17:49en vue de 2027.
17:51Vous, qui êtes le patron des patrons,
17:51est-ce que c'est une solution d'avoir
17:54un chef d'entreprise à la tête du pays ?
17:58Pas nécessairement, parce que c'est un autre monde.
18:00Michel-Édouard Leclerc...
18:01Non, non, non.
18:03En revanche, il faut que la voix des entreprises...
18:05Vous n'avez pas l'air très emballé
18:05par Michel-Édouard Leclerc à la tête...
18:07Non, j'ai une excellente relation
18:08avec Michel-Édouard Leclerc,
18:09qui fait très bien son job, si vous me permettez.
18:11Mais je crois qu'il faut que les entreprises
18:13soient beaucoup plus entendues en France
18:16par les politiques, comme elles le sont
18:18dans d'autres pays, et ça marche très bien.
18:20Y compris au sein de l'Union Européenne,
18:21en Pologne, en Italie, en Espagne, au Portugal.
18:25Je rêve que la France ait les mêmes performances
18:27que ces pays qui sont dans l'Union Européenne.
18:30Sauf que quand un ancien chef d'entreprise
18:31arrive aux États-Unis, là, c'est un peu moins réussi.
18:34Est-ce que c'est encore un chef d'entreprise ?
18:36En tout cas, ça l'a été.
18:37Oui.
18:37Merci Patrick Martin.
18:38Et on voit le résultat.
18:39Et on voit le résultat, patron du MEDEP.
18:41Merci d'être venu nous voir ce soir
18:42dans Tout le monde veut savoir.
18:43Sous-titrage ST' 501.