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Patrick Martin, président du Medef était l’invité du "8h30 franceinfo", le 15 avril 2025.

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Transcription
00:00Bonjour Patrick Martin. Bonjour. Bonjour.
00:03François Balleroux ce matin tient sa grande conférence sur les finances publiques et le gouvernement a déjà annoncé la couleur.
00:08Il va falloir trouver au moins 40 milliards d'économies pour atteindre un déficit à 4,6% l'année prochaine.
00:14Nous sommes en état d'urgence économique, dit le ministre Éric Lombard. Est-ce que vous utilisez les mêmes mots ?
00:21On est en tout cas en situation d'urgence budgétaire.
00:25Pour bien imager les choses, à partir du 28 août, l'État n'a plus de quoi payer ses dépenses.
00:29C'est comme si un ménage, à partir du 20 du mois, malheureusement ça arrive à certains, n'avait pas de quoi payer son train de vie.
00:35Donc tout est dit, on doit emprunter 270 milliards cette année et nos créanciers commencent à nous regarder d'un air soupçonneux.
00:42Donc il a raison le Premier ministre de tirer le signal d'alarme, à vrai dire ça fait 20 ans que ça dure et que ça empire.
00:48Donc il a raison. Urgence économique, je suis un peu plus mesuré, même si on a des indicateurs conjoncturels qui commencent à être assez préoccupants.
00:54Urgence budgétaire, donc grande conférence ce matin. L'AMF, l'Association des maires de France, a décidé de boycotter la conférence tout à l'heure.
01:01Elle dénonce une énième séquence de communication. Ça se comprend ou alors c'est irresponsable ?
01:07Je ne vais pas commenter les décisions de l'AMF. Tout ce qui va dans le sens de l'explication de la pédagogie, comme on dit, pour bien éclairer le débat public, pour bien éclairer nos concitoyens aussi.
01:18Parce que beaucoup d'entre eux ne sont pas conscients encore de cette situation. Quand vous avez 57% des Français qui touchent plus de prestations qu'ils ne cotisent,
01:25ou 55% des Français qui ne payent pas d'impôts sur les sociétés, on les entretient dans l'idée qu'il y a une gratuité et qu'il n'y a pas de problème de finances.
01:31Il y a un énorme problème de finances qui peut précipiter la France vers des horizons très dangereux.
01:37Mais ça veut dire que tout le monde doit faire des efforts, collectivités locales comprises ?
01:42Les collectivités locales, très certainement. Si on regarde le budget 2025, l'État lui-même a fait des efforts.
01:47Les services de santé, beaucoup moins. On a une dérive des dépenses de santé qui est extrêmement préoccupante.
01:54Et puis les collectivités locales elles-mêmes, qui par ailleurs augmentent leur fiscalité sur les entreprises en particulier,
02:00n'ont pas fait les mêmes efforts que l'État.
02:03Précisément, les impôts, vous étiez hier au Conseil des entreprises à Bercy, à la table du ministre de l'Économie.
02:1140 milliards d'économies sans toucher aux impôts, c'est la ligne du gouvernement.
02:15Il vous l'a répété, il vous l'a garantie ?
02:18Il nous l'a répété, mais avec toujours cette ambiguïté sémantique à Bercy.
02:22C'est-à-dire que si on vous supprime des aides, ce n'est pas une augmentation d'impôts.
02:25Donc on est très méfiant, et moi je l'ai dit au ministre de l'Économie et des Finances.
02:29Et puis que voulez-vous, 40 milliards d'euros, c'est beaucoup, mais on a 1 700 milliards de dépenses publiques.
02:34Donc, accabler encore plus les entreprises qui, je le rappelle, cette année supportent 13 milliards d'euros de prélèvements supplémentaires,
02:41alors qu'on a des vrais problèmes de compétitivité et que nos entreprises sont les plus taxées au monde,
02:46malgré les aides, supposées aides qu'elles reçoivent.
02:49Moi, j'ai clairement dit à Éric Lombard qu'il n'était pas question de surcharger encore les entreprises.
02:54Alors, ce n'est pas des supposées aides, elles existent vraiment, les aides accordées aux entreprises,
02:58et c'est plusieurs dizaines de milliards, entre 80 milliards et 157 milliards.
03:02Vous refusez déjà tout effort sur ces aides.
03:05Les syndicats, eux, demandent par exemple qu'elles soient conditionnées du l'ampleur des aides.
03:10Moi, les mots ont un sens.
03:13Ce ne sont pas des aides, ce sont des compensations.
03:15Net de ces compensations, nos entreprises supportent les prélèvements obligatoires les plus élevés au monde.
03:20Alors après, il ne faut pas s'étonner qu'on ait une croissance molle, qu'on ait un déficit commercial,
03:25qu'on ne soit pas compétitif et qu'on ne puisse pas augmenter les salaires.
03:28Donc, je m'insurge contre l'abus de ce terme d'aide.
03:31Mais vous refusez tout effort sur ce volet-là ?
03:34Mais les entreprises ont des efforts tous les jours.
03:37Il ne vous a pas échappé qu'on a un marché de l'emploi qui est en train de se retourner,
03:40qu'on a un niveau d'investissement qui est en baisse et qui est largement insuffisant,
03:44et qu'on a 80 milliards de déficit commercial.
03:47Donc, on ne peut pas vouloir tout et le contraire de tout.
03:49On ne peut pas demander aux entreprises, qui le font déjà beaucoup,
03:51d'embaucher, d'augmenter les salaires, d'être compétitives,
03:54et d'un autre côté, accabler encore ces entreprises, alourdir encore leur sac.
03:58C'est un principe de réalité. Il faut un minimum de cohérence intellectuelle.
04:02Si tout le monde doit faire des efforts, vous, les entreprises, sur quoi vous pouvez bouger ?
04:05On le sait, il y a un nombre de niches fiscales incalculables.
04:09Le crédit impôt recherche, par exemple, s'il était remis en cause demain,
04:12vous diriez quoi ? C'est normal ? On doit faire notre part d'effort ?
04:16Je me répète, pardon, je pense qu'on fait déjà très largement notre part d'effort.
04:19Non, mais d'accord, mais dans ce contexte économique qui est quand même exceptionnel...
04:22Non, mais alors, il y a des gisements d'économies ailleurs que sur le dos des entreprises,
04:26donc sur le dos des salariés et de la croissance.
04:28Enfin, il faut quand même que je martèle cet argument.
04:30Donc, si on veut pénaliser le pays, continuons à accabler les entreprises.
04:33Prenons le cas de la santé.
04:35La Cour des comptes elle-même a chiffré à 20 milliards d'euros par an les économies possibles
04:40sans mettre le pays à feu et à sang et sans dégrader la qualité des prestations.
04:44Donc, allons chercher l'argent où il existe.

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