Aline Crépin, Présidente du Laboratoire de l’Égalité, Vanessa Girardet, Associée Audit et Leader Parité chez Deloitte France, et Nathalie Pilhes, Présidente de 2GAP, analysent les freins persistants à la parité et les leviers pour faire bouger les lignes, dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité, tourné au MEDEF le 25 mars.
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00:00On a beaucoup parlé du cadre législatif depuis ce matin.
00:08Il y a 14 ans, à la naissance de la loi Coppies-Zimmermann,
00:11on disait que le plafond de verre allait sauter pour les femmes.
00:14Petit tour de table. Où est-ce qu'on en est, selon vous ?
00:17Vanessa, allez-y.
00:18Allez, je commence.
00:20Il y a eu beaucoup d'évolutions, on l'a dit à plusieurs reprises ce matin.
00:25Tout n'est pas gagné et il ne faut pas lâcher l'affaire.
00:31Peut-être nous, juste pour donner un petit aperçu au niveau mondial
00:36de comment la France se positionne,
00:37parce que nous, chez Deloitte, on a mené une étude dans 50 pays
00:42sur 18 000 entreprises.
00:45Et on se rend compte qu'en fait,
00:47quand les pays ont des obligations gouvernementales du style les quotas,
00:55eh bien, ça se passe beaucoup mieux au niveau de la féminisation
00:58des instances de gouvernance.
00:59Et ça, c'est factuel.
01:02Aline, vous partagez le même avis ?
01:04Oui, alors je pense que le plafond de verre, il remonte progressivement.
01:09Donc on a réussi à faire sauter les premiers plafonds
01:13sur les managers de proximité, les premiers niveaux, les deuxièmes niveaux.
01:17Après, ça continue à être compliqué.
01:20Et puis on en reparlera peut-être tout à l'heure.
01:22C'est compliqué aussi quand on a dépassé le plafond de verre,
01:26quand on l'a cassé avec un peu de mal.
01:29On a du mal à...
01:31Quand on ramasse les morceaux de verre, on se coupe un peu avec.
01:34Et ça, c'est un des sujets qu'on travaille avec le laboratoire de l'égalité.
01:39On va en reparler un peu plus tard.
01:40Nathalie, premier tour d'horizon ?
01:41Premier tour d'horizon, c'est qu'effectivement,
01:43le cadre législatif permet de faire remonter le plafond de verre.
01:48En fait, on ne le brise pas.
01:49On ne l'a toujours pas brisé.
01:50On a rehaussé le niveau.
01:52Et on le voit notamment dans le secteur public.
01:54Marie-Pierre Rixin donnait tout à l'heure des chiffres
01:56sur la place des femmes, la féminisation,
01:59dans les directions de cabinet et adjointes de direction de cabinet.
02:02Mais quand on regarde plus précisément sur ce chiffre-là,
02:04elle disait 70% sont des hommes.
02:06Mais aujourd'hui, la direction des cabinets ministériels
02:10de plein exercice, c'est 94% d'hommes dans le haut du panier.
02:15Et donc, on est encore vraiment dans un très grand déséquilibre
02:20femmes-hommes dans la gouvernance publique.
02:23Et ce qu'on voit surtout, c'est que les femmes sont proches du pouvoir,
02:26mais elles ne sont pas au cœur du pouvoir.
02:28Et on en est encore là.
02:29Alors, Vanessa Gérardet, vous avez identifié ces fameux obstacles.
02:33Quels sont-ils ?
02:34Est-ce qu'il y a beaucoup de biais inconscients ?
02:37Alors, je dirais que les obstacles sont de deux natures.
02:41Il y a des freins internes, internes aux femmes.
02:44Alors, on en a également un petit peu parlé ce matin.
02:49Le sentiment d'imposture, on n'a pas trop évoqué,
02:53mais il est bien là.
02:54Le manque de confiance en soi.
02:57Il y a quand même des éléments qui,
02:59sans rentrer dans des biais de genre trop typés,
03:04il faut effectivement que les femmes s'affranchissent
03:08de certaines contraintes,
03:11probablement liées à cette société patriarcale.
03:15Le mot a été évoqué également ce matin.
03:19Donc ça, j'allais dire que tout ça,
03:21ça représente les freins internes aux talents féminins.
03:24Et puis, il y a des freins externes.
03:28Et là, je pense en particulier dans nos entreprises,
03:32on est encore quelques fois confrontés
03:35à des situations de sexisme dit ordinaire.
03:38Alors moi, je n'aime pas du tout le sexisme ordinaire
03:40parce qu'il n'y a pas de sexisme ordinaire.
03:42Il y a du sexisme qu'on dit ordinaire,
03:43mais il n'est pas ordinaire.
03:45Et ça, ça existe quand même.
03:48Et puis, moi, ce qui m'interpelle
03:53et ce qui m'intéresse aussi,
03:54c'est la parentalité pour les femmes
03:58puisque une femme, en général,
04:02fait les enfants entre 30 et 40 ans.
04:04Et pas de peau, pardon pour l'expression,
04:08mais c'est à ce moment-là de la carrière
04:10que la trajectoire évolue de la manière la plus significative.
04:16Et donc, c'est deux phénomènes qui ne...
04:19Enfin, c'est un rapport au temps
04:20qu'on devrait pouvoir changer pour la carrière des femmes.
04:25Alors, on va s'arrêter sur ce problème de la maternité,
04:28si vous le voulez bien.
04:30Aline, je voudrais bien avoir votre avis sur le sujet.
04:32Est-ce qu'il n'y a que la pénalité de la maternité
04:34qui est un sujet tout au long de la carrière des femmes
04:37ou il y a d'autres moments qui sont cruciaux également ?
04:40Non, malheureusement, il n'y a pas que la maternité.
04:43Alors, la maternité, effectivement, c'est une période clé
04:45où on va avoir les débuts de progression hiérarchique.
04:51Mais après, il faut avoir en tête
04:53qu'au-delà de toute la charge mentale
04:56que vont porter les femmes
04:57tout au long de leur carrière,
05:00puisque une fois que les enfants sont faits,
05:03effectivement, on ne perd pas ses neurones,
05:05mais on perd un peu de temps quand même.
05:07et surtout parce que les tâches ménagères
05:11sont mal réparties entre les femmes et les hommes encore.
05:13Et puis, il y a en fin de carrière
05:15souvent la question de l'aidance
05:18qui peut arriver plus tôt aussi qu'en fin de carrière.
05:21Mais en tout cas, c'est souvent les femmes
05:23qui portent aussi le sujet de leurs parents âgés
05:26et de la dépendance.
05:27Donc, en fait, à tous les...
05:28Ça, c'est autour de 50 ans à peu près, ce que vous disiez.
05:30Oui, absolument.
05:31Et donc, à toutes les périodes, en fait,
05:35de, justement, de promotion,
05:38puisque c'est aussi un moment
05:39où on va pouvoir justement atteindre
05:41des niveaux les plus hauts des entreprises,
05:44autour de 45, 40, entre 40 et 50 ans,
05:47c'est le moment aussi
05:48où elles vont devoir aussi s'occuper de leurs parents âgés,
05:51puisque là encore, ça reporte en particulier sur les femmes.
05:54Nathalie, je reviens sur ce sujet de la maternité
05:57qui est récurrent depuis des années,
06:00depuis la nuit des temps.
06:02Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à le dépasser, selon vous,
06:06et à trouver des solutions,
06:07à dépasser cet obstacle ?
06:09Je crois qu'on ne le veut pas, tout simplement.
06:11C'est une question de volonté,
06:12parce que c'est quand même assez évident
06:15que dans tous les organismes professionnels,
06:18dans le monde du travail en général,
06:2095% des femmes que vous avez dans une entreprise
06:23ou dans des administrations,
06:25elles auront à un moment ou à un autre
06:27un congé très court, d'ailleurs,
06:30parce que le congé maternité,
06:31en fait, on ne le voit jamais dans un CV,
06:32donc ce n'est pas la peine de se faire
06:35toutes des nœuds au cerveau pour ça.
06:37Donc ça n'intervient pas dans un CV.
06:40En revanche, ça intervient tout le temps
06:41dans le déroulement de la carrière
06:43et dans le fait que ce soit pris en compte ou pas.
06:46Donc moi, ce que je trouve absolument invraisemblable,
06:49c'est que le fait d'avoir des enfants,
06:50eh bien, c'est systémique.
06:52Toute la société a des enfants.
06:55Et donc, toutes les entreprises
06:56et toutes les administrations
06:57doivent s'organiser en fonction de cela.
07:00Or, ce qu'on remarque,
07:01et c'est l'éléphant au milieu de la pièce,
07:03pour moi, c'est un troupeau d'éléphants
07:04au milieu de la pièce,
07:05c'est qu'à chaque fois qu'une femme
07:06est en congé maternité
07:08dans une organisation de travail,
07:09c'est du bricolage.
07:10C'est du bricolage permanent,
07:12c'est-à-dire que c'est à elle
07:13de s'organiser avec son collègue,
07:15c'est son N plus 1 qui est bien embêté,
07:17surtout quand l'équipe est un peu réduite,
07:19qui récupère la charge de travail, etc.
07:21C'est-à-dire que l'employeur
07:22ne considère pas que ce sujet
07:24est totalement systémique
07:26à l'organisation de travail.
07:28Et donc, il va bien falloir
07:29qu'on y vienne.
07:30Ce n'est pas un sujet périphérique,
07:32ça intervient absolument tout le temps
07:33dans tous les lieux de travail.
07:35Donc, aujourd'hui,
07:36on a quand même quelques employeurs
07:38et avec des bonnes pratiques
07:39dans certains, notamment,
07:41moi, je viens de l'administration,
07:42donc je le vois bien dans un ministère.
07:44Un ministère, c'est l'équivalent
07:45d'une très grosse entreprise.
07:46Donc, les grosses entreprises,
07:48elles sont en capacité
07:49de prendre ce sujet
07:51de façon systémique
07:52et pas de faire du bricolage
07:54en permanence.
07:56Alors, Vanessa, vous,
07:57vous travaillez chez Deloitte France
07:58sur comment dépasser, justement,
08:02ces obstacles.
08:03Quels sont les premiers éléments
08:05que vous pouvez nous livrer ?
08:07Alors, chez Deloitte,
08:08on considère vraiment
08:10que la parité,
08:11c'est un enjeu stratégique.
08:13C'est un de nos trois
08:14piliers stratégiques
08:15de développement.
08:18Et donc, on a mis en place,
08:19du coup,
08:21un certain nombre d'actions
08:22pour permettre
08:24de répondre
08:25à cet enjeu stratégique.
08:29Déjà, peut-être pour dire
08:30que c'est le tone at the top.
08:32Donc, c'est notre CEO,
08:35notre président,
08:35qui est très engagé
08:37sur le sujet
08:38et qui donne, du coup,
08:40la tonalité
08:42à ce sujet-là.
08:44Et donc,
08:45on a déployé
08:46de manière très, très opérationnelle
08:47parce qu'on croit
08:48à des actions concrètes,
08:50en fait,
08:50à la mise en place
08:51d'actions concrètes
08:52au suivi
08:53d'éléments de KPI,
08:56donc d'éléments
08:56de performance.
08:58On a déployé, donc,
09:00trois piliers
09:01pour essayer de...
09:02Enfin, pour faire avancer
09:03ce sujet de la parité.
09:06Le premier pilier
09:07qu'on a appelé
09:08responsabiliser les décideurs.
09:10Donc là, c'est vraiment
09:10de faire prendre conscience
09:12aux responsables
09:13de métiers
09:14chez nous,
09:14chez Deloitte,
09:16de l'importance
09:17de la parité
09:18à tous les niveaux
09:19de notre structure,
09:21sachant que chez nous,
09:22on recrute
09:23en moyenne 50-50
09:25dans les postes
09:26de junior.
09:27Et puis après,
09:28plus on monte
09:29dans la structure,
09:32c'est un peu comme
09:32l'oxygène en montagne,
09:34plus les femmes
09:35s'arrêtent.
09:36Et on arrive...
09:36Alors, on arrive
09:39à être conformes
09:39à la Loire-X1,
09:40on sera à 30%
09:41de femmes cadres dirigeantes,
09:43mais voilà,
09:44c'est tout un travail
09:45quand même derrière.
09:46Donc ça,
09:46c'est notre premier pilier.
09:48On a un deuxième pilier
09:49qui est d'accompagner
09:50les trajectoires
09:51de nos talents féminins.
09:53Donc là,
09:53on a mis en place
09:55un certain nombre
09:56de programmes
09:57d'accompagnement,
09:59de mentoring
09:59à partir du grade
10:02de manager
10:03chez nous.
10:03Donc c'est à partir
10:04de 30-32 ans,
10:06manager,
10:06senior manager,
10:07directrice,
10:08pour justement
10:09les encourager
10:10à construire
10:12leur carrière
10:14chez Deloitte.
10:15Et quel retour
10:16est-ce que vous avez
10:16des femmes,
10:17justement,
10:17qui suivent
10:18tous ces programmes ?
10:19Alors,
10:19les retours
10:20sont excellents
10:21parce que déjà,
10:23elles apprécient
10:24énormément
10:25d'avoir
10:26des moments
10:27confidentiels,
10:29entre guillemets,
10:30entre femmes
10:32pour se partager
10:33finalement
10:34peut-être
10:35des situations,
10:37des challenges
10:38qu'elles n'auraient
10:40pas forcément
10:40envie de partager
10:41lors de réunions
10:43non mixtes.
10:44Donc là,
10:44c'est vraiment
10:44lors de réunions mixtes,
10:46pardon.
10:46Donc là,
10:46c'est vraiment
10:47une non-mixité choisie
10:49et appréciée
10:50par nos talents
10:51féminins.
10:52Après,
10:52ce qu'elles apprécient,
10:53les retours
10:54sont très positifs
10:55aussi parce que
10:56on essaye
10:57de déployer
10:59des rôles modèles
11:00chez nous,
11:01donc de transmettre
11:03via des talents
11:05féminins
11:05phares chez nous
11:07les réussites,
11:10mais aussi
11:11les freins,
11:12les obstacles
11:12pour dire
11:13finalement,
11:14c'est possible.
11:15Alors,
11:15c'est pas toujours
11:15la vie n'est pas
11:16toujours rose
11:16tous les jours,
11:18mais c'est
11:18tout à fait
11:19possible
11:20de mener
11:20de front
11:21tout ça.
11:22Merci beaucoup
11:23Vanessa.
11:24Nathalie,
11:25Vanessa parle
11:25quelque part
11:26des réseaux,
11:27vous mettez
11:27les réseaux
11:28en interconnexion,
11:29qu'ils soient
11:30privés
11:30ou publics.
11:31À quoi est-ce
11:32qu'ils servent
11:32ces réseaux
11:33et pourquoi
11:33est-ce qu'il faut
11:34créer cette passerelle
11:35entre public
11:35et privé ?
11:37Alors,
11:37Tougap,
11:38c'est un collectif
11:39de réseaux
11:39professionnels
11:40féminins
11:41et mixtes
11:41qui articulent
11:44les réseaux
11:44féminins
11:45du public
11:45et du privé.
11:46Alors là,
11:47aujourd'hui,
11:47on a plus de 90 réseaux,
11:49ça augmente
11:50beaucoup.
11:51Alors,
11:51pourquoi ces réseaux ?
11:52Et donc,
11:53on a mis ensemble
11:54ces réseaux
11:55pour travailler
11:55sur la gouvernance,
11:57spécifiquement,
11:57le partage
11:58de la décision,
11:59parce qu'on s'est aperçu
12:00aussi bien dans le secteur
12:01public
12:01que dans le secteur
12:02privé,
12:02qu'on travaillait
12:03sur toute une série
12:04de sujets.
12:04On avait des lois
12:05sur l'égalité
12:05professionnelle,
12:06salariale,
12:07etc.,
12:07mais rien sur
12:08l'égalité
12:09dans la gouvernance.
12:10C'est à partir de là
12:13qu'on a pu accompagner
12:14Marie-Pierre Hixin
12:15sur sa loi,
12:16puis la loi de 2023
12:17sur la gouvernance
12:18dans la fonction publique.
12:20Alors,
12:20à quoi servent ces réseaux ?
12:22Je reprendrai
12:23ce que disait
12:23Nathalie Collin
12:24tout à l'heure,
12:25c'est
12:26nos droits
12:27n'ont jamais été
12:28autant menacés,
12:29nous avons besoin
12:30de patronnes.
12:31Et j'ai trouvé
12:31très intéressant
12:32que ces deux phrases,
12:34l'une s'adressait
12:35aux institutions publiques
12:37et l'autre
12:38s'adressait
12:39aux entreprises
12:41d'une certaine façon.
12:42Et elle faisait
12:43le lien direct
12:44en fait
12:44entre le public
12:46et le privé.
12:46Pourquoi est-ce
12:47qu'on a choisi
12:48de rassembler
12:50les réseaux professionnels
12:51féminins
12:51du public
12:52et du privé ?
12:53Parce qu'on travaille
12:54dans des univers
12:55complètement différents,
12:56on a toutes des expertises
12:58là où nous sommes,
12:59dans le public
13:00comme dans le privé,
13:01mais si on veut
13:02démultiplier l'impact
13:04du travail
13:05de ces réseaux,
13:06il faut articuler
13:07le public et le privé.
13:08C'est-à-dire que
13:08tout ce qu'on voit
13:08dans le secteur privé,
13:10si on veut très rapidement
13:12le décliner
13:13en éléments législatifs
13:15ou réglementaires,
13:16nous, dans le public,
13:17on sait rédiger
13:18des projets de loi,
13:19on sait rédiger
13:20la mise en œuvre
13:21de politiques publiques,
13:23etc.
13:23Donc, au sein
13:24de nos réseaux
13:24et au sein
13:25de notre think tank,
13:26en fait,
13:27on propose,
13:28à partir de ce qui vient
13:29des réseaux du secteur privé,
13:30un certain nombre
13:31de choses
13:31au pouvoir public
13:32que nous,
13:33on sait mettre en œuvre
13:34puisqu'on est dedans,
13:35on est à l'intérieur.
13:36Et c'est comme ça
13:36que très rapidement,
13:37on a pu aider
13:38Marie-Pierre Hixson
13:39dans sa loi
13:39et que la loi de 2023
13:41sur l'égalité
13:42dans la gouvernance
13:43d'un secteur public,
13:44on l'a quasiment rédigée
13:45complètement.
13:46Donc,
13:46c'est à ça que serve
13:47cette articulation
13:48entre les réseaux
13:49du public et du privé.
13:51Aline,
13:51je voudrais qu'on aille
13:52un peu plus loin
13:52puisqu'on parle
13:53du plafond de verre,
13:54quid du plafond de verre
13:55pour les femmes de couleur,
13:58les femmes handicapées,
13:59LGBT,
14:00c'est un peu
14:00la double peine.
14:01Comment est-ce qu'il a évolué
14:02selon vous ?
14:03Est-ce qu'il sera encore plus dur
14:05à percer ?
14:06Alors,
14:06je pense qu'on a encore
14:07beaucoup de progrès à faire
14:09et c'est vrai
14:10que le contexte international
14:12ne nous aide pas
14:13puisqu'effectivement,
14:15tous les programmes
14:16de diversité
14:17d'une manière générale
14:18et qui adressaient
14:20la question
14:21de l'intersectionnalité
14:22sont aujourd'hui
14:24un petit peu
14:25dans la tourmente.
14:26Alors,
14:26c'est bien sûr
14:27outre-Atlantique
14:28mais malheureusement,
14:30ça infuse aussi
14:31de l'autre côté
14:32de l'Atlantique
14:34et là,
14:36pour le coup,
14:36je pense qu'effectivement
14:37de tout temps,
14:38on a déjà du mal
14:40effectivement
14:41à briser le plafond de verre
14:42en tant que femme
14:42et on a encore plus de mal
14:46en tant que femme de couleur
14:47ou femme porteuse
14:48de handicap
14:49ou de maladie
14:51comme le disait
14:51précédemment Emmanuel.
14:53je pense que là encore,
14:57parce qu'on va faire
15:00un petit peu
15:00comme on a fait
15:02au tout début
15:03de la loi sur le handicap,
15:04il fallait avoir
15:05absolument le quota
15:06donc on prenait
15:07des gens
15:07qui cumulaient
15:08énormément de handicap
15:09et pas forcément
15:10pour le...
15:13C'était vraiment
15:14pour l'exemple en fait
15:15et pour dire
15:15vous voyez,
15:16nous,
15:16on est capable
15:16de faire des choses
15:17formidables.
15:19Sur le long terme,
15:20c'est pas forcément
15:21la chose à faire
15:21et là pour le coup,
15:23on va avoir aussi
15:24ce sujet de dire
15:25alors il faudrait pouvoir
15:27cumuler l'ensemble
15:28des sujets
15:29mais sur une femme
15:32parmi dix hommes
15:33alors que peut-être
15:35que justement
15:36en ayant
15:37cinq femmes,
15:38cinq hommes,
15:39là on peut ouvrir
15:40de façon beaucoup plus large
15:41à toutes les sortes
15:43de diversité.
15:44Vanessa Gérardet,
15:45vous nous avez parlé
15:46des obstacles tout à l'heure.
15:47Est-ce que vous voyez
15:47de nouveaux obstacles
15:49poindre le bout
15:50de leur nez
15:50une inquiétude
15:53du côté des Etats-Unis ?
15:54Quels sont les nouveaux obstacles
15:55qui vont se présenter
15:56pour les femmes
15:56selon vous ?
15:58Alors oui,
15:59inquiétude du côté
16:00du contexte international,
16:02ça c'est évident.
16:03Après,
16:04on a quand même
16:05en France
16:06et en Europe
16:06notre arsenal
16:08juridique,
16:10législatif
16:10qui nous sert
16:12de garde-fou
16:13et qui,
16:14je l'espère,
16:15en tout cas moi
16:15je suis assez optimiste
16:16sur le sujet,
16:17va nous permettre
16:18de continuer
16:19à progresser
16:20sur ce sujet.
16:20les nouveaux obstacles,
16:23je pense également
16:25au sujet du numérique,
16:27l'intelligence artificielle,
16:28où là,
16:30il y a des études
16:30qui ont été menées
16:31et qui montrent
16:32que les femmes
16:33seront plus impactées
16:35encore que les hommes
16:36avec l'apparition
16:38de toutes ces nouvelles technologies,
16:44en particulier
16:45dans les postes
16:45d'administration.
16:46donc des obstacles
16:48il y en a
16:49mais je pense
16:49qu'il y a encore
16:53plein de grandes actions
16:54à mener
16:54et je suis très optimiste
16:56sur le sujet.
16:57Nathalie,
16:58c'est quoi le next step
17:00pour briser ces obstacles,
17:02lever les dernières résistances,
17:04est-ce que c'est la place
17:05et la formation des hommes,
17:07on va en parler
17:07dans une table ronde
17:08avec des hommes tout à l'heure,
17:10comment est-ce qu'on peut y arriver
17:11et je dirais
17:12sans agressivité
17:13selon vous ?
17:14Alors je vais vous répondre
17:16en faisant le lien
17:17avec ce que vous venez
17:17de dire.
17:20Moi je pense
17:20que je suis un peu
17:22moins optimiste que vous,
17:24c'est que je pense
17:25que les obstacles
17:26et les freins
17:27sont toujours les mêmes
17:28et que ce qui est
17:29à l'oeuvre aujourd'hui
17:31c'est une résistance
17:32de tout temps
17:33à partager le pouvoir
17:35et donc aujourd'hui
17:36on voit depuis
17:37un certain nombre d'années
17:38c'est pour ça
17:39qu'on a élaboré des lois,
17:42c'est précisément
17:42parce que naturellement
17:44on ne partage pas le pouvoir
17:45et donc on met en place
17:47des lois
17:47et on s'est battus
17:48et on sait à quel point
17:49c'est extrêmement difficile
17:50en réalité
17:50de les mettre en oeuvre
17:51ces lois
17:51et donc là
17:53ce qu'on observe
17:53c'est cette résistance
17:55et cette légitimité
17:56maintenant
17:56à résister encore plus
17:57qu'avant.
17:59Alors le next step,
18:00qui résiste ?
18:01Ce ne sont pas les femmes,
18:02ce sont les hommes.
18:03Donc effectivement
18:04moi je pense que le sujet
18:06il faut arrêter de dire
18:07que les femmes doivent être formées,
18:08il y a un moment
18:08où c'est bon,
18:09elles sont formées,
18:10ça y est,
18:10c'est un bon moment
18:11qu'elles sont formées,
18:12elles sont là en plus
18:13donc voilà.
18:14Pourquoi ça résiste ?
18:15Parce qu'il y a plusieurs sujets
18:17en fait.
18:18Les hommes résistent.
18:19Ils résistent
18:19parce que probablement
18:20ils n'ont pas conscience
18:22d'un certain nombre de choses.
18:24Nous on travaille
18:24depuis très longtemps
18:25sur ces sujets-là
18:26donc on a un degré d'avance
18:28je dirais
18:28dans la réflexion.
18:29Donc probablement
18:30ils n'ont pas conscience
18:30qu'en fait
18:31ils sont bénéficiaires
18:32de l'égalité femmes-hommes.
18:34Ce que disait tout à l'heure
18:35quelqu'un sur,
18:37je crois que c'est Marie-Pierre
18:37sur le discours de Love Palme,
18:39c'est les hommes
18:40ne réalisent pas
18:41à quel point
18:41c'est un bénéfice
18:43pour eux
18:43de partager le pouvoir.
18:44Donc là il y a
18:44ce type de formation
18:45qui devrait avoir lieu.
18:47Ensuite sur les stéréotypes
18:48au-delà d'entre-soi etc.
18:49Et puis il y a aussi
18:51travailler sur les peurs
18:52parce que c'est une peur
18:54en fait
18:54de ne pas vouloir
18:55partager le pouvoir.
18:56Alors quel type de peur ?
18:58Alors il peut y avoir
18:58ce qu'on appelle
18:59la crise de l'homme médiocre.
19:01Il y a des études là-dessus.
19:02C'est l'homme médiocre
19:04qui a peur
19:05d'avoir sa place
19:06prise par une femme.
19:06Bah oui ça augmente
19:07la confiance.
19:07Oui parce que les hommes
19:10qui sont bons
19:12et bien les 50%
19:13les bons
19:14ils seront toujours là.
19:15Donc ceux qui ont peur
19:16ce sont les autres.
19:17Donc il faut
19:18c'est une réalité.
19:20Les femmes ne demandent pas
19:21100% des postes.
19:22Elles ne demandent que 50%.
19:23Donc les 50% des hommes
19:25il n'y a pas de souci.
19:26Donc il y a
19:26cette résistance
19:28à la concurrence.
19:29Et puis il y a aussi
19:31des positionnements
19:32que moi je trouve
19:33qui sont de plus en plus puissants.
19:35c'est vraiment
19:37un positionnement idéologique.
19:39C'est-à-dire
19:39qu'il y a
19:40des stéréotypes
19:41assumés
19:42sur la place
19:43des femmes
19:43et des hommes
19:44dans le monde social.
19:46Et ça c'est ce qui est
19:47à l'oeuvre aujourd'hui.
19:48Et on parlait tout à l'heure
19:49du numérique
19:49et là où c'est très dangereux
19:51c'est qu'on voit bien
19:52sur tous les réseaux sociaux
19:54et notamment
19:55les réseaux sociaux
19:55aujourd'hui
19:56qui sont une source
19:57majeure d'informations
19:57qui avec les algorithmes
19:59nous enferment
20:00dans une certaine vision
20:01du monde
20:01et dans une certaine vision
20:02de la place des femmes
20:03et des hommes.
20:04Et donc
20:04le next step
20:05je pense que c'est
20:06précisément
20:07travailler sur
20:09cette vision du monde
20:10qu'ont les hommes
20:12et donc travailler
20:13auprès des hommes.
20:15Aline, je veux bien
20:15une réaction de votre part
20:16à cette vision
20:17du monde
20:18qu'ont les hommes
20:19et une question
20:20corrélée
20:21en guise de conclusion
20:22puisque cette table ronde
20:23touche à sa fin.
20:25Une fois ce fameux
20:26plafond de verre
20:27transpercé
20:28puisque c'était le sujet
20:29de cette table ronde
20:30certaines femmes
20:31font face
20:32un autre effet
20:33moins connu
20:34qui s'appelle
20:34l'effet
20:35falaise de verre
20:36que vous connaissez bien
20:37Nathalie.
20:38C'est un terme
20:38qui est employé
20:39par les psychologues
20:40anglo-saxons
20:41qui est sans doute
20:44assez pernicieux.
20:45Il s'agit de l'arrivée
20:46de femmes
20:47dans les hautes sphères
20:48qui se trouvent
20:49quelque part
20:49un peu prises au piège
20:51et je pense
20:52à Agnès Buzyn
20:52notamment
20:53qui a été parachutée
20:54au moment
20:54de la mairie de Paris
20:56ou à Isabelle Cochet
20:57qui a été
20:58pendant quelques mois
20:59quelques années
21:00patronne d'ENGIE
21:01et qui sont un petit peu
21:02prises
21:03dans un piège.
21:05Est-ce que c'est un effet
21:07qui est beaucoup plus
21:08permissieux
21:09selon vous
21:10que le plafond de verre ?
21:13Alors je pense
21:13qu'il y a vraiment
21:14les deux phénomènes.
21:15D'une part
21:15effectivement
21:16on envoie souvent
21:17les femmes au front
21:17quand la situation
21:18est un peu désespérée
21:19en se disant
21:20à la limite
21:21on va gâcher
21:21le sujet
21:24mais au moins
21:25on pourra dire
21:25que c'est parce que
21:26c'était une femme
21:26et pas parce qu'on était
21:28vraiment dans une grande
21:29difficulté.
21:30Donc ça on le voit
21:31dans plein de possibilités
21:34que ça soit en politique
21:35que ça soit dans les entreprises
21:36etc.
21:38Mais je voulais
21:39revenir aussi sur ce
21:40une fois qu'on est au-dessus
21:41du plafond de verre
21:43en fait
21:43et ça c'est les travaux
21:44que mène d'ailleurs
21:45Anna Fougali
21:46qui est dans la salle
21:46c'est vraiment
21:47et on a fait des tables rondes
21:49avec des femmes
21:50justement pour essayer
21:51de comprendre
21:52qu'est-ce qu'elles vivaient
21:53une fois qu'elles avaient
21:54franchi avec tant
21:56de difficulté
21:57ce plafond
21:58qu'est-ce qui se passait
22:00et là pour le coup
22:01c'est là
22:01où c'est vraiment
22:02très important
22:03qu'on ait une parité
22:04et au moins
22:0530% de femmes
22:06dans des codires
22:07comex etc.
22:08parce que sinon
22:09elles ne sont pas
22:10considérées comme
22:11des directrices
22:12elles sont considérées
22:13comme des femmes
22:14avec une part de voix
22:16qui est inférieure
22:17et elles se traînent aussi
22:18tout ce qu'elles ont dû
22:19porter pendant leur carrière
22:21et du coup
22:23on parlait de
22:24elles se sentent pas légitimes
22:25si en fait
22:26elles se sentent légitimes
22:27mais
22:28toute la société autour
22:30leur rappelle que
22:31non
22:31elles sont un petit peu
22:32moins légitimes
22:32que les hommes
22:33donc ça c'est vraiment
22:34le sujet
22:35c'est de se dire
22:36comment on peut en avoir
22:37davantage
22:38comment on peut être
22:38effectivement plus
22:39plus en support
22:41en tant que femme
22:42sur la montée
22:43d'autres femmes
22:44et puis je voudrais
22:45juste prendre
22:46un petit point aussi
22:47sur l'intelligence artificielle
22:48parce qu'on en a
22:49on l'a évoqué
22:49là aussi
22:52avec le laboratoire
22:53de l'égalité
22:53sous la houlette
22:54de Muriel Garnier
22:55et de Hélène
22:56Dexvan Ruiz
22:57on a travaillé
22:58sur des guides
22:59des bonnes pratiques
23:00en matière
23:01d'intelligence artificielle
23:03égalitaire
23:03puisqu'effectivement
23:04les algorithmes
23:05peuvent être nuisibles
23:07mais peuvent aussi
23:08si on les éduque bien
23:09ça pourrait justement
23:11renverser la table
23:12donc il est important
23:13aussi qu'on en prenne
23:14conscience
23:15et que ce soit
23:16au moment du recrutement
23:17moi je dirige
23:19un cabinet de recrutement
23:20et d'intérim aussi
23:20donc c'est des questions
23:21qu'on se pose
23:22au quotidien
23:23au moment du recrutement
23:26comment on utilise
23:27bien les IA
23:27au moment justement
23:29de comment on va pouvoir
23:31agir sur les réseaux sociaux
23:33sur ces mis en place
23:34etc.
23:34pour contrer
23:35cette vague
23:37assez nauséabonde
23:39qu'on voit arriver
23:40et qui remet effectivement
23:42en question plein de choses
23:43mais qui doit
23:44justement nous pousser
23:46à nous mobiliser
23:47encore davantage
23:48Merci beaucoup
23:49à toutes les trois
23:50on restera sur cette note
23:51pleine d'espoir
23:52de Vanessa
23:52d'Aline un peu moins
23:54de Nathalie
23:55pour contrer cette vague nauséabonde
23:57je crois qu'on peut
23:57vous applaudir bien fort
23:58toutes les trois
23:59merci infiniment
24:00merci à vous