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Nicolas Hubert, Directeur Général de Milleis Banque Privée, et Nathalie Poll-Gouater, Head of Inclusive Culture & Social Impact France chez Michael Page, échangent sur les leviers d’engagement pour impliquer les hommes dans les politiques d’égalité, dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité, tourné au MEDEF le 25 mars.

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Transcription
00:00– Alors Nicolas, quel est votre regard sur tout ce qui a été dit jusqu'à maintenant
00:08et sur la place des femmes dans les entreprises en France
00:12et puis peut-être un peu plus spécifiquement sur les métiers de la finance
00:15puisque, je l'ai dit, vous êtes directeur général de la Banque Milléis.
00:19– Alors dans les entreprises en France, je pense que la situation est très hétérogène, très variable.
00:25Ça vient d'être dit d'un secteur à un autre, que ce soit l'industrie ou les services.
00:28On n'est pas du tout dans les mêmes situations.
00:31Le secteur de la finance, mais globalement, ça progresse.
00:34On n'y est pas, ça c'est certain, mais ça progresse.
00:37Dans le secteur de la finance, comme je le disais, qui est le secteur dans lequel j'ai fait toute ma carrière,
00:42j'allais dire, c'est un secteur qui est très large et il y a des métiers qui sont très largement paritaires.
00:49Par contre, il y a des métiers encore complètement fermés ou très largement fermés aux femmes.
00:53Typiquement, moi, j'ai passé près de 25 ans en fusion acquisition et en private equity.
00:56On parlait aussi de plafond de verre.
01:00Le plafond de verre, il arrive très, très vite et on n'y est pas encore.
01:03– Ça, c'est très important, les métiers du private equity, pour rebondir sur ce qu'on disait sur les femmes
01:08qui ont créé, qui sont fondatrices, qui arrivent à lever de l'argent, ce que disait Floriane de Saint-Pierre tout à l'heure.
01:13C'est un sujet d'inquiétude pour vous ?
01:15– Inquiétude, je ne sais pas.
01:16Il y a de très bons exemples.
01:17Là, il y a eu un exemple magnifique chez Eurasio, chez Ardian, qui sont des très gros fonds.
01:21Mais c'est loin d'être la majorité.
01:24Une fois de plus, on progresse, on n'y est pas.
01:27Moi, je suis un optimiste de nature, mais c'est un sujet sur lequel il faut être très attentif.
01:32– Nathalie, quel est votre regard sur tout ce qui a été dit jusqu'à maintenant ?
01:37Et comment est-ce que vous travaillez sur ce sujet, chez Michael Page,
01:40que ce soit à la fois avec vos clients, mais aussi avec les candidats que vous recevez ?
01:44– Et aussi nos collaboratrices, tant qu'à faire, parce qu'on est aussi un employeur.
01:48Alors, pour moi, l'égalité professionnelle, ça demande une véritable transformation culturelle
01:52et des pratiques organisationnelles qui changent.
01:56C'est-à-dire que dans les entreprises, ça implique qu'on revoit la culture d'entreprise,
02:00qu'on revoit les pratiques managériales, qu'on revoit aussi les process organisationnels.
02:05Donc ça, c'est le regard que je porte.
02:07Ensuite, chez Michael Page, effectivement, on est un acteur de l'emploi,
02:09on a un cabinet de recrutement internationalisé.
02:12Et effectivement, on a, pour moi, trois grandes parties prenantes, en fait,
02:15qui sont à la fois nos entreprises clientes, bien évidemment,
02:18nos collaboratrices et nos candidats, candidates aussi.
02:22Pour la partie client, en fait, la première chose, c'est quand même de former
02:26nos collaborateurs consultants qui recrutent, qui sont face à des entreprises
02:30qui peuvent parfois avoir des demandes ou des refus discriminatoires
02:33sur le critère du genre. C'est une réalité.
02:35Et donc, moi, mon métier, en l'occurrence, c'est de les former,
02:38de les sensibiliser non seulement aux biais, mais aussi aux stéréotypes de genre,
02:44aux préjugés sexistes, et aussi aux mécanismes de la discrimination
02:47et comment ils se matérialisent dans les processus de recrutement.
02:50Donc ça va de la création, en fait, de la rédaction de l'annonce
02:53jusqu'en fait à la proposition d'une shortlist.
02:56Et aussi, comment, bien sûr, on défend des candidates quand parfois,
03:01effectivement, elles peuvent être évincées du processus de recrutement.
03:03Et très rapidement, sur la question aussi des collaboratrices et des collaborateurs,
03:07c'est d'accompagner nos collaboratrices, en fait, pour qu'elles évoluent dans l'organisation.
03:11Ça, c'est hyper important.
03:12Et après, pour nos candidates aussi, c'est tout simplement, par exemple,
03:16notre activité d'exécutive search, page exécutive,
03:19c'est de proposer toujours, effectivement, une shortlist paritaire
03:23lorsqu'on est dans l'activité de recrutement pour des dirigeants.
03:27Et on a eu un très beau chiffre cette année,
03:29puisque en 2024, 39% de la shortlist, en fait, des personnes, des femmes
03:35qui ont été proposées pour des postes de dirigeants ont été acceptées.
03:39Donc ça, c'est quand même un chiffre intéressant.
03:40Merci beaucoup, Nathalie.
03:43De façon plus granulaire, Nicolas, quelle est la photographie
03:46que vous pouvez faire de la banque Milléis ?
03:48Vous avez une présidente de conseil d'administration qui est une femme,
03:52et ce, depuis deux ans, ce qui est assez nouveau.
03:54Qu'est-ce que ça a changé ?
03:55Est-ce que ça infuse au sein de la banque ?
03:59Alors, chez Milléis, d'abord, quelques chiffres.
04:01On a un indice d'égalité homme-femme qui est de 90.
04:05En proformat, on a regardé pour l'année prochaine, on sera à 95.
04:07Donc on n'y est pas encore, mais on est pas mal.
04:09On a une parité au comité exécutif, qui est l'organe de direction de la maison.
04:14On a sur les...
04:15Je regardais ce matin, en N-1, comité exécutif, comité de direction,
04:19on a 10 femmes, 13 hommes.
04:21Et plus intéressant, sur la partie, on a un réseau d'espaces patrimoniaux.
04:25Sur les 16, on a 7 femmes qui dirigent des espaces patrimoniaux et 9 hommes.
04:32Et là aussi, encore plus intéressant, le meilleur espace patrimonial depuis deux ans est dirigé par une femme.
04:39Et puis les clients trouvent ça très bien.
04:41Sur la présidence de la maison, donc effectivement, on est une banque indépendante française dirigée par une femme.
04:49Enfin, dirigée, présidée par une femme.
04:50Je suis le dirigeant exécutif.
04:52Je ne sais pas ce que ça a changé.
04:54Ce que je pense, c'est qu'il y a sans doute une image qui a peut-être infusé qui est...
05:00Enfin, c'est yes she can.
05:02Ce n'est pas yes we can, c'est yes she can.
05:04C'est-à-dire que, on parlait de plafond de verre il y a un instant,
05:07on peut être femme et présidente du conseil d'administration.
05:10Et c'est sans doute un bon signal envoyé à toutes les femmes.
05:14Il y a peu d'hommes qui vont témoigner ce matin.
05:16Je dirais même que vous êtes le seul.
05:19Je le vis très bien.
05:20Oui, je crois qu'on peut vous applaudir.
05:24Mais quel est le regard des hommes, Nicolas, sur la place des femmes aujourd'hui ?
05:30Et quels sont les verrous qui restent à faire sauter, selon vous ?
05:34On a besoin de savoir ce qui se trame, ce que vous pensez, là, au fond de vous, en fait.
05:39Alors, moi, ce que je pense, je peux vous le dire,
05:40ce que pensent les 3 milliards et demi ou 4 milliards d'hommes...
05:43Non, pas les 3 milliards, mais au moins tous ceux qui travaillent dans la banque que vous dirigez.
05:49Qu'est-ce qu'ils pensent ?
05:51Et dans celles que vous venez d'absorber, je parle de Cholet-Dupont,
05:53où il y a beaucoup d'hommes, quinquas, qui ont peu envie de faire de la place aux femmes.
05:59Oui, on s'est parlé avant.
06:02Ben oui, on a bien préparé.
06:04Alors, je vais essayer d'être synthétique, parce que je pense que c'est très variable, d'abord.
06:11Ensuite, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui voient ça d'un très bon oeil,
06:16ou qui plutôt, il y en a de plus en plus, qui ne voient pas ça.
06:18C'est-à-dire qu'ils ne voient pas ça comme un sujet.
06:21Ce qui, à mon avis, est déjà un problème.
06:22C'est-à-dire que je pense que c'est encore, hélas, un sujet, alors que ça ne devrait pas en être.
06:26Mais tout ça est très fragile.
06:28Donc, il faut que ce soit un sujet ou un non-sujet ?
06:30Dans un monde idéal, il faudrait que ce soit un non-sujet.
06:33Mais malheureusement, on n'y est pas.
06:35On n'y est pas.
06:37Tant qu'on n'a pas une parité à 100, et tant qu'on doit en parler, c'est un sujet.
06:41Et malheureusement, je pense que ça restera un sujet très, très longtemps.
06:44Nous, chez Millis, on est parti d'une maison, on est l'ancien Barclays,
06:47d'une maison où la place des femmes était très minoritaire.
06:50On a progressivement changé, d'où les chiffres que je vous ai cités à l'instant.
06:53En fait, c'est de la culture, c'est du message.
06:57Et puis, c'est des recrutements, c'est des promotions qui se font naturellement.
07:02Et chez Cholet-Dupont, Oudar, qu'on a racheté effectivement il y a deux ans,
07:05qui est une maison exclusivement dirigée par des hommes,
07:08où tous les plus gros salaires sont des hommes,
07:10autant vous dire que pour le coup, l'indice égalité homme-femme n'est pas terrible.
07:13La façon dont on procède, c'est que les femmes dirigeantes dans notre maison
07:19passent de plus en plus de temps chez Cholet-Dupont.
07:22Ça se fait naturellement.
07:23Et en fait, c'est la preuve par l'exemple.
07:25Mais comment ça marche ?
07:27Quelle est votre méthode ?
07:28C'est du rabâchage ?
07:29C'est marteler les mêmes messages tous les jours ?
07:32C'est quoi la méthode idéale ?
07:35J'ai déjà appris à mes enfants à vider un lave-vaisselle.
07:38Mais c'est un peu la même méthode, c'est-à-dire le rabâchage.
07:42Et puis l'exemple des femmes qui sont au COMEX,
07:47au comité de direction chez Mélis,
07:49qui travaillent pour notre filiale.
07:51Et les hommes chez Cholet-Dupont voient que ça marche très bien,
07:54voire mieux parfois.
07:56Quelle est votre méthode, selon vous, Nathalie,
07:58pour embarquer davantage les hommes ?
08:00Est-ce qu'il faut faire comprendre aux hommes
08:03que ça va leur être positif ?
08:06Complètement.
08:07En fait, il faut en faire des sujets, des acteurs
08:09des politiques d'égalité professionnelle.
08:11Et ça, je vais vous faire réagir à ça.
08:12Parce qu'en fait, on se rend compte
08:13que les politiques d'égalité professionnelles,
08:15quand elles sont implémentées dans les entreprises,
08:17elles sont pensées pour les femmes,
08:18ce qui est une très bonne chose
08:19parce que c'est le public concerné.
08:21Mais en fait, on n'a pas pensé la place des hommes
08:23dans les politiques d'égalité.
08:25On n'en a pas fait des sujets
08:26parce que finalement, ils en bénéficient,
08:28on l'a dit tout à l'heure.
08:29Et d'ailleurs, on pourrait se poser la question
08:30de qu'est-ce que ça coûte aux hommes,
08:31cette inégalité professionnelle et de genre ?
08:34On peut le voir effectivement
08:35dans le cercle de l'intime.
08:37En fait, quand on vous fait
08:37le seul pourvoyeur principal des ressources,
08:40en fait, qu'est-ce que ça dit de votre place
08:42effectivement dans la sphère de la parentalité ?
08:45Quand on nous dit qu'en fait, finalement,
08:47les critères de reconnaissance, de leadership
08:49sont si figés qu'en fait,
08:51elles ne représentent qu'un style de leadership,
08:53qu'est-ce que ça dit à tous les hommes
08:55qui finalement ne veulent pas devenir CEO ?
08:57Donc la question effectivement de se poser
09:00et de se dire mais quelle est leur place,
09:01c'est d'en faire des sujets
09:02et effectivement des acteurs
09:03parce qu'il faut les engager.
09:05Et on l'a dit tout à l'heure,
09:06et moi j'y crois vraiment,
09:06c'est que la plupart des hommes,
09:07en tout cas une bonne partie des hommes,
09:09ne voient pas les effets
09:11de l'inégalité de genre
09:12ou de l'inégalité professionnelle
09:13parce qu'ils ne vivent pas les effets
09:14de manière concrète.
09:16Il faut rendre visible aux hommes
09:17ce qu'est l'inégalité,
09:18qu'est-ce que ça produit
09:19et quels sont les effets négatifs.
09:21Je vous vois réagir Nicolas,
09:23mais est-ce que vous avez conscience...
09:24Merci Nathalie.
09:25Est-ce que vous avez, vous,
09:27en tant qu'homme,
09:28conscience du coup de cette inégalité ?
09:31Elle est là la vraie question.
09:33Oui.
09:34Alors moi je l'ai parce que...
09:35Non, non, mais parce que j'ai...
09:37Mais ça va peut-être vous faire réagir,
09:39mais moi j'ai une fille
09:40et ma fille m'a ouvert les yeux
09:41sur beaucoup de choses.
09:43Et c'est malheureux que ce soit ma fille
09:44qui m'a ouvert les choses
09:45sur beaucoup de choses,
09:45mais bon, c'est arrivé comme c'est arrivé.
09:47En fait, il y a des questions
09:48qu'on pose parce que ce sont des femmes,
09:51qu'on ne se pose pas
09:52parce que ce sont des hommes.
09:54Donc le coût de l'inégalité,
09:55oui, il existe.
09:56Je disais à l'instant
09:57que notre meilleure directrice,
09:58c'était une femme.
09:59Si on ne l'avait pas,
10:00on aurait de moins bonnes performances.
10:02Donc il y a un coût même économique.
10:05Est-ce qu'il faut repenser, selon vous,
10:07cette période cruciale
10:08du congé maternité
10:10dont on a parlé un peu avant,
10:12ou même du congé parental
10:13de manière plus globale ?
10:14Est-ce que c'est un vrai sujet, ça, selon vous ?
10:16Pour moi, ça reste un vrai sujet,
10:18d'autant plus que quand on est
10:19un acteur de l'emploi
10:19sur la question du recrutement
10:20et de l'embauche,
10:21c'est quand même une question
10:22qu'on pose à certaines femmes
10:23à partir de l'âge de 30, 40 ans
10:25quand elles arrivent
10:26sur le marché du travail.
10:27On leur rappelle
10:27que la maternité,
10:29la parentalité
10:29peut être un risque.
10:31Et ça, c'est particulier.
10:32On disait tout à l'heure
10:32qu'effectivement,
10:33la grossesse et la parentalité
10:35se retrouvent à toutes les étapes
10:37du parcours professionnel des femmes.
10:40Mais finalement,
10:40c'est une question
10:41qu'on doit se poser
10:41même à l'entrée
10:42dans le marché du travail.
10:44Et ça, c'est particulier
10:44pour les femmes.
10:45On ne demande jamais
10:46à un homme en entretien
10:47s'il compte avoir des enfants
10:48dans les cinq prochaines années.
10:49Je crois que ça n'arrive jamais.
10:51Une femme,
10:52on lui pose la question
10:53et on peut même
10:53refuser sa candidature
10:54parce qu'on estime
10:55qu'elle est peut-être en âge
10:56de nous faire un deuxième
10:57voire un troisième enfant.
10:58Donc là, effectivement,
10:59il faut repenser
10:59la question de qui porte
11:02la charge de la parentalité
11:03et la question du congé,
11:05elle est cruciale
11:05parce que l'idée
11:06de partager le congé parentalité,
11:09c'est de dire qu'en fait,
11:10il n'accombe pas
11:11simplement aux femmes.
11:13Alors, je veux bien
11:14avoir une réaction
11:15de votre part sur ce sujet.
11:16On parlait de bricolage
11:17un peu plus tôt dans la matinée
11:18au moment du congé maternité.
11:20Comment est-ce que vous faites,
11:21vous, chez Milis ?
11:22Vous bricolez ou pas ?
11:23En fait, on ne pose pas la question.
11:25Non, mais je pense
11:28qu'on ne se pose pas la question.
11:30Ça a sûrement évolué.
11:32Moi, je l'ai beaucoup entendu
11:32quand j'étais en banque d'affaires
11:34et en private equity.
11:35Il y a eu des jeunes femmes,
11:36des jeunes hommes
11:37qui rentraient
11:37et la question du congé maternité
11:39se posait.
11:40chez Milis.
11:41En fait, on ne se la pose pas.
11:44Voilà.
11:45On a beaucoup parlé
11:46des freins,
11:47des obstacles,
11:48des idées reçues
11:49depuis ce matin,
11:519h.
11:51Quel est votre point,
11:54votre réaction
11:54sur ce sujet ?
11:56Quels sont les freins
11:57qui expliquent
11:57que les hommes
11:58n'aient pas envie
11:59de jouer
12:00de manière totale
12:02la complémentarité
12:03avec les femmes,
12:03selon vous ?
12:04Là, vous êtes obligés
12:07d'être très sincères.
12:07Oui, je vais essayer.
12:09Je le suis.
12:09Mais au fond de vous ?
12:13Non, mais je pense
12:13qu'il y a une forme de crainte.
12:15Ah, donc c'est la fameuse inquiétude ?
12:17Je pense qu'il y a une forme de crainte.
12:18Mais crainte de quoi ?
12:21Je pense que certains hommes,
12:24pas tous,
12:26se disent
12:27travailler avec une femme,
12:30c'est différent.
12:31Donc ça demande un effort,
12:32en fait.
12:33Non, mais vous me demandez
12:34d'être sincère,
12:35je vous réponds.
12:37Je pense que
12:39que certains hommes
12:41qui n'ont jamais
12:41travaillé avec des femmes,
12:42je vais vous donner
12:42un exemple après,
12:43se disent,
12:44en fait,
12:44ça va être compliqué,
12:46c'est différent,
12:47etc.
12:47Alors que travailler
12:48avec un homme,
12:49on a l'habitude,
12:51d'abord on en est un,
12:51donc c'est facile.
12:52Exactement.
12:53Moi,
12:53il y a un des dirigeants
12:55de la maison,
12:56un manager assez élevé,
12:58qui n'avait jamais travaillé
12:59avec des femmes
12:59jusqu'à il y a deux ou trois ans.
13:02Puis un jour,
13:03je lui ai dit,
13:03écoute,
13:03tu devrais embaucher une femme,
13:04ça te ferait du bien.
13:05Vous pensiez à quoi
13:08quand vous vous avez dit
13:08ça te ferait du bien ?
13:10Non,
13:11je lui ai dit,
13:11ça te ferait du bien
13:12parce que tu verras,
13:12ça va te faire progresser.
13:13Voilà,
13:14c'est ça.
13:14Non,
13:14non,
13:14non,
13:14non.
13:16Non,
13:16ben non.
13:17Et donc,
13:18je ne m'emmènerai pas
13:20sur ce terrain.
13:21Et donc,
13:24alors il en a,
13:26du coup,
13:27je lui ai dit ça,
13:28donc il a recruté une femme,
13:30puis une deuxième,
13:31puis une troisième,
13:32puis je pense qu'il en a
13:33une quatrième.
13:34à chaque fois,
13:35c'est un des patrons du réseau.
13:37c'est des directrices
13:38d'espaces patrimoniaux
13:38dont je parlais tout à l'heure
13:39et il est ravi.
13:41Et il est ravi.
13:43Et en fait,
13:44il voit bien la complémentarité,
13:45il a compris.
13:46Tout à l'heure,
13:46vous me posiez la question
13:47sur Cholet-Dupont-Houdard.
13:48Moi,
13:48je pense que c'est l'exemple,
13:49c'est l'exemplarité,
13:51c'est la preuve qui aide.
13:53C'est pas les...
13:54Mais l'exemplarité
13:55et la preuve,
13:56vous pensez que c'est suffisant
13:57au vu de tous les freins
13:59qui existent ?
14:00Vous m'avez parlé
14:01de rabâchage,
14:02mais est-ce que ça vous semble suffisant ?
14:05Est-ce qu'il ne faut pas faire plus ?
14:06On parle de quotas
14:07et vous,
14:08vous me dites
14:08rabâcher les choses.
14:09Vous savez,
14:09les hommes sont des grands enfants.
14:13Et les enfants,
14:15c'est du rabâchage
14:15et c'est de l'exemplarité.
14:18Après,
14:18il faut des textes aussi
14:20qui ont aidé.
14:21La loi Copé-Zimmermann,
14:22elle a forcément aidé
14:23parce qu'il y a un moment,
14:24ça ne bougeait pas
14:25et donc il fallait mettre une loi.
14:27Nathalie,
14:28une dernière question sur Trump
14:29à tous les deux.
14:30On a parlé des vents contraires
14:31tout à l'heure,
14:32je parlerai même
14:32d'une lame de fond
14:33qui arrive des Etats-Unis
14:34avec ce président américain
14:35qui cherche carrément
14:36à invisibiliser
14:37certaines femmes
14:38et je pense à des postes
14:40de femmes
14:40qui ont été carrément supprimées
14:42notamment au sein
14:42d'institutions
14:43comme la NASA.
14:44Quel est votre regard
14:45sur ce sujet,
14:47inquiète ou non ?
14:48Inquiète,
14:49mais légitimement inquiète
14:50en fait,
14:51finalement.
14:52Surtout quand on est
14:52des praticiens
14:54ou des praticiennes
14:55de la DNA,
14:55c'est au cœur
14:56de notre métier.
14:57On se lève pour ça
14:57et on est payé pour ça.
14:59Donc,
14:59d'un point de vue personnel
15:00très inquiète
15:01et c'est un rappel
15:02surtout extrêmement brutal
15:03que rien n'est acquis.
15:05C'est ça qui me fait
15:05véritablement peur.
15:07On parlait tout à l'heure
15:07du corpus juridique
15:08qui encadre
15:09et qui nous protège,
15:10sauf que les lois se font
15:11et elles se défont aussi.
15:12Et on le voit d'ailleurs
15:13avec des décrets
15:14signés à la volée
15:15aux Etats-Unis.
15:17Et ça nous rappelle aussi
15:18qu'à chaque fois
15:18que la place des femmes
15:19est remise en question
15:20dans l'espace public
15:21ou dans le milieu professionnel,
15:23ça doit tous
15:23et toutes nous inquiéter.
15:25Et quand je dis les femmes,
15:25je parle de toutes les femmes.
15:27Aujourd'hui,
15:28on voit qu'en tout cas
15:29aux Etats-Unis,
15:29parce qu'on parlait
15:30de la lame de fond
15:30qui vient de l'autre Atlantique,
15:32la population trans
15:34est en train d'être attaquée.
15:36Ça sous-entend
15:37que les femmes trans
15:38sont en train
15:38d'être attaquées.
15:39Et donc,
15:40nous,
15:40en tant que femmes,
15:41on devrait être extrêmement inquiètes
15:42de ce qui est en train d'arriver.
15:44Donc voilà,
15:44de l'inquiétude
15:45et un rappel aussi
15:46qu'en France
15:46et en Europe,
15:48nos entreprises
15:49doivent s'engager
15:49publiquement
15:50sur ces questions-là
15:51et prendre réellement
15:53et véritablement
15:54et sincèrement
15:55leur rôle d'acteur social.
15:57Parce que sur la question
15:58de la DNA
15:58et de l'égalité
15:59et plus largement
16:00de la diversité,
16:01de l'équité
16:01et de l'inclusion,
16:02on se rend compte
16:03qu'on ne le fera pas tout seul.
16:05On le fera avec les pouvoirs publics,
16:07on le fera avec le milieu associatif.
16:09Et je crois sincèrement
16:11qu'aujourd'hui,
16:11penser une entreprise
16:13qui se dirait
16:16qu'en fait,
16:16la performance économique
16:17et financière
16:18en tant que telle
16:19est suffisante,
16:20si elle ne s'adosse pas
16:21à une performance sociale,
16:23ça ne veut rien dire.
16:26Merci beaucoup Nathalie.
16:27Nicolas,
16:28il nous reste deux minutes.
16:29Je veux bien
16:30votre avis
16:31sur ce qui se passe,
16:32votre conclusion
16:33et puis votre avis
16:33sur ce qui se passe
16:34depuis les Etats-Unis
16:36en tant qu'hommes.
16:37Est-ce que vous,
16:38ça vous inquiète
16:39autant que nous les femmes ?
16:41Oui,
16:41parce que je pense
16:42que les femmes...
16:42Ou c'est un épiphénomène ?
16:43Pas du tout.
16:44Non, pas du tout.
16:45Sur rien d'ailleurs,
16:46ce qui se passe aux Etats-Unis
16:46est un épiphénomène.
16:48Je pense que c'est inquiétant
16:49pour les femmes
16:50mais c'est aussi inquiétant
16:50pour les hommes.
16:53Non, mais parce que
16:54je pense que les hommes
16:54ont beaucoup à perdre
16:55de ce qui est en train
16:56de se passer
16:56ou de ce qui risque
16:57de se passer.
17:00On n'a pas cette impression-là
17:01du côté américain.
17:02Non, mais je ne suis pas sûr
17:03qu'ils...
17:04Non, mais c'est un pays différent,
17:06très différent.
17:07Donc non,
17:07je pense que c'est inquiétant.
17:09Vous avez raison,
17:10les choses sont fragiles,
17:11surtout là-bas.
17:13On n'est pas aux Etats-Unis
17:14non plus ici,
17:15mais il y a un retour
17:16du virilisme
17:17qui est une réalité
17:18et qui n'est pas...
17:19Je pense que c'est un service
17:20à rendre à personne.
17:21Donc oui,
17:21c'est inquiétant.
17:23Merci beaucoup
17:24à tous les deux.
17:24Sous-titrage Société Radio-Canada
17:29Sous-titrage Société Radio-Canada

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