Entre avancées concrètes et résistances persistantes, où en est la parité dans les secteurs public et privé ?
Marie-Pierre Rixain, députée de l’Essonne, Sandrine Charnoz, cheffe de projet à la RATP, et Floriane de Saint Pierre, présidente d’Éthics & Boards, partagent leurs constats et pistes d’action.
Floriane de Saint Pierre dévoile notamment les résultats du baromètre 2010–2025 de son entreprise sur la féminisation des instances dirigeantes, un outil clé pour mesurer les progrès réels au sein des organisations.
Une discussion engagée tournée le 25 mars dans les locaux du MEDEF, dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité, lors de la session "Femmes et Gouvernance : Plus de femmes à la tête des organisations".
Marie-Pierre Rixain, députée de l’Essonne, Sandrine Charnoz, cheffe de projet à la RATP, et Floriane de Saint Pierre, présidente d’Éthics & Boards, partagent leurs constats et pistes d’action.
Floriane de Saint Pierre dévoile notamment les résultats du baromètre 2010–2025 de son entreprise sur la féminisation des instances dirigeantes, un outil clé pour mesurer les progrès réels au sein des organisations.
Une discussion engagée tournée le 25 mars dans les locaux du MEDEF, dans le cadre du Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité, lors de la session "Femmes et Gouvernance : Plus de femmes à la tête des organisations".
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00:00Marie-Pierre, vous en avez déjà un petit peu parlé tout à l'heure, mais rappelez-nous où en est-on dans le secteur public ?
00:14Rappelez-nous quelques chiffres.
00:17Alors, je reprends mes notes pour être certaine de ne pas vous dire de bêtises parce que les choses progressent ou pas.
00:23Donc, en 2025, nous avons 70% de directeurs et de sous-directeurs du cabinet ministériel qui sont des hommes.
00:3520% des préfets sont des préfettes.
00:4040% des recteurs d'académie sont des hommes, alors que l'éducation nationale est composée à 70% de femmes.
00:47Les hôpitaux sont dirigés dans 27% des cas par des femmes, alors qu'elles représentent 75% des professionnels de santé.
00:59Voilà, pour quelques chiffres qui, vous le voyez, ne sont pas satisfaisants.
01:04Et je sais que notamment Tugap, administration moderne, je crois que vous en parlerai tout à l'heure, agissent beaucoup sur ces sujets-là, mais la situation n'est pas du tout satisfaisante.
01:19Et pourtant, le cadre législatif a eu des effets importants.
01:24Vous en êtes satisfaite ?
01:25Alors, le cadre législatif, moi, je l'ai porté notamment, vous savez, il y a trois de l'administration.
01:31Il y a l'administration centrale, l'administration territoriale et l'administration, la fonction publique hospitalière.
01:39Le fait est qu'en effet, il y a eu un dispositif législatif qui a été adopté de mémoire 2022, 2023, et qui impose en effet un certain nombre d'obligations,
01:55notamment dans le cadre des nominations, ce qu'on appelle les primo-nominations.
01:58Mais le fait est que nous avons encore un ensemble qui est largement masculinisé.
02:05Sandrine Charnoze, est-ce que vous diriez que la situation est similaire dans un grand groupe parapublic comme la RATB ?
02:12Alors non, moi, je trouve que nous avons progressé et nous continuons.
02:17Je veux dire, nous sommes une entreprise de mobilité.
02:20Nous souhaitons être un service public, donc nous faisons très attention, puisque nous transportons une grande majorité des femmes.
02:25Donc, pour reprendre quelques chiffres, notre COMEX est paritaire.
02:30Donc, pour un monde industriel et la mobilité qui est très masculin, je rappelle que 92% sont des hommes dans ces entreprises de mobilité.
02:40Donc, nous, à la RATB, nous faisons mieux.
02:42Nous avons 21% de femmes, un COMEX paritaire.
02:46Nous avons un CODIRE qui respecte la loi et nous ne sommes pas en 2026.
02:50Nous avons 30%.
02:51Ce qui est aussi intéressant, peut-être, c'est 37% de cadres, 41% de cadres supérieurs qui montrent quand même que le groupe pousse et 31% d'alternantes qui prouvent qu'on travaille aussi le vivier.
03:06Mais le sujet, ce n'est pas tant les chiffres que les postes que ces femmes occupent.
03:09Et je trouve que c'est assez révélateur puisqu'on pourrait retrouver les femmes en RH et en COM, ce qui n'est pas le cas du groupe RATB,
03:15puisque les femmes sont patronnes de la politique industrielle ou patronnes du développement à l'international et que la COM et les RH sont tenues par des hommes.
03:24Donc, c'est vraiment un travail en profondeur qui est fait par le groupe RATB.
03:27Et pourtant, au sein de la RATB, il y a des branches entières qui ne sont pas encore féminisées.
03:33Comment est-ce que vous pourriez faire bouger les lignes, justement, sur ces branches-là ?
03:36Pour faire bouger les lignes, il y a plusieurs leviers.
03:39Le premier, c'est le recrutement.
03:41Et donc là, on fait énormément d'efforts en faisant, par exemple, des journées d'immersion pour les jeunes femmes
03:47qui pourraient intégrer demain notre service de sûreté, qui est un service très masculin.
03:52Nous avons réussi à progresser de trois points en moins de cinq ans pour avoir des femmes dans nos patrouilles de sûreté.
03:58Vous les voyez peut-être quand vous vous promenez dans l'espace.
04:01Nous travaillons aussi beaucoup sur des journées dédiées, sur des mises en avant de femmes inspirantes.
04:08Et puis ensuite, il faut aussi que les femmes restent dans les entreprises.
04:12Et donc, ce sont les réseaux féminins.
04:13Donc, c'est tous les travaux que l'on mène avec le réseau RATB au féminin, mais aussi Lady in Tech.
04:21Et puis, ce que nous menons aussi avec des associations partenaires, comme Elle Bouge ou BioComtech, pour l'IA dans ces métiers-là.
04:30Donc, vous voyez à la fois le sourcing, mais aussi la progression dans l'entreprise.
04:35Et dernier petit dispositif atypique, toute femme qui veut passer un cap au sein de la RATB peut bénéficier d'un coaching,
04:44quel que soit sa filiale, quel que soit son métier et quel que soit son niveau, même les opératrices.
04:49Donc, c'est vraiment une politique un peu systématique et ça avance, mais ça avance doucement.
04:55Merci beaucoup, Sandrine.
04:56Floriane de Saint-Pierre, je le disais en introduction, Ethics & Boards.
05:00Publie donc régulièrement des baromètres et mène une réflexion stratégique de fond sur la gouvernance.
05:06Vous venez justement de publier un baromètre sur la mixité dans les instances dirigeantes, qui est plutôt positif.
05:13On imagine que le cadre législatif a joué un rôle crucial.
05:18Est-ce que vous pouvez nous détailler ces progrès ?
05:20Et voilà, c'est formidable parce que vous avez des petites slides derrière qui nous permettent de vraiment prendre conscience de l'avancée et de ce qui a été fait.
05:27On est ravis que vous soyez avec nous parce que vous deviez être à Londres.
05:30Je tiens à le préciser.
05:31Vous avez décalé votre voyage.
05:34Merci infiniment.
05:35C'est un plaisir.
05:36Bonjour à toutes.
05:37Bonjour à tous.
05:37C'est un plaisir d'être ici ce matin avec Vance Comedef.
05:42On pourrait effectivement avoir une répartition plus paritaire entre les hommes et les femmes.
05:47Mais très, très heureuse d'être avec vous ce matin.
05:51Donc effectivement, je vais peut-être commenter debout.
05:54Ici, en 2010, c'est la situation effectivement avant le vote de la loi Copé-Zimmermann.
06:00Et donc, nous étions à 7,5% de femmes dans les COMEX.
06:04Et on était effectivement à 15% de femmes dans les conseils d'administration.
06:09Ici, nous voyons effectivement le vote de la loi Copé-Zimmermann.
06:14Et immédiatement, et le premier seuil en 2014, qui effectivement requerait 20% de femmes dans les conseils d'administration.
06:23Et là, immédiatement, effectivement, on voit l'impact de la loi.
06:28Comme vous le disiez, on voit encore peu de ruissellement.
06:31En rouge, c'est la courbe des COMEX à l'époque.
06:34Mais en 2013, sous la demande du gouvernement français, il s'est passé quelque chose de très, très important.
06:43Et Marie-Josie Murmann s'en souvient.
06:44Le gouvernement français a mis en place le palmarès de la féminisation des instances dirigeantes.
06:50Et il se trouve que c'est Ethics & Import qui a à chaque fois gagné l'appel d'offres.
06:55Et qui a permis effectivement de mesurer.
06:57Parce qu'effectivement, une loi, c'est clé.
06:59Mais la mesure de la loi pour l'application est absolument clé.
07:02Et l'Espagne avait voté une loi.
07:04Mais le défaut de la mesurer, elle n'avait pas vraiment été appliquée.
07:08Donc, on voit le deuxième seuil de la loi Coppé-Zumbermann.
07:12Où là, on dépasse 40%.
07:14Mais effectivement, en 2017, les COMEX restent encore en dessous, comme vous le rappeliez, de 20%.
07:21Et puis, il y a votre loi.
07:24Et là, on arrive effectivement, comme vous le disiez, à 47% de femmes dans les conseils d'administration.
07:30Et nous sommes à 27-28% de femmes dans les instances dirigeantes.
07:35En revanche, Nathalie Collin disait quelque chose d'important.
07:39Ici, c'est le nombre de patronnes, pour reprendre l'expression.
07:43Il n'y a que 12 femmes qui dirigent une des 120 premières sociétés françaises.
07:49Donc, 10% effectivement de femmes à la tête d'une des premières sociétés françaises.
07:54Nous ne sommes pas, c'est pareil, partout.
07:58Donc, on va rebondir là-dessus.
08:00Comment expliquez-vous, justement, qu'il y ait aussi peu de femmes qui dirigent des entreprises du SBF 120 ?
08:05C'est un point crucial.
08:08Je pense qu'il y a plusieurs raisons.
08:11Il y a le fait qu'en moyenne, pour le SBF 120, un directeur ou une directrice générale va rester 7 ans en poste.
08:23Donc, le renouvellement est plus lent.
08:26Le vivier, il est là.
08:27Il est prêt, il est là.
08:28Et la troisième raison, c'est qu'en fait, c'est un sujet dont on parlera et qui est important, je pense, à dire, notamment dans les murs du MEDEF.
08:38Parmi les 12 femmes directrices générales, mais parmi l'ensemble des directeurs généraux du SBF 120,
08:46on compte zéro femme fondatrice de leur entreprise ou de leur groupe.
08:55Et c'est la même chose pour le cas Cold Trade.
08:57Donc, en fait, aujourd'hui, le sujet, si on veut vraiment accélérer, c'est bien sûr la nomination des femmes directrices générales d'entreprise,
09:05et on en parlera, mais c'est également, ce qu'évoquait Nathalie Collard, ce que vous évoquiez, l'accès au capital.
09:12Et là, c'est un plafond de béton, c'est un mur de béton.
09:16Vous voulez réagir ? Vous parliez de BPI tout à l'heure et des financements.
09:19Je pense que c'est vraiment le point crucial de cette table ronde, c'est l'accès au financement.
09:23Pour les femmes, en tout cas, c'est ce que vous voulez dire de façon assez sous-jacente.
09:26Marie-Pierre Rixin, sur ce point.
09:28En fait, vous voyez que c'est un continuum.
09:32Je reviens sur les femmes comme sujet économique.
09:37Ça me semble absolument déterminant de rappeler que permettre aux femmes d'accéder à des postes de responsabilité dans les entreprises,
09:46c'est véritablement, bien sûr, un sujet de gouvernance.
09:49Et on sait d'ailleurs à quel point la loi Copé-Zimmermann a revu, a permis de professionnaliser la gouvernance à la française dans les conseils d'administration.
09:57Elle a eu également d'autres vertus, la loi Copé-Zimmermann, au-delà de la féminisation des conseils.
10:02Et ce sera la même chose, probablement, pour les Codires et les Comex.
10:05C'est permettre aux femmes d'être aux manettes dans les entreprises.
10:08C'est donc renvoyer un signal comme quoi les femmes sont des patronnes, font des choix stratégiques également pour notre économie,
10:18sur des secteurs absolument déterminants pour l'avenir du pays.
10:22Et puis, c'est également envoyer un signal à l'ensemble de l'écosystème économique,
10:27qu'il s'agisse des banques lorsqu'il s'agisse des droits bancaires individuels,
10:33et je pense notamment aux droits aux comptes,
10:35ou bien lorsqu'il s'agisse de l'accès au financement,
10:38notamment au financement public,
10:40pour des femmes qui pourraient être fondatrices de leur entreprise.
10:45Et donc, c'est là où, en effet, moi, je me suis battue très honnêtement sur mon texte
10:51pour qu'il y ait des contraintes, en effet, fixées à la banque publique d'investissement.
10:57Qui doivent être encore renforcées, notamment sur l'accès au financement et sur l'égal conditionnalité.
11:05Je pense que nous pouvons encore aller plus loin.
11:08Floriane de Saint-Pierre, qu'est-ce que ça augure ?
11:10Et est-ce que c'est un plafond de verre à retardement, selon vous ?
11:16En fait, ce que cela...
11:18Alors, peut-être pour répondre à la question tout à l'heure,
11:21je suis absolument convaincue que les lois en France sont appliquées.
11:25Et donc, effectivement, la loi Rixin va être appliquée pour...
11:30On parle à peu près d'une centaine de femmes à nommer, là,
11:33pour arriver au premier seuil l'année prochaine.
11:37Mais je suis absolument convaincue qu'elle va être appliquée.
11:39Et en plus, je dirais, on a plus de 50% de présidences de comités de nomination
11:44dans les conseils qui sont des femmes.
11:45Et on a 65% des DRH du SBF 120 qui sont effectivement des femmes.
11:50Donc, je suis absolument convaincue qu'on va arriver et atteindre
11:56et peut-être même dépasser les seuils.
11:58En revanche, sur l'investissement, je ne vois pas aujourd'hui de matérialité
12:04et effectivement de mobilisation qui soit faite
12:12pour que les créatrices d'entreprises puissent en fait faire des scale-ups,
12:18c'est-à-dire de passer de la PME à l'ETI, à la société cotée,
12:25et effectivement, ensuite rentrer dans le SBF 120.
12:27Je ne vois pas de matérialité pour ce chemin.
12:30Or, effectivement, on parlait d'indépendance économique,
12:33on parlait effectivement de cascader.
12:35Il est intéressant également de voir que parmi les 12 sociétés
12:39dirigées par des femmes dans le SBF 120,
12:42le taux de féminisation de leur COMEX est déjà en moyenne à 35%.
12:46Donc, oui, si on veut effectivement ce ruissellement dont on parlait,
12:52et ça rejoint effectivement ce que Nathalie Comin disait,
12:56oui, il faut passer par là où il y a du financement.
13:01Sandrine Charnot, une réaction à ce qui vient d'être dit.
13:03Et vous, vous avez eu une femme patronne jusqu'en 2022.
13:07C'est imparable ou non ?
13:09Ça a donné un grand coup d'accélérateur.
13:12Catherine Guilloir, vous l'aviez accueillie d'ailleurs
13:14au moment de la date anniversaire de la loi Copé-Zimmermann.
13:17C'est une femme atypique, une sportive de haut niveau.
13:20Et c'est vrai que c'est elle qui avait lancé le COMEX à parité
13:24et l'ensemble du recrutement et le vivier parce que c'est ça aussi qui compte.
13:28Après, Jean Castex, notre nouveau président, est aussi sensible à ce sujet.
13:32Il est très attaché au service public.
13:34Et comme je le dis, le service public, c'est l'égalité,
13:37c'est porteur de ses valeurs et donc nous restons dans la continuité.
13:40Moi, ce que je voudrais dire et ce qui me semble extrêmement intéressant,
13:43c'est le fait que l'on se permette d'avancer dans toutes les sphères de la société.
13:48Et l'item sur la commande publique qui respecterait et qui imposerait de respecter des critères de mixité
13:58pour pouvoir atteindre une commande me semble extrêmement importante.
14:02Et j'irai même plus loin parce que je pense que c'est une question de culture et de bataille culturelle.
14:07Et je dirais qu'il faudrait même que l'on se pose la question,
14:09y compris dans tous nos financements, dans tout ce qu'on dépense, dans tout ce qu'on investit,
14:15la question genrée et où ça va.
14:18Et je pense que les collectivités peuvent être aussi un allié avec l'arrivée des budgets genrés
14:25qui montrent comment une collectivité investit,
14:28si l'équipement sportif sera bien utilisé à égalité entre femmes et hommes.
14:35Et tout ça, ça permet de faire évoluer la culture,
14:37même si j'entends qu'il faudra du temps et que l'accès au financement
14:41et la mobilisation d'un banquier est un sujet.
14:44Mais peut-être qu'il faut aussi mettre des critères sur les prêts bancaires et sur les banques,
14:48voire y compris créer des organismes peut-être différents qui font des prêts différents.
14:53Il y a par exemple le Crédit municipal de Paris qui est très social et qui permet d'accompagner.
14:58On pourrait avoir des organismes bancaires différents justement pour accélérer.
15:02Et ça peut être effectivement quelque chose qui fait bouger toutes les lignes partout.
15:06Je crois que c'est un combat total.
15:08Une réaction sur ce point, Marie-Pierre Aixin.
15:10Sandrine parle de verrous culturels.
15:13Comment faire sauter de manière plus globale les verrous sociétaux entre hommes et femmes ?
15:18Alors moi, je n'y crois pas beaucoup à faire sauter les verrous sociétaux.
15:22Je vous l'ai dit tout à l'heure, en effet, il y a une bataille culturelle probablement à mener.
15:25En revanche, moi, je crois beaucoup à l'action, à l'identification très précise de verrous,
15:32qu'il s'agit de verrous réglementaires, de verrous législatifs, de verrous économiques,
15:37de rajouter des obligations lorsque cela est nécessaire.
15:41Je crois davantage à cette identification, j'ai envie de dire chirurgicale, des différents blocages à toutes les strates,
15:49soit de la société, soit des organisations, pour les lever l'un à un.
15:55Moi, personnellement, c'est ce que je fais dans mon travail parlementaire.
15:58Et je crois qu'une entreprise peut également le faire à son échelle ou tout type d'organisation.
16:05Et en cela, après, nous pouvons effectivement avoir des résultats chiffrés, répertoriés et qui montrent leur efficacité.
16:15Floriane de Saint-Pierre, quel rôle, vous dirigez un cabinet de chasseurs de tête, en plus d'Ethics & Boards,
16:21quel rôle les cabinets peuvent jouer justement dans ce combat pour l'amicité ?
16:26Il est primordial.
16:30Je ne sais pas.
16:32Moi, je pense que les solutions, elles sont largement à l'intérieur de la société.
16:38Étant donné que si les chemins de développement, si les chemins de recrutement,
16:43si les chemins de développement, si les chemins de suivi des top 350, des top 100,
16:49le palmarès de la féminisation des instances dirigeantes, dès 2013,
16:53demandaient aux sociétés du SBS 120 de déclarer la mixité de leur top 100.
16:59La féminisation des comex, effectivement, ces chemins internes vont permettre,
17:06et j'en suis absolument convaincue, d'avoir déjà...
17:10Et en fait, les sociétés se sont déjà beaucoup engagées.
17:14Il est tout à fait important, si on se compare, de dire qu'aujourd'hui,
17:18enfin, l'année prochaine, nous serons à 30% de femmes dans les comex en France.
17:23On peut, quand on se compare, il est toujours important de se comparer,
17:27parmi les grands pays, aujourd'hui, nous n'avons que l'Angleterre, qui est 31%,
17:33la Suède, la Norvège, qui sont à 30 et quelques pourcents.
17:36Donc, dans les grands pays, nous n'avons pas beaucoup à apprendre de nos voisins.
17:42La France, et quand la France sera à 40%, je pense que nous serons vraiment le premier,
17:46à moins que les autres se bougent très vite, très fort entre-temps.
17:50Donc, moi, je pense que la solution, elle vient de l'intérieur, avant tout.
17:54Effectivement, après, si, pour des responsabilités particulières,
17:59elle a eu besoin de chercher en interne, mais elle est vraiment, avant tout,
18:03à l'intérieur des entreprises, et elles ont déjà beaucoup, beaucoup travaillé.
18:07Il faut rendre hommage à toutes les entreprises qui travaillent au quotidien,
18:11et ces résultats refraient vraiment les très, très beaux travails qui ont été faits.
18:16Floriane nous parlait de l'Angleterre.
18:18Est-ce qu'il y a des pays dont vous vous inspirez, justement,
18:21qui pourraient avoir valeur d'exemple dans ce combat ?
18:23Marie-Pierre.
18:24Alors, j'ai envie de dire, il y a évidemment des pays dont,
18:31je pense par exemple aux pays scandinaves, évidemment, que l'on cite régulièrement,
18:36mais où il y a néanmoins des problématiques qui restent similaires aux nôtres.
18:41Je pense par exemple, évidemment, à la Suède, dont on parle beaucoup,
18:45qui est un pays qui connaît aussi le sujet de la charge parentale,
18:49notamment pour les femmes,
18:50et où, par exemple, il y a des niveaux d'absentéisme
18:54et liés notamment à des problèmes de santé des femmes dans les entreprises.
18:59Donc, voilà, il n'y a pas véritablement,
19:02enfin, Floriane le sait mieux que moi,
19:04mais je ne crois pas qu'il y ait un pays aujourd'hui
19:06qui ait trouvé parfaitement la solution à toutes les problématiques.
19:10On a, après, des situations personnelles.
19:14Je pense notamment à l'ancienne première ministre de Nouvelle-Zélande, par exemple,
19:18qui a œuvré, qui a travaillé sur une représentation du leadership
19:22que je trouve aussi intéressante, notamment dans la sphère politique.
19:28Nous, il y a des pays, effectivement, je reprends l'exemple de la Suède,
19:31mais c'est vrai que la Suède, il se trouve que la Suède
19:34n'était pas un pays culturellement féministe.
19:36Mais pour des raisons économiques, et là, j'y reviens,
19:40pour des raisons foncièrement économiques,
19:42la Suède a eu besoin que les femmes, dans les années 70,
19:45rentrent massivement sur le marché du travail.
19:48Et donc, pour permettre aux femmes d'intégrer massivement le marché du travail,
19:50il a fallu que les hommes aussi intègrent, réintègrent davantage la sphère privée.
19:56Et c'est la raison pour laquelle Olaf Pameux, le premier ministre de l'époque,
19:59le premier discours qu'il a prononcé avant même de parler
20:02de ce qu'il allait mettre en place dans son pays,
20:04il a prononcé un premier discours à Washington, en 71,
20:07où il a expliqué comment l'égalité professionnelle
20:11allait permettre aux hommes de s'émanciper.
20:14Et je crois que c'est important aussi de rappeler,
20:16que là, nous parlons ce matin des femmes,
20:18et de la pleine importance d'avoir des femmes dans les structures de pouvoir,
20:22de montrer aussi aux hommes qu'ils ont à y gagner.
20:25Pardon, mais c'est important aussi,
20:26nous sommes là, un pays fait d'hommes et de femmes,
20:29c'est important de rappeler aux hommes qu'ils ont à y gagner économiquement,
20:33parce qu'ils travailleront dans des entreprises qui sont plus florissantes,
20:36notre économie en bénéficiera,
20:38et de fait, eux-mêmes, à titre individuel,
20:41bénéficieront de la déconstruction de ce patriarcat,
20:47qu'il faut bien le dire, le mot n'a pas encore été prononcé ce matin,
20:49mais qui est une ligne qui pèse de manière très lourde
20:54sur la représentation que nous avons des femmes
20:57dans les instances de pouvoir et de gouvernance.
21:00Floriane de Saint-Pierre,
21:01l'IA s'invite largement dans les débats depuis le début de cette matinée.
21:06Comment voyez-vous l'intelligence artificielle contribuer,
21:09de façon positive ou négative, justement,
21:11à la place des femmes dans les instances dirigeantes ?
21:13Quelle est votre position sur le sujet ?
21:17J'ai regardé, j'ai tapé,
21:21IA, j'ai tapé société fondée par des femmes.
21:28Quel est le pourcentage de sociétés fondées par des femmes en France ?
21:34Et après, j'ai tapé pourcentage de sociétés fondées par des femmes aux Etats-Unis.
21:38Ils sont plus en avance.
21:40Dans les deux cas, ils m'ont dit gathering thought,
21:42et ils sont revenus en me disant,
21:45on n'est pas capable de vous répondre.
21:47Nous n'avons pas suffisamment de données.
21:51Nous ne sommes pas capables de vous répondre.
21:53J'ai trouvé cette réponse assez poétique.
21:57L'IA ne peut pas répondre à ça,
21:59et en même temps assez effrayante,
22:00puisqu'il y a tellement peu, sans doute,
22:02qu'on n'est pas capable de répondre.
22:06Ça, c'est un premier point.
22:07Ça montre bien que si la réponse était évidente,
22:10aujourd'hui, il y aurait eu un chiffre qui était sorti.
22:15Premier axe,
22:16c'est vraiment l'axe dont je parlais tout à l'heure,
22:19c'est le sujet du financement et du scale-up
22:21pour qu'il y ait plus de sociétés fondées par des femmes
22:25et des grandes sociétés.
22:26Nathalie Collin parlait de penser grand.
22:28C'est effectivement de nous donner la possibilité aux femmes
22:32de réaliser grand.
22:33Ça, c'est la première chose.
22:35Sur l'IA, je pense qu'effectivement, bien sûr,
22:37ça va être une transformation incroyable dans notre monde.
22:43Étant donné qu'effectivement, il y a plus de données
22:45basées sur, en tout cas pour le leadership,
22:48un leadership masculin,
22:49on peut juste craindre qu'il y ait des mêmes.
22:56Et donc, j'appelle simplement effectivement
22:58les directions des ressources humaines
23:00et tout le secteur qui travaille sur le capital humain
23:04à être extraordinairement prudent
23:07par rapport à l'utilisation de l'IA
23:09sur des sujets de performance ou des recrutements
23:12parce qu'on est encore à un moment
23:14où les statistiques sont encore très déséquilibrées.
23:20Merci beaucoup, Floriane.
23:22Il nous reste cinq minutes pour deux dernières questions.
23:24Une pour vous, Sandrine,
23:26et une autre pour vous, Marie-Pierre,
23:28sur ces fameux vents contraires dont vous parliez tout à l'heure.
23:30Le premier vent contraire, Sandrine,
23:33je sais que vous êtes par ailleurs engagée en politique,
23:36donc vous pouvez répondre à cette question.
23:37Un mot, si vous le voulez bien, de musique et de rap
23:40qui s'invitent par la grande porte chez les jeunes
23:42avec des paroles de rappeurs un peu sexistes
23:45qui sont chantonnées aujourd'hui par nos filles
23:47et qui vont à l'encontre des combats d'émancipation
23:49que toutes les générations ont portés.
23:53Est-ce que ça vous inquiète ?
23:54Est-ce qu'il y a un travail de sensibilisation
23:56à faire selon vous sur ce point ?
23:59Alors oui, ça m'inquiète.
24:01Ça m'inquiète parce que si on regarde
24:03le dernier rapport du commissariat à l'égalité
24:07qui fait un état des lieux chaque année du sexisme,
24:10et de la progression du sexisme,
24:12ce que l'on observe, en fait, c'est une radicalisation.
24:15C'est-à-dire que les jeunes filles sont de plus en plus féministes
24:18et qu'on a une partie des garçons
24:20qui se revendiquent masculinistes.
24:22Et donc on a une société qui est en train de se tourner le dos
24:25et ça, c'est inquiétant.
24:28Autre signe d'inquiétude,
24:3094% des jeunes filles en 2025 déclarent
24:33qu'il est plus difficile d'être une fille qu'un garçon.
24:35C'est plus 23 points par rapport à l'enquête précédente.
24:41Alors les garçons aussi,
24:42ce qui prouve aussi qu'il y a peut-être une peur de l'avenir,
24:45mais 94% des filles qui pensent que c'est plus compliqué
24:49d'être une femme, ça, c'est inquiétant.
24:50Et c'est vrai que le quotidien
24:54et tout ce que l'on fait passer comme message
24:56et la problématique des médias,
24:58la problématique de la presse,
25:00la problématique de la culture,
25:01donc avec ces partis pris extrémistes,
25:04y compris dans les paroles,
25:07sont effectivement à surveiller.
25:09Alors qu'est-ce qu'il faut faire ?
25:10Il ne faut rien lâcher sur l'éducation.
25:13Vraiment rien.
25:14Et dès le plus jeune âge,
25:15il faut remettre des femmes en visibilité,
25:19en responsabilité dans tous les domaines.
25:22Je vais, si tu permets Capucine,
25:25donner des noms de rappeuses féministes françaises,
25:28des belles voix puissantes,
25:30en imaginant que comme cadeau d'anniversaire,
25:33tu vas pouvoir rééquilibrer,
25:35comme Johanna, comme Che.
25:36Enfin, on a vraiment quand même
25:37de belles rappeuses françaises.
25:40Donc c'est possible d'écouter.
25:41Et c'est possible d'écouter les deux.
25:43Le sujet, ce n'est pas d'interdire.
25:44Le sujet, c'est bien d'écouter les deux.
25:46Et puis, le dernier sujet, c'est la sanction.
25:48Moi, je pense qu'il ne faut rien laisser passer
25:51sur le sexisme.
25:53Il n'y a pas de petits mots.
25:55Il n'y a pas de petites violences.
25:57Et c'est comme ça qu'au quotidien,
25:59on arrive à pousser nos valeurs.
26:02Merci beaucoup, Sandrine,
26:03pour ce petit pas de côté sur le rap.
26:04Je vous laisse le mot de la fin, Marie-Pierre.
26:06Et peut-être sur ce vent contraire américain
26:08dont vous parliez en introduction,
26:10est-ce qu'il est un grand sujet d'inquiétude,
26:12selon vous ?
26:13Alors, me concernant,
26:15c'est une immense source d'inquiétude.
26:18C'est une source d'inquiétude, d'abord,
26:20pour les droits sexuels et reproductifs des femmes.
26:23Je vous rappelle que le laboratoire
26:26qui fabrique la pilule abortive
26:30qui est utilisée dans notre pays,
26:31sur tout le continent européen,
26:34est fabriquée par un laboratoire
26:35qui est détenu à 40 % par des capitaux américains.
26:38Donc, ça m'inquiète énormément.
26:40Ce qui m'inquiète également,
26:41c'est que cette musique d'efficacité économique,
26:47finalement, et de masculinité,
26:51d'énergie masculine,
26:53finalement, que les deux seraient intimement liées
26:56et que, malgré tout,
27:00cela permettrait à certains,
27:02sur le continent européen,
27:04de consolider, peut-être,
27:08leur vision de la société,
27:11c'est-à-dire une vision très centrée
27:13autour du pouvoir occupé par des hommes,
27:16et de dire, finalement,
27:17c'était un effet, entre guillemets,
27:19de mode que d'avoir une féminisation
27:21et que, finalement, maintenant,
27:24revenons aux choses sérieuses
27:24parce que la situation se complique.
27:26Donc, je crois qu'il faut que nous soyons
27:28plus que jamais vigilantes.
27:29Mais ce qui me rassure, très honnêtement,
27:31c'est qu'en effet, en France,
27:32nous sommes quand même dotés
27:35d'outils législatifs
27:36qui vont nous permettre de faire contrepoids
27:39par rapport à ces bons contraires.
27:41Et on le voit notamment en Grande-Bretagne
27:44et aux Etats-Unis
27:45où, dans les bords,
27:47nous n'avons pas véritablement de différence
27:50par rapport à ce qui a pu se passer
27:51avant l'élection du président Trump.
27:54En revanche,
27:55depuis la fin du dernier trimestre 2024
27:58et là, au début d'année 2025,
28:00on a une perte assez considérable,
28:04notamment de femmes,
28:05dans des postes dits exécutifs,
28:08dans les entreprises côté américaine ou britannique.
28:12Donc, on voit malgré tout
28:14que des pays qui n'ont pas
28:15ces outils législatifs,
28:17aujourd'hui, sont fragilisés,
28:19notamment sur la place des femmes
28:20dans la gouvernance.
28:23Merci beaucoup, Marie-Pierre.
28:25Merci à toutes les trois.
28:26On peut vous applaudir chaleureusement.
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