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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00Les PME, PMI, petites et moyennes entreprises s'inquiètent de l'instabilité qui règne en France et dans le monde,
00:07et notamment avec le revirement de Donald Trump concernant les droits de douane.
00:11On va en parler avec Dominique Chargé, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, la CPME.
00:18Vous êtes également exploiteur agricole.
00:20Justement, ces taxes, ce report de trois mois, est-ce que ça peut changer quelque chose pour vous ?
00:26Est-ce que ça ne change pas ? J'allais dire dans un premier temps, c'est que nous sommes de toute façon dans un monde qui est devenu instable et imprévisible.
00:33Toutes nos chaînes de valeurs ont été construites sur un monde qui était stable, sur un monde qui était sûr et abondant.
00:39Et là, on est passé dans un monde instable et ça se fait par la confirmation avec les allers-retours du président Trump.
00:45C'est aussi au fait que la Chine va rester surtaxée à hauteur de 125% et qu'on a un risque majeur d'avoir une tentative de réexportation sur d'autres continents,
00:54sur d'autres zones commerciales et donc que ça vienne éventuellement faire concurrence à nos produits sur le continent européen et en France particulièrement.
01:01Alors, si je vous comprends bien, les Chinois pourraient reprendre l'offensive comme ils vendraient moins vers les États-Unis,
01:06ils exporteraient plus vers l'Union européenne et donc les Français, les producteurs français seraient concurrencés plus que jamais.
01:13Français et Européens, en tout cas, comme tout le monde est exposé au même moment au même problème,
01:19ce qui avait été mis en évidence dans les différentes réunions que nous avons eues sur ce sujet,
01:24c'est le risque d'avoir des surcapacités industrielles à traiter dans certaines zones du monde
01:28qui pourraient effectivement tenter de réexporter, de trouver d'autres destinations
01:32et qui pourraient être le continent européen, l'Europe, l'Union économique,
01:37et la première zone économique de consommation du monde avec 450 millions de consommateurs
01:42qui sont des consommateurs solvables.
01:43Donc, c'est effectivement un marché, une destination privilégiée.
01:46Pour autant, les petites et moyennes entreprises, comme on les appelle, les petits patrons,
01:50eux, s'inquiètent parce qu'ils ont moins envie d'investir à cause de tout cela,
01:55ils ont moins le moral, d'après l'enquête d'Odoxa qui est sortie dans le magazine Capital,
01:59ils ont moins envie d'entreprendre aussi.
02:01C'est quand même assez nouveau et c'est inquiétant quand même,
02:03parce que les PME, c'est un tissu très important pour la France.
02:06Oui, les patrons sont inquiets, les patrons sont inquiets parce qu'ils voient,
02:10et nous le constatons aussi dans les statistiques,
02:12que nous avons sur les 12 derniers mois, de février à février 2024 à 2025,
02:19nous avons eu un nombre de défaillances qui n'avaient jamais été atteint,
02:22de 66 000 entreprises qui ont été en situation de défaillance.
02:26C'est plus 15% par rapport à la même période de l'année précédente,
02:30et c'est plus 11% par rapport à une moyenne décennale entre 2010 et 2019.
02:35Donc oui, il y a une inquiétude parce qu'il y a aujourd'hui une instabilité, une insécurité,
02:40un niveau de risque qui est important, et des contraintes aussi,
02:43qui font qu'aujourd'hui les entrepreneurs sont inquiets,
02:47et en étant inquiets, ils sont effectivement un peu plus prudents.
02:50Mais il reste, je veux le dire quand même, déterminés,
02:53il reste des chefs d'entreprise dont le moteur de la vie est celui d'entreprendre
02:57et de créer des emplois et de la valeur sur les territoires.
02:59Et ils donnent l'exemple, c'est vrai qu'il faut garder le moral,
03:01parce que si eux n'ont plus le moral, ça sera vraiment grave.
03:03Absolument.
03:04Et puis en même temps, on parle d'une croissance moins forte que prévue cette année.
03:07Hier soir, le ministre de l'Économie, Éric Lombard, annonçait peut-être 0,7% de croissance.
03:13On parle même de 0,5%.
03:15Ce seraient quoi les conséquences pour les PME ?
03:17Les conséquences pour les PME, c'est un ralentissement de l'activité,
03:20qui dit ralentissement de l'activité et dit éventuellement baisse des marges,
03:25moins d'investissement et potentiellement des risques sur l'emploi.
03:28Les impôts de production en France sont quatre fois supérieurs à ce qu'ils sont en Allemagne,
03:32même si ça a diminué depuis quatre ou cinq ans.
03:35Et ils sont le double de ce qu'ils sont sur la zone économique européenne.
03:41C'est là qu'il faut agir ?
03:42Il faut agir là-dessus.
03:43Il faut aussi agir sur le coût du travail.
03:44Nous avons aujourd'hui un coût du travail dont tout le monde sait
03:47qu'il est largement supérieur à la moyenne de l'Europe,
03:49supérieur à ce qui se passe en Allemagne.
03:51Et nous savons que nous avons un poids du financement de notre modèle social
03:54qui pèse aujourd'hui sur le coût du travail
03:57et qui est aujourd'hui un frein à la compétitivité de notre économie et de nos entreprises.
04:02Donc il y a un travail qui doit se faire aussi sur le déport du financement de notre modèle social
04:06auquel il ne faut pas renoncer, mais le déporter sur d'autres sources de financement.
04:10Oui, ce qui veut dire qu'il faudrait une TVA sociale comme le proposait votre président ?
04:13C'est une des pistes qui doit être sérieusement envisagée et expertisée,
04:18dont elle a aussi l'avantage de pouvoir taxer l'ensemble des produits qui sont consommés en France,
04:24qu'ils soient fabriqués ou pas en France.
04:26Oui, mais alors ça, le gouvernement est contre, parce qu'il pense que ça touchera les plus modestes.
04:31Si nous arrivons à déporter une partie du coût du travail qui finance le modèle social
04:37sur un autre levier de prélèvement, ça veut dire que nous pourrions,
04:41sans bouger le salaire brut, augmenter le salaire net.
04:44Et ça, ça crée donc plutôt du pouvoir d'achat qui est favorable à la consommation et favorable à l'économie.
04:49Vous êtes exploitant agricole, est-ce que vous êtes favorable, vous, aux accords du Mercosur,
04:53qui permettraient peut-être d'ailleurs de conquérir de nouveaux marchés ?
04:57Alors nous ne sommes pas défavorables aux accords internationaux,
05:00nous sommes plutôt favorables, nous avons besoin d'exportation.
05:02La France est un pays qui est plébiscité pour la qualité de ses produits,
05:06pour l'excellence de sa gastronomie.
05:08Donc nous sommes favorables aux accords internationaux et à l'exportation.
05:11Nous sommes en revanche opposés aux accords des loyaux,
05:14c'est-à-dire aux accords internationaux qui mettraient nos produits,
05:18et l'excellence, la qualité et les normes dans lesquelles nous fabriquons ces produits
05:22en concurrence avec des produits qui seraient importés,
05:25qui ne respecteraient pas nos standards de production.
05:26Mais Mercosur, on peut améliorer peut-être les choses, non ?
05:29Alors si Mercosur améliore ce volet-là,
05:31qui est aujourd'hui un volet qui est mis en évidence sur cette ombre de filière,
05:33notamment sur la volaille et sur la viande bovine,
05:35nous sommes évidemment favorables à développer des relations commerciales.
05:39D'ailleurs, je pense que c'est une solution qu'il va falloir creuser,
05:42sortir peut-être pour l'Europe de cette posture un peu multilatéraliste.
05:46Nous ne pouvons pas être la dernière zone économique
05:48à appliquer ce multilatéralisme sous des règles
05:51que le président Trump a fait voler en éclats
05:53et aller vers des accords bilatéraux,
05:55avec d'ailleurs des pays qui pourraient avoir à souffrir
05:57de ce que sont les taxes douanières fixées par le président Trump
06:00et avec de nouvelles zones économiques,
06:02l'Amérique du Sud sûrement, mais aussi l'Asie.
06:04Mais Mercosur s'est signé ou pas ?
06:06On a appris que l'Europe l'avait finalement validée.
06:08Alors, la négociation est terminée,
06:10la présidente van der Leyen a acté la fin de la négociation,
06:14maintenant cet accord doit être ratifié
06:16par l'Europe et par les États membres.
06:17Et ça, la France reste contre ?
06:19La France reste contre pour les raisons que je vous ai indiquées.
06:21Merci beaucoup Dominique Chargé.
06:23Je rappelle, c'est PME, en même temps exploiteur agricole,
06:25donc vous avez plusieurs casquettes,
06:26ça ne doit pas être simple pour vous en ce moment,
06:28mais le moral reste, c'est le principal.
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