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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00L'économie de guerre, tout le monde en parle, mais que faut-il comprendre ?
00:03On va justement en savoir plus avec le MEDEF, savoir si les entreprises sont prêtes.
00:07Merci d'être avec nous Dominique Carlac, vous êtes membre du conseil exécutif du patronat français,
00:15ex-candidate à la présidence du MEDEF.
00:18Alors est-ce que les entreprises que vous voyez au quotidien prennent au sérieux cet appel d'Emmanuel Macron ?
00:23Il faut se mobiliser pour financer la défense ?
00:25Elles le prennent plus qu'au sérieux et en réalité il y a déjà une bonne nouvelle dans ce sujet,
00:30c'est que la France est un des rares pays qui a conservé une industrie de la défense.
00:35C'était une industrie dont on parlait très peu ou à bas bruit,
00:39la France est un pays qui a conservé cette industrie et une industrie très forte.
00:44On sera au rendez-vous, mais il faut vraiment que la commande publique soit facilitée.
00:50La dernière chose, c'est peut-être aussi qu'on passe des messages, nous les Français,
00:54à se dire que oui, il va y avoir une nécessité d'endettement supérieur pour avoir ces investissements,
00:59il va y avoir une vraie question budgétaire, on veut augmenter le budget de la nation pour la défense considérablement.
01:05Il faut que Bruxelles entende ça, il faut absolument que Bruxelles entende ça par rapport à notre question d'endettement.
01:09Vous pensez qu'on y arrivera pour le budget qui va devoir être préparé bientôt ? C'est quand même un sacré casse-tête.
01:13C'est un casse-tête, mais en tout cas nous on sera quand même assez exigeants.
01:18À la fois, il y a certaines dépenses publiques qui peuvent être optimisées,
01:22mais ça c'est quelque chose de régalien, c'est quelque chose qui nous apporte de la souveraineté et du développement industriel.
01:27On ne peut pas faire ça à la petite semaine.
01:30Sur les retraites, c'est tranché ou pas ? On a vu que le MEDEF ne voulait pas complètement sortir du débat.
01:36Nous, on ne refuse jamais la discussion. Vous aurez noté que nous sommes toujours là,
01:41que nous avons à la fois des réunions et des positions à la fois très techniques.
01:46Jeudi après-midi, c'est des discussions très techniques sur usure, pénibilité.
01:50Ça reste 64 ans, quoi qu'il en soit.
01:52Nous, on ne sait pas faire autrement. On sait déjà que ça nous coûte 6,5 milliards de déficit, le système tel qu'il est aujourd'hui.
02:02Donc vous imaginez bien que si on descend l'âge de la retraite, c'est plus 6,5 milliards, c'est 13,5 milliards.
02:07Et on sait très bien que si on reste comme ça, il faut absolument qu'on trouve plus de cotisants ou plus longtemps de cotisants.
02:14Ça veut dire qu'il faut encore discuter ?
02:16On n'a pas perdu un peu du temps en pensant qu'on pourrait revenir à 62 et puis les syndicats ont été déçus, ont claqué la porte ?
02:22C'est vrai que le cœur n'y est plus autant que quand on a démarré la discussion.
02:29Néanmoins, moi, je trouve qu'on a des choses à faire.
02:33Depuis le début, on a toujours dit en embuscade, on doit travailler davantage.
02:38Et on a un vrai sujet sur l'emploi senior, par exemple.
02:41Tous les dispositifs qui existent pour l'emploi senior ne sont pas ou peu utilisés.
02:46On a des marges de manœuvre là-dessus et puis surtout, on n'est pas un îlot.
02:49On n'est pas un îlot, les Français.
02:50On travaille tous plus longtemps autour de l'Europe.
02:53Je ne suis pas en train de parler de pays qui sont lointains.
02:56Je parle de nos voisins espagnols, nos voisins anglais, allemands ou danois.
03:00Ils travaillent plus longtemps.
03:01Donc, on n'est pas en plus mauvaise santé en France que dans ces pays-là.
03:06Concernant les femmes, est-ce qu'il y a encore des avancées à négocier ?
03:10Il y a des avancées parce que la particularité des carrières des femmes, c'est qu'elles peuvent être hachées.
03:15C'est-à-dire que parfois, des femmes qui sont entrées sur le marché du travail il y a 20-30 ans,
03:21parfois, quand il y a eu une mutation du mari, on l'a suivie.
03:24Et parfois, on a interrompu sa carrière.
03:27Donc, les femmes sont plus exposées que les hommes, si on veut comparer, aux carrières hachées.
03:31Mais elles pourraient obtenir quoi de plus ?
03:33Justement, qu'on tienne en compte ces carrières hachées.
03:37Et il y a certainement un pan de discussion autour des droits familiaux,
03:41autour des droits conjugaux qui font qu'aujourd'hui, quand vous avez un troisième enfant,
03:45par exemple, vous avez une pension de retraite qui est meilleure pour monsieur ou madame.
03:49Peut-être qu'il y a quelque chose à aller creuser, déjà peut-être dès le premier enfant,
03:53parce qu'on a un problème de natalité, donc ça sera peut-être incitatif.
03:56Et puis, d'autre part, se dire qu'il y a peut-être quelque chose en embuscade
04:00à aller vraiment creuser autour de cette revalorisation pour les femmes.
04:05Donc ça, les chefs d'entreprise sont prêts à rouvrir le débat ou à aller plus loin ?
04:08Ils seraient prêts à lâcher du lest ?
04:10On a fait des propositions.
04:12Nous, sur les femmes, les seniors et l'usure, on a fait des propositions.
04:16Et on a essayé aussi d'ausculter la réalité des carrières longues,
04:19parce que les carrières longues ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
04:21Parlons des patrons du Bénin Général, on a l'impression qu'ils sont malmenés.
04:24On a vu certains syndicats, comme la CGT, les accuser d'avoir coulé la France.
04:30Je pense à la CGT qui a dit ça. Vous n'avez pas trop réagi ?
04:34On n'a pas trop réagi, mais en fait, je dirais que ce propos-là, il était un peu caricatural.
04:37Les chefs d'entreprise n'ont pas coulé la France.
04:41Heureusement qu'il y a des chefs d'entreprise pour donner de l'emploi aux Français.
04:47Parce qu'une entreprise, c'est quoi ?
04:48Il y a un chef d'entreprise et puis il y a des salariés.
04:51Moi, quand j'ai créé mon entreprise, je n'ai pas voulu aller chercher tout de suite du résultat.
04:55J'ai d'abord créé des emplois.
04:56D'abord, j'ai été prendre des commandes, puis j'ai créé des emplois.
04:59Et enfin, ça a permis de partager de la valeur.
05:01Donc, les entreprises ne coulent pas la France.
05:03Au contraire, c'est elles qui innovent et c'est elles qui donnent de l'emploi.
05:06Justement, est-ce qu'il faut encore aller plus loin dans l'allègement des cotisations sociales ?
05:10Ou est-ce qu'il faut au contraire augmenter la TVA avec une TVA sociale
05:13qui permettrait de baisser les charges ?
05:15D'où doit être l'effort ?
05:16Il y a une chose sur laquelle on est resté champion en France,
05:19c'est effectivement les prélèvements obligatoires,
05:22les charges sociales, comme on dit, sont les plus élevées.
05:25Mais en fait, elles pénalisent tout le monde.
05:26Donc, il faut bien se dire que quand on a des charges élevées,
05:29elles pénalisent le pouvoir d'achat des salariés
05:31comme elles pénalisent les capacités d'investissement des chefs d'entreprise.
05:35Oui, d'ailleurs, il y a une étude du Figaro qui montre que pour 2500 euros brut par mois,
05:38l'entreprise dépense 3196.
05:41Le salarié touche 1957 net et après impôt, il ne reste plus que 1885.
05:46Donc, ça fait quand même un écart considérable.
05:49Et en fait, on ne se rend pas compte en France,
05:50mais si les salaires nets sont bas, c'est parce qu'il y a trop de cotisations sociales.
05:54Et en fait, quand vous comparez que ce soit un bilan d'entreprise
05:57ou un bulletin de salaire d'un salarié avec un pays comme les Pays-Bas ou comme le Danemark,
06:03il reste toujours moins et à l'entreprise et aux salariés.
06:05Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
06:07Quand va-t-on réformer le système ?
06:08On a l'impression que c'est inamovible.
06:10C'est un peu tout le sujet du débat sur le financement de notre modèle social.
06:14C'est qu'à un moment donné, il faut avoir suffisamment de courage
06:17pour se dire c'est quoi les pistes de solutions.
06:19Nous, au MEDEF, on a toujours dit que probablement qu'on travaille moins
06:22parce qu'on a une plus faible productivité en France
06:25et qu'on a besoin de travailler plus tout au long de la vie.
06:27C'est-à-dire que c'est la carrière dans son ensemble.
06:30Et plus de monde de travail aussi.
06:31Il n'y a pas assez de Français en activité.
06:33Au global, travailler plus.
06:35Vous êtes vous-même, vous l'avez dit, chef d'entreprise.
06:37Je rappelle que vous avez été athlète olympique.
06:40400 mètres, c'est ça ?
06:41400 mètres.
06:43Pas olympique, j'étais internationale, mais je n'ai pas été olympienne.
06:45Donc là, aujourd'hui, vous êtes entrepreneur et également au MEDEF.
06:50Qu'est-ce qu'il y a de plus dur ?
06:51C'est le sport, gérer une entreprise ou être dans un grand centre public ?
06:54En fait, le sport et le patronat et l'entrepreneuriat,
06:57ce sont des mondes qui se regardent avec fascination réciproquement.
07:01Quand vous êtes sportif, vous regardez les chefs d'entreprise en disant
07:04« qu'est-ce qu'ils ont de plus ? »
07:05Et quand vous êtes chef d'entreprise, vous regardez les sportifs en disant
07:07« qu'est-ce qu'ils ont de plus ? »
07:08En réalité, c'est le même ADN.
07:10Il faut avoir du souffle.
07:11Il faut avoir du souffle.
07:12Voilà, c'est ce que vous avez.
07:14Merci Dominique Carlac, je le rappelle,
07:16membre du conseil exécutif du MEDEF.
07:19Merci d'être venue sur CNews.
07:21Merci.

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