Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00La SNCF va affronter une nouvelle concurrence sur la ligne Paris-Lyon-Marseille avec Trenitalia.
00:06Bonjour Fabrice Toledano, vous dirigez en France la compagnie ferroviaire italienne.
00:10Alors on se pose tous la question, qu'est-ce que ça va changer concrètement ?
00:13Est-ce que par exemple les prix vont baisser ?
00:14Ce que ça va changer c'est que ça va amener plus de fréquences, plus de départs depuis Paris et depuis Marseille
00:20puisque nous allons proposer à partir du 15 juin 4 allers-retours quotidiens.
00:24Et notre objectif c'est vraiment ici de développer l'offre pour développer le nombre de voyageurs qui prennent le train.
00:32Entre 2023 et 2024, nous on a connu une croissance de voyageurs de 40% ce qui est important
00:38et en parallèle on a bien l'opérateur historique qui communique lui aussi sur des records de fréquentation.
00:42Donc c'est bien que le marché est en train de grandir.
00:44D'accord, donc 40% ce ne sont pas des passagers pris à la SNCF, ce sont des nouveaux passagers ?
00:49Alors on ne peut pas le savoir, mais en tout cas lorsqu'on voit la croissance qu'on connaît
00:54et lorsque la SNCF en parallèle communique aussi sur un développement de fréquentation,
00:58on sent bien que le marché est en train de grandir.
01:00D'ailleurs on a l'exemple, alors évidemment on est filial d'un groupe italien, Trains Italiens en Italie,
01:05la concurrence en Italie est ouverte depuis 2012, donc on a un petit peu de recul
01:09et on voit bien que l'arrivée de la concurrence, l'enrichissement de l'offre, c'est-à-dire le plus de trains
01:14ont amené à une forte augmentation du nombre de voyageurs.
01:17Bon ça très bien, mais est-ce que ça fait baisser les tarifs ?
01:19Est-ce que la SNCF a la réputation parfois d'être chère à certaines heures ?
01:23Alors l'un des avantages, l'un des bénéfices de l'ouverture du marché, c'est effectivement la baisse de prix.
01:29Si on prend l'exemple du Paris-Lyon, puisque c'est la seule ligne aujourd'hui où on opère en concurrence avec la SNCF,
01:37les plateformes de vente multi-opérateurs disent qu'effectivement les prix entre Paris et Lyon ont baissé.
01:44On parle de 40%, mais c'est vrai ?
01:46Alors je ne peux pas vous dire exactement de quel ordre, mais c'est sûr que c'est le seul trajet où les prix ont baissé
01:55et nous notre objectif c'est vraiment de pouvoir proposer le meilleur rapport qualité prix possible
01:59avec des prix très simples et des services assez enrichis.
02:02Mais est-ce qu'il y a les mêmes coûts d'exploitation ? Je parle de salaire, coût du travail,
02:07vous payez aussi des droits, des sillons comme on appelle pour utiliser le réseau, ça fait quand même des coûts importants.
02:12Est-ce que vous payez moins cher par exemple ? Vous arrivez à négocier sur ces points ?
02:15Alors le coût des sillons c'est effectivement le premier coût dans un coût global d'exploitation.
02:21En France, en tout cas dans notre modèle, c'est à peu près 45% de l'ensemble des coûts d'exploitation.
02:26Ça coûte combien de faire rouler un TGV entre Paris et Marseille ? Vous louez combien les rails ?
02:31Alors ça va dépendre des horaires, ça va dépendre aussi du type de train,
02:36puisqu'on peut avoir des trains en unité simple ou deux trains attachés, effectivement le coût des sillons...
02:40Mais ça en fonction du nombre de rames ?
02:41Le prix du péage entre par exemple Paris et Lyon qu'on opère c'est entre 26 et 39 euros du kilomètre.
02:47Ah oui quand même, c'est pas mal.
02:48Donc voilà, ça dépend des horaires.
02:50Donc pour remplir vraiment le train.
02:52Pour remplir le train.
02:53Est-ce que ça crée une stimulation pour vous et pour la SNCF ?
02:57Le fait qu'il y ait un concurrent, le fait qu'il y ait en face la SNCF, il faut essayer d'être meilleur ?
03:02Alors en tout cas l'intérêt pour nous c'est effectivement d'abord de développer l'offre,
03:07parce qu'on sait qu'une offre plus riche amène plus de voyageurs
03:12et effectivement les bénéfices de l'ouverture à la concurrence aujourd'hui sont connus,
03:16on a des exemples dans d'autres pays.
03:18C'est une offre où il y a plus de départs donc c'est bien pour les voyageurs,
03:21c'est une offre où les prix sont plus maîtrisés,
03:23c'est évidemment une incitation à l'innovation, à la qualité du service
03:28et tout ça fait que ça attire plus de gens
03:32et notre but c'est bien de proposer une alternative et une offre complémentaire à ce qui existe déjà en France.
03:37Les TGV, ce sont les mêmes que les TGV français ?
03:40Alors on a un modèle de train qu'on appelle le Frecciarossa,
03:43Frecciarossa qui en italien veut dire la flèche rouge,
03:46qui sont conçus différemment.
03:48Pour vous donner quelques exemples,
03:50alors d'abord c'est des trains très modernes, ça ne fait pas très longtemps qu'ils circulent sur les rails,
03:55en Italie évidemment, en France,
03:57c'est des trains qui sont conçus avec quasiment 100% de matière recyclable,
04:01ce qui est quand même une performance industrielle et environnementale.
04:07Nos trains en fait n'ont pas des moteurs concentrés dans le lécomotif
04:11comme on peut avoir l'habitude de voir,
04:12ils ont 16 moteurs qui sont répartis sur l'ensemble du train.
04:14Oui c'est différent comme conception.
04:16Oui et donc du coup ça optimise la puissance,
04:18ça améliore l'adhérence aux rails pour un meilleur confort.
04:21Ce n'est pas le TGV Alstom, il faut préciser.
04:23Non, nous le constructeur c'est Hitachi.
04:26Et puis il y a un agencement à l'intérieur du train qui est différent,
04:29par exemple on a une classe de confort qu'on appelle exécutive,
04:32où c'est une voiture, un wagon, avec 10 sièges en cuir très confortables
04:36qui tournent à 180° pour être dans le sens de la marche,
04:40mais effectivement il y a un agencement du train qui est différent.
04:43Donc le train est conçu différemment pour proposer un service différent.
04:46Alors il y a aussi la question des salaires,
04:48est-ce que vos salariés sont mieux payés qu'à la SNCF ?
04:51Est-ce qu'ils ont envie de venir finalement travailler chez vous ?
04:54Quand j'entends salariés, c'est-à-dire les personnes que vous employez,
04:58viennent de la SNCF ou est-ce que vous les avez recrutées à l'extérieur ?
05:02Alors la plupart des salariés sont issus de l'entreprise Telo,
05:06qui est l'ancien nom de Train Italia,
05:08qui opérait des trains de nuit entre Paris et Venise,
05:10et des trains entre le sud de la France et l'Italie jusqu'en 2020.
05:15Donc ces personnels-là ont été évidemment formés
05:18pour conduire des trains à grande vitesse.
05:21Après on a eu des recrutements externes,
05:23il y en a eu quelques-uns qui effectivement sont venus de la SNCF.
05:26Mieux payés, vous pensez, quand on compare les salaires ?
05:28Alors, ce qui est clair, nos conducteurs et nos agents de bord
05:31n'ont pas le statut de cheminots,
05:33donc ils sont soumis au régime ferroviaire.
05:35Nos tarifs sont plutôt attractifs.
05:38Il y a des primes qui sont liées à la qualité de service,
05:40qui sont liées à la performance,
05:42mais il y a aussi une adhésion à un projet d'une entreprise
05:44qui arrive et qui est un projet de développement.
05:47Et ces projets de développement évidemment donnent des opportunités
05:50de mobilité, de progression...
05:52Et de motivation.
05:53Et de motivation, et donc on investit aussi beaucoup
05:55sur la formation justement pour les accompagner.
05:57Il faut préciser que la SNCF arrive elle aussi en Italie,
06:00donc ça va créer une concurrence pour votre compagnie.
06:02Alors, la SNCF dit arriver en Italie,
06:05donc ce que je vous disais, la concurrence ça fait 12 ans maintenant,
06:0813 ans maintenant qu'elle est ouverte en Italie.
06:11Ce qu'on a vu par exemple, si je prends un exemple
06:13entre Milan et Rome qui est un petit peu l'artère principale,
06:16quelques années après la concurrence,
06:18le nombre de trains a doublé.
06:20Donc si la SNCF vient en Italie,
06:22c'est qu'elle a encore détecté du potentiel de croissance,
06:24donc ça va être bien pour le marché ferroviaire.
06:26Donc c'est vraiment bien, ça va sans doute développer aussi
06:28les réseaux rapides, puisque actuellement on sait
06:30que c'est un petit peu en panne.
06:32Il n'y a pas tellement de grands projets pour Alstom
06:34qui veut développer le TGV à l'international,
06:36parce que c'est cher à développer une ligne TGV.
06:38Un train TGV, en tout cas nos trains,
06:41considérer que ça coûte entre 35 et 40 millions d'euros la rame.
06:46Nous on utilise en France neuf rames
06:48pour assurer notre service,
06:50donc forcément ce sont des investissements qui sont importants.
06:52Fabrice Toletano, merci beaucoup d'être venu sur CNews.
06:55Merci à vous.
06:56Restez avec nous pour l'actualité qui continue.