INTROSPECTION du 27 mars 2025
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00:00Marouane Lahoude, bonjour, très heureuse de vous accueillir aujourd'hui, vous avez
00:08une carrière absolument sensationnelle, on va en parler, on va surtout insister aussi
00:14sur l'homme que vous êtes, le père, l'époux, ce qui vous a conduit à prendre cette directive
00:22professionnelle.
00:23Commençons par Marouane, le petit garçon.
00:25D'abord, je suis très très heureux d'être avec vous pour évoquer finalement toutes
00:35les facettes de ma vie professionnelle et puis un peu ma vie personnelle.
00:40Le petit garçon, je suis né il y a 58 ans à Beyrouth, donc très loin de là où je
00:50suis aujourd'hui.
00:51Dans une famille, je suis l'aîné de mes frères et sœurs, nous sommes 5, et mes parents
01:00étaient tout jeunes mariés, ma maman est toute jeune, on a 20 ans d'écart, donc c'est
01:05une bonne copine aujourd'hui.
01:07J'ai grandi dans cette famille ballotée par les affectations successives de mon père
01:16qui était militaire, militaire libanais, officier dans l'armée libanaise, entre l'est
01:23du pays, une première affectation en France qui a eu toute son importance dans la fabrication
01:32de l'homme, le petit garçon de 8 ans qui arrive à Bourges, à 8 ans, découverte de
01:43la France, découverte non pas de la culture française, parce qu'au Liban, vous le savez
01:49sans doute, la culture française est présente dès l'enfance, à l'école maternelle, on
01:57fait les cours en français le matin et en arabe l'après-midi.
02:01Donc il y avait, il y a toujours un peu moins, mais il y avait une empreinte française très
02:09forte.
02:11Et le premier moment de l'enfance, ou plus exactement la sortie de l'enfance, c'est
02:20quand à l'âge de 12 ans, les parachutistes français qui sont dans la FINUL, la force
02:27d'intervention des Nations Unies au Liban, le colonel Canne, François Canne, à qui
02:35je pense qu'il y a un deuxième papa pour moi, passe voir mes parents, dit pourquoi
02:42il n'est pas à l'école, parce qu'il n'y a pas d'école, je l'emmène.
02:46Et mes parents en bon libanais, un Libanais ne sait pas dire non, disent, et donc deux
02:54jours après il y avait une voiture qui m'embarquait, et je suis parti de chez mes parents, j'étais
03:01interne à Castres, et j'allais retrouver non pas la famille Canne, puisque le colonel
03:09à l'époque Canne était toujours au Liban, mais j'allais retrouver son épouse, dont
03:15les trois filles étaient internes à la Légion d'honneur, donc qui ne rentraient pas le week-end,
03:20et encore aujourd'hui mes soeurs Canne me disent, tu ne mesures pas ta chance, toi tu
03:27voyais maman tous les week-ends et pas nous.
03:30C'est incroyable cette destinée.
03:32Et ça m'a sorti, c'est le moment où je quitte l'enfance.
03:37Oui, parce que vous êtes arraché à vos parents, et puis vous vous retrouvez...
03:40Je quitte le nid, cette expérience a été fondatrice pour moi.
03:45J'imagine.
03:46Et quelques mots encore sur l'enfance, dès tout petit, un papa très, bien que militaire,
03:59mais très ingénieur, les premières devinettes c'est des devinettes de baignoire, on ouvre
04:07le robinet, on ferme le robinet, il y a deux robinets, et un grand-père maternel qui lui
04:15est très historien.
04:16Il avait perdu la vue, et il adorait quand je passais, quand j'étais chez mes grands-parents,
04:23il me disait, viens, prends tel bouquin, ouvre le page 212 et fais-moi la lecture.
04:30Et c'était de l'histoire, et principalement de l'histoire de France, le mythe napoléonien.
04:36Donc j'ai été façonné par ça depuis ma plus tendre enfance.
04:42Alors une facilité pour les maths ?
04:44Je suis convaincu que nous avons tous une facilité pour les maths.
04:51Ce qui nous manque, c'est une rencontre.
04:54C'est rencontrer quelqu'un qui nous fait aimer les maths.
04:57Un professeur par exemple ?
04:58Un professeur, un parent, un voisin, un frère, une cousine, et j'ai eu la chance, à commencer
05:05par mon père, rencontrer plus tard un professeur au lycée qui m'a fait aimer les maths, autour
05:11de moi des cousins, des cousines qui étaient assez matheux, sans être exceptionnel, juste
05:18faire aimer.
05:19Je crois qu'on ne réussit pas si on n'aime pas.
05:23Et vous aviez une vocation ? Vous saviez que vous vouliez, dans vos rêves les plus
05:28fous, être…
05:29Pas du tout.
05:30Pas du tout.
05:31Vous saviez que vous aviez cette ambition en vous ?
05:33Pas du tout.
05:34Pas du tout.
05:35Cette capacité à diriger un grand groupe ?
05:39J'avais toujours été poussé par l'esprit de compétition, que ce soit être premier,
05:51premier de la classe.
05:52J'étais physiquement assez faible quand j'étais petit, je suis né grand prématuré.
06:02Je suis resté longtemps entre la vie et la mort, trois semaines de couveuse à l'époque,
06:13c'était très…
06:14On dit que les prématurés, lorsqu'ils s'en sortent après, sont invincibles.
06:18Je n'en sais rien.
06:19Toujours est-il que j'étais bon en classe, très bon en classe même, mais physiquement
06:25faible.
06:26Et donc, mes parents m'ont dit « non, il faut corriger aussi cet aspect-là ».
06:30Et en fait, c'est à Castres que j'ai découvert le rugby et le rugby m'a transfiguré sur
06:39le plan physique.
06:40À la maison, avec les parents, je montais déjà à cheval, c'est mes deux passions,
06:47le rugby, l'équitation.
06:49J'ai eu la chance de faire du rugby à assez bon niveau et je continue de faire de l'équitation
06:55à plutôt très bon niveau.
06:57Est-ce que nous avions Laurent Colébillon comme invité il n'y a pas si longtemps,
07:03et comme vous, il est dans la défense, comme vous le savez, c'est votre ami, comme vous,
07:07c'est un rugbyman, et dans ces carrières finalement stressantes, même si vous êtes
07:14fort par rapport au stress, on va en parler tout à l'heure, le sport a une part prépondérante.
07:18Le sport a une part essentielle dans deux directions opposées.
07:33Le sport comme évacuateur de stress, comme apprentissage de la gestion de la pression.
07:47Et puis d'un autre côté, le sport comme moteur de dépassement de soi.
07:55Comment on fait pour aller au-delà de ce qu'on sait faire, de ce dont on est convaincu
08:02qu'on est capable de produire.
08:04Alors ça fait une formidable passerelle pour le sujet suivant, puisqu'on va parler cette fois
08:08de votre carrière, et quelle carrière.
08:10A tout de suite.