• avant-hier
INTROSPECTION du 30 janvier 2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Soumiya Malin-Boum, bonjour, je suis absolument ravie de vous accueillir aujourd'hui dans
00:08l'émission Introspection.
00:09Vous êtes présidente de la CCI de Paris, comment est-ce qu'on arrive à la présidence
00:14de la CCI de Paris ?
00:16Bonjour Lucile, on y arrive à la fois avec de la chance et du travail, et puis une opportunité
00:24celle d'avoir été repérée, j'imagine, par le MEDEF, puisque c'est le MEDEF qui
00:30m'a proposé d'être tête de liste à l'occasion de cette campagne des élections
00:35consulaires pour être présidente, la deuxième en un siècle, de la Chambre de Commerce et
00:43d'Industrie de Paris, qui est le plus gros département de France.
00:46J'étais déjà élue CCI, j'étais Madame numérique au sein de l'Ile-de-France,
00:53et donc je donnais un peu de mon temps, ça fait partie de mon engagement à chaque fois
00:58de pouvoir prendre des engagements auprès d'un intérêt général ou d'un service
01:02public, donc je le faisais à la Chambre de Commerce, et puis on est venu me proposer
01:09de faire campagne et de lancer ce défi de gagner ces élections.
01:15Donc j'y suis allée, très peu préparée finalement, mais tout arrive très vite et
01:21on a des ressorts d'énergie qui nous arrivent quand on veut se donner aussi ce défi, et
01:27j'y allais pour gagner, et effectivement j'ai gagné.
01:30Ça c'est clair que de l'énergie vous en avez, donc vous êtes juriste de formation,
01:36vous êtes très engagée dans tout ce qui est diversité, inclusion, parité, ça vous
01:42porte, et vous avez cette envie d'aider les femmes, votre sœur est ministre, a été
01:47ministre, il y a quelque chose dans votre famille qui fait qu'on a envie de faire
01:51bouger les lignes ? Oui, c'est l'énergie de cette différence,
01:56de cette singularité, du fait que finalement on n'est pas forcément toujours à sa place
02:03puisque moi je suis originaire d'Algérie, mes parents sont arrivés fin des années
02:0750 dans le nord de la France, dans une petite ville de province, et là j'ai vécu avec
02:15mes frères et sœurs, nous étions 6 dans une cité, donc à un moment donné évidemment
02:21nos parents nous élèvent dans l'école, dans l'école de la société dans laquelle
02:28on est, et en même temps dans les traditions musulmanes que sont celles de mes parents.
02:34Et à quel âge vous êtes un petit peu sortie ?
02:37Mais à un moment donné il faut étudier, c'est vraiment l'école, c'est vraiment
02:41l'enseignement qui est le chemin de la meilleure intégration, et à l'époque c'était possible
02:46et ça marchait.
02:47Pourquoi ce n'est plus possible aujourd'hui ?
02:48Parce qu'aujourd'hui il y a un demi-million de décrocheurs en France qui sont ici de
02:52la quatrième génération qui était la mienne.
02:55Trois générations plus tard, les Français d'origine étrangère qui ont fait des enfants
02:59qui sont nés ici, l'accord principal ce sont des jeunes issus de l'immigration et
03:05qui n'ont pas le bac, qui décrochent, ou post-bac, qui n'atteignent pas.
03:09C'est multifactoriel, on n'est pas en train d'expliquer les raisons, mais la situation
03:14c'est qu'à mon époque, la chance c'est que l'intégration par l'école, par les
03:18études supérieures et par le travail était la voie royale.
03:21Et mon père nous a enseigné ça, il nous lisait Le Monde tous les soirs en français,
03:26et donc on a été très biberonnés je dirais à l'école, à l'enseignement, à l'apprentissage,
03:33et puis très vite, après mon bac, moi j'ai voulu quitter Saint-Quentin, parce que cette
03:39ville représentait justement ce déterminisme social dans lequel on nous avait finalement
03:45assignés à résidence, et puisque dans le Nord il y avait beaucoup d'immigration, de
03:50travail d'origine maghrébine, et je suis partie pas très loin, je suis partie à Lille
03:55qui était déjà la première étape pour faire une partie de mon droit, et très très
03:59vite ma destination finale devait être Paris, et ça l'a été.
04:03Et déjà à l'époque vous étiez très engagée pour les causes féminines, ou c'est venu
04:09après ça, quand vous avez peut-être rencontré des difficultés à être femme ?
04:13Oui, en fait à l'université je suis arrivée à Assas pour ma dernière année de droit,
04:20donc là c'était le GUD qui sévissait à l'époque, fin des années 90, et effectivement
04:28tout de suite j'ai compris qu'il y avait des sujets de discrimination, et puis c'était
04:34déjà, je dirais un peu dans mon ADN, cette différence, on vous la rappelait assez souvent,
04:41puisqu'à l'époque on était dans un environnement où le sexisme, le racisme étaient totalement
04:47décomplexés, ordinaires, on ne pouvait pas aller frapper à la porte du défenseur des
04:52droits ou d'une quelconque association, je vous parle de cette époque, c'était dans
04:55les années 80-90.
04:56Alors il y avait quoi ? Il y avait de la colère en vous, de l'incompréhension ?
05:00Non, il y avait plutôt de la résilience, toujours de l'énergie, et puis une volonté
05:04effectivement de changer la donne, de vouloir changer les choses, et donc ça c'est quelque
05:10chose qui m'a tout le temps animée, et ensuite quand je suis arrivée dans la première entreprise
05:16après mon droit, là aussi j'ai été repérée, on m'a proposé de...
05:21Repérer comment ?
05:23Repérer parce que l'énergie je pense, parce que je terminais mon droit à ça, c'est en
05:27même temps j'avais pris ce job pour gagner ma vie et trouver un logement puisque je voulais
05:31venir à Paris, donc il y avait beaucoup de désavantages, il fallait, voilà je partais
05:36de rien, donc je travaillais en même temps que je terminais mes études et j'ai trouvé
05:40un job dans une boîte d'informatique américaine où j'étais standardiste, et donc en faisant
05:49le standard j'en faisais tellement plus, je pense, qu'à un moment j'ai été repérée
05:53et on m'a proposé de rejoindre le département à l'époque achat et vente d'ordinateurs
05:59donc ça s'appelait Brokredge, et ils ont cru en moi, là aussi c'est de la chance,
06:04et là j'ai...
06:05La chance, pas de la chance, la méritocratie...
06:07La chance qu'on va chercher, non mais la chance qu'on va toujours évidemment chercher
06:13parce que la chance elle vient aussi en allant vers les autres.
06:16Bien sûr.
06:18C'est de se donner la chance, et donc c'est là où ma carrière dans la tech a commencé
06:25et j'y suis restée, j'y suis depuis plus de trente ans.
06:28Et vous y êtes encore.
06:29Et c'est là où vous avez constaté qu'on manque de femmes et que vous vous serez contribuées
06:35à ce déséquilibre, et on va parler de ça dans quelques instants après une rapide
06:40pause.
06:41Merci Soumya.

Recommandations