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Samedi 22 mars 2025, retrouvez Marie-Christine Mahéas (présidente, Think Thank “Ateliers de l’entreprise et Mixité”) dans SMART WOMEN, une émission présentée par Marie-Claire Capobianco.

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Transcription
00:00Bonjour Marie-Christine Maillas. Bonjour Marie-Claire. Merci de votre présence dans Smart Women.
00:09Alors Marie-Christine, nous allons bien sûr, comme je le disais en introduction, parler de la position des femmes.
00:15Mais avant, finalement, je voulais démarrer par une question qui est directement issue de l'actualité.
00:19Vous êtes directrice au sein du groupe Forbis Mazar, vous êtes directrice Diversité et Inclusion,
00:27c'est-à-dire exactement la fonction que le gouvernement américain a entrepris de détruire.
00:32Donc première question, qu'en pensez-vous ? Comment voyez-vous l'évolution des choses ?
00:37Qu'est-ce que vous constatez dans les groupes que vous connaissez ?
00:40Comment vous voyez ça ? Est-ce que c'est très inquiétant ou est-ce qu'on va pouvoir s'en sortir ?
00:44Il y a quelques motifs d'inquiétude. Effectivement, je pense que la fonction de directeur et directrice d'IANA ne sont pas menacées, en tout cas en Europe.
00:53En revanche, il y a de vrais reculs aux Etats-Unis. Je ne vous apprends rien.
00:57Il y a l'exemple emblématique d'Accenture qui a vraiment choqué puisqu'ils étaient particulièrement avancés sur le sujet.
01:05Il y a évidemment toutes les entreprises, en particulier qui travaillent dans le secteur public, qui sont très touchées.
01:11Donc là, c'est catastrophique. Ou bien ça touche également des entreprises qui, en Europe, ont des parts de marché importantes aux Etats-Unis.
01:21Autrement, ce que l'on observe quand même et qui est plus rassurant, c'est une certaine discrétion.
01:26On ne change rien. On continue d'avoir des objectifs, on continue d'avoir des feuilles de route mixitées, mais on ne communique plus.
01:33Ou alors, on n'utilise plus le mot diversité. Ça, on le voit beaucoup.
01:37Ou bien encore, officiellement, on a arrêté. C'est-à-dire qu'on ne communique plus, on n'utilise plus le mot diversité, mais on continue.
01:45Je vois, je ne le citerai pas, mais l'exemple justement d'une entreprise très emblématique qui a annoncé tout arrêter et qui, sur le marché français,
01:53quand on leur demande « Mais qu'est-ce qui se passe ? Vous n'allez même pas arrêter ? », finalement, ressortent la feuille de route initiale et l'ancienne version du site Internet.
02:01Voilà. Donc il y a des effets d'annonce. Et puis il y a aussi les entreprises qui n'ont absolument rien changé dans la communication et dans les initiatives.
02:10Et même, je dirais davantage, des entreprises qui, au contraire, ont renforcé leurs feuilles de route, leurs objectifs,
02:18parce qu'ils y ont vu une sorte de menace à cet équilibre qui est en train de se faire autour de la diversité.
02:25Et sous la menace, finalement, ont décidé de se renforcer. Il y a même eu une tribune dans les échos de chefs d'entreprise. Voilà.
02:33Donc il n'y a pas de menace, je pense.
02:36— On retient qu'on peut être un petit peu rassurés malgré tout. Bon. Alors venons-en maintenant à votre perception de la position des femmes.
02:43Je sais que vous avez juste eu une séance du club des dirigeants au sein du think-tank que vous présidez, donc l'atelier de l'entreprise Emixité.
02:55Alors quelle a été la teneur et qu'est-ce que vous retenez principalement de ces entretiens que vous avez eus ?
03:00— Alors oui, effectivement, c'est intéressant, parce que ça permet de voir quelles sont les problématiques à leur niveau, vraiment au niveau des dirigeants.
03:07Ce sont des dirigeants de grands groupes, de grandes organisations privées, publiques.
03:11— Et pardon, je vous coupe, mais il y a des femmes et des hommes.
03:14— Il y a des femmes et des hommes, effectivement. Ils sont une vingtaine et une minorité de femmes. Nous avons les deux.
03:20Eh bien tout d'abord, alors évidemment, ils sont là parce que pour différentes raisons.
03:26Soit ils ont été encouragés par leurs équipes, soit ils sont engagés de manière naturelle.
03:31Ce n'est pas le cas pour tous. Mais d'une façon ou d'une autre, s'ils n'étaient pas totalement engagés, ils le sont devenus au contact de leurs collègues
03:38en s'appropriant des éléments de langage, des attitudes et un engagement, justement, qu'ils n'avaient pas forcément.
03:45Donc nous sommes biaisés, puisqu'ils sont particulièrement engagés. Mais néanmoins, ils ont eu tous le même constat,
03:54qui est que de leur côté, ils gardent le cap concernant la diversité et l'inclusion.
04:00Certains ont eu des commentaires par leurs homologues américains. « Mais pourquoi tu fais ce commentaire ? », etc.
04:08Ça ne les a pas empêchés finalement, grosso modo, de continuer sur leurs feuilles de route et leur engagement,
04:14en changeant le vocabulaire, comme je le disais. Donc une certaine prudence, mais un cap qui est gardé.
04:22Ça, c'était vraiment dans le tour de table, à l'unanimité, la position.
04:27Ensuite, leur préoccupation principale à leur niveau, c'est le groupe des hauts potentiels, les femmes de Bivier,
04:40qui vont accéder à leur comité exécutif ou à leur équipe dirigeante. Et ça, c'est un vrai souci pour eux de chaque instant,
04:47puisque c'est aussi là-dessus qu'ils seront jugés sur les questions de diversité.
04:53Alors, ils y travaillent de différentes manières. D'abord, ils sont tous, en l'occurrence, dans ce groupe mentor,
05:01une haute potentielle qui appartient à une organisation autour de la table.
05:05Donc c'est vraiment un dirigeant ou une dirigeante avec une très haute potentielle.
05:10Et c'est un système qui fonctionne, puisqu'on voit que ces femmes, toutes hautes potentielles qu'elles sont,
05:18ont vraiment des freins qu'on imagine mal à ce niveau. C'est ça qui est parfois inquiétant et désespérant, si je puis dire,
05:27puisque ces freins existent vraiment chez toutes les femmes, y compris celles qui sont surdiplômées, surcompétentes.
05:34Mais bon, le mentorat fonctionne bien. Et leur autre préoccupation, c'est quel suivi doit-je effectuer de ce groupe de femmes
05:43qui va arriver et devenir dirigeante ? Et là, la question n'est pas résolue. C'est-à-dire qu'ils pensent à différentes solutions.
05:52C'est un peu des expérimentations qui ne fonctionnent pas toujours.
06:00Mais en tout cas, l'idée, c'est d'avoir un suivi très rapproché de ce vivier de talents.
06:06Et certains disent qu'on est allés trop loin, en fait. On les a trop suivis et ça a découragé certaines qui ont dit que c'était chez moi.
06:15— Parce que le temps passe malheureusement vite. Pour en revenir, un thème que vous avez évoqué quand on a parlé ensemble avant la réunion,
06:21qui était que, justement, parmi les freins, il y avait l'image du pouvoir. Alors dites-nous... Il nous reste une minute trente, en gros.
06:27Mais dites-nous, c'est quoi, les freins, la relation au pouvoir ? Comment vous le percevez ?
06:33— La question de l'image du pouvoir est arrivée sur leur table, si je puis dire, parce qu'on parlait du sujet de l'opting-out,
06:40donc les femmes qui font un pas de côté. Et dans les raisons de l'opting-out, il y avait cette image du pouvoir qui était un peu repoussante pour les femmes.
06:47Là où on en est, là où ils en sont de cette réflexion, c'est qu'il faut absolument redéfinir ce qu'est le pouvoir,
06:55à savoir que le pouvoir défini par un homme ou le pouvoir défini par une femme n'est pas le même.
07:02Et on ne souhaite pas y accéder pour les mêmes raisons. Donc ça, c'est vraiment important pour les dirigeants de comprendre
07:08qu'est-ce qui va attirer les femmes vers le pouvoir. Et puis il faut qu'on travaille aussi sur les mythes et les réalités,
07:15c'est-à-dire que le pouvoir est parfois diabolisé par des hommes et par des femmes, entraînant la non-envie d'y accéder.
07:23Donc il y a tout un travail à faire sur l'image du pouvoir, le côté boys' club, le côté « il va falloir que je me batte si j'arrive dans cette arène-là ».
07:31Et donc ils essaient, on est vraiment dans une démarche, ils sont dans une démarche de mettre en avant tout ce qu'il y a de positif dans le pouvoir.
07:40Toutes les raisons de jouir du pouvoir qui pourront peut-être finalement attirer davantage de femmes.
07:47On va s'arrêter là, mais c'est un thème très intéressant, le thème du pouvoir et de la façon dont les femmes le perçoivent.
07:53D'ailleurs, j'avais reçu Cécile Béliot, qui est la directrice générale du groupe Bell, qui avait justement expliqué de façon très intéressante.
08:02La conception du pouvoir, au départ, elle n'avait pas envie du pouvoir.
08:06Et puis après, elle s'est rendue compte que le pouvoir, ce n'était pas une fin en soi, c'était un moyen de faire des choses.
08:10Et comme elle avait envie de faire des choses, du coup, elle a trouvé le pouvoir tout à fait intéressant.
08:14Et elle l'a assumé.
08:15Et elle l'a assumé.
08:16Merci beaucoup.
08:17Merci Marie-Claire.
08:18Je vais continuer d'ailleurs à parler de ce sujet avec mon invitée d'après, puisque c'est Marine Schiappa et elle est également très sensible à ce thème-là.
08:23Absolument.
08:24Merci Marie-Christine.

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