À la tête d’un empire immobilier à Paris, cofondateur d’Aircall, une start-up « licorne » qui vaut aujourd’hui plus d’un milliard d’euros, l'entrepreneur de la French Tech prouve que l'origine sociale ne détermine pas la réussite. Il revient sur son parcours atypique dans "Rien à perdre"
Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Mathilde Serrell sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00Les nouvelles têtes, Mathilde Serrell, il est 9h50, ce matin votre invité le revendique,
00:05il n'était pas fait pour réussir, aujourd'hui à 38 ans, il veut incarner une forme de rêve
00:11français.
00:12Jonathan Angheloff est dans notre studio.
00:14La vie est belle, le destin sans les cartes, personne ne joue avec les mêmes cartes,
00:20les rêves se lèvent le voile, on n'est pas nés sous la même étoile, on n'est pas nés
00:24sous la même étoile, on n'est pas nés sous la même étoile, on n'est pas nés sous la
00:25même étoile.
00:26Bonjour Jonathan Angheloff, nés sous la même étoile, ce classique d'Iam qui vous a bercé,
00:31est-ce que vous lui donnez tort en quelque sorte ?
00:34En fait il dit la vérité, c'est vrai que souvent on a l'impression de ne pas être
00:39nés sous la même étoile, et en revanche ce que j'avais envie de prouver c'est que
00:42c'était possible d'aller plus loin, qu'on n'est pas nés sous la même étoile, donc
00:46on restera différent de ceux qui sont bien nés.
00:49En fait ce que veut dire Iam là, c'est qu'il y a des gens qui, quand ils sont mal nés,
00:54ils vont rester toute leur vie dans ce monde un petit peu en dessous des autres, réduits
00:58d'une certaine manière.
00:59En fait, est-ce que notre passé va déterminer notre futur ? Et moi je n'ai jamais accepté
01:04ça, alors la musique je l'ai toujours adorée, et elle me trotte souvent dans la tête, et
01:08en revanche j'ai essayé de prouver que c'était possible.
01:11Même en étant nés sous une étoile qui n'était pas favorable, c'est ce que vous racontez
01:14dans « Rien à perdre d'une enfance en famille d'accueil à la création d'une
01:17entreprise valorisée à plus d'un milliard d'euros, les clés d'un succès ». C'est
01:22lié chez Alizio, on vous compare parfois à Xavier Niel, c'est dans la préface,
01:27Frédéric, je vous sais qu'un philanthrope, grand entrepreneur, vous compare à Xavier
01:31Niel, pour ce côté, je veux percuter le destin, ça a été un de vos modèles ?
01:35Alors Xavier Niel, oui évidemment, un jeune, quand j'ai vu ce qu'il a fait en partant
01:40du Minitel et à faire évoluer son business comme ça, en créant une des plus grosses
01:44boîtes françaises, évidemment ça a été un exemple.
01:46Et ce qui est beau je trouve c'est qu'il y a quelques exemples en France comme ça
01:51où on voit des personnes qui viennent de rien, qui n'avaient pas grand-chose pour
01:54réussir et qui arrivent à quelque chose.
01:56Et j'ai aussi regardé beaucoup de personnes aux Etats-Unis parce qu'il y a beaucoup
02:00d'exemples aux US et je me suis dit « mais pourquoi pas moi en fait ? Pourquoi pas moi ? »
02:05Et on va découvrir que ça commence très tôt.
02:08Mais d'abord ce destin, vous ne lui avez pas laissé les cartes en main et comme vous
02:12l'écrivez vous n'étiez pas né pour réussir parce qu'il faut dire qu'aujourd'hui
02:14vous êtes le seul fondateur d'une licorne, c'est-à-dire une start-up valorisée à
02:18plus d'un milliard d'euros, qui soit issue d'une famille pauvre, ayant grandi dans
02:22les foyers de l'aide sociale à l'enfance dans les cités en banlieue parisienne, fils
02:25d'une maman immigrée, illettrée, qui sera ruinée.
02:28Et tout ça, vous vous êtes rendu compte que c'était votre caractéristique, votre
02:32différence aussi, assez tard quand vous avez regardé le parcours des autres fondateurs
02:37de start-up.
02:38Vous vous êtes dit « merde je suis seul là ».
02:39Oui en fait, mais ça m'a motivé.
02:41En fait j'ai mis énormément de temps à accepter cette condition en fait, le fait
02:44que je partais d'en dessous et que j'allais avancer.
02:49Pendant des années j'ai caché ça, au contraire je me crée un personnage de quelqu'un qui
02:52vient d'une famille normale, d'une vie normale, parce que j'avais honte de ça.
02:55Vous disiez que vous viviez chez une tante enfant quand vous étiez en famille d'accueil.
03:00Vous avez été co-fondateur de cette licorne cotée à plus d'un milliard d'euros qui
03:03s'appelle Aircall, qui a révolutionné la téléphonie d'entreprise.
03:06C'est la 16ème licorne française avec des bureaux à New York, Paris, Londres, Berlin,
03:11Sydney.
03:12Vous avez donné à l'enfant que vous étiez son rêve, c'est-à-dire un appartement en
03:15face de la Tour Eiffel et une belle voiture.
03:17Vous en demandez pas plus aujourd'hui ?
03:18C'est ça.
03:19Non mais en fait j'avais des rêves de gosse comme plein de gamins et devenir riche n'a
03:24jamais été un rêve.
03:25Ce qui était un rêve c'était plutôt d'avoir des petits trucs dont je rêvais quand j'étais
03:28gamin.
03:29Et pourquoi la Tour Eiffel ça peut paraître bête, c'est que j'ai grandi à rue Saint-Charles,
03:32juste à côté dans le 15ème arrondissement.
03:34Et quand je sortais de chez ma mère, la première chose que je voyais c'était la Tour Eiffel
03:38puisque en fait dans la rue il y a une percée vers la Tour Eiffel.
03:42Et j'avais trop la ligne 6 pour aller à l'école et je passais devant la Tour Eiffel
03:47et je me disais « Waouh, ça doit être fou d'avoir cette vue depuis en haut de la Tour
03:51Eiffel ». Et donc gamin, toute ma vie j'ai rêvé de ça et le jour où j'ai pu, j'ai
03:56exaucé un souhait.
03:57Et pour les voitures c'est un peu pareil, j'avais les Hot Wheels.
03:59Un jour je me suis acheté une des Hot Wheels.
04:01Voilà.
04:02Et puis vous avez aussi acheté d'autres choses.
04:04Vous dirigez un fonds d'investissement immobilier qui s'appelle Aguesso Capital, c'est votre
04:07passion.
04:08Limo ça a démarré comme ça.
04:10Et on va revenir à vos premiers business d'abord.
04:12Justement quand vous reveniez le week-end chez votre mère, entre le foyer et le week-end
04:17chez votre mère, vous avez eu très tôt un ordinateur, vous lui avez demandé d'acheter.
04:20Vous avez commencé en vendant des bijoux fantaisie avec l'ancêtre d'Ibée qui n'existait
04:26même pas.
04:27Vous n'aviez même pas votre bac d'ailleurs à l'époque.
04:29Exactement.
04:30Non, non.
04:31En fait, j'ai eu mon premier ordinateur à l'âge de 10 ans.
04:33Donc avant que ma maman fasse faillite finalement puisqu'on a tout perdu quand on avait 12
04:36ans.
04:37Quand j'avais 16 ans, 17 ans, j'avais à peu près le même ordinateur.
04:40Et donc en effet, quand je rentrais à Paris, j'étais toute la journée sur mon ordinateur
04:43et j'achetais sur Alibaba, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire à l'antenne,
04:47mais j'achetais sur l'ancêtre d'Alibaba, des grosses quantités de petits bijoux de
04:55fantaisie que je revendais après sur Ebay en France pour le coup.
04:59Et donc ça me permettait de gagner quelques centimes quoi.
05:02Mais même des centaines d'euros.
05:04Votre mère, elle insistait pour vous continuer à livrer des pizzas, vous avez été vendeur
05:08chez Agenda, vous avez tout fait pour la rassurer parce que ces trucs d'internet,
05:11elle n'était pas sûre.
05:12Elle croyait même que vous aviez un magasin de téléphonie mobile.
05:15Oui, quand j'ai créé Aircon, elle était persuadée que c'était une boutique.
05:18Ce qui est très, très touchant, c'est que votre mère, il va y avoir un deuxième élan
05:23dans votre vie.
05:24C'est son décès.
05:25On est entre le 31 décembre 2018 et le 1er janvier 2019.
05:29Donc c'est le nouvel an, c'est la fête pour tout le monde, c'est un grand jour de deuil
05:31pour vous.
05:32Vous allez découvrir en fait que cette mère compliquée, dépressive, elle a un petit
05:37dossier en carton où il y a tous les articles sur vous, depuis que vous avez réussi, parce
05:42qu'après le succès Imo, vous êtes lancé chez Aircon, et ça, ça vous a libéré une
05:46deuxième fois.
05:47En fait, ce qui était très perturbant, c'est que ma mère était une femme très dure.
05:51Grandie dans le communisme, a fui le communisme bulgare dans les années 70, a fui pour la
05:56France, donc partie à pied, enfin vécue dans le froid, vraiment la vraie dure vie
06:02à la communiste.
06:03Et donc pour elle, il faut être méritant pour tout, c'est-à-dire avoir une paire
06:07de chaussures.
06:08Il faut mériter d'avoir une paire de chaussures et je le dis dans le livre, elle a gardé
06:11ses mêmes chaussures de 12 ans à 18 ans et ses parents lui avaient acheté des trop
06:14grandes chaussures.
06:15Je peux vous dire à quel point pour demander quelque chose à ma mère, c'était compliqué.
06:17Et donc jamais elle ne me disait qu'elle était fière, au contraire, c'était « c'est
06:20pas bien, t'es pas assez bon, qu'est-ce que tu fais sur l'ordinateur toute la journée
06:22? » etc.
06:23Et donc toute ma vie, je n'ai jamais eu une maman qui me disait « bravo, c'est incroyable
06:26! ». Et c'est vrai qu'à son décès, je me suis rendu compte qu'elle avait fait
06:29ce petit dossier dont je vous parlais, où il y avait tous les articles de presse qu'elle
06:33avait découpés, certains étaient imprimés et en fait, elle était fière de moi et elle
06:37ne me l'a jamais dit.
06:38Et on a eu une relation très difficile, très destructrice avec ma mère parce que l'alcool,
06:43la dépression, tout ça, et moi qui essaye de réussir, d'avancer, de faire des études,
06:46ça a été compliqué d'être placé en famille d'accueil, etc.
06:48Et quand j'ai vu ça, ça m'a fait quelque chose auquel je ne m'attendais pas, j'étais
06:53seul à la maison face à ça et quelque chose se switch dans ma tête où je me dis « ok,
06:59maintenant elle n'est plus là mais je vais la rendre fière et je vais aller plus loin
07:02que je n'aurais pu l'imaginer ». Alors qu'on est en 2019 et qu'Aircall avait déjà valorisé
07:05plusieurs centaines de millions de dollars.
07:07Mais ça crée quelque chose en moi et je me dis « je ne serai plus jamais le même,
07:11je vais aller tout droit maintenant ».
07:12Et vous n'aviez aussi plus rien à perdre, comme vous dites, ça va donner cette élance
07:16souffle, j'ai envie de vous demander, qu'est-ce que vous dites aux jeunes qui écoutent et
07:20qui ne sont peut-être pas « résiliants » comme on dit ?
07:23Les jeunes qui écoutent, la première chose à savoir c'est que peu importe d'où vous
07:27venez, peu importe votre passé, la seule personne qui déterminera votre futur, c'est
07:31vous.
07:32Il faut arrêter de se dire « je suis mal né, donc en fait je n'ai aucune chance de
07:34réussir et on peut y arriver ». Et j'en suis la preuve humaine parce que je n'étais
07:39pas un bon élève, je n'ai pas grandi dans une bonne famille, je n'ai jamais été
07:43vraiment quelqu'un de meilleur que les autres et pourtant, à force de travail, on arrive
07:47à quelque chose.
07:48On arrive à être entrepreneur de l'année, élu par la Chambre du Commerce et de l'Industrie
07:51de Paris et le Ministère des Finances en 2024, bravo à vous, vous êtes dans le top
07:5550 des entrepreneurs qui font bouger l'économie française.
07:58Vous êtes « inspirant » comme on dit Jonathan Angolov.
08:01Bonne route, rien à perdre, c'est chez Alizio Édition.