Comment redonner confiance aux citoyens ? Comment refonder la gauche autour d'une nouvelle social-Démocratie ? Anne Hidalgo publie "Résister, le pari de l'espoir", aux éditions de l'Observatoire.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 17 mars 2025.
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00:007h42 sur RTL. Thomas, vous recevez aujourd'hui la maire de Paris, ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo, qui a attentivement écouté Martial.
00:13Bonjour et bienvenue sur RTL, Anne Hidalgo.
00:15Merci beaucoup, bonjour.
00:16Résistez le pari de l'espoir, c'est le titre du livre assez personnel mais aussi toujours très politique que vous venez de publier aux éditions de l'Observatoire.
00:22Quelques mots justement sur ce que vient de dire Martial You, quand François Bayrou dit pas de retour possible à la retraite à 62 ans, il a raison,
00:28c'est le principe de réalité qui gagne ?
00:30Non mais je suis complètement d'accord avec l'édito que vous venez de faire.
00:34Voilà, moi je crois à la démocratie sociale.
00:37Bien sûr que ce conclave a été fait, mis en place pour éviter la censure et notamment obtenir du Parti Socialiste qu'il n'y ait pas de censure.
00:47Mais après, c'était pas simplement un artifice, enfin moi je crois, à la capacité des partenaires sociaux de trouver des solutions, les laisser discuter,
00:57ne pas intervenir, attendre...
00:59Donc il se trompe François Bayrou ?
01:00Ah bah il se trompe complètement et il tue un espoir qui est justement un espoir de revenir à de la discussion, à de la conversation,
01:10à du respect des organisations syndicales, du monde économique, des acteurs qui font la démocratie.
01:18Et je crois que c'est vraiment une très très mauvaise manière et je suis entièrement d'accord avec cette analyse qui consiste à dire
01:25mais comment peut-on mettre sur le même plan l'effort de guerre, l'effort militaire dont une partie va être quand même financée par le privé ?
01:33Foutage de gueule a dit Jean-Luc Mélenchon.
01:34Oui, moi je n'utilise pas, enfin de toute façon Jean-Luc Mélenchon n'est pas ma référence et ne la sera jamais.
01:40Mais ce n'est pas acceptable, je crois qu'il faut se donner des chances.
01:44On est dans un pays qui est hyper centralisé, dans lesquels tout sort, tout émane du pouvoir suprême du Président de la République
01:55alors qu'il y a de l'intelligence dans notre pays, de l'intelligence collective.
02:00On l'a vu notamment par exemple quand on a tous travaillé ensemble sur les Jeux Olympiques et Paralympiques qui ont été une belle aventure politique.
02:08Et vous en parlez des Jeux Olympiques et Paralympiques dans ce livre « Résister le pari de l'espoir ».
02:12Vous parlez aussi de l'époque du Covid. Il y a une question qui se pose, qu'on entendait à 7h15 dans notre événement.
02:16Une famille de victimes, une des nombreuses familles qui n'ont pas pu enterrer dignement leurs proches.
02:20Faut-il une journée d'hommage national pour les victimes du Covid ? Est-ce que vous le souhaitez ?
02:24Oui, moi je suis tout à fait favorable à cela parce que c'est vrai que ça a été une période extrêmement difficile.
02:30Je le dis dans mon livre, moi en tant que maire de Paris, on s'est retrouvés à devoir prendre des décisions à gérer dans un brouillard quand même très épais.
02:41Et ce qui me revient de cette période, c'est quand même cette boule au ventre où je disais à mes équipes,
02:47chaque décision que nous prenons peut faire plus ou moins de morts.
02:51Donc c'est à l'aune de cela qu'il faut évaluer les décisions que nous allons prendre.
02:56Je crois qu'il faut parce qu'il faut tirer les leçons, les enseignements aussi de ce Covid.
03:01Il y a eu le pire, le pire vraiment et notamment sur les privations de liberté, sur une espèce de doctrine comme ça qui nous était imposée.
03:10On n'avait plus le droit de sortir dans les parcs. Au début, les masques, ça ne servait à rien.
03:17Et puis après, on ne pouvait même plus marcher dans une rue déserte sans mettre un masque sur le nez.
03:22Bon, il faut tirer. Et il y a eu le meilleur aussi parce qu'il y a eu vraiment une énergie formidable de tout le pays.
03:28Donc il faut tirer les leçons de tout cela.
03:30Et donc, une journée d'hommage national. Vous évoquez les privations de liberté.
03:32Ce livre, c'est aussi celui de plusieurs inquiétudes.
03:34La démocratie n'est pas naturelle, c'est une construction humaine. Elle s'abîme si l'on n'en prend pas soin.
03:39Exemple très concret. Il y a une proposition de loi sur le narcotrafic qui arrive aujourd'hui à l'Assemblée.
03:44Certains la disent des avocats attentatoires à notre démocratie, à nos libertés. Est-ce que c'est le cas ?
03:49Est-ce qu'aller chercher dans les conversations cryptées, des messageries, ça ne doit pas être permis même pour les narcotrafiquants ?
03:55Alors, je n'ai pas étudié cette loi, mais c'est vrai que je me pose la question et je n'ai pas complètement tranché.
04:02En fait, ce que je vois sur la lutte contre le narcotrafic, c'est qu'on a appliqué et qu'on veut appliquer les méthodes qu'on a appliquées à l'antiterrorisme.
04:12Et en cela, je pense que c'est...
04:16C'est une bonne chose ?
04:17En soi, c'est une bonne chose que de pouvoir assurer la sécurité de la population.
04:24Le narcotrafic est en train de pourrir, de pourrir purement et simplement la vie de très nombreuses personnes.
04:31Notre économie de corrompre aussi, puisque c'est le but du jeu, et d'entraîner notamment une jeunesse vers l'abîme.
04:40C'est aussi ce qu'il y a derrière ce narcotrafic.
04:43Donc, il faut se donner les moyens.
04:45En même temps, et je n'ai pas la solution, donc elle doit émaner de la discussion parlementaire.
04:51Je crois beaucoup à la discussion parlementaire.
04:53En même temps, on ne peut pas accepter toutes les émissions dans la vie privée.
05:00Par exemple, le fait qu'à un moment donné, on continue avec des mesures ou privatives de liberté ou des mesures administratives
05:09qui n'ont pas l'encadrement que peuvent avoir des mesures judiciaires.
05:13Donc, pour vous, l'état de droit est sacré ?
05:15L'état de droit est sacré.
05:16Et les libertés sont sacrées.
05:19Donc, il faut faire attention parce que d'une situation, on l'a vu avec le Covid, d'exception,
05:25on peut aussi déboucher sur des privations de libertés durables.
05:30Et les démocraties ne résisteront pas non plus à cela.
05:34C'est aussi un des poisons de ce narcotrafic.
05:36Inquiétude pour les démocraties.
05:37Inquiétude aussi, et vous le développez assez largement, face au rassemblement national.
05:40Le pétainisme, tout comme l'extrême droite française, continue de prospérer.
05:44Je m'adresse à tous ceux qui pourraient tenter de croire à un agiornamento de l'extrême droite quant à son antisémitisme.
05:49Il n'est qu'une façade.
05:50Ils utilisent les mêmes méthodes que les islamistes politiques radicaux comme les frères musulmans.
05:56Prozélitisme, manipulation, mensonge et double langage.
05:59C'est ce que vous écrivez.
06:00Le RN ferait sa taquilla, comme on dit, sa grande manipulation.
06:03On vous a quand même connu plus mesuré, Anne Hidalgo.
06:05Pas sur le RN, enfin pas sur l'extrême droite.
06:08Mais surtout, si vous voulez, je reviens beaucoup sur l'expérience de l'élection présidentielle.
06:14Où tout d'un coup, c'est imposé.
06:16Comme ça, c'est imposé un discours unique qui a tout envahi sur la question de l'immigration.
06:23Je ne dis pas qu'il ne faut pas parler de l'immigration.
06:25Mais le parallèle pétain, Marine Le Pen, vous l'assumez ?
06:28Oui, je l'assume complètement.
06:30Mais en ce qui concerne cette question de l'extrême droite, de la place qu'elle a prise dans le débat public, sans aucune limite.
06:38Ni de la part des politiques, ni de la part des journalistes.
06:42Je crois qu'il faut regarder les conséquences de cela.
06:46D'autres pays ont tenté...
06:47Sauf que, pardon, Anne Hidalgo, les soupçons d'antisémitisme aujourd'hui, ils sont plutôt dans votre famille politique, du côté des insoumis ?
06:52Ils sont de ce côté-là.
06:55Et quand on entend Jean-Luc Mélenchon, c'est vrai qu'on n'est pas loin.
06:59Et notamment, par exemple, sur l'analyse qui est portée et les mots posés sur l'attaque du 7 octobre.
07:05Où il ne qualifie toujours pas le ramasse...
07:09Il est antisémite, Jean-Luc Mélenchon.
07:10Je ne suis pas là pour prononcer cela.
07:12Mais en tous les cas, il ne donne pas des signes très positifs.
07:15En ce qui concerne les liens entre le pétainisme et l'extrême droite, très clairement, prenez Zemmour.
07:22Il a fait toute sa campagne en essayant de réhabiliter la figure de Pétain.
07:27En nous expliquant que Pétain avait sauvé des Juifs.
07:32Le lien entre l'extrême droite française et le pétainisme,
07:37la volonté de réhabilitation du pétainisme par l'extrême droite française,
07:42est une constante dans notre vie politique.
07:44Avec des moments où on l'entend moins.
07:47Et d'autres moments, comme celui de la présidentielle de 2022,
07:50où le sujet est devenu dominant.
07:53Lisez le livre de Jackson sur le procès Pétain.
07:57Tout y est.
07:58Et d'ailleurs, il a aussi cette même conclusion.
08:02Tant qu'ils n'auront pas réhabilité Pétain, ils n'auront pas fini leur oeuvre, cette extrême droite.
08:07Anne Hidalgo, est-ce que vous étiez au Parc des Princes hier soir pour le Classico ?
08:10Non.
08:11Vous n'y alliez plus au Parc des Princes ?
08:12Je n'y vais plus trop, mais j'adore le foot quand même.
08:14Et mon équipe, le PSG.
08:16Cela dit, il s'est passé des choses hier.
08:18Le match a été marqué par des insultes quasi-continues.
08:20Contre Adrien Rabiot, ex-parisien désormais à Marseille.
08:23Refrain homophobe, chant insultant sur sa mère.
08:25Je vais les lire.
08:26Putain de mère en fils.
08:28Loyauté pour les hommes, trahison pour les fils.
08:30Dessin de sa mère et de son père décédé.
08:32Marseille enculé, etc.
08:34Tout ce qu'on entend et qu'on ne doit plus entendre.
08:36Fallait-il interrompre ce match hier ?
08:38Cela a été répété à plusieurs reprises, à plusieurs moments du match.
08:40Je pense qu'il faut évidemment que cela cesse.
08:44Fallait-il interrompre le match ?
08:45Parce qu'à chaque fois, en dehors de ces actualités, on dit oui.
08:47Je ne sais pas si il faut aller jusqu'à interdire le match.
08:51Mais c'est inadmissible, c'est inacceptable.
08:53Et d'ailleurs, c'est vrai que de voir plusieurs terrains,
08:59parce qu'il y a eu aussi des incidents à Montpellier,
09:03de voir ces propos, ces incidents, ces insultes,
09:07soit homophobes, soit en prenant à tel ou tel joueur,
09:13et aussi des insultes parfois racistes,
09:16c'est inadmissible.
09:18Le sport ne peut pas conduire à cela.
09:20Donc je le condamne fermement.
09:22Une toute dernière question qui est un témoignage d'une infirmière.
09:25Parce que vous parlez de votre rapport aux journalistes,
09:27vous parlez du moment où vous avez mis les voix sur berge en piéton,
09:31tout ce que vous avez subi.
09:32Et puis, vous revenez aussi sur le périph' qui est passé à 50.
09:35Vous l'avez d'ailleurs annoncé ici, dans ce studio.
09:37Et cette infirmière qui travaille à la Piquet-Salpêtrière
09:39nous a écrit pour nous dire, moi je viens de banlieue lointaine,
09:42la nuit, je ne conteste pas la décision la journée,
09:45mais la nuit, les voitures accélèrent et freinent devant les radars,
09:48c'est dangereux.
09:49Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir un peu plus de souplesse
09:51sur cette mesure, notamment aux horaires creux ?
09:53Il faut toujours être dans le pragmatisme et la souplesse.
09:57Ce que je constate, c'est que quand même, et y compris la nuit,
10:00l'effet sur le bruit, et notamment sur les 500 000 personnes
10:03qui vivent autour du périphérique, a été majeur.
10:07Et c'est aussi 500 000 personnes qui dorment un peu mieux,
10:10qui sont beaucoup moins sujettes.
10:12Donc il n'y aura pas de changement de règles ?
10:13Je ne sais pas.
10:14En tous les cas, ce que je sais, c'est que l'effet est positif
10:17sur les accidents, moins 20%, sur la pollution, sur le bruit,
10:21sur la congestion.
10:23Et c'est vrai que la nuit, ça donne une autre impression.
10:27Mais pour l'instant, je pense qu'il faut rester à cette mesure
10:31qui a des effets très positifs aussi sur la santé.
10:33Merci beaucoup, Nitalia, d'être venue ce matin.