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Avec Marc Chassillan, ingénieur militaire, expert des industries de défense et auteur de "Char Leclerc, de la Guerre froide aux conflits de demain" (Sophia Editions)

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2025-03-12##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Marc Chassillan est avec nous, bonjour.
00:07Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:09Merci d'être avec nous, vous êtes ingénieur militaire, expert des industries de défense,
00:13auteur de Charles Claire, de la guerre froide au conflit de demain,
00:17Sophia Édition. Marc Chassillan, si nous parlions du matériel,
00:23de tous ces armements que les pays européens veulent acheter,
00:28puisque l'effort est promis, nous allons voir.
00:32La France veut porter son budget militaire de 50 à 100 milliards d'euros.
00:36Quelle année, je ne sais pas,
00:38mais l'Europe a promis aussi un effort de 800 milliards d'euros
00:43pour renforcer sa défense, les divers pays européens.
00:46L'Union européenne a promis, donc c'est 800 milliards par la voie d'heure,
00:50c'est la van der Leyen, nous saurons la semaine prochaine
00:53si l'Europe va emprunter comme elle l'a fait pour le Covid, par exemple,
00:57mais en attendant, il s'agit d'acheter du matériel, de renforcer sa défense.
01:02Est-ce qu'on peut acheter du matériel européen ?
01:04On peut acheter du matériel européen
01:08quand les industries européennes le proposent dans leur catalogue,
01:14et heureusement, il y a quand même de nombreux systèmes
01:17que les industries européennes produisent
01:19et qui peuvent être mis à disposition de nos armées.
01:21Il y a aussi, et il faut le dire, un certain nombre de systèmes d'armes et de matériels
01:26que l'Europe ne produit pas, et s'il fallait doter nos armées assez rapidement,
01:33nous n'avons pas d'autre choix que de nous tourner vers les États-Unis, Israël,
01:38la Corée du Sud, par exemple, ou la Turquie,
01:41qui, eux, disposent de ces matériels.
01:43Quelques exemples, aujourd'hui, l'Europe, par exemple,
01:46ne fabrique pas ce qu'on appelle des systèmes de frappe dans la profondeur,
01:50c'est-à-dire des systèmes d'artillerie qui portent très très loin,
01:54au-delà de 100, 200 kilomètres, qui sont essentiellement des roquettes.
01:58Nous sommes contraints d'acheter hors Europe.
02:03Par contre, il y a tout un tas de systèmes
02:06qui, effectivement, trouvent leur équivalent dans l'industrie européenne.
02:10Par exemple, nous avons l'équivalent du fameux système patriote américain,
02:13le système de défense antiaérienne, de missiles,
02:15qui s'appelle le Mamba, et qui est fabriqué par la France et l'Italie,
02:19et qui est tout à fait son équivalent, et dont les armées européennes
02:21pourraient très largement se doter.
02:23Donc, en fait, la situation est très variée, très contrastée.
02:27Oui, selon, par exemple, les avions, il y a le Mirage, il y a les F-35,
02:33plus de 500 commandes en cours.
02:35Alors, plusieurs pays européens réfléchissent à annuler ces commandes.
02:39C'est possible, ça, d'annuler des commandes, lorsqu'on a passé un accord ?
02:43Alors, tout dépend comment a été rédigé le contrat, si je puis dire.
02:47Il y a toujours la possibilité d'annuler un contrat.
02:51Si vous regardez ce qu'il s'est passé en Australie,
02:53les Australiens avaient acheté 12 sous-marins,
02:55ils ont rompu le contrat, ça leur a coûté pratiquement un milliard de dédommagements.
02:59Donc, en fait, il s'agit de savoir comment les contrats ont été fixés.
03:02Je vous arrête, Marc Chassiat, en propos de ces sous-marins-là.
03:05L'Australie va peut-être se tourner vers la France ?
03:09C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'Australie est dans une situation très particulière.
03:13Elle vient de s'apercevoir, après avoir annulé le contrat France,
03:16que les Américains et les Britanniques seraient dans l'incapacité
03:18de leur fournir des sous-marins.
03:20Aujourd'hui, l'Australie est, pardonnez-moi l'expression, complètement à poil.
03:24Donc, aujourd'hui, effectivement, ils se disent que finalement,
03:28les Français pourraient être des fournisseurs de sous-marins,
03:33mais par contre, ce que les Australiens imaginent,
03:35c'est que ces sous-marins puissent être des sous-marins nucléaires.
03:38Donc, en fait, des classes Suffren identiques à ceux que nous sommes en train d'acheter
03:43pour notre marine nationale et qui sont fabriqués à Cherbourg.
03:46Donc, c'est un retournement de l'histoire tout à fait intéressant.
03:48Tout à fait intéressant, bien.
03:49Mais pour en revenir à l'armement traditionnel,
03:53je parle des munitions, par exemple, des obus,
03:56je parle de ce qui équipe un soldat, à la base.
04:00Est-ce qu'en Europe, on a des capacités de production suffisantes ?
04:05Alors, dans certains domaines, les capacités de l'industrie européenne
04:09sont notoirement insuffisantes.
04:11Voilà, vous citez le domaine des munitions, c'est un cas typique.
04:15Aujourd'hui, par exemple, en France, il n'y a qu'une seule usine qui fabrique des munitions.
04:19C'est une usine qui tourne en 3.8 voire en 5.8, voilà,
04:22mais elle n'a pas assez de machines.
04:25Elle tourne à plein régime.
04:27Alors, Bergerac, c'est là où on fabrique la poudre.
04:30Les munitions sont fabriquées dans la banlieue de Bourges,
04:34à la chapelle Saint-Ursain.
04:36Dans les deux cas, si vous voulez, ces usines sont saturées.
04:39De la même façon que pour produire des obus,
04:42il faut avoir des corps en acier forgés.
04:44Nous n'avons qu'une seule forge en France qui est à Tarbes
04:47et aujourd'hui, ses capacités de production, c'est de l'ordre de 150 000 obus par an.
04:51Donc en fait, si nous voulons, dans le domaine des munitions,
04:54augmenter significativement la production,
04:56on n'a pas d'autre solution que de construire de nouvelles usines.
05:00Il n'y a pas d'option.
05:01Les usines actuelles sont totalement saturées et totalement surchargées.
05:05Et ce cas de figure, on le trouve à peu près un peu partout en Europe
05:09pour un certain nombre de productions.
05:11Donc les munitions, ça en est un.
05:13Mais il y a d'autres, les missiles.
05:15Aujourd'hui, les usines de MBDA croulent sous les commandes
05:21et ces usines sont totalement saturées.
05:23C'est-à-dire qu'il faudrait finalement ouvrir d'autres usines.
05:26Elles sont où ces usines ?
05:28Alors les usines d'MBDA, il y en a une magnifique
05:31qui se trouve à Sels-Saint-Denis, dans le Loir-et-Cher.
05:35Il y en a une autre qui se trouve à Bourges.
05:37Ce sont les deux principales productions de missiles en France.
05:40Et MBDA, fort heureusement, a un carnet de commandes bien rempli.
05:44Mais il faut maintenant, comme on dit, écouler le carnet de commandes.
05:47C'est-à-dire qu'il faut fabriquer.
05:48Il faut fabriquer, évidemment.
05:50Et en ce qui concerne la dronisation, la robotisation, la guerre électronique,
05:56on est capable de fabriquer en Europe ?
05:58De proposer aux armées européennes ?
06:01Alors, les technologies sont là.
06:04Il faut bien distinguer ce qui relève de la technologie et du savoir-faire
06:07et de ce qui relève de la production.
06:09En matière de technologies, nous avons aujourd'hui en Europe,
06:12de manière globale, toutes les technologies pour fabriquer des drones,
06:16quelle que soit leur taille.
06:17Des tout petits, pour le fantasme, jusqu'aux grands drones
06:20qui volent dans le ciel très haut et qui font de la reconnaissance.
06:22On a les technologies et les capacités.
06:24Aujourd'hui, ce qui pêche dans ce domaine,
06:28c'est nos capacités de production qui sont notoirement insuffisantes.
06:32Puisque, à titre d'exemple, les Russes ont fabriqué 2 millions de drones
06:37l'année dernière.
06:39Les Ukrainiens doivent être pas très loin de ce chiffre-là.
06:42Et nous, simplement, la France, on avait pour ambition d'en fabriquer
06:47à peine 5 000.
06:48Donc, en fait, c'est même pas un océan qui nous sépare,
06:52c'est l'espace galactique.
06:55Aujourd'hui, s'il fallait fabriquer des drones en très grand nombre,
06:59c'est-à-dire des centaines de milliers par an,
07:02il faut mettre en place des installations industrielles particulières
07:06et surtout des chaînes d'approvisionnement.
07:09Parce que fabriquer des drones, c'est bien,
07:11mais la matière pour la fabriquer, c'est encore mieux.
07:13Et en particulier, il nous faudrait sûrement investir
07:16dans une usine qui fabrique les petits moteurs électriques
07:19qui entraînent les hélices des drones.
07:21Aujourd'hui, ces moteurs sont fabriqués en Chine.
07:23Merci Marc Chassillon.
07:25Je précise que la Turquie faisait partie des pays
07:28qui étaient hier à Paris.
07:30Le chef d'état-major de l'armée turque était là.
07:33Des pays européens et alliés.
07:35Et les Turcs fabriquent beaucoup de drones, je crois, Marc Chassillon.
07:39Les Turcs ont senti bien avant tout le monde,
07:43il y a pratiquement une quinzaine d'années...
07:45C'est pas lézard s'ils étaient là à Paris.
07:47Absolument, que les drones allaient être,
07:49comme on dit en très mauvais français, des game changers.
07:51Et donc, eux, ils ont une vraie industrie des drones
07:54avec de vraies capacités de production de masse.
07:56D'ailleurs, ils ont massivement fourni les Ukrainiens dans ce domaine.
08:00Merci beaucoup Marc Chassillon, c'est passionnant.
08:03L'industrie de la défense, dont on ne parlait pas du tout, il y a quelque temps.
08:07Et maintenant, c'est au cœur de l'actualité.
08:09Il est 7h48.

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