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Avec Général Jean-Paul Paloméros, Ancien Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air et Commandant Suprême allié transformation de l’Otan

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-03-08##

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Transcription
00:00On décrypte le monde et on décrypte la dissuasion nucléaire française et son avenir.
00:08On en parle avec notre invité, le général Jean-Paul Palomérose.
00:11Bonjour mon général.
00:12Bonjour.
00:13Et bienvenue sur Sud Radio.
00:15Ancien chef d'état-major de l'armée de l'air et commandant des nations, avec notamment
00:20cette déclaration qui a fait énormément réagir, et pas seulement en France.
00:24Je cite.
00:25Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand Friedrich Merz, j'ai décidé
00:29d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent
00:35européen.
00:36Alors on va essayer de revenir avec vous sur des définitions très concrètes pour
00:39expliquer un peu à tous ceux qui nous écoutent ce qui se passe, ce qui se fait aujourd'hui,
00:45ce qui pourrait se faire demain, et aussi en tentant de le dédramatiser.
00:49Quand on parle de dissuasion nucléaire française, aujourd'hui, dans quel cas, aujourd'hui,
00:55en l'état actuel de la doctrine, dans quel cas la France aurait pu être amenée à se
00:59servir de son arme nucléaire ?
01:01C'est assez simple, c'est dans le cas où le Président de la République, entouré,
01:09il est vrai, des chefs militaires et de son gouvernement, décide que nos intérêts vitaux
01:16sont engagés.
01:17Donc il s'agit de préserver nos intérêts vitaux.
01:20Évidemment, c'est un concept assez large, assez vague.
01:24Ça a été voulu comme ça par les pères fondateurs et en particulier par le général
01:29de Gaulle qui, en 1964, a mis en œuvre cette composante de dissuasion.
01:34On doit beaucoup à l'histoire, mais là, c'était un virage extraordinaire.
01:39Et aujourd'hui, nous faisons reposer cette dissuasion sur deux composantes qui sont complémentaires,
01:46des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins qui sont stratégiques et des avions de combat,
01:50des rafales qui apportent des missiles très performants, extrêmement performants et qui
01:55peuvent à la fois les frapper aussi dans la profondeur, mais montrer la résolution
02:00du pays.
02:01Donc ce n'est pas tout ou rien, mais c'est fondé sur le principe, et ça c'est extrêmement
02:06important dans le débat d'aujourd'hui, d'intérêts vitaux.
02:10Alors les intérêts vitaux, justement, ça laisse court à l'interprétation.
02:14C'est pour ça qu'on va voir ce qui pourrait changer.
02:16Un point d'abord très concret, très pratico-pratique.
02:19La composante à la fois aérienne et sous-marine de la dissuasion nucléaire, c'est une part
02:25très importante, et ce depuis longtemps, du budget militaire français.
02:29Oui, alors c'est vrai, ça ne nous a pas échappé pour le moins.
02:34Moi, j'ai participé comme chef d'état-major de l'armée de l'air à la modernisation de
02:38la composante aéroportée.
02:39Alors d'abord, oui, mais ça nous donne accès à un club très fermé et ça nous donne une
02:48voie prépondérante, comme on le voit aujourd'hui dans toute discussion géostratégique et
02:53dans toute discussion pour la paix.
02:55Donc c'est quand même une garantie de sécurité énorme.
02:58Si je prends uniquement la composante aéroportée que j'ai commandée, que j'ai dirigée, on
03:05a tout fait pour faire converger les besoins, et par exemple, le Rafale, qui est un avion
03:09polyvalent, peut emporter, emporte la bombe nucléaire aussi bien qu'assure des missions
03:15de défense aérienne, de protection de notre territoire, ou des missions de progrès à
03:19profondeur, comme on l'a vu sur sa partie d'opération.
03:21Donc on a essayé vraiment d'optimiser, et on a réduit aussi il y a quelques années
03:26la composante d'un tiers, donc on a essayé de trouver vraiment le juste équilibre de
03:32manière à ce que cette composante pèse forcément, parce qu'on ne rentre pas dans la cour des
03:36grands gratuitement, il n'y a pas de voyage gratuit là-dedans, mais qu'elle soit aussi
03:44extrêmement utile pour les composantes plastiques, je dirais.
03:49Alors pendant les trente dernières années, les forces aux armées, vous l'avez vécu
03:53en première ligne si j'ose dire, ont subi de fortes baisses budgétaires.
03:57Est-ce que la dissuasion nucléaire française, au moins celle qui existe toujours aujourd'hui,
04:01à savoir aérienne et sous-marine, en a souffert aussi ou pas ? Parce que c'est le cas manifestement
04:06en Grande-Bretagne.
04:08Non, les efforts nécessaires ont été faits partout, et Dieu sait, c'était une oeuvre
04:14commune avec le commissariat de l'énergie atomique et sa direction des affaires militaires,
04:19avec les industriels, c'est une très belle aventure le nucléaire, parce que ça ne supporte
04:26pas d'approximation, d'amateurisme pour le moins, et je peux vous dire qu'on est très
04:32fier de ces composantes, comme je le disais tout à l'heure, qui positionnent au plus
04:36haut niveau et qui tirent en quelque sorte la défense vers le haut.
04:39Donc on a réussi à préserver ça parce que les présidents successifs se sont persuadés,
04:45et ce n'était pas forcément évident, que c'était ça, non seulement l'outil vital
04:51pour le présent, mais surtout pour l'avenir, et c'est pour ça que ces investissements
04:55sont permanents.
04:56C'est pour ça qu'on n'y a jamais touché.
04:57Vous avez été, je le rappelle, commandant suprême allié à la transformation de l'OTAN,
05:04et il y a deux nations européennes dans l'OTAN qui disposent de l'arme nucléaire.
05:08Quelle est la différence entre le parapluie nucléaire français et le parapluie nucléaire
05:12britannique ?
05:13D'abord, les Britanniques ont abandonné, et ils le regrettent beaucoup, les composantes
05:17aériennes.
05:18Vous savez, la composante aérienne, elle permet au chef de l'État de faire décoller
05:22ses avions et de menacer en quelque sorte un agresseur, en disant, et en laissant subsister
05:29le doute.
05:30Donc c'est important d'avoir aussi cette composante très visible.
05:33Alors que les sous-marins, ils sont au contraire très silencieux et tapis au fond de la mer.
05:38Une fois qu'ils ont tiré, évidemment, ils sont détectables.
05:40Les Britanniques ont fait ce choix de ne garder que la composante sous-marine, qui a une forme,
05:46on ne va pas rentrer dans les détails, mais qui a quand même une forme de dépendance
05:49vis-à-vis des Américains en ce qui concerne les armements, le stockage et autres.
05:53Est-ce que ça veut dire que les Britanniques devront référer aux Américains s'ils veulent
05:59l'employer ?
06:01C'est un secret qu'ils gardent eux-mêmes, mais il y a un doute qui peut planer là-dessus.
06:05Cela dit, on a quand même effectivement sur le continent européen, au sens large du
06:10terme, on a deux puissances nucléaires.
06:12Deux puissances nucléaires.
06:13Je le disais précisément parce que les missiles nucléaires français sont français,
06:17alors que les missiles nucléaires britanniques sont britanniques et ça peut poser des questions
06:21de dépendance à moyen terme.
06:23Qu'est-ce qu'un débat sur l'ouverture ou l'élargissement du parapluie nucléaire
06:29français pourrait impliquer dans son usage concrètement ?
06:32Est-ce que ça veut dire, lorsqu'Emmanuel Macron dit qu'il est ouvert à la discussion,
06:37que la France est prête à se servir de son arme nucléaire dans davantage de cas ?
06:41Il faut là aussi repartir du fondement de la dissuasion nucléaire.
06:47Dire ça aujourd'hui, ce n'est pas la première fois.
06:52Les présidents ont ouvert des portes sur le sujet, mais ce n'était quand même pas aussi
06:57clair et direct que le président aujourd'hui, qui a clairement mis ça sur la table,
07:02si je faisais l'expression, et ça veut dire que les intérêts vitaux français et les intérêts vitaux
07:11de l'Europe convergent puisqu'on ne va pas changer de doctrine nucléaire, on n'est pas agressif,
07:20on n'est pas offensif, mais qu'à un moment donné, on a formé une communauté, c'est l'esprit,
07:26on forme une communauté de destin commun et donc on a des intérêts vitaux.
07:31Maintenant, lesquels ? C'est un peu ça, évidemment, la question qui va être posée et ça demande
07:36aussi beaucoup de discussions avec nos alliés parce qu'encore faut-il qu'ils acceptent ce
07:41principe et qu'eux-mêmes délèguent en quelque sorte une forme d'autorité à notre président
07:47parce qu'il est hors de question, et ça j'insiste là-dessus, que la chaîne nationale de commandement
07:52soit perturbée. La crédibilité de la composante de la dissuasion, ça repose sur une chaîne très
07:59claire et unique de manière à ce qu'il n'y ait aucune ambiguïté ni pour l'emploi de cette force
08:04ni pour nos adversaires. Effectivement, un seul doigt sur le bouton dans le pire des cas,
08:10évidemment. On sera amené à en reparler, pourquoi pas avec vous, mon général ? Merci pour cet
08:15éclairage et à bientôt sur Sud Radio. Jean-Paul Palomero, ancien chef d'état-major de l'armée de
08:20l'air et commandant suprême allié à la transformation de l'OTAN.

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