Mercredi 26 février 2025, retrouvez Héléna Christidis (Secrétaire de la commission numérique, Barreau de Paris) dans LEX INSIDE, une émission présentée par Arnaud Dumourier.
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00:00On commence tout de suite ce Lex Inside, on va parler de la politique du barreau de Paris
00:15en matière d'intelligence artificielle avec mon invité Elena Christidis, secrétaire
00:20de la commission numérique du barreau de Paris. Elena Christidis, bonjour.
00:24Bonjour Arnaud. On va s'intéresser à la politique du barreau
00:27de Paris en matière d'IA, mais tout d'abord, comment l'intelligence artificielle transforme-t-elle
00:34la pratique du droit ? Alors, il faut savoir que quand même l'intelligence
00:37artificielle, il fallait s'en saisir. Il faut s'en saisir dès le début, il ne faut
00:41pas en avoir peur parce que finalement tous les clients, nous en tant qu'avocats, nos
00:47clients vont déjà utiliser un tchat GPT ou autre pour essayer de répondre à leurs
00:53questions de droit et finalement ils viennent nous voir avec déjà des réponses un peu
00:56préétablies. C'est comme quand vous allez chez le médecin, avant d'aller chez le médecin
01:00et de prendre rendez-vous, vous allez déjà taper et puis avoir votre diagnostic en arrivant
01:04chez le médecin en disant je vais mourir demain. Bon, ce n'est pas tout à fait ça
01:07et l'avocat est là aussi pour expliquer, pour conseiller et pour apporter une plus-value
01:13qui restera existante malgré l'intelligence artificielle. Il faut au contraire se dire
01:19que les inquiétudes qui sont légitimes de certains confrères, il faut au contraire
01:23les utiliser, c'est-à-dire se dire qu'on va être formé à l'intelligence artificielle
01:27mais il faut s'en saisir, vraiment s'en saisir pour apporter cette plus-value et se
01:32dire que l'intelligence artificielle va être utilisée pour des tâches assez chronophages
01:37et libérée du temps aux avocats, c'est-à-dire qu'on va l'utiliser pour de la recherche,
01:42pour des logiciels de gestion et autres, ce qui permettra finalement à l'avocat de se
01:47concentrer sur son client, sur l'étude du dossier et cette plus-value qu'apporte l'avocat
01:53avec de l'empathie évidemment, avec un conseil juridique, avec la position à avoir sur un dossier
02:00et puis de se dire que finalement on va prendre plutôt cette position qu'une autre, ça ce sont
02:04des qualités que l'intelligence artificielle ne remplacera jamais pour l'avocat donc il faut
02:10évidemment, c'est un sujet sur lequel il faut se saisir. Donc en d'autres termes c'est un outil
02:14et l'avocat est là pour se servir de cet outil et apporter après sa valeur ajoutée.
02:19Tout à fait, c'est vraiment l'avocat qui va apporter sa valeur ajoutée en utilisant tous
02:24les outils qui sont aujourd'hui mis à disposition, pour peut-être un peu anticiper mais le barreau de
02:28Paris effectivement s'était saisi déjà depuis plus d'un an de la question en disant voilà,
02:33l'intelligence artificielle est à nos portes, on en parle déjà beaucoup à l'étranger,
02:37aux Etats-Unis notamment, qu'est-ce qu'on en fait ? On a aussi ces difficultés pour les
02:43avocats du secret professionnel, on doit être attentif à la confidentialité des échanges avec
02:49nos clients, donc comment l'utiliser et à bon escient, sans trahir aussi le secret professionnel
02:56auquel on est soumis. Alors justement, rentrons dans le vif du sujet, comment concrètement le
03:01barreau de Paris accompagne-t-il les avocats parisiens dans cette transition numérique avec
03:06l'utilisation de l'intelligence artificielle ? Alors la question s'est posée finalement,
03:09quel outil ? Est-ce que le barreau de Paris va finir des partenariats ? Est-ce qu'on va faire
03:14des tarifs négociés ? Vraiment au début on tâtonnait et notre bâtonnier Pierre Hoffmann,
03:20c'était vraiment sa mission en tant que bâtonnier lorsqu'il est arrivé en janvier 2024 et il s'est
03:27dit justement qu'est-ce qu'on peut faire avec l'intelligence artificielle ? Donc on a monté
03:32en fait un petit groupe de travail pour entendre tous les intervenants, que ce soit des éditeurs
03:37juridiques, des Legal Tech, pour savoir en fait quelles étaient leurs offres et ce qu'ils étaient
03:43prêts parce que finalement on s'est rendu compte en janvier 2024 que personne encore n'était prêt
03:47à utiliser l'intelligence artificielle, il n'y avait pas encore d'outils réellement créés et
03:52adaptés à la profession. Donc le barreau de Paris s'est saisi de la question et en ayant vu toutes
03:59les personnes, on s'est dit qu'on allait partir avec notamment Dalloz qui est un éditeur juridique
04:06français qui offre de l'intelligence artificielle générative de recherche avec un outil qui s'appelle
04:13Génial et le barreau s'est mobilisé là-dessus en offrant à 14 000 avocats leur abonnement sur 15
04:21mois puisqu'en fait l'offre a commencé à courir fin septembre début octobre. Donc concrètement
04:26vous avez supporté le coût de l'abonnement pour les avocats parisiens ? Exactement, donc le barreau
04:31de Paris a mis jusqu'à un million d'euros sur la table pour supporter le coût de l'abonnement
04:36pour les avocats parisiens. Alors quand je parle de 14 000 avocats on peut se dire mais pourquoi
04:3914 000 et pas les 35 000 que comporte le barreau de Paris ? Parce qu'il fallait faire un critère
04:45aussi d'attribution et on s'est dit que 14 000 avocats ce sont les avocats qui exercent soit
04:49solo soit à deux donc avec un associé ou avec un collaborateur parce que ce sont finalement ces
04:56avocats qui n'ont pas forcément le temps de s'approprier les outils. Il y a aussi un coût
05:02financier qui n'est pas négligeable et en fait ils ne savent pas s'ils doivent investir parce
05:06qu'ils n'ont pas le temps de s'intéresser à tel ou tel autre outil donc ça leur permet de mettre le
05:10pied à l'étrier, de tester les outils et de voir finalement est-ce que c'est quelque chose qui peut
05:15leur convenir ou pas pour la suite de leur exercice qui leur permet de libérer du temps et de se
05:22spécialiser un peu plus ou de se former un peu plus sur des domaines de compétences, de prendre
05:28peut-être des dossiers qu'ils n'auraient pas pris s'ils n'avaient pas cet outil d'intelligence
05:31artificielle. Donc l'idée c'était plutôt d'accompagner les petits et moyens cabinets c'est ça ?
05:36Tout à fait c'est vraiment parce qu'en fait finalement on s'est rendu compte en faisant
05:39notre petit tour d'horizon que les gros cabinets, les gros structures développaient peut-être par
05:45ailleurs par eux-mêmes des outils d'intelligence artificielle ou en tout cas avaient déjà tous les
05:50abonnements que ce soit chez les éditeurs juridiques ou dans d'autres legal tech donc
05:55le Barreau s'est focalisé effectivement sur ces 14 000 avocats exerçant solo ou à deux avec
06:01soit donc la prise en compte de leur abonnement pour par exemple Dalloz ou alors avec des
06:05partenariats et des tarifs négociés pour d'autres offres qui existent aujourd'hui qui ont été
06:11négociées par le Barreau de Paris et aujourd'hui on est passé à l'acte 2 pour 2025 où pareil il y
06:18a une prise en charge par le Barreau de Paris d'un abonnement annuel pour un logiciel de gestion
06:24Jarvis qui est fait par LexisNexis. D'accord donc vous avez noué d'autres partenariats avec
06:30d'autres éditeurs ou des legal tech et aujourd'hui quels sont les retours que vous pouvez avoir de
06:37l'utilisation de ces outils par les avocats parisiens ? Alors c'est vrai que le retour est
06:42important parce que justement savoir est-ce que c'est un outil qui répond aux attentes au début
06:48certains étaient assez sceptiques sur les aujourd'hui il y a environ 6000 avocats qui se
06:53sont emparés de l'offre qui était faite en octobre 2024 donc qui est encore valable aujourd'hui
06:58et sur les retours qu'on a pu avoir ils se sont vraiment c'est quelque chose de très positif c'est
07:05à dire qu'au début il y avait un peu de scepticisme en disant qu'est ce que ça m'apportait le plus
07:08et en réalité ça leur permet quand même de poser une question assez générique et d'avoir
07:13une réponse un peu déjà formatée avec ce qui est surtout très important pour un avocat c'est
07:19avoir la source des données et des réponses c'est à dire que donc quand vous avez la réponse
07:24vous avez un petit encart vous cliquez vous passez votre souris dessus et puis vous avez l'extrait
07:29pour dire de la position ou la doctrine qui est prise vient de telle jurisprudence ou de telle
07:36analyse d'un fonds documentaire. C'est d'autant plus intéressant puisqu'on sait que les premiers
07:41cas d'utilisation qu'on a eu par exemple des Etats-Unis où l'agent d'IA citait des jurisprudence
07:48qui n'existaient pas donc c'est vraiment très intéressant et c'est la fiabilité de l'information
07:55qui est ainsi garantie avec le sourcing des données. Et l'avantage aussi d'être passé par
08:01cet outil qui est proposé donc qui est nommé génial c'est en fait que ça ne va chercher que
08:08sur le fonds documentaire de Dallas donc ça ne va pas aller chercher à droite à gauche sur internet
08:13ou sur des données qu'on va lui apporter donc il y a une certaine fiabilité quand même on était
08:18attentif à la fiabilité des réponses qui seront apportées avec quand même une obligation et on le
08:23rappelle évidemment via des webinaires une obligation pour l'avocat de vérifier les sources et de
08:29vérifier quels sont les éléments qui sont donnés. Pour terminer le barreau de Paris était présent
08:36au sommet sur l'action sur l'intelligence artificielle. Quels enseignements tirez vous
08:43en quelques mots ? Alors je crois que c'est important en fait en tout cas de rappeler
08:47comme vous l'indiquez que Pierre Hoffmann était le seul bâtonnier à être invité lors de ce sommet
08:52pourquoi ? Parce que Paris a montré par ses offres que le barreau de Paris s'était réellement
08:59investi de cette question de l'intelligence artificielle et donc était devenu un acteur
09:04incontournable de cette question sur l'intelligence artificielle pour le monde de la justice et pour
09:10les avocats. Il faut savoir aujourd'hui que d'autres barreaux français se sont rapprochés
09:15de nous pour savoir justement comment on avait fait mais pas que français. Il y a aussi des
09:21barreaux étrangers qui s'intéressent à la question que ce soit à Barcelone par exemple ou à Prague.
09:26En tout cas il y a eu un intérêt très particulier pour ces questions et de savoir est-ce que leur
09:33barreau pourrait apporter et faire la même chose. On va conclure là-dessus. Merci Elena Christidis
09:37d'être venue sur notre plateau. Je rappelle que vous êtes secrétaire de la commission numérique
09:41du barreau de Paris. Merci beaucoup. Tout de suite l'émission continue,
09:44on va parler de la société à mission.