• il y a 19 heures
Jeudi 20 février 2025, SMART TECH reçoit François Momboisse (président, Fevad) , Angélique Gérard (présidente fondatrice, STEM ACADEMY) et Alain Garnier (Président fondateur, Jamespot)

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Cette semaine dans Le Grand Débrief, autour de la table Angélique Gérard.
00:07Bonjour Angélique.
00:08Bonjour Delphine.
00:09Présidente de la Stem Academy, présidente et fondatrice faut-il le préciser.
00:14Alain Garnier est également avec nous.
00:16Bonjour Alain.
00:17Bonjour.
00:18Présidente de Jamespot et François Montbois.
00:19Bonjour François.
00:20Bonjour.
00:21Président de la FEVAD, la fédération de l'ensemble des acteurs du e-commerce et de la vente à
00:26distance.
00:27Alors on va débattre ensemble d'une plainte en France contre les écoutes de Siri.
00:32Plus de 25 milliards de requêtes, on nous dit du côté d'Apple par mois, sont réalisées
00:37par les utilisateurs sur les appareils d'Apple lorsqu'ils interpellent leurs assistants virtuels.
00:42Ce qui donne lieu à des quantités d'écoutes, en tout cas ce qui donnait lieu à des enregistrements
00:47parfois et souvent analysés par des humains pour améliorer les réponses de Siri.
00:51On va voir tout ça, pourquoi aujourd'hui cette plainte qui vient de France.
00:54On va décrypter ce sujet ensemble.
00:57On va aussi parler du financement de l'innovation en 2025 avec les chiffres du baromètre de
01:01Numéum.
01:02Mais d'abord je voulais qu'on revienne sur la grève dans le jeu vidéo, voir si ça
01:08vous semble préoccupant ou pas.
01:10C'est le syndicat des travailleurs du jeu vidéo qui est à l'origine du mouvement
01:14qui a été mené la semaine dernière, Grève Nationale, pour la première fois.
01:18Donc on nous dit un événement sans précédent.
01:20D'après le syndicat, il y a eu plus de 1000 personnes qui ont manifesté et 1 travailleur
01:24sur 5 de cette industrie qui était en grève.
01:27Point de départ de l'avenir de notre industrie, nous dit-on encore.
01:30Comment est-ce que vous avez perçu cette mobilisation ?
01:32Angélique ?
01:33Alors moi je suis administratrice indépendante pour un groupe dont le business est le jeu
01:40vidéo.
01:41Donc du coup j'ai effectivement regardé les éléments.
01:43C'est ça un caractère inédit cette grève.
01:46Toutefois c'est pas une mobilisation très importante au regard du secteur de l'industrie
01:51des jeux vidéo.
01:52A ma connaissance environ 2 à 3% des salariés.
01:56C'est un droit la grève, c'est important d'être à l'écoute et de pouvoir traiter
02:02la préoccupation des salariés.
02:04Après c'est quand même un mouvement qui est marginal, le caractère inédit c'est
02:08qu'il y a 8 ans il n'y avait pas de syndicalisation dans cette industrie.
02:12C'est ça qui est tout nouveau.
02:13Et en fait ce qu'on peut noter c'est que finalement l'industrie des jeux vidéo
02:21a connu une très forte croissance post-pandémique.
02:25Et donc il y a eu ce besoin de recruter, de produire du jeu pendant la pandémie.
02:33Et qu'aujourd'hui il y a énormément de restructurations qui ont lieu dans différents
02:36studios.
02:37C'est assez logique qu'on en soit là après effectivement la période Covid.
02:43Et donc ça peut effectivement alerter des travailleurs peut-être angoissés sur la
02:49pérennité.
02:50Globalement il y a une stabilité très opérationnelle de l'industrie et c'est pas quelque chose
02:56qui a touché non plus toutes les sociétés.
02:58Donc il faut relativiser ce mouvement de grève.
03:00Oui mais c'est vrai que c'est intéressant de voir à quel point cette industrie s'est
03:05syndicalisée.
03:06Donc ce qui montre qu'effectivement il y a quand même des questions qui se posent
03:10aujourd'hui sur les conditions de travail.
03:12Voilà on nous dit il y a beaucoup de burn-out parce que finalement ce sont que des passionnés
03:17qui travaillent dans ce secteur et qui comptent pas leurs heures.
03:20Non mais ça en fait partie dans la tech, on connaît beaucoup ça finalement.
03:22On connaît beaucoup mais la tech est quand même à plusieurs typologies et quand on
03:27analyse d'ailleurs avec Numéum, les jeux vidéo sont à part.
03:30Il y a les logiciels horizontaux, verticaux et le jeu vidéo.
03:34Et le jeu vidéo il a longtemps été effectivement attaché, comme tu le dis d'ailleurs, à
03:37cette passion.
03:38Et donc on n'est pas loin de ce qui se passe aussi des fois dans les associations humanitaires
03:42dans lesquelles les gens font des burn-out aussi parce qu'entre leur mission, ce qu'ils
03:45aiment, leur passion et le travail, la limite est des fois difficile.
03:48Et donc moi ce que je vois de cette situation c'est que c'est l'âge de raison en fait
03:53dans les jeux vidéo qui deviennent d'ailleurs de plus en plus industriels.
03:55Aujourd'hui c'est plus comme avant où on faisait un jeu vidéo avec une bande de cinq
04:00personnes dans un garage et c'était le succès de l'année.
04:04Non maintenant c'est des grosses productions donc il y a aussi une grosse pression, comme
04:08dans le cinéma d'ailleurs, avec énormément de moyens mis et donc en face il faut que
04:12ça rapporte.
04:13Donc on se retrouve aussi dans une économie beaucoup plus financiarisée, moins proche
04:17de l'artistique du financier, donc plus d'oppression, plus d'oppression problématique
04:22du coup salariale.
04:23Et donc en face la montée des syndicats, et tout d'un coup on est là, des syndicats
04:27mon Dieu, ben oui mais il y en a partout, il n'y en avait pas là.
04:29C'est bien, ils s'organisent aussi.
04:30Ils s'organisent et c'est vrai qu'en interne, parce que moi je suis pas mal connecté
04:33avec ce monde-là, c'est vraiment une déflagration sociale, c'est que tout d'un coup c'est
04:37nous aussi, parce que c'est la fin de l'âge de l'enfance en fait.
04:40Les gens qui étaient dans un jeu vidéo s'imaginaient dans un monde à part.
04:43Il y avait les gens qui travaillaient, et puis eux.
04:45Il y a aussi une perception qui est en train de changer, et je pense que le recrutement
04:50à venir du monde du jeu vidéo va totalement changer, suite aussi un peu à ces évolutions-là.
04:54Et puis il y a quand même un contexte économique qui est beaucoup plus tendu.
04:57En 2024, le monde du jeu vidéo a connu près de 15 000 licenciements, on n'avait jamais
05:02vu ça jusqu'ici.
05:03Bon, c'est pas lié uniquement à l'industrie du jeu vidéo, c'est aussi tout un contexte
05:08international.
05:09Comment ça se passe du côté de la FEVAD ?
05:10C'est différent parce que, comme ça a été très bien dit, on n'a pas cette ambiance
05:14de gamer, de passion, et puis aussi de travail par gros coups de charrette, et puis après
05:20c'est fini, il y a un arrêt, etc.
05:22Et ça c'est difficile à gérer pour les chefs d'entreprise, pour les RH, et de plus
05:26en plus pour les gens.
05:27Les gens acceptent moins maintenant de travailler une semaine à fond, 70 heures, puis après
05:31il y a « Désolé, on n'a plus besoin de toi », enfin c'est pas facile à gérer.
05:34Je crois qu'il y a eu le Covid aussi.
05:36Le Covid, pas seulement sur les achats de jeux vidéo, mais sur les salariés, on le
05:40voit dans toutes les entreprises, a vraiment changé le rapport au travail des gens.
05:45Le télétravail, les exigences maintenant de télétravail dans la plupart des entreprises,
05:49c'est minimum deux jours, voire trois jours, et les jeunes embauchés le veulent vraiment.
05:54Il y a eu des soucis assez importants dans certaines boîtes de jeux vidéo justement
05:58sur le télétravail, avec des grèves, ce qui était une découverte, les gens ne le
06:02pensaient pas.
06:03Les dirigeants des entreprises se disaient « Tout le monde va être content d'enfin
06:06revenir ensemble à la machine à café », parce que ça aussi ça manquait et c'est
06:10utile dans les entreprises.
06:12Il y a des gens qui ont été embauchés pendant le Covid et qui n'ont vu personne de leur
06:16entreprise pendant quelques mois.
06:17Comment vous voulez faire un esprit d'équipe ? Donc tout ça, ça change et ça arrive
06:22dans un secteur les jeux vidéo, comme ça a été dit, qui est en pleine réorganisation.
06:28Donc c'est un peu logique qu'il y ait des frictions.
06:30Ce secteur vidéo qui effectivement s'est aussi bien emballé pendant la période Covid
06:33parce que tout le monde s'est mis sur son ordi toute la journée à jouer à des jeux
06:37vidéo.
06:38Donc là aussi il y a un redressement un peu logique finalement des chiffres.
06:42On passe à notre autre sujet, la plainte en France contre les écoutes de Syrie.
06:46C'est la Ligue des droits de l'homme qui a transmis un signalement, doublé d'une
06:50plainte, au parquet de Paris pour violation de la vie privée, traitement illicite des
06:53données personnelles, pratique commerciale trompeuse.
06:56Ça repose en grande partie sur les informations d'un lanceur d'alerte, Thomas Lobionnet,
07:00qui a été recruteur en 2019, pour écouter, annoter les enregistrements de Syrie afin
07:06d'aider et d'améliorer l'efficacité de ce chatbot, ce robot conversationnel.
07:12Alors ce qui est intéressant, enfin vous allez me dire ce que vous avez trouvé d'intéressant
07:17dans cette affaire, mais c'est quand même qu'on a découvert que c'était des vrais
07:22humains qui étaient face à l'écoute.
07:24Non mais je veux dire, on ne réalise pas quand on parle à son téléphone que derrière,
07:28il y a des vrais humains qui écoutent les conversations, qui sont parfois des enregistrements
07:31d'ailleurs accidentels.
07:33Thomas Lobionnet nous dit qu'il s'est retrouvé confronté à beaucoup d'enregistrements
07:38accidentels, d'enfants qui parlent à leur tablette, voilà, de couples qui s'éclatent
07:46au lit devant leur série qui s'est déclenchée par hasard, enfin bon, il y a plein de choses
07:50comme ça, on rentre dans l'intimité des gens, jusqu'à quel point effectivement
07:54on respecte ou non le RGPD quand on est face à ce type d'enregistrement ? C'est toute
08:00la question qui est posée par cette affaire.
08:02Je vais réagir, alors déjà en fait, c'est déjà un couture pour Apple, Apple a bâti
08:10par rapport aux autres GAFAM vraiment cette question de la privacité des données qui
08:13mettait toujours au-dessus de tout, et la problématique, là on parle des RGPD, c'est
08:19même au-delà de ça, c'est la question de la confiance, de savoir qu'on est écouté
08:23ou pas, c'est important, parce qu'après on peut considérer que ça peut faire partie
08:26d'ailleurs de l'amélioration, etc., mais surtout c'est que tout ça a été caché.
08:31C'est là où en plus on est pour moi quelque chose de vraiment problématique, et effectivement
08:36le fameux Siri, enfin tous les systèmes conversationnels sont avec nous tout le temps, et on parle
08:42là dans le lit, mais aussi il y a la voiture, parce qu'avec CarPlay, la même chose, il
08:47faut voir que c'est Siri qui est l'interface, parce qu'on n'a pas le droit de toucher,
08:50parce que quand on conduit il faut parler à la machine, donc en fait il faut voir toutes
08:54les situations dans lesquelles effectivement on peut être dans cette intimité par rapport
08:57à ça.
08:58Jusqu'à 2019, parce qu'ensuite Apple a réagi quand même, face aux alertes notamment
09:02de Thomas Lebesnec, mais d'autres travailleurs de ses écoutes, Apple a réagi justement
09:08en modifiant la gestion de Siri, parce que maintenant les enregistrements audio sont
09:10plus conservés par défaut.
09:12Oui, mais même le fait de savoir qu'on est écouté, moi je pense que la vraie question
09:15c'est la confiance de ce qu'on fait.
09:17Moi je trouve que c'est extrêmement choquant qu'il faille des lanceurs d'alertes pour
09:22découvrir ça, etc.
09:23C'est-à-dire qu'il y a bien une utilisation des données, mais en plus avec mensonges.
09:28Moi le fait qu'on m'écoute pour améliorer la reconnaissance de Siri, pour moi…
09:32En fait tu serais d'accord, c'est ça ?
09:34Justement, je pourrais donner mon accord si au moins déjà je le savais.
09:37C'est-à-dire que là on se rend compte que non seulement ils utilisent nos données,
09:40mais en plus ils l'utilisent dans des contextes qu'on n'imaginait même pas, sur lesquels
09:44ils ne nous informaient pas, y compris la boîte aux Etats-Unis qui était la plus
09:47respectueuse de ça.
09:48Il n'y a pas pire pour casser la confiance, or on a besoin de confiance dans le numérique,
09:53et pour moi c'est encore un truc qui se rajoute, et je pense que ça c'est délétère.
09:57Et d'ailleurs on voit bien, à chaque fois les gens sont de plus en plus réticents vis-à-vis
10:01du numérique.
10:02Donc oui, moi je trouve qu'il faut que ce soit assez exemplaire pour qu'on arrête
10:07des comportements du rapport de confiance consommateur-producteur, y compris dans le
10:13numérique.
10:14C'est essentiel.
10:15Et ce n'est pas une question de RGPD.
10:16C'est plus profond que ça.
10:17Angélique ?
10:18Un mauvais film ? Faut-il s'inquiéter de déverrouiller son smartphone en reconnaissance
10:25faciale en sortant de la douche ?
10:26Cette touche d'humour souligne l'importance de la fiabilité des technologies biométriques
10:34dans des situations du quotidien assez variées, comme vous l'avez souligné en intro.
10:39Oui, c'est décevant de la part d'Apple, qui avait quand même fait de la protection
10:45des données un pilier de sa stratégie marketing.
10:48Donc c'est décevant qu'il n'y ait pas un consentement clair et éclairé, notre
10:53fameux RGPD.
10:54Après, ce n'est pas si étonnant que ça.
10:57Les assistants vocaux sont quand même faits pour nous assister dans notre quotidien et
11:02ils se déclenchent sur des mots-clés.
11:04Donc, il y a pu y avoir des déclenchements involontaires et des enregistrements.
11:09Moi, globalement, ça ne me choque pas.
11:11Ça arrive tous les jours, ça m'arrive en tout cas sans arrêt.
11:17Moi, la reconnaissance faciale, ça m'a fait flipper parce qu'on déclenche son téléphone
11:20aussi dans des situations de dingue, donc s'il devait y avoir des captures, on se dit
11:23quand même quoi.
11:24Non, ce qui est choquant, c'est qu'il pourrait effectivement, et je te rejoins totalement
11:28sur le raisonnement, le but c'est d'être informé préalablement.
11:32Et il pourrait, en fait, dans les conditions générales d'abonnement, d'utilisation,
11:38dire qu'il y a un X pourcentage qui est collecté à des fins d'amélioration, que les données
11:45sont stockées à tel endroit, collectées de telle façon et d'indiquer l'utilisation
11:51pour laquelle, effectivement, elles sont collectées.
11:52Je pense, Angélie, que si on lisait toutes les conditions générales, on trouverait
11:56l'information.
11:57Et ce que dit Apple aussi, c'est que désormais, tous ces enregistrements accidentels sont
12:04jetés directement à la poubelle.
12:06Bon, donc, ça a permis, en tout cas, cette affaire permet quand même de remettre un
12:12petit peu les pendules à l'heure, mais ça pose plus largement la question des assistants
12:16vocaux parce qu'on sait très bien que si, justement, ils se déclenchent sur un mot,
12:20est-ce qu'ils sont censés quand même être à l'écoute pour entendre ce mot ?
12:23Non, moi, je vais faire un peu l'avocat du diable d'Apple.
12:27Pour que Siri ou Alexa ou n'importe qui se déclenchent quand on lui parle, il faut
12:30bien qu'ils nous écoutent.
12:31Et les gens se mettent à le réaliser seulement maintenant.
12:35Ils sont naïfs.
12:36Et en fait, se disent non, non, mais quand je discute avec ma copine ou avec mes enfants,
12:41ils n'écoutent pas.
12:42Ils n'écoutent que quand je lui dis Siri.
12:43Ben non, ils l'écoutent tout le temps.
12:44Ça va se terminer, sans doute, comme vous le dites, par une page de plus dans des CGU
12:50qu'on va lire quand on a le temps et puis sinon on cliquera dessus.
12:54Effectivement, il faut informer.
12:55Mais sur le fond, sur le fait qu'Apple écoute tout le temps, c'est nécessaire pour que
13:00Siri marche et qu'ils enregistrent là où il faut qu'ils promettent des choses et qu'ils
13:04soient intransigeants, c'est sur l'anonymisation, la non-réexploitation de ces données, etc.
13:09Et je pense, vu le pédigré d'Apple, comme vous le dites, vous avez raison, ils se font
13:14fort d'être les champions là-dessus, que ça doit être le cas.
13:17Mais sur le fond du sujet, ça ne me choque pas tant que ça.
13:19C'est logique qu'ils écoutent les réactions des gens et qu'ils améliorent sans cesse
13:23Siri et qu'il y ait des humains qui fassent ça, et tant mieux d'ailleurs.
13:25On est bien obligés d'annoter ces conversations pour voir si le chatbot a bien répondu aux
13:30questions qu'on lui posait.
13:31On est obligés de lui donner accès aussi à notre contact, à notre géolocalisation,
13:36à des tas d'informations.
13:37Je veux dire, l'utilisateur, il faut qu'il soit éclairé sur ça, mais il faut aussi
13:42qu'il se pose la question « est-ce que j'accepte ou est-ce que je n'accepte pas ? »
13:45Et aujourd'hui, les gens acceptent quand même.
13:48Je veux juste dire une chose qui n'est pas tout à fait exacte, c'est qu'on peut tout
13:52à fait imaginer des assistants vocaux qui fonctionnent avec les fameux « ok » avec
13:57un nom ou « démarre » et qui soient justes, parce que localement on repère ça sans passer
14:02vers le cloud.
14:03Et ensuite, pourquoi pas que ce soit étendu ?
14:05Ça par exemple, ça pourrait être une limite.
14:07On n'est pas obligés de tout enregistrer pour repérer quand on dit « ok mon assistant,
14:14maintenant tu démarres ».
14:15Quelque part aussi, c'est une forme implicite de vouloir plus d'informations que ce qu'on
14:20a besoin.
14:21Je le dis.
14:22Je ne sais pas ce qui est conservé de ça, on ne va pas s'avancer sur ce point-là.
14:28C'est pour ça que je dis qu'on pourrait tout à fait imaginer que n'est transmis
14:32à l'opérateur que quand on lui dit « maintenant écoute-moi, maintenant c'est fini ».
14:38Et ça, là aussi, ce serait une pratique.
14:41Il se trouve qu'on est devenu dans une logique plutôt invasive du type « on laisse tout
14:45faire », etc.
14:46Ce que je pense, c'est qu'à un moment donné, on a effectivement intérêt à mettre
14:49des limites.
14:50Et ce que je trouve moi choquant dans cette affaire, c'est que même les limites qui
14:54nous sont vendues d'un point de vue marketing ne sont pas respectées.
14:57Donc c'est là où je parle de confiance.
14:58Je pense qu'il y a une confiance technologique.
15:00Aujourd'hui, on sait très bien reconnaître par exemple un marqueur de démarrage de phrase
15:04sans avoir besoin de passer par le cloud.
15:06Les machines sont suffisamment puissantes pour apprendre ça et pour apprendre notre
15:10« ok, démarre ».
15:11Je pense d'ailleurs que c'est le cas.
15:13Je pense d'ailleurs que c'est le cas, Alain.
15:15Mais pas par exemple la Google, la box Google, elle écoute en permanence.
15:20Si tu n'éteins pas le bouton, on off vraiment du micro.
15:23Voilà.
15:24Et ça, il faut que ça soit clairement indiqué aux gens, je pense.
15:26Oui, mais c'est ça.
15:27C'est là qu'il faut que ça soit.
15:28En fait, nous pourrions nous-mêmes configurer ces mots-clés.
15:30Et ça, si Apple le proposait, pour répondre à la problématique à laquelle ils font
15:35face, je pense que ce serait un très bon point.
15:39Donc, entre ceux qui acceptent d'avoir un assistant vocal sur l'ensemble du spectre
15:45de leur vie, et donc avec les conséquences qu'on connaît aujourd'hui, et ceux qui
15:49veulent être assistés sur des mots-clés bien précis.
15:51Et donc, ça pourrait être verrouillé.
15:52C'est une bonne idée, ça.
15:54Et puis, c'est quand même un choix personnel.
15:56Je trouve qu'il faut quand même revenir là-dessus parce qu'on peut décider de ne
16:00pas accepter d'avoir un assistant à l'écoute de toutes nos demandes et se débrouiller
16:04un petit peu tout seul.
16:05Ce n'est pas si compliqué aujourd'hui pour trouver ces informations.
16:07Alors, bon, message personnel.
16:09On passe à notre autre sujet.
16:11Le baromètre de l'innovation en France a été publié par Numéum, une grande organisation
16:15des professionnels du numérique.
16:17Il y a plein de chiffres que j'imagine que vous avez pu les étudier.
16:21Moi, il y en a certains que j'ai retenus, mais je vais vous laisser quand même la priorité.
16:24François ?
16:25Au-delà de Numéum, je pense que le fait d'encourager les start-up est quelque chose
16:31de très important, s'occuper de leur financement.
16:33Nous, à notre échelle, fait vannes.
16:35C'est pour ça que chaque année, on décerne des prix d'encouragement dans les réunions
16:40annuelles qu'on a à les favoris, pour non seulement récompenser les grands prix des
16:44internautes qui sont fatalement des grosses sociétés, mais aussi des prix de la start-up,
16:49des prix de l'innovation, des prix RSE pour encourager systématiquement l'entreprise.
16:54Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y a énormément de projets, toujours, encore maintenant dans
16:58l'e-commerce.
16:59Ça, c'est vrai.
17:00Toujours.
17:01Et ça n'arrête pas.
17:02On ne se moralise en disant, face aux monstres chinois, américains, français, on n'a pas
17:06de place.
17:07Non, non.
17:08Il y a des bonnes idées qui arrivent.
17:0990% sont centrés sur l'environnement, c'est-à-dire qu'il y a un plus environnemental, soit c'est
17:15le cœur de la nouvelle société, soit c'est un bras important, mais vraiment, tous les
17:19jeunes qu'on voit pitcher, le sujet environnement est fondamental pour eux.
17:24Fondamental.
17:25Je vois Alain qui hoche de la tête.
17:27Je ne vais pas parler de moi en tant que citoyen par rapport à l'environnement sur lequel
17:31je suis très engagé.
17:32Je pense que c'est très important.
17:33Mais quand on regarde l'étude, ce qui est hyper intéressant, c'est que justement,
17:37tous les levées de fonds ont été amenés à être plutôt des boîtes à impact, comme
17:41tu le dis tout à fait justement.
17:42Mais quand on regarde là sur l'innovation, l'évolution de l'innovation, là on parle
17:47des acteurs du numérique, attention, on ne parle bien que de cela, c'est plus sur l'IA,
17:52plus sur la cyber, moins sur la RSE.
17:54C'est-à-dire que si on regarde là sur la séquence, les investissements d'innovation
17:59ont été faits sur les deux secteurs, donc un défensif, la cyber, un offensif, l'IA,
18:04on vient d'en parler avec les assistants, et la RSE baisse en investissement.
18:09Moi ce qui m'a frappé, c'est est-ce que l'IA finalement, ce phénomène, ce buzz autour
18:15de l'IA dont on se réjouit tous, c'est bien d'avoir des sujets qui montent jusqu'au plus
18:19haut sommet de l'État et qui sont défendus comme ça, mais est-ce que ça n'occulte pas
18:22finalement toutes les autres startups, les autres investissements à faire dans les autres
18:26technologies ?
18:27Complètement.
18:29Là pour le coup, l'espace médiatique est sursaturé d'IA, aujourd'hui quand on a accès
18:34justement, si on ne parle pas d'IA on n'est pas audibles, aujourd'hui il y a vraiment
18:38un phénomène de mode un peu, effectivement on est comme des lapins dans les phares de
18:42l'IA, ça c'est clair.
18:43Moi aussi j'ai été très très surprise sur le fait effectivement qu'on ne parle pas davantage
18:47de transition écologique, et je vais être aussi une mauvaise élève parce que je vais
18:50parler d'IA et de cybersécurité parce qu'il y a un autre point qui m'a interpellée, c'est
18:55cet écart entre l'investissement prioritaire des entreprises en IA, 82%, se sont déclarées
19:03vouloir accélérer sur l'IA, c'est effectivement un levier de croissance stratégique et c'est
19:10certain et essentiel, et puis la cybersécurité qui gagne 10 points mais qui n'est qu'à 50%.
19:17Et en fait l'IA c'est le cerveau, la cybersécurité c'est le système de défense immunitaire,
19:24donc je ne sais pas comment on peut voir un écart aussi important, plus on a d'IA,
19:28plus on a de cybermenaces, et les entreprises n'ont pas encore compris qu'il était essentiel
19:32d'embarquer la cybersécurité dans la conception des intelligences artificielles.
19:37Donc c'est pas assez, vous nous dites en fait, en matière de cybersécurité.
19:39C'est pas assez, c'est comme si vous installiez une porte blindée chez vous et que vous mettiez
19:44la clé sous le paillasson, l'IA et la cybersécurité c'est finalement une Ferrari, potentiellement
19:51sans frein, on sait que ça avait allé très vite, mais on sait que ça va mal finir également.
19:55Et puis après il y a tout le sujet lié au financement, je pense qu'il nous faut une
19:58politique peut-être plus ambitieuse et plus cohérente aussi, c'est quand même un drame
20:03que les entreprises doivent attendre des créances, crédits, d'impôts, innovations et recherches
20:09pendant plus de 7 mois.
20:10Plus de 7 mois, c'est ce que révèle cette enquête.
20:12Mais moi je trouve ça déplorable, un entrepreneur, un mois pour un entrepreneur c'est long, c'est
20:17beaucoup, pour une administration c'est rien.
20:20C'est la survie de l'entreprise qui se joue en 7 mois.
20:22C'est la survie, 7 mois c'est très très long, c'est deux trimestres, et donc je pense
20:26que c'est important de simplifier l'accès au financement public, de réduire les délais
20:31administratifs, je verrais bien aussi un financement un peu hybride, public-privé avec la création
20:37d'un fonds d'investissement, où on inciterait aussi les investisseurs privés, comme on
20:44le fait pour les start-up, donc il pourrait y avoir des incitations fiscales pour investir
20:48dans la R&D.
20:49Il y a tellement de choses à faire, et puis il y a la formation, et la rétention des
20:54talents en IA et en cybersécurité, on devrait effectivement avoir des plans de formation
20:59dès le secondaire et depuis l'université, pour sensibiliser et commencer à créer les
21:03talents de demain, qui sont insuffisants, et je porte un projet qui s'appelle Women
21:08in STEM, qui a pour but de faire émerger des femmes dans les filières technologiques
21:12et scientifiques, qui permettraient de gagner quelques points de PIB, et donc qui contribueraient
21:16à la vitalité, à la compétitivité de notre économie, et puis il y a peut-être
21:20aussi aller chercher des talents internationaux, peut-être avec la mise en place d'un visa
21:24européen.
21:25On manque de talents en France aujourd'hui, et on ne peut pas subir, en fait, on le fait
21:29aujourd'hui, on a des géants technologiques mondiaux, et on subit.
21:33Je reçois Julie Huguet de l'émission French Tech très prochainement, donc je lui partagerai
21:39quelques propositions Angélique ! Alors il y a aussi ce chiffre sur l'accès au financement
21:45public qui se complexifie, 56% seulement des entreprises qui trouvent ces dispositifs
21:49accessibles, ce n'est pas beaucoup, d'ailleurs l'émission French Tech travaille là-dessus
21:53sur l'accès au marché public, mais moi je me demandais si on n'a pas une trop grande
21:56dépendance au financement public, que ce soit via les marchés, vous allez me dire
22:00ça pour l'instant, il y a du boulot, mais via aussi les aides, les crédits d'impôts,
22:04recherches, innovations ? En volume non, en nombre et en complexité oui ! Si on regarde
22:10par exemple une boîte américaine, elle a plus d'argent finalement des achats avec
22:14le Small Business Act public que la France, la France achète moins de numérique que
22:21ce que les américains achètent de numérique pour leurs acteurs, par contre est-ce que
22:24du coup nous pour avoir moins, parce que c'est l'ordre d'un facteur 4, est-ce que par contre
22:30on ne fait pas 10 fois plus de papiers ? Oui ! Tout est là en fait, on le répète à
22:36chaque fois, il faut dé-bureaucratiser cette question pour revenir à l'action de la
22:40commande publique basique, et non pas des subventions compliquées, et ça c'est ce
22:45que dit le secteur depuis 20 ans, et simplement on a plutôt tendance à empiler au contraire
22:50ça, voire même là ce qui s'est passé dans la loi de finances, on a rendu très
22:55instable le C.I.R, le C.I.I en bougeant des éléments, et la perception a été désastreuse
23:01parce que ça a mis beaucoup de gens en stress pour à la fin d'ailleurs une évolution mineure
23:07d'un problème, donc là-dessus politiquement je pense qu'on ne prend pas les choses dans
23:12la bonne direction.
23:13François sur le soutien public à l'investissement ?
23:18Non, c'est plus un problème de complexité, effectivement, c'est ce que disent toutes
23:23les entreprises, je crois que Medef ou C.P.M.E. il faut simplifier, et les start-up qui cherchent
23:28à se financer c'est la même chose, et je crois que c'est une des raisons pour lesquelles
23:32l'ERS n'est pas si haut, pour moi il y a deux raisons, la première c'est qu'il y a pas
23:35mal de boîtes où c'est la raison d'être, donc il ne faut pas investir dans le R.S.E.
23:38si vous êtes tout goût, vous n'avez plus qu'à investir dans le R.S.E. c'est votre
23:43raison d'être, et R.S.E. pour pas mal d'entreprises c'est ah, il faut regarder, les tableaux
23:47excellent, qu'est-ce qu'il faut faire, remplir des cases, etc.
23:50Ça veut dire qu'on a des réglementations européennes qui viennent s'ajouter sur ces
23:54sujets ?
23:55Voilà, on essaie de la repousser, mais alors que l'IA c'est utiliser un nouveau moteur
23:59pour améliorer le fonctionnement du site et que ça aille mieux, donc c'est pour ça
24:03que tout le monde met l'IA en premier, en plus du fait que pour lever des fonds il
24:06vaut mieux dire qu'on met de l'IA en premier, parce que c'est plus porteur.
24:09Si vous n'en parlez pas, les investisseurs disent « eh l'IA, vous faites un bon travail
24:12».
24:13Mais alors vous ne faites pas d'IA.
24:14Exactement.
24:15Eh bien merci beaucoup à tous les trois pour vos éclairages, merci Angélique Gérard,
24:19Alain Garnier, François Momboise d'avoir été dans le débrief de Smartech, et merci
24:23à vous de nous suivre sur la chaîne BeSmart 4Change, vous pouvez aussi nous écouter
24:26en podcast je le rappelle.
24:27A très bientôt.

Recommandations