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00:00Et on commence, Mathéo, par les Victoires de la Musique.
00:02Oui, les récompenses cette année en France, ce sont des comptes ronds, les cinquantièmes
00:06César pour le cinéma, ce sera le 28 février, et les quarantièmes Victoires de la Musique,
00:11c'est ce soir à la scène musicale près de Paris.
00:13Bonjour Yann Bertrand.
00:14Et bonjour.
00:15Vous y serez évidemment pour France Info, comme chaque année, depuis 1992, pour nous
00:19les faire vivre en direct.
00:20Avant d'en parler, je plaisante évidemment, vous êtes jeune, avant d'en parler également
00:25avec notre invité Rimka qu'on attend dans ce studio, petite présentation comme pour
00:29toutes les compétitions, Yann, il y a des enjeux, on va les décrypter avec vous.
00:32Et la première, le premier enjeu, la France va-t-elle enfin sacrer ses stars internationales ?
00:37Artiste masculin, album, création audiovisuelle, le temps de justice est peut-être venu pour
00:57assoir les musiques électroniques françaises à la place où elles devraient être vu le
01:00succès immense du duo aux quatre coins du monde et leur récent Grammy Award à Los
01:05Angeles.
01:06Mais les Victoires de la Musique ne sont pas le monde et on parierait bien plutôt sur
01:09un raz-de-marée pour ceci.
01:11Santa, trajectoire supersonique, nommée quatre fois ce soir, notamment dans les catégories
01:27artistes féminines et album.
01:29A l'affût, derrière, il y a Clara Luciani, troisième album, trois nominations et grande
01:34habituée des victoires aux victoires.
01:36Ou encore Zao de Sagazan, à peine remise de son triomphe aux quatre trophées l'année
01:40dernière et cette fois nommée dans la catégorie reine.
01:43Oui, on sait que cette année, elle en aura moins forcément que l'an passé.
01:46Est-ce que tous les genres musicaux, Yann, sont représentés cette année ?
01:49Non, et c'est toujours aussi difficile pour le hip-hop, audience maximale et présence
01:53minimale.
01:54Un grand malentendu qui a poussé Tia Kola, notamment nommée en tant qu'artiste masculin,
01:58à refuser l'invitation.
01:59Même chez les Révélations, avec Yoa, Solan ou Stiletto chez les femmes, Alyosha Schneider,
02:05Pierre Garnier et Lucky Love chez les hommes, la variété supplante la diversité.
02:09Pierre Garnier, justement, gagnant de la Star Academy, a dû se faire une place en
02:13vitesse dans le monde de la musique.
02:15Il en parlait ce matin sur notre antenne.
02:17Oui, forcément, au tout début, c'est vrai que moi qui suis passé de rien à tout d'un
02:22seul coup, c'est vrai qu'il y avait énormément de choses à faire, à conscientiser.
02:26J'avais l'album en même temps que la tournée Starac, donc c'est vrai qu'au début je suivais
02:29un peu la marche.
02:30Au fur et à mesure, avec quelques moments de pause, de revoir ma famille, mes proches,
02:35d'être bien entouré aussi, ça m'a permis de comprendre un peu ce qui m'est arrivé
02:38et de commencer réellement à kiffer, à prendre du plaisir, à faire de la musique,
02:42ce que j'ai toujours rêvé de faire.
02:43Donc maintenant, c'est juste du plaisir.
02:44Déjà, ça montre que ça avance et que finalement, je suis honoré aussi d'y être parmi d'autres
02:48artistes qui sont aussi incroyables.
02:50Ce n'est pas un jeu de mots, mais c'est vraiment une victoire déjà d'être victoire pour moi.
02:53J'aimerais garder le meilleur de ce qu'on était
02:58Parmi les derniers enjeux, l'été olympique va-t-il se poursuivre ce soir avec les cérémonies
03:03d'ouverture et de clôture nommées au titre de meilleur concert ?
03:06Et la série sur DJ Mehdi, génie des platines et de la production, architecte du son du
03:11113, triomphateur aux victoires en 2000, va-t-elle s'imposer dans la catégorie création audiovisuelle ?
03:18En tout cas, le personnage mérite l'hommage.
03:32Merci beaucoup Yann Bertrand, prince de la ville, le 113.
03:35On va y revenir évidemment dans un instant.
03:37Rimka, notre invitée, est en train d'arriver dans le studio de France Info.
03:41Mais avant cela, on va accueillir notre autre invitée, Brice Miclet.
03:45Bonjour.
03:46Bonjour.
03:47On vous accueille avec une musique qui vous fait plaisir.
03:48J'aime bien.
03:49Journaliste et pivin, félicitations, vous nous avez offert une nouvelle pépite en fin
03:54d'année dernière, après Sample, aux origines du son hip-hop en 2018, vous avez remis ça
03:58avec Sample et Rap français aux éditions Le Mot et le Reste, c'était la suite logique
04:02du premier ?
04:03Oui, c'est la suite logique, c'est-à-dire qu'en plus, j'avais fait un livre sur le
04:08rap américain, mais étant français et m'adressant à un public français, c'est quand même
04:11dommage avec la scène française qu'on a, de ne pas s'intéresser à cette scène spécifiquement.
04:16Donc c'était tout vu pour moi de faire ça ensuite.
04:20Alors on va y revenir, il y a une histoire derrière chaque morceau, derrière chaque
04:23choix.
04:24Je précise pour les auditeurs de France Info, j'aurais dû commencer par ça qu'un Sample,
04:27c'est un échantillon, un extrait d'une musique, généralement la plupart du temps antérieur
04:32qu'on garde sur quelques secondes, parfois deux secondes, parfois toute une mélodie
04:36pour en faire un instrumental de hip-hop, mais pas seulement, ça peut aussi être de
04:40l'électro.
04:41Oui, complètement, c'est une technique qui est utilisée dans plein de styles musicaux,
04:44ça peut être des musiques préexistantes qui sont échantillonnées, qui sont samplées,
04:49l'empreinte sonore vraiment de la musique, mais ça peut être d'autres choses, ça peut
04:51être d'autres empreintes sonores sur Youtube, des discours politiques, d'autres choses.
04:56Le but, c'est de détourner une empreinte sonore préexistante de son but premier pour
05:01en faire un morceau, pour l'incorporer à un morceau de rap en l'occurrence.
05:04Justement, nos auditeurs ont encore sans doute dans les oreilles ce qu'on vient d'entendre,
05:07Prince de la Ville du 113, et bien ça vient de ça.
05:10Voilà, c'est très beau, je disais, il y a une histoire derrière chaque morceau, celui-là
05:27il est évidemment culte, parce qu'en plus, DJ Mehdi triture cette mélodie dans tous
05:32les sens, il place même des filtres dedans, c'est incroyable.
05:35Oui, c'est ce qu'on appelle, c'est un peu technique, des filtres de passe bas ou des
05:38filtres de passe haut, mais c'est un sample qui provient d'un morceau qui s'appelle
05:43« Make me believe in you » de Curtis Mayfield, qui est un grand grand grand nom de la soul
05:47music américaine, et effectivement DJ Mehdi avait cette particularité quand même d'avoir
05:53une patte sonore imprégnée de la house, notamment française, de la French Towns,
05:57et donc d'utiliser ces filtres-là avec des rythmiques un petit peu différentes de ce
06:01que les autres beatmakers faisaient en France.
06:02Alors j'aime beaucoup la construction du livre, j'étais impatient de retrouver les
06:04pages avec le morceau, le sample et l'histoire derrière, mais j'ai été bluffé en fait
06:08par le début, ce sont de longs entretiens avec de nombreux DJs, producteurs et ou ex-vendeurs
06:14de disques, il y a vraiment plein d'histoires derrière, on retrouve Dynastie, Mélophilo,
06:18Les Oxypones, Rosé parmi d'autres, en fait ils vous racontent comment eux cherchaient
06:23les sons pour trouver un instrumental qui sera ensuite un morceau rap, et ça c'est
06:27passionnant parce qu'il y a toute l'histoire de la musique derrière.
06:29En fait c'est aussi leur rapport intime à la musique, c'est-à-dire que c'est des
06:33musiciens, c'est des passionnés de musique, c'est des excellents musiciens, contrairement
06:35à ce que pas mal de gens peuvent croire, mais c'est vraiment des gens qui ont une
06:40culture musicale énorme et quand on leur demande de parler de sampling, ils parlent
06:43en fait de la musique qui les touche, qu'ils aiment manipuler, de la matière première
06:46qu'ils aiment manipuler, donc forcément ils sont passionnés, ils sont là, ils sont
06:54disponibles, ils sont contents d'en parler, donc je voulais leur donner la parole dans
06:57ce livre de manière assez large.
06:58Yann ?
06:59Brice Mitclay, on a coutume de dire dans beaucoup de domaines, souvent à tort, que c'était
07:04mieux avant, le sample, est-ce que c'est toujours aussi utilisé, en tout cas aussi
07:09divers dans le hip-hop aujourd'hui ?
07:11C'est toujours aussi divers, c'est difficile de dire si c'est toujours aussi utilisé,
07:16c'est-à-dire qu'aujourd'hui, avec le développement de la musique, du rap entièrement
07:20composé, notamment via les musiques assistées par ordinateur, effectivement il y a plusieurs
07:26manières de faire des instru, des instrumentaux, des productions rap, avant clairement, dans
07:31les années 90, début 2000 encore, c'était le sampling qui dominait totalement et d'autres
07:36techniques se sont ajoutées, on a parfois l'impression que le sample est un peu mort,
07:39mais ce n'est pas vrai, il a toujours existé, il n'a jamais cessé d'exister
07:41dans toutes les strates du rap français, dans toutes les époques.
07:44On peut préciser qu'il y a eu une bascule dans l'histoire du sample, cette utilisation
07:47de quelques secondes d'un morceau, jazz, funk, soul, quand les ayants droit ont commencé
07:53à réclamer des royalties, et il y a des morceaux, des albums comme ça, qui ont mis
07:57des années à sortir, je pense à De La Soul, parce qu'à un moment donné les ayants
07:59droit ont dit « Eh oh, c'est pas gratuit », c'est un débat qui existe encore aujourd'hui,
08:04est-ce que se servir c'est du vol ou pas ?
08:06Il y a beaucoup de choses qu'on peut aborder, mais c'est vrai qu'il y a eu longtemps
08:14des procès aux Etats-Unis, De La Soul a eu un procès du groupe The Turtles, Two Life
08:19Who a eu un procès encore avant, c'est des groupes américains, il y a Biz Markie,
08:23un rappeur américain en 92 qui a un procès qui va faire un peu jurisprudence aux Etats-Unis
08:27et qui va cadrer les futures habitudes juridiques aux Etats-Unis.
08:32Il y a la musique de Godzilla aussi, chez Pharoah Monch, qui a été un autre procès
08:35d'Akira Ifukube, le thème d'entrée qui est un grand classique des samplings du rap.
08:41Mais ça existe aussi encore en France aujourd'hui, il y a des artistes français de renom comme
08:46Damso, comme SDM, comme Ninho, qui sont des énormes vendeurs de rap français de ces
08:50dix dernières années, qui ont eu des morceaux qu'on appelle des takedowns, qui ont été
08:55retirés des plateformes à cause de problèmes de samples non déclarés.
08:58Pour compléter ce que vous demandez Yann tout à l'heure, votre livre et le précédent
09:05ça touche à une forme d'âge d'or du rap.
09:08Vous allez voir, il y a une ambiguïté.
09:11On va la dater entre 91 et 2001, au moment où il y avait des incroyables ventes à ce
09:16moment-là, on ne parlait pas encore de streaming, c'est ça qui est important.
09:19Vous montrez, grâce à ce livre et le précédent, au contraire, que cet âge d'or n'est pas
09:23terminé, même si aujourd'hui forcément on crée différemment.
09:27En plus, là on est dans une époque depuis pas 15 ans, une grosse dizaine d'années,
09:34où le rap est tout simplement au premier des ventes et écrase un petit peu tout le
09:37reste commercialement.
09:38Donc c'est aussi une autre forme d'âge d'or.
09:40Et dans cet âge d'or, il y a beaucoup de samples.
09:44J'en parle dans le livre, j'essaie de montrer qu'il y a une continuité, que ça ne s'est
09:47jamais arrêté et que le nouvel âge d'or d'aujourd'hui est aussi très riche en la matière.
09:53Pour parler plus globalement et pour revenir aux Victoires de la Musique, je le disais
09:59tout à l'heure, Tiakola ne viendra pas ce soir très clairement parce qu'il ne veut
10:02pas participer aux Victoires de la Musique qui ont une relation compliquée pour le moins
10:06avec le hip-hop.
10:08Comment expliquer aujourd'hui que l'industrie, en tout cas la face émergée, en l'occurrence
10:13les Victoires de la Musique, ait toujours autant de mal à nommer des artistes hip-hop
10:18alors que ce sont eux qui vendent le plus ?
10:21Je pense très honnêtement qu'il y a un fond de mépris, de condescendance et de racisme,
10:27tout simplement.
10:28Le rap français a toujours été décrié, il y a quand même dans l'industrie musicale
10:34longtemps, il y a une culture dominante qui était une culture rock, qui avait, pas dans
10:39son ensemble, mais dans sa globalité, on va dire, une forme de mépris pour ces musiques-là.
10:43Il y a aussi quelque chose, c'est que depuis, ça va être la troisième année maintenant,
10:47il y a Les Flammes, qui est l'équivalent des Victoires de la Musique, mais qui est
10:52organisée généralement en mai, qui est consacrée au rap et aux musiques affiliées.
10:56Afro-caribé, etc.
10:58Et donc, l'an dernier, les Victoires de la Musique ont un peu tenté de, je ne sais pas
11:07si c'était d'empêcher de court-circuiter Les Flammes, mais ils ont nommé énormément
11:10d'artistes rap, racisés, et aujourd'hui ils l'ont fait une fois.
11:15Je pense que ça n'a pas trop marché, que ça n'a pas impacté Les Flammes et que ça
11:18n'a pas ramené le public des Flammes vers les Victoires de la Musique.
11:20Donc, cette année, ils reviennent à leurs vieilles habitudes de snobber ces musiques-là.
11:23J'ai une dernière question, Brice Miquelay, même si on pourrait parler de tout ça des
11:26heures, parce que c'est passionnant.
11:28Vous pouvez revenir quand vous voulez, on fera la phase B.
11:31Je crois que c'est quelque chose qui vous tient à cœur.
11:33Il y a des stars là-dedans, il y a des pionniers du rap, il y a des parrains du rap, il y a
11:39SCH, il y a Arsenic, il y a la Funky Family, il y a énormément de gens connus, mais pas
11:43forcément.
11:44Vous mettez en lumière des musiques ou des artistes qu'on a peut-être injustement oubliés.
11:49Je peux citer les chanteuses Salia et Mélas qui sont le début du livre.
11:52Ça, c'est quelque chose, pour vous, c'était important de ne pas les oublier.
11:55Oui, c'était extrêmement important.
11:56De toute façon, les femmes, là on parle de femmes.
11:59Les femmes dans le rap, notamment en tant qu'interprètes, ont une importance énorme,
12:05même si elles sont sous-représentées.
12:07J'explique aussi dans mon livre qu'il n'y a aucun exemple dans les 100 qui a été composé
12:13par une musicienne-femme, parce que les beatmakers sont empêchés et invisibilisés complètement,
12:20notamment dans ce sous-domaine du rap qui est la production hip-hop samplée, avec
12:25des samples.
12:26Je le dis en introduction aux générations futures de faire mieux, bien mieux.
12:32Merci infiniment Brice Miquelet.
12:34Donc vous revenez, on a pris rendez-vous pour nous parler de la suite du livre ou d'un
12:37autre livre.
12:38On fera un podcast si vous voulez.
12:40Journaliste, auteur, sample et rap français.
12:42Excellent livre, aux mots et le reste édition.
12:45Merci d'être passé par nous.
12:46Merci beaucoup.
12:51Il est arrivé, il est dans ce studio.
12:53On est content.
12:54Bonjour Rimka.
12:55Bonjour.
12:56Un grand merci d'être avec nous.
12:57Je sais que vous êtes pas mal occupé.
12:58Deux actualités pour vous aujourd'hui.
12:59On va parler d'abord des victoires de la musique, qu'on évoquait tout à l'heure
13:02avec Yann Bertrand.
13:03Je crois que vous serez sur scène ce soir.
13:05Vous ne pouvez peut-être pas tout dévoiler, mais allez, donnez-nous un petit teasing.
13:08Oui, bien évidemment.
13:09Parce qu'on a été nominé dans la création musicale par rapport au super documentaire
13:15Made in France.
13:16DJ Mehdi.
13:17Voilà, dédié à DJ Mehdi, sur l'histoire de DJ Mehdi.
13:20Et donc, il y aura une belle surprise ce soir.
13:23Forcément, une belle fête familiale autour de cette belle célébration.
13:29Il a fait l'objet de cette formidable série documentaire, unanimement saluée à la cartonnée.
13:34On en a d'ailleurs parlé à l'automne, dans tout public, avec Pedro Winter et Thibaut
13:38de Longeville.
13:39Vous êtes très présent dedans, en interview, Rimka.
13:41Le fait qu'on en parle ce soir, le fait que ça ait autant marché, que ça ait autant
13:45ému les gens, vous, personnellement, ça vous a touché ?
13:47Bien évidemment.
13:48Surtout qu'au moment où on réalise le doc, où Thibaut nous appelle pour le tournage,
13:55en fait, il avait stocké tout un tas d'images qui ne sont pas forcément disponibles dans
14:01le docu, qui n'a pas forcément voulu dévoiler, mais qui étaient des trucs très privés,
14:05très personnels, qu'on a vécu tous ensemble.
14:07Ce qui fait qu'on était dans une atmosphère particulière.
14:11Pour moi, j'étais hors temps.
14:13C'était incroyable.
14:15Quand j'ai vu le résultat, j'étais très fier de ce qu'on a réalisé tous ensemble.
14:22Mais c'est avant tout l'histoire de DJ Mehdi qui est très belle et qui rend ce doc aussi puissant.
14:27Alors je dis que vous avez une double actualité.
14:29La deuxième, c'est celle-là.
14:30Eh, tonton ! Les cabas, ils sont trop lourds !
14:35Allez, monte, t'es dans la voiture.
14:37Montre, monte.
14:38Montre, Bilel.
14:39Eh, arrête même.
14:40Allez, monte, monte.
14:41Allez, on y va, on y va.
14:42Eh.
14:44Rémi Karim.
14:45Tonton Dublet.
14:46Tonton Dublet.
14:47Pour tous les Miss Mourt.
14:49La Double Adie.
14:50La Double Adie.
14:53504 break chargé.
14:54Allez, montez les neveux.
14:56Juste un instant que je mette sur le toit la grosse malle bleue.
15:00Alors, désolé de le couper.
15:01Tonton Dublet, pour ceux qui auraient hiberné depuis la fin des années 90, c'est l'un des
15:08tubes sortis avec votre groupe 113 sur Prince de la Ville, l'album vendu à plus de 500
15:13000 exemplaires à l'époque où le streaming n'existait pas.
15:15Il est dispo, Tonton Dublet, depuis ce matin sur les plateformes.
15:19C'est une chanson qui date de l'automne 1999.
15:22Ça a été long ?
15:23C'est ça, très long.
15:24Très long.
15:25Et il y a aussi le vinyle qui est disponible.
15:27Il y a eu énormément de personnes qui nous ont demandé.
15:31Donc, on a mis au dispo aussi le vinyle.
15:33Et sur Tonton Dublet, en fait, l'album Prince de la Ville, en général, a quelques problèmes
15:38de droit dû au sample qu'on est en train de régler justement.
15:43C'est pour cette raison-là qu'il n'est pas disponible.
15:45Mais Tonton Dublet, le problème a été réglé très vite.
15:48Mais pour nous, c'était dommage de le dissocier de l'album.
15:53Parce que pour nous, pardon, il fait partie de l'œuvre.
15:57Et sachant qu'il y a des très bonnes nouvelles qui arrivent aussi pour très bientôt et
16:02qu'on arrive au dénouement final, on s'est dit que c'était le temps de remettre Tonton
16:07Dublet partout.
16:09C'est une coïncidence que ça arrive le jour de la fête à DJ Mehdi ce soir ?
16:13Forcément qu'il y a une corrélation et qu'on voulait aussi marquer le coup.
16:18Parce que DJ Mehdi fait partie de l'histoire de 113 et même si dans le groupe 113, on
16:25était trois, pour nous, on a toujours été quatre en vrai.
16:28Et le fait de pouvoir célébrer encore l'œuvre de DJ Mehdi qui n'est plus de ce monde et
16:36que malgré ça, on peut encore lui rendre un bel hommage de ce type, c'est une grande
16:41fierté.
16:42Tonton Dublet, c'est un morceau qui a de l'humour dedans.
16:45Il y a quelque chose d'humoristique.
16:46Je ne sais pas si l'idée, c'était une blague au départ entre vous avec des expressions.
16:50Le fait est qu'aujourd'hui, c'est rentré dans la culture française, c'est rentré
16:53dans le langage commun.
16:54Les cabayes sont trop lourds, je pourrais en citer 40 000 des extraits.
16:58C'est un pilier de la culture française aujourd'hui.
17:01Est-ce que vous vous attendiez à ça, à ce carton-là et à cet héritage-là quand
17:06vous l'avez écrit ce morceau ?
17:07Franchement, on l'a fait avec zéro calcul et c'est ça qui est beau avec tout l'album
17:11Prince de la Ville en vrai.
17:13C'est un cri du cœur.
17:16C'est quelques potes qui se sont mis dans un studio et qui ont fait de la musique vraiment
17:21comme on fait une partie de foot entre potes en bas de l'immeuble.
17:27C'est ça qui ressort vraiment, c'est une spontanéité et une franchise naturelle dans
17:33ce morceau et dans tout l'album Prince de la Ville qui en ressort.
17:37Votre cousin dans la chanson, il dit qu'il ne vous a pas vu à la télévision.
17:40Est-ce qu'il vous a vu depuis ?
17:41Depuis, il m'a bien bien vu.
17:43Il m'a vu au JO, il m'a vu partout.
17:45En tout cas, on va reparler des JO dans un instant.
17:47Prince de la Ville, ça a été une sacrée aventure.
17:49Deux victoires de la musique en 2000.
17:50Révélation de l'année.
17:51Album, rap, reggae, groove.
17:53On va écouter quand même votre arrivée sur scène.
17:55Culte à l'époque en 504.
17:58Break chargé, forcément.
18:03Non, c'est pas grave.
18:04Il y avait beaucoup de sons aujourd'hui.
18:05Forcément, il y a eu quelques…
18:07Allez, on va écouter le bon extrait.
18:11Le bon gros.
18:15Le bon gros.
18:16Oui, Karim.
18:17Contre du black.
18:18Ouais.
18:19Contre tout le mismo.
18:21Contre le peuple algérien.
18:23504 break chargé.
18:25Allez.
18:26Contre les neveux.
18:27Juste un instant que je vais être sur le point.
18:28Alors, on précise que le public est en délire.
18:30Il y a Michel Drucker à côté qui a l'air de vous découvrir.
18:33Et on voit DJ Mehdi dans les images, qui danse dans le public.
18:37Vous avez des souvenirs précis de cette soirée ?
18:39De l'émotion, l'impression d'avoir gagné la coupe du monde, peut-être ?
18:42Exactement.
18:43Vraiment, c'était des émotions très fortes.
18:45Surtout que nous, on partait là-bas sans prétention.
18:47Sachant qu'il y avait très peu de rap dans ce genre de cérémonie.
18:50Et qu'on était un peu…
18:52Voilà, le vilain petit canard de la bande.
18:55Il y avait des Benjamin Biolay, des grands artistes de l'époque.
18:59Et puis, nous, on était incontournables.
19:01Donc, on devait être à cette cérémonie.
19:03Et le fait d'avoir gagné deux prix, celui du public.
19:08Pour la révélation de l'année.
19:10Et l'album Rap Groove.
19:12Ça vous a installé dans le paysage musical.
19:14Est-ce qu'à l'époque, vous vous êtes senti accepté par ce milieu accueilli ?
19:19Par ce milieu parisien de la musique, des majors ?
19:21Il y avait de l'enthousiasme ?
19:22Est-ce qu'il y avait de la bienveillance ?
19:23Ou est-ce que vous étiez un peu les jeunes de banlieue
19:25qu'on laisse faire leurs trucs à l'époque ?
19:26Je parle de la part des organisateurs et des pontes qui étaient là.
19:30Au départ, forcément, on fait partie de la grande famille du rap.
19:34Donc, il y avait quelques appréhensions.
19:37Et puis, tout de suite, on faisait tomber les masques.
19:40Et quand les gens nous rencontraient.
19:42Et puis, même par rapport à la musique.
19:44Notre musique, c'est quelque chose de généreux.
19:46Donc, forcément, on a fait tomber plein de préjugés.
19:49Et ça a été généralement bien accueilli, il faut dire.
19:52Et aujourd'hui, dans le climat sociétal politique actuel,
19:55une chanson sur une famille qui rentre au bled pour les vacances
19:58avec Sample Oriental à la clé,
20:00ça fédérerait autant qu'en 99-2000, vous pensez ?
20:03Non, je ne pense pas et c'est dommage.
20:05Parce que nous, on vient des quartiers populaires de France.
20:08On a grandi tous mélangés, français, antillais, d'origine maghrébine,
20:13Afrique de l'Ouest, etc.
20:15Donc, nous, on prône l'unité, la solidarité.
20:18C'est des valeurs qui sont chères pour nous.
20:21Et de voir que c'est des valeurs qui se dégradent en France
20:24et que le vivre ensemble devient de plus en plus difficile,
20:27c'est quelque chose de dur pour nous.
20:29La considération du rap aux victoires et en France en général,
20:33on sait que c'est un peu l'éléphant dans la pièce.
20:36C'est la musique la plus écoutée.
20:39La polémique revient souvent.
20:40C'est le style musical qui est de loin le plus écouté par les jeunes,
20:43mais pas seulement.
20:44Sur les plateformes, c'est dans tous les classements, en haut.
20:47Mais c'est absent de nombreux grands médias.
20:49Est-ce que cette considération-là, elle bouge un peu ?
20:51Vous qui travaillez maintenant avec des jeunes artistes.
20:53Ça bouge, ça bouge.
20:54Forcément que ça bouge.
20:56Je vois Soprano qui est jury de la Star Academy.
21:00Il y a quelques petits trucs comme ça qui bougent,
21:03mais c'est long en vrai.
21:05C'est long parce que ça fait 25 ans que cette musique est installée,
21:08même commercialement parlant, auprès des majors.
21:12Il y a des gros, gros artistes, des gros, gros vendeurs
21:14avec des grandes tournées, etc.
21:16Et on n'a pas l'exposition encore voulue.
21:19C'est pour ça que c'est peut-être important encore plus aujourd'hui,
21:22je reviens encore une fois à DJ Mehdi,
21:25de célébrer ce qu'il a été,
21:27c'est-à-dire quelqu'un qui a commencé dans le rap,
21:30qui a fait de la production de morceaux rap très connus,
21:32très médiatisés aussi,
21:33mais qui a aussi fait de l'électro
21:35et qui avait une passion pour le funk, pour à peu près tout.
21:38C'est aussi un symbole de ce mélange.
21:41Exactement.
21:43C'est là où DJ Mehdi, c'était une pièce maîtresse aussi
21:46dans le paysage du rap français en général.
21:49C'est que vraiment, elle a réussi à fédérer
21:52les artistes rap autour d'autres tendances
21:55qui ne sont pas forcément les nôtres.
21:57Et c'est aussi ça la beauté du rap,
22:01c'est qu'à la base, c'est une musique hybride.
22:03On sample de la funk, de la soul, du jazz
22:06et pourquoi pas de l'électro.
22:08Et c'est là où Mehdi nous a amenés en vrai.
22:10Hier, dans ce studio, puisqu'on est éclectique aussi
22:12dans tout public sur France Info,
22:14nous avions Marc Serron, il était dans le casting
22:16de la cérémonie d'ouverture des JO.
22:18Vous y étiez aussi, Rimka, avec leur cul,
22:21trois fois plus tard, un petit retour d'expérience.
22:23Là aussi, étoile dans les yeux.
22:25Une grande fierté parce que déjà,
22:27la cérémonie à l'international,
22:29elle a été en général super bien accueillie
22:31et le spectacle en général aussi.
22:33Moi, les polémiques, les machins,
22:35je suis vraiment passé autour.
22:37J'ai vraiment pas calculé,
22:39j'ai retenu que le positif.
22:41Et quand on reçoit des messages du monde entier
22:44qu'on a été vu par 2 milliards et demi de personnes,
22:49il y a beau avoir 20 ans, 25 ans de carrière,
22:51le stress, il est très très fort.
22:54Votre carrière, en tout cas, elle continue
22:56puisque vous avez sorti ça il y a quelque temps.
23:11Ça, c'est Ron, extrait de votre dernier EP,
23:13je dis pas de bêtises.
23:15Exactement, qui porte le même nom.
23:18Vous serez à l'Adidas Arena le 12 décembre prochain.
23:20C'est ça.
23:22Ça se prépare déjà ?
23:24Non, c'est dans longtemps.
23:26Oui, mais malgré tout,
23:28étant donné qu'il y aura beaucoup d'invités
23:30et que j'ai envie de faire une grosse fête
23:32et résumer un peu la longueur de ma carrière,
23:35les plannings, les machins,
23:37et puis aussi on veut faire des choses un peu différentes,
23:40faire vivre les titres sur scène,
23:42c'est autre chose que de les écouter à la maison.
23:45Ça va être un vrai spectacle vivant, j'espère,
23:47et une belle fête.
23:49L'Adidas Arena a été utilisé pendant les Jeux Olympiques,
23:51donc une belle boucle qui se boucle.
23:53Exactement, c'est cool.
23:55Merci Yann, merci beaucoup Rimka d'être passé par France Info.
23:58Je rappelle donc vos nombreuses actualités,
24:00Tonton Dubled depuis ce matin
24:02sur les plateformes d'écoute,
24:04et puis ce soir, vous serez donc aux Victoires de la Musique.
24:06On sait pas encore quelle forme ça prendra,
24:08mais il sera question de DJ Mehdi.
24:10Merci beaucoup.
24:11Ça sera beau. Merci pour l'invitation.
24:13Il y a du monde en régie pour venir vous voir et vous écouter.
24:16C'est pas habituel. Merci beaucoup.
24:18Les Victoires de la Musique, vous l'avez dit, Mathéo,
24:20à suivre en direct ce soir sur France Info.
24:22En attendant, tout public à réécouter sur franceinfo.fr,
24:25c'est en podcast aussi sur l'application Radio France.

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