Lundi 10 février 2025, SMART TECH reçoit Isabelle Hilali (fondatrice et CEO, Datacraft) , Margarita Zlatkova (Head of Data & Programmatic EMEA, Weborama) , Mykim Chikli (Conseillère en stratégie de dirigeant, Tech & Data, Weborama) et Marie-Christine Levet (cofondatrice, Educapital)
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00:00Allez c'est parti pour notre grand débrief de la tech aujourd'hui autour de la table.
00:07Marie-Christine Levay, bonjour Marie-Christine.
00:09Bonjour Delphine.
00:10Présidente, co-fondatrice d'Educapital, à côté de vous Margarita Tzadkova, directrice
00:14Data Programmatique chez Weborama, bonjour.
00:17Bonjour Delphine.
00:18Et Mikim Chikli à côté de moi, conseillère en tech et data, conseillère en stratégie
00:23des dirigeants.
00:24Bonjour Mikim.
00:25Bonjour.
00:26On va parler du chiffrement, la protection par chiffrement qui serait à nouveau menacée
00:31par un texte proposé par le Sénat.
00:33On va voir en quoi ça peut nous inquiéter ou pas peut-être, j'aurai peut-être des
00:38avis différents autour de la table.
00:39Mais je voulais quand même qu'on commence avec le top départ du sommet pour l'action
00:42sur l'intelligence artificielle.
00:43C'est un peu notre grand sujet en ce moment puisque ça se passe à Paris, sommet international
00:49on attend énormément de monde, c'est 10 et 11 février.
00:53Mais il y a énormément d'événements qui se sont déjà déroulés en amont dans la
00:58perspective de ce rendez-vous international.
01:00Clara Chappaz, la secrétaire d'État chargée de l'IA et du numérique, Anne Bouvreau, Bruno
01:05Bonnel qui est secrétaire générale pour l'investissement, ils ont lancé notamment
01:10des défis Convergence IA et donc nous sommes connectés pour ça avec Isabelle Hilali.
01:16Bonjour Isabelle, vous êtes fondatrice et CEO de Datacraft qui est un club d'experts
01:20autour de la donnée et vous avez créé avec Instadip qui est une start-up tunisienne
01:26rachetée par une grande entreprise de biotech allemande, un de ces 35 défis, il s'appelle
01:33le Geo AI Hack, c'est un hackathon de deux jours, quel était le challenge à relever
01:39déjà ?
01:40Alors en fait déjà on travaillait sur des données satellites, des données à la fois
01:45de la NASA et de l'agence spatiale européenne et l'idée à partir de ces données satellites
01:51c'était d'arriver à identifier des lieux notamment de nidation de criquets pèlerins
01:56qui font des ravages sur l'agriculture en Afrique, voilà et donc c'était de permettre
02:03d'identifier ces lieux pour pouvoir détruire les criquets avant qu'ils se développent
02:07trop massivement.
02:08Alors parce que il faut quand même rappeler l'objectif de ces challenges, de ces défis
02:15convergence IA, c'est de prouver que l'intelligence artificielle finalement peut servir à l'intérêt
02:19général à des problématiques importantes de sociétés, de populations.
02:24Oui tout à fait, c'est effectivement de montrer à quoi ça sert de façon très concrète
02:32et positive et puis nous c'est aussi un moyen d'améliorer la technique et puis de permettre
02:39des collaborations un peu inédites puisque au hackathon il y avait beaucoup d'étudiants,
02:43on était reçus à l'agence française du développement mais il y avait aussi des
02:47entreprises comme COLA, CEGI, SAKURACY qui travaillent aussi à partir d'images satellites
02:56pas nécessairement sur le sujet des criquets pèlerins mais en tout cas pour plein d'utilisations
03:00et l'idée c'était de fédérer tout cet écosystème.
03:04D'ailleurs c'était un des objectifs justement de montrer que l'écosystème de la recherche
03:10peut travailler avec les grandes organisations privées, avec les étudiants, ça a été
03:15compliqué justement à organiser, à orchestrer cette collaboration ?
03:19Pas tellement parce que nous on fait ça au quotidien chez Data Craft donc c'est vrai
03:24qu'on fédère déjà un gros écosystème, il y a plus de 45 grandes entreprises publiques
03:29et privées qui sont membres du club, il y a des startups et plus de 600 chercheurs
03:34donc on avait déjà cet écosystème et en plus là on était sur un sujet qui était
03:40très enthousiasmant à la fois d'un point de vue technique, sur les données satellites
03:45c'est toujours enthousiasmant et puis notre co-organisateur Instadip a aussi des super
03:53technos pour travailler sur les données satellites et puis un sujet lié à l'agriculture,
03:59lié à l'Afrique, c'était aussi extrêmement motivant donc non, on a eu plutôt beaucoup
04:04trop de candidatures à gérer que des difficultés à avoir les bonnes personnes.
04:09Et quel résultat ? Parce que donc ce hackathon s'est tenu en amont du sommet, quel est le résultat ?
04:15Alors le résultat, on a amélioré les modèles existants donc du coup ça permet d'être
04:21plus performant sur cette thématique-là et de façon générale sur le traitement
04:26des données satellites et puis je pense qu'il y a des gens qui se sont rencontrés aussi,
04:30qui ont envie de faire des choses, côté agence française du développement, les
04:35sujets d'IA, c'est déjà des sujets qu'ils regardaient de près mais je pense que ça les a
04:40encore plus boostés pour faire des choses sur ces sujets et puis ça a fait connaître
04:47aussi ces sujets à tout un tas d'étudiants qui sont venus participer et voilà donc je
04:54pense que ça permettra d'aller encore plus loin le coup d'après.
04:57C'est intéressant parce que ça montre quand même qu'on a un écosystème assez riche,
05:03que ce soit académique ou industriel, on dit souvent on a beaucoup de talent,
05:09là ça donne un peu corps finalement aux paroles politiques, aux incantations,
05:15à travailler ensemble. On est sur la bonne voie, il vous semble qu'on a pris un bon chemin,
05:21une bonne stratégie avec tout ce qui est mis en place autour du sommet ?
05:25Alors moi je suis absolument enthousiaste de ce sommet, je trouve que c'est fabuleux
05:33à tout point de vue. C'est fabuleux d'un point de vue industriel, notre industrie
05:38de façon générale, qu'elle touche les gros industriels ou les domaines de la data,
05:44du numérique et de l'autre côté d'un point de vue diplomatique. Je trouve que finalement
05:49en plus avec l'arrivée de DeepSeek et de AirOne, on est au milieu et on a l'opportunité
05:55aujourd'hui d'être la troisième voie, exactement, entre la Chine et les Etats-Unis
06:01et on existe et on a énormément de choses à apporter dans le panier de la mariée
06:07et donc d'être à la table des négociations pour avoir un poids important et d'être
06:11écouté parce qu'entre ces deux gros géants, l'Europe est tout petit.
06:14Mais parce que cet écosystème, il est réel, on le voit, moi je le reçois même dans Smartech
06:20mais on a quand même besoin encore de prouver qu'il existe, qu'il est effervescent,
06:25qu'il a un potentiel.
06:27Oui, moi aussi je suis assez enthousiaste, je trouve que c'est bien quand même que
06:29la France montre ses talents, c'est bien qu'il y aura beaucoup de start-up de l'IA,
06:34il y a plus de 1000 start-up de l'IA qui vont être dans cet événement, donc c'est
06:37bien que la France montre ses talents, c'est bien qu'elle prenne effectivement entre
06:41les milliards de dollars des US et le spoutnik chinois qu'elle arrive à trouver une place
06:49et cette place de dire que nous, on peut faire une IA responsable de nos valeurs européennes
06:54je trouve que c'est un élan positif, après honnêtement il faudra voir quand même le
06:58héroïde de cet événement, c'est un événement qui est très cher et il faut être cohérent
07:01parce que si on fait cet événement, il ne faut pas de l'autre côté, on coupe des
07:05budgets de la recherche, on a le statut du jeune prof, tuteur, docteur est coupé, c'était
07:13un statut qui permettait de faire travailler la recherche avec les grands groupes, de l'autre
07:18côté on ne forme pas du tout les jeunes, la nouvelle génération c'est elle qui sera
07:22l'IA de demain, on ne les forme pas du tout aux matières scientifiques, au code à l'IA,
07:27j'ai une question pour vous, est-ce que vous savez le budget des numériques éducatifs
07:31pour tous les collèges à l'éducation nationale ? 10 millions d'euros, ce n'est même pas
07:36un euro par élève, du coup il faut être cohérent, il faut être cohérent pour que
07:40vraiment on soit une nation forte en IA et qu'on se donne les moyens de l'être aussi.
07:47Il y a 5 problématiques qui sont déroulées pendant ce sommet, l'IA au service de l'intérêt
07:54public, l'avenir du travail, innovation et culture, l'IA de confiance, la gouvernance
07:59mondiale de l'IA, ça fait beaucoup de priorités finalement, est-ce qu'on peut appeler ça
08:04des priorités ? C'est une bonne question, moi j'en vois une en tout cas qui est prioritaire
08:10et qui est primordiale, c'est la gouvernance et on parlait justement de la place de la
08:14France dans l'IA, on est beaucoup sur le travail sur du open source, sur du partage
08:19face aux deux gros géants qui eux sont moins dans ce partage d'informations et ce partage
08:24de connaissances.
08:25Même si le modèle justement chinois est open source ?
08:26Exactement, même si DeepSea qui travaille effectivement sur ce principe-là et même
08:30si apparemment il a échangé des informations avec OpenAI, mais on a moins de sociétés
08:35de cet acabit-là chez nous et cette gouvernance et ce qu'on voit aux Etats-Unis avec notamment
08:41le fait de commencer à ne plus réguler l'IA, de ne plus créer de la confiance dans l'IA,
08:46je pense que c'est un des sujets primordiaux, en tout cas pour moi, je pense qu'il y a un
08:50sujet central, c'est la gouvernance et on voit qu'effectivement les régulations ont
08:55tendance à devenir de moins en moins importantes et de moins en moins contraignantes.
08:59Isabelle Hilali, justement cet écosystème-là, vous l'avez touché du doigt à travers cette
09:08expérimentation, à travers ce hackathon et ces challenges Convergence AI, vous êtes
09:14optimiste vous aussi sur l'issue du sommet ?
09:16Alors ce que je trouve c'est qu'en tout cas ça a créé une grosse dynamique parce
09:22que tout le monde veut en être, tout le monde veut présenter un projet, ça accélère
09:26pas mal de choses, ça nous met en visibilité aussi par rapport notamment à l'étranger,
09:32on voit qu'il y a une grosse participation de plein de pays, donc oui je trouve que ça
09:38crée en tout cas une accélération et ça crée une dynamique intéressante.
09:42Après effectivement on est sur des sujets où il y a beaucoup de compétition entre
09:50les pays, il y a de la collaboration aussi, mais dans tous les cas c'est sûr que ça
09:56crée une dynamique intéressante comme à chaque fois qu'il y a un gros événement,
10:00donc c'est l'après qui est intéressant à gérer, comme les JO.
10:03C'est ça, c'est l'après, c'est comme les JO, combien ça a coûté, qu'est-ce
10:06que ça va apporter, qu'est-ce qu'on va en tirer comme bénéfice ? On va vous libérer
10:10Isabelle Lally, merci beaucoup d'avoir été avec nous, je rappelle que vous êtes fondatrice
10:14et la CEO de Datacraft, merci encore.
10:17Nous on continue sur cette question de l'intelligence artificielle, mais Kim vous vouliez souligner
10:22justement dans le registre de ce qu'apporte l'IA au monde, à la société, à chacun
10:28d'entre nous, il y a le sujet de la santé qui est vraiment peut-être le plus prometteur
10:33j'ai l'impression, non ?
10:35Oui, et puis il faut voir aussi que ça fait déjà plus d'une trentaine d'années
10:39que finalement la santé utilise l'IA et qu'on ne le savait pas forcément.
10:44Alors, il y a quelques jours, le président Macron et son épouse sont allés inaugurer
10:50à Gustave-Roussy 32 000 mètres carrés dédiés à la recherche, donc là je pense
10:58qu'on est contre le cancer.
11:00On a un élément vraiment très très très fort qu'on tient dans nos mains parce qu'on
11:06a des scientifiques, des chercheurs que le monde nous envie, vraiment, ça va être le
11:12premier centre européen pour la recherche, l'objectif c'est que d'ici 2040, 80% des
11:19cancers soient soignés, qu'on soit guéris, et bien sûr l'utilisation de l'IA elle
11:26est dès le départ, donc dans le diagnostic, les pronostics, mais également aussi dans
11:34la prévention, donc on aide énormément les médecins à avoir des recommandations finalement
11:43de surveillance plus ou moins rapprochées, et puis ensuite dans les soins, donc moi je
11:49fais partie du conseil d'administration d'une association qui s'appelle ROSOP, qui est là
11:53pour accompagner les femmes atteintes de cancer, tout type de cancer, et dans l'après, dans
11:59le soin, dans l'accompagnement, c'est fondamental, ça libère un temps phénoménal, on manque
12:04de ressources au quotidien, et je trouve que c'est une avancée formidable, donc la France,
12:11Cocorico, on est vraiment très en avance et il faut qu'on continue dans ce domaine-là.
12:15Et dans l'éducation, on avance ?
12:19Alors dans l'éducation, les élèves le sont, parce que 99,9% des élèves aujourd'hui utilisent
12:24chat, GPT et d'autres outils pour faire leurs devoirs et pour apprendre, les profs encore
12:30peu, il y a une dizaine de profs qui utilisent, donc on a un énorme enjeu de formation des
12:36profs, mais aussi de formation des élèves au risque de l'IA, comment bien l'utiliser,
12:41au danger aussi, et on a des start-up très innovantes honnêtement, on n'a rien, on
12:48n'a rien à envier aux Américains en termes d'innovation et d'idées, on a des start-up
12:52qui aident à préparer des cours, à faire des exercices, il y a des tuteurs virtuels
12:58maintenant pour l'apprentissage des langues, il y a même des start-up qui se mettent maintenant
13:01sur le sujet de la chlorhydroxychopie, donc c'est très très innovant, après on a toujours
13:06un même sujet, bon déjà on n'a peut-être pas assez d'investissement par rapport aux
13:09Américains, quand une start-up lève 5 millions en France, la même start-up lève 50 millions
13:14aux U.S. et on a encore un problème de marché qui ne s'est pas développé, et c'est vrai
13:18que plus on va, plus on se développe, il ne faut pas que l'école reste sur le côté
13:23et que l'école reste dans le 19e siècle.
13:25Et au niveau européen, Marie-Christine, il y a quand même quelque chose qui se passe
13:29ou on a encore un marché très fragmenté ?
13:31On a un marché encore très fragmenté sur tout ce qui est, parce que c'est très dépendant
13:36des ministères de chaque pays, mais c'est vrai que l'IA peut un peu révolutionner parce
13:41qu'on a quelque chose qui arrive qui est le tuteur virtuel, et là il ne s'adresse
13:44plus au ministère, plus aux profs, plus à l'école, il s'adresse directement à l'élève
13:48qui va pouvoir grâce à l'IA réussir à trouver, s'il a un blocage en maths, contourner
13:55ce blocage et progresser à son rythme, donc c'est vraiment une révolution, il y aura
14:00des gagnants, il y aura des perdants, mais c'est vrai que ça révolutionne totalement
14:03le secteur de l'éducation et c'est bien qu'il y ait des start-up head-tech qui soient
14:08représentés lundi au Grand Palais, le Nolège, la Lilo, donc c'est bien pour la France aussi
14:13de mettre en valeur ces belles innovations.
14:16Et Margarita, vous parliez du sujet de la gouvernance, ça rejoint aussi les préoccupations
14:22autour de la sécurité, parce que dans les deux cas, vous nous parlez des promesses
14:26et de l'énorme progrès que ça peut représenter demain dans des secteurs aussi importants
14:32que la santé ou l'éducation, mais ça veut dire qu'il faut quand même encadrer tous
14:36ces sujets de sécurité, donc il y a eu le lancement de l'Institut national de l'évaluation
14:40de la sécurité de l'IA, ça s'inscrit en fait dans une coopération internationale.
14:46Alors décidés avant l'ère Trump du côté des Etats-Unis qui est en train un peu de
14:51revenir là-dessus, mais est-ce qu'on doit aussi quand même s'inquiéter des risques
14:56de l'IA ? Parce que je vous trouve très optimiste.
14:59Moi je pense que oui, il faut se poser la question, notamment dans les domaines sensibles
15:04dont on vient de parler, l'éducation, la santé, mais il y a aussi l'emploi, également
15:09en même temps, on parlait des élèves qui y sont déjà, beaucoup de salariés y sont
15:12déjà, mais sans l'éducation nécessaire, sans le recul nécessaire pour les utiliser,
15:18et on parlait tout à l'heure effectivement notamment des chiffrements et des failles
15:23qui peuvent exister et de l'utilisation qu'on peut avoir des données qu'on nous fournit
15:27à toutes ces IAs, et en parlant de deep-seek typiquement, je pense que vous avez vu les
15:31dernières news et le fait qu'il commence à être interdit dans plein de pays, notamment
15:34parce qu'il y aurait une relation entre Chinamobile, qui est des parents du gouvernement chinois,
15:39et un envoi d'informations sur l'utilisateur et sur son device, et ce qu'il fait, et sur
15:44sa vie privée.
15:45Donc je pense qu'il faut s'inquiéter et c'est pour ça que moi je pense que le sujet
15:48principal reste la gouvernance, l'accord entre les pays de comment on va gérer l'IA
15:54et comment la rendre plus respectueuse de la vie privée et comment les utilisateurs
15:58vont y avoir confiance.
15:59Mais comment on va faire pour trouver cet accord entre les différents pays qui ont
16:03des points de vue mais tellement différents ?
16:05C'est important je pense que dans chaque secteur on crée aussi des acteurs européens,
16:10souverains, qui respectent la confidentialité, la gouvernance des données, et qu'on crée
16:16nos filières européennes dans l'IA et qu'on ne soit pas que dépendants des acteurs américains
16:22ou demain chinois.
16:23Oui c'est-à-dire si on n'arrive pas à s'entendre sur quelques bases, autant avoir
16:27nos propres acteurs.
16:28Oui ou développer des acteurs là aujourd'hui, c'est vrai qu'est-ce qu'il se passe sur
16:33l'IA, ça serait passé peut-être il y a 20 ans sur le moteur de recherche, on n'aurait
16:37pas que Google et on aurait peut-être des acteurs, mais le problème c'est que pour
16:41développer des acteurs européens, il y a quand même aussi, même s'il y avait dix
16:45psyches, on peut se demander si les coûts diminuent, il faut quand même des investissements
16:49massifs.
16:50On n'a peut-être pas encore en Europe, l'Europe a annoncé vouloir investir 4 milliards, si
16:54vraiment les Etats-Unis investissent 500 milliards.
16:57Après ça dépend sur quoi on investit, quelle est la bonne méthode, la bonne démarche,
17:03on n'est pas obligé, ça c'est un discours maintenant qui est de plus en plus présent
17:07en France et en Europe, de dire on n'est pas obligé de copier la stratégie des Américains
17:11et même des Chinois, on peut aussi investir des pans de l'IA qui n'ont pas encore été
17:17investis et où le ticket d'entrée est peut-être un peu moins élevé, par exemple autour de
17:21la sécurisation des IA.
17:24Ou des applications même, des applications dans la santé, dans l'éducation, des applications
17:30qui vont se baser peut-être sur des LLM et qui, elles, respectent les données.
17:34C'est vrai que la course au LLM, mon ami Strahl, il faut parier dessus, elle est difficile
17:38mais après il y a une voie entière qui se développe dans tous les métiers.
17:41Oui, je pense que bien sûr il faut traiter l'IA avec bienveillance, mais comme tout
17:50en fait.
17:51La clé, elle est là, donc elle devient dangereuse à partir du moment où il n'y a pas de bienveillance
17:55et à partir du moment où il n'y a pas d'autorégulation et finalement si on n'a pas suffisamment
18:00les moyens humains d'autoréguler l'IA, il faut avoir une IA à côté qui autorégule
18:05l'IA et ça existe déjà, des IA qui s'autorégulent entre elles.
18:09Il y a beaucoup d'espoir de ce point de vue-là, créer en fait une IA démocratique, la démocratie
18:17de l'IA.
18:19Yuval Noah en parle un peu dans son livre Nexus sur ce sujet démocratique.
18:23Maintenant, moi je suis pleine d'espoir parce que, comme tu le disais, il y a à notre disposition
18:30des outils qui sont open source et il y a plein de créativité en Europe, en France
18:36en particulier, des gens qui ont des envies de développer des projets ad hoc et il faut,
18:42là je m'adresse plutôt aux politiques, il faut qu'on continue à les aider.
18:46Ce crédit impôt recherche, il faut qu'il continue à exister.
18:49Les élans sur le financement des start-up, l'amélioration des coûts des entreprises
18:56qui investissent dans ce secteur-là, doit être présent.
19:00Je ne vais pas faire mon Bernard Arnault, loin de là, on n'est pas du tout dans ce
19:04sujet-là, mais il y a vraiment besoin d'aller chercher et de pousser ces talents d'un point
19:10de vue aide financière de l'État.
19:13Aide financière, on dit aussi ouvrir les carnets de commandes au sein des administrations.
19:20On a quand même l'IACT qui commence à entrer en vigueur, une première partie du règlement
19:27européen qui va s'imposer à tous.
19:29Est-ce que ça, vous considérez que c'est bien parce que ça traite ce sujet de la sécurisation
19:35de l'IA, ce sujet de l'alignement nécessaire ou est-ce que non, c'est vraiment un frein
19:41aujourd'hui à l'innovation en Europe ? Donald Trump aux Etats-Unis considère que ces sujets
19:45de sécurité sont un frein de toute façon à l'innovation, ça on l'a bien compris,
19:50mais même dans l'écosystème aujourd'hui français, on crie à trop de règles, trop
19:56de contraintes qui empêchent justement de rattraper un certain retard.
20:01Je pense que le fait d'analyser les risques du NIA en amont, c'est important.
20:06Important pour la vie privée, important pour les utilisateurs, important pour les populations
20:09fragiles et on en a discuté à plusieurs reprises sur ce plateau, notamment les mineurs
20:14et les personnes qui peuvent avoir du mal à comprendre une IA et à comprendre comment
20:19fonctionne un algorithme derrière et quel est son raisonnement.
20:23Donc je pense que l'IA acte est important pour donner de la confiance.
20:26C'est la complexité juridique, la complexité de l'application.
20:29C'est ça.
20:30C'est dans le fond, c'est une très bonne idée et c'est très bien de pouvoir les classifier
20:33dans des catégories.
20:34La mise en œuvre et l'application par contre est une autre chose et je pense que c'est
20:38là où tout l'écosystème crie un petit peu fort en disant que pour mettre ça en
20:43application, ce n'est pas si simple que ça.
20:45Ils vont nous donner des clés pour pouvoir l'appliquer simplement.
20:48Est-ce que OpenAI par exemple pourrait montrer les mêmes progrès s'il était censé appliquer
20:53l'IA acte ?
20:54Probablement pas tout de suite.
20:56Une fois qu'il est établi et qu'il a déjà fait ses preuves, c'est plus facile de mettre
21:00de la régulation a posteriori qu'au début, notamment dans la phase d'apprentissage qui
21:05a besoin d'énormément de données, qui a besoin de se servir de tout un tas de sources
21:09différentes.
21:10Après effectivement, je pense que la France et l'Europe, on a tendance un peu à complexifier
21:14beaucoup nos législations, nos réglementations, à demander beaucoup à nos écosystèmes.
21:19Finalement, surtout aux start-up qui ont beaucoup moins cette possibilité de respecter ces
21:24règles-là.
21:25Ça peut être un frein ou c'est déjà un frein aujourd'hui par exemple pour les head
21:28tech ?
21:29Non, aujourd'hui pour les head tech, ce n'est pas un frein et je pense que ça peut être
21:32une chance.
21:33Ça peut être une chance de se dire, on respecte, typiquement dans l'éducation, il y a quand
21:37même des enjeux énormes de données, de données des enfants, etc. et d'avoir une
21:41régulation, je pense qu'on ne peut pas laisser un état de non-droit sur tout ce qui est
21:46digital.
21:47Après, je suis d'accord avec vous, on a tendance en France particulièrement à sur-complexifier
21:53dès qu'on régule.
21:54Il faudrait pouvoir réguler de manière assez light, je ne sais pas si c'est un vœu pieux,
21:59mais on a tendance à sur-complexifier et c'est clair, ça peut créer des freins mais
22:04c'est aussi une chance de se dire dans des activités stratégiques, la défense, l'éducation,
22:10la santé, on respecte les données et on a une gouvernance.
22:13Bon, allez, on va changer, il n'y a pas que le sujet de l'IA, il y a aussi le sujet du
22:18chiffrement puisqu'on a le Sénat qui a voté un amendement visant à pousser les messageries
22:22à créer un accès au contenu chiffré pour les services de renseignement français sous
22:28peine d'amende.
22:29Autrement dit, il est exigé de ces messageries, il serait exigé de ces messageries d'installer
22:36des bacs d'or, des portes dérobées.
22:39On revient encore une énième fois avec cette polémique, il y a évidemment plusieurs experts
22:43qui ont quand même rappelé que créer des portes dérobées, c'était créer finalement
22:48des failles.
22:49Les failles ne sont pas exploitées uniquement par les services de renseignement pour faire
22:53la lutte contre le narcotrafic mais potentiellement pour d'autres actes malveillants.
22:57Pour autant, on comprend que les services de police et de renseignement ont besoin de
23:00travailler, d'aller plus vite.
23:01Quelle est votre position sur cette question et comment on reste dans un numérique de
23:06confiance ? Parce que la confiance, c'est aussi confiance dans les outils et la sécurité
23:10qu'ils apportent, confiance dans la confidentialité de nos échanges.
23:13Je pense que là, on a un sujet d'équilibre entre la vie privée des utilisateurs et entre
23:20la lutte contre la criminalité quelle qu'elle soit et on revient un peu aux discussions
23:23qu'on avait eues en 2022 avec la loi pour la protection des mineurs au niveau de l'Union
23:29européenne.
23:30À ce stade-là, il n'y a pas de solution vraiment miracle.
23:33C'est vrai que c'est nécessaire d'avoir accès à ces messages-là pour anticiper
23:36effectivement des actes criminels.
23:38Et de l'autre côté, nous en tant qu'utilisateurs, on ne souhaite pas avoir nos données divulguées
23:43et on ne veut pas de la surveillance de masse.
23:45En fait, la porte la plus facile à ouvrir, c'est la surveillance de masse.
23:50Et est-ce que réellement le gouvernement va se borner juste à utiliser ces données
23:53pour la surveillance des criminels ou est-ce qu'il n'y a pas aussi d'autres données,
23:58les données notamment d'utilisateurs qui vont y passer ? Qu'est-ce qui se passe avec
24:01les données confidentielles entre chefs d'État, entre politiques, entre hommes d'affaires
24:05qui échangent des informations confidentielles ? À quel point ces failles peuvent être
24:09utilisées à ce niveau-là ? Il y a beaucoup de questions qui se posent et moi, je trouvais
24:13une proposition qui avait été faite de mémoire par la Belgique en 2022 sur les discussions
24:18au niveau de l'Union Européenne qui mettait le problème un peu en amont en disant qu'au
24:22lieu de toucher au chiffrement, qui du coup est la valeur ajoutée de toutes ces messageries
24:26et qui est la protection des consommateurs, c'est de pouvoir scanner les contenus en
24:30amont avant qu'ils soient chiffrés.
24:31Parce qu'en fait, ils sont chiffrés au moment où on en voit.
24:34Oui, alors, ce n'est pas le tchat contrôle, mais ça, c'est encore…
24:38C'est le tchat contrôle, exactement.
24:39Est-ce que c'est une bonne solution ou pas ? C'est à discuter, peut-être à revenir
24:43dessus.
24:44Il y a d'autres solutions.
24:45Mener les enquêtes, parce qu'aujourd'hui, les enquêtes se sont menées, agir vis-à-vis
24:49des messageries qui ne respectent pas les règlements, comme on l'a fait avec Telegram,
24:53par exemple.
24:54Oui.
24:55Alors, moi, je suis pour la liberté.
24:56Oui.
24:57Alors, donc non.
24:58Non.
24:59Je pense que là, on va sur une dérive et je suis sûre que la police va, et a déjà,
25:08des moyens autres et la surveillance de masse, c'est non.
25:12Et la fragilisation de ces systèmes, c'est non.
25:15C'est non.
25:16C'est Georges Orwells.
25:17C'est non.
25:18Oui.
25:19Marie-Christine ?
25:20Moi, je suis partagée.
25:21Je pense quand même qu'on ne peut pas laisser un état de non-droit sur le digital.
25:25Bon, après, il faut être assez réaliste sur le fait que les narcotrafiquants ou autres,
25:32ils iront sur d'autres messageries.
25:33Il y en a qui se créent tous les jours.
25:35Et voilà.
25:36Donc, bon, il faut être assez réaliste sur ce fait-là.
25:42Mais bon, si on pouvait trouver quelque chose, quand même, qui, à un moment donné, que
25:44la justice fasse son métier, et qu'on puisse… Moi, je trouve qu'il faudrait trouver quelque
25:49chose.
25:50Alors, après, je ne suis pas du tout la plus experte.
25:51Non, mais vous avez travaillé dans les télécoms, vous avez vu aussi les relations entre les
25:55services d'enquête et les opérateurs du Daily.
25:58Bah, uniquement dans les télécoms, à un moment donné, quand on nous demandait une
26:01adresse IP d'un prodcnet, c'est vrai, on l'a donné.
26:04Oui.
26:05Je pense qu'à un moment donné, il faut aussi répondre à la justice de son pays.
26:09Et ça, ça fonctionne.
26:10Ce que je veux dire, c'est que ça fonctionne, déjà.
26:12Ça fonctionne.
26:13Et on l'a donné, d'ailleurs.
26:14On sait très bien qu'on est…
26:15Et on continue à la donner.
26:16Voilà.
26:17Après, qu'il y ait une surveillance de tous les contenus postés, ça, non, ça, c'est
26:20la liberté individuelle.
26:21Mais qu'à un moment donné, quand la justice fait son métier et qu'elle demande quelque
26:24chose, il faut le respecter.
26:25Après, quand vous lisez les conditions générales de WhatsApp, elles disent que c'est selon
26:29leur politique.
26:30Donc, je doute que WhatsApp respecte ce que la justice française lui demandera.
26:36La politique change beaucoup du côté de WhatsApp.
26:39Merci beaucoup à toutes les trois.
26:40C'est ravi d'avoir un plateau 100% féminin.
26:43Pourtant, on n'est pas le 8 mars.
26:44Mais voilà, ça arrive aussi dans Smartleg.
26:45Merci encore.
26:46Merci à vous de nous suivre.
26:48Donc, vous nous suivez sur la chaîne BeSmart for Change et également en podcast.
26:52À très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.