Selon un baromètre Sista, seulement 10 % des start-up créées en 2022 l’ont été par des femmes. Alors que la tech et l’IA sont désormais des moteurs de la croissance, la place des femmes dans ces domaines reste un sujet brûlant. Il est donc urgent d’agir pour combler ce fossé.
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00:00C'est parti pour une demi-heure de débrief dans Smartech. Aujourd'hui, autour de la table,
00:07et bien trois femmes, je suis ravie. Marie-Christine Leveb, bonjour. Bonjour Delphine. Je rappelle que
00:12vous êtes la fondatrice des Ducapital. À côté de vous, Mikim Chikli. Bonjour Mikim, conseillère
00:17en stratégie Takedata pour des dirigeants des conseils d'administration. Et Angélique Gérard,
00:21bonjour Angélique. Bonjour Delphine. Angélique, présidente de Stem Academy, mais aussi de Women
00:27in Stem. Alors justement, on va parler de cette journée des droits de la femme, mais pas seulement,
00:33on va aussi s'intéresser à cette possible interdiction des réseaux sociaux aux mineurs,
00:37enfin on verra mineurs, ce qu'on appelle mineurs, et puis aussi des remous autour des nouvelles
00:41conditions générales d'utilisation de Mozilla Firefox. Mais donc on commence avec la tech,
00:46l'intelligence artificielle et les femmes. Et pour lancer la discussion, nous sommes connectées avec
00:51Théma Seymane. Bonjour Théma, j'espère que vous nous entendez bien. Je vous entends très bien,
00:56bonjour. Vous êtes avocate au barreau de Paris, de Bruxelles. Vous êtes aussi la cofondatrice et
01:01présidente du réseau Will, Women in Leadership, donc réseau européen qui rassemble des femmes
01:07dirigeantes issues de l'entreprise, mais pas seulement, du milieu universitaire, des pouvoirs
01:11publics. Première question peut-être déjà, à quoi sert ce type de réseau ? Qu'est-ce qui s'y
01:15passe très concrètement ? Il s'y passe plein de choses. La première chose, c'est une espèce
01:22d'espace de respiration pour les femmes en position de leadership pour partager leur sujet,
01:27mais aussi de solidarité. Le réseau, c'est le moyen d'identifier les gens avec qui vous allez
01:33travailler plus tard, les opportunités, la compréhension du monde. Et les hommes le font
01:38très bien et c'était bien aussi que les femmes le fassent. Alors on n'exclue pas les hommes,
01:43bien sûr, mais ça permet de travailler au fait qu'on ait une plateforme de rencontre,
01:49d'intelligence, d'échange et de solidarité. C'est un autre objectif, et c'est d'autant plus
01:54important dans le numérique, qui est de projeter à l'extérieur des images de femmes dans la réussite
02:01qui donnent envie aux femmes plus jeunes ou moins seniors pour montrer que c'est possible et que ça
02:05ne nous empêche pas de garder notre bonne humeur. Et alors le 8 mars, journée internationale des
02:10droits des femmes, c'est un jour important aussi pour vous ? Alors si je peux me permettre d'être
02:17pas totalement politique correcte, la réponse est non, parce que pour nous la journée de la
02:21femme c'est tous les jours. Donc ça donne l'opportunité à un certain nombre de gens
02:25de se préoccuper du sujet, donc c'est pas une mauvaise chose. Mais on ne peut pas prêter en
02:30une seule journée tous les sujets qui sont des sujets de société, de la problématique,
02:35de la parité, de l'égalité, de la place des femmes dans la société en général, dans le monde du numérique.
02:42On a beaucoup travaillé sur la question des femmes dans le numérique et des femmes dans l'IA
02:46notamment, à nouveau, parce qu'on ne peut pas avoir la moitié de l'humanité qui soit exclue de la
02:52révolution en cours, dans sa conception et dans son utilisation. Donc le 8 mars c'est tous les jours
03:00pour nous en fait. Vous avez la même question autour de la table. C'est important le 8 mars ? C'est un jour
03:05important pour vous qui êtes des femmes dans la tech ? Vous vous dites voilà c'est un jour de mise en
03:10lumière un peu particulier ? Moi j'aime beaucoup cette journée parce que ça permet justement de
03:15faire le point sur toutes les avancées considérables de ces dernières décennies et en même temps ça
03:21pose aussi le cadre sur tous les défis qui restent à relever et ces défis ils sont quand même assez
03:27nombreux encore aujourd'hui en termes d'égalité, de diversité. Donc si on prend les différentes
03:34politiques qu'on a eues ces dernières années, on peut dire qu'effectivement il s'est passé beaucoup de
03:38choses avec l'imposition... En France notamment, parce qu'effectivement il y a ces quotas qui ont
03:45été imposés qui permettent aux femmes de participer davantage au monde économique et aux prises de
03:50décisions. Donc je pense notamment dans nos groupes, je pense également dans les comités exécutifs, dans
03:56les conseils d'administration copiés Zimmermann. La réalité aujourd'hui c'est que tout ça c'est
04:01super mais qu'on ne prend pas le problème à la source non plus. Et donc on a un problème
04:05d'éducation, de sensibilisation. Personne n'a envie d'être une femme quota et donc la question qu'on
04:10devrait se poser c'est comment on fait pour construire les talents féminins qui vont permettre
04:15de remplir des rôles et de participer à la vie de notre société. Donc nous c'est notre mission
04:20chez Women in STEM justement de sensibiliser, d'éduquer, d'ouvrir le champ des possibles à
04:26des jeunes filles, à des jeunes femmes. Leur montrer qu'il y a des métiers passionnants à faire et
04:31donc pour ça on a quatre actions cette année. Donc notamment la création d'un média
04:35intergénérationnel avec des rôles modèles. Donc on ne voit pas suffisamment de femmes dans la tech
04:41et dans les sciences. Elles sont invisibles donc c'est de les mettre en lumière, de les faire
04:46témoigner, parfois de faire du mentorat. C'est aussi de former les femmes à l'IAGEN parce que
04:51déjà on ne participe pas au développement. La collecte d'infos est insuffisante nous
04:56concernant et en plus on a tendance à ne pas se former en fait sur l'IAGEN. Donc c'est un vrai
05:00sujet. Et puis on a un tour de France qui est organisé cette année dans toutes les grandes
05:05agglomérations pour justement évangéliser donc avec les entreprises partenaires, les institutions,
05:12les universités, les écoles. Donc beaucoup de choses qui vont bouger j'espère en faveur
05:18justement d'une meilleure inclusion des femmes et de façon durable dans les filières technologiques
05:23et scientifiques. Même question pour vous. Alors moi je pense que je suis d'accord tous les jours
05:29devrait être le jour de la journée de la femme mais bon comme on est dans le smart tech je pense
05:33que c'est bien d'avoir une journée pour surtout tirer la sonnette d'alarme. Moi je suis assez
05:37pessimiste je trouve que dans la tech, quand on regarde moi ça fait près de 25 ans que je suis
05:41dans la tech et rien n'a avancé. On a même plutôt reculé le pourcentage de femmes dans la tech n'a
05:48pas avancé. Le pourcentage de femmes dans les écoles d'ingénieurs on est toujours à 28% alors
05:54que finalement la tech rentre de plus en plus dans tous les secteurs. À la polytechnique qui est
05:58quand même le fleuron de la tech, on a vu que là cette année on a 16% de filles dans la promo
06:03de polytechnique. Voilà on ne fait que reculer donc il y a une énorme sonnette d'alarme à tirer.
06:08Il faut changer les choses. On ne peut pas rentrer dans un monde de l'IA où finalement on va avoir
06:13des IA qui vont être entraînées par 50% de la population et utilisées par 100% de la population.
06:18Il va y avoir trop de biais. Il y a vraiment une sonnette d'alarme à tirer et moi je pense qu'elle
06:22est la responsabilité de tous de l'école. C'est vraiment mon sujet mais il y a des stades
06:28alarmantes. Quand les jeunes filles rentrent en CP, les petites filles, elles ont quatre points de
06:37plus en maths que les garçons. À la fin de l'école primaire, elles ont 30 points de moins que les
06:43garçons. Donc il y a une espèce de construction de stéréotypes dans la société où on ne pousse
06:48pas les filles à faire des maths. La réforme du bac, ça a été une catastrophe. Les filles se sont
06:53réfugiées dans d'autres matières et ont abandonné les maths alors que les filles sont toujours bonnes
06:58élèves. Il y a plus de filles qui ont des meilleures notes qui sont au brevet. Il y a plus de
07:03filles qui ont le Baccalauréat et qui ont des meilleures notes au bac mais par contre il faut
07:07vraiment déconstruire les stéréotypes et tout ce que vous faites c'est super. Il faut montrer qu'on
07:12peut réussir dans la tête en étant une femme, qu'on n'a pas besoin d'être le geek à pizza pour
07:17réussir dans la tête. Il y a plein d'autres métiers même que du développeur. Il y a une énorme action
07:24politique de tous et des parents aussi. Je pense que les parents sont responsables. Les enfants, les
07:31bébés ne sont absolument pas gérés dans les jouets. Un garçon peut très bien jouer avec une poupée
07:37mais si à un moment donné on offre aux enfants que des jeux de construction et aux filles que des
07:42jeux pour faire des colliers en perles, à un moment donné les stéréotypes se créent et surtout les
07:47enfants sont dans un mimétisme. On imite les parents. Beaucoup de choses à faire. On sait bien
07:54qu'il y a un jeu à 8 mars.
07:57Je ne vais pas répéter ce qui a été dit. J'enfonce le clou en tirant un fil, une porte que vous avez
08:05ouvertes toutes les deux sur les biais cognitifs. L'enjeu principal de ce qui se passe avec l'IA c'est
08:11ça. Si on ne collecte pas les datas qui viennent complémenter et donner une vision globale de ce qui
08:21est un sujet, un projet, la société, on va avoir des biais. Si on n'a pas de l'autre côté de la chaîne
08:28des personnes qui programment avec une mentalité et une vision différente, on va avoir un biais qui est très
08:35masculin. Le point d'encouragement pour avoir travaillé dans pas mal de boîtes de tech c'est de dire aux
08:44femmes et aux jeunes femmes notamment, il y a énormément de métiers qui ne sont pas techniques et qui sont
08:50liés à la tech. Parce qu'avec le no code, aujourd'hui il y a la possibilité d'avoir des idées et de développer
08:57des projets qui ne nécessitent pas forcément une expertise. Et donc il y aurait une complémentarité qui
09:03pourrait s'opérer de façon beaucoup plus simple.
09:05Peut-être que le point d'entrée n'est pas si compliqué que ça et qu'ensuite on peut se former, on peut se
09:10mettre à apprécier. Quand on commence à rentrer dans ce secteur, c'est extraordinaire. Il y a tous les jours des
09:19bonnes nouvelles, il y a tellement de champs des possibles. Les jeunes filles, il faut qu'elles y aillent dans la tech.
09:25C'est vraiment super. Tema, je voulais aussi vous interroger sur le sommet de l'IA parce que là c'est notre sujet,
09:30on est en train de parler de ça, des billets de main, des logiciels, des services qu'on va utiliser. Et donc de ce
09:37développement de l'IA sans les femmes, parce que vous avez organisé avec la Villa Numeris, No AI without Women.
09:44C'était dans le cadre du programme officiel vers le sommet sur l'IA. Ça y est, ce sommet a eu lieu à Paris. Qu'est-ce
09:51que vous en retenez ? Vous avez le sentiment qu'on a un peu avancé sur ce sujet ?
09:57Oui, on a avancé. Je ne sais pas si, parce que moi je suis absolument d'accord avec ce qui vient d'être dit sur les
10:02billets cognitifs. Je voudrais juste commenter sur le fait qu'on n'a jamais réussi à comprendre pourquoi ça bloque sur
10:09la partie conceptuelle. Il ne faut pas non plus dire aux filles qu'il faut qu'elles abordent le numérique par la partie
10:16non tech. Il faut juste peut-être travailler au fait que la tech n'est pas inabordable. Elle est inabordable pour personne,
10:25et notamment pas pour les filles. Et c'était l'objectif en fait de ce qu'on a fait. Donc on a fait un événement avec
10:32une grande partie des grands noms de l'IA à l'Élysée le 5 décembre. On a fait également une session avec d'autres femmes
10:41dans le cadre du business track de l'IA Summit le 12 février. L'objectif était un peu ce que j'ai entendu des intervenantes
10:52précédentes qui est de projeter à l'extérieur des images de femmes épanouies dans la tech, dans l'IA et dans la diversité des
11:01métiers de l'IA. J'avais un de mes amis, un des grands acteurs de l'IA qui me disait c'est la fin des matheux et c'est
11:09l'arrivée du pouvoir des littéraires aussi de l'IA. Alors je lui en prie.
11:14Non mais c'est vrai, on a besoin de littéraires, on a besoin de gens qui pensent à l'éthique, à la philosophie.
11:20Absolument. Donc il y a plein d'opportunités. Le Summit de l'IA a été, et merci à Anne Gouvraud de l'avoir fait d'ailleurs,
11:29de mettre des femmes au cœur. Moi je crois beaucoup à la progression par l'exemplarité. Je pense que c'est assez partagé autour de la table.
11:41Donc de montrer des carrières de femmes souriantes, épanouies, dans le monde de l'IA, dans le monde de la tech, qui existent,
11:48qui sont passionnées, qui peuvent le raconter et qui créent des vocations. Donc le Summit de l'IA a permis de mettre quand même
11:56pas mal de femmes en valeur, avec une politique qui était une politique vantariste aussi. C'est toujours la problématique,
12:04c'est pas que dans le numérique, ce qui n'existe pas seulement que dans le numérique, d'avoir à aller demander aux femmes de venir intervenir,
12:14d'avoir une politique proactive pour montrer ce qu'elles savent faire, parce que le réflexe c'est de faire émerger des garçons.
12:22Alors tant mieux pour eux, ils s'y prennent mieux que nous. Mais c'est aussi important, d'abord parce que c'était une femme qui était en charge,
12:29qu'elle commençait à dire qu'il faut absolument faire quelque chose et qu'en force de proposition, on fait émerger des grands nombres de femmes
12:40dans l'IA qui existent. Le deuxième sujet, c'est aussi le sujet de la discussion autour de comment est-ce qu'on fait pour se servir de la technologie,
12:49pour corriger les biais qu'on voit dans le monde réel. L'IA n'est pas pire que le monde réel, il en est la représentation, mais c'est plus facile
12:58de corriger une machine et un algorithme que de corriger un cerveau humain, donc profitons-en. Et ça a été aussi une opportunité pendant le sommet de l'IA
13:08que de travailler à comment est-ce qu'on peut corriger l'algorithme de manière à ce qu'il fasse émerger une autre réalité que celle que l'on peut voir
13:17dans la vie réelle ou les réseaux sociaux, d'un monde très tourné vers les garçons où la tête est très masculine.
13:24Oui, finalement, s'emparer de la technologie pour résoudre aussi ces problèmes de diversité et de mixité. Merci beaucoup d'avoir été avec nous
13:31pour ouvrir cette édition. Sémane, je rappelle que c'était avocate et présidente du réseau. Will, merci encore. Nous, on continue notre débrief
13:42en parlant de ce qui pourrait changer pas mal de choses. Est-ce qu'on se dirige vers une interdiction des réseaux sociaux pour les mineurs ?
13:50On a vu quelques signaux récemment. En Australie, le Parlement a approuvé une législation quand même très dure, une interdiction totale des réseaux sociaux
13:59pour les moins de 16 ans, avec des amendes qui pourraient aller jusqu'à 50 millions de dollars australiens, ça fait un peu plus de 30 millions d'euros.
14:08On est encore dans le flou sur les modalités d'application de ce genre de mesures, mais on voit qu'il y a une vraie volonté politique d'agir
14:16vis-à-vis de ce que provoquent les réseaux sociaux chez les jeunes. On commence à comprendre, à mesurer cette pression sociale. Il parle de sources d'anxiété,
14:26le Premier ministre australien, d'un canal pour les escrocs, d'un outil pour les prédateurs en ligne. Il a envie de faire sortir les jeunes dans la rue,
14:36sur les terrains de foot, plutôt que de les laisser devant leurs écrans sur les réseaux sociaux. Il y a des exemples en Floride, en Espagne.
14:42En France, la secrétaire d'Etat aux numériques et à l'intelligence artificielle a dit qu'il n'y avait pas de tabou sur ce sujet.
14:52Elle ne s'est pas vraiment prononcée, mais elle a ouvert la porte à des discussions sur une possible limitation, interdiction des réseaux sociaux pour les jeunes en France.
15:03Là, j'ai la minorité, c'est jusqu'à 15 ans. Qu'est-ce que vous pensez de cette idée, Marie-Christine ?
15:11C'est la deuxième sonnette d'alarme de l'émission. Honnêtement, il faut faire quelque chose. On est arrivé à un point où les jeunes passent trop de temps sur les réseaux sociaux
15:21et où ces réseaux sociaux ont failli. Je trouve qu'il y a eu une faillite des réseaux sociaux dans la régulation. C'est allé un peu trop loin.
15:30Je ne sais pas s'il faut interdire, mais en tout cas je pense qu'il faut réguler.
15:36Il y a déjà aujourd'hui, on a imposé cette majorité numérique, c'est-à-dire que les parents doivent donner leur accord.
15:42Oui, mais il faut peut-être avoir aussi des temps d'arrêt au bout d'un certain temps d'utilisation.
15:47Parce que c'est vrai que quand on passe aujourd'hui trois heures, quatre heures par jour, on arrive à du temps d'écran qui est trop long.
15:54Et on peut faire des choses utiles sur les écrans. C'est surtout ça. C'est qu'à un moment donné, il ne faut pas jeter l'eau avec du bain.
15:59Ce n'est pas l'écran qui est le problème, c'est ce qu'on y fait. Donc moi, je pense qu'à un moment donné, il va falloir mettre un peu des règles.
16:06Et c'est notre responsabilité à tous, de parents, des enseignants, etc., pour ne pas condamner le numérique, mais mettre des règles.
16:15Marguerite, ça veut dire qu'on décide ce qui est bien ou pas bien sur l'écran ? Quel type de plateforme sociale on accepte ou pas ?
16:22Ça a toujours été la chante de la liberté. Je me rappelle au début de l'Internet, quand il y avait le piratage.
16:27Je l'avais toujours dit, attention, ne freinons pas. Si on met des offres de qualité en face, les gens iront.
16:33Et c'est vraiment le cas. Spotify a été mis en place. Les plateformes DVD ont été mises en place. Et ça a marché.
16:39Là, c'est très différent. On a des jeunes qui sont inquiets. Même en parlant de l'image de la femme sur les réseaux sociaux, c'est terrible.
16:46Il y a des jeunes filles qui vont dans des logiques d'anorexie. Il y a du harcèlement, etc.
16:50Et surtout, on a des réseaux sociaux qui sont de plus en plus dangereux.
16:53Le Maya d'Elon Musk, etc., on ne sait pas jusqu'où ça peut aller, en termes de non-régulation.
17:00Si ces géants ne savent pas le faire, à un moment donné, il faut pouvoir mettre des règles.
17:05Moi, là-dessus, j'ai vraiment une opinion qui consiste à dire qu'il faut faire quelque chose, parce qu'on peut faire des choses très bien sur le numérique.
17:13Et là, on arrive finalement à avoir un recul en disant que le numérique est mauvais pour les enfants.
17:19On revient en arrière alors que c'est juste le réseau social qui est le danger.
17:23Et pour l'instant, on n'arrive pas à faire suffisamment pression sur ces réseaux sociaux pour que certaines règles soient respectées ?
17:29On n'arrive pas et on n'arrivera jamais. Ils auront trop de lignes.
17:33Je suis assez d'accord avec toi, avec ce qui vient d'être dit. Je suis aussi très libérale.
17:39Et pour moi, plutôt que d'avoir une approche seulement à interdire, c'est une approche de permettre.
17:45Et pourquoi on n'aurait pas un permis ? Comme on a un permis de conduire.
17:49C'est-à-dire que, de prime abord, si on se remet quelques années en arrière, ce n'était pas si évident que ça de conduire une voiture.
17:54Et donc, on a passé son permis. Donc, ce n'est pas si évident que ça, finalement, de savoir ce qui est bien, ce qui n'est pas bien.
18:00Bien sûr, il y a une partie beaucoup plus morale, éducationnelle, forte derrière ça.
18:05Mais finalement, d'avoir son permis, ça autoriserait, au lieu d'interdire...
18:10Donc, on n'est plus dans une posture, finalement, de révolte, surtout quand on a cet âge-là, parce qu'on va aller contre l'autorité.
18:15Mais ça autoriserait à dire, tiens, ça, c'est OK, et ça, ce n'est pas OK.
18:22Et comment je pose mes limites ? Elles sont où, ces limites ?
18:26Et ça devrait être dans l'école. Ça devrait être, à la base, dans l'école.
18:31Ça permettrait de faire passer l'éducation au numérique ?
18:34Exactement. Et on devrait aussi, peut-être...
18:36Mais alors, à quel âge on pourra passer son permis, Mikim ?
18:39Alors, ça, moi, je ne suis pas législatrice, donc il faudra demander aux personnes qui légifèrent.
18:45Mais 15 ans, c'est déjà un âge où on est bien responsable.
18:50Et on comprend, on a une intelligence qui est suffisamment développée, émotionnellement, intellectuellement, technologiquement.
18:58Le fameux IT, l'intelligence technique, technologique.
19:03Donc, peut-être que c'est ça. Ce n'est pas simplement de faire et, mais c'est de faire...
19:09Enfin, pas faire où, pardon, mais et. Donc, d'être inclusif.
19:13OK, OK. Bonne idée. Pourquoi pas, Angélie ?
19:16Une libérale de plus. Donc, je suis assez d'accord avec ce qui a été évoqué.
19:21Et je pense que comme l'interdiction, en fait, du tabac ou de l'alcool,
19:25on pourrait, effectivement, penser qu'il y a une maturité pour les réseaux sociaux.
19:29Donc, ça revient à l'idée du permis.
19:31Donc, à partir de quel âge, effectivement, on est assez mature pour appréhender tout ce qui nous est proposé.
19:36Moi, je ne suis pas pour, non plus, l'interdiction.
19:39Ce serait priver, en fait, cette génération d'un outil, quand même, majeur pour échanger, s'informer, créer.
19:48C'est quand même la génération de demain.
19:50Donc, ils sont nés avec l'outil numérique.
19:52Oui, c'est-à-dire que je suis maman également, donc avec des enfants qui sont pile dans cette cible,
19:57qui n'ont pas accès aux réseaux sociaux.
19:59Donc, ça crée des débats chez moi importants, notamment parce que moi, j'en suis addict.
20:04Et je pense que si on venait à réguler de façon intelligente, avec un mode jeune,
20:08avec des contenus adaptés et avec une limitation de l'écran,
20:12ce serait quand même plus positif parce qu'effectivement,
20:14les conséquences, elles sont quand même assez graves aujourd'hui,
20:17entre les dépressions, les troubles anxieux.
20:20Il faudrait faire porter la responsabilité aux parents, parce que sinon, ça ne fonctionne pas.
20:24Mais totalement. Nous, c'est ce qu'on fait en tant que parents et on assume ça.
20:28Et voilà, ça crée des débats à la maison.
20:31C'est mieux, ça aussi, c'est plutôt intéressant.
20:34Mais quand je vois toutes ces jeunes filles et ces jeunes garçons qui ont des stéréotypes aujourd'hui de beauté
20:38et qui, toute la journée, se prennent en photo avec des filtres
20:41et qui, une fois devant leur miroir, le matin, ne se reconnaissent pas
20:44et vont jusqu'au suicide parce qu'ils ne s'acceptent pas,
20:46ça pose des problèmes d'estime de soi important.
20:49Oui, c'est urgent de faire quelque chose.
20:51Mais l'interdire, ce n'est pas la solution.
20:53Ça veut dire aussi, si on rentre dans la technique un peu,
20:55ça veut dire qu'il faut imposer aux plateformes sociales des vérifications de l'âge.
21:00C'est quand même une grosse machine à mettre en place.
21:02Il ne suffit pas de le décréter du jour au lendemain.
21:04C'est une grosse machine, mais je pense qu'on ne peut pas juste donner aux parents
21:06parce qu'on va créer une trop grosse fracture numérique,
21:09fracture sociale et fracture numérique qui existe déjà.
21:12Et on va l'agrandir entre les parents qui pourront aider les enfants
21:16et ceux qui, finalement, sont trop occupés, trop fatigués, etc.
21:19et qui ne pourront pas.
21:21Donc, il faut imposer des règles aux géants de la femme.
21:26Tout est faisable, techniquement. Honnêtement, tout est faisable.
21:29On peut inserdire le scroll infini, par exemple.
21:31On peut mettre des limitations de temps.
21:33On sait bien que tout sera contourné.
21:36Mais par contre, au moins, il y aura quelques règles.
21:39Quelques règles sur l'âge, quelques règles sur le temps.
21:41Mais sur les parents, par exemple, le fait que les parents partagent des contenus
21:44sur leurs jeunes enfants.
21:46Aujourd'hui, on les éveille, on leur dit attention, c'est pas bien, c'est dangereux.
21:49Ça peut être utilisé par des réseaux de mains de pédocriminalité.
21:53Est-ce qu'une interdiction, là, pour le coup, ne serait pas plus efficace ?
21:57Alors, on va rentrer dans le modèle chinois.
22:00Tout le monde dit, c'est super, regardez ce qu'ont fait les Chinois.
22:05Ils interdisent l'accès à telle plateforme, telle plateforme.
22:08Et ils coupent, et ils limitent dans le temps.
22:10Mais elle est où, la liberté ?
22:12On a décidé d'interdire aux parents de partager des contenus sur leurs enfants.
22:16Ils sont adultes, ils sont responsables.
22:18On parle des enfants, mais il y a l'éducation des parents.
22:22Ils sont adultes, ils sont responsables.
22:25On garde un petit peu de temps pour notre troisième sujet.
22:29C'est les changements de conditions générales d'utilisation de Mozilla Firefox.
22:34Alors, qui interviennent après le rachat d'une entreprise dans la publicité, anonyme ?
22:40Et quand je dis que ça a fait pas mal de remous,
22:42oui, ça a fait même bondir tous les défenseurs, jusqu'ici, de Firefox,
22:48comme étant le navigateur qui protégeait leurs données privées.
22:52En fait, le problème vient de quoi ?
22:54D'une clause qui mentionne une licence mondiale non-exclusive,
22:59excluant toute redevance pour l'utilisation des informations des utilisateurs,
23:04afin de les aider à naviguer, utiliser, interagir avec du contenu en ligne
23:08dans le cadre de leur utilisation du navigateur.
23:10Pourquoi ça a fait bondir, et on en est où sur cette affaire ?
23:13Est-ce que ça veut dire qu'on est moins protégé sur Firefox aujourd'hui ?
23:17Alors, on fait juste un tout petit pas en arrière.
23:21A l'origine, on avait les fameux cookie tiers,
23:24qui traquent les utilisateurs sur les sites web.
23:28Puis, sans passer les détails, on décrète, en tout cas en Europe,
23:34que les cookie tiers ne sont possibles que si les internautes donnent leur consentement.
23:40Ça, c'est sur Chrome.
23:43Deux navigateurs, précurseurs, Safari et Firefox,
23:47décident de couper les cookie tiers de leur plein gré.
23:51On se dit que c'est super, parce que là, on a deux plateformes vertueuses.
23:56Ce ne sont pas des plateformes, c'est des navigateurs.
23:58C'est ce qui permet d'aller sur le web,
24:00c'est ce qui permet aux utilisateurs d'accéder aux sites web.
24:04Ce que fait Firefox, là, indépendamment,
24:09qui rachète une entreprise dans l'ombre de la publicité,
24:13qui est plus dans la mesure de la publicité,
24:16ce qu'ils font, c'est qu'ils changent les modalités de tracking.
24:21Ils n'autorisent toujours pas le tracking site à site,
24:26la personne qui va sur ce site, qui va sur ce site,
24:28mais ils stockent ces données de navigation dans le navigateur Firefox.
24:33Donc, c'est un peu moins traqué, mais il y a toujours l'information.
24:40Et là où c'est lié à Anonyme, c'est qu'à ce moment-là,
24:44dans le navigateur, on a accès à ces informations.
24:47Et donc, il y a des outils qui existent, qui donnent des statistiques
24:51qui permettent un meilleur ciblage de la publicité.
24:55Mais donc sur des cohortes d'internautes et non pas sur des individus.
25:01Oui, alors derrière, ils peuvent mettre des cohortes,
25:03ils peuvent mettre tout un tas de trucs.
25:04À partir du moment où on a l'information server-side,
25:07on a quand même beaucoup d'informations.
25:10Donc, c'est moins pire, mais on a quand même des informations.
25:14Donc, ça va aider aussi à un autre aspect.
25:17Pour la liberté de choix des internautes, ça sera toujours le cas.
25:24On pourra toujours choisir d'accepter ou refuser,
25:26normalement, sauf aux Etats-Unis, ça n'existe pas.
25:28Mais ce qui est intéressant aussi, c'est qu'on regarde les deux aspects de la pièce,
25:33c'est que ça permet aussi de financer une certaine liberté d'expression,
25:39financée par la publicité.
25:41C'est toujours le modèle et ce que ressassent les gens
25:44qui travaillent dans le marketing et la publicité.
25:46C'est une façon de donner accès à des contenus gratuits
25:50et donc de donner des informations qui sont plus pertinentes.
25:53C'est un mode de financement des producteurs de contenus ?
25:55C'est un mode de financement des producteurs de contenus,
25:57c'est un mode de financement aussi, quelque part,
25:59d'une certaine liberté, finalement, de publier des contenus.
26:04Mais on connaît toutes les dérives, on va rentrer dans ce débat-là.
26:07Donc oui, ça grince des dents parce que historiquement,
26:10Firefox, il faut le rappeler, 3% de part de marché à peu près,
26:15et Safari avaient fait cette démarche précurseur,
26:20mais ils n'ont pas les mêmes enjeux publicitaires que Chrome
26:23sur le propriétaire de Google, qui est propriétaire de Chrome,
26:26enfin Alphabet qui est propriétaire de Chrome,
26:28donc on n'est pas sur les mêmes ordres de grandeur.
26:30Mais donc pour vous, c'est un recul quand même sur la protection de la vie privée ?
26:34Alors, là où il y a vraiment...
26:36Je vous interroge parce que vous êtes une spécialiste de ces sujets.
26:39Là où il y a vraiment débat, c'est de changer des conditions générales
26:42sans les faire approuver, c'est-à-dire que là où ça s'est révolté,
26:45c'est quand vous faisiez la mise à jour de Firefox,
26:48automatiquement, vos données allaient se stocker dans le navigateur.
26:53Alors ensuite, quand même, Mozilla a assuré que cette licence
26:57ne sera pas utilisée à des fins publicitaires,
27:00mais uniquement pour améliorer l'expérience de navigation.
27:02Alors, ça sera utilisé à des fins de mesure.
27:06C'est assez subtil comme différence.
27:08Donc la mesure anonyme, si vous regardez ce que fait cette société,
27:12elle vend des outils de mesure, d'analyse, d'efficacité, des contenus,
27:18quels qu'ils soient. Dans un contenu, il peut y avoir un contenu publicitaire.
27:22Vous utilisez Firefox ?
27:24Oui, moi je n'utilise que Firefox.
27:27C'est bien.
27:28Donc je dois être un petit peu geek aussi, on s'en parlait juste avant.
27:31Je fais partie des 3%.
27:33Ce qui est intéressant, c'est que la communauté est débattue du sujet
27:38sur l'impact réel de la protection des données personnelles
27:41avec l'introduction de ces nouvelles technologies.
27:43Je trouve que c'est super positif.
27:45C'est bien parce qu'aujourd'hui, ça démontre qu'on ne peut plus tout faire,
27:49que c'est visible et que des gens prennent le sujet et essayent de comprendre.
27:54Donc ça, je trouve ça top.
27:56Et après, je trouve que Mozilla a été quand même un petit peu à l'écoute
27:59parce qu'effectivement, ils ont modifié des petites choses.
28:02Est-ce qu'on est encore à l'attendue ou pas ?
28:04Je ne suis pas personnellement en mesure de le dire,
28:06mais je trouve qu'ils sont quand même à l'écoute des utilisateurs à date.
28:08Merci beaucoup à toutes les 3.
28:10C'était Smartech avec ce débrief, pas spéciale femme, mais quand même,
28:14qui mettait quelques femmes de la tech importante à l'honneur.
28:18Merci à tous de nous suivre sur la chaîne BeSmart for Change.
28:20À très bientôt.