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Après l’arrivée tonitruante de l’IA de la start-up chinoise DeepSeek qui a secoué les géants américains avec son coût bien moindre, et les polémiques autour du robot conversationnel Lucie lancé par Linagora, la semaine a encore été bien chargée pour l’écosystème IA ! Quel avenir alors pour la France qui cherche à récolter 2,5 milliards d’euros en 5 ans pour une fondation de l’IA au service de l’intérêt général ? On en parle avec nos invités dans le grand débrief de SMART TECH.

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Transcription
00:00Vous êtes bien dans Smartech et aujourd'hui, c'est le jour du grand débrief de l'actu.
00:08Autour de la table, Agatha Hidalgo, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Vous êtes responsable des affaires publiques européennes pour France Digital.
00:14À côté de vous, Julie Jacob. Bonjour Julie.
00:17Bonjour.
00:18Avocate, fondatrice et dirigeante de Jacob Avocat.
00:21Et Henri Dagrin. Bonjour Henri.
00:22Bonjour Elphine.
00:23Délégué général du CIGREF.
00:25Alors, on va discuter aujourd'hui d'un grand moment de panique, j'ai envie de dire,
00:29dans le monde des LLM, des grands modèles de langage,
00:32avec cette arrivée tonitruante du chinois DeepSeek
00:35et puis la polémique autour du français Lucy.
00:38On va parler aussi de la France qui cherche 2,5 milliards d'euros sur 5 ans
00:43pour financer sa fondation sur l'IA.
00:46Et d'un côté, Meta, lui, qui prévoit près de 65 milliards de dollars
00:50d'investissement en 2025 dans le développement de l'IA.
00:52Mais je vous propose qu'on commence avec une campagne de sensibilisation
00:57au bon réflexe du numérique.
00:59Et oui, c'est important, elle a déjà été lancée.
01:01Ça va durer jusqu'au 16 février 2025.
01:03On en parle avec Smara Lingu, bonjour.
01:06Vous vous êtes connectée avec nous.
01:07Je rappelle que vous êtes la directrice stratégie relations publiques de DocaPost.
01:11Le message que vous voulez faire passer, c'est le hashtag prenez la confiance.
01:16Mais qu'est-ce que ça veut dire déjà ?
01:17On en est où aujourd'hui des usages du numérique des français ?
01:21Bonjour. Effectivement, le hashtag, c'est prenez la confiance.
01:25Et cette campagne, nous l'avons construite avec un consortium de 6 acteurs de taille
01:30en partant du principe des enseignements qu'on voyait dans les études
01:36qui étaient publiées un peu partout, qui nous disent que 9 français sur 10
01:40ont des usages très installés en ligne, mais qu'un français sur deux
01:45n'a pas confiance dans ce qu'il fait en ligne.
01:47Donc, en fait, cette campagne, elle est partie de là.
01:49Elle est partie du constat qu'il y a la moitié de la population
01:56qui ne surfe pas en ligne, n'a pas des usages en confiance,
02:02alors que 7 français sur 10 estiment que le numérique leur est devenu indispensable.
02:08Donc, on a créé du coup un consortium avec 6 acteurs,
02:12la Caisse des dépôts, Orange, Linria, Cybermalveillance.gouv.fr,
02:17Docapost et puis la Croix-Rouge.
02:20Et notre objectif a été de lancer une campagne un peu massive,
02:25grand public, pour essayer d'apporter notre pierre et sensibiliser le public
02:30au bénéfice d'un numérique de confiance du moment où les usages
02:35et les actes se font en bonne conscience.
02:39Alors, avec autant d'acteurs impliqués, cette campagne va à priori être confrontée.
02:44On va la voir à la télé, on va l'entendre.
02:47Est-ce que vous avez déjà vu quelques spots, vous, déjà, en plateau, petits sondages ?
02:50C'est moi, non ? Je ne suis pas encore tombée dessus. Oui, Julie ?
02:53Oui, oui, j'ai vu un spot pour centraliser les documents médicaux sur une plateforme médicale.
02:59Oui.
03:00C'est vrai que ça permet de rassurer.
03:02Il y a eu beaucoup, beaucoup de cyberattaques, d'usurpations d'identité,
03:06de ransomware.
03:07Et donc, du coup, c'est vrai qu'il y a un besoin d'être rassuré, déjà, sur l'identité numérique
03:12pour pouvoir faire des achats, des paiements.
03:14Donc, je trouve que c'est une initiative absolument formidable et attendue.
03:18Et alors, quels sont les bons réflexes ?
03:20Vous pouvez nous partager des bonnes pratiques ?
03:23Alors, ce qu'on s'est… Bien entendu.
03:25Ce qu'on s'est rendu compte, quand on a construit la campagne,
03:28on l'a faite d'abord en allant discuter avec les Français.
03:32C'était hyper important pour nous.
03:33Et on l'a fait à travers des ateliers un peu partout en France.
03:36On a fait, en parallèle, une campagne en ligne.
03:39Et on s'est rendu compte qu'il y avait des enjeux qui étaient très importants
03:42autour de la protection des données sensibles.
03:45Et donc, des usages spécifiques où le besoin de confiance était nécessaire.
03:50Par exemple, quand il s'agit de données d'identité,
03:53quand il s'agit de données liées à la santé
03:56ou alors quand il s'agit de flux financiers avec des risques de fraude très importants.
04:01Donc, la campagne, on l'a construite autour de ça,
04:04avec des messages qui peuvent paraître simples,
04:07mais qu'il faut dire et redire, qui sont utiliser les sites officiels.
04:13N'allez pas sur des sites sponsorisés que vous ne connaissez pas.
04:16Mettez en place…
04:17D'ailleurs, l'adresse dans son navigateur.
04:19Petit conseil que je donne, moi, à mes parents régulièrement.
04:22Exactement.
04:24Et puis, par exemple, quand vous recevez un mail ou un texto
04:29qui vous invite à aller sur un lien ou à activer un lien que vous ne connaissez pas,
04:33ne le faites pas tout de suite.
04:34Prenez le temps.
04:35Vérifiez l'authenticité de qui vous l'envoie
04:38et construisez-vous comme ça des réflexes qui vous protègent dans le monde numérique
04:43de la même façon que vous le faites dans le monde physique.
04:46Merci beaucoup, Smara Lingu.
04:48On voulait vraiment montrer un petit peu ce qui se passe en matière de prévention
04:52parce qu'il nous semble que c'est quand même très, très important vis-à-vis du grand public.
04:55Merci de nous en avoir parlé de cette campagne.
04:57Je rappelle que vous êtes directrice stratégique et responsable des relations publiques de Docapost.
05:03Nous, on continue en plateau.
05:04D'ailleurs, je voulais vous garder sur ce sujet de la cyber parce qu'on a un indicateur qui est paru,
05:08celui du CESIN, l'Association Professionnelle des Responsables de la Cyber-Sécurité.
05:12Dixième baromètre avec toujours plein d'enseignements
05:16qui nous permettent de voir un petit peu la différence entre les intentions et puis la réalité.
05:20Qu'est-ce qu'on fait véritablement dans les entreprises ?
05:22Alors, moi, j'ai retenu quelques chiffres.
05:24Par exemple, 47% des entreprises qui déclarent avoir subi au moins une cyberattaque significative.
05:30Alors, ça reste un chiffre stable quand même.
05:33Donc, c'est aussi ce que vous voyez auprès de vos adhérents ?
05:37Moi, ce que je constate, d'abord, chez les adhérents du CIGREF,
05:41qui sont les grandes organisations en France, les grandes entreprises, les grandes administrations publiques,
05:45ce taux de cyberattaque, lui, il a significativement baissé au cours de ces dernières années.
05:50Et on n'est plus dans la situation dans laquelle on était, par exemple, en 2017, 2018, 2019,
05:55où il y a eu véritablement, là, une prise de conscience de l'exigence de renforcer la cyber-sécurité au sein des grandes organisations.
06:04Et les efforts très significatifs ont été faits.
06:06On estime que depuis 6-7 ans, c'est un facteur 3 à 5 d'augmentation des budgets consacrés à la sécurité numérique
06:16au sein des grandes organisations membres du CIGREF.
06:18Alors, ce qui est vrai, c'est que ce sont les organisations plus petites, aujourd'hui, qui restent très vulnérables,
06:24les PME, les ETI, les collectivités territoriales, les collectivités hospitalières,
06:29qui, elles, ont encore des efforts à faire.
06:32Mais c'est beaucoup plus compliqué, parce qu'il y a moins de compétences, certainement,
06:35une prise de conscience qui est un peu plus délicate, et puis...
06:38Et les budgets.
06:39Et puis les budgets.
06:40Et derrière, tout ça, ça nécessite, en tous les cas, différents types d'accompagnement.
06:45Et ce qui va être, d'ailleurs, possible, grâce à Nice2,
06:49qui va consacrer des efforts très significatifs au sein de l'économie française.
06:52La directive européenne, oui.
06:54D'ailleurs, à ce propos, sur, justement, les intentions d'augmenter les objectifs,
06:59les effectifs, pardon, cyber et les solutions techniques,
07:02eh bien, ça diminue, quand même.
07:04C'est ça qu'on voit.
07:05Moins 13 points, moins 15 points, respectivement,
07:08ce n'est pas un signal très rassurant, ça.
07:11Alors, je ne sais pas si c'est...
07:13Parce que, j'imagine, dans les grandes organisations, ce n'est sans doute pas le cas.
07:17C'est peut-être du côté des startups, aujourd'hui,
07:19ou ça reste un sujet compliqué, l'investissement dans la cyber ?
07:22Il faut dire qu'en partie, la cybersécurité peut être de plus en plus automatisée, aussi.
07:26On a énormément de startups qui se saisissent des technologies telles que l'intelligence artificielle,
07:31mais pas que, pour détecter de façon automatique les menaces.
07:34Et du coup, la conscience de la menace cyber, elle est présente,
07:38et la disponibilité d'utiles pour y faire face, peut-être aussi,
07:42avec moindre besoin du personnel pour le faire.
07:46Alors, là, je voulais faire réagir l'avocate.
07:49En 2024, 62% des entreprises qui ont subi une cyberattaque ont porté plainte.
07:55Vous vous dites, c'est déjà pas mal ?
07:57Ou vraiment, là, on a encore un gros effort à faire ?
08:00Je pense qu'on a encore un effort à faire.
08:02Après, ce que je peux souligner de très positif,
08:04c'est qu'on a un parquet numérique cyber qui existe,
08:09dédié aux infractions de cyberattaques, de cybercriminalité.
08:13Donc, ça, c'est vraiment une vraie avancée,
08:16avec des effectifs et des moyens totalement dédiés.
08:19En cas de cyberattaque, je pense que les entreprises sont un peu plus préparées aujourd'hui,
08:24c'est-à-dire mettent en place des process,
08:27dédient des équipes en cas d'incident et de faille.
08:31Du coup, la préparation fait qu'il y a peut-être une diminution que vous avez évoquée,
08:36je suis assez d'accord, du fait de ces préparations,
08:39de process en amont et de réparation quand il y a un problème,
08:43c'est-à-dire tout de suite porter plainte pour l'infraction
08:46qui s'appelle l'intrusion dans un système de données automatisées,
08:50ça s'appelle l'intrusion dans un stade.
08:52Alors, sur l'intégration de l'IA dans les stratégies cyber,
08:57c'est encore un petit chiffre, c'est 35% des organisations seulement.
09:01Oui, mais ça va croître nécessairement,
09:03parce qu'aujourd'hui compte tenu des volumes d'attaques
09:07et de la complexité des attaques,
09:09avoir des dispositifs qui permettent d'automatiser la détection
09:12mais également le blocage de ces attaques et la remédiation immédiate
09:16à travers des dispositifs qu'on appelle XDR,
09:18enfin bref, aujourd'hui il y a une vraie croissance de ce marché
09:22avec des acteurs d'ailleurs français qui sont tout à fait intéressants sur le sujet,
09:26qui sont parmi des leaders en tous les cas sur le marché européen
09:30comme Tetris ou Arfang Lab,
09:32qui ont véritablement des produits qui sont excellents
09:36pour permettre justement d'automatiser cette détection
09:39et cette réponse à une attaque.
09:41Oui, même si ce qu'on voit surtout du côté des attaques,
09:44c'est beaucoup de phishing, toujours du phishing, du phishing,
09:46et là il y a vraiment encore un sujet de sensibilisation.
09:49Oui, oui, oui, bien sûr.
09:51Mais en tous les cas, pour les grandes organisations,
09:53ce n'est pas ce que l'on craint aujourd'hui.
09:55La vraie menace, elle pèse aujourd'hui sur ce qu'on appelle la supply chain IT
10:00ou la chaîne d'approvisionnement IT.
10:02Parce que quand vous êtes dans le cloud aujourd'hui,
10:05vous n'avez plus chez vous les dispositifs qui permettent
10:09de maîtriser l'ensemble de la cybersécurité de votre IT.
10:15Et donc aujourd'hui, c'est une grande interrogation que l'on a,
10:18notamment avec NIS2,
10:19comment est-ce que l'on reporte notamment des conformités
10:24chez les fournisseurs de services cloud.
10:27Et ça, ça va être un des grands enjeux de mise en œuvre de NIS2
10:30et de renforcement systémique des chaînes d'approvisionnement mondiales de l'IT.
10:34Allez, on enchaîne avec ce grand moment de panique
10:37dans les grands modèles de langage.
10:39C'est arrivé Tony Truante du chinois DeepSeek
10:42et de son chatbot R1
10:44qui revendique des performances supérieures à celles de ChatGPT,
10:49même dans cette version O1 d'OpenAI.
10:53Des fonctionnalités, c'est vrai, qu'on retrouve absolument similaires
10:56finalement au chatbot auquel on s'est habitué.
10:59Et un coût d'investissement qui est bien en deçà
11:02de tout ce que nous ont montré les américains.
11:05Vous avez joué avec, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
11:07Comment vous réagissez avec l'arrivée de ce DeepSeek chinois ?
11:11Je n'ai pas encore testé.
11:13Comme on a pu voir sur internet,
11:15les réponses ne sont pas toujours celles qu'on attendrait
11:19sur certains sujets sensibles pour le parti chinois.
11:21Mais au-delà de ça, DeepSeek c'est surtout une bonne nouvelle pour l'Europe.
11:25Ça indique que la course LIA n'est pas du tout perdue,
11:28qu'on a encore notre plan de jeu à tirer
11:30et surtout que c'est possible de faire d'une façon différente
11:33à ce que les Etats-Unis nous ont imposé juste à présent.
11:36La maximisation des ressources à tout prix n'est pas la seule voie possible.
11:40Ce que ça nous montre aussi, c'est qu'il y a une convergence des performances des modèles
11:45et là où on peut avoir un vrai avantage concurrentiel,
11:47c'est justement dans les applications, dans les usages.
11:49Et là-dessus, l'Europe et la France notamment sont très forts.
11:53Nous, on vient de sortir un mapping des startups françaises de LIA
11:56qui comptent plus de 750 startups avec de l'expertise et de l'excellence
12:01dans des applications, par exemple dans la santé.
12:04Et c'est là où il faut accélérer et les investisseurs sont tous d'accord
12:07pour dire que la vraie valeur pour eux est dans les applications
12:10et c'est là où il faut trouver le marché.
12:12On aurait tellement aimé que cette surprise vienne justement d'un produit européen.
12:17Je voudrais quand même qu'on module ce constat sur DeepSeek.
12:21D'abord, je l'ai beaucoup utilisé ces dernières heures pour voir ce que c'était.
12:26Sur ces derniers jours, on a constaté que l'adoption massive,
12:31le téléchargement massif, c'est absolument sidérant.
12:34Aujourd'hui, les performances, ça rame quand même pas mal.
12:37Ça, c'est la première observation.
12:39La deuxième observation, c'est que...
12:41Mais c'est aussi du fait de sa technologie, de son choix technologique,
12:43puisqu'il travaille sur du renforcement.
12:45Donc, il y a beaucoup plus de temps sur la requête.
12:47Et puis, il y a le victime de son succès, évidemment.
12:49Voilà.
12:50Et la deuxième observation, c'est qu'il faut rester très prudent
12:52sur les premières conclusions qui ont été faites.
12:55Hier, je lisais un article dans le Financial Times
12:58qui expliquait que OpenAI a des preuves
13:03que DeepSeek aurait distillé son modèle.
13:07Et donc, ça réinterroge quand même la réalité
13:10des performances de développement et de mise à disposition
13:15et de distribution de l'outil par rapport à ce qui a été annoncé.
13:21Moi, je reste extrêmement prudent sur ce sujet-là.
13:24Oui.
13:25Alors, il y a des suspicions, effectivement, sur l'entraînement.
13:30Mais il y a aussi des suspicions même sur les infrastructures,
13:34les puces qui ont été utilisées.
13:35Absolument.
13:36Vraiment, je crois qu'il faut rester très prudent
13:38sur les premières conclusions qui ont pu être apportées
13:42sur les performances annoncées par DeepSeek.
13:44Ça reste néanmoins un choc qui a quand même été salué
13:46par tous les grands acteurs de l'IA aujourd'hui,
13:49y compris aux Etats-Unis, jusqu'à Donald Trump
13:52qui a dit « Attention, les gars, la concurrence est là,
13:55il va falloir se réveiller ».
13:57Ça reste un événement qui a créé un choc, même à Wall Street.
14:00Absolument.
14:01Je voudrais quand même soulever deux points
14:03par rapport à cette utilisation et les controverses de DeepSeek.
14:06C'est quand même les résultats.
14:07On voit quand même dans les résultats que c'est très orienté
14:10sur la politique chinoise.
14:12On le voit sur les questions liées au Tibet, au Ouïghour.
14:15Donc, il y a quand même une influence politique
14:18qui n'est évidemment pas neutre et qui fait que, en effet,
14:21je suis assez d'accord avec vous, c'est une opportunité
14:23pour la France de dire « Nous, on a peut-être une régulation,
14:26mais on va créer un cadre d'IA éthique, neutre et transparent. »
14:30Parce qu'utiliser une IA, certes gratuite, chinoise,
14:34qui nous oriente sur des questions politiques,
14:36je trouve ça assez inquiétant.
14:38Et concernant les soupçons de vol de données,
14:41je trouve que c'est quand même assez amusant,
14:43parce qu'OpenAI, on s'interroge quand même sur le point
14:46de savoir comment ils ont entraîné également leurs algorithmes.
14:50Non, mais ce sont des sujets qui ne sont pas de même nature, Madame.
14:53Oui, non, il y a quand même un sujet de transparence,
14:56puisque OpenAI a aussi alimenté CLLM sur des outils
15:01qui sont copyrightés et protégés par le droit d'automne.
15:04On est d'accord, et je ne mets pas en cause.
15:06Effectivement, on peut répondre,
15:08« DeepSeek a volé les méthodes d'entraînement d'OpenAI
15:13contre OpenAI qui a utilisé des données couvertes
15:16par de la propriété intellectuelle. »
15:17Absolument.
15:18Ce n'est pas ça le sujet.
15:19C'est quand on dit que 5,5 millions pour entraîner
15:22pour développer intégralement un modèle de langage
15:25open source, le distribuer, voilà.
15:28Ça, on n'est pas sûr.
15:29C'est ça qu'il faut interroger, vous voyez.
15:31Après qu'il y ait de la propriété intellectuelle qui soit volée,
15:35ça, évidemment, ce n'est pas bien et il faut le dénoncer.
15:38Mais en l'occurrence, c'est sur ces chiffres astronomiques
15:43de frugalité de DeepSeek qu'il faut vraiment rester,
15:48aujourd'hui, je pense, assez prudent sur la réalité
15:51de ce qui est annoncé.
15:52C'est de ça dont je voulais parler.
15:53Mais on a quand même un modèle qui a émergé en un temps record,
15:57qui est disponible et qui fait ses preuves,
15:59qui a du succès partout dans le monde.
16:01Oui, mais s'il a besoin d'OpenAI pour être créé,
16:04il faut ajouter les chiffres d'OpenAI aux chiffres…
16:07Alors, je voulais aussi vous faire réagir au tweet de Yann Lequin
16:10parce qu'il y a un mot qu'on n'a pas prononcé,
16:11c'est le mot de « open source ».
16:13Donc, Yann Lequin qui nous dit,
16:15à ceux qui voient la performance de DeepSeek
16:17et pensent que la Chine dépasse les États-Unis en IA,
16:19il dit, vous avez une mauvaise lecture
16:21parce que ce sont les modèles à source ouverte
16:24qui dépassent les modèles propriétaires.
16:26Donc, on se dit, nous, c'est la carte qu'on essaye de jouer
16:30quand même depuis quelque temps,
16:31ce modèle open source qui va nous permettre
16:33d'émerger aussi dans l'IA.
16:35Sauf que, dans le même temps,
16:38s'est passé quelque chose de malheureux,
16:41la polémique, je voulais vous lancer là-dessus,
16:43sur la polémique autour de Lucie,
16:45qui est une initiative portée par la communauté française
16:48Open LLM, qui est open source,
16:52qui a une vocation qui est portée aussi par l'éducation nationale,
16:55qui a une vocation à être un langage ouvert français
16:58pour l'éducation et qui s'est pris,
17:02mais alors là, un tollé du fait de ces piètres résultats.
17:06Il faut beaucoup relativiser la polémique, je pense.
17:09Mauvais timing quand même.
17:10Mauvais timing, sorti peut-être trop tôt.
17:12C'est ce que reconnaissent d'ailleurs les porteurs du projet.
17:16Avec sans doute aussi des problèmes de data centers
17:19qui sont publics en anglais, pas toujours en open source,
17:23et donc une petite difficulté au démarrage.
17:25Mais c'est vrai que je pense qu'il faut relativiser
17:28cette lancée qui est quand même à féliciter,
17:33parce que c'est vrai qu'on est toujours dans une rivalité
17:36technologique entre les États-Unis et la Chine.
17:38Là, on a un chatbot LLM made in France.
17:42Il faut l'encourager et se dire que le démarrage
17:45est un peu capoté, mais l'envolée va arriver.
17:49Agatha ?
17:50Il faut surtout opérer un changement des mentalités.
17:53On doit accepter que l'échec fait partie du parcours
17:57et de l'innovation, de la recherche et de l'entrepreneuriat.
18:00Aux États-Unis, on accepte ce principe vraiment des bases.
18:03Est-ce que quelqu'un s'est souvent de la première version
18:05des chats JPT ?
18:06Bien sûr.
18:07C'était horrible.
18:08On a découvert d'ailleurs le terme d'hallucination
18:10à ce moment-là.
18:11Mais avant, ce n'était juste pas pertinent.
18:14Mais on l'a juste oublié parce qu'OpenAI n'a pas arrêté
18:17de développer sa technologie juste parce que la première
18:19version n'était pas bonne.
18:21On a eu aussi Google qui a sorti son Gemini un petit peu tôt.
18:24C'est normal.
18:25Finalement, ils sont revenus en arrière.
18:27On fait des modifications, on prend les retours
18:29et on avance.
18:30Il ne faut surtout pas sanctionner ce premier échec
18:32parce que ça nous apprend des choses aussi
18:34sur ce qu'on peut améliorer.
18:36Il faut continuer d'innover.
18:37Il ne faut surtout pas lâcher la course à ce stade.
18:39Absolument d'accord.
18:40Je crois que ce n'est pas un échec technologique,
18:42ce n'est pas un échec du développement,
18:44c'est un échec de communication.
18:46Ils ont voulu faire vite avant le sommet de l'IA, je pense.
18:49Tout ça est arrivé en même temps que DeepSeek.
18:52On se dit qu'on est tellement loin.
18:54Tellement loin.
18:56Je n'en sais rien.
18:58Je reviens sur les doutes qu'il faut cultiver
19:01à propos de DeepSeek avant de pouvoir dire effectivement.
19:05Parce que Lucie, manifestement, n'a pas été entraînée
19:09en distillant les produits d'OpenAI.
19:13Les sujets sont différents.
19:15C'est-à-dire que nous, en France, en Europe,
19:18on respecte certaines règles qui sont d'ailleurs parfois
19:21des handicaps pour ces grands modèles de langage.
19:24On a des fonctionnalités d'IA aujourd'hui
19:26qui ne sont pas disponibles en Europe
19:27du fait aussi de nos règles très strictes.
19:29Je me permets peut-être d'énoncer là-dessus
19:31parce que la course à l'IA finalement
19:33n'essaiera pas à gagner.
19:34Par qui sera imprimé le prochain LLM ou les prochains modèles ?
19:37Les modèles commencent à s'y rassembler.
19:38On a une convergence de résultats.
19:39On commence à plafonner.
19:41Là où on va s'imposer, les entreprises qui vont pouvoir s'imposer
19:45sont celles qui vont trouver des clients
19:46et qui vont arriver à les fidéliser
19:48et qui auront des business durables.
19:50Et le business model durable, nous, on le retrouve beaucoup
19:53dans la French Tech et dans les startups européennes en général.
19:57Dans notre mapping, on trouve qu'il y a déjà
19:58104 % des startups françaises dans l'IA.
20:01Combien on a dit ?
20:0254 %.
20:0354.
20:04Tout à fait.
20:05Ça veut dire qu'elles ont trouvé leurs business models,
20:06leurs clients.
20:07Dans notre mapping, on affiche aussi leurs principaux clients
20:09pour montrer qu'il y a de la vraie confiance du marché.
20:11Et c'est ces entreprises-là qui vont gagner sur le long terme.
20:14Les LLM aujourd'hui, ça devient une infrastructure.
20:17De plus en plus, les coûts vont baisser
20:19et ils vont être de plus en plus homogènes.
20:21L'innovation va être qu'est-ce qu'on y fait avec ?
20:24C'est pour ça que nous, on pense qu'en tous les cas,
20:27pour les entreprises, ce sont des modèles certainement plus petits
20:31qui seront vraiment fine-tunés pour un usage,
20:35qui seront donc d'utilisation beaucoup plus frugaux
20:38et qui vont s'imposer avec des tâches bien spécifiques,
20:42bien dédiées dans un secteur d'activité déterminée.
20:45Et c'est là-dessus que je crois qu'il va y avoir...
20:48On l'avait dit sur ce plateau, je crois, avec Lighton,
20:50quand vous aviez reçu Lighton.
20:51Oui, qui a annoncé son entrée en bourse d'ailleurs à ce moment-là.
20:56Ça n'empêche qu'on cherche quand même nous aussi des milliards.
20:58Donc la France qui cherche 2,5 milliards d'euros sur 5 ans
21:01pour financer sa fondation sur l'IA,
21:04c'est quelque chose qui doit faire l'événement
21:06au moment du sommet de l'IA à Paris.
21:08Il faut trouver 500 millions tout de suite, dès cette année,
21:11pour développer une IA qui va être au service de l'intérêt général.
21:16Ça vous parle ? On a une chance de les trouver ?
21:18Auprès de qui ? C'est l'urgence du moment ? Réaction ?
21:22Oui, je vais trouver 2,5 milliards sur 5 ans pour ça.
21:25Ce n'est pas ça qui va être compliqué.
21:27Mais il ne faut pas oublier, une IA au service de l'intérêt général,
21:31ça veut dire, in fine, des infrastructures de confiance
21:36qui sont également mises au service de l'intérêt général
21:39et non pas de l'intérêt des entreprises qui les opèrent.
21:43Parce que, in fine, le numérique, c'est du hardware,
21:46ce sont des data centers, c'est de l'énergie, si possible, décarbonée.
21:50Et d'ailleurs, la France a plutôt un avantage sur ce plan-là.
21:53Et c'est l'ensemble des piles qui doivent être aujourd'hui
21:57mises en œuvre pour distribuer une IA qui serait d'intérêt général.
22:02Ça vous semble assez clair comme projet aujourd'hui ?
22:05Pour vous dire, oui, c'est important, il faut absolument qu'on mette le paquet là-dessus ?
22:08L'ambition est très pertinente.
22:10Nous, on trouve que 24% des startups françaises
22:13ont du mal à accéder à la donnée pour développer leur technologie.
22:16Du coup, l'idée de cette fondation qui mettrait les données d'intérêt général
22:20à disposition des chercheurs et d'entreprises européennes est saluable.
22:24Ça me rappelle le Health Data Hub.
22:27Justement, le défi va être comment ça va s'intégrer avec tous les autres projets.
22:32Il y en a bien d'autres aussi au niveau européen
22:34qui ont cherché ces dernières années de se mettre en place.
22:37L'enjeu est toujours comment on motive ceux qui détiennent les données
22:40à les mettre à disposition et dans quelles conditions.
22:42Surtout parce qu'on parle des données vraiment très différentes.
22:45Mais de continuer d'investir dans l'IA, c'est essentiel
22:48parce que c'est un axe de compétitivité et stratégique sur le long terme.
22:52Et ça, c'est une tendance des fonds.
22:53On les voit, ça fait des années qu'on en parle.
22:55C'est là pour rester.
22:56C'est vrai que c'est clé la question de la confiance.
22:58Je dirais que c'est vrai qu'on est un peu en recherche de solutions
23:02pour stimuler la croissance, relancer la compétitivité de la France.
23:06Encore faut-il que cette fondation ait des objectifs clairs.
23:09Qu'est-ce qu'elle va faire de cet argent ?
23:11Est-ce que ça va être pour justement ces 750 startups
23:14qui ont besoin de data, qui ont besoin de financement,
23:17qui ont besoin d'open source, de cloud souverain ?
23:21Donc voilà, c'est l'objectif qu'on attend
23:23pour nous permettre de faire face à la compétitivité chinoise américaine
23:28et avoir des solutions un peu financièrement boostantes pour nos entreprises.
23:32Pour l'instant, ce qu'on nous dit, c'est que ce serait librement accessible
23:35pour les chercheurs et vendu à un prix modique aux startups.
23:39Il y a quand même un sujet, c'est que nous, on interroge quand même
23:44tous les projets qui ont un périmètre strictement national.
23:48Ce type de projet, il faut qu'il s'inscrive dans une dynamique européenne
23:51parce que le marché pertinent pour le numérique, pour le cloud,
23:55pour l'IA, pour les échanges de données de confiance,
23:59c'est bien entendu l'Union Européenne.
24:03La régulation, elle doit être Union Européenne.
24:05On ne doit pas se retrouver avec des régulateurs, 27 régulateurs
24:07à chaque fois qu'on traverse une frontière.
24:10Ce sont des choses qui ne fonctionnent pas.
24:12Et donc c'est vraiment là-dessus qu'on va attendre la Commission
24:15et les 27 Etats membres.
24:17Et on a déjà d'ailleurs un ensemble de frameworks qui permettent
24:21d'organiser ces espaces d'échange de données au service
24:24de l'intelligence artificielle en Europe.
24:26Ça s'appelle GAIA-X et qui a bien travaillé, même si on n'en parle plus
24:29beaucoup actuellement, cela dit...
24:32Parce qu'on est parti un peu sur une mauvaise piste au départ
24:34avec GAIA-X quand même, Henri.
24:35Les gens n'avaient pas compris de quoi il s'agissait.
24:37Je ne sais pas si même au départ, le projet était clair.
24:39Ou est-ce qu'il a changé ?
24:40En tout cas, il était clair pour les porteurs.
24:41Oui.
24:42Voilà, absolument.
24:43Et donc aujourd'hui, il faut revenir là-dessus.
24:45Et parce que c'est une condition de la confiance pour des échanges
24:48de données sensibles et stratégiques.
24:51Je reviendrai peut-être justement sur la Commission européenne.
24:54Parce que juste hier, la présidente de la Commission,
24:56Ursula von der Leyen, a fait son annonce de la stratégie
24:59de compétitivité pour l'Europe.
25:01Ça inclut énormément de choses sur la technologie.
25:03Et notamment nos stratégies sur les données.
25:05L'annonce qui fait la France, ça donne encore davantage
25:07de légitimité à ce qu'on a envie de faire en Europe.
25:10L'idée des espaces de données européennes existe
25:12depuis plus de 5 ans.
25:13Là, il faut le mettre en place.
25:14Du coup, on tente tous dans la même direction.
25:16Et ça, c'est positif.
25:17Et on espère que ça se concrétise au moment du sommet à Paris,
25:21début février.
25:22Quelles sont vos plus grandes attentes pour ce sommet ?
25:26Des annonces sur l'harmonisation des règles.
25:29Moi, en tant qu'avocat, c'est vrai que je suis beaucoup confrontée
25:33aux arguments qui font qu'on a trop de régulations.
25:36C'est vrai, on a beaucoup de régulations.
25:38On a Nice 1, Nice 2 qui arrivent.
25:40DORA pour les entités financières.
25:43Tout un tas de paquets législatifs.
25:46CERA, Cyber Resilience Act.
25:48On n'en a pas tant que ça.
25:50La révision du Cyber Security Act qui arrive cette année.
25:54Je voudrais rassurer pour dire que le cadre, il est nécessaire.
25:57Il permet également de construire.
25:59Quand on construit une maison, on a besoin d'un cadre,
26:02de fondements, de piliers forts.
26:04Après, j'en attends de ce sommet qu'il y a un mouvement
26:08qui explique que la souplesse est nécessaire,
26:11que l'harmonisation est nécessaire.
26:13Parce que sinon, on ne va pas y arriver.
26:15On va être contraints avec trop de régulations
26:17et pas assez de licornes.
26:19Nous, notre grande attente pour le sommet, c'est faire du business.
26:22France Digital, on est co-organisateur d'une journée business.
26:25Tout à fait.
26:27En parallèle du sommet officiel des chefs d'État.
26:30Nous, on voit, l'enjeu est très clair aujourd'hui
26:33que 13% d'entreprises européennes adoptent l'IA.
26:36Le grand levier des croissances pour toutes les pépites françaises,
26:38c'est justement d'arriver à toucher des clients.
26:40Nous, notre enjeu, c'est d'essayer de créer ces ponts
26:43et de créer des contrats sur le long terme.
26:45Pas que entre entreprises françaises,
26:47mais vraiment à faire un événement européen et international.
26:50Un peu le CIS de l'IA qui se jouerait à Station F,
26:53donc le 11 février.
26:55Nous, ce qu'on en attend essentiellement,
26:57c'est une prise de conscience de l'impérieuse nécessité
27:00qu'il y ait une harmonisation au niveau international
27:03sur la façon dont on peut réguler
27:06le développement d'outils d'intelligence artificielle
27:11avec, dans le contexte actuel,
27:14une faible chance d'arriver à une telle prise de conscience.
27:20Mais il ne faut pas oublier que c'est quand même quelque chose qui...
27:24On l'a fait sur d'autres domaines au niveau international
27:27et on sait réguler, par exemple, l'usage de l'espace aérien,
27:30l'usage de l'espace orbital,
27:33l'usage des espaces océaniques internationaux.
27:37Donc on sait réguler des espaces comme ça.
27:39Eh bien, l'espace numérique avec l'intelligence artificielle
27:42devra faire certainement l'objet d'une forme de régulation mondiale,
27:46on peut l'espérer en tous les cas,
27:48qu'il y ait un début de prise de conscience.
27:50L'occasion d'une courante coopération internationale.
27:52Merci beaucoup Henri Dagrin du CIGREF,
27:54Julie Jacob de Jacob Avocat et Agatha Hidalgo de France Digital.
27:58Pour vos commentaires, c'était Smartech et notre grand débrief.
28:01On se retrouve très vite.
28:02A bientôt sur la chaîne BeSmart for Change.

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