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00:00Je ne peux rester silencieux après les propos tenus par le Premier Ministre lundi soir et réaffirmés hier devant l'Assemblée Nationale en réponse à Boris Vallaud.
00:10Des propos applaudis copieusement par les députés du Rassemblement National, le regard gourmand et le sourire aux lèvres.
00:17Je ne peux me résoudre à ce qu'un Premier Ministre, qui doit tout au front républicain, se laisse submerger par le vocabulaire de l'extrême droite.
00:25Les étrangers représentent un habitant sur dix dans notre pays. Ne vous laissez pas submerger par les fantasmes et les contre-vérités.
00:33Non, la France n'est pas submergée par l'immigration. Le rôle d'un Premier Ministre, ce n'est pas d'attiser les peurs, c'est de dire la vérité aux Français.
00:41Cette question doit être abordée dans un climat apaisé, sans tomber ni dans l'angélisme ni dans l'amalgame.
00:50Ce n'est pas un tabou. Socialistes, nous regardons la réalité en face. Oui, l'immigration doit être inclusive et raisonnée.
00:58Oui, il manque aujourd'hui de véritables politiques d'intégration. Il faut traiter cela sérieusement, pas en stigmatisant celles et ceux qui ont fait le choix,
01:07souvent contraints de s'installer sur notre sol, d'y fonder leur famille et d'y construire une nouvelle vie.
01:13Celles et ceux sans qui les hôpitaux où nous nous faisons soigner, les aides à domicile qui prennent soin de nos parents,
01:20les supermarchés où nous faisons les courses, sans eux, rien de tout cela ne pourrait fonctionner.
01:25Comme un Français sur cinq, d'origine étrangère, le fils d'immigrés juifs polonais que je suis a été meurtri par ces propos, comme la majorité des Français.
01:37Pour ma part, c'est la République qui m'a submergé. Ce sont les valeurs qui ont permis à ma famille de s'épanouir en France et à moi de la servir.
01:48M. Barnier a été censuré pour s'être fourvoyé dans des négociations avec l'extrême droite.
01:54Mesdames et messieurs les ministres, voulez-vous dépendre aussi du rassemblement national ?
02:09Parce que nous ne voulons pas que notre pays vive sous tutelle de l'extrême droite et parce que nous sommes responsables, nous avons accepté de discuter avec vous.
02:18Nous attendons du Premier ministre qu'il soit clair sur l'aide médicale et qu'il abandonne toute référence à la subversion migratoire.
02:31Pour vous répondre, la parole est au ministre délégué, cher Général, sur les relations avec le Parlement.
02:38M. le Président, mesdames et messieurs les sénateurs, M. le Président Cannaire, le Premier ministre vous prie d'excuser son absence car il est aux obsèques de son ami Jean-François Canne.
02:51Évidemment, il a observé les réactions que vous venez d'exprimer, celles de votre et d'autres formations politiques. C'est la raison pour laquelle il m'a demandé d'apporter en son nom cette réponse.
03:03La question migratoire est source de tensions qui mettent à l'épreuve toutes les sociétés occidentales et la nôtre n'y échappe pas.
03:11La traiter par le côté passionnel, c'est le meilleur moyen de ne jamais y répondre et j'ai entendu que c'est aussi votre conviction.
03:18Les mots sont des pièges. Est-ce qu'il y a un sentiment de submersion ? Dans les sondages, les deux tiers des Français expriment ce sentiment,
03:26mais on ne retient dans cette expression que le mot de submersion et non celui des sentiments. Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment.
03:36Mais si nous regardons les choses en face, nous serons en capacité de maîtriser et d'accueillir correctement ceux qui viennent dans notre pays comme c'est notre devoir.
03:46La question, c'est la panne de l'intégration. L'intégration a été la dynamique singulière de la société française.
03:53Elle est vécue par des millions de personnes, oui, et en particulier par tous ces Français dont les ancêtres viennent de pays voisins ou lointains.
04:02C'est la vie de celles et ceux qui accompagnent nos enfants, nos aînés, qui travaillent dans nos restaurants, les médecins dans nos services d'urgence, les informaticiens, les entrepreneurs.
04:11Tous participent à la vie de notre pays et contribuent à sa richesse. Ce sont aussi ces enfants qui vont à l'école.
04:17Les instruments d'une intégration réussie, nous les connaissons. Le travail, la langue, les principes de la République, le principe de laïcité.
04:27C'est notre héritage commun, humaniste. C'est ce que nous devons transmettre. Mais tous ces instruments qui font notre fierté sont aussi dans la tourmente.
04:36Si nous améliorons notre éducation, si nous sommes fiers de nos principes, si nous sommes aussi plus rigoureux et efficaces pour faire respecter la loi, alors l'intégration pourrait être réussie.
04:47Mesdames et Messieurs les Sénateurs, Monsieur le Président, ce sont ces réponses que nous devons tous reconstruire ensemble.