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Enregistrée le mercredi 22 janvier 2024, voici la captation de la rencontre du bédéiste JD Morvan autour de son adaptation du récit résistant de Kessel, L'Armée des Ombres (éditions Philéas)

Discussion animée par Nicolas Gomes.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

" Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France. "
C'est ainsi que Joseph Kessel introduisait son roman magistral, aujourd'hui adapté par JDMorvan et Emmanuel Moynot : une plongée dans les conditions de fonctionnement de la Résistance, dans une France éprouvée par l'occupant allemand et la collaboration.

Avant le film incontournable de Jean-Pierre Melville, il y avait le roman essentiel de Joseph Kessel !

Londres, 1943, le roman-symbole de la Résistance est préfacé ainsi par son auteur :
" La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie.
Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France. "
L'armée des ombres était selon Kessel une commande du général de Gaulle, qui lui aurait demandé " d'écrire un livre pour apprendre au monde ce qu'est la résistance française ". L'auteur prête ainsi sa plume à la lutte. Il est également l'un des auteurs du Chant des partisans, hymne de la Résistance.

L'histoire se déroule en France, entre 1942 et 1943. On suit les membres d'un réseau de la Résistance, dirigés par Philippe Gerbier, ingénieur et chef de réseau. Des hommes et femmes courageux qui luttent contre l'occupant allemand et la collaboration, au péril de leur vie. À travers leurs combats, on découvre l'importance des valeurs de solidarité, de courage et de sacrifice : une plongée dans les conditions de fonctionnement de la Résistance, dans une France éprouvée.

Adaptant le texte original, JDMorvan et Emmanuel Moynot dépeignent à leur tour le quotidien des Français de l'époque, fait de rationnement, de rafles et de travail forcé...

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Éducation
Transcription
00:00Bonsoir, merci d'être avec nous ce soir pour nous parler de la bande dessinée L'armée des ondes adaptée du roman de Kessel du même titre avec, je ne sais pas comment on le prononce, Emmanuel Moineau.
00:16En fait c'est le cousin du Moineau qui a créé le Théâtre du Splendide et qui joue Monsieur Preskovic.
00:27Ils sont cousins donc ça se prononce pareil, Moineau.
00:31D'accord, et Benoît Lagaud, je crois qu'à la fin de la version noir et blanc il y a une petite mention qui est faite sur le fait que les deux dessinateurs se sont partagés les décors et les personnages.
00:41C'est juste.
00:42Vous m'entendez au fond, je n'ai pas besoin de micro, c'est bon ?
00:47Vous êtes aussi connu pour avoir fait la série de bande dessinée Madeleine Résistante.
00:53Mais oui.
00:54Le témoignage de Madeleine Riffaut.
00:56Voilà, c'est pour ça que je n'ai pas besoin de micro justement.
00:59Parce que ?
01:01Parce qu'il ne fallait pas parler fort pour une dame qui avait 100 ans.
01:04Quand je l'ai connue, elle n'avait pas 100 ans, elle en avait 93.
01:07Mais en fait, à force d'être assis à côté d'elle, je me suis bien rendu compte qu'il fallait que j'étoffe un peu ma voix.
01:14Et voilà, maintenant je ne sais plus faire autrement, même si elle n'est plus là.
01:17Elle m'a laissé ça en souvenir.
01:19Alors vous avez aussi écrit le scénario de la bande dessinée Adieu Birkenau, d'après le témoignage de Ginette Colignac.
01:24Ce n'est même pas vraiment...
01:26Si, c'est quand même avec son témoignage.
01:28Mais en fait, le truc, c'est que je suis avec Victor Matek et mon co-scénariste.
01:32On est allés avec elle à Birkenau en octobre 2020.
01:35Et c'est là qu'elle a annoncé que ce serait sur place, que ce serait son dernier voyage parce qu'elle en avait marre.
01:40Elle était fatiguée, qu'elle n'allait plus à Birkenau.
01:42Et comme nous, on voulait raconter son premier voyage.
01:44Et qu'on était là pendant son dernier voyage, ça nous a créé une structure narrative qui nous a permis de faire le livre avec elle.
01:51C'était assez fort aussi.
01:53Et la semaine prochaine, le 27 janvier, on fête du coup la commémoration de la libération de l'Écan, les 80 ans.
02:01Voilà, c'est une petite mention de cet événement-là aussi.
02:05On va faire une bonne fête.
02:07Madeleine Riffaut, d'ailleurs, est considérée comme déportée parce qu'être déportée, ça veut dire avoir son numéro de départ pour l'Écan.
02:14Donc elle est montée dans le train.
02:16C'était le dernier train de Paris du 15 août 1944.
02:19Elle a sauté à la gare de Pantin.
02:21Mais elle est quand même considérée comme déportée.
02:23Et on a le grand catalogue qui a été fait après de tous les gens qui ont été déportés à Ravensbrück pour les femmes dans ce train-là et à Buchenwald pour les hommes.
02:38Et en fait, on voit le nom de Madeleine Riffaut avec ses quatre premiers numéros.
02:41Et elle n'a pas les quatre d'après parce qu'elle n'est jamais arrivée là-bas.
02:44D'accord.
02:47Juste pour la soirée, j'ai posé quelques questions sur le travail sur l'Armée des Ombres en particulier, mais aussi sur Madeleine.
02:56Et après, si le public a quelques questions, une signature.
03:02Je sais que ça fait plusieurs bandes dessinées qui se passent pendant la même période, entre Adieu Birkenau, Madeleine et l'Armée des Ombres.
03:13Et que vous avez fait dans quelques années qui sont quand même assez proches les unes des autres en bande dessinée.
03:21Je voulais savoir si c'est toujours parti de témoignages ou du matériel principal.
03:27Ou est-ce que c'était aussi une envie de parler de cette période-là et pourquoi ?
03:32En fait, c'est venu de Bernard Lavillier.
03:36Ça paraît incongru.
03:38Mais parce que Bernard Lavillier, j'écoute depuis que je suis gamin parce que mon père était fan de Lavillier et donc moi aussi.
03:44Et donc, il a chanté une chanson assez connue qui s'appelle « Stan de ghetto ».
03:47Et donc, j'ai toujours eu, depuis que j'étais gamin, le mot « ghetto » dans la tête.
03:50Le mot « sillage ».
03:52J'en ai fait une série de sillages.
03:54Et de ce mot, ça part du mot.
03:56Et « ghetto » aussi.
03:58Et un jour, j'étais à la MEP à Saint-Paul, qui est le musée européen de la photographie.
04:02Et je vois qu'au mémorial de la Shoah, où je n'étais jamais allé, il y a eu une expo sur les ghettos.
04:06Donc, je savais bien ce que c'étaient les ghettos juifs de la Seconde Guerre mondiale.
04:10Ce n'est pas les mêmes ghettos qu'en Jamaïque dont parle Bernard Lavillier.
04:14Je vois bien.
04:15Mais je me suis dit, tiens, ghetto, bon, j'y vais.
04:17Donc, j'y suis allé et j'ai été hyper choqué, enfin, choqué, bouleversé par cette exposition qui passait des...
04:25Moi, je suis aussi fan de photos.
04:27C'est pour ça que j'étais à la MEP.
04:28J'ai vu des photos de Hugo Jäger, qui était un des grands photographes d'Hitler.
04:31Un grand photographe, mais du mauvais côté de la barrière.
04:34Et en fait, il demandait aux gens dans les ghettos de sourire.
04:37Parce qu'il y allait pour documenter les choses.
04:39Et il demandait, comme les photos allaient être passées à Hitler, à Himmler, à tous les copains, il demandait de sourire.
04:44Et donc, voir des gens comme ça qui se sont condamnés à mort, c'est ça le ghetto.
04:47C'est l'étape d'avant.
04:49C'est la prison avant d'aller dans les camps.
04:51Sourire, c'était assez fort.
04:54Et je me suis dit, j'ai besoin de raconter cette histoire.
04:57Mais je ne savais pas comment.
04:58Je ne savais pas comment rentrer dedans.
05:01Je ne me suis jamais vraiment posé la question avant de ma légitimité.
05:04Si j'ai envie de faire un truc, à priori, je le fais.
05:07Mais là, je ne suis pas juif.
05:08Je n'ai pas de famille qui est morte dans les camps.
05:11Je ne suis pas non plus nazi, spécialement.
05:13Je n'ai pas de famille nazie.
05:14Donc, je n'avais pas vraiment de moyens de rentrer dans cette histoire-là.
05:19Et deux ans après, un éditeur qui m'a fait commencer dans ce métier,
05:22qui s'appelait Jean-Claude Camano, qui était aussi l'éditeur de Titeuf, entre autres,
05:26a posté une histoire sur une dame qui s'appelle Irena Sendler,
05:30Sendlerova, sur Facebook.
05:32Et j'ai trouvé l'histoire absolument géniale.
05:33J'ai regardé.
05:34Il n'y avait rien qui était fait sur elle.
05:36Et elle, son boulot, c'était de rentrer dans le ghetto,
05:38parce qu'elle était au service d'aide sociale de la ville de Varsovie.
05:41Et donc, elle rentrait dans le ghetto pour aider les gens,
05:43puisque les Allemands avaient peur que dans les ghettos, il y ait des maladies
05:46et que leurs soldats qui gardent tombent malades.
05:49Et donc, ils faisaient rentrer des Polonais.
05:51Bon, il y avait quand même quelques soldats allemands
05:53qui allaient tuer des gens dans le ghetto pour rigoler.
05:55Elle, elle allait soigner les gens du typhus et de maladies comme ça.
05:58Et je me suis dit, c'est une histoire magnifique,
06:00parce que cette dame, elle a vu qu'elle pouvait sauver des enfants.
06:03Et elle a sauvé 2500 enfants du ghetto de Varsovie
06:06en les cachant dans la boîte à outils de son camion,
06:09dans les briques qui rentraient et sortaient du ghetto sur les camions,
06:12dans les tas de cadavres qui rentraient et sortaient par les égouts,
06:15en jetant des bébés par-dessus le mur, des trucs de dingue, quoi.
06:18Donc, je me suis dit, ça, c'est une histoire extraordinaire à raconter,
06:21parce qu'il y a aussi les enfants.
06:23Donc, on pourra parler du ghetto à hauteur d'enfants.
06:26Je me disais, pour les gens qui sont enfermés dans le ghetto
06:29et qui savent qu'ils vont aller encore après, c'est horrible.
06:32Comme dit, ils savent, ils comprennent,
06:34mais que c'est différent de la vie qu'ils ont eu avant.
06:36Mais pour les enfants, je pense que c'est presque peut-être encore pire,
06:39parce que pour eux, c'est devenu normal très vite.
06:41Pour eux, c'était la vie normale, en fait, d'être dans un ghetto.
06:44Et donc, je trouvais ça intéressant.
06:46Donc, le personnage d'Irena était absolument génial.
06:48Donc, j'ai fait cette BD chez Glenna.
06:50On a fait cinq albums. Maintenant, il y en a un intégral.
06:53Et donc, ça a commencé comme ça.
06:55Mais Irena, elle est morte en 2018.
06:58Non, 2012.
07:00Et moi, j'ai commencé la BD en 2017.
07:03Donc, je n'ai pas pu la connaître.
07:05Et j'étais un peu frustré.
07:07Donc, un jour, le 8 mai,
07:12c'est facile de retenir la date,
07:152017,
07:17j'ai vu un documentaire qui s'appelait « Résistante »,
07:20qui s'appelle toujours « Résistante »,
07:21dans lequel il y a trois résistantes,
07:23Marie-Jo Chambard de Lauve,
07:24Cécile Roll-Tanguy
07:25et Madeleine Riffaut.
07:27Et je me suis dit, mais en fait,
07:29tu as une chance encore
07:31de rencontrer des gens qui ont vécu cette période.
07:33Si tu ne le fais pas maintenant, c'est mort.
07:36Donc, fais-le maintenant.
07:39Essaye de contacter Madeleine.
07:41Donc, c'était Madeleine qui m'avait le plus retenu l'attention
07:44par son côté énergique,
07:46qu'engueulait le journaliste et tout.
07:47C'était assez cool, j'avoue.
07:49Donc, j'étais prêt à me faire engueuler,
07:50ce qui n'a pas raté.
07:51Et donc, je demande à un pote,
07:55Renaud Saint-Cricq, qui est journaliste,
07:58son numéro de téléphone.
07:59Donc, il demandait à des copains.
08:00Il le trouve.
08:01Il me le donne au bout de 15 jours.
08:02Donc, il me dit, appelle pas trop tôt,
08:05parce qu'apparemment, elle se lève tard.
08:07Et prépare-toi.
08:08Donc, très bien.
08:09Et donc, j'appelle un jour,
08:11je ne sais pas, à 5 heures ou 6 heures.
08:13Elle me dit, vous êtes qui ?
08:15Je dis, je suis Jean-David Morvan,
08:17je suis auteur de bande dessinée.
08:18Ah, la bande dessinée, n'importe quoi.
08:19On m'a remise à toutes les sauces.
08:21Qu'est-ce que vous voulez ?
08:22D'abord, comment vous avez eu mon numéro ?
08:24J'ai demandé à un pote journaliste.
08:26Il a mis 15 jours à me l'avoir.
08:27Vous êtes bien bête,
08:28parce que je suis dans la nuère.
08:29Donc, rappelez-moi la semaine prochaine.
08:31Là, je suis occupé.
08:32Salut. Hop.
08:33Fin de l'histoire.
08:34Donc, j'ai attendu 15 jours,
08:35parce que j'avais encore les fesses rouges
08:36au bout d'une semaine.
08:37Et puis, je l'ai eu.
08:38Elle m'a dit, tout a changé.
08:40J'ai eu mon pote, Georges Amat,
08:42qui est un réalisateur,
08:43qui m'a dit,
08:44Madeleine, vraiment vieillissant,
08:45tu deviens conne.
08:46Je ne pensais pas que tu deviendrais
08:47conne comme ça.
08:48La bande dessinée, c'est génial,
08:49parce que c'est vraiment au bras
08:51que tu as demandé de transmettre
08:53le message de la résistance parisienne
08:55et de la résistance en général.
08:57Et tu ne peux plus aller dans les écoles,
08:58maintenant, tu n'as plus l'âge.
09:00Et en fait, la bande dessinée,
09:02c'est extraordinaire,
09:04le nombre de gens que tu peux toucher
09:05aujourd'hui avec la BD.
09:06Et ça a beaucoup changé
09:07depuis que tu en lisais
09:08quand tu étais gamine,
09:09parce que quand tu étais gamine,
09:10ça fait 90 ans.
09:12Donc effectivement, ça fait longtemps.
09:14Donc voilà, elle m'a invité
09:18à venir chez elle.
09:20Et j'y suis allé.
09:21Et après, ça ne s'est pas arrêté
09:22pendant sept ans.
09:23Je vois.
09:24Et donc, le livre que j'ai lu
09:26pour aller voir Madeleine,
09:28histoire de ne pas passer quand même
09:29pour un oeuf complet sur la résistance,
09:31même si j'avais des petites mentions,
09:32c'était l'Armée des ombres.
09:33D'accord.
09:34Parce que je me suis dit,
09:35je vais quand même réviser un truc,
09:36au moins avoir quelques...
09:38J'ai lu un peu les chroniques
09:39de la résistance
09:40et puis j'ai lu l'Armée des ombres
09:41et que j'avais déjà lu, je pense,
09:42quand j'étais plus jeune.
09:44Et en fait, déjà,
09:45quand je l'ai relu
09:46pour aller voir Madeleine,
09:47je me suis dit,
09:48je comprends mieux des trucs du livre.
09:49Et après,
09:50quand j'ai commencé à le faire
09:51après avoir travaillé pendant six ans
09:52avec Madeleine,
09:53j'ai dit, je comprends encore plus de trucs.
09:54D'accord.
09:55Donc, c'est une évolution comme ça
09:56qui m'a permis cette adaptation.
09:57Et c'est à ce moment-là
09:58que vous avez déjà commencé
09:59à penser à l'adaptation
10:01de l'Armée des ombres
10:02en bande dessinée
10:03ou pas encore ?
10:04En fait, en lisant les livres,
10:05j'y pense forcément
10:06parce que moi, je vois tout
10:07en bande dessinée.
10:08Donc, tout ce que je lis,
10:09ça devient une bande dessinée.
10:10Je me demande
10:11comment je ferais pour l'adapter,
10:12même si je ne l'adapte pas.
10:13Mais c'est ma manière
10:14de lire les livres.
10:15C'est des images qui viennent,
10:16des pages de BD,
10:17des morceaux.
10:18C'est naturel maintenant.
10:19D'accord.
10:20Donc, c'est des images
10:21puisque l'Armée des ombres,
10:22pour le coup,
10:23est adaptée très fidèlement
10:24du roman de Kessel.
10:25C'est presque les mêmes scènes.
10:26Oui, oui, c'est proche.
10:27J'en ai enlevé,
10:28mais sinon, c'est très proche.
10:29Comment est-ce que vous trouvez
10:30le moyen de faire passer
10:31votre voix par l'image
10:32et la mise en scène ?
10:33En fait, je me dis, moi,
10:34toujours qu'une adaptation,
10:35c'est comme en théâtre.
10:36Une mise en scène,
10:37c'est la même chose,
10:38mais il faut qu'on donne
10:39notre point de vue.
10:40Voilà.
10:41Sinon, ça ne sert à rien de le faire.
10:42Donc, il faut qu'on donne
10:43notre point de vue
10:44sur les choses
10:45et ce qui permet
10:46à d'autres gens,
10:47enfin, pas pour l'instant,
10:48mais de faire d'autres adaptations
10:49de l'Armée des ombres
10:50qui ont permis
10:51à Melville de le faire.
10:52Et finalement,
10:53quand on voit
10:54une pièce de théâtre classique,
10:55on peut la voir 100 fois,
10:56mais chaque metteur en scène
10:57a son point de vue
10:58et dégage des choses différentes
10:59alors qu'en plus,
11:00c'est exactement le même texte.
11:01Donc, c'est ça qui est intéressant.
11:02Là, moi,
11:03je pouvais quand même
11:04un peu plus s'adapter,
11:05mais ce que j'ai vu
11:06et que je n'avais pas vu du tout
11:07les deux premières fois
11:08que je l'ai lu,
11:09c'est cette ode au CNR,
11:10donc, en fait,
11:11à la réunion par Jean Moulin
11:12de tous les groupes de résistance.
11:13Parce qu'en fait,
11:14on voit bien dans le livre,
11:15il dit,
11:16ah, les chrétiens sont super,
11:17les communistes sont géniaux,
11:18c'est la réunion
11:19par Jean Moulin
11:20de tous les groupes de résistance.
11:21Parce qu'en fait,
11:22on voit bien dans le livre,
11:23il dit,
11:24ah, les chrétiens sont super,
11:25les communistes sont géniaux,
11:26ah, j'adore les gaullistes,
11:27ils ont fait des trucs formidables.
11:28Il y a plein de scènes comme ça
11:29et, en fait,
11:30on sent qu'il y a cette envie-là
11:31de regrouper tout le monde
11:32et on sent que,
11:33finalement,
11:34la libération approche,
11:35le débarquement,
11:36la libération,
11:37la coordination
11:38de tous les alliés
11:39pour reprendre la France
11:40et pas seulement des Américains
11:41et des Anglais
11:42et des Canadiens
11:43qui débarquent,
11:44mais aussi,
11:45par exemple,
11:46de tous les Normands sur la côte
11:47qui ont donné des informations
11:49à l'Angleterre
11:50et qui sont,
11:51pour la plupart,
11:52ceux de cette époque
11:53décorés par la Reine d'Angleterre
11:54pour le boulot qu'ils ont fait,
11:55de la résistance
11:56de derrière les lignes
11:57qui ont empêché
11:58les Allemands de venir
11:59en faisant sauter les trains,
12:00etc.
12:01Donc,
12:02c'était un boulot ultra coordonné
12:03et on sent
12:04qu'il y a cette préparation-là
12:05dans le roman
12:06que je n'avais pas du tout vu avant.
12:07Donc,
12:08ça,
12:09c'était vachement valorisant
12:10pour moi
12:11de relire un livre
12:12en me disant,
12:13voilà,
12:14Madeleine,
12:15elle m'a appris tellement de choses
12:16que ça devient presque naturel
12:17pour moi.
12:18C'est une belle expérience.
12:19Oui,
12:20c'était chouette.
12:21Donc,
12:22il y a quand même
12:23pas mal de points de vue
12:24sur ces histoires-là,
12:25sur ces récits.
12:26Donc,
12:27dans vos bandes dessinées,
12:28on peut citer
12:29que ce soit Madeleine
12:30ou Ginette
12:31ou Kessel,
12:32même si ce n'est pas
12:33un témoignage direct.
12:34Puis,
12:35le point de vue
12:36des dessinateurs,
12:37même s'il est silencieux,
12:38il y a leur point de vue
12:39via les images.
12:40Comment est-ce que
12:41vous vous exprimez
12:42le point de vue
12:43de votre intérêt,
12:44du coup,
12:45pour cette période ?
12:46C'est difficile à dire.
12:47J'en ai fait un peu plus.
12:48J'ai fait une BD
12:49qui s'appelle
12:50« La ferme de l'enfant loup »
12:51chez Albin Michel
12:52sur la fin du Vercors,
12:53du maquis du Vercors.
12:54J'ai fait une BD
12:55qui s'appelle
12:56« Simone »
12:57qui est sur l'histoire
12:58de Simone Lagrange,
12:59résistante,
13:00torturée par Klaus Barbie
13:01et qui,
13:02ensuite,
13:03en 1972,
13:04a commencé
13:05à...
13:06qui l'a reconnue
13:07et qui a aidé
13:08à faire son arrestation,
13:09faire arrêter Extradé.
13:10J'ai fait
13:11une BD
13:12qui s'appelle
13:13« La ferme de l'enfant loup »
13:14sur la fin
13:15du Vercors.
13:16J'ai fait aussi
13:17une BD
13:18sur la fin
13:19de l'histoire
13:20de...
13:21de Jean Doisy,
13:22qui était
13:23l'adapteur en chef
13:24du journal de Spirou,
13:25mais aussi un des chefs
13:26de la Résistance belge.
13:27En fait,
13:28tout ça se fait
13:29d'une manière...
13:30Là,
13:31je fais l'adaptation
13:32en BD
13:33des cahiers d'Alter
13:34qui viennent sortir
13:35au Seuil
13:36qui sont des carnets
13:37qui ont été retrouvés
13:38par son fils de son père
13:39qui était under commando.
13:40Ça,
13:41on fera ça au Seuil.
13:42Et donc,
13:43en fait,
13:44C'est difficile pour moi de savoir exactement ce que j'ai envie de mettre parce que je le fais
13:49directement. Je le fais presque à l'instinct. Donc c'est des choses qui sortent de moi directement.
13:57Et là, je suis en train de faire l'adaptation de la pièce incendie de Wajdi Mouawad. Et c'est
14:03pareil, c'est presque une Madeleine Riffaut libanaise dont il a pris modèle, qui s'appelle
14:07Soua Bechara. Et en fait, je retrouve exactement les mêmes choses. Le fait que la poésie, la
14:13chanson lui a permis de vivre dans sa cellule en récitant des poésies pendant dix ans. Madeleine,
14:17c'était pendant un mois. Et en fait, je retrouve finalement, quand on regarde l'histoire de cette
14:24partie-là sur la résistance, c'est tellement la même chose dans plein de pays que c'est assez
14:29fascinant. Et donc, c'est le courage des gens qui sont capables de dire non, je pense, qui
14:33m'intéresse vraiment parce que moi, je ne sais pas si j'en serais capable. Donc, c'est intéressant
14:37d'essayer de sonder ce côté-là des humains. C'est un peu ma question suivante. Vous écrivez
14:43sur beaucoup d'événements qu'on peut qualifier d'horribles quand même. C'est vrai, j'ai même écrit
14:47des BD sur les serial killers, donc c'est dans la tête des serial killers. Et dans le roman de
14:52Kessel, il me semble qu'il l'explique ou en tout cas qu'il le montre que les résistants ne se
14:57considèrent pas comme des héros. En fait, ils réagissent aux horreurs qui arrivent et à l'horreur
15:01de la situation. Ils réagissent de cette façon-là. Est-ce que c'est votre façon à vous de réagir à
15:05l'horreur de ces événements, même si ça fait un moment qu'ils sont passés ? Votre façon
15:13c'est d'écrire et de transmettre ces récits ? Oui, parce que je pense que les bouquins sont
15:20intéressants que s'ils parlent aux gens d'aujourd'hui. S'ils parlent aux gens de 1944,
15:24Madeleine est morte à 100 ans. Elle en avait 20 au moment de la libération de Paris. Donc,
15:29il n'y en a plus beaucoup et a priori, il n'existe plus de bande dessinée. Donc, en fait, tous ces
15:33bouquins-là, mais pas que les miens, c'est ça qui m'intéresse à lire, c'est qu'ils parlent à plein
15:38de gens parce que la situation mondiale n'est pas tellement différente. Alors, heureusement,
15:42c'est moins grave que la Seconde Guerre mondiale en ce moment. En tout cas, on verra dans quelques
15:46années. Je suis plutôt positif comme garçon, mais on verra bien. Mais il me semble que ça
15:53arrive encore dans plein de pays, ces choses-là. Et donc, il y a un appel de la résistance,
15:57un appel d'air de la résistance qu'on sent. De toute façon, avec Madeleine, je pense que
16:03la série ne marcherait pas aussi bien s'il n'y avait pas une demande de la société d'essayer
16:08de comprendre la résistance. Ce qui est pratique en France, c'est qu'on a cette période-là avec
16:13des gens qui sont devenus avec le temps quasi intouchables. Évidemment, j'exagère un peu,
16:18mais je veux dire, aujourd'hui, on ne se pose plus la question de savoir si telle personne était
16:21communiste, était gaulliste. Ça, c'était bon dans les années 70-80. Aujourd'hui, on a un peu passé
16:27le cap de cette mémoire-là. Ça gratte encore un peu des fois puisque Madeleine était communiste.
16:33Donc, il y a toujours des gens qui disent qu'elle était stalinienne. Il n'y en a plus beaucoup. Ça
16:38disparaît. On voit juste ce qu'elle a fait. Donc, on peut en parler facilement et presque d'une
16:42manière plus détendue. Elle fait presque consensus. Ce qui me paraît d'ailleurs horrible, c'est que je
16:48suis presque persuadé que Madeleine peut faire consensus parmi des gens qui sont ultra-nationalistes
16:53en France et qui disent qu'elle a défendu les valeurs de la France. Ce qui est chiant aussi
16:57parce que ce n'est vraiment pas son point de vue. Ça ne lui plaisait pas du tout.
17:01Donc, une fois, elle a eu sa rue dans un village qui s'appelle E, dans une ville qui s'appelle E
17:08qui est en Normandie. Le maire nous appelle et nous dit « Tout le monde a voté pour le nom pour
17:15votre rue sauf le gars du Front National. » Elle dit « Il ne manquerait plus qu'il vote pour moi,
17:21ce con-là. » Elle était contente en fait. Elle gardait cet esprit-là parce qu'elle connaissait
17:29en fait ce qui s'était passé. Donc, je ne sais plus comment j'ai commencé ce truc-là. Mais en fait,
17:35en gros, toute l'idée, c'est de dire qu'on raconte des histoires anciennes, mais en fait,
17:39c'est contemporain parce que ce qu'on en tire comme enseignement est contemporain en fait.
17:43Madeleine disait d'ailleurs une fois à la fin d'une émission formidable qu'elle avait faite,
17:49c'était dans Télématins. Ils avaient demandé quels conseils elle pouvait donner aux jeunes.
17:54Elle disait « Moi, je n'ai pas de conseils à donner aux jeunes. Quand j'étais jeune,
17:56j'ai trouvé que le monde, il était dégueulasse. Pendant la guerre, j'ai voulu le changer. Avec mes
18:00copains, on a inventé notre manière de le changer. Maintenant, c'est aux jeunes de faire la même
18:05chose. J'ai confiance en eux. Je ne suis pas une vieille sage. Je n'ai pas de conseils à leur
18:10donner. Le seul truc que je peux leur dire, c'est de créer le monde que vous avez envie d'avoir.
18:15Dans le récit que vous faites à la fin du domaine de Madeleine, de la genèse un peu du récit,
18:21on voit qu'elle n'avait pas forcément pensé au fait de raconter son récit jusqu'à ce qu'on
18:27aille un peu la chercher finalement. Est-ce qu'en faisant ce récit, sa volonté, c'était plutôt de
18:36raconter le récit de la Résistance plutôt que le sien ? C'est un peu une question pour les
18:43scénaristes, mais pour les auteurs de BD aussi, qui font de la BD à partir de témoignages et à
18:48partir de récits déjà existants, est-ce qu'il vaut mieux disparaître en tant qu'auteur derrière
18:53ces récits-là ou est-ce qu'il faut quand même y mettre un peu... J'avoue que je lis quand même
19:01beaucoup de BD, mais je n'aime pas quand quelqu'un qui va raconter, je n'en sais rien, en reportage
19:09une histoire sur les femmes kurdes qui combattent ISIS ou des choses comme ça, je n'aime pas quand
19:15c'est eux les héros de l'histoire. Et je n'aime pas quand les auteurs deviennent les héros d'une
19:19histoire parce qu'en fait leur vie est tellement moins intéressante d'auteurs de BD, je le sais,
19:23ça fait longtemps que j'en fais, que celle des gens qui vont voir, que je trouve qu'il y a là
19:26une sorte de décalage qui me gêne toujours, même s'il n'est pas quelque chose de comment
19:34ils se prennent au sérieux. Ils ont l'impression je pense de donner le point de vue de l'occidental
19:42de base, mais en fait on l'a déjà puisque nous on l'est, donc on n'a pas besoin d'eux en fait.
19:46Donc je trouve que moi j'aime bien quand on raconte vraiment les choses et les gens importants.
19:52Moi personnellement, savoir que, je ne sais pas, que quelqu'un a emmené sa fille voir le gars,
19:58ils ont fait un grand tableau pour savoir qu'il y a un ancien migrant, ceci, cela,
20:02mais ça je m'en fous en fait. Pour moi, ça ne m'intéresse pas. Ce que j'ai envie de savoir,
20:06c'est ce qu'ont vécu les gens, d'être plongé dans ce témoignage-là. Donc voilà,
20:11c'est que mon point de vue, mon point de vue d'auteur et de lecteur. Ça ne veut pas dire
20:14que j'ai raison, mais en tout cas c'est mon point de vue. Et donc nous, c'est ça qu'on a fait dans
20:19Madeleine, c'est-à-dire qu'on est devenus les autobiographes de Madeleine, c'est-à-dire on est
20:26devenu les outils de son autobiographie. Elle ne peut pas dessiner, ça elle n'a jamais su. J'ai vu
20:31des dessins que quelques peintres, dont Picasso lui avait demandé de faire quand elle était jeune,
20:34bon je pense que c'est bien qu'elle n'ait pas dessiné. Et puis après, en revanche en tant
20:39qu'écrivain, c'est magnifique. Vraiment, c'est magnifique comment elle écrit, le courage qu'elle
20:43a eu, les reportages, tout ça c'est grandiose. Mais la BD, elle ne connaissait pas, et on est
20:50arrivé à un moment où elle était aveugle, donc elle ne pouvait plus lui écrire, ni même voir
20:54les pages de la bande dessinée, donc elle nous a fait confiance. Et finalement, je pense qu'on a
20:59fait son autobiographie. C'est sans doute l'histoire la plus fidèle à Madeleine qui existe. Il y a eu
21:05quelques livres qui ont été faits, dont elle n'était pas contente, parce qu'elle trouvait que ça
21:09s'éloignait trop du truc. Moi, je lui ai tout relu, 50 fois, parce qu'elle était aveugle justement,
21:13donc je lui relisais tout, les textes, elle corrigeait, et elle est vraiment devenue autrice
21:17de BD avec nous à cette occasion. C'était marrant, à 97 ans, de devenir autrice de BD,
21:22ce n'est pas commun, mais sa vie n'a rien de vraiment commun, donc ça va. Et donc à la fois,
21:28on racontait vraiment son histoire le plus proche possible, et en même temps, on se disait,
21:33c'est la raison pour laquelle on a fait cette petite partie en plus, c'est qu'elle avait donc
21:4293 ans, 14, 15, 97 quand le premier est sorti, et on a commencé à laver 93. Et en fait, notre
21:52éditeur, José-Louis Bocquet, qui était éditeur chez Dupuy, nous a dit, j'ai dans mon arsenal de
21:56publications quelque chose qui s'appelle les cahiers, qui sont des pré-publications des
21:59albums en trois parties, et en fait, ce qu'on pourrait faire, c'est les faire pour Madeleine,
22:03comme ça, à la place de faire en une fois les corrections sur un livre qui sortirait, et on
22:07espère qu'elle sera encore vivante pour le premier, mais on n'en est pas sûr à l'âge qu'elle a,
22:10on pourrait le faire en trois fois avec chaque cahier, et finalement, les cahiers ont été faits
22:15pour elle, même si après, les lecteurs ont pu les avoir. Et donc on s'est dit, dans les cahiers,
22:19on va mettre des bonus, et donc on va raconter cette histoire de rencontre, donc j'ai écrit
22:22le petit texte, Dominique, il l'a transformé en BD, on a bien rigolé, et puis après, on s'est dit,
22:27c'est bien de le mettre dans la BD pour faire du storytelling, donc à la fois, on n'est pas dans
22:31la BD comme personnage, mais en même temps, on a cette petite phase, et qui est étrange parce
22:36qu'elle plaît beaucoup aux lecteurs, moi j'étais assez étonné, il y a deux choses dans le tome 1
22:40qui plaît beaucoup aux lecteurs, c'est la première scène, qui est plus marquante que ce que je
22:43pensais, avec l'explosion des enfants à la fin, et je trouve que tout le monde m'en parle, et moi,
22:48je savais qu'elle était forte, mais quand même, je me disais... Et puis à la fin, ce petit
22:53storytelling de rencontre, qui crédibilise le fait qu'elle a existé, qu'elle n'existe plus, mais elle a existé.
22:58Je pense que c'était un très bon ajout à l'album, ça montre bien le niveau de préparation qui a été
23:05fait en termes de recherche et d'entretien. Oui, mais c'était long, mais tu vois, ça n'empêche pas
23:11de se planter, parce que par exemple, dans le premier tome, maintenant c'est corrigé dans les
23:15rééditions, on a de la chance d'en avoir pas mal, mais elle m'a dit, il y a un mec qui l'a
23:21violée, bon je ne sais pas si vous avez lu Madeleine Résistante, et donc le mec qui l'a violée, elle m'a
23:25toujours dit, mais moi je le connaissais, c'était le fils de Madame Maréchal, on ne met pas le nom de
23:28Madame Maréchal, parce qu'elle était très connue, comme Amiens, et en fait, en plus, elle s'appelait
23:34Maréchal, c'était une collabo, donc il faut avouer que c'était quand même assez fou, et donc
23:40voilà, donc on n'a pas mis son nom, mais elle, elle l'a connue avant, et là, dans la BD, elle le croise, et
23:45puis après, il disparaît de l'histoire, mais elle l'a connue après aussi, et donc, parce que
23:50c'est Amiens, c'était une petite ville, et donc, elle m'a toujours dit, le gars, il était milicien,
23:56et donc, quand on fait la scène, on le met milicien, quoi, sans se rendre compte que la milice a été
24:03créée quatre mois après, ou cinq mois après, donc en fait, à cette période-là, il n'était pas
24:07milicien, il était dans le sol, qui était l'ancêtre de la milice, mais donc, on a corrigé dans
24:13l'édition suivante, mais ce qui est intéressant, c'est que même avec un témoignage comme ça, en fait,
24:17pour elle, elle était milicien, et c'est vrai, elle avait raison, sauf qu'à cette période-là, ce n'était pas
24:21possible, et donc, on peut quand même se planter, même avec un témoignage aussi précis,
24:26et une mémoire aussi précise que celle de Madeleine, qui était quand même une machine, quoi.
24:29Oui, je vois, puisqu'il y a quand même peu de place pour l'interprétation dans ce genre de travail en bande dessinée, finalement.
24:36En fait, nous, on a notre place dans la mise en scène, dans le rythme, dans tout le travail qu'on a fait,
24:40et c'est en ça que c'est notre BD. En fait, ce qu'on s'est dit avec Dominique, et avec Madeleine,
24:45en fait, on s'est dit, faisons une BD de genre de témoignage, chose qui n'existe pas tellement,
24:51c'est-à-dire qu'on prend un témoignage et on fait une vraie BD de genre, c'est-à-dire qu'on ne fait pas une BD Wikipédia
24:55ou comme mode d'emploi, on raconte la vie de la dame comme si c'était la vie de Blueberry ou de 13, quoi.
25:01Et en fait, c'est ça, Madeleine Résistance. Je pense que ce n'est pas très commun comme truc,
25:09mais enfin, on ne l'a pas fait exprès, c'était naturel.
25:12Et c'est la forme que ça a pris.
25:13Oui, je crois.
25:14Et qu'est-ce que le travail sur Madeleine a apporté au travail pour l'Armée des Ombres ?
25:19Je veux dire, en termes de recherche, est-ce qu'il y a eu des recherches supplémentaires ?
25:23Déjà, pour moi, c'était plus simple parce qu'il y a le livre, parce qu'elle m'en avait parlé,
25:28parce qu'elle m'avait parlé du livre en disant, quand on voit dans le tome 2 de Madeleine Résistante,
25:35à un moment, elle est arrêtée. Non, elle n'est pas arrêtée, elle rentre dans l'ombre,
25:38c'est-à-dire qu'on lui dit, une des chefs du réseau a été arrêtée, donc tu disparais,
25:43tu rentres dans le brouillard et donc tu ne rentres plus à ton domicile légal, ceci, cela.
25:49Donc ça, c'est dans le tome 2.
25:50Et elle m'a dit, en fait, c'est une dame qui a été arrêtée et c'est elle, c'est Mathilde.
25:58Et donc c'était elle, mais je l'ai su genre 30 ans plus tard, quand j'ai revu Paul, qui lui,
26:03elle était le chef de Paul, et donc Paul m'a dit qu'elle était arrêtée et finalement,
26:09elle a été libérée et donc Madeleine a pu retourner dans la légalité
26:13parce qu'elle n'a pas parlé, donc elle n'a pas été tuée, a priori.
26:16Mais je pense que Kessel a utilisé plusieurs personnages,
26:20ce qui fait qu'on peut très bien se dire que peut-être c'était aussi quelqu'un d'autre.
26:24Mais pour Madeleine, c'était vraiment évident que c'était elle, elle savait qui c'était.
26:28Ceci est un personnage important dans l'Armée des Ombres, finalement, elle fait le lien entre ces projets-là.
26:33Et j'avais ça en tête, on avait dû en parler quand je lui avais dit que
26:36j'avais lu l'Armée des Ombres avant de venir la voir et elle m'a dit, tiens, je suis au courant de ça.
26:42Mais après, la Résistance, c'est très compliqué, c'est des triangles,
26:45les gens ne se connaissent pas vraiment entre eux, c'est ça qui était intéressant.
26:48C'est ça qui était dur de raconter dans le deuxième Madeleine Résistante, d'ailleurs,
26:52parce que c'est beaucoup de détails et beaucoup de choses.
26:54Il ne faut pas que ce soit chiant à lire, donc on a cherché la forme.
26:58Mais du coup, j'étais prêt à faire l'Armée des Ombres et je comprenais bien les enjeux de tout ça.
27:04Alors, tout le monde les connaît un peu, mais grâce aussi à l'Armée des Ombres,
27:07le film en particulier, parce qu'on sait que les Résistants,
27:11ils s'étaient obligés de tuer des gens des fois de leur groupe parce qu'ils avaient peur
27:17d'être rattrapés par les Allemands, mais que ça ne leur faisait pas plaisir.
27:21On sent tout ça, en fait, tous ces gens qui n'ont pas envie d'être des assassins,
27:25mais qui n'ont pas tellement le choix, en fait.
27:27Non, c'est sûr qu'on sait ça.
27:28C'est une des premières scènes, je crois, de la bande dessinée.
27:30C'est la deuxième, je crois, oui.
27:32Quelle partie du roman de Kessel a été la plus difficile à adapter, je veux dire,
27:37en termes de l'histoire ?
27:39En fait, c'est toute la partie qui est celle du carnet,
27:43parce que tout le milieu, c'est le carnier de Gerbier.
27:47Et donc, c'est des notes éparses dans le livre.
27:51À chaque fois, il y a ce petit logo que j'ai repris.
27:53On passe d'une scène à l'autre, vraiment, du coq à l'âne.
27:56Et ça, c'est compliqué en bande dessinée parce qu'il faut trouver…
28:00On n'a pas le temps de s'attacher aux personnages.
28:01On passe de l'un à l'autre.
28:03Donc, il fallait trouver comment le faire.
28:05Je pense qu'on n'y est pas trop mal arrivé grâce au storyboard d'Emmanuel.
28:10Peut-être que je ne l'ai pas trop raté non plus,
28:11mais ça, c'était la partie délicate.
28:14Pendant un temps, je me suis dit, je ne vais peut-être pas le faire,
28:16parce qu'en BD, c'est compliqué.
28:18Puis je me suis dit, si je ne le fais pas, je n'adapte pas le roman de Kessel.
28:20Donc, je suis obligé de trouver une manière de le faire
28:23et que ça reste palpitant quand même.
28:26Donc voilà, on l'a fait.
28:28Et une dernière petite question sur le travail des dessinateurs.
28:34À quel moment est-ce qu'ils sont arrivés dans le projet ?
28:37Que ce soit pour Madeleine ou pour l'armée des ombres ?
28:41Pour Madeleine, Dominique est arrivé…
28:44Quand on a eu l'idée de demander à Dominique,
28:45il nous a fait attendre un an et demi.
28:48Donc, c'est vraiment qu'on voulait que ce soit lui
28:50parce qu'elle était déjà âgée, Madeleine.
28:54Mais on trouvait ça bien.
28:56Mais il hésitait à faire un truc de guerre.
28:59C'est un peu triste, un peu dur.
29:01Ce n'était pas évident pour lui.
29:02Il avait envie de faire des trucs un peu plus fun.
29:04Avant, il faisait un western transgenre
29:06où il était lui-même le héros habillé en robe en permanence.
29:08Donc, ce n'était pas tout à fait le même genre.
29:10Mais heureusement, il y avait une librairie gay-lesbienne dans le Marais
29:14qui est fermée maintenant et qui était juste à côté de chez Madeleine.
29:17Donc, un jour où j'ai vu qu'il allait en dédicace,
29:19je lui ai dit, viens, passe.
29:22Et dans ma tête, je disais, il va rencontrer Madeleine, il sera piégé.
29:25Il aurait pu dire non une fois qu'il aura rencontré Madeleine.
29:27Et c'est exactement ce qui s'est passé.
29:30Et après, en allant chez Madeleine,
29:32je pense que quelques jours après,
29:33il a eu un coup de fil en bas de la rue en arrivant de...
29:38Je ne devrais pas le dire, mais de Fluid Glacial qui lui a dit,
29:41je suis désolé, mais on arrête ta série transgenre
29:43qui s'appelait Mondo Reverso.
29:45Et j'étais à la fois triste pour lui et en même temps content
29:48parce qu'il allait pouvoir se consacrer à Madeleine.
29:51Et je pense qu'il s'était...
29:53Je pense qu'il est content de faire Madeleine aujourd'hui.
29:55Ça change sa vie, ça a changé notre vie, Madeleine a changé notre vie.
29:57Donc voilà.
30:00Est-ce qu'il y aura encore des projets qui seraient...
30:03Enfin, qui découleraient un peu de ce gros travail que...
30:08En fait, dans la vie de Madeleine,
30:10il y a encore plusieurs choses intéressantes
30:11qu'on pourrait traiter un peu sur le côté.
30:13Bon, la vie de Madeleine, elle est folle
30:14parce qu'autant elle est plus que légitime dans toute la France,
30:20au niveau national aujourd'hui, au niveau de la Résistance.
30:23Et d'ailleurs, c'est un truc qui m'a surpris,
30:25qu'une bande dessinée permette de faire revenir
30:27au premier plan de la Résistance nationale de la France,
30:31une personne.
30:32Parce que c'était quand même...
30:33Normalement, ça n'arrive pas avec une bande dessinée.
30:35Et on a observé ça quand même avec grande surprise.
30:37Et c'est comme si, c'est toujours bête ce que je dis,
30:40mais c'est comme si c'était un livre.
30:41C'est-à-dire que les gens, ils n'ont pas fait attention,
30:44entre guillemets, que c'était une bande dessinée.
30:45Ils ont trouvé aussi sérieux, entre guillemets,
30:48la bande dessinée que si c'était une biographie,
30:50un truc en disant, mais oui, Madeleine Riffaut, bien sûr.
30:53Et tous les journalistes la connaissaient,
30:54parce que c'est une légende du journalisme.
30:55Donc, tout le monde est venu la voir.
30:58Tout le monde voulait la voir.
30:59Donc, ça nous a aidés pour le lancement du premier.
31:01Et donc, voilà.
31:03Mais après, Madeleine, c'est plus compliqué dans sa vie d'après,
31:06parce qu'elle était grand reporter anticolonialiste.
31:09Donc, sur l'Indo, elle arrivait à la fin de l'Indo.
31:12Donc, ça, ça ira.
31:13Mais après l'Algérie, ça va être plus dur,
31:16son point de vue sur l'Algérie.
31:17Aujourd'hui, c'est encore compliqué.
31:20C'est plus saignant que la Seconde Guerre mondiale.
31:22Enfin, quoique, on a vu quand même un beau salut nazi il y a deux jours.
31:28Donc, ça paraît proche.
31:30Mais voilà, là, on sait qu'il y aura toujours des gens
31:36qui seront contre ce que disait Madeleine.
31:38Mais ce n'est pas grave, parce que nous, on raconte son point de vue.
31:40Elle a eu pour elle de ne pas être une passeuse de valise.
31:42Elle n'a pas passé d'argent dans le pays.
31:46D'argent pour le FLN.
31:47Mais par contre, elle était journaliste.
31:48Elle connaissait tout le monde.
31:49Elle était des deux côtés.
31:51Elle était vraiment pour l'Algérie indépendante,
31:53parce qu'elle disait, moi, j'ai viré les Allemands de mon pays.
31:57Ce n'est pas pour que mon pays se comporte comme ça dans d'autres pays.
31:59Donc, c'est un patriotisme de ne pas vouloir que mon pays se comporte mal.
32:05Mais en même temps, quand elle était en Algérie,
32:08comme il y avait la censure des Piu-Piu,
32:10dont mon père faisait partie,
32:11je ne pense pas qu'il ait rencontré Madeleine.
32:13Mais les soldats les appelaient.
32:16Par exemple, tout leur courrier était censuré par les autorités militaires.
32:21Donc, elle allait les voir dans les casernes.
32:23Elle récupérait plein de lettres.
32:25Une fois qu'elle était arrivée à Paris, elle les postait.
32:27Comme ça, les familles avaient les nouvelles pas censurées par le service militaire.
32:33Donc, en fait, elle a été sauvée, d'ailleurs,
32:35de son attentat de l'OS par les soldats du contingent.
32:38Donc, elle n'avait pas...
32:40C'est juste que sa position était celle-là.
32:42Et on sait que ça va faire grincer,
32:43mais ça fera aussi grincer des gens que je n'aime pas particulièrement.
32:45Donc, ce n'est pas très grave.
32:47Donc, voilà, ce sera la partie sans doute la plus dure.
32:50Et puis après, sa vie, elle continue avec les hôpitaux,
32:54avec les linges de la nuit, qui est un livre magnifique aussi,
32:56où elle est rentrée en sous-marin pour travailler dans un grand hôpital,
33:03qui est un livre magnifique.
33:04Donc, voilà, il y a encore plein de choses à raconter sur la vie de Madeleine.
33:08Et puis après, sur la Seconde Guerre mondiale, encore plein de choses.
33:10Mais sur la vie de Madeleine, voilà, c'est là où on en était,
33:12il y a un petit truc à part qui me semble intéressant,
33:15qui est la vie de Lion, qui est son arrière-grand-père,
33:20qui, lui, a été soldat pendant les Trois Glorieuses,
33:27et donc qui, après, a été un républicain.
33:30Et au moment de l'arrivée de Napoléon III,
33:32a été arrêté et envoyé en Algérie, au Bagne,
33:36pour avoir été républicain et avoir manifesté contre Napoléon III.
33:40Ça, c'est une histoire intéressante de la famille,
33:42qui est constitutrice sans doute aussi de sa révolte, en fait,
33:46et de son intelligence.
33:47Quand elle était toute petite, ses parents lui disaient
33:49« Il y a les carnets de Liron,
33:50mais tu ne pourras les comprendre que quand tu sauras lire. »
33:53Donc, elle a appris à lire très vite, pour lire ces trucs-là.
33:56Donc, ça, c'est du pure Madeleine.
33:57Donc, ça, on pourra en faire une espèce de spin-off,
33:59ce n'est pas du tout la même époque.
34:01Et puis, elle a récupéré aussi, en 1947-1948,
34:04quand elle était, pendant les grandes grèves des mineurs dans le Nord,
34:08à l'époque qu'elle travaillait pour Ce soir, le journal d'Aragon,
34:11et donc, elle dormait chez les habitants dans le Nord,
34:15et en fait, elle a récupéré les carnets d'un monsieur qui s'appelle Debarge,
34:18qui est un des premiers résistants communistes du Nord,
34:20qui a été tué par les Allemands très tôt, en 1941-1942, 1941, je crois.
34:24Et donc, qui raconte tout ça,
34:27et qui est une pièce compliquée de l'histoire du Parti communiste français,
34:31puisque à cette époque-là,
34:33normalement, par les accords avec les Allemands,
34:38ils n'avaient pas le droit de s'attaquer aux Allemands,
34:39mais lui, il s'en foutait, Debarge, il le faisait quand même.
34:42Donc voilà, elle avait traduit, puisque c'était du patois du Nord,
34:47cette histoire-là, et je pense qu'on la racontera aussi,
34:49elle est assez géniale.
34:51– C'était un sacré personnage quand même.
34:53– Oui, c'est ça, on va le dire comme ça.
34:55– Bon, et avec l'armée des ondes, du coup,
34:58j'ai l'impression que le portrait de Madeleine est un peu complet.
35:01– Oui, ça commence, mais il y a plein d'endroits autres où on peut aller les…
35:05– Ça a un point de vue un peu extérieur, du coup.
35:07– Voilà, c'est ça.
35:08Mais je lui dois vraiment d'avoir fait l'armée des ondes.
35:10Et je ne pensais pas le faire,
35:11c'est la question, je ne l'ai pas répondu tout à l'heure.
35:13Je n'avais pas d'idée de l'adapter pour de vrai.
35:16Mais Éric Derrian, l'éditeur, m'a dit, si tu veux le faire,
35:19on a la possibilité, donc voilà, j'ai foncé tout de suite.
35:21Et donc, j'ai commencé, on a signé, on n'avait pas encore de dessinateur,
35:26enfin non, on n'a pas signé quand on n'avait pas de dessinateur,
35:28mais on s'est dit, on le fait, j'ai commencé à écrire.
35:30On a cherché un dessinateur, Emmanuel s'est révélé assez vite.
35:34Mais après, ça a mis du temps à avoir le contrat,
35:35parce que ce n'était pas simple, apparemment.
35:37Et entre le moment où il a dit oui, où il était disponible,
35:39et le moment où il a dit… où on a pu commencer,
35:42il s'était passé six mois, et il n'était plus libre.
35:46Donc, on a demandé à Benoît de faire les décors d'après les storyboards,
35:50et c'était parfait, ça a permis d'aller vite.
35:52Je pense que ça structure bien le livre, les décors sont d'enfer.
35:57Donc voilà, on est content du bouquin.
35:58Le résultat est super, en tout cas.
36:00Merci beaucoup d'avoir répondu aux questions.
36:02Avec plaisir, connaissez toutes les réponses, ce n'était pas dur.
36:05Quelques questions pour l'auteur.
36:08Juste, si on a parlé beaucoup de Madeleine,
36:12quel symptôme la pause passe de ce livre ?
36:14C'est vrai.
36:14Évidemment, son dernier écrit est dans ce livre-là.
36:17Oui, c'est vrai, ça c'est vrai.
36:18C'est génial.
36:19C'est vrai, exactement.
36:21Est-ce que vous croyez que,
36:23vous parlez de Madeleine et de l'engouement que ça a créé,
36:30est-ce que vous croyez que,
36:32je vais m'envoyer un terme qui ne veut rien dire,
36:33mais les jeunes,
36:34Oui, oui.
36:35Bon, ça ne veut rien dire,
36:36mais les jeunes savent ce qu'a représenté
36:42à la fois la résistance et le sacrifice au moment,
36:47et le poids de la résistance dans la vie politique
36:51de la quatrième et de la cinquième,
36:53Tout à fait.
36:54avec ce côté,
36:57le Parti communiste qui était le parti des fusillés,
37:00et donc, c'est grâce à moi,
37:02et les gaullistes,
37:04j'étais à Londres, tu fermais, c'est grâce à moi.
37:07Ce qui, malgré cette opposition,
37:10n'a pas empêché de faire le fameux
37:14accord compromis gaulliste-communiste
37:17qui a créé, suite au programme du CNR,
37:21notre système de protection sociale.
37:22Exactement, notre société pour presque 100 ans.
37:25Oui, voilà, notre société,
37:28le concept de société,
37:29de ce qu'on appellerait aujourd'hui du vivre ensemble,
37:32qui était la solidarité à l'époque.
37:34C'est un beau programme quand même.
37:35Et donc, ma question c'est,
37:37est-ce que les jeunes,
37:39encore une fois,
37:40un concept qui ne veut pas grandir,
37:41et dire une chose pour moi,
37:45connaît la période,
37:46connaît l'importance de la période
37:49dans la deuxième partie du XXe,
37:53et finalement,
37:55vous l'avez dit,
37:57jusque dans les années 80,
37:59et même après avec Mitterrand,
38:02où il y a eu les polémiques,
38:04est-ce que la jeunesse actuelle
38:07a bien conscience
38:09que ça a marqué,
38:11et ça marque encore en souterrain ?
38:15Enfin, bon,
38:16il n'y a pas que Madeleine qui est morte.
38:18Oui, bien sûr.
38:19Benoît Pépin aussi, et ainsi de suite.
38:21J'étais plus triste pour l'un que pour l'autre.
38:23Ils sont confiants de ça ?
38:25Non, je ne pense pas,
38:25mais je pense que beaucoup de vieux non plus.
38:28Donc, ils ont une vague idée,
38:31mais il faut rentrer après
38:32dans le détail historique qui est plus complexe.
38:34Mais je pense qu'en revanche,
38:35d'ailleurs c'est intéressant,
38:36parce que je travaille pas mal
38:38avec le Mont-Valérien,
38:39et donc c'est intéressant
38:41que quand il était au pouvoir,
38:43je crois jusqu'en 48,
38:44De Gaulle, il a...
38:4646.
38:4646, 46.
38:47Il a décidé de créer
38:50le mémorial du Mont-Valérien,
38:52et qui s'est fait en 60,
38:54quand il est revenu,
38:55sauf qu'entre-temps,
38:55c'était la guerre froide,
38:56et qu'il n'a mis aucun communiste
38:57dans la représentation des cénotypes,
39:01comment ça s'appelle ?
39:02Enfin, les cimetières,
39:02les tombes...
39:06Ah, les boîtes, comment ça s'appelle ?
39:09Des boîtes où on met les morts,
39:10c'est hyper connu.
39:10Les cercueils.
39:11Les cercueils, voilà.
39:12Putain, c'était dur.
39:14Les cercueils vides,
39:15des cénotaphes, ça s'appelle.
39:16Et donc, il n'a pas mis de communiste, quoi.
39:20Alors que juste derrière,
39:21en fait, c'est la clairière
39:22où sont morts beaucoup de communistes,
39:24mais qui n'ont rien à voir
39:25avec le nombre qui est écrit
39:27sur la clairière, en plus.
39:27Il y a eu aussi des paradoxales
39:31où ont été également fusillés
39:34pas mal de résistants
39:37qui étaient au départ Action française.
39:39Oui, oui, oui, oui.
39:40Le premier...
39:41Ah, mais il y en a, hein.
39:43C'est pas prouvé
39:44qu'ils soient Action française,
39:45mais enfin, vu la famille et tout...
39:49C'est en ça que c'est intéressant,
39:49l'armée des ombres.
39:50Le premier cordier qui n'a pas été fusillé
39:51était Action française.
39:53Oui, oui, tout à fait.
39:54Le rôle de cordier...
39:55La droite pure et dure
39:56a quand même été résistante.
39:58Oui, bien sûr, et tous les partis.
40:00C'est ce que dit Kessel,
40:01et donc c'est ça qui est intéressant, je pense.
40:02Après, au Mont-Valérien,
40:05ils sont surreprésentés, les communistes,
40:07mais il n'y a pas eu autant de morts
40:10que les communistes ont dit après-guerre,
40:11et pas non plus autant de fusillés
40:12que sur la plaque.
40:13Non, les fusillés, c'est...
40:16C'est eux qui en ont le plus quand même,
40:17mais c'est vrai.
40:18C'est une propagande.
40:20Oui, oui, tout à fait.
40:20Ils sont appuyés là-dessus pour...
40:22Exactement.
40:23Donc voilà, c'est ça aussi
40:25qui est intéressant à raconter,
40:27mais je pense que là où c'est intéressant
40:30pour les jeunes, entre guillemets,
40:32c'est qu'il y en a pas mal quand même
40:34qui sont assez fans de Madeleine,
40:36pour qui ça représente un modèle.
40:38C'est-à-dire que même sans savoir
40:39exactement tous les retours de l'histoire,
40:42toute la complexité,
40:43ils se disent, il y a quand même quelqu'un
40:45qui a lutté quand elle avait 20 ans
40:46et qui a gardé le même...
40:47Oui, mais Aubrac aussi.
40:49À 100 piges...
40:50Aubrac, c'était un grand copain de Madeleine,
40:52donc il n'y a pas de...
40:52Oui, oui, mais il est sa femme.
40:54Oui, oui, et Lucie, pareil.
40:56Lucie, c'était plus compliqué.
40:57Mais il y a aussi une chose que je remarque,
40:59c'est qu'à la sortie de la guerre,
41:02on a sous-estimé le rôle des femmes de la Résistance,
41:05qui étaient à la fois des grandes résistantes,
41:09Madeleine, Aubrac, et tout de suite,
41:12et puis des petites pains,
41:13mais qui étaient indispensables.
41:14Ah bah, qu'ils sont hyper utiles.
41:15Et qu'aujourd'hui, on réhabilite...
41:19Il y a des temps.
41:19Au moins, on met en lumière
41:22le rôle des femmes de la Résistance.
41:24Oui, tout à fait.
41:25D'ailleurs, il va y avoir le Mémorial des Femmes
41:27à Romainville,
41:28dans l'ancien fort de Romainville.
41:29Des femmes de la Résistance.
41:30C'est intéressant, parce que...
41:31D'ailleurs, Madeleine le dit,
41:32je crois qu'on le dit dans le premier tome.
41:34Les veilletillons.
41:35Oui, bien sûr.
41:36Des femmes géniales.
41:38Et donc, elle dit,
41:40c'est forcément les femmes
41:41qui ont commencé la Résistance,
41:42puisqu'il y avait entre un million cinq
41:43et deux millions de soldats français
41:45en Allemagne au début de la guerre,
41:46quand les Allemands sont arrivés.
41:48Donc, qui a commencé ?
41:49C'est les femmes.
41:49Des hommes, il n'y en avait plus.
41:50Donc, c'est nous qui avons commencé.
41:53Et leur rôle n'était pas moins dangereux,
41:54qui plus est.
41:56Donc, voilà.
41:58Merci beaucoup, en tout cas.
41:59Avec plaisir.
42:02Alors, oui.
42:02Si vous voulez une signature,
42:04du coup, on a préparé un espace.
42:06Oui, oui, pardon.
42:07Excusez-moi.
42:08Désolé.
42:24Non, pas du tout.
42:25D'ailleurs, l'Armée des Ombres,
42:27j'étais même étonné de pouvoir le faire,
42:28parce que je pensais que le film serait un obstacle.
42:31Quand j'ai rencontré Wajdi,
42:33je pensais aussi qu'il allait me dire,
42:34vous êtes sympas, les gars,
42:35mais c'est Hollywood qui a les droits,
42:36parce que Denis Villeneuve,
42:37il a fait le film.
42:38Et donc, voilà.
42:39Et il m'a dit,
42:39mais non, en fait, moi, je garde tous mes droits.
42:41Je l'ai donné à Denis,
42:41parce que je le connaissais bien
42:42quand j'étais au Québec
42:43et je l'ai laissé faire.
42:45Et je ne les donne qu'à des gens que j'aime bien.
42:47Donc, je suis assez flatté.
42:47Ça veut dire qu'on lui a fait bonne impression.
42:50Donc, je travaille dessus.
42:51Pendant longtemps,
42:51je n'ai pas voulu voir le film.
42:53J'ai commencé mon adaptation.
42:55Et puis là, je l'ai vu il y a trois semaines,
42:57parce que je me suis dit quand même,
42:58il faut que je le regarde.
43:00Et donc, voilà.
43:02Mais je ne fais pas la même chose.
43:03Et je ne fais pas non plus la même chose
43:05que la pièce de théâtre.
43:06Donc, c'est ça qui est intéressant.
43:09Mais film ou pas,
43:10j'essaie toujours de revenir au texte originel.
43:13Voilà.
43:14Et par contre, je n'ai pas pu voir la pièce.
43:16Parce que la pièce,
43:17vraiment jouée par Wajdi et sa troupe,
43:20pour l'instant, je ne l'ai jamais vu filmée.
43:21Donc, il m'a dit qu'il me passerait un lien,
43:23mais il ne l'a pas fait encore.
43:24Et donc, je n'ai pas vu la pièce originelle.
43:26J'ai vu, j'aurais pu voir d'autres,
43:29par d'autres troupes.
43:31Mais je n'ai pas vu celle-là.
43:32Donc, j'ai hâte de la voir.
43:35Voilà.
43:38Il est sympa, Wajdi.
43:39Je vous le conseille.
43:39Je ne sais pas si vous l'avez déjà vu ici.
43:41C'est un mec chouette.
43:41Je ne suis pas sûr de si Wajdi,
43:44on l'a déjà vu ici ou non.
43:46Je ne l'ai pas encore lu, pour le coup.
43:51C'est bien.
43:54Eh bien, merci beaucoup.
43:56On applaudit aussi.
43:57Merci à vous.

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