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Chères lectrices, chers lecteurs,

Voici la captation de la rencontre de Jérôme Leroy autour de son roman La petite fasciste, paru à la Manufacture de Livres.

Discussion animée par Delphine Valadon, et enregistrée le mercredi 19 mars 2025.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

Dans une France en plein chaos politique et social, qu’ont de commun une jeune militante flamande identitaire de vingt ans et un député socialiste qui va remettre son siège en jeu sans vraiment y croire ? Pas grand-chose apparemment. C’est compter sans l’amour qui frappe où il veut et quand il veut, même dans un pays en proie à une violence généralisée qui vient de loin…
Transcription
00:00Et bien bonsoir à tous, nous sommes ravis de recevoir ce soir Jérôme Leroy à la
00:08librairie Lécume des Pages pour son dernier roman La Petite Fasciste aux éditions de...
00:15On n'entend pas ? La Petite Fasciste de Jérôme Leroy à la Manuf. La Manuf c'est une collection
00:26de la manufacture du livre qui propose des romans noirs, des romans qui traitent de questions
00:34contemporaines et qui essaient d'enrichir, de renouveler le genre des romans noirs. Alors avec
00:41Jérôme Leroy, il avait déjà précédemment publié La Petite Gauloise et j'ai envie de vous demander
00:47est-ce que c'est un peu le pendant ? Je ne sais pas si c'est le pendant mais j'ai envie de décliner
00:51au grand désespoir de mon éditeur toute une série de La Petite, presque de manière olympienne pour
00:58essayer de couvrir l'ensemble du prisme, de ce qu'il se passe aujourd'hui. C'est un peu le primorique pour le coup, c'est la Petite Fasciste.
01:05En plus oui. Qui elle est cette Petite Fasciste ? Cette Petite Fasciste elle vit dans une ville des
01:15Flandres qui s'appelle Frise. Vous pouvez la chercher sur la carte, elle n'existe pas. C'est une
01:22ville portuaire du nord de la France. C'est la 22e circonscription alors qu'il n'y en a que 21 dans le
01:33nord, c'est pour ça que j'ai appelé celle-là. Elle est un peu l'intello violente d'un
01:41groupuscule identitaire, hyper violent comme il en existe dans le nord, qui s'appelle les lions des
01:48Flandres. En plus elle est très douée, c'est vraiment un personnage oxymorique pour le coup.
01:53Elle est très douée parce qu'en plus elle est en lettres classiques, une hippocagne,
01:59en cagnes, elle vient de rater son normal-sup un peu de choses en lettres classiques. Donc j'ai
02:06voulu explorer le contraste de cette jeune fille de 20 ans, à la fois totalement habitée par une
02:12idéologie identitaire. Au début du roman, on la voit lire Alain Benoît, donc nue, mais ça
02:21permet de dramatiser. Elle participe à des actions assez violentes, elle a un certain goût
02:33pour la violence. Et en même temps, c'est une fille extrêmement intelligente et
02:42elle vient d'une famille qui, de toute façon, est une famille d'extrême droite, mais respectabilisée,
02:47c'est-à-dire comme se respectabilise l'extrême droite aujourd'hui. Et ça, c'est quelque chose
02:57que j'ai pu étudier dans un roman qui s'est abordé dans un roman qui s'appelle Le Bloc. Je le
03:02signale parce qu'il avait donné un film de Lucas Bellevau et je voudrais rendre au passage l'hommage
03:07à Émilie Dequenne, que j'avais pu voir sur les tournages et qui était justement, qui incarnait
03:11cette, là aussi, quelque chose de l'ordre de l'oxymore pour nous, qui est comment peut-on être
03:18aussi gentille, aussi lumineuse et candidate. Voilà, c'est toujours cette chose que j'ai envie
03:26de dire sur la politique en particulier, mais plus généralement sur l'humanité. Et l'humanité
03:34telle que la conçoit le roman noir, à savoir qu'il n'y a pas des bons et des méchants, et que les
03:41méchants, ce n'est pas marqué, même si ce serait plus pratique, si c'était plus pratique. Et en plus,
03:47effectivement, je pense que la définition, c'est ce qui se passe aussi dans La Petite
03:50Fasciste, c'est que les personnages ne sont pas du tout les mêmes au début qu'à la fin et
03:57échappent complètement à leur déterminisme. Absolument. En fait, dans vos romans, le bloc
04:05latino-gauloise, vous vous préoccupez évidemment de la politique, de la politique d'aujourd'hui.
04:12Là, on est en 2020, il va y avoir des élections. Le président de la République, qu'on appelle le
04:20dingue, alors tout encore avec un nom existant, mais on est dans une fiction, le dingue s'enferme
04:27à l'Elysée. Il dissout sans cesse et donc à deux nouvelles élections, un député va remettre son
04:41mandat en jeu. Il a 60 ans, il est à la croisée des chemins, comme on dit, il n'a pas vraiment
04:47envie d'y aller. Il fait l'avantage de l'augmentation de l'espérance de vie, c'est qu'il fait sa crise,
04:53je dis dans le roman, que maintenant, aujourd'hui, on fait sa crise de la quarantaine à 60 ans.
04:59Tout à fait. Il est un peu dans ce moment-là, mais enfin bon, on le présuppose comme étant le
05:10bon candidat pour le prochain Premier ministre. Alors cette politique, elle est vraiment très
05:18très présente et très importante. J'ai l'impression que vous vous posez des questions, effectivement,
05:23comme nous tous, sur où va-t-on aujourd'hui dans cette situation politique qui est la nôtre et
05:30quel est l'avenir pour notre jeunesse ? C'est une question récurrente dans vos romans ?
05:36Oui, c'est une question parce que je n'ai pas de réponse. Je pense qu'un écrivain n'est pas là pour
05:41apporter une réponse ou un message. Même si c'est un écrivain engagé, il est engagé par le choix de
05:46ses sujets, mais il ne faut certainement pas qu'il le soit dans le corps du texte. Sinon, je trouverais
05:51ça un peu lourd. Et ce qui m'intéresse depuis une quinzaine d'années, parce que ça a commencé avec
05:58le bloc, les derniers jours des fauves, l'ange gardien, etc., une espèce de cycle, en fait,
06:02que je fais, qui n'est pas chronologique, qui est plutôt quelque chose qui s'emboîte, c'est-à-dire
06:07avec des personnages secondaires. Moi, mon modèle éternel, c'est la comédie humaine, c'est-à-dire
06:12que c'est des personnages secondaires qui peuvent être des personnages principaux dans certains
06:16romans. Les organisations politiques, le nom des organisations, par exemple, le bloc patriotique,
06:20ça reste les mêmes noms qui jouent. Et en fait, je m'aperçois que la question obsessionnelle qui
06:28revient, c'est d'abord comment la démocratie peut tenir ? Je m'entends par là, comment la
06:39démocratie peut tenir face à la montée de ce qu'on appelle les populismes ? Comment la démocratie peut
06:45tenir face aux crises auxquelles elle est ? Est-ce qu'on va pouvoir continuer à vivre démocratiquement
06:53dans une, par exemple, si on affronte une pandémie ? Je parle, je pense, du Covid, mais toutes les
06:58crises qui sont à venir. Et donc, c'est une espèce d'interrogation plus ou moins inquiète sur...
07:04Je trouve que, par exemple, on s'aperçoit qu'aux États-Unis, il est très facile qu'une démocratie,
07:13une vieille démocratie... Tu m'expliques qu'il y a des contrôles de pouvoir, etc. J'attends de les
07:18voir. Mais voilà. Et c'est pour ça que le roman commence justement sur Edone. Enfin, il y a une
07:24espèce de narrateur, on ne sait pas qui c'est, qui raconte en fait que cette histoire-là raconte
07:29la fin, est un des éléments qui explique la fin de notre République. C'est un des motifs au cours du
07:34livre où, voilà, c'est dans les mois qui précédèrent la fin de notre République, etc. C'est un roman
07:43noir, mais qui n'est pas dénué d'humour. Sans cesse, dès la première scène, qui est une scène de
07:49carnage, on a affaire à un tueur à gages, mais un tueur à gages qui, normalement, est en fin de carrière,
07:55qui connaît son affaire, mais il va se tromper de cible. Alors, il va se retrouver, voilà, à tuer
08:04des jeunes gens qui étaient en train de faire une fête en été, et lui-même va finir par se
08:12faire descendre par une octogénaire. Voilà, on a un peu le ton du livre, c'est-à-dire qu'on est aussi
08:19c'est un roman qui se prend, en tous les cas, le narrateur ne se prend pas au sérieux, et on a
08:24comme ça toujours cette chose qui est à la fois très noire, très sombre, parce qu'on a la description,
08:29on est dans Parentino, la description vraiment d'un carnage de jeunes gens qui vont se
08:36faire éliminer les uns après les autres, et en même temps, il y a cet humour, il y a cette,
08:44voilà, vous êtes toujours un peu dans les deux registres. J'assume parfaitement d'avoir un boss,
08:52ses manchettes, c'est-à-dire que je ne peux pas concevoir de raconter des choses graves,
09:05des choses dures, autrement qu'avec une forme de distance, c'est pas la grosse rigolade non plus,
09:14mais une forme de distance qui fera forcément sourire, qu'on ne doit pas forcément sourire à
09:19ce moment-là, mais qui d'une certaine manière fera sourire, d'où d'ailleurs les interventions
09:23directes du narrateur dans son récit, qui commente lui-même parfois, ce que je faisais déjà dans les
09:29derniers jours, voilà, et ça c'est quelque chose qui m'attire, alors ça c'est quelque chose qui est
09:32hérité d'un mode de fiction que j'aime beaucoup, qui est le roman du 18e siècle,
09:40Jacques le fataliste et son maître par exemple, merci, parce que effectivement c'est aussi quelque
09:49chose qui m'a toujours plu, ce narrateur qui intervient, qui commente, et en même temps,
09:56on pourrait croire que ça casse l'action, mais je ne crois pas, je crois que ça la met en
09:59perspective, c'est encore paradoxal, mais c'est une distanciation qui rapproche en fait de l'action,
10:06qui l'authentifie d'une certaine manière, puisque celui qui raconte l'histoire, voilà,
10:11et ça c'est quelque chose que moi qui est important, et plus généralement, je tiens à dire que pour moi
10:17le roman noir tel que je l'aime et que je le définis, c'est à la fois quelque chose qui se
10:23passe ici et maintenant, mais si possible, et Manchette l'a parfaitement montré, mais d'autres
10:30auteurs après lui l'ont fait aussi, c'est le lieu d'une expérimentation littéraire aussi. Alors ok,
10:37à un niveau de lecture, c'est fait pour contourner les pages, et j'espère que c'est... mais c'est
10:42aussi fait pour écrire autrement, de toute façon on ne peut pas dire le monde tel qu'il est, en
10:47rendre compte, en le disant avec ce que Mallarmé appelait les mots de la tribu, on a besoin d'un
10:52autre... d'une autre façon de le faire, et d'une certaine manière c'est ce que faisait Manchette,
10:57mais je pourrais aussi citer chez des... il est très étonnant de voir que ce mouvement,
11:01ce qu'on a appelé faussement le néopolar dans les années 70, c'est des gens qui étaient tous
11:06plus ou moins des sacrés stylistes. Je peux parler de Manchette, je peux parler de Vautrin,
11:11d'une certaine manière je peux parler de gens comme Fajardi, c'est des gens qui inventent
11:18leur forme au fur et à mesure où ils racontent une histoire, parce qu'à mon avis, pas pour faire
11:22les beaux, mais parce qu'on a besoin de raconter différemment les choses pour en rendre vraiment
11:29compte. Oui, parce qu'au même titre que la politique effectivement qui est très présente
11:33dans votre... la question politique dans vos romans, la littérature elle est omniprésente,
11:39et d'ailleurs vous vous amusez beaucoup, vous vous amusez beaucoup parce que vous truffez votre texte
11:43de citations littéraires, j'en ai repéré pas mal, je pense pas toutes, voilà, et ça il faut pas...
11:52voilà, le lecteur aura le plaisir de le découvrir en lisant, donc je pense que vous vous faites
11:57vraiment plaisir. Oui, mais même, je cite même de la variété en citations blanches, quand il y a une histoire d'un espèce de coup de foudre, je ressors des paroles.
12:06Et puis vous avez cet humour aussi sur les noms propres, par exemple, la première ministre s'appelle Louise Michel, le tour a égagé s'appelle Victor Serge, voilà, on est comme ça dans des choses, et puis la littérature elle est présente aussi avec les personnages, puisque comme vous le disiez, la petite fasciste, qu'on appelle comme ça depuis toute petite, c'est une grande lectrice, elle lit les prêts socratiques, elle lit,
12:36voilà, elle lit un peu dans tous les sens, mais certainement... Oui, parce qu'au début du roman, elle lit Alain de Benoît, donc qui est le théoricien de la nouvelle droite, et elle trouve ça nul en fait, elle lit sa parole. Voilà, et elle va finir par lire Hadda, Hadda ou Lardeur, voilà, et en fait, elle évolue, et vous dites à un moment donné qu'elle est de moins en moins petite fasciste, est-ce qu'on peut, alors sans que ce soit un peu trop grossier, mais se dire que par la littérature, par la culture, peut-être on peut aider cette petite fasciste,
13:06cette jeunesse ? Oui, mais ça, je ne crois pas, parce que justement, elle est quand même en cagne, non, ce qui change tout, c'est l'amour, voilà, parce que ce n'est pas un coup de foudre, et c'est le coup de foudre qui est toujours le même depuis, c'est ce que dit le narrateur à un moment donné, en commentant ce qui se passe d'un seul coup, c'est-à-dire qu'il y a une histoire d'amour, voilà, et c'est ça qui va tout changer en fait, qui va achever de tout changer, parce qu'en plus, je ne peux pas en dire trop, parce que c'est toujours quand on parle d'un roman noir, mais elle a en plus une révélation sur le fonctionnement de sa famille,
13:35qui n'est pas des plus plaisants, voilà, mais effectivement, par contre, j'ai aussi l'idée qu'à l'époque où elle est enfant encore, en fait, que le racisme est une construction idéologique, parce que quand elle est petite, elle est amoureuse d'un garçon qui s'appelle Jugurta Ait Ahmed, qui est un jeune Kabyle, voilà, qui est une espèce d'amour adolescent qui dure jusqu'à…
14:02— Donc effectivement, roman noir qui s'intéresse à la politique, mais aussi un roman d'amour, parce qu'il va y avoir, voilà, et vous n'êtes pas non plus forcément politiquement correct vis-à-vis de votre époque, puisque, bon, voilà, ce roman, cette histoire d'amour, elle a lieu entre une très jeune fille et un monsieur un peu moins…
14:24— Le narrateur le dit lui-même, ce qui est strictement interdit aujourd'hui. Donc, justement, c'est à nouveau aussi, on crée de nouveaux interdits, ils sont à nouveau là pour être… Mais je pense que ce qui fait sortir le… En fait, j'ai un ami qui a déjà écrit un papier sur le livre, qui s'appelle Serge Quadrupani, qui est un auteur de romans noirs aussi que j'aime beaucoup, et qui avait dit à propos de cette histoire, donc, d'un homme de 60 ans qui… Enfin, d'un coup de foudre mutuel, égalitaire,
14:54entre une fille de 20 ans et un homme de 60 ans, ce qui fait sortir l'archi… Enfin, c'est exactement ce que j'ai voulu montrer, c'est qu'en fait, au-delà du côté hyper patriarcal de l'histoire, en même temps, c'est ça qui va mettre un, passez-moi le mot, un bordel énorme dans la situation politique du pays qui n'a pas besoin de ça, c'est-à-dire qu'en fait, ça met… C'est la chose qui va faire, pas par le scandale moral que ça pourrait représenter, mais simplement par le simple fait que ces deux personnages-là vont se dérober,
15:24vont arriver à leur destin et vont achever l'effondrement du système qui, d'ailleurs, ne méritait que ça, en plus.
15:32Parce qu'elle, effectivement, elle sort donc de cette organisation ultra. Il me semble quand même que vous avez, comment dire, pas mal d'empathie avec cette jeunesse dont elle est plutôt idéologique, mais elle a une idéologie, en tous les cas.
15:53Elle lit sur la question, elle a une idée. Beaucoup de ces jeunes sont désœuvrés, ils sont là un peu, voilà, ils ne sont pas là par conviction, ils sont là parce qu'ils rencontrent une bande de copains, ils peuvent boire des bières gratuitement et faire du sport entre eux, et c'est la dérive de cette jeunesse qui va…
16:13Oui, oui, mais je ne suis pas tout seul à le dire, il ne s'agit pas d'excuser ou de les excuser, etc. Mais qui a vécu dans le Nord de la France, dans les zones d'éducation prioritaires, etc., c'est très bien que quand une jeunesse se radicalise d'un côté ou de l'autre, de toute façon, elle se radicalise parce qu'elle y trouve aussi une forme de sociabilité disparue,
16:41une forme de… le fait à nouveau d'être ensemble pour quelque chose, dont on a l'impression que ça peut nous dépasser. Et en fait, la plupart du temps, c'est une erreur tragique, mais je veux dire, je leur en veux beaucoup d'or, puis je suis pour leur en vouloir, pour leur tourner le dos.
17:03Et surtout, ce n'est pas eux les responsables. Enfin, on a des choix à faire, etc. Je ne suis pas dans la culture de l'excuse, mais si, on peut quand même, d'ailleurs. Mais je veux dire, enfin, savoir ce que ça veut dire de représente, ce que veut dire tout milieu confondu, un peu plus dur quand en plus on n'est pas de la… Mais ça veut dire quoi avoir 20 ans aujourd'hui ?
17:25Enfin, je ne vais pas reprendre la phrase de Nisan, mais pour le coup, elle n'a jamais été aussi vraie sur le fait que ce n'est pas le plus bel âge de la vie. Et sincèrement, ce qui m'arrive aussi parce que j'écris de la littérature à dos, de faire pas mal de rencontres en lycée. Régulièrement, il faut quand même leur dire qu'ils n'acceptent pas ce discours que parfois on leur tient en disant « de mon temps, c'était plus dur ». Non, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai, c'est-à-dire que je préfère avoir eu 20 ans en 1984 qu'avoir 20 ans en 2024.
17:53Ça me semble une telle évidence. Et à ce titre-là, à défaut d'avoir des excuses, je pense que c'est une certaine forme de radicalisation, que ce soit l'extrême-droite ou une radicalisation religieuse par ailleurs. Il y a des circonstances atténuantes. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter contre, mais il faut dire aussi qu'il faut peut-être les prendre en compte.
18:17Et à contrario, vous n'êtes pas tendre avec la classe politique ?
18:21Non, ça dépend. Par exemple, je trouve que mon député socialiste, il est plutôt… Je trouve que je suis hyper cool avec un député socialiste. Il est pétri de contradictions, mais il a une certaine sincérité.
18:36C'est plutôt un honnête homme.
18:38C'est plutôt un honnête homme, voilà. Il y a un personnage comme ça de génie, ces personnages un peu comme, je ne sais pas, Buisson autour de Sarkozy, des gens comme ça qui sont des conseillers. Elle s'appelle la Tarantule, je ne sais pas, elle a joué ce rôle-là. C'est une femme d'un certain âge.
18:58D'ailleurs, son appartement est…
19:00Elle s'appelle la Tarantule.
19:02Son appartement est juste au-dessus.
19:04Oui, j'ai fait ça exprès parce que… Oui, en plus… Non mais je l'ai fait, ce n'était pas pour me faire… Mais son appartement est juste au-dessus. Puisque la dernière… Peu de temps avant sa mort, la dernière chose qu'elle fait, c'est de regarder votre vitrine.
19:14C'est de regarder la librairie, voilà.
19:16Ça, c'est un petit pneu d'œil, donc ne pouvez pas ne pas vous inviter.
19:18Merci.
19:20Voilà, je ne sais pas si certains l'ont lu, déjà, le roman. Si vous aviez une question ou envie de poser une question à Jérôme Leroy pendant qu'il est là avec nous. Non, pas forcément. Est-ce que vous aviez envie de dire des choses qu'on n'a pas abordées ?
19:40J'ai envie de vous dire de le lire.
19:42Oui, voilà, il faut le faire lire.
19:44Déjà, pour commencer…
19:46Oui, il ne faut pas dévoiler trop parce que l'histoire, elle est très…
19:48Pour commencer, non, j'insiste encore sur le fait que c'est ce qui me fait plaisir, particulièrement avec ce roman, c'est la collection dans laquelle il s'inscrit. Il y a d'autres titres.
20:04Cette collection s'appelle « La Manuef », donc par rapport à Mufaktur, avec son désir de… En fait, c'est ce retour aux séries noires que je lisais, moi, dans les années 80, quand je prenais un manchette, un puits, etc.
20:22C'était pas trop cher, et puis on découvrait à l'occasion de la littérature, et c'était écrit, et ça permettait de…
20:34Et je pense qu'en renouvelant… Et oui, je l'ai dit au début, encore une fois, le roman noir qui m'intéresse et pour écrire et en tant que lecteur, et c'est plus si fréquent qu'aujourd'hui, c'est un roman qui se passe ici et maintenant.
20:48J'entends par là que très souvent, le roman noir, il aime beaucoup maintenant être dans l'histoire, par exemple, dans le passé, ou ailleurs. Moi, ce qui m'intéresse, c'est ici et maintenant.
21:00Et là, encore une fois, dans les premiers titres qui paraissent dans « La Manuef », ça se passe ici et maintenant.
21:07Et en plus, on ne renonce pas à la littérature.
21:10Ça, j'espère, oui. En tout cas, après, je ne peux pas répondre forcément pour tout le monde, mais je tiens à dire que l'idée est là, quand même.
21:19Donc, ce sera toujours des textes sur l'époque contemporaine ?
21:24Sur l'époque contemporaine.
21:39Très bien. Moi, j'avais juste envie de vous parler de ce petit texte-là, parce que moi, vraiment, il m'a...
21:46Ah, si vous avez une question, avec plaisir.
21:54Oui.
22:04Je vous remercie d'aborder ce point-là, parce que un des grands plaisirs que j'ai eus dans ce roman, c'est d'inventer Frise et sa région.
22:12C'est-à-dire qui est sur une carte, ce serait quelque part entre Dunkerque et la frontière belge, ce qui est impossible.
22:21Donc, c'est un territoire rajouté et qui me laisse suffisamment de liberté pour...
22:28Enfin, il y a toujours un plaisir à inventer une ville, inventer le nom des rues, inventer l'atmosphère,
22:35et en même temps, restituer quelque chose que je connais quand même un peu, qui est l'atmosphère des Flandres.
22:39Voilà, ce goût des Flandres.
22:43Puis en plus, moi, j'adore, je crois que vous aussi Martine, les plages qui vont...
22:48C'est une espèce de longue, longue, longue langue de sable qui commence avec la côte Picarde et qui va pratiquement jusqu'à la frontière belge.
22:55Voilà, donc c'est des paysages que j'aime et j'ai voulu aussi leur rendre hommage.
23:00Mais aussi, inventer une ville, c'est un vrai plaisir.
23:02Pour moi, c'est inventer Frise, qui est finalement...
23:08Qui pourrait être un peu Dunkerque.
23:09Inventer le nom des quartiers.
23:10Inventer le nom des quartiers, oui, qui sont peuples.
23:13Voilà, c'est ça, le marché, le quartier.
23:16Voilà, le quartier un peu chaud, le Grand Quatre-Andes, etc.
23:19Vraiment, c'est un...
23:21Ça, c'est un vrai plaisir.
23:22Voilà.
23:23C'est une grande liberté.
23:24Et ça permet une grande liberté.
23:26Et oui, ça rajoute pour moi une forme de création.
23:33Enfin, voilà.
23:34C'est à la fois totalement...
23:37C'est comme les personnages.
23:39En fait, je n'ai pas de personnage à clé dans mes romans politiques.
23:42Je le maintiens.
23:43Le dingue, bien sûr, que vous pouvez penser,
23:45puisque c'est quelqu'un qui dit soit répétition,
23:47qui a un égo gros comme ça,
23:48et qui ne se rend pas compte que le pouvoir lui échappe en plus.
23:50On peut toujours trouver une clé.
23:52Mais non, c'est le dingue.
23:53Et pareil, on peut toujours me dire, Frise, c'est un peu Dunkerque.
23:56C'est un peu...
23:59C'est un peu envers.
24:00C'est un peu...
24:03Voilà, c'est parti.
24:04C'est ces villes du Nord.
24:07C'est un peu Bayeul, tout ce que vous voulez.
24:09Mais en même temps, je l'inscris dans une réalité.
24:12Et c'est Frise.
24:14Ça existe pour autant que je...
24:16Voilà, il existe parce que je dis que ça existe.
24:21Oui, je voulais faire une petite incursion
24:23parce que vous n'écrivez pas que des romans noirs.
24:25Vous écrivez de la poésie.
24:26Vous écrivez de la littérature de jeunesse.
24:28Et des romans qui ne sont pas des romans noirs.
24:30Il y a ce petit OVNI que j'ai beaucoup aimé
24:34parce que vous y livrez beaucoup.
24:36Je trouve qu'on vous découvre beaucoup dans ce...
24:39Il y a beaucoup d'humour, beaucoup d'ironie.
24:41Je pense que c'est le seul texte un peu autobiographique
24:44que j'ai fait qui est une espèce d'autoportrait
24:48par éclats, en fait.
24:50Voilà, c'est ça.
24:51C'est une espèce de miroir brisé.
24:53Je suis allé dans le miroir, j'ai cassé le miroir
24:55et après je raconte ce que je trouve
24:57sur chaque morceau du miroir, à peu près.
24:59Voilà.
25:02Vous vouliez dire autre chose sur la petite fasciste ?
25:05Sur la petite fasciste et sur...
25:07Le titre, c'est vous qui l'avez trouvé ?
25:10Le titre ?
25:11Oui.
25:12Parce que vous le trouvez assez...
25:13Je l'ai proposé.
25:14Oui, mais c'était comme La Petite Gauloise,
25:16c'est-à-dire que c'est venu comme ça.
25:18L'éditeur a accepté tout de suite l'idée.
25:22Et puis, je vous dis encore une fois, sincèrement,
25:25ça ouvre à une déclinaison...
25:28Possible, une connexion.
25:29Presque olympienne de...
25:31Voilà.
25:33Il y a eu des Claudines.
25:34Oui, c'est ça.
25:35La série des petites.
25:37La série des petites.
25:38Voilà, je vous remercie absolument.
25:40Merci beaucoup.
25:41C'est un vrai plaisir.
25:42Merci beaucoup.
25:43Merci à tous.
25:44Merci.
25:45Merci.
25:46Merci.
25:47Je me demanderais,
25:48si vous écrivez aussi pour les adolescents,
25:50si vous le recommanderiez,
25:51peut-être pas dans les lycées,
25:52pour faire du carnage...
25:53Ça ?
25:54Si vous le recommanderiez quand même
25:55à des adolescents...
25:56Non.
25:57Non, non.
25:58Je vais faire très rapidement,
26:00parce que je ne vais pas...
26:01Mais en fait,
26:02la différence entre la littérature ado
26:05et la littérature...
26:06Enfin, young adult
26:07et la littérature vraiment adulte,
26:11c'est la question du point de vue.
26:13C'est-à-dire que
26:16s'il y avait eu un personnage
26:17de 15-16 ans,
26:18un peu plus jeune
26:20que la petite fasciste,
26:22par exemple,
26:23qu'elle ait eu une petite sœur
26:24et que ce soit la petite sœur qui raconte,
26:25ça pourrait être un roman jeune ado,
26:27parce qu'elle raconterait de la violence
26:29ce qu'on peut en savoir à 16 ans
26:31ou à 15-16 ans.
26:32Là, ce n'est pas du puritanisme.
26:35C'est juste que c'est trop...
26:38Il faut faire attention.
26:39Voilà.
26:40C'est une déthique.
26:41Ce n'est pas du tout...
26:42Et donc, ça ne veut pas dire
26:43que les romans ados sont aseptisés.
26:44Ça veut dire que
26:45parfois, j'ai des sujets jusqu'au bout.
26:47Par exemple, le prochain
26:48qui sortira à la manufacture,
26:50normalement,
26:52c'est un...
26:53Le sujet,
26:55l'envie...
26:56J'ai hésité très longtemps
26:58avant de me dire,
26:59est-ce que j'en fais un roman
27:00jeune adulte
27:01ou un roman adulte,
27:04pour aller vite.
27:06Et ce qui décide à chaque fois,
27:07c'est simplement
27:08le changement de point de vue.
27:10Mais pour dire à quel point
27:11la différence est ténue,
27:12c'est qu'il arrive
27:13que ces romans jeunes adultes,
27:14une fois,
27:15je ne suis pas le seul auteur
27:16à qui ça arrive,
27:17quand ils passent en poche,
27:18passent en poche sans mention
27:21d'origine de la collection.
27:24Voilà.
27:26Donc, on peut lire à partir
27:27de quel âge ?
27:28Ah ben ça, je ne sais pas,
27:29c'est...
27:30Ça, oui, non, mais...
27:31Oui, non, mais on peut lire
27:32à partir...
27:33Non, mais je pense que
27:34les lycéens, s'ils ont envie
27:35de le lire, ils le lisent
27:36et ce n'est pas...
27:37Voilà, après, c'est...
27:38Je dis simplement
27:39que pour aller vite,
27:42pour avoir été enseignant,
27:43je ne le conseille pas
27:44aux classes de 3e.
27:45Vous ne pouvez pas lire, oui.
27:46Voilà.
27:47Et même en seconde,
27:48à l'époque,
27:49il y avait une option
27:50qui s'appelait littérature
27:51et même en seconde,
27:52il y avait une option
27:53qui s'appelait littérature
27:54et société
27:56et qui était pas mal.
27:57Bon, même là,
27:58c'est peut-être un peu tôt,
27:59mais en même temps,
28:00je n'en sais rien
28:01parce que la maturité
28:02qui connaît les adolescents,
28:03c'est très bien
28:04qu'on a le même âge écrit
28:05et des maturités de lecteurs
28:06qui sont tellement différentes
28:07que...
28:08Voilà, je veux dire,
28:09c'est...
28:10Moi, ce que je veux surtout,
28:11ce n'est pas...
28:12Pour les adultes,
28:13ça ne me gêne pas du tout
28:14de choquer, d'énerver,
28:15de...
28:16Mais je n'ai pas envie
28:17de choquer,
28:18d'énerver,
28:19de...
28:20Je veux dire,
28:21c'est...
28:22C'est...
28:23C'est...
28:24Je n'ai pas envie
28:25de choquer.
28:26Je ne suis pas fait pour ça.
28:27Merci.
28:28Merci, merci.
28:29Merci beaucoup.
28:30Merci.

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