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Un riverain d’un quartier de Nice touché par le trafic de drogue témoigne dans "Morandini Live": "On est carrément en prison chez nous. On a la peur au ventre, on baisse les yeux" - Regardez

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Transcription
00:00Voilà donc ce qu'il se passe dans ce quartier. Justement, il y a un habitant qui a accepté de témoigner en direct ce matin.
00:05Il est avec nous. Il témoigne de façon anonyme, bien évidemment, parce que vous imaginez la pression qu'il y a dans ce quartier.
00:10Bonjour, monsieur. Merci d'être en direct avec nous. Vous habitez dans ce quartier Bon Voyage. Quelle est la situation sur place ?
00:18– C'est simple. Ici, c'est une mafia qui s'est installée.
00:25– Comment ça se passe au quotidien ?
00:27– C'est simple. Il y a des guetteurs qui ont intégré le chemin aux clients pour acheter de la drogue.
00:34Ils ont installé carrément des barrages avec des conteneurs à poubelle. Ils fouillent, ils passent, ils menacent.
00:40Nous, nous vivons dans la peur et personne ne nous aide.
00:44– Vous avez l'air un peu désespéré. Vous dites, nous vivons dans la peur et personne ne nous aide.
00:47J'ai un peu le sentiment que c'est un appel au secours que vous avez envie de lancer.
00:52– C'est exactement le terme. Nous appelons au secours le préfet, nous appelons au secours le ministre de l'Intérieur, le président de la République.
01:03– Mais ça fait combien de temps que cette situation dure ?
01:06– Ça fait des années, Hélas. Ça fait des années. Nous ne savons plus quoi faire, en fait.
01:11On ne sait plus quoi faire. On est en lieu à une guerre des gangs.
01:15– Et vous avez le sentiment que la situation s'aggrave ?
01:19– Mais bien sûr, mais bien sûr, puisque personne ne fait rien. Donc ça s'aggrave.
01:25– Vous, au quotidien, ça se passe comment ? Par exemple, quand vous voulez rentrer chez vous,
01:28si vous voulez rentrer chez vous le soir, vous êtes obligé de rendre des comptes à ces bandes qui sont sur le terrain ?
01:33– C'est exactement ça. Donc quand on rentre ou quand on sort, on a la peur au ventre.
01:38Nous ne savons plus quoi faire. On nous baisse les yeux.
01:41Donc nous sommes obligés de montrer les sacs, de m'assoulver les vestes.
01:45Donc nous vivons dans la peur. On est carrément en prison chez nous.
01:50Nous ne sortons plus le soir. Nous n'avons plus de vie sociale.
01:54C'est ça qu'il faut prendre en compte.
01:56– Mais les mots que vous employez sont forts. Vous dites, on est quasiment en prison chez nous.
02:01– C'est exactement ça. Nous sommes carrément en prison chez nous. C'est le terme juste.
02:06– Ça veut dire que le soir, par exemple, vous préférez ne pas sortir
02:10plutôt que d'avoir à croiser ces bandes-là ?
02:12– C'est exactement cela. Nous ne sortons plus le soir.
02:17– Mais est-ce qu'il y a des forces de police qui font des descentes régulièrement ?
02:21Comment ça se passe ? Quels sont les rapports avec les forces de l'ordre ?
02:24– Très peu, mais par contre j'ai le pire à souligner.
02:26Ils font un travail remarquable. Mais non, par contre, ils ne sont pas assez nombreux.
02:31Donc ils passent, ils passent, ils font quelques patrouilles.
02:34Mais non, par exemple, nous, contrairement à d'autres quartiers de Nice,
02:39nous n'avons eu aucune opération plate-nette. Pourquoi ? Pourquoi ?
02:44– Et ils sont combien ces dealers qui tiennent la cité ?
02:49– Ils sont énormément, vous savez. Donc, entre le nombre avec les chouffes,
02:57avec les vendeurs, ils sont des dizaines et des dizaines.
03:01Mais du matin au soir, H24, 7 jours sur 7.
03:06– Ah oui, ils sont plusieurs dizaines quand même.
03:07Ce n'est pas juste une petite bande d'une vingtaine ou d'une trentaine.
03:10Ils sont très nombreux à tenir les lieux.
03:13– Oui, c'est un nombre mafia avec des horaires fixes.
03:17Il y a une équipe du matin, une équipe d'après-midi, une équipe de nuit.
03:22Ils sont là tout le temps, ils sont là tout le temps.
03:25– Et monsieur, en fait, si vous restez dans ce quartier,
03:28c'est parce que vous n'avez pas les moyens d'aller ailleurs ?
03:30Excusez-moi de vous poser la question directement,
03:32mais je pense que beaucoup de gens se la posent aussi.
03:34– Oui, pour un point tout à fait franc avec vous,
03:37nous nous sommes confrontés à une précarité financière qui nous laisse ici,
03:43qui nous laisse ici, c'est là.
03:45– Et vous avez essayé, vous avez fait des demandes à la mairie
03:49pour essayer d'aller ailleurs et c'est impossible ?
03:52– J'en ai fait plusieurs demandes qui ont systématiquement refusé.
03:56Je tiens à souligner aussi qu'il y a un double discours sécuritaire
04:01de la part du maire, M. Estrosi, qui, devant la presse,
04:05prône un double discours sécuritaire et qui, en fait, ne fait rien.
04:10Après, je tiens à souligner aussi l'inaction
04:14et la complaisance du bailleur social.
04:18– Mais j'ai entendu tout à l'heure, vous disiez, voilà,
04:21je lance un appel et j'ai entendu votre désespoir,
04:23parce que vous dites, je lance un appel à la mairie,
04:25je lance un appel au préfet,
04:28je lance un appel au ministre de l'Intérieur, à Emmanuel Macron,
04:31mais qu'est-ce qu'il faut faire, d'après vous ?
04:33Vous aimeriez qu'on fasse quoi ?
04:35– Donc c'est simple, il va falloir plus de présence policière.
04:39Après, moi, j'aimerais bien faire en sorte
04:42qu'on puisse, non, pénaliser le mainterme d'être guetteur.
04:47Ce n'est pas normal que des majeurs de 15-16 ans
04:51puissent être guetteurs à 100 euros par jour
04:55et qu'on puisse rien faire.
04:57Après, moi, je ne suis pas un politique, vous savez,
05:01donc je demande juste de vivre dans la paix.
05:04C'est tout ce que je demande, vivre dans la paix.
05:06– Oui, comme la plupart des gens.
05:08Vous êtes plusieurs locataires, c'est ça ?
05:12– Oui, oui, tout à fait, monsieur.
05:14– Vous êtes plusieurs locataires, vous êtes réunis à parler entre vous,
05:17qu'est-ce qui se dit entre vous ?
05:19– C'est un sentiment de rabot général,
05:23et c'est un sentiment de résignation.
05:26Une résignation, puisqu'on a beau écrire,
05:29on a beau appeler à l'aide, très peu nous répondent.
05:33Très peu nous répondent, nous ne savons plus quoi faire.
05:36– On entend bien, merci en tout cas d'avoir osé témoigner,
05:40et on comprend bien évidemment, et puis surtout on entend dans votre voix,
05:43on entend à quel point il y a ce désespoir chez vous,
05:46on espère qu'en parler va permettre de faire bouger les choses.
05:49Merci beaucoup monsieur et bon courage.
05:51– Merci infiniment, merci encore.
05:53– Je vous en prie, bon courage à vous et à tous les habitants qui habitent là-bas.

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