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48 heures après la mort de Fayed, 10 ans, victime collatérale de la guerre entre trafiquants de drogue, un homme de 18 ans a été abattu jeudi à Nîmes, sur un point de deal du quartier de Pissevin. Les habitants du quartier se disent particulièrement inquiets.

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Transcription
00:00 Un nouveau cap de violence a été franchi cette semaine dans le quartier Pisse-Vin à Nîmes.
00:04 Deux morts sur fond de trafic de drogue.
00:06 Les habitants pris en otage vivent dans la peur.
00:09 Ce matin, avec Cécile Olivier et Jérémy Normand sur place,
00:13 nous avons une invitée qui est avec nous.
00:16 C'est Ourya, habitante du quartier Pisse-Vin.
00:19 Bonjour, votre témoignage est précieux.
00:22 Quel est votre sentiment aujourd'hui, vous qui habitez sur place,
00:25 après on le rappelle ces deux morts, malgré le déploiement de ces policiers sur place ?
00:30 Visiblement, Ourya ne nous entend pas.
00:35 Jérémy Normand, vous êtes dans ce quartier depuis ce vin, depuis le début de la semaine.
00:39 Est-ce que vous avez le sentiment que dans ce quartier,
00:42 ce sont les dealers qui ont pris le pouvoir ?
00:45 Bonjour, pour vous répondre, je vous emmène ce matin dans la galerie Wagner.
00:51 C'est le poumon économique de la cité Pisse-Vin.
00:54 C'est ici que l'essentiel des commerces, ici une boulangerie, là la pharmacie, se trouve.
00:59 Cette allée est d'ordinaire, pleine de monde.
01:02 Et vous le voyez, ce matin, il n'y a quasiment personne,
01:05 beaucoup de présence policière, peut-être aussi parce que le ministre de l'Intérieur,
01:09 Gérald Darmanin, sera à Nîmes aujourd'hui.
01:12 Dans cette rue, c'est organisé de façon à ce que les habitants et les dealers
01:16 se croisent au quotidien.
01:18 Quand il jouxte les commerces de proximité, pour les habitants,
01:22 c'est ce qu'il nous raconte, il passe en baissant les yeux lorsqu'il passe à côté
01:25 puisqu'il voit tout dans la cité, tout se sait.
01:28 Et à partir de 10h, 11h du matin, il évite de poser trop de problèmes.
01:32 Une habitante nous disait hier qu'elle s'organisait pour faire ses courses le matin
01:35 parce qu'à ce moment-là, au moins, elle ne risque pas d'avoir de problème,
01:37 elle ne risque pas d'être prise au milieu d'une fusillade.
01:40 Voilà, donc des habitants qui ont appris à s'adapter, à adapter leur mode de vie à cette cité.
01:44 Et pour vous répondre également, cette cité, elle a quelques décennies,
01:47 elle a été construite dans les années 60.
01:49 Avant, cette artère était très vivante, mais depuis que le plan de rénovation urbaine a été voté,
01:53 la plupart des commerces ont baissé le rideau parce que cette partie de la cité doit être détruite.
01:57 C'est aussi pour cela que les habitants sont beaucoup moins présents.
02:00 La plupart des commerces ont baissé leur rideau,
02:03 et donc ça laisse aussi beaucoup plus de place pour les activités illicites,
02:06 et notamment le trafic de stupéfiants.
02:08 L'habitante Jérémy est avec nous, justement, c'est Ourya.
02:11 Bonjour Ourya. Quel est votre sentiment aujourd'hui de mort ?
02:16 Avec un écart d'heures vraiment très restreint entre les deux,
02:20 et des policiers qui sont présents, mais finalement rien ne change, les dealers font toujours la loi.
02:24 Est-ce que vous m'entendez Ourya ?
02:31 Quel est votre sentiment Ourya, après ces deux fusillades qui ont éclaté dans votre quartier ?
02:38 J'ai un mot à dire, le colère c'est quelque chose de normal, mais on est en otage.
02:45 Je me sens qu'on est des otages dans ce quartier.
02:48 C'est-à-dire quoi Ourya, vous êtes en otage ?
02:50 C'est ça, à part ça, les sentiments de colère, c'est tout le monde est en colère, c'est tout à fait normal.
02:55 Pourquoi vous employez le terme...
02:56 On n'est pas heureux, on n'est pas contents, on n'est pas...
02:58 Pourquoi le terme d'otage précisément, expliquez-nous.
03:01 Pourquoi le terme d'otage ? Quand vous voyez ce qui se passe ici, vous allez comprendre.
03:06 Parce qu'on habite juste à côté, les fusillades jour et nuit, les feux d'artifice,
03:11 pour dire qu'on est là, la police qui vient une fois sur deux, même qu'ils partent, ça revient la même chose.
03:18 Tout le temps, c'est répétitif, c'est un feuilleton horrible, c'est un cauchemar qu'on vit ici.
03:22 Je peux dire que c'est un feuilleton horrible.
03:24 On entend de nombreux habitants, Ourya, qui racontent leur inquiétude de vivre dans ce quartier
03:29 et qui en même temps disent "on ne peut pas partir parce qu'on a un logement ici, on a un logement social"
03:35 et finalement on est prise au piège, est-ce que c'est votre sentiment ?
03:40 Oui, pareil, moi je n'ai pas un social mais je suis prise au piège parce que je ne peux pas aller plus loin.
03:46 On n'a pas les moyens de partir, il faut trois fois le salaire, même si vous travaillez, vous ne gagnez pas.
03:51 Il faut toujours trois fois, c'est pour ça qu'on ne peut pas partir, on est coincé ici.
03:56 Votre quotidien, il ressemble à quoi quand vous sortez de chez vous, qu'est-ce que vous voyez ?
04:00 On voit les guetteurs, moi je les regarde dans les yeux, je n'ai pas peur d'eux, mais c'est ça, on les voit, tout le monde le sait.
04:08 Le problème c'est que c'est un cercle vicieux, si chacun se mêle, les voisins, les parents, les mamans, les commerçants,
04:17 tout le monde prend sa place à un peu aider la police, aider l'Etat, aider les autres, je ne sais pas comment,
04:24 mais parce que tout le monde peut être à la place du petit qui est mort, Fahed, on peut être à la place,
04:29 mes enfants peuvent être à sa place, il faut parler, il faut casser le silence, les gens ont peur.
04:34 Je ne comprends pas pourquoi les gens n'ont pas eu peur quand ils ont manifesté que la police a tué Nahel,
04:42 mais là les gens ne manifestent pas, franchement c'est ça qui me révolte, il n'y a personne qui s'est manifesté,
04:48 quelques-uns bien sûr le premier jour, mais maintenant on ne voit personne,
04:51 on dirait qu'il n'y avait pas un enfant qui était mort, qui n'a rien demandé, c'est ça le problème, ça manifeste,
04:57 les gens sont hypocrites, je ne sais pas c'est quoi ça.
05:00 Cécile Olivier, quelle est la réponse de l'exécutif face à cette spirale de violence ?
05:04 Gérald Darmanin a annoncé des renforts sur le terrain après la CRS 8 dont la présence n'a pas empêché ce deuxième meurtre,
05:13 il a annoncé l'envoi du RAID, une unité d'élite qui depuis 5h ce matin procède à des perquisitions et des interpellations
05:22 dans ce quartier de Pisse 20 avec des chiens anti-drogue, avec des officiers de police judiciaire,
05:27 alors ils perquisitionnent un peu tous azimuts pour essayer de récupérer du renseignement, du produit stupéfiant,
05:33 pour essayer de mettre la pression sur ces réseaux criminels,
05:37 et puis c'est aussi une communication politique pour essayer de rassurer les habitants,
05:42 et selon nos informations, une de ces interpellations est en lien avec l'enquête sur cette dernière fusillade
05:50 qui a coûté la vie à un jeune homme de 18 ans, interpellation d'un jeune homme du quartier
05:55 qui est soupçonné d'avoir participé à ce meurtre,
05:59 alors on ne sait pas à quel degré, est-ce qu'il a donné une information, est-ce qu'il a fourni une arme ou fait le guet,
06:05 sa garde à vue va permettre d'éclaircir tout ça, les enquêteurs restent quand même prudents à ce stade
06:10 et il est présumé innocent au moment où l'on parle.
06:13 - Houria, vous êtes en direct sur BFM TV, quel est le message que vous adressez ce matin
06:17 au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'il vous entend ?
06:21 D'ailleurs il va venir à Nîmes aujourd'hui.
06:24 - J'aimerais bien lui poser la question en direct.
06:27 - Quelle question ?
06:29 - C'est-à-dire c'est quoi la solution, tout bêtement c'est quoi la solution,
06:34 à part qu'il vient le jour du drame, après tout disparaissent,
06:37 moi j'aimerais bien savoir c'est quoi la solution, la réelle solution,
06:42 c'est-à-dire une vraie solution, qu'on le voit, qu'on voit le changement,
06:46 qu'on voit le changement, parce qu'il n'y a pas de changement monsieur.
06:48 - Pour vous, plus de policiers, éventuellement des interpellations
06:53 comme celle dont on vient de parler, mais plus de policiers sur le terrain,
06:56 ça ne change rien ?
06:58 - Oui, parce que vous avez vu, les guetteurs sont toujours là,
07:04 mais s'il y a un commissariat juste à côté, ce sera mieux.
07:07 Je crois que si il y a un commissariat, peut-être que ça va un peu aider
07:11 à rassurer les habitants, parce que nous on est des habitants,
07:15 on n'a rien fait de mal, on veut vivre en harmonie, comme tout le monde,
07:19 on n'est pas tous, entre parenthèses, l'aracaille de la cité, non.
07:22 On a fait la fac, nos enfants sont des bons étudiants,
07:26 c'est-à-dire qu'on veut vivre normal, on veut réussir,
07:29 on veut que nos enfants réussissent, mais avec tout ça,
07:32 c'est un peu très très difficile, c'est un combat,
07:36 un combat de tous les jours.
07:39 - On entend votre émotion ce matin, évidemment, Auria,
07:43 après, on le rappelle, ces deux drames, ces deux jeunes
07:46 qui ont perdu la vie en l'espace de très peu de temps,
07:49 et malgré donc la présence de policiers, et encore cette fameuse CRS 8
07:53 qui est sur place à l'heure où on se parle. Merci à vous.

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