• il y a 10 heures
Avec Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##L_INVITE_POLITIQUE-2025-01-17##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Notre invité ce matin, Aurore Berger, qui est ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et chargée de la lutte contre les discriminations.
00:15Aurore Berger, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous. 50 ans de la loi Veil.
00:19Aujourd'hui, c'était le 17 janvier 1975, promulgation de cette loi.
00:25243 000 IVG en France en 2023. En 2024, c'est un peu plus, vous avez les chiffres ?
00:32C'est un chiffre qui reste stable en France.
00:35Mais surtout, je pense qu'il faut qu'on accepte, depuis ces 50 dernières années, de changer de regard, qu'on assure l'avortement.
00:40Les femmes n'ont pas à se sentir ni honteuses, ni coupables.
00:43C'est un droit, c'est une liberté.
00:46C'est à elles de choisir, elles de choisir si elles veulent ou non être mère.
00:49Et le moment où elles souhaitent, évidemment, le devenir.
00:52Et puis, à la société, de les accompagner dans leurs choix.
00:55Pour qu'elles aient le choix de la méthode à laquelle elles veulent avoir accès.
00:58Puisqu'il y a deux méthodes pour l'avortement.
01:01Médicamenteuse.
01:02Ou chirurgicale, exactement.
01:03On a essayé de faciliter aussi les conditions de recours, loin des fantasmes.
01:08Pas pour que plus de femmes puissent avorter, mais pour que celles qui le souhaitent.
01:11Laurence Rossignol le disait, une femme qui veut avorter, elle avorte.
01:15Donc l'idée, c'est qu'elle le fasse dans des conditions qui sont évidemment les plus dignes pour elle.
01:19Donc on a élargi les conditions d'accès.
01:22Le nombre de semaines a été augmenté de 12 à 14 semaines.
01:27Est-ce qu'il faut encore allonger, selon vous, le délégal ?
01:30Non, je pense pas.
01:31Je pense qu'on est dans la moyenne européenne.
01:33Et je pense que c'est éthiquement ce qui a du sens.
01:36En termes de santé aussi, ce qui a du sens.
01:39Et ce qui permet de donner du temps aux femmes.
01:41Pour avoir du déni de grossesse.
01:42Pour avoir l'incapacité à savoir.
01:44Pour avoir la difficulté à prendre une décision.
01:46Bref, je pense qu'on est aujourd'hui sur un délai qui est absolument raisonnable.
01:51Oui, je vous coupe.
01:53Il y a encore des entraves à l'IVG.
01:56Pourquoi, par exemple, j'ai vu ce que proposent les associations,
01:59pourquoi ne pas créer un répertoire des professionnels qui pratiquent l'IVG ?
02:03Alors, c'est même dans la loi.
02:05Et normalement, ça doit être créé.
02:07Mais ça ne l'est pas.
02:08Pour deux raisons.
02:09Une raison qui est que, malheureusement,
02:11certains médecins se font menacer et harceler parce qu'ils pratiquent.
02:15Et donc, on avait aussi un doute, une résistance de certains médecins à dire
02:19« Moi, je n'ai aucun problème à le dire.
02:21Mais je ne veux pas être cyber harcelé.
02:23Je ne veux pas voir ma devanture être attaquée.
02:26Je ne veux pas voir les personnes qui travaillent avec moi être menacées. »
02:29Parce que malheureusement, l'entrave à l'avortement,
02:32ce sont aussi des militants anti-choix, anti-droit,
02:35qui continuent à taguer des lieux qui pratiquent l'IVG,
02:39à menacer des associations.
02:41Donc malheureusement, il y a encore ça.
02:43Et puis, il y avait des éléments plus techniques
02:45d'arriver à pouvoir cartographier.
02:47Moi, je pense qu'il faut le faire.
02:49Vous allez engager ?
02:51Vous allez prendre une...
02:53Je ne sais pas sous quelle forme ?
02:55L'objectif, c'est encore une fois de faciliter la vie
02:57de celles qui veulent avoir recours à l'avortement.
02:59Donc, il n'y a pas besoin même d'éléments réglementaires législatifs.
03:03Il faut qu'on garantisse tout simplement son application.
03:07Parce qu'une femme, encore une fois, qui veut avorter,
03:09elle doit pouvoir savoir comment faire
03:11le plus proche possible d'elle, évidemment.
03:14C'est repéré, évidemment, en lien avec les ordres,
03:18les médecins, les sages-femmes aussi,
03:20qui pratiquent l'IVG, puisque vous savez
03:22que les sages-femmes pratiquent les IVG,
03:24et qu'on a même élargi cette possibilité
03:26sous le contrôle d'un médecin
03:28pour les IVG chirurgicales.
03:30Donc je pense que ce serait important,
03:32encore une fois, tout simplement,
03:34pour se repérer quand on est une femme
03:36et qu'on veut avoir recours à l'avortement.
03:38Avoir, est-ce que c'est une carte ?
03:40Est-ce que c'est une liste ?
03:42Mais en tout cas, l'idée, c'est de se repérer,
03:44de donner accès à l'information,
03:46et je le réaffirme, de continuer à lutter
03:48contre toutes les entraves, notamment
03:50contre ceux qui, anti-droit et anti-choix,
03:52au-delà de la manifestation, qui est leur droit,
03:54en viennent à taguer, à menacer, à insulter,
03:56ce qui est évidemment intolérable.
03:58Est-ce que vous allez supprimer la clause
04:00spécifique permettant aux médecins
04:02de pratiquer une IVG ?
04:04Je crois pas. Je pense qu'il ne faut pas rentrer dans ce débat
04:06parce qu'on a trouvé, je peux comprendre que ça choque
04:08évidemment les féministes
04:10et les personnes qui sont engagées.
04:12Par contre, je pense qu'on a trouvé
04:14aujourd'hui un compromis
04:16qui permet de garantir
04:18l'accès à l'IVG et qui garantit
04:20aussi, pour des médecins qui ne souhaitent pas le pratiquer,
04:22et je le respecte, de ne pas avoir à le faire.
04:24Ce qu'il faut, c'est qu'on ait suffisamment de médecins,
04:26suffisamment de sages-femmes, partout
04:28sur le territoire, notamment dans nos territoires
04:30ruraux, parce que c'est ça la première difficulté
04:32qu'on a, c'est la garantie de
04:34l'effectivité de ce droit,
04:36et on n'est pas toutes égales
04:38en fonction du territoire où on vit.
04:40Et c'est ça, moi, ma préoccupation, c'est garantir
04:42l'accès partout sur le territoire.
04:44Mais pour en garantir l'accès partout sur le territoire, il faut qu'on ait
04:46des médecins et des sages-femmes qui continuent évidemment
04:48à s'engager. Et il faut des moyens. Pourquoi
04:50ne pas sanctifier les moyens dédiés à l'IVG
04:52à l'hôpital ? Alors, les moyens,
04:54ils ont été augmentés, année
04:56après année, donc il n'y a pas d'inquiétude
04:58à avoir sur...
05:00– Mais dans certains hôpitaux, c'est un peu
05:02marginalisé, vous le savez.
05:04– Alors, je pense que ça l'est de moins en moins.
05:06Ça l'est de moins en moins parce qu'encore une fois, on a élargi
05:08les conditions d'accès à l'IVG. Quand vous passez
05:10de 12 à 14 semaines, quand pour
05:12les IVG médicamenteuses, vous passez de 5
05:14à 7 semaines, quand vous constitutionnalisez
05:17l'IVG, vous dites
05:19aussi très clairement aux Français
05:21qu'en France, ce droit n'est
05:23pas négociable, que ça fait partie
05:25en fait des libertés fondamentales qui sont
05:27les nôtres, et vous voyez bien d'ailleurs que dans
05:29toutes les démocraties dites
05:31illibérales, que dans tous les régimes
05:33qui deviennent plus régressifs et plus répressifs,
05:35eh bien les premiers droits qui sont
05:37attaqués, c'est les droits des femmes, et notamment
05:39la maîtrise par les femmes de
05:41leur corps. Donc nous, en France, c'est pas
05:43négociable, donc ça permet aussi, je pense,
05:45de remettre en lumière
05:47ceux et celles qui pratiquent les IVG
05:49et je crois que ça, c'était aussi
05:51extrêmement important dans la pratique à l'hôpital.
05:53– Aurore Berger, Laurence Rossignol,
05:55que vous avez écoutée, qui était mon invitée tout à l'heure
05:57à 7h40, sénatrice socialiste,
05:59avec plusieurs personnalités,
06:01appelle à la réhabilitation des femmes
06:03injustement condamnées pour avoir
06:05avorté avant la fameuse
06:07loi Veil. Laurence
06:09Rossignol a déposé une proposition de loi
06:11reconnaissant et réparant les préjudices
06:13subis. Est-ce que vous soutenez
06:15cette proposition de loi ? – Oui, parce que je crois
06:17que ça a une démarche symbolique
06:19qui est extrêmement importante et de réparation.
06:21Quand on se replonge plus de 50 ans
06:23en arrière, on se replonge dans des souffrances
06:25qui étaient épouvantables, parce que
06:27avoir accès à l'IVG, c'était la clandestinité,
06:29c'était le secret, c'était la honte,
06:31c'était s'exposer à la mort,
06:33c'était s'exposer à de la prison.
06:35Les femmes qui ont eu accès à l'IVG
06:37dans ces conditions expliquent les conditions
06:39absolument sordides dans lesquelles elles étaient
06:41les policiers qui les attendaient. – Et se cacher, évidemment,
06:43et se cacher. – On parlait avec Claudine Monteil
06:45qui était l'une des signataires du manifeste
06:47des 343, qui me racontait
06:49ces dimanches, c'est Simone de Beauvoir
06:51qui a été une de celles qui a aidé et soutenu
06:53des jeunes filles et des jeunes femmes, et bien il y avait
06:55une voiture de police qui attendait en bas de chez elle
06:57les jeunes filles, les jeunes femmes
06:59apeurées, terrorisées, qui montaient,
07:01qui avaient recours à l'IVG dans des conditions
07:03clandestines, et je pense que
07:05ça a un effet de réparation
07:07parce que la société a mis du temps
07:09à sortir d'une forme de barbarie qui faisait
07:11que les femmes, encore une fois, n'avaient pas
07:13la maîtrise de leur choix, de leur
07:15liberté, de leur corps, et qu'encore
07:17une fois, au-delà de la clandestinité
07:19c'était des souffrances
07:21physiques et des séquelles physiques
07:23parfois pour toute une vie.
07:25– Et puis elles mettaient leur vie en danger.
07:27J'écoutais le témoignage
07:29de Christiane Taubira
07:31qui a failli mourir
07:33après être passé entre les mains
07:35d'une faiseuse d'anges.
07:37On les appelait les faiseuses d'anges, je me souviens.
07:39– Parce qu'il faut s'imaginer que c'était
07:41des cintres, que c'était des sondes,
07:43c'est comme ça qu'on pratiquait, parce qu'on faisait
07:45tout ce qu'on pouvait, et on a eu aussi
07:47des médecins, il faut le dire, très courageux,
07:49qui risquaient la prison, des infirmières,
07:51des sages-femmes, qui ont aidé, qui ont
07:53accompagné, qui ont tenu la main, qui ont pratiqué
07:55auprès de ces jeunes filles, de ces jeunes femmes,
07:57de ces femmes aussi, parce que parfois c'était des femmes
07:59qui avaient déjà eu des enfants,
08:01et qui se disaient, moi je ne sais pas,
08:03nourrir une bouche supplémentaire.
08:05Donc il y a tellement de cas différents
08:07de recours à l'avortement,
08:09et oui, je crois que c'est symboliquement
08:11une réparation que l'on doit à ces femmes.
08:13– Bien, Aurore Bergé,
08:15vous défendez, évidemment,
08:17l'égalité hommes-femmes,
08:19Mark Zuckerberg
08:21a fait des déclarations
08:23qui vous ont peut-être... – Inquiétantes.
08:25– Justement, il veut
08:27reviriliser Internet,
08:29les réseaux sociaux
08:31de Meta, Facebook, Instagram
08:33autorisent les internautes à qualifier
08:35les femmes d'objets, et les homosexuels
08:37et personnes transgenres
08:39de malades mentaux, il défend
08:41l'énergie masculine
08:43et les bienfaits de l'agressivité,
08:45il met fin à sa politique de diversité,
08:47d'équité et d'inclusion
08:49dans son recrutement,
08:51que lui répondez-vous ?
08:53– Je trouve ça très inquiétant, c'est-à-dire que
08:55Donald Trump n'est pas encore investi, qu'il anticipe,
08:57et qu'il se met complètement dans sa roue,
08:59peut-être qu'il a peur des conséquences
09:01fiscales, économiques, que ça aurait
09:03s'il ne se mettait pas
09:05en accord avec ce que fait Elon Musk
09:07et ce que prône, en fait,
09:09cette partie-là des Etats-Unis,
09:11et je pense que c'est très inquiétant parce que ça
09:13façonne aussi notre manière de regarder le monde,
09:15on passe tellement de temps, nos enfants,
09:17nos adolescents, passent tellement de temps
09:19sur ces réseaux qui sont d'ailleurs de moins en moins
09:21sociaux, qu'évidemment qu'après
09:23ça déforme la manière avec laquelle
09:25ils peuvent appréhender, notamment
09:27les questions d'égalité, de respect
09:29entre les femmes et les hommes. Déjà, je pense
09:31que c'est suffisamment viriliste, il suffit de regarder
09:33aujourd'hui la moindre femme,
09:35moi je le vois même à titre personnel,
09:37la moindre déclaration que je peux faire,
09:39regarder les commentaires que ça suscite,
09:41graveleux, insultants,
09:43menaçants, notamment,
09:45et les femmes, malheureusement,
09:47subissent beaucoup plus d'attaques
09:49et des attaques d'un autre type...
09:51Après l'ère du moucrisme, c'est celui de l'homme fort ?
09:53Je pense qu'il ne faut tomber ni dans l'un
09:55ni dans l'autre, en fait, parce que les excès sont
09:57toujours condamnables et sont
09:59toujours des dérives très dangereuses, moi je suis pour la République,
10:01et la République, c'est d'abord
10:03l'égalité, et je pense que c'est
10:05ça qu'il faut qu'on continue à promouvoir,
10:07donc c'est pas le wokisme qui est une défiance vis-à-vis
10:09de nos valeurs républicaines, et vis-à-vis
10:11de la laïcité en particulier, mais c'est pas
10:13non plus le virilisme, donc je ne sais pas très bien ce que ça veut
10:15dire comme valeur, parce que c'est contraire
10:17à notre doxa
10:19d'égalité. – Le danger, c'est que
10:21ces nouvelles directives,
10:23de méta, ou entre X,
10:27entreraient peut-être en vigueur
10:29en Europe, c'est ça le danger ?
10:31Les États rechignent à
10:33réglementer les plateformes.
10:35– Pas le continent européen, on est le continent qui est
10:37le plus régulé, on nous le reproche parfois
10:39d'ailleurs, on nous dit qu'il y a un excès de régulation,
10:41sauf que cette régulation…
10:43– Les États-Unis inventent, les Chinois produisent,
10:45et les Européens régulent. – Je pense qu'on produit
10:47aussi, qu'on innove aussi,
10:49qu'on crée aussi, mais qu'on a aussi raison de réguler,
10:51parce que ces plateformes ne peuvent
10:53pas elles-mêmes dicter leurs lois,
10:55et c'est bien ça la difficulté, moi dans les sujets que j'ai
10:57à traiter, sur la question de l'égalité,
10:59il y a la question des violences, il y a la question des violences sexuelles,
11:01il y a la question du fléau qu'on représente
11:03par exemple la pornographie,
11:05pour nos adolescents, c'est-à-dire avoir accès
11:07à des millions de contenus, d'une violence
11:09absolument innée. – Mais où en vient la réglementation ?
11:11– Et bien là-dessus par exemple, c'est ce qu'on fait
11:13sur le porno, dans notre pays,
11:15c'est-à-dire qu'on a maintenant une véritable
11:17authentification pour garantir que les personnes
11:19qui viennent sur ces sites sont des majeurs,
11:21alors qu'avant c'était du pur déclaratif,
11:23que nos ados ne sont pas complètement idiots, étonnamment,
11:25ils ne disaient pas qu'ils avaient 15 ans, ils disaient plutôt qu'ils en avaient 8.
11:27– Oui, on ne les laisse pas aller acheter le pain tout seul
11:29de l'autre côté de la rue, mais on les laisse
11:31libres d'aller sur… – D'avoir un smartphone,
11:33de ne pas contrôler ce qu'ils ont sur leur smartphone
11:35et de ne pas contrôler ce à quoi
11:37ils ont accès. Et c'est essentiel,
11:39pas dans une logique de défiance, mais dans une logique
11:41de protection, encore une fois, de nos enfants
11:43et de nos adolescents, parce que quand vous commencez
11:45votre jeune adolescence à 11 ans, 12 ans,
11:4713 ans, avec ce flot
11:49de contenus, d'images que vous ne savez pas
11:51décoder, sur lesquelles vous n'avez aucun recul
11:53et qui ne représentent en rien des relations
11:55réelles entre hommes et femmes,
11:57en tout cas pas celles qu'on espère, pas celles
11:59qui sont basées sur le respect, évidemment
12:01que ça a un impact. Et donc, ces plateformes,
12:03malheureusement, elles ont un impact
12:05majeur sur la manière avec laquelle notre
12:07monde est façonné. Oui, évidemment, je suis inquiète
12:09et oui, il faut que nous, on résiste
12:11à la fois sur de la régulation
12:13qu'on peut avoir et puis aussi d'un point de vue
12:15économique. – Alors justement, puisque vous parliez
12:17de plateforme, puisque vous parliez d'audiovisuel,
12:19vous avez suivi l'affaire
12:21de cette jeune femme, Anne,
12:23escroquée de 830 000 euros
12:25après avoir été
12:27volée,
12:29je dis bien volée,
12:31abusée, c'est un abus.
12:33Mais est-ce que les médias n'ont pas une responsabilité ?
12:35– Si, parce que
12:37je pense qu'on jette en pêture
12:39une jeune femme qui est forcément vulnérable
12:41et ce que je trouve détestable,
12:43c'est la vague de cyber-harcèlement
12:45qu'elle a subie.
12:47On peut avoir un avis, mais
12:49est-ce que menacer,
12:51insulter une femme, c'est des milliers, des milliers,
12:53des milliers de commentaires tout d'un coup ?
12:55Vous imaginez, quand vous n'avez
12:57jamais été exposé, l'impact que ça peut avoir.
12:59– Mais n'a-t-elle pas été jetée en pâture ?
13:01– En tout cas, je pense qu'il y a une responsabilité
13:03parce que moi, quand je viens sur votre plateau,
13:05je suis disons plus habituée
13:07au fait de m'exposer et je suis plus habituée
13:09au fait que ça peut générer de la critique,
13:11même si je regrette qu'au-delà de la critique, ça puisse générer
13:13de la violence et des insultes, parce que
13:15je pense que c'est un autre registre. Mais quelqu'un qui n'avait
13:17jamais été exposé de sa vie,
13:19forcément, oui, il y a une forme de responsabilité
13:21parce qu'il savait, je pense,
13:23les flots de commentaires que ça pouvait générer.
13:25Mais les principaux responsables
13:27sont d'abord ceux qui insultent, qui menacent,
13:29qui créent du cyberharcèlement.
13:31Je ne sais pas si elle souhaitera porter plainte,
13:33mais elle a le droit
13:35de porter plainte. Toutes les femmes,
13:37tous les hommes qui sont cyberharcelés, c'est pas un espace
13:39de non-droit, ils peuvent porter plainte.
13:41Il y a des condamnations régulières,
13:43régulières, pour encore une fois
13:45des personnes qui malheureusement
13:47ont vu comme ça des milliers, des milliers
13:49de comptes les harceler, les menacer.
13:51Et je pense que c'est important
13:53aussi de le rappeler, de le rappeler que c'est un espace
13:55de droit et un espace régulier.
13:575 féminicides depuis le 1er janvier,
13:59c'est déjà trop. 136 en
14:012024.
14:03Que faire ?
14:05Je sais que vous vous battez, mais que faire ?
14:07Déjà, on se bat, évidemment, parce que
14:09c'est d'abord la responsabilité de l'État, mais c'est
14:11aussi une responsabilité collective
14:13qu'on doit avoir. Le point commun,
14:15malheureusement, dans les féminicides
14:17qu'on a eu depuis le début de l'année, c'est que
14:19ce sont des femmes qui avaient voulu reprendre le contrôle
14:21de leur vie et qui étaient en instance de séparation,
14:23qui venaient de se séparer.
14:25Donc ça veut dire qu'il y a cette image dans la société
14:27que la femme, en fait, elle appartient
14:29à son compagnon et qu'elle n'a
14:31jamais le droit de se séparer, qu'elle n'a pas le droit
14:33de choisir sa vie, qu'elle n'a pas le droit avec
14:35qui elle veut poursuivre ou pas
14:37sa vie de couple. Et c'est ça
14:39le véritable problème, c'est qu'on a encore
14:41cette image-là qui persiste
14:43dans notre société et que c'est ça
14:45qu'on doit combattre à la racine et dès le plus
14:47jeune âge. Quand on parle d'égalité,
14:49quand on parle de restec, quand moi je me bats
14:51pour qu'on ait enfin des cours de
14:53vie affective au sein
14:55de nos établissements scolaires, c'est pourquoi.
14:57C'est pour que ce respect, il soit inculqué,
14:59il en aura. Parce que c'est la loi,
15:01parce qu'on s'engage avec Elisabeth Borne et parce que
15:03c'est une nécessité aussi pour que nos
15:05enfants, dès le plus jeune âge, sachent ce que
15:07veut dire le respect et l'égalité. Parce que
15:09c'est ça qui est en jeu dans notre pays.
15:11Parce que si on ne vous l'apprend pas dans votre
15:13famille, alors il faut que la société
15:15dise très clairement, encore
15:17une fois, comment on peut ou comment on ne peut
15:19pas se comporter.
15:21Est-ce que vous allez changer la définition du viol
15:23et y inscrire le consentement ?
15:25Alors c'est d'abord les parlementaires qui vont le faire.
15:27Moi j'y suis favorable.
15:29C'est un travail transpartisan
15:31par Véronique Riotton, par Marie-Charlotte Garin
15:33notamment, députée de deux groupes différents,
15:35Renaissance et Les Ecologistes, qui ont travaillé
15:37depuis plus d'un an.
15:39Elles remettent leur rapport la semaine prochaine, qui est favorable
15:41à une évolution de notre code pénal.
15:43Pourquoi ? Pour deux raisons à mon avis.
15:45La première, mieux caractériser,
15:47mieux définir, pour aussi
15:49mieux condamner ceux qui se
15:51sont rendus coupables de ce qu'est un crime,
15:53puisque le viol est un crime,
15:55quelles que soient les circonstances, quelles que soient les
15:57personnes. Et d'autre part aussi,
15:59encore une fois, envoyer un message à la société
16:01qui est de dire que ça n'est pas
16:03parce qu'on ne dit pas non, qu'on dit
16:05oui. Et pour avoir été
16:07avec des collégiens la semaine dernière,
16:09c'était pas une évidence pour eux.
16:11C'était pas une évidence qu'une jeune fille
16:13qui disait non, ça voulait
16:15vraiment dire non.
16:17Et je pense que ça, il faut aussi le rappeler,
16:19qu'encore une fois, il y a des principes essentiels
16:21qui doivent absolument
16:23être respectés, et que le consentement,
16:25c'est évidemment quelque chose qui
16:27se respecte, et qu'en vérité, dans une
16:29relation normale, on sait.
16:31C'est quand ça devient un normal, mais ça encore
16:33faut-il qu'on nous l'enseigne, qu'on nous l'explique,
16:35qu'on nous l'apprenne, qu'on nous le transmette.
16:37– Laurent Robert, j'ai un peu de politique pour terminer.
16:39Vous êtes ministre du gouvernement, François Bayrou.
16:41Pas de censure hier.
16:43Beaucoup
16:45de
16:47promesses qui
16:49ont disparu du gouvernement Barnier,
16:51et beaucoup
16:53de réponses
16:55apportées aux socialistes. Je résume,
16:57pas de gel des pensions de retraite,
16:59pas d'augmentation des taxes sur l'électricité,
17:01pas de déremboursement des consultations chez le médecin,
17:03pas de passage d'un à trois jours de carence,
17:05pas de suppression de 4 000 postes d'enseignants,
17:0712 000 postes de soignants hospitaliers
17:09maintenus, pas de baisse du budget
17:11consacré au dom-tom,
17:13etc. Il y en a beaucoup.
17:15Pas le début,
17:17du commencement d'une économie, ce n'est pas moi
17:19qui le dis, c'est votre ancien collègue
17:21Guillaume Casbarian,
17:23des dépenses supplémentaires, des hausses d'impôts.
17:25Il est député ensemble pour la République,
17:27vous êtes d'accord avec lui ou pas ?
17:29– Je pense que c'est une vision un petit peu
17:31parcellaire. Vous savez, quand Michel Barnier a
17:33présenté son budget,
17:35beaucoup lui sont tombés dessus en disant, mais c'est quoi ce budget
17:37qui propose des hausses d'impôts ?
17:39Et quand François Bayrou présente
17:41une esquisse de budget, puisqu'il n'a pas encore
17:43été engagé dans le débat,
17:45en tout cas à l'Assemblée Nationale, on dit, bah en fait
17:47c'est de la dépense supplémentaire. C'est heureusement plus complexe
17:49que ça. Ça s'appelle un compromis,
17:51ça veut dire qu'on n'est pas en majorité absolue,
17:53ça veut dire qu'un budget
17:55qui demain serait à nouveau censuré,
17:57ça aurait un coût terrible pour notre pays,
17:59ça suppose de la responsabilité de la part
18:01des partis politiques, notamment
18:03de la part du Parti fédéral. Les budgets
18:05seront en baisse. Beaucoup de budgets vont être en baisse.
18:07Et ça a d'ailleurs été annoncé,
18:09vous savez, dès qu'un budget est en baisse, ça crée des remous.
18:11Je lisais ce matin que comme le budget
18:13des sports baisse de près de 400 millions
18:15d'euros, là tout de suite
18:17on a immédiatement hurlé sur
18:19comment est-ce que c'est possible qu'un budget baisse.
18:21Vous voyez bien d'ailleurs que systématiquement
18:23on nous demande des économies, mais
18:25dès qu'il y a des baisses qui sont
18:27réalisées, pour l'instant c'est pas prévu,
18:29moi c'est plus modeste que ça,
18:31mais au-delà de mon budget, moi ce qui m'importe
18:33c'est le budget sur la question de la santé
18:35des femmes, sur la justice pour les femmes,
18:37et sur le logement pour les femmes.
18:39Il va bien falloir trouver des recettes.
18:41Il y a évidemment les deux questions
18:43et les recettes, mais on a toujours dit
18:45qu'on n'alourdirait pas l'impôt des Français,
18:47donc on garde uniquement les propositions
18:49qui avaient été faites par Michel Barnier sur les
18:51très très très très hauts
18:53patrimoines, donc
18:55je pense que ça c'est quelque chose qui crée plutôt du
18:57consensus dans la société de dire qu'on
18:59participe à cet effort collectif, d'autant
19:01plus qu'on peut le faire,
19:03et on parle vraiment des très hauts patrimoines,
19:05je pense qu'il ne faut pas aller au-delà
19:07parce qu'on a plutôt, depuis
19:09sept ans, permis la baisse
19:11des impôts, que ce soit la taxe d'habitation, que ce soit
19:13les premières tranches d'impôts sur le revenu, et il faut
19:15continuer dans cette dynamique-là, et puis
19:17oui, il faut qu'on assume en effet
19:19des baisses de dépenses, et c'est ça
19:21le plus difficile. Est-ce que, Aurore Berger,
19:23la flat tax va passer de 30% à 37% ?
19:25Je ne crois pas que ce soit...
19:27C'est une hausse d'impôts, ça. Je ne crois pas que ce soit
19:29à l'ordre du jour, mais en tout cas... Vous dites non.
19:31En tout cas, moi, je ne suis pas favorable
19:33à des hausses d'impôts. Vous êtes opposé
19:35à cette augmentation de la flat tax. Moi, ce que je vous
19:37dis, c'est que, déjà, on n'a même pas engagé les débats.
19:39Pour l'instant, on a un débat qui se poursuit
19:41au Sénat sur la base de la copie précédente. D'accord.
19:43J'ai entendu les uns et les autres. J'ai lu.
19:45Elle va passer de 30% à 37%.
19:47Moi, j'attends que ce soit présenté.
19:49Vous y êtes opposé.
19:51Vous savez, avec le président de la République, depuis 7 ans,
19:53on a baissé les impôts
19:55des Français. On a baissé les impôts des Français.
19:57Moi, je pense qu'il faut se prémunir de toute
19:59hausse d'impôts, sauf celle qui était prévue
20:01encore une fois par la copie.
20:03Je sais ce que vous voulez me faire dire.
20:05Gardons...
20:07Sur la question des impôts
20:09et de la fiscalité... Je sais bien. Sur la question
20:11des impôts et de la fiscalité, je souhaite qu'on garde la copie
20:13qui était celle de Michel Barnier,
20:15qui était vraiment une taxation exceptionnelle
20:17et qui était extrêmement ciblée.
20:19Donc, je pense qu'il ne faut pas
20:21aller au-delà. Et je pense surtout que, oui,
20:23il faut qu'on arrive à s'engager sur la baisse de dépenses.
20:25Sur la question des fonctionnaires, vous avez mentionné
20:27le jour de carence. Ce qui est très important,
20:29c'est qu'on a assumé une baisse du taux d'indemnisation
20:31aussi sur les jours
20:33d'arrêt maladie, ce qui, à mon avis,
20:35est une mesure d'égalité entre la fonction
20:37publique et le secteur privé
20:39et qui aussi va générer
20:41beaucoup d'économies pour l'État.
20:43J'ai une dernière question qui concerne Boilem-Sensal,
20:45Aurore Berger,
20:47qui aurait été, on ne le sait pas,
20:49mais je ne sais pas si vous avez des informations,
20:51réincarcéré. Le régime algérien
20:53l'aurait sorti de la prison-hôpital
20:55où il était enfermé. Je ne sais pas si vous avez des informations.
20:57Bon, moi non plus, mais j'ai
20:59lu ça. Je ne sais pas
21:01si c'est vrai et j'aimerais avoir les informations.
21:03Mais il souffre d'un
21:05cancer. Combien de temps
21:07l'État français va-t-il le laisser
21:09mourir en Algérie ? – Ce n'est pas l'État français
21:11qui le laisse mourir en Algérie, c'est l'État algérien
21:13qui l'a incarcéré,
21:15qui l'a emprisonné parce qu'il
21:17exerçait tout simplement sa liberté
21:19d'écrivain et de penseur.
21:21Et vous voyez bien,
21:23nous, le combat diplomatique
21:25que nous menons et que le Président de la République
21:27mène pied à pied vis-à-vis de l'Algérie
21:29pour garantir évidemment sa libération.
21:31Je crois qu'il n'y a aucun doute sur la position
21:33de la France, sur la volonté
21:35qui est la nôtre, évidemment,
21:37qu'il puisse être remis en liberté parce que c'est
21:39ce qui doit être fait, parce que c'est
21:41ce qui est juste, non pas juste au regard
21:43de son état de santé, mais au regard
21:45de ce qu'il représente, de ce qu'il est,
21:47de ce qu'il pense, de ce qu'il dit,
21:49de ce qu'il écrit, et c'est ça qui devrait
21:51justifier qu'il soit remis en liberté.
21:53Et c'est ça, malheureusement, aujourd'hui,
21:55qui pour le régime algérien, justifie
21:57qu'il soit emprisonné
21:59dans des conditions indignes. – La France se bat ?
22:01– Mais bien sûr. – Il y aura de nouvelles
22:03initiatives ? – C'est un engagement personnel du Président
22:05de la République qui l'a pris, il en a encore parlé,
22:07vous voyez, devant nous en Conseil des ministres
22:09cette semaine, donc évidemment que c'est un engagement.
22:11– Qu'a-t-il dit ? – Et parce que
22:13je crois qu'il n'y a aucun doute
22:15sur le fait que le Président de la République
22:17trouve que cet emprisonnement,
22:19qu'il soit dans une prison-hôpital
22:21ou dans une prison, est évidemment
22:23indigne pour quelqu'un qui est un grand écrivain,
22:25un grand penseur, et qui est
22:27franco-algérien, et qui doit donc pouvoir
22:29revenir dans notre pays, s'il le souhaite,
22:31à défaut, malheureusement, de pouvoir être libre
22:33dans le sien. – Merci beaucoup,
22:35Aurore Berger, d'être venue nous voir ce matin,
22:37sur l'antenne de Sud Radio, il est 8h57,
22:39Patrick Roger, juste après,
22:41les informations de 9h.

Recommandations