Avec Adrien Quatennens, député LFI du Nord
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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-05-15##
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:06Bonjour, bonjour à toutes et à tous, vous voulez savoir ?
00:09Alors parlons vrai ce matin avec Adrien Quatennens qui est député LFI du Nord.
00:14Adrien Quatennens, bonjour.
00:15Bonjour Jean-Luc Velland.
00:16Deux agents pénitentiaires tués à l'arme de guerre.
00:19Trois autres blessés dont deux très grièvement hier dans leur fourgon pénitentiaire attaqué
00:26pour libérer un détenu du nom de Mohamed Amra.
00:29Multi-récidiviste, multi-condamné.
00:33Peut-être à la tête d'un trafic de stupéfiants, l'enquête le dira.
00:38Les agents pénitentiaires, des morts au travail comme l'a écrit Mathilde Panot.
00:44Oui d'abord, permettez-moi Jean-Luc Bourdin ce matin
00:48de vous dire que je me suis réveillé ce matin en pensant
00:52à ces enfants et ces femmes qui n'ont pas vu revenir le père de famille hier soir à la maison.
00:59Et je me suis dit que c'était quand même terrible d'imaginer que,
01:02pour des raisons dont on ignore encore réellement les causes,
01:05des gens ont décidé en appuyant sur un bouton avec leur index
01:09d'ôter la vie à deux pères de famille et notamment à un qui allait devenir père de famille.
01:13Sa femme qui est enceinte de cinq mois.
01:16J'ai d'abord une pensée pour elle, pour eux,
01:18et évidemment pour tous leurs collègues qui sont mobilisés aujourd'hui.
01:21Les images qu'on a vues hier sont d'une violence insoutenable, atroce,
01:25et j'espère de tout cœur que les forces de police qui sont mobilisées
01:30et que nous soutenons dans le travail qu'ils sont en train de mener
01:33vont les retrouver et que ces personnes seront rudement punies.
01:37Alors je crois qu'il y a d'abord le temps de la sidération
01:40face aux images d'une extrême violence qu'on a vu.
01:42J'entends des responsables politiques qui d'ailleurs n'ont pas attendu beaucoup de temps,
01:46qui au bout de quelques minutes déjà enclenchaient des polémiques politiques sur les plateaux de télé.
01:51On a parfois l'impression que...
01:53Mais qui ?
01:54Écoutez, on a bien vu toute l'extrême droite tout de suite,
01:57qui a d'ailleurs diffusé très largement les images,
01:59contre l'avis du ministère de l'Intérieur,
02:01qui, si on les écoute, on a l'impression qu'en fait,
02:04à la tête du fourgon qui a été attaqué,
02:06M. Zemmour ou M. Bardella ou Mme Le Pen,
02:08eux peut-être auraient su quoi faire.
02:10Je trouve ça irresponsable.
02:12Les choses ne sont pas si simples que cela.
02:14Et ça mérite qu'on prenne le temps de regarder.
02:16Ce matin, il y a une mobilisation dans beaucoup d'établissements pénitentiaires.
02:19Je pense à tous leurs collègues,
02:21des agents de la pénitentiaire qui font un métier extrêmement difficile.
02:24Oui, qui demandent une réduction drastique des extractions,
02:27que toutes ces comparutions soient le plus souvent faites par vidéoconférence, etc.
02:34D'abord, je pense qu'à ce moment d'unité pour dire qu'il faut qu'on attrape les salopards qu'on fait ça,
02:39et qu'on les mette hors d'état de nuire, première chose.
02:41Ensuite, évidemment, il y a des revendications syndicales.
02:44Jean-Jacques Bourdin, qui ne date pas d'hier,
02:46par exemple, on peut le dire,
02:48la mission de transfert pénitentiaire, transfert des prisonniers,
02:52c'est une mission qui avant incombait à la police.
02:55Et qui est passée des mains de la police aux mains du ministère de la Justice.
02:58Et depuis ce transfert, les agents disent qu'il manque de moyens.
03:02Et il y a déjà eu toutes sortes de circulaires,
03:04de tracts syndicaux qui disaient qu'ils n'avaient pas les moyens matériels et humains d'assurer ces transferts.
03:10D'autant plus que, comme vous le savez, il y a quand même la question de la surpopulation carcérale.
03:13Et que donc, qui dit surpopulation carcérale, dit aussi beaucoup plus de ces déplacements.
03:17Et j'entendais ce matin une des agents pénitentiaires qui disait,
03:21on peut imaginer notamment sur certains détenus dangereux,
03:24comme c'était le cas a priori de celui qui est recherché aujourd'hui avec ses complices,
03:29qu'on passe par exemple par des visios pour faire des rendez-vous avec des magistrats.
03:33Donc je pense qu'il y a évidemment des revendications à entendre.
03:36Est-ce que ces agents pénitentiaires sont morts au travail ?
03:39Je vous repose cette question.
03:41De fait, ils sont morts dans l'exercice de leur fonction.
03:44Oui, de fait. Mais rien ne justifie qu'on perde la vie au travail.
03:48Et même quand ce sont des travaux où il y a des risques,
03:51comme c'est le cas dans les métiers de la police, ou y compris des métiers de la pénitentiaire.
03:55Comment peut-on pleurer des victimes et continuer à fumer son joint ?
03:59C'est ce que disait ce matin le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
04:03C'est une déclaration qui est absurde, ridicule.
04:07Pourquoi ?
04:09En fumant, en consommant de la cocaïne, est-ce qu'on n'enrichit pas le trafic de drogue ?
04:16Si, de fait, bien évidemment.
04:18Mais à ce train-là, qu'espère le ministre de l'Intérieur avec des déclarations de ce type ?
04:21Qu'espère-t-il en disant que les consommateurs de cannabis, par exemple,
04:25seraient en quelque sorte complices de ce qui s'est produit hier ?
04:28Qu'est-ce que provoque utilement ce genre de déclarations ?
04:31Rien. À part faire du buzz à 7h40 le matin sur une chaîne de radio,
04:36ça ne produit absolument rien.
04:38D'abord, je vais dire une chose.
04:40Il reste à prouver, j'ai écouté avec attention la procureure de la République
04:43qui s'est exprimée en conférence de presse hier soir.
04:45Il est clair que Le Fugitif a un quasi-judiciaire extrêmement large.
04:49Pour l'instant, dans son quasi-judiciaire, il n'y a pas d'éléments
04:52qui permettent de faire un rapprochement direct avec le trafic de stupe.
04:55Mais vous avez raison, Jacques Bordin, de dire qu'on a toutes les raisons de le supposer.
04:59Pour autant, je crois qu'il y a aussi un échec de la politique
05:04qui est menée contre le trafic de stupe hier.
05:06Il y a un rapport parlementaire d'un sénateur sur le narcotrafic.
05:10Moi, je m'intéresse à ces sujets. Ce que je vois, c'est que partout en Europe,
05:13il y a en quelque sorte une législation qui est bien différente de la législation française
05:17avec des résultats en matière de lutte contre le trafic qui sont sans doute meilleurs.
05:22Je crois que Gérald Darmanin n'a pas beaucoup de leçons à donner
05:25puisque c'est maintenant plusieurs années qu'il mène sa guerre à la drogue
05:28avec des résultats piteux, on le voit bien.
05:30Oui, mais ce rapport préconise, je l'ai sous les yeux,
05:33un parquet anti-stupe, une DEA, l'américaine, à la française,
05:37faciliter le recours aux techniques spéciales d'enquête,
05:41faciliter le recours aux repentis, injonctions pour richesses inexpliquées
05:46et lutte contre la corruption, évidemment.
05:48Vous partagez tout cela ?
05:50Il y a sans doute de bonnes idées dans le rapport. Je vais prendre le temps de le lire.
05:52C'est un rapport qui fait 600 pages, mais il y a sans doute de bonnes idées là-dedans.
05:55En revanche, il y a une chose dont moi, je suis à peu près certain.
05:58C'est que la politique ultra-répressive, tout azimut,
06:02du consommateur jusqu'au gros bonnet du trafic que mène la France
06:05est inefficace, Jean-Jacques Bourdin.
06:07Je crois qu'il faut bien distinguer les choses.
06:09Il ne faut pas être répressif avec les gros bonnets, avec les gros trafiquants ?
06:12Bien sûr que si, justement. Vous avez raison. Pas avec les consommateurs.
06:15Je vais vous dire une chose, Jean-Jacques Bourdin.
06:16Moi, je considère que les consommateurs de drogue
06:19doivent être considérés comme des malades à accompagner
06:22davantage que comme des délinquants.
06:25La fumeur de cannabis est un malade ?
06:27Oui, je le crois. Quelqu'un qu'il faut accompagner, soigner.
06:30Mais vous êtes favorable à la légalisation du cannabis ?
06:33Oui, pourquoi ?
06:34Vous dites que c'est un malade, mais en même temps, vous encouragez.
06:37En quelque sorte, vous permettez à ce consommateur de fumer.
06:41Ça vous apparaît comme contre-intuitif, mais Jean-Jacques Bourdin,
06:43la vérité aujourd'hui, c'est qu'avec la politique du tout-répressif,
06:46nous n'avons pas les moyens de mener de véritables politiques
06:49de santé publique pour les consommateurs.
06:51C'est-à-dire qu'en fait, on met des œillères, le trafic à court.
06:54D'ailleurs, les policiers sont quand même bien situés pour nous expliquer
06:57que quand il y a un point de deal qui est démantelé,
07:00il y en a un autre qui, instantanément, quasiment, se met en place.
07:03Je pense qu'on doit raisonnablement se dire que cette politique-là
07:06ne fonctionne pas.
07:07Si on a deux objectifs en matière de drogue.
07:10Un, l'aspect santé publique, parce que les consommateurs, oui,
07:12se rendent malades de la drogue, c'est clair.
07:14Deux, l'aspect lutte contre le trafic, la délinquance et le grand banditisme
07:18qui mènent à des actions comme celles que l'on a vues hier.
07:21Dans ce cas-là, il faut dire que oui, peut-être, en effet,
07:24que le débat sur la légalisation doit être ouvert,
07:27s'agissant du cannabis, pour tarir le trafic.
07:29Partout où ça a été fait en Europe, le trafic recule.
07:32Et même la consommation.
07:34Regardez, par exemple, les résultats qu'ils ont eus au Portugal sur le sujet.
07:37Donc, il faut voir ça.
07:38Ensuite, il y a la question des autres drogues, les drogues dures.
07:41Et là, il ne peut pas être question de légaliser la cocaïne, l'héroïne et tout ça.
07:45En revanche, dépénaliser, oui.
07:46C'est-à-dire sortir les consommateurs d'une logique de criminalisation.
07:50Dans beaucoup de pays en Europe, Jean-Jacques Bourdin,
07:52les consommateurs de drogue relèvent, non pas du ministère de l'Intérieur,
07:55mais du ministère de la Santé.
07:57En revanche, oui, mettre des moyens humains,
07:59et vous savez qu'à certaines réformes,
08:01d'ailleurs des réformes qu'a réalisées Gérald Darmanin,
08:03sur la police judiciaire notamment,
08:05et les moyens humains de renseignement pour enquêter,
08:08des enquêtes de long terme, Jean-Jacques Bourdin,
08:10pas des opérations PlaceNet XXL,
08:12où on dirait un film américain qui se déploie dans les cités,
08:15mais où le trafic reprend.
08:16Des opérations de long terme.
08:17Elles sont parfois efficaces, momentanément.
08:19Pardon de vous dire que quand on regarde
08:21les volumes et les quantités de drogue
08:23qui ont été interceptées dans ces opérations,
08:25franchement, quand on connaît la réalité du trafic,
08:27c'est peanuts, d'accord ?
08:28Donc je crois que plutôt que de faire des opérations coup de poing,
08:30pour montrer qu'on s'emploie à faire quelque chose,
08:32mais sans résultat sur le long terme,
08:34il faut interroger nos politiques.
08:36D'abord, changer la politique vis-à-vis des consommateurs,
08:38mener des politiques santé publique,
08:40et ensuite, miser sur des moyens humains,
08:42et notamment, j'insiste là-dessus, la police judiciaire,
08:44des moyens humains du renseignement et du temps long.
08:47Adrien Quatennens, parlons de la Nouvelle-Calédonie.
08:49Si ça ne se calme pas, il y aura de nombreux morts,
08:52deux morts déjà en Nouvelle-Calédonie.
08:54Il y aura de nombreux morts, c'est le haut-commissaire
08:56qui dit cela.
08:58Nouvelle-Calédonie, après les émeutes,
09:00ses commerces incendiés, ses voitures en feu,
09:02des habitants terrorisés dans plusieurs quartiers de Nouméa.
09:07À l'Assemblée nationale, adoption de la réforme constitutionnelle
09:10permettant aux résidents de plus de dix ans sur l'archipel
09:14de voter aux élections provinciales.
09:16Les indépendantistes ne veulent pas de cette réforme.
09:20Vous non plus.
09:22Vous avez voté contre.
09:24J'ai voté contre parce que nous avons voté contre,
09:26parce que nous considérons, et d'ailleurs,
09:28que le gouvernement agit en pompier pyromane dans cette affaire.
09:31Gérald Darmanin porte une lourde responsabilité,
09:33Emmanuel Macron avec lui,
09:35sur les événements terribles qui sont en train de se passer
09:37à Nouméa et ailleurs en Nouvelle-Calédonie.
09:40Puisqu'en quelque sorte, ce qu'ils ont fait hier
09:42avec l'adoption à l'Assemblée de ce projet de loi constitutionnelle,
09:44c'est déchirer les accords de Nouméa de 1998.
09:47Je pense qu'il faut quand même, pour vos auditeurs,
09:49réexpliquer un peu la situation en Nouvelle-Calédonie.
09:51La Nouvelle-Calédonie a été, pendant des années,
09:54une colonisation de peuplement.
09:56C'est extrêmement violent.
09:58Et suite à des événements, qu'on appelle des événements,
10:01en réalité, ça a tous les ingrédients d'une guerre civile.
10:03Il y a eu les accords de Matignon en 1988,
10:06les accords de Nouméa en 1998.
10:08Vous ne le savez peut-être pas,
10:10enfin, je pense que vous, vous le savez, Jean-Jacques Bourdin,
10:12mais aujourd'hui, l'Organisation des Nations Unies
10:14considère que la Nouvelle-Calédonie
10:16est encore un des territoires du monde à décoloniser.
10:18Donc, le fait colonial en Nouvelle-Calédonie,
10:20je veux dire, il faut quand même le rappeler,
10:22sinon on ne peut pas comprendre ce qui se passe sur place.
10:25Il y a eu, c'est 25 ans, les accords de Nouméa,
10:27il y a eu trois référendums depuis.
10:29Je vous pose franchement la question,
10:31Adrien Quatennes, est-ce qu'il faut accorder
10:33l'indépendance à la Nouvelle-Calédonie ?
10:35Il faut accorder la possibilité, en tout cas,
10:37au peuple sur place de s'exprimer
10:39dans des conditions dignes et justes.
10:41Il s'est exprimé lors des derniers référendums.
10:43Il n'a pas voulu voter.
10:45Les indépendantistes n'ont pas voulu voter.
10:47Moi, je vous pose franchement la question.
10:49Je vais vous expliquer pourquoi.
10:51Parce que, que se passe-t-il là ?
10:53Il s'agit de priver de vote
10:55des Français qui résident
10:57sur un territoire français.
10:59J'imagine, j'imagine la Corse,
11:01si des résidents métropolitains en Corse
11:03étaient interdits...
11:05– Non, Jean-Jacques Bourdin, pardon,
11:07je vous interromps.
11:09Vous ne pouvez pas comparer la Corse
11:11et la Nouvelle-Calédonie
11:13où il y a le fait colonial
11:15que j'ai cité précédemment.
11:17– Ah, pardon,
11:19pour beaucoup de Corse,
11:21il y a un fait colonial.
11:23– Jean-Jacques Bourdin,
11:25expliquer le contexte historique,
11:27ça ne veut pas dire excuser les violences
11:29qu'il y a sur place.
11:31– Moi, je vous pose la question.
11:33Est-ce qu'en Nouvelle-Calédonie,
11:35vous êtes favorable à l'indépendance ?
11:37Donc, à l'indépendance, s'il le faut.
11:39– Donc, Jean-Jacques Bourdin, dire les choses.
11:41Quel est le but absolu d'un responsable politique ?
11:43C'est le retour à la paix civile.
11:45Et pas de voir l'embrasement qu'on voit
11:47sur l'archipel en ce moment, et y compris,
11:49nous avons ce matin déploré, vous l'avez dit,
11:51deux morts apparemment, j'avais l'information
11:53que d'un avant de venir sur ce plateau.
11:55Nous avons alerté hier à l'Assemblée,
11:57nous avons dit au gouvernement,
11:59il n'y a rien qui presse.
12:01C'est-à-dire que ce qui se passe sur place,
12:03Jean-Jacques Bourdin, c'est que depuis
12:05trois corps électoraux qui ont été constitués.
12:07Il y a celui pour les élections
12:09municipales et nationales,
12:11il y a celui plus restrictif pour voter
12:13pour le Congrès et les provinces
12:15de Nouvelle-Calédonie, et il y a celui
12:17encore plus restrictif pour se prononcer
12:19sur le référendum sur l'indépendance
12:21de la Nouvelle-Calédonie.
12:23Évidemment, ce corps électoral
12:25doit évoluer.
12:27Et d'ailleurs, toutes les parties
12:29prenantes sont bien d'accord
12:31pour dire que le gel du corps électoral,
12:33avec les années qui passent,
12:35nécessite d'être revu.
12:37En revanche, Jean-Jacques Bourdin,
12:39les accords de Nouméa, ce sont des accords
12:41qui avaient deux conditions.
12:43L'irréversibilité d'une part
12:45et le consensus.
12:47Le gouvernement vient de piétiner
12:49les accords de Nouméa. Et c'est, vous savez,
12:51l'hubrise d'Emmanuel Macron, qui en rupture
12:53avec tout ce qui a été fait par les gouvernements précédents,
12:55par M. Rocard...
12:57– Sauf qu'il ne vous a pas échappé que les deux leaders charismatiques,
12:59d'un côté Jacques Lafleur et de l'autre côté
13:01Jean-Marie Thibault, ont disparu.
13:03– Encore une fois,
13:05moi je vous le dis, encore une fois,
13:07nous avons affaire à l'hubrise d'Emmanuel Macron,
13:09qui pense qu'il sait tout mieux
13:11que tout le monde et qu'il peut passer en force
13:13sur à peu près tout. Si le but,
13:15attendez, si le but c'est la paix civile
13:17en Nouvelle-Calédonie, alors,
13:19il n'y avait absolument rien qui pressait.
13:21Évidemment que la question du corps électoral,
13:23c'est une question qui est fondamentale.
13:25Mais que la nécessité, c'est un accord global.
13:27Il est là aujourd'hui, que fait Emmanuel Macron ?
13:29– Il est fondamental de permettre
13:31à des résidents français
13:33de voter à des élections locales
13:35dans le lieu où ils vivent.
13:37– Personne n'est en désaccord avec ça,
13:39y compris sur place. En revanche,
13:41on peut faire les choses de manière…
13:43– C'est faux. Les indépendantistes sont contre cela.
13:45– Les indépendantistes aussi
13:47s'accordent sur le fait que le corps électoral
13:49doit évoluer. Mais on n'est pas obligé de le faire
13:51au forceps comme on le fait là. Jean-Jacques Bourdin,
13:53la réforme constitutionnelle que propose,
13:55qui a été votée hier à l'Assemblée,
13:57elle augmenterait le corps électoral
13:59de 14% d'un coup.
14:01– Donc l'État doit céder ?
14:03– Attendez, Jean-Jacques Bourdin.
14:05C'est comme si, à l'échelle de toute la France,
14:07vous rajoutiez en claquant des doigts 7 millions d'électeurs.
14:09Il ne s'agit pas de dire que l'État doit céder.
14:11– Mais vous défendez en France
14:13le vote des étrangers aux élections locales.
14:15– Ecoutez, Jean-Jacques Bourdin.
14:17– Franchement, je ne vous comprends pas.
14:19Est-ce que vous défendez le vote des étrangers
14:21aux élections locales ? Oui ou non ?
14:23– C'est une évidence, mais Jean-Jacques Bourdin…
14:25– Vous voulez la paix civile ?
14:27– Est-ce que vous pensez que c'est donner la paix civile ?
14:29– Attendez, écoutez-moi un instant.
14:31– De rajouter le vote des étrangers aux élections locales ?
14:33– Je pense que, comme moi, vous serez soucieux du fait
14:35qu'on concourt à l'explication, à la pédagogie
14:37et au retour au calme.
14:39Écoutez-moi, Jean-Jacques Bourdin.
14:41Eh bien, je vous donne une réponse.
14:43Il y a une solution à ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
14:45L'accord est possible.
14:47Sauf que ce qu'a fait Emmanuel Macron, c'est une provocation.
14:49Il y a en effet, dans les accords de Nouméa,
14:51trois référendums qui étaient prévus.
14:53Il y en a deux qui se sont tenus.
14:55Et d'ailleurs, dans ces deux qui se sont tenus,
14:57les loyalistes
14:59avaient le nombre de voix
15:01qui diminuait.
15:03Et en réalité, celui de 2021,
15:05il a été mis en cause parce que
15:07les indépendantistes l'ont boycotté.
15:09À cause, vous le savez, on était en période du Covid.
15:11Écoutez, il y a des coutumes sur place.
15:13Et notamment le deuil coutumier
15:15qui était à respecter. Et nous avons alerté en disant
15:17vous devez reporter ce référendum.
15:19Quand vous avez plus de la moitié de la population
15:21du corps électoral qui s'est abstenue,
15:23ce troisième référendum n'a aucune légitimité.
15:25On le voit bien. Ce que je veux dire simplement,
15:27c'est qu'un accord global est possible
15:29et il est souhaitable.
15:31Mais en procédant de la sorte, Emmanuel Macron
15:33met en tension les acteurs en présence
15:35alors qu'on peut trouver le chemin d'un accord.
15:37C'est quand même assez dingue qu'Emmanuel Macron
15:39au lendemain du vote de l'Assemblée nationale
15:41dise maintenant qu'on a voté et qu'il va y avoir
15:43cette modification du corps électoral, on peut discuter.
15:45C'est absolument
15:47en rupture avec tout ce qui a été fait
15:49précédemment. On doit concourir à la paix civile.
15:51Et je vous le dis, nous par exemple, nous avons proposé
15:53que le corps électoral soit dégelé.
15:55D'abord on passe par les natifs,
15:57on commence par ce point-là, et après le reste
15:59on le remet à la discussion, y compris sur la question
16:01de la citoyenneté. On n'était pas obligés
16:03de passer au forceps sur quelque chose qu'on sait
16:05aussi inflammable. La preuve, ce qui se passe
16:07sur l'île. Tout le monde le déplore.
16:09Et contrairement à ce que raconte Gérald Darmanin, personne
16:11à la France insoumise, ou nulle part ailleurs
16:13d'ailleurs, ne peut ne se satisfaire des violences
16:15et évidemment que c'est terrible et que le travail
16:17des forces de l'ordre sur place est extrêmement
16:19difficile. Mais je vous le dis,
16:21la responsabilité du gouvernement dans la situation
16:23en Nouvelle-Calédonie et dans
16:25le fait que cela parte en violences
16:27généralisées, sa responsabilité est
16:29immense. Adrien Quatennens, je voudrais
16:31parler de la Russie. Les troupes russes se sont
16:33repassées à l'offensive et se dirigent vers
16:35Kharkiv qui est la deuxième ville
16:37ukrainienne. Alors comment faire
16:39reculer la Russie aujourd'hui ?
16:41D'abord il faut que l'aide
16:43que la France a promis
16:45à l'Ukraine, y compris l'aide militaire, soit
16:47assurée. Et intensifiée ?
16:49En tout cas que les promesses soient
16:51tenues. Mais intensifiées ?
16:53Intensifiées sans doute, oui.
16:55En revanche, une chose est sûre Jacques Bourdin,
16:57c'est qu'il n'y a pas d'issue militaire
16:59à ce conflit. Nous ne le croyons pas.
17:01Et les coups de menton qu'a donné
17:03Emmanuel Macron, qui a d'ailleurs été
17:05contesté par la plupart de nos alliés
17:07sur le fait de dire on envoie des troupes
17:09alors prétendument c'était l'ambiguïté stratégique.
17:11Et comment faites-vous reculer la Russie ? Expliquez-moi.
17:13Écoutez, je crois qu'encore récemment
17:15Zelensky a dit
17:17qu'il y avait la place pour une discussion.
17:19Et que la Russie était même
17:21prête à un cessez-le-feu.
17:23Vous avez entendu les Russes
17:25dire qu'ils étaient prêts à un cessez-le-feu ?
17:27Écoutez Jacques Bourdin, disons les choses
17:29simplement.
17:31Avez-vous entendu un seul responsable
17:33russe dire
17:35qu'il était prêt à la discussion ?
17:37J'ai entendu récemment, y compris
17:39dans la bouche des autorités ukrainiennes, le fait que la discussion
17:41était possible.
17:43Oui, les Russes, je vais y venir.
17:45Il y a même des initiatives internationales, notamment
17:47une réunion qui aura lieu prochainement je crois en Suisse
17:49qui doit statuer cette question.
17:51Jean-Jacques Bourdin.
17:53Il y a deux options. On va faire simple.
17:55Vous voulez le retour de la paix ?
17:57Comme nous tous.
17:59Vous voulez pas de la guerre généralisée ? Comme nous tous.
18:01Non mais je veux de la réalité.
18:03Faisons la réalité. Il n'y en a que deux de réalité.
18:05Et n'importe quel spécialiste en géopolitique
18:07vous le direz. Je sais que vous recevez bientôt
18:09M. Dominique de Villepin, vous allez pouvoir lui reparler.
18:11Il y a deux réalités possibles.
18:13Soit une escalade militaire.
18:15C'est l'option
18:17à laquelle se prépare Emmanuel Macron.
18:19Attendez.
18:21Si on arme l'Ukraine
18:23et si on renforce
18:25le soutien à l'Ukraine, c'est une escalade militaire ?
18:27Non.
18:29En revanche,
18:31si on envoie des troupes au sol...
18:33Qui va envoyer
18:35des troupes au sol ?
18:37Pour répondre à ces questions, Jacques Bordin, il faut que vous supportiez
18:39d'écouter les réponses.
18:41Juste un instant, laissez-moi parler.
18:43Il y a deux options.
18:45Soit on va sur l'envoi de troupes
18:47et on engage plus avant la France
18:49dans ce conflit. Nous pensons que ça n'est pas la bonne option.
18:51Et ça n'est pas contradictoire avec le fait
18:53de dire qu'on doit continuer à soutenir l'Ukraine,
18:55ce que nous souhaitons, évidemment.
18:57Mais jusqu'à un point de limite
18:59qui est le fait que la France devienne elle-même
19:01cobelligérante face à une puissance
19:03nucléaire. Vous voulez pas d'une guerre
19:05nucléaire ? Je crois que personne ne la souhaite.
19:07La deuxième option, Jacques Bordin, ne vous en déplaise,
19:09elle est une option
19:11diplomatique. À la fin, ça va se terminer
19:13de toute façon par une discussion
19:15et la nécessité
19:17pour les territoires contestés d'avoir
19:19un vote où les populations se détermineront.
19:21Je veux dire, si vous voyez une troisième option,
19:23dites-la moi. C'est moi qui vous écoute, Jacques Bordin.
19:25Moi, je n'en vois pas. Ça sera soit la diplomatie,
19:27soit l'escalade guerrière. Je préfère
19:29la diplomatie.
19:31Comment votre candidate, Manon Aubry,
19:33peut-elle affirmer que la Russie n'a pas marché
19:35sur Kiev ?
19:37Pardon ? Mais oui !
19:39Comment votre candidate, Manon Aubry,
19:41hier, dans une émission de télévision
19:43ou avant-hier, peut affirmer
19:45que la Russie n'a pas marché sur Kiev ?
19:47Manon Aubry, comme toute la France insoumise...
19:49Je vous pose la question ! Oui, vous me posez la question et moi je vous donne la réponse.
19:51Manon Aubry, comme toute la France insoumise
19:53depuis la première heure
19:55de l'agression, de l'invasion
19:57de l'Ukraine par la Russie,
19:59en contrevenant à tout droit
20:01international, a été condamnée.
20:03Et nous condamnons, évidemment, l'agression russe.
20:05Mais pourquoi t'élises ça ? C'est trompé, alors ?
20:07Je sais pas ce qu'elle a dit. Vous me sortez une phrase comme ça.
20:09En tout cas, il y a absolument
20:11dans la bouche de Manon Aubry,
20:13comme de n'importe qui à la France insoumise, pas la moindre
20:15ambiguïté sur le fait que l'action de la Russie
20:17est une action qui contrevient à tout droit international,
20:19que Vladimir Poutine
20:21est un criminel de guerre dans cette situation
20:23et qu'il devra répondre
20:25de ses actes, nous l'espérons. Vous le comparez
20:27à Benjamin Netanyahou ?
20:29Est-ce qu'il est un criminel de guerre ou pas ?
20:31Je pense pas que ce soit nécessaire
20:33de faire ce genre de comparaison.
20:35Je vous pose la question autrement,
20:37est-ce que Benjamin Netanyahou est un criminel de guerre ?
20:39C'est une évidence.
20:41En tout cas, ce qu'a de certain
20:43Jean-Jacques Bourdin, c'est que
20:45désormais, il faudrait qu'on inverse
20:47un peu le questionnement sur la situation
20:49au Proche-Orient. Moi, j'en ai assez
20:51de devoir sans cesse me justifier
20:53de mes positions sur la cause palestinienne.
20:55Je pense que maintenant, il faudrait que vous autres,
20:57les journalistes, vous posiez clairement la question
20:59à ceux de droite, de la Macronie,
21:01de savoir si oui ou non, clairement,
21:03et sans ergoter,
21:05oui ou non, condamne-t-il
21:07le massacre de 40 000 civils à Gaza ?
21:09Parce que, pour ce qui nous concerne, Jacques Bourdin,
21:11nous n'avons jamais hésité à condamner
21:13les actions du Hamas
21:15sur le sol israélien qui ont tué
21:17plus de 1 000 personnes et à demander
21:19les libérations des soldats.
21:21Et contre aussi le peuple palestinien.
21:23Bien sûr, d'ailleurs, il serait peut-être bon aussi de rappeler
21:25que Benjamin Netanyahou,
21:27à la tête d'un gouvernement
21:29d'extrême-droite suprémaciste,
21:31a clairement joué la carte du Hamas
21:33sur la scène internationale en disant que
21:35souffler dans les voiles du Hamas permettait
21:37d'empêcher l'émergence
21:39d'une autorité palestinienne légitime et donc
21:41un État palestinien. Et moi, je vous le dis,
21:43désormais, assez discuté,
21:45assez ergoté. À l'heure où toutes les
21:4710 minutes, un enfant meurt
21:49ou est blessé à Gaza, des enfants,
21:51Jacques Bourdin, des bébés, pas des membres
21:53du Hamas. C'est un massacre de masse
21:55qui se passe en direct sous nos yeux.
21:57Vous avez des instances internationales qui parlent
21:59de risques génocidaires. Que fait
22:01Emmanuel Macron ? Quand va-t-il se
22:03décider à mettre un embargo
22:05sur la livraison d'armes à l'État
22:07d'Israël ? Quand va-t-il décider
22:09de reconnaître l'État de Palestine ?
22:11Je veux dire, ça fait maintenant plus de 6 mois
22:13que les instances internationales se sont prononcées
22:15et leurs décisions
22:17font injonction à tous les pays
22:19signataires de la Convention internationale contre le génocide
22:21non pas de parler, mais d'agir.
22:23Qu'attend-on ? Et moi, j'en ai assez
22:25que dès qu'on soutient la cause palestinienne,
22:27dès qu'on dit qu'il faut la reconnaissance
22:29de l'État de Palestine, on serait taxé de je sais pas quoi
22:31d'antisémitisme. On doit pouvoir,
22:33Jean-Jacques Bourdin, dénoncer...
22:35Vous avez parlé de résistance.
22:37Vous avez parlé de résistance du Hamas ?
22:39Qu'une partie du peuple palestinien pense
22:41que ce qui a été fait le 7 octobre
22:43est en réaction à la colonisation.
22:45C'est un acte de résistance. C'est une certitude. C'est un acte terroriste.
22:47C'est clair. C'était pas un acte de résistance.
22:49On est bien d'accord. Mais par contre, Jean-Jacques Bourdin,
22:51on doit bien dire une chose. C'est que le 7 octobre,
22:53il n'est pas tombé du ciel. D'accord ?
22:55Il y a quand même, là aussi, une histoire longue.
22:57Donc le 7 octobre, la responsabilité
22:59partagée, Adrien Quatennens.
23:01La responsabilité du 7 octobre
23:03incombe entièrement
23:05à ceux qui ont décidé de massacrer des Israéliens.
23:07Ça, il n'y a pas de doute. En revanche,
23:09comme contextualiser,
23:11expliquer, comprendre
23:13n'est pas excuser, il faut dire
23:15que le 7 octobre ne vient pas de nulle part.
23:17Depuis des décennies, Israël ne respecte
23:19pas le droit international,
23:21colonise des territoires,
23:23fait souffrir une population.
23:25Les Palestiniens, le Hamas avait donc le droit de se défendre.
23:27Non, le...
23:29Pas de cette manière-là.
23:31Il est évident que des crimes contre des innocents,
23:33quels qu'ils soient, sont des crimes de guerre
23:35et devront être jugés. Mais ce que je veux dire,
23:37c'est qu'il est insupportable
23:39dans le débat public de considérer
23:41que tout a commencé le 7 octobre.
23:43Vous le savez, ça n'est pas vrai.
23:45Il y a une colonisation, quelque chose qui a duré
23:47depuis longtemps. Et maintenant, la France
23:49doit agir sur cette question.
23:51J'ai une dernière question. Vous avez lu
23:53la tribune dans Le Monde hier
23:55de ces 100 femmes
23:57qui demandent une nouvelle loi
23:59sur les violences sexuelles,
24:01sur la ceste,
24:03etc. Vous avez lu ?
24:05Oui, tout à fait.
24:07Oui, je pense qu'il faut des moyens supplémentaires.
24:09En effet, pour toutes les personnes
24:11qui sont victimes, pour pouvoir accueillir la parole
24:13des victimes, pour pouvoir la traiter.
24:15Vous savez, moi, Jean-Jacques Bourdin,
24:17compte tenu de mon histoire personnelle,
24:19j'ai eu notamment à travailler avec certaines
24:21de ces associations, y compris les associations
24:23qui travaillent avec des personnes
24:25qui ont été mises en cause. Et elles manquent
24:27cruellement de moyens. Donc oui, je pense
24:29qu'à un moment donné, il y a des discours
24:31et il y a aussi les moyens nécessaires et que,
24:33sur ce sujet, même si je ne me considère pas
24:35comme étant le plus légitime pour en parler,
24:37je pense que oui, il faut des moyens supplémentaires.
24:39Pourquoi vous n'êtes pas le plus légitime ?
24:41Ne seriez-vous pas le plus légitime pour en parler ?
24:43En tout cas, certains pourraient le penser.
24:45Et je respecte le fait qu'on puisse le penser.
24:47Merci Adrien Quatennens
24:49d'être venu nous voir ce matin.
24:51On n'a pas beaucoup parlé des élections européennes du 9 juin quand même.
24:53Mais l'actualité, pardon Adrien Quatennens,
24:55mais l'actualité nous guide.
24:57En tout cas, une chose est sûre, si vous permettez de le rajouter,
24:59si vous voulez voter pour la paix,
25:01le vote pour la paix le 9 juin, c'est le vote
25:03de Manon Bry. C'est aussi le vote pour le pouvoir d'achat,
25:05pour une forme de protectionnisme en Europe.
25:07Mais je crois que c'est urgent de dire qu'il y a un bulletin de vote
25:09pour la paix le 9 juin prochain.
25:11Bien, merci beaucoup. Il est 9h.
25:13Vous êtes sur l'antenne de Sud Radio,
25:150826 300 300.
25:17A tout de suite.