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Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères était interrogé par Olivier Bost (RTL), Perrine Tarneaud (Public Sénat), Pauline Buisson (M6) et Carl Meeus (Le Figaro).

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00:00Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:11Bonjour à tous, bienvenue dans ce premier Grand Jury de l'année. Je vous souhaite une excellente année 2025.
00:18Ce Grand Jury est en direct comme tous les dimanches sur RTL et sur Public Sénat.
00:23Bonjour Jean-Noël Barraud.
00:24Bonjour Olivier Bost.
00:25Vous êtes ministre de l'Europe et des Affaires étrangères et également vice-président du Modem.
00:29Nous allons donc parler des défis du monde pour cette année 2025 et des défis du gouvernement Bayrou pour les semaines qui viennent pour ne pas tomber à la première censure.
00:39Jean-Noël Barraud, vous revenez de Syrie dont on ne sait pas encore si elle plongera dans l'islamisme le plus radical.
00:46Va-t-on en finir cette année avec les guerres en Ukraine et au Proche-Orient ?
00:50Et puis les États-Unis, avec le retour de Donald Trump, seront-ils source de paix ou de désordre économique ?
00:56Bienvenue dans ce Grand Jury Jean-Noël Barraud.
00:59A mes côtés pour vous interroger aujourd'hui Perrine Tarnot de Public Sénat, Carl Meus du Figaro et Pauline Buisson qui nous rejoindra de M6.
01:07Dans ce Grand Jury Jean-Noël Barraud, nous aurons une séquence questions express avec des réponses par oui ou par non.
01:14Nous aurons notre séquence ça se passe au Parlement, le lieu de tous les dangers pour le gouvernement.
01:19Et puis il y aura un moment 2027 en fin d'émission car la question se pose déjà aujourd'hui.
01:24Après le macronisme, il y aura quoi ?
01:28Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:31Moins d'un mois après la chute et la fuite en Russie de Bachar el-Assad, vous revenez de Syrie Jean-Noël Barraud,
01:39où vous étiez avec votre homologue allemande des affaires étrangères.
01:42Première visite de ce niveau diplomatique au nouveau pouvoir syrien, vous avez rencontré son dirigeant Ahmad al-Shara.
01:50Que retenez-vous de cette rencontre ?
01:52Première visite en réalité d'un ministre des affaires étrangères depuis 15 ans.
01:56Parce que nous avons quitté Damas, quitté l'ambassade de France à Damas il y a 13 ans,
02:04au moment où les conditions de sécurité se dégradaient,
02:07quand Bachar el-Assad et son régime ont réprimé dans le sang la révolution de 2001.
02:12Ça c'est pour le côté symbolique.
02:13Et c'est il y a quelques semaines effectivement que grâce à l'extraordinaire mobilisation du peuple syrien,
02:19un nouvel espoir est né, un espoir fragile mais un espoir réel.
02:24Et comme nous l'avons fait depuis 13 ans, la France se tient au côté du peuple syrien au moment de concrétiser cet espoir.
02:32Et c'est la raison pour laquelle il y a quelques semaines j'ai envoyé une première mission à Damas
02:36pour reprendre possession de nos emprises diplomatiques.
02:39Et c'est pourquoi je me suis rendu avec ma collègue allemande Annalena Baerbock hier à Damas
02:45pour rencontrer les représentants de la société civile, les communautés, en particulier les communautés chrétiennes
02:50que nous soutenons depuis si longtemps, et puis les autorités de transition.
02:53Et parlez-nous de ce nouveau dirigeant, islamiste radical, ça veut dire quoi ? Vous avez parlé avec qui ?
02:59Nous parlons avec les autorités de transition pour leur passer des messages très clairs et très fermes
03:05sur nos attentes en matière de transition politique.
03:08Pour que la Syrie se redresse, il convient que toutes les communautés,
03:12toutes les composantes de la population, de la société syrienne soient représentées et prennent toute leur part.
03:19Et puis pour parler de nos intérêts français, de nos intérêts de sécurité, pour défendre les intérêts des français.
03:26Et en particulier, s'agissant de la Syrie, la lutte contre le terrorisme de Daesh
03:31et la lutte contre la prolifération des armes chimiques.
03:33Voilà les messages que nous avons passés en engageant l'autorité de transition
03:38à se montrer rassembleuse dans son approche du redressement politique de la Syrie
03:42et à prêter une attention toute particulière aux intérêts de sécurité des français et des européens.
03:48Notamment sur les menaces terroristes per interno.
03:51Une séquence a marqué les esprits.
03:53Le nouvel homme fort de la Syrie a refusé de serrer la main de votre homologue allemande.
03:59Vous avez donc échangé avec un homme qui a refusé de serrer la main d'une femme.
04:03Est-ce que j'aurais préféré qu'Ahmed Al-Shara serre la main de ma collègue allemande ?
04:08La réponse est oui.
04:09Est-ce que c'était là l'objet de ce déplacement ?
04:14La réponse est non.
04:16Je veux rappeler qu'il y a en Syrie aujourd'hui des dizaines de milliers de combattants terroristes de Daesh
04:22qui sont détenus dans des prisons dans le nord-est du pays.
04:26Je veux rappeler que suite à l'action du régime de Bachar Al-Assad,
04:29il y a partout en Syrie des armes chimiques qui ont été conçues par ce régime,
04:34retournées par ce régime contre son peuple,
04:37qui sont disséminées et qui pourraient tomber entre de mauvaises mains.
04:40Si je ne me rends pas en Syrie,
04:42qui protégera les Français contre ces menaces, contre leur sécurité ?
04:46Vous parlez d'un espoir fragile. Pourquoi fragile ?
04:50Parce qu'on a connu, par le passé, en Libye, en Irak,
04:55des révolutions, des transitions qui se sont soldées par l'instabilité et par l'islamisme.
05:01Et c'est pourquoi nous sommes très attentifs, et nous le resterons dans les semaines qui viennent,
05:05pour que les premières déclarations des autorités de transition,
05:09qui sont plutôt encourageantes, se traduisent dans des faits, dans des actes,
05:13et nous les jugerons dans la durée.
05:15Est-ce qu'Ahmad Al-Shara, le dirigeant actuel de la Syrie, le nouveau dirigeant, est un islamiste ou pas ?
05:21Je suis lucide sur le passé d'Ahmad Al-Shara,
05:24des groupes qui ont conduit au renversement du régime torsionnaire de Bachar Al-Assad.
05:28Je sais aussi que certains de ces groupes ont combattu Al-Qaïda,
05:33et que certains de ces groupes ont combattu Daesh.
05:36Mais dans la Syrie nouvelle, qui est en train de se lever,
05:39il ne doit y avoir aucune place, aucune place, pour le terrorisme islamiste.
05:44Nous l'avons combattu en Syrie depuis dix ans.
05:47Nous avons encore, le 31 décembre, frappé, bombardé une position de Daesh
05:51en mobilisant les moyens militaires français.
05:53Nous ferons intraitablement...
05:55Est-ce que vous avez une réponse rassurante du nouveau régime au pouvoir sur ces points ?
05:58Bien sûr, nous avons obtenu, à l'issue de cette discussion que nous avons menée à Damas,
06:03des assurances de l'autorité de transition, qu'elle accueillerait prochainement
06:06une mission de l'organisation d'interdiction des armes chimiques,
06:09qui viendra détecter, pour procéder à la destruction des stocks d'armes chimiques,
06:14je le rappelle, le chlore, le gaz sarin du régime de Bachar Al-Assad.
06:17Donc on pourrait avoir un régime islamiste, mais pas terroriste.
06:20Ça c'est possible.
06:22Nous voulons un avenir pour la Syrie,
06:26qui permette à toutes les composantes de la société syrienne d'être représentées.
06:30C'est un gage de stabilité pour la Syrie, c'est donc l'intérêt de la Syrie,
06:34c'est l'intérêt de la région, puisque vous le savez,
06:36la Syrie était devenue un foyer d'instabilité majeur pour tout le Proche-Orient,
06:40et c'est l'intérêt des Françaises et des Français,
06:43parce que nous avons subi les conséquences de cette instabilité,
06:47qui a provoqué l'une des plus grandes vagues migratoires vers l'Europe,
06:50qui a provoqué aussi l'essor du terrorisme,
06:53qui a été instrumentalisé par le régime de Bachar Al-Assad.
06:56Si nous voulons prévenir l'ensemble de ces denchers et de ces menaces,
07:00nous avons besoin d'une Syrie souveraine, stable et apaisée.
07:04Vous dites que vous avez obtenu des gages,
07:06est-ce que vous avez obtenu des gages sur l'organisation d'élections ?
07:09Est-ce que vous pouvez nous dire quand pourront être organisées des élections libres ?
07:13Est-ce que vraiment on peut faire confiance dans ce nouveau dirigeant ?
07:17Nous avons obtenu des gages sur la représentativité
07:22dans le processus qui va conduire à terme à réécrire la Constitution
07:26et à procéder à des élections.
07:27Quels sont ces gages ?
07:28Nous avons beaucoup insisté dans notre échange avec lui
07:31sur la place des femmes, sur laquelle vous m'interrogiez tout à l'heure.
07:35Il s'est engagé auprès de nous pour que le comité préparatoire
07:39au dialogue national qui va s'enclencher dans les semaines qui viennent
07:42inclue en son sein des femmes.
07:45Ça n'était pas gagné à l'avance et c'est, je dirais,
07:48l'une des satisfactions que nous avons obtenues en nous rendant sur place.
07:51Aujourd'hui, la Syrie est toujours sous le coup de sanctions des Occidentaux.
07:55Est-ce que ces sanctions, selon vous, doivent être levées rapidement
07:59ou rester en vigueur ? Quelle est votre position ?
08:01Il y a des sanctions qui n'ont pas vocation à être levées.
08:04Celles qui, en particulier, touchent au régime de Bachar al-Assad
08:08et à ses dirigeants.
08:09Il y en a d'autres qui pourraient être levées assez rapidement
08:13et notamment celles qui entravent l'accès de l'aide humanitaire
08:17aux populations syriennes.
08:19Pour le reste, c'est une discussion que nous avons initiée
08:22avec nos partenaires européens et qui dépendra du rythme
08:25par les autorités syriennes de transition, de la prise en compte
08:28de nos intérêts et en particulier de nos intérêts de sécurité.
08:31Les monarchies arabes proposent d'aider la Syrie.
08:34Est-ce une chance ou un risque pour la stabilité du pays ?
08:38L'avenir de la Syrie appartient aux Syriens.
08:41Et de ce point de vue-là, l'objectif de souveraineté affiché
08:45à la fois par l'autorité de transition mais aussi par les représentants
08:48de la société civile et des communautés que nous avons rencontrés est sain.
08:52C'est un pays dans quel état a besoin d'aide ?
08:56C'est un pays qui a souffert dans sa chair des atrocités
09:02du régime de Bachar al-Assad et je l'ai vu de mes yeux
09:05en me rendant dans la prison de Sednaya,
09:07véritable camp d'extermination, véritable abattoir humain
09:11du régime de Bachar al-Assad.
09:13Il faudra que justice soit rendue.
09:15Mais c'est un pays qui a aussi besoin d'un redressement économique.
09:18Il faut se représenter que le PIB, la richesse produite par la Syrie
09:22a été divisée par 5 en 10 ans.
09:25Il faut se représenter que 50% des infrastructures ont été détruites
09:30sous l'empire de Bachar al-Assad.
09:32Et donc, pour se relever, la Syrie aura évidemment besoin d'aide
09:35mais il est essentiel qu'aucune puissance étrangère
09:38ne vienne comme l'ont fait trop longtemps la Russie et l'Iran
09:42sous prétexte de soutenir des autorités ou de soutenir la Syrie
09:45piller ce pays pour l'affaiblir encore.
09:48– Est-ce que vous nous dites que le nouveau gouvernement,
09:51ce qu'il représente, ne représente pas à priori de menace,
09:55vous dites donc aux réfugiés syriens qui étaient venus
09:59depuis quelques années en France, vous pouvez repartir ?
10:02Ça sera en toute sécurité chez vous ?
10:05– Ce que j'ai dit de ce nouveau gouvernement,
10:07c'est que nous le jugerons sur les actes et dans la durée.
10:11Ce que nous souhaitons, c'est qu'effectivement,
10:13cette Syrie souveraine, stable et apaisée,
10:15permette aux Syriennes et aux Syriens qui ont fui,
10:18par millions, 6 millions de Syriens ont fui le pays
10:22et fuient la répression de Bachar al-Assad,
10:24qu'ils puissent, s'ils le souhaitent, rentrer dans leur pays.
10:27– Il y a certains réfugiés aujourd'hui qui vous demandent
10:29de pouvoir aller visiter leur pays sans perdre leur titre de séjour en France.
10:32Qu'est-ce que vous leur dites ?
10:33Ils n'ont pas encore obtenu de réponse.
10:35– C'est une situation à laquelle nous réfléchissons.
10:38Il y a des dérogations qui sont possibles dans certaines circonstances.
10:41Elles ont été accordées dans certains cas.
10:43L'objectif, à plus long terme évidemment,
10:46c'est qu'il soit tout à fait possible, pour un Syrien qui le souhaite,
10:50de rentrer en Syrie, quitte à renoncer à son statut de réfugié,
10:55puisque, d'une certaine manière, il ne sera plus en danger.
10:58– Mais pour l'instant, ils ne peuvent pas aller visiter leur pays
10:59et revenir en France pour suivre…
11:01– Comme je le disais, effectivement, lorsque vous êtes réfugié,
11:06c'est-à-dire lorsque vous avez obtenu la protection internationale de la France,
11:09vous êtes réputé ne pas vous rendre dans votre pays d'origine.
11:13Sinon, cela signifie qu'au fond, vous n'étiez pas en danger.
11:16Dans une situation aussi particulière que celle que nous vivons,
11:19où nous avons un changement très rapide,
11:22il est légitime que certains Syriens qui ont le statut de réfugié
11:26souhaitent rapidement retrouver famille, retrouver leur bien, leur maison,
11:31sans pour autant, parce qu'ils n'ont pas encore toutes les assurances,
11:34renoncer définitivement à la protection.
11:36Je vous le disais, il y a des dérogations,
11:38nous les examinons pour pouvoir les accorder lorsqu'elles sont légitimes.
11:42– Et où en est le gel de l'examen des nouvelles demandes d'asile ?
11:45– Là encore, c'est une décision de l'OFPRA,
11:48l'Office français pour la protection des réfugiés des apatrites,
11:51qui attribue le statut de réfugié,
11:53et qui, lorsque un grand bouleversement politique affecte un pays,
11:57suspend ses décisions le temps d'y voir plus clair.
12:00Donc il y a aujourd'hui 700 demandes d'asile syriennes
12:04qui sont à l'instruction par l'OFPRA,
12:07et qui sont suspendues en attendant d'en savoir plus.
12:09Mais là encore, je veux le redire,
12:11nous avons en quelque sorte, avec les autorités de transition,
12:15eu un discours très ferme et très franc.
12:18C'est dans l'intérêt de l'autorité de transition
12:21de rassembler avec elle et à ses côtés
12:23toutes les composantes de la société syrienne,
12:26et notamment les Kurdes,
12:28qui ont si courageusement combattu le terrorisme de Daesh.
12:31Et c'est dans l'intérêt des Européens
12:33d'avoir cette Syrie stable et apaisée,
12:35pour que les Syriennes et les Syriens
12:37qui sont venus s'installer en Europe,
12:40puissent, s'ils le souhaitent, rentrer dans leur pays.
12:42Les Kurdes, qui sont toujours menacés par la Turquie,
12:45un des alliés de ce nouveau gouvernement provisoire de la Syrie,
12:49est-ce que vous avez discuté de leur situation ?
12:52Est-ce que vous avez obtenu là aussi des garanties
12:54pour la protection des Kurdes en Syrie ?
12:58Ce que nous souhaitons, c'est que les Kurdes,
13:01qui ont été pour nous des alliés majeurs
13:03dans la lutte contre le terrorisme
13:05que nous avons livré sans relâche
13:07contre Daesh en Syrie,
13:09voient leurs droits respectés
13:11dans la nouvelle Syrie
13:13qui est en train de se lever.
13:15Cela suppose effectivement
13:17un dialogue tout d'abord
13:20entre les Kurdes et l'autorité de transition.
13:23C'est acté,
13:25puisque depuis quelques jours,
13:27les chefs kurdes sont en dialogue
13:30avec l'autorité de transition
13:32et c'est une étape importante que nous avons facilitée.
13:34Pour la suite, nous serons très attentifs
13:36à ce que les intérêts, les droits
13:38des Kurdes à participer pleinement dans cette transition
13:40soient respectés,
13:42parce que ce sont des alliés,
13:44pour nous, et parce qu'aujourd'hui,
13:46ce sont les Kurdes qui protègent,
13:48qui défendent, si je puis dire,
13:50les prisons dans lesquelles se trouvent
13:52des dizaines de milliers de combattants terroristes.
13:54Vous avez évoqué justement le risque terroriste.
13:56En Syrie et en Irak,
13:58l'État islamique n'a pas disparu,
14:00je crois qu'on peut dire ça.
14:02La France a frappé des positions d'ailleurs de Daesh
14:04cette semaine en Syrie.
14:06Quelles sont exactement les forces
14:08de Daesh aujourd'hui ?
14:10Les forces de Daesh
14:12ont jusqu'à présent été repoussées
14:14par la combinaison
14:16du courage des Kurdes
14:18dans le nord-est de la Syrie
14:20et l'action de la France
14:22et des États-Unis
14:24qui, par des moyens militaires,
14:26ont repoussé ou compromis
14:28toutes les urgences.
14:30Un retour de Khalifa par exemple ?
14:32Si je me suis rendu
14:34en Syrie, c'est précisément
14:36parce que ce risque existe.
14:38Nous avons une Syrie
14:40qui était opprimée,
14:42qui était sous la coupe
14:44d'un régime tortionnaire et barbare.
14:46Nous avons, depuis quelques semaines,
14:48une transition politique
14:50qui crée évidemment
14:52une période d'instabilité
14:54et qui fait ressurgir le risque
14:56d'une réapparition de Daesh.
14:58C'est pourquoi nous avons frappé le 31 décembre
15:00et c'est pourquoi je me suis rendu sur place
15:02pour réaffirmer la priorité absolue
15:04que nous attribuons à cette question-là.
15:06Est-ce que nous sommes en train de revenir
15:08à une situation dix ans en arrière ?
15:10Dix ans, c'étaient les attentats de Charlie Hebdo
15:12et de l'Hypercacher. Est-ce que vous craignez
15:14un retour des attentats en France ?
15:16D'abord, puisque vous citez
15:18Charlie Hebdo,
15:20je veux avoir
15:22un mot
15:24emprunt d'émotion
15:26dix ans après ce tragique
15:28attentat qui continue
15:30d'émouvoir les Français
15:32dix ans après. Parce que cet attentat,
15:34au-delà de sa barbarie,
15:36a touché à ce que nous avons
15:38de plus précieux, la liberté
15:40d'opinion, la liberté d'expression
15:42et l'héritage des Lumières. Et je veux d'ailleurs dire
15:44en hommage
15:46à la mémoire de ceux qui ont été
15:48assassinés ce matin-là.
15:50Nous accueillerons
15:52cette semaine au Quai d'Orsay
15:54Jules, un dessinateur de Charlie
15:56pour croquer les ambassadrices et les ambassadeurs
15:58qui sont réunis toute la semaine
16:00comme une forme
16:02d'hommage.
16:04Et je veux dire que dix ans après,
16:06nous continuons...
16:08L'esprit Je suis Charlie est encore très fort
16:10vous avez l'impression, en France,
16:12quand on regarde par exemple les enquêtes,
16:14on voit que notre jeunesse est beaucoup
16:16moins attachée aux valeurs de liberté
16:18d'expression, de laïcité.
16:20Je crois que
16:22la société française dans son ensemble
16:24a été traumatisée
16:26par cet attentat
16:28et qu'elle est encore
16:30très émue. Et c'est pourquoi
16:32tant de manifestations vont apparaître
16:36cette semaine en mémoire
16:38de ceux qui sont tombés ce jour-là
16:40et en reconnaissance
16:42de ce que représente Charlie. Quant à nous,
16:44nous continuons à lutter
16:46inlassablement contre le terrorisme Daesh.
16:48Vous l'avez dit, je l'ai dit tout à l'heure,
16:50nous avons frappé le 31 décembre dernier,
16:52nous avons bombardé des positions de Daesh
16:54en Syrie. Je me suis rendu
16:56sur place avec comme priorité
16:58de réaffirmer que
17:00nous serons absolument intransigeants
17:02s'agissant de la lutte
17:04contre Daesh et nous ne relâcherons pas
17:06nos efforts. On va parler à présent de la situation
17:08d'Israël. En 14 mois,
17:10Israël a mené une guerre contre le Hamas
17:12dans la bande de Gaza, contre le
17:14Hezbollah au Liban, contre la puissance
17:16militaire de la Syrie et puis surtout
17:18une guerre contre l'influence générale
17:20de l'Iran dans la région. Dites-vous qu'Israël
17:22est en train de gagner toutes ces
17:24guerres déclenchées en réponse
17:26au massacre du 7 octobre ?
17:28Ce que je veux dire, c'est que la position
17:30de la France est constante à ce sujet.
17:32Israël a le droit
17:34de se défendre et dans le respect
17:36du droit international. Et c'est pourquoi nous avons
17:38systématiquement condamné
17:40toutes les violations par Israël
17:42du droit international. Les privations d'accès
17:44à l'aide humanitaire, le ciblage
17:46des civils, le ciblage
17:48des casques bleus
17:50de la finule. Donc ce qui veut dire que
17:52ce que vous retenez de ces 1 an et
17:54quelques mois de guerre menée
17:56par Israël, ce sont ces écarts ?
17:58Non, ce que je retiens, c'est
18:00évidemment le cessez-le-feu au Liban
18:02qui a fait la démonstration
18:04que dans cette région,
18:06le dialogue et la négociation
18:08peuvent primer sur la force.
18:10Oui, mais pardonnez-moi. Ce cessez-le-feu
18:12que la France a porté, que la France en réalité
18:14a initié est
18:16le premier
18:18moment depuis le 7 octobre,
18:20depuis le
18:22pogrom du 7 octobre
18:24où les armes se taisent.
18:26Et cela montre que
18:28la stabilité de la région
18:30ne passera pas par la force et la brutalité
18:32mais par le dialogue et la diplomatie.
18:34Carl Meus, où en sont les négociations
18:36pour la libération des otages détenus
18:38par le Hamas à Gaza, parmi lesquels
18:40il y a des Français ?
18:42Est-ce que vous avez de leurs nouvelles ?
18:44Je vous remercie de rappeler le sort
18:46de nos deux compatriotes
18:48Ofer Calderon et
18:50Ouad Yalloumi qui sont détenus
18:52depuis plus d'un an maintenant dans l'enfer des tunnels
18:54de Gaza.
18:56Nous appelons au cessez-le-feu
18:58immédiat à Gaza, à la libération
19:00inconditionnelle de tous les otages,
19:02à l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire.
19:04C'est la position constante de la France
19:06que nous réitérons à tous les niveaux
19:08aux autorités israéliennes.
19:10Sur ce sujet, nous avons
19:12des espoirs, ils sont
19:14minces,
19:16qu'un accord puisse être trouvé
19:18entre Israël
19:20et le Hamas pour que
19:22une telle libération puisse avoir lieu.
19:24Nous continuons à exercer
19:26les pressions
19:28nécessaires pour que cela puisse
19:30advenir. Malheureusement, ça ne dépend
19:32pas que de nous.
19:34Israël avance aussi ses troupes en Syrie
19:36sur le plateau du Golan. Est-ce que vous dénoncez
19:38cette occupation illégale
19:40au-delà de la zone tampon démilitarisée
19:42qui a été fixée en 1974 ?
19:44Et selon vous,
19:46quelles sont aussi les intentions d'Israël ?
19:48Face au bouleversement
19:50en Syrie,
19:52nous comprenons qu'Israël
19:54s'inquiète de ses intérêts
19:56de sécurité. Intérêts de sécurité qui sont
19:58d'ailleurs, comme les nôtres, menacés
20:00notamment par la prolifération
20:02des armes chimiques.
20:04En revanche,
20:06la souveraineté, l'intégrité
20:08territoriale de la Syrie doit être
20:10préservée. C'est une condition de la
20:12stabilité de la Syrie et donc de la région.
20:14Et c'est la raison pour laquelle
20:16nous demandons à Israël
20:18de se replier derrière la ligne
20:20qui a été fixée en 1974
20:22pour mettre fin à cette violation
20:24du droit international. Parce que les violations
20:26du droit international, comme nous avons
20:28pu le constater
20:30depuis un an et demi bientôt,
20:32ne conduisent en aucun cas
20:34à la stabilité dans la région.
20:35Est-ce que vous pensez que Benjamin Netanyahou,
20:37le Premier ministre alien,
20:39cherchera un jour la paix ?
20:41Vous voyez ce que je veux dire ?
20:43Politiquement apportée par la guerre.
20:45Est-ce que politiquement, son intérêt c'est
20:47d'aller vers la paix ou de continuer la guerre ?
20:49Je crois que personne n'a intérêt à un embrasement
20:51du Proche-Orient. Ni Israël,
20:53ni le Liban, ni la Syrie,
20:55ni les partenaires arabes
20:57de ces pays, et ni évidemment
20:59la France et l'Europe.
21:01C'est pourquoi nous déployons
21:03tous nos efforts au Liban depuis
21:05bientôt maintenant un an,
21:07et en Syrie désormais, pour faire en sorte que
21:09la situation se stabilise,
21:11toujours avec à l'esprit les intérêts
21:13des Français, leurs préoccupations en matière
21:15d'immigration, en matière de sécurité.
21:17Il y a un soutien très fort américain qui a été annoncé
21:19ce matin avec la vente de 8 milliards
21:21de dollars d'armes à Israël.
21:23Qu'est-ce que vous pensez de ce soutien
21:25américain ?
21:27Ce que je pense, c'est que les armes
21:29doivent désormais se taire
21:31au Proche-Orient, et qu'elles doivent céder
21:33la place à la diplomatie et au dialogue.
21:35Je le redis, regardez
21:37ce qui s'est passé au Liban.
21:39Il y a un mois, nous avons obtenu
21:41après des semaines
21:43et des semaines d'efforts, qu'un
21:45cessez-le-feu puisse advenir.
21:47Ce cessez-le-feu, il est fragile
21:49mais il tient. Il a permis
21:51un désarmement
21:53progressif du Hezbollah dans le sud du Liban.
21:55Il a permis un retrait
21:57progressif d'Israël du sud du Liban.
21:59Il faut encore aller beaucoup plus loin.
22:01Mais voilà un exemple
22:03de la manière dont nous pouvons, par la négociation
22:05et par la diplomatie, notamment la diplomatie
22:07française, faire avancer la région
22:09dans la bonne direction. Pour parler des Etats-Unis,
22:11Donald Trump demande à l'Europe
22:13d'acheter de grandes quantités
22:15de gaz et de pétrole, sinon
22:17il engagera une guerre commerciale
22:19avec des droits de douane. Que répondez-vous à
22:21Donald Trump qui revient à la Maison Blanche
22:23le 20 janvier ?
22:25Je crois que personne n'a intérêt à une guerre
22:27commerciale entre
22:29l'Union Européenne et les Etats-Unis
22:31et surtout pas les Etats-Unis.
22:33Ce serait même une lourde erreur. Pourquoi ?
22:35Parce qu'une telle guerre pénaliserait
22:37gravement les très nombreuses
22:39entreprises américaines qui sont aujourd'hui
22:41installées en Europe et qui devraient donc
22:43payer des droits de douane lorsqu'elles
22:45ré-exportent leur production vers les Etats-Unis
22:47et ça nuirait gravement
22:49au pouvoir d'achat des classes moyennes
22:51américaines qui devraient
22:53payer, y compris des biens de première
22:55nécessité beaucoup plus chers qu'aujourd'hui.
22:57Donc ça n'a pas de sens. Mais vous connaissez le raisonnement de Donald Trump,
22:59c'est de dire que l'Europe doit rattraper
23:01quelque part son déficit, c'est-à-dire
23:03qu'il y a 150 milliards
23:05d'euros de déficit commercial pour les
23:07Etats-Unis. Vous avez raison, mais il y a
23:09un excédent dans l'autre sens. Donc il y a
23:11un déficit, c'est-à-dire qu'il y a plus
23:13d'exportation de l'Europe vers les Etats-Unis
23:15que des Etats-Unis vers l'Europe, mais il y a
23:17plus d'investissement des Etats-Unis
23:19vers l'Europe que réciproquement. Et qu'est-ce que ça veut dire ?
23:21Il y a plus d'investissement parce qu'il y a
23:23beaucoup d'entreprises américaines qui sont en Europe.
23:25Si nous entrons dans une
23:27guerre commerciale, qui seront les premières victimes ?
23:29Et bien ce seront les entreprises
23:31américaines aujourd'hui installées en Europe.
23:33Notre vin, notre luxe, il y a les voitures
23:35allemandes par exemple aussi qui pourraient
23:37faire les frais de cette guerre commerciale.
23:39Je comprends bien, mais voyez que
23:41les intérêts américains seraient les
23:43premiers concernés, y compris ceux qui sont en Europe.
23:45Donc je pense que ce serait une lourde erreur.
23:47Et ça porterait une grave atteinte aux intérêts américains.
23:49Qui ira à l'investiture de Donald Trump dans
23:5115 jours ? Vous ?
23:53Ce n'est pas une décision
23:55qui est aujourd'hui
23:57actée, et vous me réinviterez...
23:59Tout est possible.
24:01Mais c'est important d'être à l'investiture
24:03de Donald Trump ?
24:05Il faut engager avec lui des
24:07relations diplomatiques ?
24:09Bien sûr ! Vous savez, ça fait plus
24:11de deux siècles que nous avons des relations
24:13les meilleures avec les Etats-Unis d'Amérique.
24:15Rappelez-vous, rappelons-nous
24:17que c'est à 19 ans que
24:19le jeune Lafayette est monté
24:21sur le navire La Victoire pour
24:23aller libérer
24:25les Américains du joug britannique.
24:27Et rappelons-nous en sens reverse...
24:29Donald Trump...
24:31Donald Trump exerce le pouvoir
24:33de manière assez particulière.
24:35Moi je comprends bien Olivier Bost qu'on a en France
24:37assez peu, je dirais d'estime
24:39ou trop peu d'estime pour
24:41le général Lafayette, mais sachez que le général
24:43Lafayette aux Etats-Unis est une véritable
24:45star ! Et c'est à 19 ans
24:47que les combattants américains sont venus
24:49libérer notre pays. On s'en est rappelé
24:51une nouvelle fois, 80 ans après,
24:53sur les plages du débarquement.
24:55Et nous avons survécu à 59 élections
24:57américaines. Je crois que nous survivrons à la 60ème.
24:59Surtout que nous avons connu Donald Trump
25:01président des Etats-Unis,
25:03que le président de la République a déjà travaillé avec lui
25:05et qu'il le redémarre à nouveau.
25:07Celui qui traverse facilement l'Atlantique, mais dans l'autre sens, c'est le premier soutien
25:09de Donald Trump, Elon Musk. Il s'y mise toujours
25:11plus dans la politique
25:13européenne, notamment il appelle
25:15en Allemagne à voter pour l'AFD,
25:17le parti d'extrême droite, lors des prochaines
25:19législatives. Il soutient aussi l'extrême droite
25:21en Angleterre, en Italie.
25:23Que pensez-vous de ces positions politiques
25:25d'Elon Musk ? Chacun a le droit
25:27d'avoir les positions qu'il souhaite.
25:29Évidemment, lorsque
25:31on participe
25:33à un gouvernement où on aspire à y participer,
25:35ces prises de position prennent
25:37une dimension un peu particulière.
25:39C'est de l'ingérence ou pas ?
25:41Soit c'est un exercice de communication
25:43qui vient un peu perturber,
25:45notamment en Allemagne, un processus électoral
25:47et c'est très regrettable.
25:49Soit c'est un choix assumé,
25:51notamment vis-à-vis de l'AFD,
25:53qui est un parti d'ultra-droite,
25:55qui flirte avec les idées néo-nazis.
25:57Et alors, il faudra que
25:59le parti républicain, aujourd'hui au pouvoir
26:01aux Etats-Unis, assume de lier
26:03son destin avec celui d'un parti qui représente
26:05tout ce que le parti républicain
26:07a toujours combattu.
26:09Vous n'avez pas tranché cette question ? Franchement, quand vous regardez Elon Musk agir
26:11aujourd'hui, c'est pas de l'ingérence
26:13pure et dure qu'il est en train de faire en Europe ?
26:15Je vais vous dire ce qui me préoccupe.
26:17Je vais vous dire ce qui me préoccupe.
26:19Merci de le rappeler. Je crois que c'est là
26:21que se situe
26:23la préoccupation qui doit être la nôtre.
26:25La démocratie est un
26:27trésor fragile. Le débat public
26:29est un trésor fragile.
26:31Nous ne pouvons pas accepter
26:33que le débat public, que le débat
26:35électoral, se délocalise
26:37sur des plateformes de réseaux
26:39sociaux dont les règles sont
26:41fixées par des milliardaires américains
26:43ou chinois, et qui sont
26:45instrumentalisées par les ennemis de la démocratie
26:47pour nous fragiliser.
26:49Donc en manière électorale, est-ce qu'il faudrait fermer ce type de plateforme ?
26:51Écoutez, nous avons déjà...
26:53Est-ce que la question se pose aujourd'hui ?
26:55Non, la question ne se pose pas. Et je vais vous dire pourquoi.
26:57Parce que sous l'impulsion de la France,
26:59nous avons édicté pour l'Europe
27:01les règles les plus strictes du monde
27:03en matière de contrôle des réseaux sociaux.
27:05Ce sont des règles nouvelles, qui commencent à être
27:07mises en oeuvre. Nous les avons fait adopter en 2022
27:09lorsque la France présidait l'Union Européenne.
27:11Que disent-elles ?
27:13Elles disent que les plateformes de réseaux sociaux
27:15doivent lutter activement contre la désinformation
27:17et doivent prévenir toute atteinte
27:19au débat public, sous peine de lourdes
27:21amendes, qui peuvent aller jusqu'à 6% du chiffre
27:23d'affaires des entreprises concernées,
27:25et qui amènent, le cas échéant,
27:27de bannissements de l'Union Européenne.
27:29Mais est-ce que la puissance, aujourd'hui,
27:31économique, technologique, d'un Elon Musk
27:33vous inquiète ?
27:35Ce que je souhaite, puisqu'on parle
27:37des réseaux sociaux, et on a vu
27:39ce qui s'est passé en Roumanie
27:41avec la manipulation de TikTok
27:43par des puissances
27:45étrangères, c'est que les règles
27:47que nous avons choisies, que nous nous sommes donnés
27:49démocratiquement, soient appliquées. Donc j'en appelle,
27:51mais très solennellement, à la Commission Européenne
27:53pour que
27:55sa main ne tremble pas
27:57et pour qu'elle fasse appliquer
27:59de manière très ferme les règles
28:01que nous nous sommes données.
28:03C'est-à-dire que ce n'est pas le cas aujourd'hui, et que par exemple pour X,
28:05avec tout ce qu'on a vu, tout ce qui s'est passé, ou pour TikTok,
28:07la réponse européenne est insuffisante ?
28:09Il y a des enquêtes qui ont été ouvertes sur X
28:11et sur TikTok. Elles doivent maintenant
28:13aboutir, et elles doivent
28:15conduire, si je dirais
28:17il est avéré
28:19que ces plateformes ont conduit
28:21à manipuler le débat public.
28:23Il faut que les sanctions soient prises
28:25et qu'elles soient appliquées fermement.
28:27Jean-Noël Barreau, ministre de l'Europe et des Affaires
28:29étrangères, est notre invité. Il est également
28:31vice-président du MoDem.
28:33Nous allons donc parler de politique
28:35et du gouvernement. Comment faire pour passer
28:37le printemps ? A tout de suite.
28:51Suite du Grand Jury,
28:53présenté par Olivier Bost.
28:55Jean-Noël Barreau, le ministre
28:57de l'Europe et des Affaires étrangères,
28:59et également vice-président du MoDem,
29:01est notre invité.
29:03A mes côtés pour vous interroger,
29:05Perrine Tarnot, de Public Sénat,
29:07et Pauline Buisson, de M6.
29:09Le Grand Jury, ça se passe
29:11au Parlement. Parce que c'est au Parlement
29:13que se jouera l'avenir du gouvernement
29:15de François Bayrou. Qu'est-ce qui
29:17change par rapport au gouvernement
29:19de Michel Barnier, auquel vous appartenez aussi ?
29:21C'est toujours le Rassemblement
29:23national qui a droit de vie ou de mort sur
29:25l'équipe gouvernementale ? D'abord, vous avez raison
29:27de rappeler que c'est au Parlement
29:29que tout va se jouer.
29:31Parce que c'est désormais
29:33le Parlement qui, d'une certaine
29:35manière, détient
29:37les pleins pouvoirs. Le gouvernement
29:39est là pour initier, impulser
29:41et puis ensuite mettre en œuvre.
29:43Mais c'est au Parlement de prendre
29:45ses responsabilités et de trancher
29:47au service des Français, pour donner
29:49à la France un budget, pour avancer sur la question
29:51de l'agriculture
29:53et sur les questions
29:55de sécurité, notamment, sur lesquelles
29:57les attentes des Français sont très importantes.
29:59Mais dans ce pouvoir qui est au Parlement, est-ce que le Rassemblement
30:01national garde un pouvoir supplémentaire
30:03qui est celui de pouvoir faire tomber, aujourd'hui,
30:05le gouvernement ?
30:07Je ne crois pas qu'il y ait
30:09aujourd'hui
30:11une majorité
30:13pour bloquer le pays. Je crois au contraire
30:15que la censure a montré,
30:17parce qu'elle a provoqué une inquiétude
30:19profonde et une inquiétude légitime dans le
30:21pays, qu'il fallait désormais
30:23que chacun prenne ses responsabilités.
30:25Je crois qu'il y a une majorité pour
30:27éviter le blocage, que c'est une
30:29majorité qui s'ignore et que
30:31le rôle du gouvernement, aujourd'hui,
30:33c'est de la révéler.
30:35Donc vous ne pensez pas qu'une motion de censure
30:37arrivera dans les dix jours qui viennent ?
30:39Je crois que nous ne pouvons pas nous permettre
30:41le luxe du blocage
30:43du pays. Je rappelle que la guerre
30:45est à nos portes, nous en avons parlé,
30:47que la planète est en ébullition,
30:49que la Chine et les Etats-Unis nous prennent
30:51de vitesse, que notre démocratie
30:53est prise d'assaut
30:55et que dans ce contexte, la division
30:57nous fragilise et l'instabilité
30:59nous affaiblit. Malgré tout, il y a
31:01un sondage qui indique que près d'un
31:03Français sur deux est favorable à une motion de censure
31:05à l'issue de la déclaration de politique générale,
31:07vous ne pouvez pas l'ignorer. Qu'est-ce que vous faites pour l'éviter ?
31:09Je crois qu'il faut rappeler, très simplement,
31:11que la censure
31:13a des conséquences très lourdes.
31:15Elle décale,
31:17elle reporte un certain nombre de
31:19décisions et un certain nombre
31:21d'investissements au service des Français.
31:23C'était déjà votre position avant la première censure,
31:25ça n'a pas empêché cette censure d'être votée ?
31:27Sauf que la conséquence de la censure,
31:29c'est qu'on s'aperçoit que la censure
31:31a des conséquences, et notamment
31:33le fait que les collectivités locales
31:35en l'absence d'un nouveau budget,
31:37d'un budget pour la France, ne peuvent pas investir,
31:39que le réarmement de notre police,
31:41de notre armée, de notre justice, doit attendre,
31:43que le prêt à taux zéro qui devait être
31:45étendu ne l'est toujours pas, et qu'on ne peut pas
31:47recruter dans les EHPAD. Voilà quelques exemples
31:49de ce que la censure produit
31:51dans le pays. C'est pourquoi nous ne pouvons pas attendre.
31:53C'est d'ailleurs la même raison qui a poussé
31:55le Premier ministre, François Bayrou, à choisir
31:57de repartir pour la discussion budgétaire
31:59de la copie où nous en étions
32:01arrêtés, parce que nous
32:03ne pouvons plus attendre pour donner
32:05à la France un budget. Vous dites donc de ne pas attendre,
32:07donc il va falloir élargir votre majorité.
32:09Quelle concession, aujourd'hui,
32:11vous êtes prêts à faire, pour notamment
32:13demander aux socialistes
32:15de voter une partie du budget,
32:17ou en tout cas, de ne pas voter une motion de censure ?
32:19Dès demain, Éric Lombard
32:21recevra tous les groupes politiques
32:23qui le souhaitent, s'agissant du budget
32:25de l'État, et puis Catherine Vautrin pour
32:27le budget de la sécurité sociale. C'est tout
32:29l'enjeu de ces discussions.
32:31Faire en sorte de révéler,
32:33si je puis dire, cette majorité
32:35qui s'oppose à un blocage du pays.
32:37Justement, la porte-parole
32:39du gouvernement a dit
32:41l'objectif de déficit public sera fixé
32:43justement après ces discussions avec les groupes
32:45politiques. Est-ce que ça veut dire que
32:47la limite qui était
32:49de 5,4% de déficit, qui était
32:51à peu près fixée, pourrait être outrepassée ?
32:53Est-ce que ça veut dire qu'on revoit un peu
32:55les objectifs en matière budgétaire ?
32:57Je suis tout à fait à ce qu'a dit la porte-parole
32:59du gouvernement, et je le redis.
33:01C'est au gouvernement d'initier, d'impulser,
33:03et c'est aux parlementaires, et je le dis devant les parlementaires
33:05qui sont présents dans votre studio
33:07ce matin, de trancher.
33:09Et de décider. En responsabilité.
33:11Mais ça veut dire que le déficit n'est pas établi.
33:13Vous partez pas avec un chiffre à obtenir.
33:15C'est-à-dire que Michel Barnier avait dit, lui, il faut faire 60 milliards
33:17d'euros d'économie. Là, la logique
33:19est inverse. C'est-à-dire qu'on voit
33:21à quel chiffre on peut arriver, globalement, en se mettant
33:23d'accord avec les groupes politiques.
33:25François Bayrou, le Premier ministre,
33:27a fixé la méthode.
33:29C'est le respect, c'est l'écoute
33:31et c'est le dialogue.
33:33On va pas préempter les décisions
33:35qui doivent être concertées avec les forces politiques.
33:37C'est tout l'enjeu
33:39de ces consultations qui vont commencer cette semaine.
33:41Mais il faut quand même donner des gages aux oppositions.
33:43Et sur quel point, exactement ?
33:45Vous n'avez pas, vous, de propositions à faire
33:47aux oppositions ? Par exemple,
33:49on parle beaucoup de la réforme des retraites.
33:51Est-ce qu'il faut geler cette réforme des retraites
33:53telle qu'elle a été adoptée en 2023 ?
33:55C'est aux parlementaires
33:57et à leurs représentants,
33:59à leurs chefs, qui vont se présenter
34:01devant les ministres
34:03que je viens de citer,
34:05de faire leurs propositions.
34:07Dans un esprit, je l'espère, constructif.
34:09Pas en venant aligner
34:11les lignes rouges, mais en venant faire
34:13des propositions. Je le redis.
34:15J'entends ce que vous me dites
34:17sur les sondages,
34:19sur la censure, etc.
34:21D'abord, je voudrais redire qu'on ne gouverne pas
34:23avec des sondages, on gouverne avec du courage.
34:25Et c'est vrai pour le gouvernement, mais d'une certaine manière,
34:27c'est vrai au Parlement.
34:29Et donc, il faut aborder cette
34:31phase de consultation
34:33dans un esprit de responsabilité.
34:35Imaginez
34:37si nous privions pour la deuxième fois
34:39consécutive la France d'un budget. Quelles seraient les conséquences
34:41pour les Français, très directement ?
34:43Pour l'image de la France dans le monde ?
34:45Pour notre capacité à défendre nos intérêts ?
34:47Ce serait tout simplement tragique.
34:49Jean-Noël Barraud, vous, ministre des Affaires étrangères,
34:51vous aviez concédé 1 milliard d'euros
34:53d'économies sur votre
34:55ministère, dans la version du budget
34:57de Michel Barnier, que reprend François
34:59Bayrou. Est-ce que vous êtes prêt à aller
35:01au-delà pour participer à l'effort ?
35:03Vous savez,
35:05le ministère des Affaires étrangères a été,
35:07comme vous le dites,
35:09fortement mis à contribution.
35:11Trop ou pas ? Nous avons
35:13veillé à sauvegarder
35:15les moyens qui nous permettent de transformer
35:17ce ministère,
35:19notamment les moyens en termes
35:21humains, les ETP,
35:23comme on dit dans le jargon budgétaire,
35:25les postes qu'on nous avait promis,
35:27et qui sont essentiels pour
35:29réarmer notre diplomatie et défendre
35:31les intérêts des Français partout dans le monde.
35:33Ensuite, je crois que
35:35notre responsabilité,
35:37et je vous remercie de me donner
35:39l'occasion de le faire ce matin,
35:41dans votre studio, c'est de rappeler que
35:43le ministère des Affaires étrangères
35:45ne traite pas que de questions lointaines,
35:47mais traite de questions qui touchent très directement
35:49aux préoccupations
35:51des Françaises et des Français, telles que mesurées
35:53par les sondages, notamment.
35:55Je parle de l'immigration, je parle
35:57de la sécurité, je parle
35:59du pouvoir d'achat et de la sécurité des approvisionnements,
36:01je parle de la lutte contre la désinformation.
36:03Mais à propos d'immigration, justement,
36:05est-ce que ce n'est pas contradictoire de baisser
36:07l'aide au développement, parce que c'est principalement l'économie
36:09qui est réalisée sur votre ministère,
36:11alors que vous voulez justement en faire un levier
36:13pour lutter contre l'immigration
36:15clandestine, pour que les pays
36:17reprennent leurs ressortissants ?
36:19Vous avez raison.
36:21C'est un des leviers à partir desquels
36:23nous pouvons obtenir des pays d'origine
36:25un certain nombre d'avancées.
36:27Donc vous désarmez l'un de vos leviers.
36:29Je veux d'abord rappeler qu'après
36:31plusieurs décennies de désarmement,
36:33le président de la République
36:35a décidé, et les gouvernements précédents,
36:37de réarmer ce ministère,
36:39et les budgets de l'aide publique au développement
36:41ont augmenté très considérablement ces dernières années.
36:43Mais nous voilà face à
36:45un exercice budgétaire
36:47qui nous impose un certain nombre d'efforts.
36:49Et comme François Bayrou l'a
36:51toujours dit, si je puis dire,
36:53ça n'est pas qu'une question comptable,
36:55ça n'est pas qu'une question financière,
36:57c'est une question morale. C'est d'ailleurs la question
36:59qui se pose dans les familles françaises
37:01quand les fins de mois sont difficiles,
37:03on fait un peu d'effort à la dépense.
37:05Tous les ministères doivent faire cet effort
37:07à la dépense, et je crois que
37:09les fonctionnaires de ces ministères, leurs directeurs,
37:11sont eux aussi conscients
37:13qu'on ne peut pas laisser dériver
37:15les finances publiques comme ça.
37:17Alors, lors de ses voeux, Emmanuel Macron a dit qu'il demanderait
37:19aux Français de trancher
37:21des sujets déterminants. Donc on imagine
37:23un recours à un ou des référendums.
37:25Sur quel sujet
37:27souhaitez-vous que le Président consulte
37:29les Français ?
37:31C'est une prérogative du Président,
37:33du Premier Ministre, que de définir
37:35les sujets. Je considère
37:37que ça n'est jamais une mauvaise idée
37:39que de consulter les Français.
37:41Il y a plusieurs
37:43possibilités. Il y a
37:45le référendum, les référendums,
37:47puisqu'il y en a plusieurs types.
37:49Il y en a d'autres. Et je ne fais pas
37:51partie de ceux qui minimisent
37:53l'intérêt et l'impact
37:55qu'ont eus certaines initiatives
37:57prises ces dernières années.
37:59Le Grand Débat National, les consultations
38:01citoyennes. Je crois que nous avons besoin
38:03de mieux articuler.
38:05Qui n'ont donné aucun résultat.
38:07Je ne fais pas partie de ceux qui partagent cet avis.
38:09Puisque les conclusions n'ont jamais été vraiment reprises.
38:11J'en donnerai trois.
38:13La première,
38:15vous vous souvenez
38:17des revendications des gilets jaunes
38:19répercutées dans les cahiers de doléances.
38:21C'était les impôts.
38:23A l'automne suivant,
38:25nous avons baissé l'impôt sur le revenu
38:27de 5 milliards d'euros.
38:29La deuxième revendication, c'était l'énergie,
38:31l'environnement, etc.
38:33Nous avons créé la Convention citoyenne pour le climat.
38:35La troisième revendication,
38:37qui était parfaitement légitime,
38:39c'était l'abandon
38:41des zones périphériques et des zones rurales.
38:43Et c'est la création des maisons France Service
38:45qui est venue répondre à ça.
38:47Nous n'avons pas tout résolu avec le Grand Débat National.
38:49Je parle de méthode.
38:51Et j'ai salué, nous avons salué,
38:53chaque fois que des initiatives ont été prises,
38:55cet effort qui consiste à associer
38:57les Françaises et les Français aux décisions
38:59qui sont prises en leur nom.
39:01Les Français ont besoin de débattre de quoi en 2025 ?
39:03Sur tout sujet.
39:05Il est toujours utile...
39:07Bruno Retailleau souhaiterait
39:09un référendum sur l'immigration.
39:11Est-ce que vous vous y êtes favorable ?
39:13Parlons des affaires étrangères.
39:15Je crois que nous avons besoin, plus que jamais,
39:17d'associer les Françaises et les Français
39:19aux décisions que nous prenons, aux positions
39:21qui sont celles de la France
39:23dans un certain nombre de régions du monde
39:25qui peuvent paraître éloignées,
39:27mais où se conditionne la réponse à leurs préoccupations.
39:29Donc vous souhaiteriez une Convention citoyenne
39:31sur la question des relations internationales ?
39:33Je souhaite
39:35effectivement l'année 2025
39:37permettre, plus que jamais, d'associer
39:39les Français, y compris à certaines décisions
39:41qu'ils peuvent considérer comme étant
39:43éloignées de leur quotidien.
39:45Vous pensez à quelle décision par exemple ?
39:47Vous me parlez de méthode. Je vous réponds
39:49sur la méthode. Je suis un démocrate.
39:51Je considère que pour que vive
39:53la démocratie, il faut que
39:55les citoyens soient pleinement conscients
39:57des enjeux et qu'ils puissent à leur tour exercer
39:59la responsabilité. Je crois d'ailleurs
40:01qu'il faut que la démocratie
40:03soit ce qu'on appelle participative, c'est-à-dire que l'opinion
40:05des citoyens soit mieux
40:07articulée avec le travail des parlementaires,
40:09avec le travail des ministres
40:11et du gouvernement,
40:13et que tout cela peut être utile
40:15et une bonne résolution.
40:17Sur la question des référendums, les Républicains,
40:19qui sont donc votre allié au sein de ce gouvernement,
40:21souhaitent un référendum sur l'immigration. Est-ce que vous vous y êtes favorable ?
40:23Je le dis
40:25et je
40:27pense savoir,
40:29pour l'avoir accompagné pendant de nombreuses années,
40:31que François Bayrou est également favorable à cette idée,
40:33qu'il n'est jamais
40:35vain de solliciter
40:37l'avis des Français. Même chose pour la mise en place de la proportionnelle,
40:39par exemple, ça pourrait être l'objet d'un référendum ?
40:41Ça pourrait
40:43être l'objet d'un référendum,
40:45c'est au Premier ministre qu'il appartiendra
40:47de définir
40:49ce chemin. C'est un combat qu'il a
40:51porté depuis longtemps, c'est un combat
40:53que j'ai porté avec lui,
40:55et peut-être que vous me permettrez de
40:57prendre quelques secondes pour expliquer pourquoi.
40:59La proportionnelle a deux avantages
41:01majeurs.
41:03Le premier avantage,
41:05c'est qu'avec un scrutin proportionnel,
41:07chaque voix compte. Alors que c'est
41:09beaucoup moins vrai du scrutin
41:11tel qu'il existe aujourd'hui, vous savez,
41:13pour les députés, on vote une première fois,
41:15on élimine, puis ensuite il y a un deuxième tour.
41:17Et souvent, les électeurs se sentent
41:19lésés ou alors ne comprennent pas très bien
41:21pourquoi leur voix n'est pas prise en compte. Avec la proportionnelle,
41:23les choses sont beaucoup plus transparentes et l'impact
41:25du vote est plus fort. Et la deuxième, le deuxième
41:27avantage, et bien c'est que la proportionnelle
41:29conduit les forces politiques,
41:31sans se renier, à adopter
41:33une attitude beaucoup plus constructive,
41:35parce qu'il voit dans les autres forces politiques
41:37un partenaire potentiel, plutôt
41:39qu'un ennemi à abattre.
41:41Vous pensez vraiment que dans la perspective de...
41:43Excusez-moi, mais ça ferait un sujet de référendum ?
41:45Je crois que nous avons une urgence, si je puis dire,
41:47c'est le budget et sans doute
41:49quelques autres textes, à commencer par Mayotte
41:51et par l'agriculture, mais je souhaite
41:53en tout cas qu'en 2025, nous puissions
41:55avancer sur ces questions démocratiques.
41:57Et à quel type de proportionnelle êtes-vous favorable ?
41:59Parce que là, on a vu que le RN défend désormais
42:01une proportionnelle avec une prime majoritaire.
42:03Il y a
42:05plusieurs formules
42:07possibles. Celle
42:09que nous avons pu
42:11défendre par le passé consiste à
42:13maintenir l'échelon territorial
42:15du département, par exemple,
42:17en faisant en sorte
42:19que la proportionnelle se joue à ce niveau-là.
42:21C'est une discussion qui doit avoir lieu entre les forces politiques.
42:23Mais je constate que ce combat
42:25qui a été celui de François Bayrou pendant longtemps,
42:27celui du Modem, est aujourd'hui
42:29partagé par un grand nombre de forces politiques.
42:31Et donc j'ai bon espoir, même si je le redis,
42:33nous avons des urgences dans les prochaines semaines,
42:35bon espoir que nous puissions
42:37avancer.
42:39Vous avez évoqué Mayotte, où se rend
42:41aujourd'hui Marine Le Pen pour une visite
42:43de trois jours. Sur place,
42:45les habitants sont amers vis-à-vis de l'État.
42:47Les annonces de François Bayrou
42:49divisent notamment sa volonté de ne pas
42:51reconstruire des bidonvilles qui représentent
42:53quand même 40% de l'habitat de ce département.
42:55Comment empêcher
42:57que les bidonvilles
42:59refleurissent sur toutes les collines
43:01de Mayotte ? Et comment surtout
43:03regagner la confiance des Mahorais ?
43:05Je ne vais pas me substituer
43:07au Premier ministre
43:09ni au ministre des Outre-mer.
43:11Mais je voudrais dire que
43:13ce qui s'est produit à Mayotte est une tragédie
43:15qui appelle la solidarité
43:17de la nation toute entière
43:19et que le gouvernement s'est pleinement
43:21mobilisé pour bâtir sous l'autorité
43:23du Premier ministre le plan
43:25Mayotte-Debout qui permet à la fois
43:27de répondre à l'urgence sur l'accès à l'électricité,
43:29à l'eau, à l'éducation,
43:31à la santé, aux réseaux de télécommunication
43:33mais aussi de commencer à préparer
43:35la reconstruction de l'île
43:37qui prendra plusieurs années.
43:39Je veux aussi d'ailleurs insister sur le fait
43:41que François Bayrou a souhaité
43:43nommer un ancien Premier ministre
43:45comme ministre des Outre-mer et de l'élever
43:47au rang de ministre d'Etat
43:49ce qui témoigne de l'attention
43:51et de l'importance qu'il accorde
43:53à ce sujet-là. Et je crois d'ailleurs,
43:55puisque vous citez le déplacement de Marine Le Pen,
43:57qu'elle-même a salué le plan
43:59Mayotte-Debout du gouvernement.
44:01Comment vous percevez cette visite ?
44:03Vous dites que c'est de la récupération politique,
44:05vous dites que c'est bien, qu'elle y est. Comment vous vous positionnez ?
44:07Vous savez, je ne vais pas commencer à commenter
44:09les déplacements de Mme Le Pen.
44:11Je crois que toute la nation doit faire
44:13œuvre de fraternité dans l'urgence
44:15pour les Mahoraises et les Mahorais
44:17et à plus long terme, parce qu'il ne faudra pas l'oublier,
44:19pour soutenir les efforts
44:21de reconstruction qui seront longs,
44:23qui seront difficiles.
44:25Puisqu'on en parlait dans la première partie d'Elon Musk,
44:27l'ami de Donald Trump, est-ce que c'était une bonne idée
44:29de faire appel à son système de satellite
44:31pour Mayotte ?
44:33Je crois que l'important c'était
44:35que le plus rapidement possible
44:37les familles Mahoraises
44:39puissent entrer en contact avec leurs proches.
44:41J'ai été très touché par les échanges
44:43que nous avons eus avec le Président de la République
44:45à Djibouti.
44:47Avec des soldats
44:49Mahorais postés sur place
44:51qui n'avaient toujours pas,
44:53lorsque nous nous y sommes rendus
44:55fin décembre, de contact
44:57avec leurs familles. Il fallait trouver
44:59des solutions d'urgence et c'est
45:01celles qui ont été identifiées.
45:03Quelle réponse il faut donner aux agriculteurs
45:05qui ont repris leurs manifestations
45:07et potentiellement
45:09des blocages ? Ça fait un an
45:11qu'ils protestent. Je comprends parfaitement
45:13pourquoi. Ils n'en peuvent plus
45:15des lourdeurs administratives qui pèsent
45:17sur leurs épaules, ils n'en peuvent plus
45:19de la concurrence déloyale des producteurs
45:21étrangers. Et c'est pourquoi
45:23tous les gouvernements
45:25depuis que la révolte a explosé
45:27l'année dernière
45:29se sont mobilisés pour obtenir
45:31d'abord de la Commission Européenne des mesures
45:33d'urgence et de simplification et ensuite
45:35pour mettre sur pied une loi d'orientation
45:37agricole qui, si je puis dire,
45:39aurait déjà été votée
45:41si nous n'avions pas eu la censure.
45:43François Bayrou ne les recevra que dans 8 jours,
45:45est-ce que ce n'est pas un peu trop tard ?
45:47François Bayrou connaît bien le monde agricole
45:49et il a insisté pour pouvoir les recevoir
45:51entendre leurs attentes
45:53et faire en sorte que
45:55cette loi d'orientation agricole qui sera
45:57prochainement à l'ordre du jour du Parlement
45:59prochainement vous pouvez être plus précis
46:01parce que c'est une attente forte de la part des agriculteurs
46:03Je ne veux pas me substituer au ministre des relations
46:05avec le Parlement mais
46:07je vous l'ai dit, le texte est prêt depuis
46:09bien longtemps et si le gouvernement précédent
46:11n'avait pas été censuré
46:13il est possible que ce texte
46:15aurait été déjà adopté.
46:17Le Grand Jury, questions express
46:19Vous connaissez le principe
46:21c'est une série de questions avec des réponses par oui
46:23ou par non, pour ou contre ? Pour ou contre
46:25d'abord le dry ginery ?
46:27Contre
46:29Pour quelles raisons ?
46:31Parce que la modération c'est tout au long de l'année
46:33Pour ou contre la légalisation
46:35du cannabis ?
46:37Contre
46:39parce que nous avons besoin
46:41de lutter
46:43de manière féroce
46:45contre les trafics
46:47qui ne concernent pas seulement des sujets
46:49de santé publique mais aussi des sujets de sécurité
46:51Vous n'avez jamais fumé de cannabis ?
46:53Pardon ? Vous n'avez jamais fumé de cannabis ?
46:55Ça a peut-être
46:57pu m'arriver dans ma lointaine
46:59jeunesse mais comme je l'ai dit, le principe
47:01cardinal que je me suis fixé
47:03c'est la modération
47:05Pour ou contre les zones à faible émission en centre-ville
47:07pour interdire les voitures polluantes ?
47:09C'est un objectif louable
47:11Vous n'avez pas de voiture
47:13vous n'avez pas de diesel ?
47:15Je suis banlieusard
47:17si je puis dire, j'habite à Versailles
47:19et donc je connais les difficultés
47:21de celles et ceux qui doivent gagner
47:23le centre-ville, je connais donc les contraintes
47:25qui s'exercent
47:27ou qui sont provoquées par l'installation
47:29de ces zones à faible émission
47:31mais je pense néanmoins
47:33que nous devons nous acheminer progressivement
47:35et s'embrusquer et de manière
47:37équitable, sans brusquer
47:39personne vers
47:41ces zones
47:43de faible émission
47:45Pour ou contre la fermeture du Marineland d'Antibes ?
47:47Alors là
47:49il faudra me donner un tout petit peu plus d'éléments
47:51Vous savez, c'est les orques dans l'épicide
47:53qui sont dans le Marineland et donc
47:55le centre va fermer
47:57Je...
47:59La cause animale
48:01Oui en Syrie on en a un petit peu moins parlé
48:03mais ceci étant dit, vous savez que
48:05nous serons très mobilisés cette année
48:07au sujet des océans
48:09puisque nous accueillerons à Nice
48:11la troisième conférence des Nations Unies pour l'océan
48:13qui a vocation à être
48:15pour la sauvegarde des océans, l'équivalent
48:17de ce que l'accord de Paris a été pour le climat
48:19Alors de l'ancien ministre de l'éducation Claude Allègre
48:21qui est mort ce week-end, vous retenez
48:23le grand scientifique ou le climato-sceptique ?
48:25Je retiens le grand scientifique
48:27la médaille d'or du CNRS
48:29l'engagement résolu au service
48:31de l'école
48:33Le Grand Jury
48:352027, c'est demain
48:37Alors 2027, on en parle effectivement
48:39dès aujourd'hui. François Bayrou ferait-il
48:41un bon candidat pour la prochaine présidentielle ?
48:43Je crois que la question
48:45n'est pas celle que se posent aujourd'hui
48:47les Français. François Bayrou
48:49est aujourd'hui Premier ministre et depuis
48:51quelques semaines seulement il est pleinement à sa tâche
48:53C'est le candidat naturel du Modem, quand même
48:55C'est le président du Modem, même
48:57Et donc potentiellement
48:59le candidat naturel ?
49:01C'est à lui qu'il faut poser la question, mais je crois qu'il est occupé
49:03par Mayotte, par le budget
49:05et par la loi d'orientation agricole
49:07Plus généralement, il va falloir en 2027
49:09un candidat qui va rassembler tout le camp central
49:11Bien sûr, je crois que nous avons
49:13besoin et intérêt
49:15à n'avoir qu'un seul candidat
49:17en 2027
49:19Mais si ce n'est pas François Bayrou le candidat du camp central
49:21ça pourrait être Édouard Philippe, Gabriel Attal
49:23Je crois qu'à nouveau
49:25ce ne sont pas les questions du moment
49:27et je regrette de vous décevoir
49:29Mais il y a un successeur à François Bayrou, au Modem
49:31pour la présidentielle
49:33Mais vous savez, François Bayrou n'est pas seul
49:35au Modem, il a fait vivre
49:37depuis de longues années
49:39un collectif qu'il a accompagné dans tous ses combats
49:41Donc il a des successeurs potentiels
49:43Donc il a des soutiens potentiels
49:45et même des soutiens avérés pour l'action qu'il mène
49:47aujourd'hui au gouvernement
49:49Je ne parlais pas de soutien, je parlais de successeur
49:51Aujourd'hui il est président du Modem, Premier ministre
49:53Est-ce que vous avez des nouvelles
49:55de Gabriel Attal ? Il est aux abonnés absents
49:57depuis la censure de Michel Barnier
49:59Gabriel Attal est
50:01président de l'un des groupes principaux
50:03à l'Assemblée Nationale
50:05Il est pleinement à sa tâche et il contribuera, j'en suis certain
50:07le connaissant, à ses travaux
50:09de préparation du budget et sur les autres sujets
50:11François Bayrou a des relations avec lui
50:13des échanges justement pour préparer la suite
50:15préparer le budget
50:17Pour le Premier ministre, le président d'un groupe aussi important
50:19pour la République, est un partenaire essentiel
50:21Est-ce que le bloc
50:23central, plus précisément
50:25est-ce que le macronisme survivra
50:27à 2027 ?
50:29Est-ce que pour vous il restera quelque chose après
50:31qui relèvera du macronisme ?
50:33Il y a
50:35dans ce pays un grand courant central
50:37qui prend ses sources au début du
50:39XXème siècle et qui grâce
50:41à la ténacité de François Bayrou
50:43et au talent d'Emmanuel Macron
50:45en 2017 s'est retrouvé aux responsabilités
50:47au Parlement et au gouvernement
50:49Après 10 ans de pouvoir, est-ce que
50:51la question de
50:53l'existence de ce bloc central se pose pas ?
50:55Je crois que ce bloc central
50:57représente
50:59un courant très profond
51:01très vivace dans la société française
51:03et qu'il a vocation à structurer
51:05Est-ce qu'il s'est structuré et installé suffisamment
51:07pour 2027 ?
51:09Ça fait partie des sujets auxquels nous devons travailler
51:11Structurer
51:13cet espace central, faire en sorte
51:15que nos idées, nos idéaux
51:17puissent continuer
51:19à être défendues
51:21à être promues au-delà
51:23de 2027, même si là
51:25on s'éloigne beaucoup des préoccupations
51:27Mais avant 2027, il y a les municipales
51:29de 2026, est-ce que là
51:31vous souhaitez des candidatures uniques
51:33du socle commun
51:35notamment dans les grandes villes ?
51:37Est-ce que ça vous semble indispensable de vous rassembler ?
51:39Vous savez, l'élection municipale, c'est par
51:41définition
51:43une élection
51:45pour laquelle il faut rassembler, en tout cas si l'on souhaite
51:47l'emporter. Il me semble
51:49assez naturel que
51:51dans un certain nombre de villes, c'est déjà le cas d'ailleurs
51:53les composantes
51:55de ce qu'on appelle le bloc central
51:57puissent se retrouver pour proposer
51:59Comme les composantes ont un peu bougé
52:01ces derniers mois, avec
52:03notamment le rapprochement avec les républicains
52:05est-ce que ça veut dire que le bloc central
52:07aujourd'hui, et notamment
52:09pour les élections municipales, ça veut dire
52:11les macronistes, le modem
52:13horizon et les républicains ?
52:15Vous me parlez des municipales. Demandez
52:17à n'importe quelle maire
52:19de France la manière dont il
52:21compose sa liste. Et s'il regarde
52:23les étiquettes
52:25ou les visages des hommes et des femmes
52:27qui l'accompagnent, il vous répondra
52:29que c'est la deuxième solution
52:31qui compte. Périne Tarnot. Un petit mot
52:33peut-être pour finir cette émission
52:35de l'écrivain franco-algérien Boalem Sansal
52:37qui est emprisonné en Algérie depuis 50 jours
52:39son nom n'a pas été évoqué
52:41par Emmanuel Macron lors de ses voeux
52:43de la nouvelle année. Est-ce que vous le regrettez ?
52:45Je suis, comme
52:47le Président de la République
52:49très préoccupé
52:51par le fait que
52:53la demande de libération
52:55adressée par Boalem
52:57Sansal et ses avocats a été rejetée
52:59Je suis préoccupé par son état de santé
53:01et, comme vous le savez
53:03la France est très attachée
53:05à la liberté
53:07d'expression, à la liberté d'opinion
53:09et considère que les raisons
53:11qui ont pu conduire
53:13les autorités algériennes
53:15à l'incarcérer
53:17ne sont pas valables.
53:19Quels sont les initiatives diplomatiques
53:21que vous avez pu prendre jusque-là
53:23pour sa libération ? Ce sont des initiatives
53:25que nous prenons à tous les niveaux et depuis
53:27qu'il a été inquiété
53:29pour obtenir sa libération.
53:31Est-ce que le rapport aujourd'hui avec le pouvoir
53:33algérien rend
53:35difficile, y compris les moyens
53:37de pression ? Vous savez, vous m'interrogez
53:39sur le rapport que nous avons avec l'Algérie.
53:41Nous souhaitons entretenir les meilleures relations
53:43avec l'Algérie. C'est l'intérêt de l'Algérie
53:45et c'est l'intérêt de la France et des Français.
53:47Nous avons, en 2022,
53:49il y a deux ans, presque trois,
53:51rédigé
53:53une feuille de route. Président de la République,
53:55Président Tebboune, nous tenons
53:57à ce que cette feuille de route
53:59puisse être suivie. Mais nous observons
54:01des postures,
54:03des décisions de la part des autorités
54:05algériennes qui nous permettent
54:07de douter de l'intention
54:09des Algériens
54:11à se tenir à cette feuille de route.
54:13Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux.
54:15Merci beaucoup Jean-Noël Barraud,
54:17ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
54:19et vice-président du MoDem était notre invité ce dimanche
54:21dans Le Grand Jury. Bonne semaine à tous
54:23et à la semaine prochaine.
54:25Le Grand Jury, RTL, Le Figaro,
54:27Public Sénat, M6.