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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Stéphanie Demureux.
00:05Et toujours en compagnie de mes deux débatteurs de la première heure, Nathan Devers et Raphaël Stainville.
00:10On parlait il y a quelques instants, messieurs, des débuts du gouvernement.
00:14Premier conseil des ministres aujourd'hui, premier conseil des ministres aussi pour la porte-parole,
00:19qui a dû faire un petit débriefing un petit peu poussif par la suite.
00:23Je vous propose d'écouter les premiers mots de Sophie Prima.
00:26Mesdames et messieurs les journalistes, votre présence reflète l'attention portée à cette étape importante de notre vie démocratique,
00:36qui est la cérémonie de compte-rendu du conseil municipal. Je vous en remercie chaleureusement.
00:43Bon, ce n'est pas très gentil de remettre ce sonore, mais enfin...
00:47On est un grand village, on est un grand village, il y a son premier ministre.
00:52Oui, dans la continuité de son patron.
00:55Exactement. C'est vrai que ses débuts étaient un peu laborieux.
00:59En même temps, l'ordre du jour était extrêmement maigre, alors on peut le regretter.
01:03Du coup, elle en a été un petit peu contrainte à faire des vocalises sans trop grande prise de risque.
01:12Pour autant, il y a des choses qui peuvent être questionnées.
01:17Elle se définit comme n'étant pas une macroniste de la première heure.
01:21Le plus surprenant, c'est qu'elle soit de la dernière heure quand le macronisme semble finissant.
01:26On va l'écouter sur ce point, pardonnez-moi Raphaël. Écoutez, Sophie Prima.
01:30Je ne suis pas une macroniste de la première heure, ni même une adhérente au modem.
01:36En tant que gaulliste, il me semble qu'il y a des moments où il faut additionner les forces politiques présentes pour notre pays.
01:45Voilà, c'était pour illustrer votre propos Raphaël.
01:49C'est vrai que c'est un petit peu curieux de se définir comme ça.
01:53Sa justification laissant à penser que l'addition de forces politiques constitue un plus,
02:02on ne voit pas le cap qui se définit à travers les propos.
02:07Elle peut se réclamer du gaullisme, aujourd'hui tout le monde se réclame du gaullisme.
02:11C'est vrai qu'il y a toujours ce clair-obscur.
02:14On ne comprend pas, si ce n'est que les LR qui font partie au-dessus de ce gouvernement sont aujourd'hui solubles dans ce grand magma assez inqualifiable.
02:29Mais ce qu'elle vient de dire, Sophie Prima, c'était dans la même veine qu'Elisabeth Borne,
02:33qui disait « je ne m'attendais pas à être là, je ne suis pas très spécialiste de l'éducation ».
02:37Ça veut dire qu'il a eu le plus grand mal à former son gouvernement.
02:41Mais il y a surtout un problème parce qu'elle parle de gaullisme.
02:44Notre constitution est placée sous l'égide d'un concept qui est central, qui est le concept de volonté générale.
02:49L'action publique doit servir l'intérêt général et elle doit être l'expression de cette volonté-là.
02:55Le concept de volonté générale a été forgé par Rousseau dans le contrat social.
02:58Et dans le contrat social, Rousseau explique très bien pourquoi, alors lui va jusqu'à être contre l'existence de partis politiques.
03:04Mais il dit parce que la volonté générale, ce n'est pas l'addition des intérêts particuliers, ce n'est pas la volonté de tous.
03:10Estimer qu'on va servir l'intérêt général en additionnant les visions des uns et des autres,
03:16les idéologies des uns et des autres, les dogmatismes des uns et des autres.
03:19Un, ça ne marche pas, et c'est ce que Benjamin Morel nous expliquait tout à l'heure,
03:23parce que chacun va mettre ses lignes rouges, ses vétos, etc.
03:26et qu'on va se retrouver à pédaler dans une sorte de gadou parlementaire.
03:31Et deux, ce n'est pas la conception de l'intérêt général.
03:35Et d'ailleurs je crois que François Bayrou lui-même n'est pas dans cette logique.
03:38Alors certes il est chef de parti, certes il est un peu chef de chapelle, parce qu'il a un parti.
03:43Mais quand même, en tant qu'admirateur de Henri IV, sa volonté c'est vraiment d'essayer de penser outre les clivages qui existent aujourd'hui,
03:52de penser outre les chapelles et les appartenances idéologiques des uns et des autres,
03:57et de prendre les choses par le haut à travers le beau mot de réconciliation.
04:00Est-ce qu'il arrivera ? Est-ce qu'il n'arrivera pas ? Personne ne peut le dire.
04:02Mais en tout cas je crois que l'heure n'est absolument pas à l'addition.
04:06Et l'addition des médiocrités ça ne donne pas...
04:08Je ne traite pas les hommes politiques de médiocres.
04:10Ce que je traite de médiocre c'est le dogmatisme des uns et des autres.
04:13L'addition de ces angles morts ne permettra jamais de retrouver au bout la lumière du tunnel qu'est l'intérêt général.
04:19Par le haut et surtout lentement, on l'a dit avec Benjamin Morel, mais ça a dû vous frapper aussi Raphaël Stainville,
04:25c'est vrai que tout est un petit peu reporté, la loi d'urgence Mayotte,
04:29alors je sais bien qu'il faut prendre du temps mais on sent qu'il marche sur les oeufs,
04:32c'est peut-être une illustration de sa fébrilité.
04:35Alors je pense qu'il ne faut pas être trop définitif et notamment sur le temps qui est pris pour cette loi d'urgence pour Mayotte.
04:45Parce que précisément les débats parlementaires ne reprenant que le 13 janvier,
04:51lorsque cette loi sera à l'ordre du jour du prochain conseil des ministres...
04:55Non mais il aurait pu arriver avec des annonces un peu claires sur un tas de sujets...
04:58D'un point de vue symbolique, si c'était mieux pour les Mahorais qui ne comprennent pas
05:02que le gouvernement prenne tant de temps après avoir tant tardé à venir au secours de Mayotte,
05:11ça fait des années que la situation finalement est catastrophique
05:13et cette tragédie n'a été qu'un révélateur de ce qui n'allait pas.
05:21Après oui, on l'a dit, aujourd'hui c'est un gouvernement qui est déjà en sursis
05:27et donc l'une des premières urgences pour François Bayrou c'est de composer avec le temps
05:33pour ne pas se compromettre par des phrases ou des sorties qui puissent rendre impossible l'espèce de...
05:39Et pourtant Emmanuel Macron a appelé à l'audace !
05:42On est dans les vocalises, l'audace on l'a entendu plusieurs fois dans sa bouche et puis pour un résultat très incertain.
05:49Nathan Devers, vous vouliez rajouter quelque chose ?
05:53Il faut quand même voir aussi une chose, c'est que le grand problème aujourd'hui de ce gouvernement
05:59vient moins de ce qu'il fera lui que de ce qui se passera du côté de l'opposition.
06:04Et il faut quand même le rappeler, on a des oppositions qui ne sont pas dans une logique de construction.
06:09C'est pour ça qu'on peut critiquer tout ce qu'on veut sur, ou en tout cas avoir tous les doutes possibles
06:15sur l'action de François Bayrou et des ministres, mais il faut aussi relever que quoi qu'il fasse,
06:21vous avez des oppositions aux deux extrêmes, à savoir le NFP, c'est-à-dire la France Insoumise
06:26et le NFP gouverné par la France Insoumise et le Rassemblement National
06:30qui partent du principe que de toutes les manières, ils vont saisir le premier prétexte possible pour le faire tomber.
06:37Ça ne va pas se retourner contre eux, y compris contre le Rassemblement National,
06:42parce que je pense que les Français ont tout de même envie d'avoir des résultats concrets,
06:47peu importe la couleur du gouvernement.
06:49C'est aussi sévère que Nathan, c'est autant la gauche, le Nouveau Front Populaire,
06:53aujourd'hui, a laissé entendre qu'ils censuraient quels que soient les avancées et les efforts que pourrait faire ce gouvernement Bayrou.
07:01Je pense que du côté du Rassemblement National, il y a quand même une démarche qui est plus constructive,
07:06ce qui permet aujourd'hui à François Bayrou d'espérer une sorte de neutralité sinon bienveillante,
07:13une neutralité qui lui permettrait de faire passer son budget.
07:17Personne n'est dans la tête de Marine Le Pen et personne n'est devin,
07:21mais je pense que si en effet François Bayrou fait ce pari, il se trompe.
07:25Parce qu'en tout cas, ce qu'on a vu avec Michel Barnier, c'est que Marine Le Pen,
07:28avec un storytelling qui était construit avec beaucoup d'habileté,
07:31c'est pour ça que les électeurs du RN n'ont pas tellement voulu au RN d'avoir censuré le gouvernement Barnier,
07:36c'est qu'ils ont dit que c'était pour servir l'intérêt de leurs électeurs,
07:39ce qui était partiellement vrai, parce que la vérité c'est juste qu'ils avaient envie politiquement
07:42de faire tomber le gouvernement au premier prétexte possible,
07:45sans doute qu'avec François Bayrou, ils réussiront d'une manière ou d'une autre
07:48à reconstruire ce narratif, ce storytelling, et à créer ce récit-là.