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00:0013h-14h, Europe 1-13h. La suite d'Europe 1-13h à 13h32 sur Europe 1.
00:06Vous écoutez Céline Giraud avec vous, aujourd'hui Céline pour Décrypter l'actualité,
00:09Jules Torres et Nathan Devers.
00:11Et on continue à parler de ce qui se passe, de ce qui fait l'actualité politique désormais,
00:16avec les débuts compliqués, on peut le dire, de François Bayrou à Matignon,
00:20depuis sa nomination, le Premier ministre enchaîne les faux pas,
00:24il y a eu cet aller-retour express à Pau alors que Mayotte affrontait une tragédie historique,
00:28une gaffe justement à propos de Mayotte, à peine nommé, déjà étrier,
00:33et il était hier face à l'Assemblée Nationale pour les questions au Premier ministre.
00:37Écoutez Sébastien Chenu, député Rassemblement National du Nord,
00:41et il n'a pas été convaincu par la prestation.
00:43Le moins qu'on puisse dire c'est que c'était poussif, pas très convaincant,
00:48j'allais dire comme disent les jeunes, ça n'envoie pas du rêve.
00:51François Bayrou hier, moi j'avais l'impression d'être au croisement
00:55entre Raymond Barre et Édouard Balladur,
00:57c'est-à-dire quelqu'un de très décalé par rapport à la société d'aujourd'hui,
01:01quelqu'un de très décalé par rapport au rythme de la vie politique,
01:06au rythme de la vie de la nation,
01:08et pour le coup c'est vrai que François Bayrou parlant de Mayotte
01:12comme n'étant pas dans le territoire national,
01:14ou François Bayrou préférant le Conseil Municipal de Pau
01:17à une réunion entière de suivi de cette dramatique crise à Mayotte,
01:22ce n'est pas tout à fait ce qu'on attend d'un Premier ministre.
01:25Sébastien Chenu, député Rassemblement National du Nord,
01:28a invité Zosonia Mabrouk pour sa grande interview sur Europe 1 Essay News.
01:31Jules Torres, c'est vrai que là, ce ne sont pas les faux pas, c'est les sans-pas.
01:37C'est évidemment des débuts très compliqués pour François Bayrou,
01:40et ça je pense que tout le monde le voit.
01:42On a beaucoup dit que son expérience allait jouer,
01:45qu'il connaissait par cœur l'état du pays.
01:4840 ans d'expérience, c'est vrai que ce manque de discernement interpelle.
01:51Exactement, on se rend compte que c'est le rêve de sa vie d'aller à Matignon,
01:56c'est l'un des rêves de sa vie,
01:58mais on voit qu'il n'est pas tout à fait à la mesure des choses qui attendent le pays.
02:04On a une Assemblée Nationale qui est complètement atomisée,
02:07où il n'y a pas de majorité,
02:09et François Bayrou, on a l'impression que quand il parle,
02:12quand il agit, on dirait qu'il a 400 députés qui sont derrière lui.
02:15Or, il est à la tête d'un futur gouvernement qui sera,
02:19quoiqu'il arrive, minoritaire au sein de l'Assemblée Nationale,
02:22et il monte un petit peu en effet sur ses grands chevaux.
02:24Ce ne serait pas grave s'il n'y avait pas ces polémiques-là.
02:26Parce que samedi, quand il y a la réunion de crise interministérielle,
02:29qu'il arrive après la réunion, qu'il est complètement essoufflé,
02:32qu'il laisse la parole à Bruno Retailleau,
02:34qu'il quitte l'estrade en tapant les caméras,
02:36je ne sais pas si vous connaissez la série The Office,
02:38mais ça faisait un petit peu penser à ça.
02:40Ensuite, il y a ce déplacement à Pau,
02:42où honnêtement, la première chose que les Français ont entendue de François Bayrou,
02:45c'est de revenir sur le cumul des mandats.
02:47Alors, il y a un vrai sujet autour du cumul des mandats,
02:49est-ce que oui ou non ?
02:50À être député et maire, c'est bien.
02:52Le débat pourrait être posé, mais ce n'est pas la première des choses.
02:55Et en plus, il dit ça et il fait ce déplacement,
02:58alors qu'il y a nos compatriotes à Mayotte,
03:00qui vivent l'horreur et le chaos.
03:03Donc, évidemment que c'est très compliqué,
03:05et je ne parle même pas de cette question au Premier ministre,
03:08où sa réponse est complètement lunaire.
03:10Sans doute, c'est une erreur, sans doute, c'est une gaffe.
03:14Mais là, ça commence à faire beaucoup.
03:16Pour quelqu'un, je le rappelle,
03:18dont on nous a dit qu'il avait l'expérience pour Matignon.
03:20Et qu'il disait lui-même qu'il avait la solution.
03:23Exactement, qu'il disait qu'il avait la solution,
03:25qu'il connaissait par cœur le pays.
03:26Et pardonnez-moi, au-delà de ça,
03:28là, on parle du fond, la forme.
03:30Excusez-moi, mais c'était très soporifique.
03:32Moi, j'ai regardé deux heures des questions au Premier ministre.
03:35Pardonnez-moi, mais Michel Barnier,
03:37à côté de François Bayrou, il est dynamique.
03:41Est-ce vraiment important, Nathan Devers,
03:43ce dont on parle aujourd'hui,
03:44compte tenu du marasme dans lequel la France est engagée,
03:47est-ce qu'on retiendra, est-ce qu'on n'aura pas oublié tout ça
03:50dans quelques semaines ?
03:52Moi, j'en doute, parce que je crois qu'on a affaire
03:54à ce qu'on peut appeler des erreurs de communication,
03:57d'appréciation politique pour le Conseil municipal.
04:00Le reste, c'est des erreurs de communication.
04:02C'est comme, j'ai vu qu'il y avait certains
04:04qui ont fait une polémique,
04:05parce que quand il était aux questions au gouvernement,
04:07il n'a pas commencé toutes ses réponses
04:09en saluant Mme la Présidente de l'Assemblée nationale.
04:12Et Mme la Présidente s'est vexée,
04:14il y a eu des gens qui ont écrit des articles
04:16sur ce sujet, etc.
04:18Est-ce que ça passionne les Français ?
04:20Je crois que c'est surtout des sujets
04:22qui suscitent une sorte d'exaspération
04:26ou d'intérêt ou d'indignation
04:28dans la classe politique.
04:30Et que ça vient, si vous voulez, accentuer
04:32le gouffre entre des représentants de la nation
04:35qui ne pensent qu'à eux,
04:37qu'à leurs petits intérêts,
04:38qu'à leurs petites, non pas magouilles,
04:40mais intrigues, intérêts boutiquiers, etc.
04:42Et un peuple français
04:44qui est en effet divisé,
04:46plus divisé que jamais,
04:47entre trois blocs idéologiques différents,
04:50et qui sent bien que la classe politique
04:52n'essaye pas de penser à l'intérêt général.
04:54Quand M. Bayrou,
04:56si M. Bayrou fait demain une faute politique importante,
04:59évidemment que là, il faudra le signaler.
05:01Mais si vous voulez cette manière
05:02de tout mettre sur le même plan,
05:03c'est comme quand on avait eu récemment
05:05les élections des vice-présidents de l'Assemblée nationale.
05:08Alors là, les politiques s'étaient mis à hurler
05:10en disant que c'était un scandale, etc.
05:12Quel français s'intéresse ce sujet-là ?
05:14Quel français s'intéresse de savoir qui va être...
05:16Le français le plus scandalisé par les émoluments
05:18ou les avantages...
05:20Sur cette question-là très précise,
05:21les 11 millions d'électeurs du Rassemblement national,
05:23qui est le premier groupe à l'Assemblée nationale,
05:25peuvent se sentir lésés de ne pas avoir
05:27un seul vice-président dans les six vice-présidences.
05:30Alors oui, là, ça peut paraître un petit peu nébuleux,
05:32mais quand on...
05:34Je peux vous dire que les électeurs du Rassemblement national,
05:36ils sont très bien au courant de ça,
05:37et ça nourrit, justement,
05:40très souvent, le réflexe populiste.
05:43Alors quelles conséquences peuvent avoir justement
05:45ces faux pas dans le rapport de force
05:47qu'il noue avec Emmanuel Macron ?
05:48Parce que pour la première fois en 2017,
05:49c'est le Premier ministre qui n'a pas choisi Emmanuel Macron.
05:52Donc ça peut changer la note aussi
05:54dans le rapport de force.
05:56Bien sûr, je crois que ces faux pas,
05:58ça montre surtout...
05:59Enfin, ce sont des faux pas.
06:00Mais il y a aujourd'hui une classe politique
06:02quasiment à l'unanimité, en tout cas à l'Assemblée nationale,
06:05qui, quoi qu'il advienne,
06:07aura envie de faire tomber ce gouvernement
06:09par le premier prétexte.
06:11J'ai été sensible, ces derniers jours,
06:13l'un des seuls politiques qui n'appartient pas
06:16aux partis qui vont être au gouvernement,
06:17qui a dit qu'il souhaitait le succès de M. Bayrou,
06:19c'est Karim Bouamrane, qui l'a dit dans un débat.
06:22Et encore une fois, le maire de Saint-Ouen, le socialiste.
06:24Le sujet n'est pas le succès de M. Bayrou,
06:26le sujet est le succès d'un gouvernement
06:29dans un moment particulièrement délicat,
06:31où une deuxième motion de censure,
06:33une deuxième chute d'un gouvernement,
06:35un marasme politique fragiliseraient
06:37vraiment la position de la France,
06:39notamment sur la scène économique,
06:41et qu'à partir de là, voir des partis
06:43qui sont déjà dans cette logique
06:45de chercher immédiatement un prétexte,
06:47une ligne rouge, etc.,
06:48sur des raisons qui sont souvent très superficielles.
06:50Savoir si M. Bayrou parle vite ou parle lentement
06:53quand il parle au député à l'Assemblée nationale,
06:55je pense qu'il y a des questions beaucoup plus importantes,
06:57et que ce n'est pas pour ça que les Français ont voté
06:59lors des dernières élections législatives.
07:01Les Français attendent toujours un gouvernement,
07:04un gouvernement resserré, soit disant.
07:06C'est ce que promet François Bayrou.
07:08En attendant, Bruno Retailleau,
07:10ministre démissionnaire de l'Intérieur,
07:12lui aimerait rester au gouvernement.
07:14Il était sur BFM ce matin, et on l'écoute.
07:16Je le souhaite si j'en ai les moyens,
07:18parce que j'ai commencé un travail,
07:20et je souhaite le mener à bien.
07:21Je suis d'ailleurs très heureux de voir
07:23que les mesures de fermeté que j'ai proposées
07:25sont soutenues très majoritairement,
07:27non seulement par les Français de droite,
07:29mais aussi par les Français de gauche.
07:30Ça veut dire que, certes,
07:32il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale,
07:34mais il y a ce que le général de Gaulle appelait
07:36la majorité nationale.
07:38Moi, je veux que l'on mène, avec ce gouvernement-là,
07:40si jamais ça devait être le cas,
07:42la politique que la majorité des Français
07:44de droite et de gauche souhaitent que nous menions
07:46pour rétablir l'ordre public.
07:48C'est fondamental.
07:49Voilà, Bruno Retailleau qui a rencontré
07:51François Bayrou ce matin à 9h30.
07:53Selon nos informations,
07:55ça ne s'est pas trop mal passé.
07:57Est-ce que, à votre avis,
07:59c'est devenu incontournable avec Michel Barnier,
08:01mais il ne compte pas faire de la figuration avec Bayrou ?
08:03Il est incontournable avec Michel Barnier.
08:05On voit qu'actuellement, avec la crise qu'il y a à Mayotte,
08:07il est indispensable,
08:09notamment pour assurer le service
08:11de l'État aux sinistrés.
08:13On savait que c'était très important.
08:15D'ailleurs, François Bayrou, quand il a justifié
08:17le fait de ne pas aller à Mayotte, il a dit
08:19« De toute manière, il y a mon ministre de l'Intérieur qui y est. »
08:21Évidemment, il est incontournable.
08:23Mais il pose des conditions.
08:25Évidemment qu'il pose des conditions,
08:27puisque c'est un mot à la mode baroque,
08:29de voir Bruno Rotailleau dans un gouvernement
08:31avec, par exemple,
08:33Olivier Faure ou des membres du Parti Socialiste.
08:35Il est là, finalement,
08:37le vrai sujet pour François Bayrou.
08:39Il va devoir choisir. C'est les Républicains
08:41et Bruno Rotailleau ou c'est le PS.
08:43Parce qu'ils ne pourront pas cohabiter ensemble.
08:45Ce serait le retour du vieux UMPS
08:47dont on a déjà beaucoup parlé.
08:49Pardonnez-moi, mais quand je vois
08:51samedi soir Olivier Faure
08:53qui nous dit qu'il ne participerait pas au gouvernement
08:55et qu'une nouvelle loi immigration
08:57serait un synonyme de censure
08:59de la part des socialistes,
09:01les Français ne peuvent pas l'entendre.
09:03Les positions de Bruno Rotailleau, on en pense ce qu'on veut,
09:05sont partagées par une très grande majorité
09:07de Français. Il y a de très nombreux
09:09sondages, d'autant qu'il est prêt à faire des concessions.
09:11Lui, il ne dit pas « je veux forcément une loi »,
09:13il dit juste « je veux des mesures »
09:15pour freiner l'immigration, par exemple sur le droit du sol
09:17à Mayotte, puisque c'est un sujet
09:19qui est très d'actualité.
09:21Il y a plus de 100 000 clandestins à Mayotte. Qu'est-ce qu'on fait ?
09:23On les régularise comme le propose
09:25la France Insoumise ?
09:27On crée des places de prison ?
09:29Il y a beaucoup de mesures que Bruno Rotailleau
09:31propose et s'il quitte
09:33ce gouvernement-là, ça veut dire que
09:35la droite quitte le gouvernement, ça veut dire
09:37que les idées de la droite et de Bruno Rotailleau
09:39et donc les idées d'une bonne partie des Français
09:41ne seront plus représentées au gouvernement.
09:43Et donc l'idée d'Emmanuel Macron d'agréger le PS
09:45au vaisseau amiral de la Macronie pour élargir
09:47son groupe, à votre avis,
09:49il doit rester ?
09:51Qu'est-ce qu'attend de vert Bruno Rotailleau au gouvernement ?
09:53Je pense que de toutes les manières,
09:55il va rester, puisqu'il est devenu en effet
09:57au moment du gouvernement Barnier,
09:59une figure incontournable
10:01dans l'échiquier politique
10:03et je n'imagine pas à un seul instant
10:05qu'il soit écarté. Je pense que
10:07le gouvernement ne tiendrait pas dans ces conditions.
10:09Ce que je trouve problématique cependant,
10:11c'est de voir, mais je ne dis pas ça
10:13sur Bruno Rotailleau en particulier,
10:15c'est valable pour, encore une fois, à peu près toutes les forces
10:17politiques aujourd'hui. Ils ont une manière
10:19de mettre des conditions, quand même,
10:21en partant tous du principe qu'ils ont
10:23gagné les élections législatives.
10:25Alors, chacun avec des arguments différents.
10:27M. Rotailleau, c'est de dire les idées que je
10:29défends sont majoritaires,
10:31si on additionne le vote RN,
10:33le vote LR, etc.
10:35Les socialistes,
10:37c'est de dire le NFP est arrivé en tête.
10:39Le Rassemblement National, c'est de dire
10:41nous sommes le premier groupe de l'opposition.
10:43Le Bloc Central, c'est de dire oui, mais regardez,
10:45on a un Bloc Central qui reste quand même à peu près
10:47pas solide,
10:49mais en tout cas qui existe de manière importante.
10:51Donc, si vous voulez, c'est ça qui est problématique. Il faut qu'à un moment,
10:53les politiques aient la lucidité de dire
10:55personne n'a gagné ces élections.
10:57On peut toujours trouver des critères différents,
10:59mais aucune force politique n'a été en mesure
11:01de trouver une majorité sur la base de ses idées
11:03et de son programme. Et donc, il faut avoir
11:05l'humilité d'agir en fonction.
11:07Et d'agir en fonction, c'est faire des compromis,
11:09plutôt que poser des conditions.
11:11En attendant, François Bayrou va rencontrer Emmanuel Macron cet après-midi.
11:13On suivra ça évidemment sur Europe 1 à 13h43.
11:15On reste bien ensemble.
11:17Dans quelques instants, on va revenir sur cette interview
11:19qu'a donnée Marine Le Pen ce matin aux Parisiens.
11:21Elle enterre déjà Emmanuel Macron et se prépare
11:23à une présidentielle anticipée.
11:25On vous raconte tout cela.