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00:0013h-14h, vous écoutez Stéphanie Demeureux sur Europe 1, avec nos débatteurs Philippe
00:09Guibert, chroniqueur politique Europe 1 C News, Yvan Rioufol, journaliste, éditorialiste,
00:14essayiste.
00:15Bonjour à tous les deux, vous tombez bien, vous êtes deux grands experts en politique.
00:22Je m'attendais à voir un gouvernement ce matin, ce n'est toujours pas le cas.
00:26C'est quand même un peu poussif tout ça, Yvan Rioufol.
00:29Ah, poussif, c'est un mot en effet qui va assez bien à ce scénario-là, ce qui démontre
00:36dans le fond, enfin en tout cas c'est ma conviction, que le centrisme est un immobilisme.
00:40Il y a au moins ceci dont on peut tirer la conclusion quasi certaine, c'est-à-dire que
00:45le centrisme dont se prévalait Monsieur Bayrou, qui disait d'ailleurs lui-même qu'il allait
00:50appliquer une nouvelle méthode, ne donne que beaucoup de banalité dans le fond, et que
00:56le groupe central d'ailleurs dont se réclame également le macronisme, est un groupe central
01:01qui s'effiloche aussi, c'est-à-dire qu'il me semble que le vieux monde était précisément
01:05celui de ce centrisme-là, et que ce vieux monde s'écroule sous les pas précisément
01:10de Bayrou notamment, mais pas que, mais de toute la macronie qui a cru penser qu'en amalgamant
01:16les contraires, et en amalgamant la droite et la gauche dans le fond, on allait faire
01:20un centre qui allait fonctionner, or non, les réalités sociologiques, les réalités
01:25politiques obligent à constater qu'il y avait une aberration à écarter du jeu politique
01:30bayrouiste les vainqueurs de Naguère, c'est-à-dire la France Insoumise et le Rassemblement National,
01:36vous ne pouvez pas faire de politique en excluant les vainqueurs et en faisant se rassembler
01:41les vaincus, donc c'était un... avec des losers, vous ne pouvez que perdre.
01:45Philippe Guybert, c'est vrai qu'il est un petit peu décevant tout de même François
01:49Bayrou, on l'attendait très près, il avait promis de faire cette coalition et puis là,
01:56bah boum, patatra la réalité quoi.
01:58Pour l'instant le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'y a pas de nouvel élan politique
02:03dans ce gouvernement qui n'est pas encore formé, le principal élément que pouvait
02:10amener François Bayrou et qu'il amènera peut-être, mais en tout cas ce n'est pas pour cette
02:15fois-ci, c'était d'élargir un petit peu à gauche et de détacher le PS du nouveau
02:19Front Populaire, c'était ça l'enjeu pour éviter de se retrouver dans la situation de
02:26Michel Barnier qui s'est fait censurer parce que Mme Le Pen à un moment donné a décidé
02:31que son intérêt politique était de censurer Michel Barnier.
02:34On va en parler Philippe Guybert justement de cet élargissement à gauche, allez-y et
02:38puis on écoutera Jean-Philippe Tanguy après qui exprime aussi son agacement, mais terminez
02:44sur votre phrase.
02:45Et donc je serais moins définitif que Yves-Henri Aufol sur cet échec du centre parce que d'abord
02:51ça correspond à une réalité électorale du pays, il y a trois blocs qui mis bout
02:56à bout représentent à peu près les mêmes forces, le RN est peut-être légèrement
03:01au-dessus, mais enfin à la droite le centre plus un bout du centre gauche ça fait pas
03:05loin de 30% aussi, on est dans une tripolarisation, la question est de savoir s'il y a des compromis
03:13possibles et si ces forces centrales, ces forces qui ont gouverné pendant des décennies
03:18sont capables de se mettre d'accord notamment pour voter un budget, c'est au moment du
03:21vote du budget qu'on verra si le pari de François Bayrou est réusable.
03:27Votre tripartisation est mal partie en tout cas, moi je suis très bien installé au contraire.
03:33Monsieur Romain, écoutez Jean-Philippe Tanguy qui parle de sketch Yves-Henri Aufol, je vous
03:37redonne la parole après, écoutez Jean-Philippe Tanguy ce matin.
03:40Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l'on traverse
03:46est insupportable, c'est toujours le même sketch, c'était déjà le même sketch même
03:51quand il avait une majorité relative, donc c'est pas spécialement lié en fait à la
03:54configuration de l'Assemblée, Emmanuel Macron aime perdre du temps, pour une raison simple
03:59c'est que pendant qu'il fait perdre du temps à la France, que tout le monde commente ses
04:03agitations, les mauvaises nouvelles avancent, la hausse du prix du gaz de 4% au début d'année,
04:10le contact sur l'électricité qui a été remis, ce qu'on appelle le Turp, du 1er juillet au 1er mars,
04:14pas vu pas pris, bref, ça avance.
04:17Yvan Rouillofol, selon Jean-Philippe Tanguy, c'est Emmanuel Macron qui perd du temps ou François Bayrou, la faute à qui là ?
04:26Les deux mon capitaine, l'un et l'autre se ressemblent, Macron a été fait par Bayrou, Bayrou a été fait par Macron et encore une fois...
04:33Il en voulait pas tant que ça François Bayrou.
04:35Il représente ce que j'appelle le vieux monde, c'est-à-dire ce vieux monde centriste qui précisément n'arrive plus à prendre des décisions
04:42parce qu'ils sont pris dans l'immobilisme, enfin en tout cas dans l'entre-deux, dans cette indécision permanente qui a fait qu'aujourd'hui
04:49l'époque se radicalise et vous ne pouvez pas répondre à une radicalité par un centrisme mou.
04:54Je pense que maintenant, il me semble en tout cas que la réponse politique adéquate est précisément celle d'une réponse beaucoup plus lisible, beaucoup plus ferme.
05:03Et d'ailleurs on voit que...
05:04Mais c'est quoi la réponse ferme ?
05:05Mais la réponse ferme aujourd'hui c'est de voir que vous ne pouvez pas faire une politique en dépit des réalités.
05:10Nous vivons un coup d'état permanent des réalités sur le plan économique, sur le plan social, sur le plan inculcateur et sur le plan politique.
05:16C'est-à-dire que quand vous avez une partie d'un peuple qui vote à près de 50% pour des partis qui ont été exclus, la France Insoumise et le Rassemblement National,
05:25l'édifice que vous construisez ne peut être construit que sur du sable avec des partis très minoritaires.
05:29Les Modem c'est le 7ème parti, les Républicains c'est le 5ème parti et donc tout ça ne peut pas marcher.
05:35D'ailleurs le paradoxe dans le fond c'est que la grande habileté soi-disant de M. Bayrou a été de remettre Marine Le Pen au centre des débats comme elle l'était avec le gouvernement Barnier.
05:45Donc c'est Marine Le Pen...
05:46Philippe Guibert n'est pas d'accord là.
05:47Non, tant mieux.
05:48Mais Marine Le Pen reste le faiseur de roi.
05:52Philippe Guibert.
05:53Faiseur de roi, le PS l'est tout autant.
05:56En fait, mathématiquement, arithmétiquement, le PS joue sur les 62 députés donc il suffit que le PS s'abstienne sur une motion de censure et la motion de censure de Marine Le Pen ne passe pas.
06:14Les faiseurs de roi c'est le RN ou les défaiseurs de roi, plus exactement, ce qu'ils font pour l'instant aucun roi, les défaiseurs de gouvernement c'est le RN et le PS.
06:23Donc c'est là-dessus que ça joue, pas simplement que c'est le RN qui n'est pas seul au centre du jeu.
06:28J'entendais M. Jean-Philippe Tanguy dire qu'Emmanuel Macron aimait la perdo du temps.
06:33Je vais quand même rappeler que le RN a censuré un gouvernement après avoir eu satisfaction sur trois de ses points, ce qu'aucun autre parti n'avait obtenu de Michel Barnier.
06:42Et qu'il a censuré sur un quatrième qui consistait à désindexer les pensions de retraite du 1er janvier au 1er juillet.
06:50Tout ça est ridicule.
06:51C'est vrai que le RN commence toujours bien en disant on ne va pas censurer d'emblée mais enfin ça change de ton assez rapidement.
06:56Mais on se demande ce que cherche le RN.
06:58Le RN cherche à être au centre du jeu, ça de ce point de vue-là.
07:02Je ne dis pas qu'il l'est, il ne l'est pas tout seul.
07:04C'est assez habile, il est au centre du jeu.
07:08Il faut quand même dénoncer l'attitude du RN qui me paraît hyper politicienne.
07:13Pour dire les choses quand même clairement.
07:15C'est bien de poser des lignes rouges, il pose des lignes rouges mais sans jamais prendre ses responsabilités, sans jamais vouloir accepter un compromis.
07:27Justement, Yvan Rioufol, la ligne rouge de Xavier Bertrand en garde des Sceaux, vous la comprenez ?
07:31C'est vrai que ça interroge sur l'indépendance de la justice mais enfin on peut peut-être comprendre Marine Le Pen qu'elle n'a pas forcément envie d'avoir son pire ennemi historique au ministre de la justice.
07:43Xavier Bertrand pourrait avoir sa place au sein d'un gouvernement Bayrou en effet parce qu'il représente l'aile gauche de la droite, si je puis dire, une droite sociale qui équilibrerait peut-être la droite retaillot.
07:59Tout ceci on peut le comprendre théoriquement mais ce serait une provocation que de le mettre en effet à la justice dans la mesure où il a dit qu'il pique pendre contre le RN, ce qui est bien son droit.
08:10Simplement si le RN a des difficultés avec la justice, avec les réquisitions qu'on connaît et donc même si on peut supposer que les juges restent indépendants, il y a quand même un doute sur l'indépendance de la justice.
08:23Il y aurait un doute encore supplémentaire si cette justice était parrainée par quelqu'un qui déteste à ce point le RN.
08:31Je vous rends compte de ce que vous dites.
08:33Oui, je me rends compte.
08:35Philippe Guibert, je vous donne la parole dans quelques instants.
08:38Excusez-moi, on a beaucoup de choses à dire.
08:40C'est l'heure de la publicité.
08:42Bon début d'après-midi, bon début d'après-midi à tous.
08:46C'est avec Stéphanie Demureux, Cécile Bavard et ses invités en forme Bavard, Philippe Guibert et Yvan Rioufol.

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