• il y a 4 jours
Un jour contre la hausse des dépenses publiques mais le lendemain farouche partisan d’un Etat dépensier, le Président camerounais Paul BIYA ne sait où mener les finances publiques de son pays. Ainsi, d’année en année et malgré les blâmes dont il est familier dans ses discours de fins d’années, il ne ressort chez lui aucune direction de maîtrise du budget de l’Etat, en particulier dans la dépense. Ainsi, la part des ressources accordées à la consommation augmente de façon exponentielle, alors que diminue proportionnellement la part consacrée à l’investissement public – qui se tasse désormais, en valeur relative autour de 20% du total. Ce qui est un scandale, pour un pays qui souffre d’un tel manque d’infrastructures, et dont le taux de pauvreté croît, à vue d’œil, d’année en année.

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Transcription
00:00C'est au devant d'une ambiance explicitement crépusculaire que Paul Biya est venu le 31
00:18décembre dernier ressasser au Camerounet le répétitif discours sur la limitation des
00:23dépenses publiques.
00:24Une rengaine mille fois entendue sur des années de suite, preuve manifeste de sa propre incrédulité
00:29à se voir écouté par des fonctionnaires qui pourtant se réclament religieusement
00:34de lui.
00:35L'an dernier, dans des circonstances similaires, je vous avais fait part de mon souci de renforcer
00:43la gouvernance dans la gestion des affaires publiques et de maîtriser les dépenses de
00:49l'État.
00:50Je peux vous assurer que ce souci demeure constant et intangible.
00:56S'agissant de la réduction des dépenses publiques, j'ai fermement réitéré au gouvernement
01:03mes instructions antérieures visant à réduire les dépenses de fonctionnement.
01:09La lutte contre la corruption et le détournement du déni public est très clairement un impératif
01:20pour la préservation des ressources publiques.
01:23Elle va connaître une intensification notable au cours de l'année qui s'annonce.
01:30Pas assez claire aux yeux de certains.
01:33A un point tel que le secrétaire général de la présidence de la République est venu,
01:37quelques semaines plus tard, enfoncer le clou par une lettre circulaire.
01:41M.
01:42Ngongo exégète en chef de la parole présidentielle, dont on se souvient par ailleurs qu'il se
01:47vantait notoirement, il y a encore peu, de faire partie des rares à travailler dans
01:52le plus total désintéressement.
01:53Vous vous êtes acquitté des missions qui vous ont été confiées avec courage, détermination
02:03et abnégation.
02:04Vous avez permis à votre pays de faire de substantielles économies financières.
02:14Vous n'avez reçu ni perdiens, ni primes, ni gratifications d'aucune sorte.
02:24Un secrétaire général tout en sobriété donc, devrait-on dire, au comble de l'humour
02:31lequel prescrit au gouvernement la rationalisation des dépenses publiques de fonctionnement
02:35en limitant substantiellement la création des comités et groupes de travail, les missions
02:40à l'étranger ainsi que les achats des véhicules de fonction et les dépenses de
02:44carburant.
02:45Il faut tout continuer à travailler pour diversifier l'économie, il faut continuer
02:50à travailler pour mobiliser davantage les ressources fiscales, il faut continuer à
02:55travailler pour que les problèmes de gouvernement se baissent, il faut continuer à travailler
03:00pour qu'on puisse rapidement boucler les grands projets d'efforts structurés qui
03:05vont nous amener vers l'émergence, pas simplement parce qu'on va être émergé, mais parce
03:09qu'il y aura un grand retour sur investissement sur le plan financier si ces projets-là
03:13sont achevés.
03:14Un gouvernement de proclamation, loin d'avoir épuisé la grammaire de ses incohérences,
03:22l'on peut en effet se demander de quelle logique tiennent les propos de Paul Biya autant
03:27que ceux de son secrétaire général, lorsqu'il est su de tous que la loi de finances, colonne
03:31vertébrale du fonctionnement et de l'organisation du pays, fait l'objet d'une préparation
03:36minutieuse et cloîtement surveillée par l'ensemble des services du ministère des
03:40finances, du premier ministre aussi bien que de la présidence de la république.
03:44En clair, s'il est un acte politique à prendre en termes de limitation des dépenses
03:49publiques, c'est bien à ce niveau et en particulier à la sanction en amont de Paul
03:54Biya que l'ensemble de cette mécanique doit se situer, que non au concret, une substance
03:59augmentation des dépenses de consommation que le même gouvernement demande aujourd'hui
04:03de rationaliser.
04:05Ainsi, au détail, l'intitulé portant aux dépenses des biens et services indique une
04:10hausse de 14 milliards pour la rubrique frais de transport et d'émissions, située globalement
04:15à 69 milliards en 2024.
04:17Dans le même temps, les dépenses d'acquisition du matériel, de transport, en clair, des véhicules
04:23de fonction progressent en 2024 de l'ordre de 2,7 milliards pour se situer, à tout,
04:29à 14,6 milliards de francs.
04:32Sans compter la gestion des contrats publics, dont le montant est inférieur à 5 millions
04:36de francs CFA, les fameux 4-9 que Paul Biya, par la voix de son secrétaire général, demande
04:41autant de mépriser à tout prix.
04:43Autre source de dépenses, les personnels de l'État, chantier sur lequel est engagé
04:48depuis quelques années le ministère de la fonction publique dans une notoire invisibilité
04:53des résultats.
04:54Nous espérons qu'assez rapidement, bien qu'il y ait eu déjà quelques petits glissements
05:00dans le calendrier, qu'assez rapidement l'État du Cameroun puisse avoir cet important
05:07outil de travail qui va permettre de gérer la solde, de gérer les effectifs, mais aussi
05:14le contrôle des présences avec la biométrie, mais aussi la gestion électronique des documents
05:21et un certain nombre d'autres choses.
05:22Donc, comme vous pouvez le constater, avec ce nouveau projet, nous voulons aller au-delà
05:28de ce qui a été prévu avant ou alors au-delà de ce qui se fait aujourd'hui.
05:32C'est très important pour le Cameroun.
05:35En effet, malgré les proclamations de son ministre en charge du secteur, le gouvernement
05:40projette une masse salariale en hausse sur un total de 1431 milliards de francs CFA,
05:46soit une hausse de 121 milliards de francs CFA par rapport à 2023.
05:50Une seule question donc au bout du compte, à quoi jouent Paul Biya et son gouvernement?

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