76% des Français ont le sentiment que la France est en déclin

Sud Radio

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Maxime Liédo.

00:04Les grandes préoccupations des Français, c'est l'heure de vous retrouver Frédéric Dhabi, bonjour.

00:08Bonjour.

00:09Vous êtes le directeur général opinion de l'IFOP et on veut s'arrêter avec vous ce matin sur,

00:15on va dire, les grands thèmes qui ont marqué l'année 2024 et il y a quand même, on va dire,

00:19un fil rouge tout au long de cette année qui devient de plus en plus préoccupant.

00:23C'est cette sensation du déclin français que la France, en somme, n'est plus un grand pays.

00:28Oui, c'est l'imaginaire majeur quand on interroge spontanément les Français,

00:32le déclin français, la France qui tombe.

00:34On l'objective quantitativement.

00:36Une enquête récente de l'IFOP donnait 76% des Français qui avaient...

00:40C'est colossal.

00:41C'est colossal, qui avaient le sentiment que la France était en déclin.

00:43Alors pourtant, Maxime, on a connu, une parenthèse enchantée,

00:46on a connu pendant quelques semaines un shoot anti-déclin.

00:49Ce sont ces Jeux Olympiques qui ont été très réussis

00:51où les Français ont eu le sentiment que la France retrouvait son prestige.

00:55C'était une parenthèse, un shoot, par définition, quelque chose de très éphémère.

01:01Ça a été un élément de réassurance puissant.

01:03Ce qui est très intéressant, c'est quand on fait parler des Français sur le déclin.

01:06Il y a plusieurs imaginaires, plusieurs dimensions qui émergent.

01:10D'abord, une vision que j'appelle Amélie Poulinesque.

01:12C'est-à-dire, c'était mieux avant, la nostalgie, l'âge d'or d'un pays qui a été perdu.

01:17C'est toujours quelque chose d'un peu folklorique.

01:20Ce qui me frappe, quand on interroge les Français sur c'est quoi le déclin français,

01:24ils citent trois choses.

01:25Ils citent la désindustrialisation.

01:27Et ils citent deux choses.

01:28C'est la crise que connaît deux institutions majeures pour le pays.

01:32L'hôpital, s'agissant de la santé.

01:34L'école, s'agissant de l'éducation.

01:37Et dans notre enquête ifop fiduciale pour Sud Radio de septembre,

01:40chaque année, vous savez, on fait des grands tests qui intéressent les Français.

01:43La santé, ça fait six ans que ça arrive en tête.

01:46Et l'éducation, pour la première fois, est arrivée en deuxième position.

01:49Ce n'est pas l'immigration.

01:50Ce n'est pas un grand remplacement.

01:51C'est plutôt un sentiment du quotidien.

01:53La santé, l'éducation.

01:54Mais qu'est-ce qu'ils reprochent à ces institutions qui, visiblement,

01:57donnent la sensation de s'écrouler ?

01:59Alors, c'est d'abord, c'était des éléments du modèle français.

02:03Le modèle de l'école républicaine.

02:04Le modèle de l'hôpital à la française.

02:07Le meilleur système de soins au monde, on le disait pendant des années.

02:10Tout à fait.

02:11Et on avait le côté un peu repoussoir des Etats-Unis,

02:13où quand vous êtes malade, vous arrivez d'abord avec votre carte de crédit

02:16avant d'être soigné.

02:18C'est vrai que la question de l'accès aux soins, s'agissant de la santé,

02:21est absolument terrible.

02:22Et dans notre livre, on montre qu'il y a une sorte de mythe

02:25qui est un discours un peu sur les territoires.

02:27Dans les métropoles, tout va bien pour l'accès aux soins.

02:30Dans la ruralité, tout va mal.

02:31Maintenant, tout va mal partout.

02:33Elle est trouvée rapidement en région parisienne,

02:35ou à Toulouse, un ophtalmo ou un dermatologue.

02:38Alors qu'il y a des ruralités...

02:39C'est devenu la guerre des tranchées.

02:40Exactement.

02:41Où les choses vont bien.

02:42Donc, il y a vraiment cette idée d'accès aux soins.

02:43Et sur l'éducation, c'est là où les discours sont les plus sévères.

02:47Un sentiment de déclin général, de détérioration.

02:50On l'a vu encore dans les dernières enquêtes Tims.

02:51On en a parlé sur cette antenne il y a 2-3 semaines à peine.

02:54Où les résultats sont sidérants.

02:55La France qui arrive dans la dernière position, je crois,

02:57sur la question des mathématiques.

02:59Mais il y a toute une série.

03:00C'est une crise multidimensionnelle.

03:02Il n'y a pas un élément.

03:03Peut-être la maternelle qui est encore l'échelon d'excellence.

03:06Mais ce n'est que la maternelle.

03:08On a les Français qui sont inquiets.

03:09Et donc, il y a une sorte de conjugaison

03:12entre le déclin de ces deux grandes institutions.

03:14Une petite parenthèse.

03:15L'armée n'est pas du tout concernée par le déclin.

03:17Alors qu'on dit souvent qu'elle est à l'os.

03:18Mais dans l'imaginaire des Français, notre armée...

03:20C'est encore une belle et grande institution.

03:22Exactement.

03:23Qui reste puissance.

03:24Donc, il y a ces institutions.

03:25Et il y a la crainte d'un déclassement personnel.

03:27Le déclin du pays va de pair avec une crainte de déclassement personnel.

03:31Donc, c'est quoi ?

03:32C'est le niveau de vie ?

03:33L'impression d'être moins riche ?

03:34De moins partir en vacances ?

03:35Par exemple, d'avoir moins accès au petit bonheur de la vie ?

03:37C'est ça ?

03:38Exactement.

03:39Vous faites parfaitement référence, Maxime,

03:41à une enquête officielle pour Sud Radio.

03:43Où on a...

03:44C'est des années de travail, bien sûr.

03:47Un tiers, 40%.

03:48Je ne pars pas en vacances cette année.

03:5020%, je renonce à des soins.

03:5222%.

03:53Mais c'est ce qu'on entend ici, au micro et au standard de Sud Radio.

03:55Je vais moi chez le coiffeur.

03:56Bien sûr.

03:57Ça peut faire rire.

03:58Mais ça monte le quotidien des Français.

03:59Et c'est vrai que, n'oublions pas,

04:01le moteur, le carburant du vote Rennes,

04:03ce n'est plus l'immigration.

04:05Depuis 2022, la première motivation de l'électorat Marine Le Pen,

04:08Bardella aux européennes,

04:10c'est le pouvoir d'achat.

04:12C'est un déclassement qui touche le sentiment

04:14que le travail paye mal.

04:16L'injustice ne peut pas être au chômage.

04:18Le chômage a disparu des préoccupations des Français.

04:20Ce n'est plus que la douzième.

04:22C'est plutôt ce sentiment de niveau de vie et de pouvoir d'achat.

04:24Le déclin, c'est aussi un déclin individuel.

04:26Et dans cette sensation aussi d'avoir un déclin au niveau du travail,

04:29c'est peut-être lié à ce que vous disiez tout à l'heure,

04:31à la désindustrialisation,

04:33c'est-à-dire la sensation de ne plus travailler

04:35pour ce qui fait rayonner la France à l'étranger,

04:37les grands noms, les grandes marques,

04:39les bijoux français, comme on le disait pendant longtemps.

04:41Oui, c'est vrai, vous avez tout à fait raison.

04:43Ce sont les éléments,

04:45c'est le stigmate du déclin.

04:47La fameuse tirade il y a quelques semaines d'Arnaud Montebourg

04:49sur tous ces fleurons qui avaient disparu,

04:51avait été vue plusieurs millions de fois,

04:53je crois, sur les réseaux sociaux.

04:55Alcatel, Péchiné, Alstom.

04:57Exactement.

04:59Saint-Gobain qui est en difficulté, etc.

05:01Tout ça, ça concourt au sentiment que la France tombe.

05:03Alors, il y a des éléments d'assurance

05:05que dans la même enquête,

05:07on a quatre, c'est une enquête FOPJDD,

05:09d'après les Jeux Olympiques,

05:11le sentiment que la France a quand même beaucoup d'atouts.

05:13Et puis aussi, on revient à ce qu'on s'est dit hier,

05:15cette crise du politique.

05:17Le politique n'est plus capable d'imprimer

05:19ou de donner un cap, un élément de perspective.

05:21Ce qui fait mal au pays,

05:23c'est l'incapacité à se projeter à moyen terme

05:25et d'agir sur le court terme sur des gros sujets,

05:27notamment santé, éducation.

05:29Merci beaucoup Frédéric Damy,

05:31directeur général opinion de l'IFOP.

05:33On peut poursuivre le débat en vous retrouvant en librairie

05:35avec votre dernier livre, Parlons-nous tous la même langue.

05:37On vous retrouve demain pour ce grand épisode

05:39pendant les vacances, des grandes préoccupations

05:41des Français, même radio, même heure.

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