Au fil des semaines de mobilisation paysanne, "La Provence" rencontre très régulièrement des agriculteurs en très grande difficulté. Alex Arlaud, viticulteur et maraîcher à Pertuis et ses environs, nous décrit sa situation et nous fait part de son mal-être. Témoignage.
Chez eux, on est paysans depuis six générations. Alex Arlaud et son frère cadet, Joël prolongent cette culture familiale sur 30 hectares répartis sur deux exploitations, à cheval entre Pertuis, La Tour d'Aigues et Saint-Martin-de-la-Brasque : 16 pour l'un, 14 pour l'autre. Ça en fait du terrain. Du potentiel également. Mais aussi opulentes soient-elles, leurs vignes ne rapportent plus. Autant en raisin de table qu'en cuve. Les autres productions ne sont pas plus lucratives.
Que ce soit chez Alex, dans le Sud Luberon, ou ailleurs dans le pays, le sournois engrenage est connu : quand les coûts de production sont plus élevés que les prix de vente, cela crée un déséquilibre fatal. "Il y a trop de frais : le gasoil, l'engrais, le cahier des charges à respecter,…", énumère Alex qui, endetté à hauteur de 13 000 euros, ne cache pas que "tout ça est dur à vivre". Mais même dans cette oppressante situation, il ne peut pas se laisser abattre.
"Même les sorties, je n'en fais pratiquement pas"
"À la fois patron et ouvrier", Alex, qui n'a "pas les moyens de payer de la main d'œuvre", est seul dans ses terres. Seul, à 61 ans, dont déjà 47 passés à un labeur qu'il a commencé, à l'âge de 14 ans. On peut aimer son métier et ne plus avoir de flamme dans les yeux. Il n'y a qu'à croiser le regard d'Alex pour le constater. Et ce n'est pas en scrutant l'horizon que la lumière resurgira.
"L'avenir, je le vois très mal, lâche-t-il. Financièrement, j'essaye de freiner les budgets. Même les sorties, je n'en fais pratiquement pas."
Au fil des ans, Alex a beaucoup perdu et rien n'indique qu'il arrivera à regagner correctement sa vie, avant d'être trop las pour y croire encore. Après tant d'efforts et de soucis en série, il pourrait entrevoir le réconfort d'une douce retraite. Même pas. "Ils (les caisses de retraite des agriculteurs) vont me donner 700 euros par mois, a-t-il calculé. On ne peut pas vivre avec si peu ; ce n'est pas possible." Le voici "condamné" à travailler tant qu'il peut. Même si c'est à perte.
Alors, avec d'autres "agris" non syndiqués, Alex Arlaud a sorti son tracteur jusque sur le parking d'un supermarché, près de chez lui, à Pertuis, le 22 novembre 2024, pour y bloquer les accès, ceux de la station-service compris. Une journée durant, de 7 h du matin jusqu'au soir venu, il s'agissait de dénoncer un cours des prix jugé très pénalisant pour les producteurs locaux, très favorable à la concurrence étrangère et "très profitable" à la grande distribution. "S'il le faut, on continuera, anticipe Alex. Il n'y a plus que ça à faire." C'est peut-être sa seule certitude.
Chez eux, on est paysans depuis six générations. Alex Arlaud et son frère cadet, Joël prolongent cette culture familiale sur 30 hectares répartis sur deux exploitations, à cheval entre Pertuis, La Tour d'Aigues et Saint-Martin-de-la-Brasque : 16 pour l'un, 14 pour l'autre. Ça en fait du terrain. Du potentiel également. Mais aussi opulentes soient-elles, leurs vignes ne rapportent plus. Autant en raisin de table qu'en cuve. Les autres productions ne sont pas plus lucratives.
Que ce soit chez Alex, dans le Sud Luberon, ou ailleurs dans le pays, le sournois engrenage est connu : quand les coûts de production sont plus élevés que les prix de vente, cela crée un déséquilibre fatal. "Il y a trop de frais : le gasoil, l'engrais, le cahier des charges à respecter,…", énumère Alex qui, endetté à hauteur de 13 000 euros, ne cache pas que "tout ça est dur à vivre". Mais même dans cette oppressante situation, il ne peut pas se laisser abattre.
"Même les sorties, je n'en fais pratiquement pas"
"À la fois patron et ouvrier", Alex, qui n'a "pas les moyens de payer de la main d'œuvre", est seul dans ses terres. Seul, à 61 ans, dont déjà 47 passés à un labeur qu'il a commencé, à l'âge de 14 ans. On peut aimer son métier et ne plus avoir de flamme dans les yeux. Il n'y a qu'à croiser le regard d'Alex pour le constater. Et ce n'est pas en scrutant l'horizon que la lumière resurgira.
"L'avenir, je le vois très mal, lâche-t-il. Financièrement, j'essaye de freiner les budgets. Même les sorties, je n'en fais pratiquement pas."
Au fil des ans, Alex a beaucoup perdu et rien n'indique qu'il arrivera à regagner correctement sa vie, avant d'être trop las pour y croire encore. Après tant d'efforts et de soucis en série, il pourrait entrevoir le réconfort d'une douce retraite. Même pas. "Ils (les caisses de retraite des agriculteurs) vont me donner 700 euros par mois, a-t-il calculé. On ne peut pas vivre avec si peu ; ce n'est pas possible." Le voici "condamné" à travailler tant qu'il peut. Même si c'est à perte.
Alors, avec d'autres "agris" non syndiqués, Alex Arlaud a sorti son tracteur jusque sur le parking d'un supermarché, près de chez lui, à Pertuis, le 22 novembre 2024, pour y bloquer les accès, ceux de la station-service compris. Une journée durant, de 7 h du matin jusqu'au soir venu, il s'agissait de dénoncer un cours des prix jugé très pénalisant pour les producteurs locaux, très favorable à la concurrence étrangère et "très profitable" à la grande distribution. "S'il le faut, on continuera, anticipe Alex. Il n'y a plus que ça à faire." C'est peut-être sa seule certitude.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Depuis le début des manifestations agricoles, la Provence a pu interroger de nombreux agriculteurs.
00:11Parmi eux, il y avait Alex Harlow. Ce viticulteur rencontré lors des mobilisations à Pertuis
00:17le 22 novembre dernier a fait l'objet d'un portrait sur notre site. Celui-ci a généré
00:21presque 3 millions de clics sur notre compte X anciennement Twitter. Sur ces terres à
00:26Pertuis, il évoque ses difficultés et sa colère.
00:49Cette année, à cause du gel, cet agriculteur a perdu 60 tonnes de raisins, soit l'équivalent
00:55de plus de 50% de ses recettes. Cette situation est d'autant plus critique pour Alex Harlow
01:00qui est endetté à hauteur de 13 000 euros. Cette dette l'oblige à continuer de travailler
01:04à perte. D'autant plus que pour cet homme de 61 ans qui cultive la terre depuis ses
01:0914 ans, la retraite n'est pas envisageable.
01:25Pour tenir le coup, Alex Harlow se concentre
01:32sur ses vignes, qu'il ne quitterait pour rien au monde, car dans sa famille, on cultive
01:36la terre depuis 6 générations.
01:50Depuis l'apparution de l'article, ce viticulteur peut aussi compter sur un soutien populaire,
01:54de quoi lui redonner un peu de baume au cœur, dans l'espoir de temps meilleur.