• il y a 2 ans
« La campagne, tu l’aimes ou tu la quittes. » Environ 300 personnes, pour beaucoup des agriculteurs et des élus, se sont réunies jeudi 21 décembre à Beauvais (Oise) en soutien à Vincent Verschuere, éleveur condamné à verser plus de 100.000 euros de dommages et intérêts à des riverains se plaignant du bruit et de l’odeur de ses vaches.

Après plus de 10 ans de procédures l’opposant à six riverains, l’agriculteur installé à Saint-Aubin-en-Bray, a vu tous ses recours épuisés, la Cour de cassation ayant jugé le 7 décembre que les nuisances « excédaient, par leur nature, leur récurrence et leur intensité, les inconvénients normaux du voisinage ».

Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo en tête d’article, Le HuffPost a suivi sur le terrain la mobilisation et rencontré plusieurs agriculteurs venus soutenir Vincent Verschuere. À notre micro, ils expliquent pourquoi ils jugent cette décision injuste et déconnectée de la réalité de leur territoire.

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Transcription
00:00 La campagne n'est pas une carte postale.
00:02 Voici le message de ces agriculteurs
00:03 qui manifestent aujourd'hui à Beauvais
00:05 en soutien à l'un de leurs collègues.
00:06 En 2018, Vincent Verschoeur, éleveur bovin d'Anloys,
00:09 avait été condamné à verser plus de 100 000 euros à ses voisins.
00:12 Son tort, les nuisances sonores et olfactives de son exploitation.
00:16 Le 7 décembre dernier, la justice a rejeté son pourvoi en cassation.
00:20 Pour les agriculteurs, cette histoire est tout simplement absurde.
00:23 C'est pas en plein milieu de Paris, sur les Champs-Elysées,
00:25 qu'on va aller élever nos animaux.
00:27 S'ils n'ont plus notre place ici,
00:29 on se demande où elle est.
00:31 Il n'y a pas de pays sans paysans, on l'a toujours dit.
00:33 Et je pense que c'est plus vrai que jamais.
00:36 C'est pas un délinquant, c'est un entrepreneur
00:38 qui crée de l'activité économique,
00:39 qui participe à la souveraineté alimentaire en France.
00:41 Notre ruralité, elle est vivante.
00:43 Quand on vient à la campagne, c'est pas un désert.
00:46 On est bien content de le trouver pour manger notre pain,
00:48 notre laitage et tout.
00:51 Moi je trouve que si on n'est pas capable de vivre en campagne,
00:54 on vit en ville.
00:55 En 2010, Vincent Verschoeur avait construit un hangar chez lui
00:58 à Saint-Aubin-en-Bray, à moins de 100 mètres des habitations,
01:01 grâce à une dérogation préfectorale.
01:03 Mais quelques années plus tard,
01:04 celle-ci a été annulée par la justice
01:06 après des plaintes des voisins.
01:07 Aujourd'hui, l'agriculteur pourrait devoir détruire
01:09 une partie de ses installations.
01:11 Il craint pour la survie de sa ferme.
01:12 C'est surtout une question de vivre ensemble,
01:15 dans des territoires ruraux, avec nos concitoyens,
01:17 expliquer nos métiers.
01:18 Alors oui, il y a peut-être parfois des odeurs,
01:20 il y a peut-être un peu de poussière,
01:21 mais à un moment donné,
01:23 si on veut assurer la souveraineté alimentaire,
01:24 on le fera pas sans production.
01:26 - Nous avons de moins en moins d'agriculteurs.
01:28 C'est ainsi un tissu social qui est en train de se démanteler
01:31 au fur et à mesure du temps.
01:33 Et il faut qu'on se serre les coudes.
01:34 - Selon les syndicats agricoles,
01:36 les plaintes à l'encontre des agriculteurs
01:37 pour les troubles du voisinage sont en augmentation.
01:40 Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti,
01:42 évoquait récemment 1 300 procès à ce sujet,
01:45 selon lui, totalement inutiles.
01:47 Les agriculteurs y voient l'influence des néo-ruraux
01:49 qui voudraient une campagne carte postale.
01:52 - Certaines personnes qui viennent de la ville
01:53 veulent nous imposer leur façon de voir leur campagne.
01:57 Les médias font passer aussi une image
02:01 d'une campagne merveilleuse,
02:03 peut-être par la téléréalité comme L'Amour dans le Près.
02:06 - L'odeur, justement, le bruit, ça fait partie aussi de la campagne ?
02:08 - C'est ça.
02:09 Quand ils signent une maison,
02:10 ils signent pour tous les bruits des campagnes.
02:13 Donc oui, c'est des bruits,
02:14 c'est un peu de tracteurs sur la route,
02:16 c'est un peu de boue sur la route,
02:17 mais après on fait tout pour essayer de diminuer ça.
02:19 - En quoi est-ce que c'est plus un désagrément
02:22 que l'odeur du métro à Paris ?
02:23 Enfin, nous c'est l'odeur de nos campagnes,
02:26 c'est le bruit des campagnes,
02:27 c'est une campagne vivante, quoi.
02:29 C'est comme ça que ça marche.
02:31 - Parce que si les choses avaient avancé plus vite,
02:33 eh bien tu aurais pu bénéficier de cette loi.
02:35 Mais ça vraiment, on peut être qu'à tes côtés.
02:38 Et je suis pieds derrière lui, moi, tout de suite.
02:41 Parce qu'aujourd'hui, on parle de son pays.
02:43 Aujourd'hui, c'est pour vous, vous êtes,
02:46 et c'est pour vous.
02:47 ♪ ♪ ♪
02:50 ♪ ♪ ♪
02:53 [Musique]
02:56 Merci.

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