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Jeudi 5 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Anthony Morlet-Lavidalie (Économiste, pôle Macroéconomie-Conjoncture, Rexecode) , Zakaria Darouich (Responsable des solutions d’investissement Taux/Crédit, CPR AM) et Virginie Robert (Présidente, Constance Associés)

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00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Virginie Robert est avec nous, la présidente de Constance Associé.
00:15Bonsoir Virginie.
00:16Bonsoir.
00:17Zachariah Darwish à vos côtés, responsable des solutions taux et crédits de CPR Asset
00:21Management.
00:22Bonsoir Zachariah.
00:23Bonsoir Grégoire.
00:24Et Anthony Morley, la Vidalie nous accompagne également, économiste au pôle macro, conjoncture
00:27de Recseco, des membres également de BSI Economics.
00:30Bonsoir Anthony.
00:31Bonsoir Grégoire.
00:32Merci d'être là.
00:33La question qui me brûle les lèvres pour le conjoncturiste que vous êtes, Anthony.
00:36Alors on peut disserter sur la dimension politique et la dimension de la crise politique française.
00:42Ma question étant, est-ce que la France peut éviter une récession l'an prochain ?
00:45Alors elle peut éviter une récession.
00:47Il faut avoir en tête qu'elle partait quand même avec un projet d'avoir une croissance
00:51en tout cas d'après le gouvernement de 1,1% en 2025.
00:54Je crois qu'on s'écarte quand même de ce scénario qu'avait tracé le gouvernement.
00:57Nous on était déjà à 0,8% avant l'ensemble de l'incertitude politique et budgétaire
01:01qu'on connaît.
01:02On va réviser nos prévisions et on va probablement arriver autour de 0,5% en 2025.
01:06Ça va aussi potentiellement mordre sur 2026 quand on voit un petit peu la dynamique d'investissement
01:11des entreprises.
01:12On est à moins 3% sur un an maintenant, au troisième trimestre en volume, c'est significatif.
01:17On voit que les entreprises sont de plus en plus prudentes sur les embauches.
01:20On a plus de création d'emplois dans le secteur marchand et on s'attend même à ce qu'il
01:23y ait un peu de destruction d'emplois.
01:24Et les ménages d'ailleurs anticipent une remontée du chômage.
01:27Quand on les interroge sur leurs anticipations à un an, c'est remonté au plus haut depuis
01:312016 hors Covid, une période où on avait 9,5% de chômage.
01:34Ça ne veut pas dire qu'on va remonter jusque à ce niveau-là, mais on anticipe plutôt
01:37qu'on serait autour de 8, donc on voit bien que ça se dégrade.
01:40Et puis il y aura aussi un impact du côté de la consommation.
01:43On a un taux d'épargne des ménages qui est très élevé, 18% de taux d'épargne.
01:46Il ne faut pas s'attendre à ce que ça redescende dans ce contexte-là.
01:48A priori, ça va aussi peser sur la reprise attendue de la consommation, même s'il y
01:52a un peu plus de salaire réel.
01:53Attention, parce que ça pourrait aussi bloquer dans ce canal-là, donc pas forcément de
01:57récession, mais quasi-absence de croissance, donc en réalité beaucoup de difficultés
02:01budgétaires à venir sur les prochaines années.
02:04D'accord, mais vous passez 0,3, 0,8, 0,5, on peut dire 0,3 point de PIB, c'est à peu
02:10près l'estimation du coût du choc d'incertitude généré par cette crise politique.
02:16En 2025, oui complètement, mais ça embarque complètement la trajectoire budgétaire.
02:19C'est le problème, c'est que quand on a tracé une trajectoire qui nous permet de
02:22réduire le déficit à 5%, mais avec 1,1, quand vous n'êtes pas à 1,1 mais à 0,5,
02:26vous n'êtes pas du tout dans le range.
02:27La réalité, c'est que notre trajectoire budgétaire est complètement caduque, déjà
02:30aujourd'hui.
02:31Il y a un vrai sujet de comment on va rétablir nos finances publiques et comment on va convaincre
02:35à la fois les marchés, mais la Commission.
02:36La Commission a validé un plan qui est déjà complètement hors champ désormais.
02:40Ça pose un vrai sujet.
02:43Convaincre les marchés.
02:44C'est intéressant, Zakaria, vous me faisiez remarquer qu'il y a eu des adjudications
02:48comme régulièrement le jeudi menées par l'agence France Trésor ce matin, et notamment
02:52une adjudication à 50 ans.
02:54C'est rare, la France n'émet pas tous les 15 jours à 50 ans, je parle sous votre contrôle
02:59Zakaria.
03:00Bilan de cette adjudication qui est le premier test post-censure du gouvernement Barnier ?
03:06Bilan test complètement réussi, avec une émission totale qui est autour de 4 milliards
03:12sur différentes maturités, dont la fameuse 50, avec une demande qui est trois fois supérieure
03:20à 12 milliards.
03:21Quelque part, finalement, c'est rassurant parce qu'on voit qu'on se focalise beaucoup
03:27sur le spread France-Allemagne aujourd'hui, en disant qu'on est sur des plus hauts, mais
03:31au final, ce qui est important, c'est à combien la France emprunte.
03:34Si on fait un peu le bilan, on a aussi cette règle de 3x3 qu'on a vue de l'Atlantique.
03:42En gros, la France emprunte à 3% en fin 2022, elle a emprunté à 3% en moyenne en 2023,
03:48et aujourd'hui elle emprunte à 3%.
03:50Deux, quand on regarde la charge de la dette, parce qu'on se focalise beaucoup sur cette
03:56augmentation du taux et l'impact que ça peut avoir en termes de charge de la dette, quand
04:00on voit après la hausse des taux de la BCE, si on regarde par exemple sur l'année 2023,
04:07l'impact de la hausse des taux, une hausse très marquée sur la charge de la dette,
04:10c'est autour des 3 milliards.
04:11Or, effet inflation, c'est autour de 3 milliards.
04:14Ça s'est fait à quel taux l'éducation ?
04:16Là, ça s'est fait, alors ça dépend des maturités, mais c'est entre 2,85 et 3,10.
04:24À 50 ans ?
04:25Oui, alors c'est à 50 ans, c'est à 2,86.
04:28Ça reste tout à fait confortable pour…
04:31Ah bah bravo à l'agence France Trésor, mais ça on ne saluera jamais assez le travail
04:35de l'agence France Trésor.
04:36Mais lorsqu'il y a du papier pour être numéré à 3,10 à 50 ans, moi j'aimerais
04:39bien avoir l'explication.
04:40Mais finalement…
04:41Les investisseurs n'ont pas besoin d'acheter de la dette française à 50 ans, il y a aussi
04:43des investisseurs qui sont un peu contraints de ce point de vue-là, j'imagine.
04:47Il y a des exercices d'actifs passifs, mais ça traduit quand même quelque part des investisseurs
04:54qui regardent au-delà du bruit actuel.
04:57Comme je disais, quand on regarde les différents éléments, ce 3x3, entre charge de la dette,
05:05entre le taux d'intérêt en ce moment et entre la demande qu'on voit, les 3 fois
05:10supérieures à l'offre, en fait on est rassuré à court terme au final.
05:13Et du coup, on voit qu'il y a pas mal d'investisseurs qui regardent à travers le bruit actuel,
05:18un bruit qui peut rester assez longtemps.
05:19Et rappelons que la dette française est parmi les plus liquides, donc le prix du marché
05:23se voit beaucoup plus rapidement que sur d'autres types de dettes, parce qu'on a
05:27des actifs dérivés sur lesquels on peut spéculer à la hausse ou à la baisse sur
05:30la dette française.
05:31Ce qui n'est pas le cas, l'Allemagne a des instruments de couverture, la France,
05:35mais ensuite il n'y en a plus, sur l'Italie, l'Espagne, etc., il n'y a pas ces instruments.
05:39L'Italie, on en a, l'Espagne, on n'en a pas, la Grèce, on n'en a pas, des éléments
05:44économiques qu'on cite pour dire qu'on regarde beaucoup le spread grec-France qui
05:51a fait beaucoup l'actualité, et finalement, la Grèce, on reste à 160% de dette sur PIB,
05:58la trajectoire est positive, la dynamique est positive, et c'est pour ça que je tempérais
06:02un peu cet optimisme, de dire en fait, si la situation ne se dénoue pas sur un horizon
06:07long, là, ça va commencer à peser de façon...
06:09J'entends, mais la France garde sur sa dette cette prime de liquidité, aujourd'hui quand
06:14même ?
06:15Oui, clairement, c'est-à-dire que, concrètement, quand on regarde le prix que le marché reprice
06:19très rapidement, toute nouvelle information, d'issolution, mais finalement, avec un scénario
06:29potentiellement positif sur la dette ou sur le décideur, quelques scénarios qui émergent,
06:35et bien, voilà, ça s'est traduit positivement sur la dette aujourd'hui.
06:38Le marché est encore prêt à payer pour voir ?
06:39Complètement, et puis deux points de réaction, pour l'instant, ce qu'on connaît en France,
06:43c'est un choc davantage macroéconomique que financier, c'est-à-dire qu'on regarde beaucoup
06:45les marchés, mais la réalité, c'est que c'est le choc macroéconomique qui est en
06:48train de se dérouler sous nos yeux, donc c'est ça qu'il faut arriver à estimer pour l'instant,
06:51et l'autre point important, c'est que la BCE, implicitement, elle est déjà intervenue
06:53sur la dette française.
06:54Quand vous regardez les réinvestissements partiels du PEPP, elle a beaucoup moins désinvesti
06:59la dette française que les autres dettes, donc implicitement, il y a déjà quand même
07:03un petit mouvement depuis juin, entre juin et novembre, donc on voit qu'elle rachète
07:07davantage de dettes au lieu de suivre sa clé de répartition standard, donc...
07:10Elle dévide sa clé de répartition vis-à-vis de la France, comme elle a pu le faire vis-à-vis
07:15de l'Italie, par exemple.
07:16Elle s'est désengagée beaucoup plus de la dette italienne, de la dette allemande,
07:19de la dette des néerlandais que de la dette française, donc il y a déjà un signal que
07:22la BCE regarde, et depuis juin, il y a quand même, c'est dans son giron, clairement.
07:26D'accord.
07:27C'est une flexibilité que la BCE s'autorise ?
07:31Bien sûr.
07:32Et c'est un signaux faible, mais les marchés le voient, donc évidemment, est-ce qu'on
07:35joue contre la BCE ? Il faut être prudent.
07:37Bon, Virginie, alors je disais, crise politique opérielle et résilience des marchés.
07:43Quand je vous entends, ça m'inquiète, cette liquidité, parce que quelque part, j'aimerais
07:47avoir des éléments pour dire que demain, on va enfin prendre conscience qu'il faut
07:52un changement majeur dans le pays.
07:55Vous croyez que les marchés ne jouent pas leur rôle ?
07:57Oui, exactement.
07:58Et je pense que les marchés ne jouent pas leur rôle parce qu'ils ne peuvent pas le
08:03jouer complètement.
08:04Et ça, quelque part, c'est dommage, parce qu'on le sait, il faut un changement de paradigme,
08:13il faut un changement d'organisation, il faut arrêter de mentir.
08:16Et malheureusement, quand ça se place comme ça, comme du petit pain, et bien on se dit,
08:22et quelque part, même les politiques doivent se dire, finalement, allez, après tout, et
08:27c'est très malsain.
08:28Dans le jeu du beauty contest des marchés, quand on regarde autour de nous, moi je comprends
08:35un investisseur qui garde quand même une vision constructive ou en tout cas une forme
08:41d'intérêt pour de la dette française quand il doit acheter de la dette souveraine
08:45aujourd'hui.
08:46Oui, bien sûr.
08:47On peut refaire la liste des arguments, mais ce n'est pas irrationnel.
08:51Vous aimeriez que...
08:52Non, ce que je disais de la part de l'émetteur, c'est de la facilité et de se dire, finalement,
08:57tout va très bien.
08:58Donc, quelque part, on a envie qu'il y ait un électrochoc, comme on le voit, parce que
09:02des entreprises, pendant ce temps-là, comme vous le soulignez très justement, parce qu'au-delà
09:06de tous ces débats de gesticulation politique qui sont quand même assez effrayants, je
09:12dois dire, on ne prend pas conscience que là, l'économie est en train de se refroidir
09:18et à un moment donné, où on est dans un cycle industriel hyper important, c'est-à-dire
09:25que les années de demain, c'est de l'investissement et c'est de l'investissement, on le sait,
09:32dans différents moteurs de croissance et de transformation.
09:36Oui, ça fait 20 ans qu'il n'y a plus de match sur l'investissement entre les Etats-Unis
09:39et l'Europe.
09:40Et c'est là où ça...
09:41Vous, vous aimeriez que ça aille plus vite, quoi ? Vous voulez un truc un peu éclair,
09:45un moment truss ?
09:46Non, mais je pense qu'il y a un moment donné, il faut que sur ce budget, qu'il y ait de
09:50nouveaux messages et qu'on arrête de mentir.
09:52Oui, mais quand est-ce qu'on va y arriver ? Bon, alors, je ne sais pas, c'est pas grave,
09:56on va passer.
09:57Bon, moi, je suis sur le marché américain, donc je...
09:59Oui, mais il y a des sujets politiques aussi, enfin, tout le monde a affaire avec la politique
10:04aujourd'hui dans le monde.
10:06Oui, oui, je suis moi-même entrepreneur en France.
10:08Oui, vous êtes quand même concerné.
10:09Absolument.
10:10Et j'aime mon pays.
10:11Oui, oui, non, mais je sais bien.
10:14Les marchés jouent leur rôle ou, dans une certaine mesure, sont retenus dans la manière
10:20dont ils pourraient peut-être exercer une pression plus forte sur un pays comme la
10:23France ? Je ne partage pas, je vois le point, mais je ne partage pas complètement.
10:28Il faut rappeler que 55% ou 56% de la dette française est détenue par des étrangers,
10:34des non-résidents, qui, eux, n'auraient aucun scrupule à liquider leur holding, leur
10:40position, s'ils ont un doute sur la trajectoire France.
10:43Et ça, il faut le rappeler quand même, parce qu'au final, cette part des non-résidents
10:48n'a fait que croître sur les dernières années, contrairement à d'autres économies, contrairement
10:53à d'autres économies.
10:54Ce qui fait qu'au final...
10:55Les étrangers voient l'avantage de détenir de la dette française que nous, on a du mal
10:59à voir, quoi.
11:00Que certains...
11:01Oui, voilà.
11:02Exactement.
11:04Et du coup, ça aussi, c'est rassurant.
11:06C'est rassurant, mais c'est aussi...
11:07Ça nous oblige.
11:08Ça oblige, en fait, l'État français, ça oblige à une certaine discipline, parce que
11:12tant qu'on a le temps d'ajuster cette trajectoire du déficit, il faut en profiter, il faut
11:16le faire.
11:17Un deuxième élément à avoir en tête, c'est qu'on parle beaucoup de la dette française,
11:23mais en fait, il y a aussi la dette des entreprises et des banques françaises.
11:26Et quand on regarde aujourd'hui, absolument rien n'a signalé.
11:30Ça s'est écarté un tout petit peu.
11:32On voit une micro-prime de risque de 5 points de base, 0,05%, par exemple, sur la dette
11:37senior des banques françaises par rapport au marché, ce qui est même, en fait, ce
11:42qui surperforme même la dette...
11:43C'est ça qui est fascinant.
11:44Il n'y a même pas de boucle avec le secteur bancaire, et il y a encore moins de contagion
11:47de la France vers le reste de l'Europe aujourd'hui, vers les entreprises et vers le reste de l'Europe.
11:54Exactement.
11:55Ce qui me fait aussi dire, ce qui me fait penser qu'aujourd'hui, on parle beaucoup, en fait,
12:00de ce qui se passe maintenant.
12:01Il y a un peu de volatilité sur le spread France-Allemagne, justement, pour ses instruments
12:07de couverture, pour différents aspects, mais finalement, en fait, à long terme, à aujourd'hui,
12:11il n'y a pas de remise en question du statut de la France.
12:13Il n'y a pas de remise en question du statut de la France.
12:16Vous évoquiez la BCE, Anthony, le poutre de la BCE, là, il est présent, très présent
12:20dans l'idée du marché, selon vous ? Il y a déjà cette flexibilité offerte par les
12:26programmes d'achat d'actifs.
12:27Est-ce que ça peut être plus ? Est-ce que ça peut aller plus loin ?
12:30Il n'y a pas de contagion, encore une fois, à ce stade, nulle part.
12:32C'est difficile quand même pour la BCE d'aller un peu plus loin, on va dire, dans le soutien
12:37à la France, que ce soutien très implicite, ne serait-ce que parce qu'on ne remplit pas
12:40les critères.
12:41Normalement, il faut quand même au moins faire preuve, faire des réformes importantes,
12:45structurelles, pour montrer qu'on est sur la bonne trajectoire.
12:46Ce n'est pas du tout notre cas.
12:47Montrer qu'on fait des efforts budgétaires, honnêtement, on n'en fait pas.
12:50Donc on n'a pas le bon dossier aujourd'hui pour prétendre à un soutien bienveillant
12:55de la Banque centrale européenne.
12:56C'est aussi qu'il y a un excès d'épargne incroyable en zone euro.
12:59Il faut rappeler que l'Allemagne, c'est 6% d'excédent courant.
13:02Les Pays-Bas, c'est 10%.
13:03Donc on est dans une zone où il y a de l'épargne abondante, qui va même se placer aux Etats-Unis
13:08de manière très marquée.
13:09Donc voilà, on profite un peu du statut des autres, mais notre situation, elle est très
13:13préoccupante.
13:14Et c'est parce qu'il n'y a pas de cordes de rappel aussi, qu'on ne fait pas les efforts
13:16nécessaires.
13:17Quand vous êtes face à des contraintes très fortes, vous finissez par accepter de serrer
13:20le budget.
13:22Bon, parlons de la politique américaine et de ce que ça implique pour une gérante d'actifs
13:30sur le marché américain.
13:31Déjà, est-ce que Trump, est-ce que ça peut être bon pour l'Europe ? Est-ce qu'il faut
13:36le voir comme ça, d'une certaine manière ? Ça va être bon pour les Etats-Unis ?
13:40Trump, ce n'est pas un homme politique, c'est un négociateur.
13:45Donc on connaît ses méthodes, il agite.
13:47D'abord, vous avez vu ce qu'il a fait il y a quelques jours avec le Canada et le Mexique
13:51sur des sujets qui ne sont pas directement en premier lieu.
13:56Complètement hors champ commercial, oui.
13:58Oui, mais voilà, il agite et ensuite il va à la négociation, il en obtient et il donne
14:04des directions.
14:05Donc, je ne sais pas ce qu'il fera avec la France, je ne sais pas quelles sont ses intentions.
14:12Peut-être que ça peut être un wake-up call, quelque part, sur quelques sujets.
14:18La défense ?
14:20La défense, oui, bien sûr.
14:22La défense, de toute façon, même sans Trump, le sujet de Trump et de la défense, il ne
14:30faut pas le déformer.
14:31Il demande à ce que l'Europe fasse sa part et il faut qu'on la fasse.
14:36Et oui, je pense que c'est plutôt les événements malheureux en Ukraine qui font que… Voilà.
14:44Donc, c'est pour ça qu'on revient sur ces fameux investissements à faire et ça,
14:49je ne sais pas où on trouvera l'argent.
14:52Visiblement, ça a l'air facile de le trouver.
14:54Oui, l'Europe, en tant que zone économique, peut lever quand même de l'argent sur les marchés.
15:02Pourquoi ils n'ont pas investi déjà il y a 20 ans sur les marchés ?
15:04Ah ben non, mais on ne peut pas refaire l'histoire comme ça.
15:06Oui, je suis d'accord Virginie.
15:07Donc, Trump, non, c'est un négociateur.
15:10Après, concrètement, vous savez, je dis toujours qu'il faut regarder le fondamental.
15:15J'ai l'impression qu'on ne parle plus du fondamental des sociétés, surtout en Europe.
15:20Il faut quand même noter que les publications des résultats européennes, des sociétés
15:25européennes, c'est quand même assez mitigé.
15:27On ne peut pas dire que c'était très flamboyant.
15:30Enfin, ça allait.
15:31Il y a eu un peu de croissance bénéficiaire cette année.
15:33Les entreprises sont très bien gérées, elles ont des beaux bilans et solides et ça, c'est fantastique.
15:39D'ailleurs, pour en prendre exemple, mais bon, on sent bien quand même qu'il y a quelques
15:46freins à la croissance et puis il y a des sujets, on ne va pas revenir dessus, sur la
15:50Chine, etc.
15:51Des industries qui sont mal menées, en particulier l'automobile et on sait pourquoi, malheureusement,
15:58là aussi.
15:59Donc, voilà.
16:00Tout ça arrive un petit peu en même temps, mais je suis complètement d'accord, les entreprises
16:05vont plutôt bien et ont des bilans assez solides.
16:09Bon, mais là, il y a quand même un frein direct alors que de l'autre côté, Outre-Atlantique,
16:16là, on est en plein dans les investissements.
16:18Donc, ça, il va royalement.
16:20D'ailleurs, ça a même dérangé quelques analyses puisque quand on a des capex un peu
16:25plus élevés que prévu, ça remet en cause évidemment la feuille de route et ça peut
16:32déplaire.
16:33Donc, je trouve ça plutôt bien, sachant que ces capex, oui, ça peut mettre du temps
16:37pour produire un dollar derrière, mais on est vraiment dans cette approche.
16:42Et ça, Trump, il l'encourage.
16:45On a deux ans de marché US à plus de 20% de performance, des écarts de valorisation
16:52qui n'ont jamais été aussi larges entre les Etats-Unis et le reste du monde, etc.
16:56Tout ce qu'on appelle l'exceptionalisme américain, c'est un exceptionalisme grandissant
17:02encore devant nous en 2025 sous Trump.
17:05Attention, parce que dans cet écart et dans cette évolution des marchés, ce n'est pas
17:11global et linéaire.
17:12C'est-à-dire qu'il y a plein de secteurs qui n'avaient rien fait, qui avaient très
17:16bien fait 18 mois avant, d'accord, et qui ne font plus rien là.
17:20Il y avait des secteurs qui étaient vraiment à la baisse avec des valorisations début
17:25septembre, donc ce n'est pas si loin que ça, des titres qui étaient en baisse de
17:29moins de 30, moins de 40 depuis le début de l'année et qui sont en train de revenir
17:33sur le devant de la scène.
17:34Donc, on ne peut pas agréger de cette façon.
17:39C'est toujours compliqué ces histoires d'indices et donc il y a évidemment cette
17:45espèce d'étage et de marches qui se déplacent, donc après il faut faire le tri quand même.
17:53Mais donc sous Trump, le marché américain continuera de bien se porter, c'est une
17:59partie différente du marché américain qui se portera mieux.
18:03D'abord, c'est America First, ça on le sait, et oui, il y a plein de relais de croissance.
18:09Il y a des puits de croissance, donc ils vont s'exprimer et ça peut prendre du temps,
18:13il peut y avoir des quacks, il peut y avoir des… Mais oui, il y a des puits de croissance,
18:17absolument.
18:18Bon, sur l'exceptionalisme américain, qu'est-ce que vous dites, Zacharia ? C'est vrai que
18:23beaucoup d'analystes, d'économistes décrivent quand même une forme d'incompatibilité,
18:27peut-être, dans le programme de Trump, avec des dimensions qui sont parfois peut-être
18:32difficilement conciliables.
18:34La promesse vis-à-vis de l'électorat a été très forte, est-ce qu'il faut imaginer
18:38un moment de frustration de la part de l'électorat de Trump, de la part de Trump lui-même, qui,
18:43je ne sais pas, pousserait un peu trop loin peut-être les limites de l'exceptionalisme
18:48américain ? Comment on voit la séquence et comment on imagine l'attitude du marché
18:54aussi vis-à-vis de Trump, à compter de Day One ?
18:58Je pense qu'il y a deux éléments à monitorer, à garder à l'esprit.
19:03Le premier, c'est vraiment la réalité de la politique fiscale que Donald Trump va
19:08implémenter.
19:09C'est-à-dire qu'il y a énormément d'attentes, il y a énormément de pricing de marché,
19:13on le voit sur les taux d'intérêt, on les voit sur les primes de risques de crédit,
19:17surtout sur les entreprises les plus risquées, où la prime s'est complètement écrasée
19:22avec cette idée que Trump va ouvrir les vannes du côté fiscal en termes de réduction d'impôts,
19:29en termes de déréglementation.
19:33Et le troisième effet, c'est l'effet sur le dollar aussi, qui s'est fortement apprécié
19:39contre beaucoup de devises.
19:40Donc, il faut voir la réalité de ce qu'il va proposer vis-à-vis de toutes ces attentes-là
19:46qui semblent assez importantes.
19:47Ça, c'est le premier élément.
19:49Le deuxième élément, et qui, en mon sens, n'a pas été beaucoup souligné par les
19:53marchés malgré quelques signaux de la part de Jérôme Powell, c'est l'indépendance
19:58de la Fed vis-à-vis de l'exécutif.
20:01Il en parlait hier soir, Jérôme Powell, oui.
20:03Deux reprises, ça revient, et puis Jérôme Powell dit « non, je ne démissionnerai pas,
20:08non, la Fed resterait indépendante ».
20:09Il faut voir si, vraiment, on part dans un package fiscal extrêmement important, mais
20:14qui serait inflationniste, est-ce que la Fed pourrait quand même garder sa casquette
20:20de gardien contre l'inflation ?
20:22Et ça, c'est un sujet qui pourrait vraiment venir dérailler cette machine économique
20:27américaine.
20:28Parce qu'aujourd'hui, il faut dire les choses telles qu'elles sont, en fait, à chaque fois,
20:31on s'attendait, même dès le début de la séquence des hausses des taux, du resserrement
20:36monétaire, on s'attendait à un ralentissement fort de l'économie américaine.
20:39On a eu quelques signaux avant-coureurs, des chiffres d'enquête qui étaient, disons-le,
20:46mitigés, mais au final, en fait, la croissance tient.
20:50Oui, on a un léger ralentissement, mais on est toujours au-dessus du potentiel.
20:54On n'a pas du tout, en fait, cet effet de hausse des taux.
20:58Et là, on voit que la Fed est déjà embarquée dans un cycle de baisse des taux.
21:03Donc, s'il continue sur ce cycle de baisse des taux, on peut s'attendre, sur les actifs
21:06risqués, à une résilience, mais ça, ça va beaucoup dépendre de ce que Trump pourrait
21:12lancer en termes de...
21:13Un mot, quand même, remis en cause de l'indépendance d'une banque centrale comme la Fed, c'est
21:19pas forcément bon pour la capacité à maîtriser l'inflation, c'est quand même là-dessus
21:24que Trump a été élu, c'est-à-dire qu'il aura des comptes à rendre quand même à
21:28un moment sur cette question de l'inflation, des prix, etc. vis-à-vis de son électorat.
21:32C'est un peu, effectivement, la blague dans l'histoire, c'est que Trump a été élu
21:36grâce à l'inflation et il pourrait justement avoir un programme plutôt inflationniste.
21:40Je distinguerais quand même politique intérieure...
21:41Il l'a en tête, ça ! Enfin, je suis d'accord, c'est un négociateur, mais c'est aussi un
21:44animal politique.
21:45Il a quand même bien senti dans ses tripes l'électeur médian américain, working class,
21:52multi-ethnique.
21:53Je crois qu'il a bien capté, effectivement, et donc il sait que s'il pousse tous les
21:56feux d'un coup, qu'il se retrouve avec peut-être une résilience inflationniste qui va très
22:01vite lui coûter très cher, notamment avec l'horizon des midterms qui est tout de suite
22:05là, demain, devant.
22:06Je suis entièrement d'accord.
22:07Alors, il faut distinguer quand même politique intérieure qui n'est pas si inflationniste
22:10que ça, parce que le versant des réglementations, comme ça a été dit, ça peut plutôt, au
22:14contraire, aller dans le bon sens.
22:15Bon, la politique fiscale, toujours très lâche, elle, pour le coup, elle est plutôt
22:18inflationniste.
22:19Ce qui fait, ce qui est frais, probablement, au plus haut des marchés, et de manière
22:21générale, même les économistes sont vigilants à ça, c'est les tarifs douaniers.
22:23Là, on peut passer dans un autre monde.
22:25Il faut avoir en tête ce qui s'est passé en 2018 quand la guerre commerciale a commencé.
22:29C'était que des barrières douanières vis-à-vis de la Chine.
22:31Ça a très peu marché pour deux raisons.
22:32D'une part, le yuan, effectivement, avait beaucoup baissé face aux dollars.
22:35Les prix d'export aussi chinois avaient pas mal baissé, donc ça avait permis à la Chine
22:39d'exporter toujours beaucoup.
22:40Puis, elle était passée par un grand nombre de pays tiers.
22:42Bon, là, on passerait un étage supérieur, puisque ça serait 60% de tarifs douaniers
22:46vis-à-vis de la Chine, 10% sur le reste du monde et même 25% sur Mexique, Canada.
22:51Là, c'est quand même bien moins évident, parce qu'à 60%, il y a un grand nombre de
22:55produits qui ne passent plus.
22:56L'exemple des batteries lithium-ion est assez intéressant.
22:58Biden a mis des barrières douanières de 25% l'été dernier.
23:01Ça ralentit les importations américaines qui ne font que plus 8 depuis la Chine, quand
23:05la Chine fait plus 23 dans le reste du monde.
23:07Donc, on voit bien que ça ralentit, mais ça ne les annule pas.
23:09Ça rentre toujours.
23:10Les batteries chinoises aux États-Unis sont toujours importées.
23:14Par contre, si on passe à 60%, là, c'est un autre monde.
23:16On se pose la question de comment le commerce mondial se réorganise, mais il y a vraiment
23:20une non-linéarité dans les effets.
23:21Un petit peu de tarifs douaniers, ça s'absorbe facilement par le change et par la baisse
23:26des prix, puisque la Chine a encore des marges de manœuvre de ce point de vue-là.
23:28D'ailleurs, sur la Chine, on voit la première annonce, c'est plus 10, pour commencer.
23:32Exactement.
23:33Et maintenant, ils commencent à parler de restrictions sur les importations, notamment
23:36de minéraux, de germanium, de gallium.
23:38Ça, ça peut faire très mal, parce qu'alors là, c'est indispensable dans l'armement,
23:42dans la télécommunication et sur le gallium, c'est 98% de la production qui est chinoise.
23:47Donc là, attention, parce qu'il faut avoir en tête que la Chine a aussi un potentiel
23:51de blocage à l'échelle mondiale.
23:52De rétorsion.
23:53Bien sûr, et qui est très important.
23:54Donc, je pense qu'il y aura vraiment une négociation assez dure.
23:57Elle sait qu'elle a les moyens de faire mal aux Etats-Unis aussi.
23:59Vous voyez un Trump fast and furious qui va vouloir, quoi qu'il en coûte, aller au
24:03bout de sa logique et des dogmes qu'il a érigés dans sa doctrine ?
24:08Je ne pense pas qu'il sera dans un schéma, on verra.
24:11Un Trump plus raisonnable, finalement, que ce qu'on peut craindre ou imaginer ?
24:16Absolument.
24:17Après, il faudra voir, parce qu'après, il s'entoure effectivement de certaines personnalités
24:22qui peuvent aussi, là, apparaître, quand même, une personnalité assez forte, assez tranchée.
24:29Oui, alors il y a ceux qui sont un peu folklore, et puis il y a ceux qui sont quand même très sérieux.
24:34Besen, Suzy Wiles, c'est des gens qui ont l'air de bien comprendre le personnage et de le cadrer.
24:40Les tarifs dans le passé, les pressions sur les marges, c'était ça, le point le plus important.
24:46Donc la question, c'est effectivement, et la Chine, on dit souvent qu'elle a ralenti.
24:50Il y a eu des tas de sujets, évidemment.
24:51Mais le point de départ, il y a eu des pressions sur les marges, il y a eu des tabules.
24:55Donc ça, c'est...
24:57Chaque fois que la Fed a sorti une recherche, chaque fois qu'il annonçait des tarifs,
25:00les actions avaient plutôt tendance à baisser.
25:02Les actions américaines avaient plutôt tendance à baisser.
25:04Et les jours où il n'annonçait pas de tarifs, les actions avaient plutôt tendance à monter.
25:08Donc après, l'économie américaine, elle a un atout, aujourd'hui, qu'elle n'avait pas il y a 15 ans.
25:15C'est qu'elle est énergie indépendante.
25:18Alors, elle n'est pas indépendante, évidemment, des matières premières nécessaires,
25:21maintenant, sous ces nouveaux moteurs d'innovation.
25:26Mais ça, c'est un point très important, parce qu'on ne sait pas où ira le pétrole.
25:35Pour le moment, on n'en parle plus tellement, parce que la question est de savoir comment on gère l'ouverture de robinet.
25:42Et voilà, la demande est beaucoup moins forte.
25:46Mais si ça revient, avec des éléments dans le middle-east des événements, c'est un point très important.
25:53Et le chapitre suivant, c'est les composants électroniques, bien évidemment.
25:59Et là, ils sont en train d'accélérer, parce qu'ils savent que ce sont des sujets qui sont compliqués si jamais il y a des difficultés.
26:08Mais ça, c'est un atout. Et malheureusement, on n'a pas cet atout.
26:12— Sur les nominations, la couleur un peu de son cabinet, qu'est-ce que ça vous dit aujourd'hui, effectivement, de la séquence Trump ?
26:20C'est-à-dire comment il va vouloir composer ses projets, ses annonces. Les tarifs, ça a l'air d'être pour Day One, effectivement.
26:29Ensuite, il y a la question de l'immigration, la question des baisses d'impôts. Est-ce qu'il y a une séquence... ?
26:36— Il y a une question d'immigration. Il répond également à pourquoi il a été élu. Immigration, il veut prendre en charge le problème des opioïdes.
26:46Et ça, on peut que quelque part... Alors je sais pas si c'est une bonne position, mais quelque part, oui, mais on va...
26:51— Mais est-ce que des symboles suffiront ? Parce qu'il a appelé Claudia Scheinbaum tout de suite à la sortie. Il dit que ça y est, c'est réglé.
26:55Elle a arrêté l'immigration. Bah non, mais c'est du Trump. On sait bien. Mais est-ce que ça suffit, lui, à afficher ça comme une séquence électorale ?
27:01Ou est-ce qu'un électorat qui a quand même enduré 20% d'impression, etc. ?
27:06— Alors qu'on ne fait rien et on sait d'où viennent les sujets, c'est quand même déjà... Moi, je trouve ça déjà bien de le mettre sur le devant de la scène.
27:13Donc bon, après, on verra ce qui... Vous savez, son côté politique, probablement, c'est on dit et qu'est-ce qu'on fait après, une fois qu'on a dit. Donc voilà.
27:23— Mais il cassera pas la machine business américaine ? — Non. Non.
27:26— Et ça qui est étonnant chez Donald Trump, c'est que c'est à la fois un populiste de droite et pro-business. Quand on regarde son électorat, il n'a pas du tout le même électorat
27:33que les historiques républicains. Le ménage moyen qu'a élu Trump, il est moins riche que la moyenne, il est moins éduqué.
27:40C'est pas du tout l'électorat traditionnel républicain. — Et il se fiche de déficit américain.
27:44— Bien sûr. Donc en ce sens, c'est pour ça que c'est difficile de... — Ah bah c'est armé.
27:48— Il est élu par une population qui, actuellement, était plutôt acquise aux Démocrates. Donc vraiment un inversement assez important de son côté un peu populiste.
27:56Et ça fait peur, parce qu'aujourd'hui, on voit bien qu'il a les mains libres. Enfin c'est vrai que ces nominations, ça montre bien qu'il va aller beaucoup plus loin,
28:01probablement, que dans Trump version 1, quoi. Version 2 sera plus méchante.
28:05— Pour la Fed, qu'est-ce que le marché attend désormais ? Enfin il y a encore le 12 décembre une option pour une baisse de... Oui, c'est le...
28:12Non, le 17-18 décembre, pour la Fed, il y a encore une option là pour une baisse de taux. Les données permettent encore à Jean Poel de justifier une baisse de 25.
28:20— Et c'est quoi ? Après, on s'approche de la fin du cycle d'ajustement de la Fed ?
28:26— Non. Je pense qu'autant aux zonoraux... Et Christine Lagarde l'avait souligné. Il va falloir bouger vers une forward guidance ou donner un peu de perspective
28:35à moyen terme. Autant du côté de la Fed. Je pense que ça va beaucoup dépendre, justement, de... Ça va être un peu quelque part attentiste vis-à-vis des réelles
28:46implémentations de l'administration Trump. — C'est ça. On joue pas à spéculer ou anticiper quoi que ce soit. Surtout pas avec Trump.
28:53— Voilà. Et si on regarde l'historique 2018, la Fed, elle, avait pas du tout anticipé sur les politiques. Ils ont vraiment attendu l'effet réel pour agir en conséquence.
29:04Donc là, je pense qu'on peut s'attendre à quelque chose du même acabit. Aujourd'hui... — Pragmatique, quoi.
29:11— Aujourd'hui, toute chose égale par ailleurs. Toute chose égale par ailleurs. On voit que l'inflation est de plus en plus sous contrôle, même s'il y a ce risque
29:18de rebond, mais globalement qui reste maîtrisé. Le marché du travail, finalement, qui est le nerf de la guerre, tient. Donc on pourrait s'attendre...
29:29S'il n'y a pas de choc exogène de la part de la nouvelle administration, on pourrait attendre une convergence vers le taux neutre quelque part pour les US.
29:39Ce que ne voit pas le marché en Europe. Non, le marché voit plutôt la baissière aller en dessous de son taux neutre. — Exactement. Donc on est plutôt dans une logique
29:48où on se dit que la croissance européenne va ralentir. On voit que l'Allemagne... L'Allemagne, ça va mal. Bon, on verra ce que donne l'après-élection en Allemagne.
30:01La machine est tirée aujourd'hui par l'Espagne et l'Italie. On voit quelques signes de ralentissement en Italie. Donc finalement, on est plutôt dans une logique
30:10et il faut sauver la croissance européenne. — Et juste, je reviens sur les US. Mais dans votre idée, ça veut dire que la courbe US est trop plate aujourd'hui ?
30:17On est quoi ? 4,20 sur le 2 ans. Le taux d'arrivée, alors neutre, il est peut-être autour de 3,5. Le marché vaut peut-être 3,75, c'est ça, l'an prochain ?
30:26— Donc sur les taux courts, il y a un peu encore à faire mais plus beaucoup. Donc c'est les taux longs qui sont pas assez élevés aujourd'hui dans la courbe américaine ?
30:33— La prime de terme est complètement écrasée. — Elle est revenue à zéro, là ? — Oui, on est à 5 points de base. Donc c'est quasiment...
30:39Ouais, on peut parler de zéro. Aujourd'hui, ce n'est pas justifié. Ce n'est pas justifié. On devrait s'attendre à une repontification de la courbe
30:47pour un tout tas de raisons, que ce soit le déficit, les émissions, la prime de terme fondamentale, tout un tas d'éléments qui devraient pousser cette courbe à s'aplatir.
30:58— À se repontifier. — À se repontifier, oui, bien sûr. En termes d'investissement, comment on peut caractériser un peu effectivement ce qui vous intéresse
31:07sur le marché américain aujourd'hui avec l'idée du cycle de CapEx ? C'est ça. Ça, c'est un driver important. Et alors comme vous le disiez aussi tout à l'heure,
31:16le marché, parfois, peut être refroidi au moins pour quelques trimestres par des entreprises qui investissent beaucoup. Donc comment, en tant qu'investisseurs,
31:25on essaye de profiter de ce cycle de CapEx ? Où est-ce qu'il faut être positionnés aujourd'hui, Virginie ?
31:30— Où est-ce qu'il faut être positionnés ? De toute façon, on voit bien que les entreprises ont la facilité... Enfin la trésorerie pour utiliser, effectivement,
31:38pour investir et investir sur le long terme, puisque parfois, ça peut être très long. Et puis on peut se tromper aussi. Enfin bon, voilà. Donc ça, je crois que c'est plutôt
31:49une bonne chose. Mais il y a 3 moteurs essentiels. Il y a la transformation énergétique et les infrastructures. Je l'ai mis dans le même moteur.
31:57Il y a évidemment tout ce qui est avancé technologique. Bon, l'intelligence artificielle, c'est un gros pot. Mais on voit bien qu'aujourd'hui,
32:06il y a un exemple à Amazon qui courbe le sujet d'NVIDIA. Ils sont tout seuls. Et ils vont pas rester tout seuls. Mais pour ne pas rester tout seuls, ça veut dire
32:15que les autres doivent quand même beaucoup investir. Mais ils vont le faire. Ils vont le faire parce que ça devient intenable, parce que comme il est tout seul,
32:23le NVIDIA, ça coûte trop cher. — Donc les GAFAM vont créer la concurrence d'NVIDIA. Les premiers clients d'NVIDIA vont créer la concurrence d'NVIDIA.
32:32— Oui, oui. C'est smart. — Donc Amazon, d'ailleurs, a très bien communiqué là-dessus. Donc voilà. Et le troisième moteur, ça, c'est... Qui reste présent,
32:40qui était déjà le cas, c'est la défense, parce que la défense industrie de défense et d'aéronautique aux États-Unis, c'est très important.
32:48Et c'est très important de façon internationale, puisque c'est bon nombre de sociétés américaines qui viennent effectivement vendre leur production
33:00un peu partout. Donc ça, c'est un point très important pour l'économie américaine. Et donc ça, ça va continuer. Donc voilà. Il y a ces trois...
33:10Donc ce qui veut dire... C'est beaucoup de besoins en CAPEX, beaucoup d'investissements. Et je vous rejoins. Et ce qui veut dire que pour moi,
33:16les taux longs aux États-Unis doivent remonter. — 5%, ça fait pas peur. — Non. Et ça serait plutôt légitime. Et il faut sortir un petit peu de cette vision
33:26qu'on a eue pendant 15 ans, d'avoir des taux... C'était ça, l'anomalie. Donc revenons à des choses tout à fait normalisées. Et c'est plutôt bien.
33:34Et quelque part, avoir des taux et une courbe quantifiée avec un peu de croissance et avec un peu d'inflation associée, puisque qui dit croissance,
33:42tout ça me paraît... — Un bon mix. — Ouais. — Dans ce cas-là, il faudrait dire le déficit public.
33:46— Alors il y a le sujet du déficit public, absolument. Ça, c'est le vrai sujet. Mais il faut qu'il y ait de la croissance.
33:52— Exactement. Mais même là, la croissance, il suffit pas à stabiliser le taux d'endettement, quoi. Il est explosif, en ce moment.
33:56— Oui. Et quand il n'y a pas de croissance, il y a du déficit. C'est déjà... — Non, mais il y aura des moments de rendez-vous de ce point de vue-là.
34:01C'est sûr. Entre le marché et Trump et Elon Musk, peut-être, s'il est chargé effectivement de détailler à la hache des trillions de dollars
34:13de dépenses fédérales. Oui, on verra. J'ai pas compris quel rôle il aurait. Je crois qu'il sera pas dans l'administration.
34:19— Il peut pas être dans l'administration américaine et rester aux commandes de Tesla, SpaceX et compagnie. Je sais pas.
34:26— Pourquoi pas ? — Réguler des agences qui régulent ces entreprises, dont il serait encore en charge.
34:31— S'il n'y a plus d'agences qui régulent... — On risque d'avoir de l'innovation politique, hein. Je pense que...
34:35— Oui, ça. On va avoir de l'intelligence artificielle à tous les niveaux et des robots à la place de...
34:41— Ouais, ouais. — Sur les taux européens, quand même, ça part pas beaucoup plus bas, quand même, du côté BCE. On a un policy mix
34:49qui est ultra restrictif. Même quand on déflate, par exemple, les taux directeurs, que ce soit avec l'inflation instantanée
34:55ou les anticipations, ça a quasiment pas baissé. Et on a un budget, un déficit qui va passer sous les 3%, quand on prend la zone euro,
35:02bien sûr. C'est super restrictif. — Tu sais pas ? La faiblesse de l'euro, c'est ça qui leur fait peur ?
35:07— Oui, mais c'est quand même pas normal d'avoir un policy mix qui ne prend pas la mesure de ce qui se passe. On a une France
35:12qui... On voit bien les perspectives de croissance se tarissent. Une Allemagne qui rebondit pas du tout et qui est vraiment...
35:17Ça fait 5 ans qu'elle est sans croissance, et ça va probablement durer.
35:20— Oui, mais des pays qui n'ont pas de vision, qui n'ont pas de cap stratégique... Je fais le discours de la prudence, hein.
35:24Mais dans un contexte incertain, sans... Avec un vacuum politique tel qu'il est, un chemin facile, c'est de se dire
35:32« On y va très prudemment ». On sait pas ce qui sortira des élections allemandes, on sait pas... Enfin...
35:37— Mais on est en train de créer une décennie perdue complètement. On en a déjà eu, au passage, la décennie passée.
35:42Ça fait 20 ans. Ça commence à faire long, quand même, de décennies perdues. — Oui, oui. À force de pas vouloir
35:45prendre de risques, on se retrouve à un moment obligé d'en faire beaucoup plus que ce qu'on aurait dû faire dès le départ.
35:50— Et même les pays qui facialement vont bien, comme l'Italie... J'ai fait un petit calcul de comptable qui consiste à
35:55retrancher du PIB l'investissement en construction qui est dopé par... — Le super bonus.
35:59— Voilà. Necjanino. Et en fait, le PIB, il est pas à 5,6% au-dessus de son niveau de fin 2019. Il est seulement à 0,9%
36:05une fois qu'on enlève l'effet massif. Donc c'est une économie qui est loin d'être très dynamique aussi. L'Italie, en réalité,
36:09elle est sous perfusion de dépenses publiques européennes. Donc soyons honnêtes, quand les trois grands vont pas bien,
36:14qu'est-ce qui empêche la BCE d'aller prendre le risque ? — Mais de ce point de vue-là, 2025 ne peut être qu'une source
36:19de bonne surprise. Non ? — Non mais pas. Je me dis... Juste que le marché a déjà escompté la situation.
36:27— Plus en plus, comme l'enveloppe a en grande partie consommé. Enfin on va plus vers le devant de ralentissement de la dépense
36:32qu'autre chose. Donc là, ça va ralentir. En France, on voit bien que c'est une croissance qui va ralentir. Est-ce que l'Allemagne,
36:37ça va repartir ? Je pense pas qu'on le verra. — Oui mais le marché l'a escompté un peu quand même, ça.
36:41— Oui, oui. — Quand je dis « bonne surprise », c'est relatif, évidemment, par rapport à ce que...
36:44— Peut-être que la dérivée seconde sera effectivement un peu plus favorable. — Ah, c'est un peu l'idée, oui.
36:48— Mais c'est surtout 2026. Mais l'année encore 2025, elle est quand même... — Elle est déjà un peu plombée dès le départ.
36:53— Les acquis, on va rentrer dans l'année 2025 très défavorablement. — Bon. La bonne nouvelle du jour, à nouveau, c'est le gros papier du FT
36:59sur l'idée qu'on est en train de réfléchir, et plus vite que ce qu'on pouvait peut-être imaginer, sur un projet de fonds européen
37:06pour la défense. Donc on parle d'un montant qui pourrait peut-être atteindre 500 milliards d'euros. La formule des eurobondes,
37:14je pense, c'est à mettre de côté. Mais il y a d'autres formules qui permettraient effectivement de créer un véhicule
37:19qui serait soutenu par des garanties domestiques nationales. C'est un fonds qui pourrait être abondé par les États de manière volontaire.
37:27Donc l'idée quand même d'une coalition de la volonté autour d'un projet et de ceux qui pensent que c'est important d'investir dans la défense,
37:34et qui serait ouvert à des pays non européens. Une manière aussi de réintégrer aussi en partie le Royaume-Uni dans les enjeux
37:41et les perspectives européennes. On verra. Non mais... Ce que je veux dire, quand je dis qu'il y a des bonnes surprises à attendre,
37:47il y a peut-être aussi... On est en droit de considérer une réponse de l'Europe.
37:51C'est le fameux wake-up call.
37:52Voilà, c'est ça.
37:54C'est l'effet positif Trump sur l'Europe. Malheureusement, c'est comme ça qu'il faut en passer par là.
37:59En fait, l'Europe, souvent, c'est quand elle est face au mur qu'elle se révèle. Donc on a eu la crise... C'était pendant le Covid
38:08que, enfin, on a lancé ce fameux programme NGU, Nouvelle Génération, où on a pu enfin ouvrir cette exception pour avoir une dette
38:17quelque part, ou un fonds qui est mutualisé. Là, on se rend compte que, finalement, si on ne fait rien, on va se retrouver avec
38:26une situation géopolitique qui est intenable. Donc finalement, en fait, on essaie de trouver des formulations.
38:32C'est dommage, en fait, qu'on en arrive là. C'est positif. C'est positif, clairement positif.
38:36Mais c'est dommage qu'on attend une situation complexe pour prendre des actions qui sont de nature structurelle.
38:45C'est-à-dire que tous ces éléments-là, on va en voir leurs bénéfices dans quelques années. Ce n'est pas tout de suite.
38:51Et du coup, c'est un peu dommage, en fait.
38:54Il faut faire attention à l'effet d'annonce, parce que l'Europe est très forte pour les effets d'annonce.
38:57NGU, c'est un plan où on a décaissé à peine la moitié. On ne sait même pas comment on va le rembourser.
39:02On est quand même très, très fort pour se mettre au table, filer des papiers.
39:05Mais finalement, ça a beaucoup aidé l'Italie, ça a beaucoup aidé l'Espagne, les pays qui ont pu...
39:10Même la France, qui a pris la partie grinte. En gros, le programme, il y avait une partie dedans et une partie emprunt.
39:16Donc tous les pays qui empruntent plus cher que la zone euro, ils ont pris l'ensemble de l'enveloppe.
39:20Ça les a aidés à un moment où ils étaient en récession.
39:24Donc oui, effectivement, il y a plusieurs sujets.
39:26En fait, quand vous avez le robinet complètement fermé et d'un coup, boum, 800 milliards, eh bien oui, vous avez beaucoup trop d'argent sur les mains.
39:35Et pas assez de projet.
39:37Mais franchement, tout à l'heure, on parlait d'une décennie perdue.
39:40En fait, il faut distinguer le côté politique monétaire qui va vraiment...
39:44Enfin, on en a besoin d'un point de vue cyclique en ce moment.
39:47Et le point de vue fiscal qui, en fait, structurellement, on a un sujet de croissance, de croissance potentielle de l'Europe.
39:55Et il faut que des économies telles que l'économie allemande changent quelque part de logique, changent quelque part de rationnel.
40:01Sinon, on ne s'en sortira pas collectivement.
40:03— On verra, sorties des urnes en février prochain. Et puis on verra comment Donald Trump aussi traite la question allemande.
40:10C'était un pays qui le fascinait, enfin l'obsédait beaucoup, à travers notamment ses marques automobiles.
40:16— Ah oui, ça, sur l'automobile, il y a... — Et ça n'a pas... Et je crois que dans la partie échange, ce qui compte quand même,
40:21c'est la partie des exportations automobiles allemandes vers les États-Unis. L'essentiel est plutôt là.
40:27— Bien sûr. — Voilà. Il y a le vin français, mais il y a surtout les voitures allemandes, quoi.
40:31— Merci à vous trois d'avoir été les invités de panier de marché. Ce soir, Virginie Robert, Constance Associé,
40:35Zakaria Darwish, CPR Asset Management, Anthony Morley, La Vidalie, Rex&Code.

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