André Bercoff et Céline Alonzo reçoivent Julien Pavillard directeur artistique de la Fête des Lumières, Bruno Benoit, historien spécialiste de l'histoire de Lyon, Christophe Marguin, Président des Toques Blanches lyonnaises, Chef du restaurant "Le Président" à Lyon
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-12-05##
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00:00...
00:14"...Sud Radio, la culture dans tous ces états... André Bercoff, Céline Alonso..."
00:19Oui, et aujourd'hui sur Sud Radio,
00:20la culture dans tous ces états est donc en direct de Lyon à l'occasion, André,
00:24des 25 ans de la Fête des Lumières.
00:27et s'attend d'autant mieux, enfin d'autant mieux, ça dépend des opinions,
00:32mais moi je suis assez content, ce n'est pas tous les jours qu'un gouvernement s'éteint
00:37et qu'une ville entière s'allume ou se rallume
00:41parce que la fête des Lumières, ses cultes, ses cultes, vous l'avez dit depuis 25 ans,
00:46la fête des Lumières, si il n'y avait pas les Lumières, il y aurait la Tour Eiffel pour Paris et encore mieux,
00:53on va en parler, qui remonte, je rappelle, à 1852,
00:57date à laquelle les premiers lumignons furent allumés et déposés sur les fenêtres
01:02par les habitants pour célébrer la Vierge Marie dont, n'oublions pas, c'est le Fils qui a dit,
01:07que la lumière soit et la lumière fut, donc ce n'est pas par hasard que tout ça se passe.
01:12Et puis ils ont quand même la ville riche de 2000 ans d'histoire
01:16et moi je vais vous dire, la plus belle chose, la première fois que je suis venu à Lyon,
01:20ça date, ça fait quelques décennies, je me rappelle que dans une rue,
01:24je rentre et je vois restaurant ouvrier, cuisine bourgeoise,
01:27je me dis, une ville qui est capable d'avoir ces dominations-là est une ville, en tout cas, passionnante.
01:33Lyon, effectivement, ville Lumière, capitale mondiale de la gastronomie,
01:38on se retrouve dans un instant sur Sud Radio pour célébrer donc cette très grande ville.
01:44Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
01:50Les soirs de liesse, je venais souvent vous voir.
02:00Vous me donniez vos caresses, je vous chantais mon désespoir.
02:12Lyon sursonne la secrète.
02:15Bernard Lavillier sur Sud Radio qui rend hommage à la ville de Lyon.
02:18Nous sommes actuellement avec André Bercoff en direct sur Sud Radio,
02:22donc à l'occasion des 25 ans de la fête des Lumières.
02:25Et pour parler de cette manifestation qui est, il faut le signaler André,
02:29le quatrième événement mondial en termes de fréquentation.
02:32Eh bien, nous avons le plaisir de recevoir l'historien Bruno Benoît et Julien Pavillard.
02:37Bonjour à vous. Bonjour.
02:39Alors, Julien Pavillard, vous êtes directeur des événements de la ville de Lyon
02:43et directeur artistique de la fête des Lumières depuis cinq ans.
02:46Cette année, quelles oeuvres seront présentées au public et ce, à partir de ce soir ?
02:52Oui, on commence vraiment ce soir, on a même commencé les répétitions depuis quelques temps.
02:55Les Lyonnais sont d'ailleurs habitués à venir nous voir en répétition,
02:58donc on a déjà beaucoup de monde dans les rues.
03:00Et on a en fait cette année 32 oeuvres de la fête des Lumières,
03:03ce qui est un chiffre assez courant parce qu'on est un peu sur cette dimension-là.
03:07Mais la spécificité, c'est que cette année, pour les 25 ans de la fête des Lumières,
03:10on a aussi six oeuvres anniversaires,
03:13six oeuvres qui ont ponctué l'histoire du festival des Lumières depuis 1999.
03:18Et oui, alors justement, ces oeuvres anniversaires sont situées dans des lieux emblématiques de Lyon.
03:23Quels sont-ils ? Racontez-nous.
03:25Ah bah, de toute façon, à Lyon, on a la chance d'avoir un patrimoine architectural en centre-ville qui est exceptionnel.
03:30Donc c'est vrai qu'on a le choix pour pouvoir trouver des lieux, des places, des bâtiments qui sont magnifiques.
03:36Et puis on a aussi d'ailleurs un patrimoine naturel avec le parc de la Tête d'Or qui est l'emblème aussi lyonnais
03:41parce que c'est un parc qui est magnifique.
03:43Et pour le coup, on utilise un peu ces deux sites pour travailler.
03:46Et après, on est sur des sites qui sont vraiment importants.
03:49La place Belcourt, la grande place lyonnaise.
03:51Là, il y aura le globe de Louis XIV.
03:53Exactement, une boule à neige.
03:55On fait une boule à neige, en fait, et on a remis Louis XIV, dont la statue vient d'être refaite il y a très peu de temps.
04:00Et donc, pour le coup, on la met là, pas sous cloche, mais sous une boule à neige un peu kitsch,
04:04mais pour le coup, très jolie, avec marqué I love you en dessous.
04:07Vraiment, on est...
04:08I love you, Lou !
04:11Et c'est vrai que ça, c'est un élément important.
04:13Place d'Hétéro, c'est aussi une des grandes places de Lyon.
04:17Alors, pas aussi grande que Belcourt, mais par contre, très connue.
04:19Et puis surtout, pour la fête des Lumières, c'est une place emblématique.
04:23On fait partie des sites, effectivement, dans lesquels on travaille.
04:25Après, on a la place du Jacobin.
04:27De nouveau, une vraie place où tous les touristes vont pour voir.
04:31On est sur le parc de la Tête d'Or.
04:34On a vraiment différents lieux qu'on a investis, la rue de la République.
04:37On est en plein centre-ville, vraiment dans les plus beaux endroits de la ville de Lyon.
04:41Et oui. Et que racontent ces œuvres, en particulier ?
04:43Quel message au travers de toutes ces œuvres ?
04:46Il faut dire que ce sont des artistes autant étrangers que français.
04:49Il y a un panel intéressant.
04:51Racontez-nous comment vous les avez sélectionnés.
04:53Oui, tout à fait. La lumière, c'est vraiment culturel.
04:55Donc, on a les artistes lyonnais, français, étrangers qui viennent,
04:59des jeunes artistes qui débutent et puis des artistes qui sont confirmés.
05:02Et en fait, l'intérêt pour nous, c'est de pouvoir montrer un peu l'état de l'art
05:06en termes de lumière qui existe dans le monde.
05:08C'est-à-dire de dire à la fois, voilà où on en est pour les projections vidéo,
05:13qu'on appelle aussi des mappings quand on est sur les détails architecturaux.
05:16Voilà où on en est dans les projections lumière ou des objets de lumière.
05:19Et puis également, avec ces œuvres anniversaires, l'idée, c'était aussi de se dire.
05:23Vous avez vu, par exemple, Place des Jacobins, un artiste qui s'appelle Patrice Varner,
05:27qui avait travaillé en l'an 2000.
05:29Eh bien, peut-être que vous avez vu quand vous étiez enfant.
05:30Peut-être que vous étiez venu avec vos enfants à l'époque,
05:33qui sont aujourd'hui 25 ans plus âgés, donc qui sont des adultes.
05:36Et pour le coup, ou alors quand nous, on est déjà adultes, on a pris un peu plus d'âge.
05:41Mais en même temps, ça permet de se dire.
05:43On confronte là une histoire qui est une histoire collective,
05:45parce que la fête des Lumières, c'est une histoire qui appartient aux Lyonnais,
05:48qui fait vraiment partie...
05:49En fait, c'est le peuple et les touristes qui s'en sont emparés de cette fête.
05:51Oui, tout à fait, c'est ça.
05:53Avant tout, les Lyonnais, les peuples lyonnais qui ont mis leur lumignons aux fenêtres.
05:56Et puis, les touristes sont venus.
05:58Et puis, de voir un peu comment on peut arriver à mêler cette histoire collective
06:02avec des histoires individuelles.
06:04Parce que finalement, peut-être qu'on se souvient, étant petit,
06:07avoir été dans une époque qui était un peu différente en termes de lumière,
06:10mais voir, par exemple, la place de Jacobin.
06:13Si ça se trouve, ça vous a marqué.
06:15Un détail, tout d'un coup, c'est incroyable ce qui a été fait.
06:18Et le revoir 25 ans plus tard, peut-être avec ses propres enfants,
06:21c'est aussi quelque chose qui peut être assez sympa,
06:23parce que ça nous remémore des souvenirs.
06:25Et en même temps, ça permet d'en créer des nouveaux avec sa famille, ses amis.
06:28Et puis, bienvenue, si c'est la première fois que vous venez à Lyon.
06:30Et elle a fait des Lumières, ce qui arrive aussi chaque année.
06:33Bienvenue à vous, parce que vous allez aussi pouvoir avoir les mêmes émotions,
06:36ou des émotions différentes, en tout cas par rapport à des objets.
06:39Puisque la musique joue un rôle aussi.
06:41Oui, souvent.
06:42La musique, en fait, elle accompagne vraiment la lumière.
06:45C'est très important, ça donne un rythme.
06:47Donc pour nous, c'est aussi important, pas que tout soit sonorisé,
06:50parce que c'est bien aussi, des fois, d'avoir des oeuvres où on est dans le calme,
06:53où on est dans le silence.
06:54Mais en même temps, la musique, elle accompagne vraiment les oeuvres aux lumières.
06:57Un mot sur les techniques qui sont utilisées pour la réalisation de ces oeuvres,
07:02qui sont pour la majorité vraiment spectaculaires.
07:05Quelle est-elle, cette technique ?
07:07Alors, on a une grosse évolution des techniques.
07:09On utilise à la fois des matériaux de lumière,
07:12on utilise des matériaux qui font la projection vidéo,
07:14donc des vidéoprojecteurs, et puis des projecteurs laser.
07:17Et en fait, en 25 ans, et même sans remonter aussi loin,
07:20les techniques ont énormément évolué.
07:22A l'époque, on utilisait des lampes à décharge,
07:24on avait d'autres types de matériaux qui étaient beaucoup plus compliqués.
07:26Les lasers, il fallait avoir à la fois une grosse arrivée d'eau,
07:28une grosse arrivée électrique pour que ça puisse fonctionner.
07:30Aujourd'hui, c'est à peine plus gros qu'un ordinateur.
07:33Vous le mettez sur un endroit, ça fonctionne avec une LED,
07:36ça consomme plus rien, et ça marche au moins aussi bien qu'avant.
07:40Donc oui, les techniques ont bien évolué,
07:42mais après, évidemment, ce qui nous intéresse le plus, nous,
07:44c'est l'évolution artistique, c'est de voir comment les artistes,
07:46finalement, s'emparent d'un sujet, et puis s'emparent de la lumière,
07:49et puis travaillent avec.
07:51Bruno Benoit, donc je l'ai dit, vous êtes historien,
07:54et vous êtes notamment un grand spécialiste de l'histoire de la ville de Lyon.
07:57Quelle est l'histoire de cette fête des Lumières ?
08:01Alors, la fête des Lumières, comment on le rappelait, en 1852,
08:04mais avant, il faut remettre dans une perspective
08:07des liens entre Lyon et la Vierge Marie.
08:10C'est-à-dire, depuis le Vœu des Échevins, en 1643,
08:14la peste rôdait dans le royaume de France.
08:18Et les Échevins, c'est-à-dire le conseil municipal de l'époque,
08:23prend acte que le roi Louis XIII
08:26vient de dédier le royaume de France à la Vierge Marie
08:30pour que Lyon, qui n'est pas très bien vue du royaume de France,
08:35fasse la même chose.
08:36Donc, on dédie la ville de Lyon à la Vierge Marie.
08:39Et depuis, la Vierge Marie,
08:41il semblerait qu'elle se soit penchée sur cette ville.
08:44Par exemple, durant la guerre de 70,
08:49il n'y a pas eu de drame à Lyon lié à la guerre de 70,
08:52même si le front était plus éloigné.
08:54Il aurait pu y avoir des Prussiens qui viennent bombarder la ville.
08:58Et elle a aussi échappé aux choléras violentes dans les années 1834.
09:04Il y avait un choléra méchant en France.
09:07La Vierge Marie protège Lyon.
09:09La Vierge Marie protège Lyon.
09:10Et c'est pour cette raison que, depuis assez longtemps,
09:13sur la colline de Fourvière, l'ancien forum romain,
09:17il y avait une petite église qui était dédiée à la Vierge
09:21et où les pèlerins venaient du royaume de France,
09:24venaient en pèlerinage rendre hommage à la Vierge.
09:28Et cette idée de transformer cette église,
09:32et pas de la transformer parce que la basilique va être plus tardive,
09:36mais de mettre sur le haut de cette église
09:40une statue de la Vierge dorée, en bronze doré, de Fabiche,
09:45qui a été décidée le 8 décembre, qui est le jour de la nativité de la Vierge.
09:49La Vierge est née le 1 8 décembre.
09:521 8 décembre, ah oui c'est bon.
09:54Et donc, à partir de ce moment-là,
09:57les Lyonnais, qui sont un peuple emprunt de religion,
10:00d'abord on est quand même primacie des Gaules,
10:03et on a eu l'idée, c'était ce 8 décembre 1952, un seul jour.
10:09Il pleuvassait, il y avait...
10:12Et la Vierge, encore une fois, de mettre sa main,
10:16la pluie s'est arrêtée,
10:18les lumignons ont pu être allumés,
10:21et il y a eu cette fête des Lumières.
10:23Alors ce qui est intéressant, c'est que
10:25dans la littérature française, Pagnol avec M. Brun,
10:29quand il vient à Lyon, il se heurte au mur tellement il y a du brouillard.
10:33C'est une ville qui est connue pour son brouillard,
10:36une ville moche, noire.
10:38Et je crois que la fameuse mutation de la Lumière, le 8 décembre,
10:43fait de cette ville, comme j'aime bien le dire,
10:46le 14 juillet lyonnais, c'est le 14 juillet lyonnais.
10:49Et donc ça, c'est quelque chose d'important.
10:52Et ce que j'aimerais savoir, c'est, est-ce que dans l'histoire,
10:55cette fête, il y a eu des moments forts,
10:57où elle a été contestée par certains, remise en cause ?
11:00Depuis 1852, ça ne s'est pas passé très bien.
11:04Ça veut dire qu'il y a eu plusieurs fois,
11:06par exemple, je ne parle pas des guerres.
11:09Pendant les guerres, on a arrêté pour éviter les bombardements.
11:12Ou durant la Seconde Guerre mondiale, il y avait des restrictions à plusieurs points de vue.
11:17Mais il y a eu, dans les années 1880,
11:21au moment où il y avait les républicains qui se battaient pour la laïcité,
11:25il y a eu bien évidemment, je dirais, des défenseurs du catholicisme lyonnais
11:33qui sont montés au créneau.
11:35Il y a eu des bandes qui se sont heurtées.
11:38Le Progrès, qui est un journal radical et plutôt républicain,
11:42défendait, en effet, la laïcité par rapport à tous les cathos qui voulaient valoriser...
11:48– Les razzocks ! – Oui, oui.
11:50Et il y a eu, en 1960, au dernier moment, on peut dire, dramatique,
11:56de la fête des Lumières, des bandes de jeunes
11:58qui, dans le Vieux Lyon, ont tué un jeune.
12:01– Comment ça ? – En 1960.
12:04Donc c'est la dernière date tragique, on peut dire, associée au 8 décembre.
12:10– Allez-y André.
12:12– Julien Pavillard, aujourd'hui, ça fait 5 ans que vous en occupez
12:19et vous êtes là depuis beaucoup plus longtemps, bien sûr.
12:22Est-ce que ça reste quelque chose de totalement festif ?
12:27Je veux dire, quand je vous ai demandé, est-ce que, vraiment,
12:30les Lyonnais, et puis ceux qui viennent, se sont emparés de cette fête ?
12:34Ils ne pourraient pas concevoir que cette fête n'ait pas lieu ?
12:36– Ah non, c'est inconcevable à nous.
12:38En fait, ce qui est inconcevable, c'est la fête du 8 décembre.
12:41Parce que la fête du 8 décembre, c'est la fête, vraiment.
12:43C'est le jour des Lyonnais, c'est le jour où on met les lumignons à nos fenêtres,
12:47donc depuis plus de 160 ans.
12:48– Et tout le monde met les lumignons à ses fenêtres, enfin, tout le monde.
12:50– Alors pas tout le monde, en tout cas... – Sauf la sécurité, j'ai bien compris.
12:52– Non, non, mais même...
12:53Après, je pense que des gens, qu'ils soient catholiques ou pas,
12:56qu'ils soient nouveaux arrivants ou Lyonnais de Souches,
12:59je pense que beaucoup de gens le font.
13:00Alors, on voit quand même beaucoup moins de lumignons en centre-ville qu'avant,
13:03mais aussi parce que la sociologie de la ville a changé.
13:05Comme toutes les villes, dans le centre-ville, on n'a plus les mêmes...
13:08On a aussi des bureaux, enfin, on ne sait plus les mêmes façons d'être.
13:11Mais même dans les quartiers un peu plus lointains,
13:13donc moins visibles par les touristes,
13:15on voit qu'il y a des lumignons qui sont posés aux fenêtres.
13:17Et justement, cette tradition des lumignons reste importante
13:20quand même pour beaucoup de monde, y compris pour moi d'ailleurs.
13:22Parce que c'est vrai que c'est à la fois, même si on a un côté laïc,
13:28c'est quand même faire partie de l'histoire de Lyon
13:30que de mettre ses lumignons aux fenêtres le 8 décembre.
13:32Les enfants le font.
13:33Vous savez, les enfants, on leur demande d'acheter des petits pots,
13:35des yaourts avec des pots en verre.
13:37Ils les peignent à l'école.
13:39Il y a vraiment cette habitude de pouvoir poser des lumignons le 8 décembre.
13:43Et c'est ça qui est important.
13:44Le Festival des Lumières, il est aussi important pour moi particulièrement.
13:47Mais je veux dire, le Festival des Lumières
13:49fait partie maintenant du paysage lyonnais,
13:51des événements et des gens l'attendent.
13:5470% des gens qui viennent à la Fête des Lumières
13:57sont lyonnais ou grands lyonnais.
13:59Donc c'est quand même important pour les gens.
14:01Ça reste une fête locale au bon sens du terme.
14:04C'est la grande fête.
14:05Honnêtement, c'est la grande fête de Lyon.
14:07Dans les guides d'agences de voyage,
14:11il y a bien marqué une visite Lyon le 8 décembre.
14:17C'est-à-dire qu'on peut, si on est Rouennais, Strasbourgeois ou pas,
14:21prendre des cars et qu'ils vous amènent à Lyon le 8 décembre.
14:25Soyez à Lyon le 8 décembre.
14:27On le dit aux éditeurs de radio.
14:29C'est le jour à ne pas manquer à Lyon.
14:32Mais Bruno Benoît, à quel moment précisément
14:34on est passé d'une fête populaire
14:37à une fête de revalorisation de la ville ?
14:40Quand j'étais enfant,
14:43on se promenait avec mes parents,
14:46on regardait les vitrines des commerçants
14:48qui étaient mises en valeur.
14:51Ça, c'est le saut d'une fête locale,
14:55religieuse.
14:57Même si, comme vous venez de le dire,
15:01même si on n'est pas pratiquant,
15:03on le fait par adhésion à cette sorte de communauté lyonnaise.
15:07C'est passé avec Gérard Collomb.
15:09Gérard Collomb a fait, si vous voulez, le saut,
15:14vers une manifestation internationale
15:18pour valoriser cette ville.
15:20On est passé d'une fête qui avait un côté sympathique,
15:24locale, à une fête nationale, voire internationale.
15:28D'où ce que vous venez d'évoquer,
15:30tous ces spectacles
15:32qu'il faut mettre en plus pour justifier
15:35qu'il faut venir à Lyon.
15:37Parce que s'il y avait juste l'aluminium,
15:39ça ne vaudrait peut-être pas le coup de venir à Lyon.
15:43Et Lyon, parlons de ce plan lumière.
15:45Parce qu'à l'année,
15:47il y a des mises en lumière pérennes, c'est ça ?
15:51Ce plan lumière, quel est-il ?
15:53Il a été mis en place par la ville en 89, c'est ça ?
15:55Oui, c'est ça. C'était sous Michel Noir à l'époque.
15:57Et effectivement, il y avait d'abord eu un plan couleur
16:01qui a été fait sur la ville.
16:03Moi, je ne suis pas lyonnais.
16:05Je n'étais pas là à l'époque.
16:07Comme dans beaucoup de villes, la ville était assez sombre, assez noire.
16:11Et pour le coup, ils avaient décidé de bien nettoyer la ville,
16:13de pouvoir recolorer les façades,
16:16notamment au bord de Saône,
16:18parce qu'il y a toute une filiation entre les immeubles de Saône
16:21et puis l'Italie, Florence,
16:23l'Italie en général, on va dire.
16:25Et puis, suite à ça,
16:27pour de nouveau essayer de valoriser Lyon
16:29et de pouvoir montrer que Lyon est une ville qui est accueillante
16:32et qui a envie de pouvoir se montrer belle à tout le monde,
16:35il y a eu un plan lumière qui a été lancé.
16:38Et ce plan lumière, c'est une réflexion
16:40sur l'année, sur comment on éclaire
16:42nos rues, nos chaussées
16:44et puis des bâtiments remarquables
16:46pour pouvoir aussi en faire des signaux dans la ville
16:48et puis rendre la ville aussi plus agréable la nuit.
16:50Parce qu'il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas très longtemps encore,
16:52et il n'y a pas qu'à Lyon,
16:54mais la nuit, tu as encore un territoire à découvrir.
16:56En fait, on partait plus facilement voir
16:58Venise, Lisbonne,
17:00ou partir beaucoup plus loin que de se dire
17:02la nuit, on va se promener.
17:04On allait, comme tout le monde, et selon nos âges,
17:06au restaurant, en boîte de nuit, au théâtre,
17:09on ne sortait pas la nuit.
17:11Et en fait, ce côté ludique, ça a aussi permis
17:13de pouvoir se dire, on sort,
17:15on profite de la vie, et on a un aspect
17:17très joyeux.
17:19Et rappelons le titre merveilleux de Richard Boragé,
17:21« C'est beau une ville la nuit »,
17:23et Lyon particulièrement, il faut le dire.
17:25À ce moment-là.
17:27Julien Pavillard, merci d'être venu sur Sud Radio,
17:29vous donnez rendez-vous aux auditeurs,
17:31à tous ceux qui sont ici ce soir,
17:33à partir de quelle heure ? 18h, c'est ça l'ouverture ?
17:3518h45 ce soir, 19h,
17:37aujourd'hui jusqu'à samedi,
17:39et dimanche, pour les familles,
17:41on commence plus tôt, une heure plus tôt à 18h,
17:43et on finit à 22h,
17:45donc bienvenue à tout le monde, on a 32 sites,
17:47ça va être très beau, vous allez voir,
17:49moi j'ai passé deux nuits à regarder,
17:51plus que deux nuits, mais en tout cas,
17:53deux dernières nuits à regarder, à contrôler, à vérifier
17:55pour que tout soit parfait,
17:57et on espère que ça vous plaira à tous.
17:59Et que la lumière soit en vous aussi.
18:01Lyon, une ville riche de plus de 2000 ans d'histoire,
18:03on continue André Bercov d'en parler dans un instant
18:05sur Sud Radio, avec Bruno Benoît,
18:07et on va recevoir aussi
18:09le célèbre chef lyonnais
18:11Christophe Marguin,
18:13on va parler gastronomie, mais aussi André,
18:15on va parler politique.
18:17Politique aussi !
18:19Sud Radio, la culture dans tous ses états,
18:21André Bercov, Céline Alonso.
18:23Pour chanter Veni Creator,
18:25il faut une chasuble d'or.
18:27Pour chanter Veni Creator,
18:29il faut une chasuble d'or.
18:31Pour chanter Veni Creator,
18:33il faut une chasuble d'or.
18:37Nous en tissons
18:39pour vous,
18:41grands de l'église,
18:43et nous, pauvres canuts,
18:45n'avons pas de chemise.
18:49Le chant des canuts,
18:51interprété par Yves Montand sur Sud Radio.
18:53Ce chant a été écrit en 1894
18:55par Aristide Bruand,
18:57André Bercov,
18:59et ce, en hommage aux travailleurs de la soie de Lyon,
19:01qui sont à l'origine de plusieurs révoltes
19:03au 19ème siècle.
19:05Quelle histoire, cette ville !
19:07Christophe Marguin, bonjour à vous,
19:09et merci de nous avoir sur Sud Radio.
19:11On va parler dans un instant, effectivement,
19:13gastronomie avec vous.
19:15Mais avant, j'aimerais donner la parole à Bruno.
19:17Juste avant, Christophe Marguin a un restaurant
19:19qui s'appelle Le Président.
19:21En ce moment, c'est plus que jamais d'actualité.
19:23Et c'est pour ça qu'on l'interroge
19:25comme on l'interroge la pitié,
19:27pour savoir qui va sortir de la boîte.
19:29Parlons à présent des canutes,
19:31Bruno, Benoît,
19:33c'est l'un des grands symboles
19:35de la société lyonnaise.
19:37Il est évident, quand on sort de Lyon
19:39et qu'on voyage
19:41au niveau international,
19:43la première remarque que vous faites
19:45quand vous avez affaire
19:47à des gens cultivés, ils vous disent
19:49Lyon, la ville des canuts.
19:51La ville des canuts,
19:53ils ne parlent pas de la fête des Lumières,
19:55ils parlent de la ville des canuts.
19:57Les canuts.
19:59Il est vrai que le 19ème,
20:01à la grande révolte des canuts,
20:03c'est celle de 1831,
20:05novembre 1831.
20:07Ça se passe peu de temps
20:09après la révolution de Juillet,
20:11quand on voit la monarchie de Juillet
20:13arriver. Et les canuts,
20:15qu'est-ce que c'est que les canuts ?
20:17Les canuts, c'est les travailleurs
20:19de la soie qui comprennent
20:21ce qu'on appelle les marchands-fabricants,
20:23qui sont des gens qui ne possèdent pas le métier,
20:25mais qui possèdent la soie,
20:27les commandes et les clients.
20:29Vous avez les chefs d'atelier
20:31qui possèdent les métiers,
20:33et vous avez chez les chefs d'atelier,
20:35vous avez en effet les compagnons
20:37qui logent
20:39chez le maître,
20:41c'est-à-dire chez le chef d'atelier.
20:43Et puis vous avez les femmes et les enfants
20:45qui travaillent aussi dans les ateliers.
20:47Cette ville, à peu près
20:49au 19ème, dans une ville qui fait
20:51à peu près 150 000 habitants,
20:53il y a à peu près 50 000 personnes qui travaillent
20:55de la soie.
20:57Sans compter les familles ?
20:59Non, les familles y compris.
21:01C'est-à-dire que c'est la plus grosse concentration
21:03ouvrière en Europe.
21:05C'est la plus grosse concentration ouvrière en Europe,
21:07avec une hiérarchie,
21:09bien étant dit, marchands-fabricants,
21:11c'est-à-dire les bourgeois,
21:13les chefs d'atelier, les compagnons,
21:15et puis en dessous,
21:17les femmes et les enfants, des chefs d'atelier.
21:19Et il y a une question essentielle,
21:21c'est la question du tarif.
21:23À quel prix les marchands-fabricants
21:25payent
21:27les tissus tissés par les chefs d'atelier
21:29et leurs compagnons
21:31quand ils veulent qu'ils passent une commande ?
21:33Et c'est sur cette question des tarifs
21:35que va éclater la fameuse révolte des canuts
21:37de 1831,
21:39avec le fameux slogan
21:41« Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
21:45Tu as écrit ça, oui.
21:47Sur un drapeau noir,
21:49c'est le drapeau du deuil,
21:51pas le drapeau de l'anarchie, c'est le drapeau du deuil.
21:53Et ces canuts descendent
21:55des pentes de la Croix-Rousse,
21:57il y en a à peu près partout,
21:59il y en a aussi dans la Presqu'île,
22:01mais l'essentiel est quand même dans ces grands immeubles
22:03où il y a beaucoup de fenêtres,
22:05parce qu'il faut beaucoup de lumière
22:07pour travailler,
22:09ils descendent des pentes de la Croix-Rousse sur les terreaux,
22:11c'est-à-dire sur les terreaux, sur la municipalité.
22:13Et il est évident
22:15que la municipalité
22:17et la bourgeoisie, comme d'habitude,
22:19a foutu le camp.
22:21Face au peuple en colère,
22:23elle a disparu.
22:25Et on appelle
22:27l'armée
22:29qui arrive avec le maréchal
22:31Soult,
22:33et qui arrête en 1931.
22:35Il va y avoir des arrestations,
22:37il y a eu des morts
22:39lors des affrontements,
22:41parce que la ville de Lyon avait quand même
22:43quelques gendarmes
22:45pour arrêter,
22:47mais ça s'est mal terminé.
22:49Mais jamais les canuts n'ont cherché à faire une révolution politique.
22:51Ils n'ont jamais cherché le pouvoir.
22:53C'est simplement pour obtenir
22:55satisfaction au niveau
22:57des salaires et vivre décemment.
22:59Vivre décemment
23:01de son travail.
23:03C'est quelque chose de tout à fait normal, vivre décemment de son travail.
23:05Cette révolte
23:07des canuts qui va se terminer par
23:09bien sûr des condamnations,
23:11des exécutions,
23:13une en 1834,
23:15trois ans après, mais ça sera une révolte politique.
23:17Avec des agitateurs
23:19républicains.
23:21Et qui n'aboutira pas non plus,
23:23mais qui fait passer Lyon pour une ville
23:25rebelle, une ville dangereuse au niveau du pouvoir
23:27parisien. Et c'est ça qui est intéressant.
23:29Et quel a été le moment
23:31fondateur politique de cette ville
23:33de Lyon ? Ca remonte à quand alors ?
23:35Le moment fondateur
23:37de la ville de Lyon, c'est la révolution française,
23:39la fameuse insurrection
23:41lyonnaise en 1793,
23:43qui s'est terminée par la prise
23:45de Lyon par l'armée
23:47de la république, par l'installation
23:49de la guillotine Place des terreaux,
23:51et par l'exécution
23:53de 1500 lyonnais,
23:55c'est-à-dire avec la Vendée.
23:57Lyon est la ville qui a le plus souffert
23:59de la révolution. Et vous savez
24:01qu'à Lyon, rue
24:03Louis Blanc, dans une
24:05église qui n'est pas une église du
24:07culte, mais une église qui a été
24:09construite dans les années
24:111840,
24:13dans la crypte,
24:15vous avez un hôtel
24:17à U.T.E.L. fait avec
24:19les crânes et les tibias des fusillés
24:21lyonnais, de ceux qui ont
24:23été guillotinés et fusillés à Lyon.
24:25L'histoire politique très forte
24:27de Lyon, c'est vrai, il faut le rappeler Rebelle,
24:29je voudrais que Christophe Marguin
24:31nous parle de l'histoire gastronomique de Lyon.
24:33Moi ça m'a toujours fasciné, parce que
24:35j'étais même pas encore, je me rappelle,
24:37en France, quand on parlait de Lyon,
24:39on parlait de Lyon, je vais vous dire, j'étais au Liban,
24:41parce que j'ai passé ma jeunesse au Liban, peu importe,
24:43mais on parlait de Lyon et pas de
24:45Paris, comme la capitale
24:47de la gastronomie, au Proche-Orient.
24:49Alors justement, la ville
24:51de Lyon a été surnommée
24:53capitale mondiale de la gastronomie,
24:55Christophe Marguin, et ce
24:57en 1936.
24:59Expliquez-nous qui est à l'origine
25:01de cela, et pour quelles raisons
25:03à l'époque on l'a surnommée ainsi ?
25:05Pour moi, c'est Kurnonsky,
25:07qui était un critique gastronomique,
25:09et qui allait très souvent manger
25:11chez Mariusz Wettar, qui était
25:13le fondateur des Toques Blanches lyonnaises,
25:15et c'est lui qui un jour, lors d'un repas,
25:17a décidé, a dit,
25:19Lyon est la capitale mondiale de la gastronomie,
25:21parce que c'est quelqu'un qui voyageait,
25:23qui adorait manger, qui a écrit beaucoup de livres
25:25sur la gastronomie.
25:27Et ce qui est remarquable dans
25:29l'histoire de cette gastronomie lyonnaise,
25:31c'est à quel point les femmes ont joué
25:33un rôle très important, Christophe.
25:35Pour moi, c'est vraiment le début de l'histoire de la cuisine lyonnaise.
25:37C'est les mères lyonnaises,
25:39mais surtout, elles venaient, c'était les employés
25:41des canuts, justement, des patrons,
25:43et lorsqu'il y a eu la guerre,
25:45elles ont perdu leurs emplois, puisqu'ils ne pouvaient plus
25:47les nourrir, donc elles ont ouvert des petits restaurants.
25:49La première qui a été
25:51la plus connue pour nous, c'est la mère Filloux,
25:53qui était rue du Quenne, et la mère Filloux...
25:55Quelle époque, ça, à peu près ?
25:57Début des années 1920.
25:59Et la mère Filloux, quand elle s'est installée,
26:01c'était la femme du Brasier.
26:03Ah oui, la fameuse Eugénie.
26:05Et c'est elle, ensuite, qui a ouvert ces deux restaurants,
26:07rue Royal et au col de la Lua,
26:09et qui a formé ensuite Paul Bocuse et de nombreux autres
26:11grands chefs qui sont passés...
26:13Donc ça a commencé par les femmes, on peut le dire.
26:15C'est notre histoire, et c'est ce qui nous manque aujourd'hui.
26:17On regrette aujourd'hui qu'on ait beaucoup,
26:19beaucoup moins de femmes chefs à Lyon,
26:21et même en France, malheureusement, on aimerait
26:23beaucoup qu'il y en ait plus.
26:25Mais rue du Quenne, pour voir
26:27si on veut voir où était la mère Filloux,
26:29maintenant, c'est le consulat de Chine.
26:31C'est le consulat de Chine.
26:33Si vous allez rue du Quenne, vous voyez un énorme bâtiment rouge.
26:35C'est le consulat de Chine.
26:37C'était là qu'il y avait le restaurant de la mère Filloux.
26:39Ça ne m'étonne pas. Vous savez ce qu'on dit aujourd'hui ?
26:41Dieu créa le monde, aujourd'hui, il reste les Chinois.
26:43Christophe Marguin, parlons
26:45à présent du 15ème
26:47championnat du monde du
26:49pâté de croûte qui a eu lieu
26:51donc lundi dernier à Lyon.
26:53Vous êtes l'un des créateurs.
26:55Qu'est-ce qui vous a poussé à créer cet événement ?
26:57En 2009, on était
26:59quatre copains à se voir régulièrement.
27:01J'étais le seul cuisinier de la bande.
27:03On était quelques-uns à faire des pâtés de croûte
27:05dans nos restaurants.
27:07En discutant entre nous, tout le monde disait
27:09qu'ils faisaient le meilleur.
27:11Un copain, Gilles, dit qu'il n'y avait qu'à faire un concours
27:13entre nous et voir qui sera
27:15le meilleur. De là, on a dit qu'on ne
27:17n'allait pas partir petit, on allait faire le championnat du monde de pâté de croûte.
27:19Lorsqu'on part, on dirait qu'on était
27:21local. Il y a quelques
27:23chefs qui sont venus de la France également.
27:25On ne pensait pas que
27:27quinze ans après, aujourd'hui, on fait des sélections
27:29au Canada, aux Etats-Unis,
27:31au Mexique, au Danemark,
27:33en Suède, en Angleterre,
27:35à Monaco, à la Demande du Prince.
27:37C'est le Japonais qui a gagné ?
27:39Ce n'est pas la première fois.
27:41Ils ont la culture, ils viennent observer
27:43en France, ils respectent les
27:45traditions, ils sont très forts.
27:47Ils ont le goût.
27:49Ils ont une discipline et une rigueur
27:51qui se ressent aussi dans la cuisine.
27:53Est-ce que c'est un plat difficile à créer ?
27:55Ce fameux pâté en croûte ?
27:57C'est un des plats les plus techniques.
27:59C'est pour ça qu'on lance ce concours.
28:01On s'était rendu compte que 95%
28:03de la production était industrielle.
28:05On trouvait dommage que plus personne
28:07n'en fasse. On n'était pas beaucoup à en faire à l'époque
28:09dans nos restaurants. Même les charcutiers
28:11l'achetaient plutôt que le faisaient.
28:13Techniquement, il y a plusieurs
28:15difficultés. Les montages, c'est jamais facile.
28:17Surtout, il faut qu'il y ait une gelée.
28:19Une gelée, c'est très important.
28:21C'est un consommé qu'on a clarifié.
28:23Ce sont des techniques de cuisine que
28:25beaucoup ne connaissent pas.
28:27À la cuisson, ça peut être bête, mais quand vous avez une masse de 5 kilos,
28:29il y a la viande qui rend
28:31de l'humidité. Il faut que cette pâte
28:33soit aussi bien cuite à l'intérieur qu'à l'extérieur.
28:35Il y a beaucoup de techniques.
28:37Parlez-nous des Tocs Blanches.
28:39Les Tocs Blanches, c'est une aventure extraordinaire.
28:41Je vous le disais tout à l'heure,
28:43Marius Vettard qui a créé cette association.
28:45Au début, c'était vraiment une amicale de chefs.
28:47À l'époque, comme je dis toujours,
28:49cette génération oublie que
28:51nous, on a connu qu'il n'y avait pas
28:53les ordinateurs, il n'y avait pas grand-chose.
28:55Et eux, c'était encore pire parce qu'il n'y avait pas la télé,
28:57il n'y avait rien du tout. Donc, ils se retrouvaient régulièrement
28:59pour jouer au boule, notamment sur la Place Belcourt
29:01à la lyonnaise avec les grosses boules.
29:03Ils jouaient à la longue. Et une fois par mois,
29:05il y avait concours de boule et casse-croûte.
29:07Donc ça, on va dire, ça a duré jusqu'à
29:09la fin des années 70 et après, ça a commencé à se structurer.
29:11Mais il y avait déjà les grands
29:13chefs lyonnais. Tous en faisaient partie.
29:15Paul Bocuse est rentré dans l'association.
29:17Et le premier président qui a structuré,
29:19c'est Pierre Orsy, qui a structuré
29:21cette association. Et moi, j'ai pris la présidence
29:23il y a 18 ans maintenant. Et aujourd'hui,
29:25on est une des plus belles associations de chefs en France
29:27où on défend notre patrimoine lyonnais
29:29et les produits qui sont autour de Lyon
29:31et également ceux de toute la région
29:33vers Grand-Alpes. Mais qu'est-ce que ça représente
29:35pour un chef de rentrer
29:37dans cette association aujourd'hui ?
29:39Je pense que notre force, c'est
29:41de fédérer du petit restaurant,
29:43du bouchon lyonnais au chef 3 étoiles.
29:45Donc c'est vraiment de chercher...
29:47Souvent, dans les associations
29:49de chefs, on cherche
29:51l'élite. Nous, ce n'est pas parce que vous avez
29:53une petite maison que vous ne faites pas bon. Nous, ce qu'on veut,
29:55c'est que les gens aient envie d'aller au restaurant
29:57et qu'ils mangent bon. Et c'est une culture à Lyon
29:59de sortir et d'aller au restaurant.
30:01Donc on fédère tout ça et je pense
30:03que le fait de rentrer dans cette association
30:05aujourd'hui, c'est presque devenu un label
30:07et c'est une reconnaissance pour les clients qui se promènent
30:09dans la rue. S'ils voient un logo Toc Blanche...
30:11Vous êtes combien aujourd'hui ?
30:13152.
30:15Il y a beaucoup de jeunes parmi vous ?
30:17C'est une chose qui me tient également à cœur depuis
30:19de nombreuses années, c'est-à-dire que je poussais
30:21les jeunes de nous rejoindre.
30:23La jeune génération, en général, n'est pas du tout associative.
30:25Et à force de les pousser,
30:27de les pousser, ils nous ont rejoints.
30:29Et j'ai nommé cette année
30:31un jeune chef qui s'appelle Jeff Teddoie,
30:33un de mes deux vice-présidents,
30:35en charge de la jeunesse, pour recruter
30:37des jeunes et pour commencer à faire
30:39cette passation de génération.
30:41Et mon rêve, c'est de dire dans quelques années,
30:43quand on arrêtera, qu'on soit fier des jeunes
30:45qui arrivent d'ailleurs. Ils ont été meilleurs que nous
30:47et on en est fiers.
30:49Et est-ce que vous pensez que la gastronomie
30:51va vraiment continuer à faire rayonner
30:53la ville de Lyon ?
30:55Je pense, parce que le monde politique
30:57qui est en place n'y intéresse pas trop,
30:59voire pas du tout.
31:01Et nous, on est l'histoire, comme les canuts,
31:03comme la santé, comme le cinéma.
31:05Je pense que c'est les quatre fleurons de l'histoire
31:07qui sont vraiment ancrés.
31:09Et c'est important de continuer
31:11à défendre ce patrimoine.
31:13Et grâce à cette jeune génération, je pense que ça va continuer.
31:15Et puis, on a une école qui est fameuse à Lyon,
31:17qui est l'ancien institut Bocuse,
31:19qui s'appelle l'Institut Life,
31:21qui forme de nombreux chefs qui arrivent du monde entier.
31:23Aujourd'hui, il y a plus de 50 nationalités.
31:25Et beaucoup restent à Lyon parce qu'ils tombent amoureux de la ville.
31:27Donc, eux, nous apportent aussi des goûts différents,
31:29des techniques différentes.
31:31C'est une communauté internationale et multi.
31:33Mais alors, justement, je me suis laissé dire
31:35à Christophe Marguin,
31:37un historien, ce qu'il en pense.
31:39Vous avez dit que la politique s'intéresse moins à moi,
31:41mais je me suis laissé dire que vous, vous vous intéressez à la politique.
31:43Oui, je m'investis beaucoup parce que
31:45j'aime ma ville.
31:47J'ai la chance de pouvoir
31:49prendre un peu de temps, parce que j'ai un fils
31:51qui travaille avec moi, donc c'est important
31:53de commencer à transmettre et de vouloir
31:55m'investir pour ma ville. J'ai la chance de ne pas en avoir besoin.
31:57Et je voudrais vraiment
31:59qu'on fasse bouger les choses dans cette ville.
32:01Et puis, on a mis des choses en place,
32:03mais je pense qu'on va en reparler.
32:05Le porte-parole du collectif des défenseurs de Lyon
32:07et du Grand Lyon, quelles sont
32:09vos revendications ? On va en parler
32:11dans un instant sur Sud Radio. A tout de suite.
32:35...
32:37...
32:39...
32:41...
32:43...
32:45...
32:47...
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32:51...
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32:55...
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33:01...
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33:09...
33:11...
33:13...
33:15...
33:17...
33:19...
33:21...
33:23...
33:25...
33:27...
33:29...
33:31d'avoir fait cette chanson. Christophe Marguin.
33:33Oui, c'est des Houlinois qui souhaitent rester anonymes qui ont écrit cette chanson et qui
33:38dénoncent la gestion buesque de notre maire et d'autres présidents de la métropole parce
33:43que c'est vrai que tout ce qui se passe aujourd'hui, il y a un mépris. Il y a un mépris des politiques
33:48alors que les gens, ils sont vraiment touchés aujourd'hui. Et quand vous voyez que le président
33:54de la métropole, suite, on a fait une manifestation, il dit qu'on est une bande d'excités, je
34:00pense qu'à un moment, ils ne sont pas dans la vraie vie. Et quand on écoute la chanson,
34:04je pense que tout le monde la comprend et ça touche tout le monde parce que c'est tout
34:08simple. Les paroles sont simples, mais c'est vraiment ce qui se passe aujourd'hui au quotidien
34:11et c'est difficile à vivre. Aujourd'hui, beaucoup de commerçants sont dans la difficulté.
34:15Ce collectif dont vous avez parlé tout à l'heure qu'on a créé au mois de mai, ça
34:19part pareil. La rue Mille-Zola, il y a deux, trois commerçants qui m'appellent, qui me
34:22disent qu'il faut qu'on se mobilise. Donc, on crée un collectif. Chez nous, rue de Riboli,
34:26tous les commerçants ont fermé. Nous, dans la presqu'île, on parle de moins de 30%
34:30pour beaucoup, beaucoup, beaucoup. Donc, aujourd'hui, on est en train de répertorier
34:33ceux qui sont dans le mur et qui ne vont pas finir l'année.
34:38Mais quand il y a un divorce entre, je dirais, les élus et la population, ça se traduit
34:47souvent par une sorte de manifestation violente, je dirais, disons, des électeurs et électrices.
34:55Ils n'attendront pas, on n'attend pas obligatoirement les échéances municipales régulières.
35:01On a vu quand il y a eu les gilets jaunes, la colère qu'il y a eue et qui a affolé
35:07les politiques. Lyon est une ville qui a du mal à se mettre en colère. C'est une ville
35:16profondément modérée. Mais à certains moments de son histoire, comme lors de la
35:22Grande Robène de 1529, où les Lyonnais, à la suite d'un manque de blé qu'il y avait
35:28dans la ville, et on apprend que le blé lyonnais est vendu, en fin de compte, à l'Italie,
35:35les Lyonnais sont descendus dans les rues, ont cassé, ont brûlé, ont détruit. Et il
35:40a fallu chaque fois qu'il y ait une violence du pouvoir, disons, royal, pour qu'ils cassent.
35:46Et je crois que chaque fois que ce divorce entre la population et, disons, les représentants
35:52au pouvoir s'élargit, le fossé s'élargit. Et ça, ce n'est pas bon pour la démocratie.
35:59Et justement, Christophe Marguer, vous allez vous présenter en 2026 aux municipales, à la mairie ?
36:05On va voir. C'est vrai qu'aujourd'hui, on est parti sur quelque chose qui est un politique
36:10qui est vraiment, aujourd'hui, pour défendre. Déjà, le combat numéro un, il est de défendre
36:15les commerçants, les habitants de ce mécontentement. Aujourd'hui, il y a plus de 30 collectifs
36:18qui existent. Ces collectifs...
36:21Dans Lyon ?
36:22Oui, dans Lyon.
36:23Mais quelles sont leurs principales revendications ? La sécurité fait partie de leur combat aussi ?
36:29Bien sûr, mais malheureusement, la sécurité, elle touche tout le monde et dans tous les quartiers.
36:33Moi, j'ai la chance d'habiter dans le 6e arrondissement. Quand on a acheté notre appartement,
36:38tout se passait bien. Aujourd'hui, tout est dangereux. Donc, il y a vraiment une insécurité
36:42qui est ressentie par les gens. Je pense qu'il y a une politique de gestion de la ville
36:48qui en est les conséquences également. Donc, on travaille beaucoup, beaucoup sur la sécurité,
36:54mais surtout, je vous dis, c'est le mécontentement des gens. Et quand on va dans les quartiers,
36:59il y a le quartier de la route de Jeunesse, je pense à celui-ci parce qu'on y était
37:02la semaine dernière. On veut exproprier 130 personnes, dont une mamie de 90 ans qui habite
37:06dans sa maison, pour faire des pistes de vélo. Donc, à un moment, on est contre rien. On
37:12est d'accord des vélos, mais il faut s'adapter. Il faut que les gens vivent ensemble. Aujourd'hui,
37:16il y a un mal-être dans cette ville et nous, on veut juste que les gens vivent bien ensemble
37:20et ce n'est pas ce qu'on ressent. Donc, il faut travailler là-dessus et il faut fédérer
37:24les gens.
37:25Je ne sais pas si c'est... Et puis, le piéton est la dernière roue du carrosse. Le piéton,
37:29il faut le supprimer.
37:30L'automobiliste est déjà dangereux, mais alors le piéton aussi. Il faut qu'il roule.
37:36C'est vrai qu'il y a un tel rejet de la voiture à Lyon comme chez vous à Paris et ça pose
37:44un problème malgré tout. Puisque les gens, ils ont besoin malgré tout de leur voiture
37:48pour se déplacer. Tout le monde ne peut pas... Quand j'écoute le maire qui dit qu'il faut
37:53se déplacer à pied et en vélo. Moi, ma maman, elle a 86 ans. Mon papa, il a 83 ans.
37:58Ils ne vont pas aller faire du vélo.
37:59Et si j'ai des gosses de 1 ou 2 ans que je vais les déplacer en vélo ?
38:01Et je voyais hier une dame avec sa trottinette. Elle poussait la trottinette. Elle avait une
38:05autre petite dans la main. Et que vous avez des gens qui roulent avec les vélos sur les
38:09trottoirs. Et la dame, à un moment, elle est en face de moi. On se resserre tous les
38:11deux parce qu'il y a un vélo qui arrive. Donc, il y a un non-respect. Et c'est ça
38:15qui manque, l'incivilité. Je pense que si le maire avait également une volonté de laisser
38:20du pouvoir à la police municipale, on l'a ressenti lorsqu'il y a eu les manifestations
38:24et l'année dernière où ça s'est un peu enflammé dans la ville et que le maire a
38:28interdit à la police municipale d'aller protéger les commerçants et de rester à
38:31l'hôtel de ville.
38:32Interdit ?
38:33Oui, il l'a interdit de sortir de l'hôtel de ville.
38:35Et ce qu'ils ont armé, là, à Monnipuis, à Lyon, oui.
38:37Donc, qu'il les assorte, c'est pas normal. La police municipale voudrait faire son travail
38:43parce qu'il y a des gens qui sont merveilleux, c'est la police municipale. Mais on les empêche
38:47de travailler et c'est pas normal.
38:48Bruno Benoît ?
38:50Oui, non mais je veux dire, moi en tant qu'habitant de Lyon et historien de cette ville, il est
38:58vrai que depuis l'arrivée du maire actuel, je dirais ce que Gérard Collomb avait réussi
39:06à faire et il avait bien compris cette ville. C'est un gars qui n'était pas lyonnais
39:11parce qu'il était de Châlons, comme on dit, mais il était arrivé à Lyon.
39:15Personne n'est parfait.
39:16Non, nul n'est parfait, comme vous venez de dire. Mais on n'est pas obligé d'être
39:20de Lyon pour aimer cette ville. Et je crois que la lyonnitude, pour reprendre un des termes
39:27qui m'est cher, la lyonnitude sous-entend qu'on accepte cette ville dans ses différences,
39:36dans ses particularités et dans son histoire. Et il est évident que la mairie actuelle,
39:44dans ce que je peux entendre dans les différentes conférences que je fais, n'est pas au diapason
39:50je dirais de la population.
39:52Rendez-vous en 2026. Merci à vous deux.
39:55Merci beaucoup.
39:56Merci à vous d'être venu sur Sud Radio. Je rappelle que la fête des Lumières à
40:00Lyon commence ce soir. Si vous êtes là, n'hésitez pas à venir voir ses œuvres lumineuses.
40:06Tout de suite vous retrouvez Brigitte Lahaye sur Sud Radio.