Grâce à une baisse des taux et à une baisse de l'inflation, la crise immobilière semblait toucher sa fin mais la probable censure du gouvernement Barnier ce mercredi et le report certain du vote du budget menacent cette reprise. Les explications avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman.
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00:00Pierre, l'immobilier, c'est un marché qui était déjà en souffrance. A priori, ça va l'être encore plus.
00:04Oui, parce qu'en fait, les acteurs du marché, évidemment, en premier lieu, ceux qui veulent acheter un logement, qui ont un projet,
00:12ils tablaient beaucoup sur une embellie en 2025. Il faut savoir qu'en un an déjà, les taux auxquels les banques prêtent ont pas mal baissé.
00:20Pour un emprunt sur 20 ans, on est passé, c'est une moyenne, de 4,32 à 3,33 %.
00:27Comme en plus les prix ont baissé, ce qu'on appelle le pouvoir d'achat immobilier a augmenté, de façon assez importante.
00:33Dans une ville comme Nantes, on est sur, pour une même mensualité, 11,4 m² en plus, une petite dizaine de m² à Toulouse,
00:41et même à Paris, on est sur 3 m² de plus. Mais l'idée, c'était que les taux doivent encore baisser l'année prochaine,
00:49parce que la BCE va poursuivre sa propre baisse des taux, et donc on s'attendait à ce qu'il y ait nettement plus de Français qui puissent acheter sur l'ensemble de l'année 2025.
01:00Mais en quoi la censure remet en cause ce scénario ?
01:03Pour au moins deux raisons. La première raison, c'est l'absence provisoire de budget pour 2025 qui risque de faire grimper les taux auxquels l'État emprunte.
01:11Et ça, ça va avoir un effet indirect, mais ça va avoir un effet sur les taux des crédits immobiliers.
01:16Il faut savoir que pour calculer le taux auquel elle veut bien vous prêter de l'argent, pour acheter un appartement ou une maison, une banque prend en compte 4 critères.
01:23Pour faire simple, la rémunération de l'épargne placée par ses clients, ça du coup de l'argent, elle l'utilise, elle fait une petite marge, et elle peut vous prêter.
01:31Les taux auxquels elle emprunte sur les marchés, parce qu'elle a aussi besoin d'emprunter, la conjoncture économique et financière de la France, ça c'est le contexte général,
01:39et puis votre contexte personnel, votre profil, est-ce que vous êtes une personne à risque si on vous prête de l'argent ou pas ?
01:45Et donc l'incertitude dans laquelle l'absence de vote du budget plonge la France, ça peut vraiment pousser les banques à être plus prudentes que prévu.
01:54Et la deuxième raison ?
01:56C'est que ce budget n'étant pas voté, l'une des mesures phares qui aurait pu relancer les ventes dans le neuf, elle devient caduque.
02:03Cette mesure, c'était l'extension du prêt à taux zéro à tout le territoire.
02:07Et pas seulement en plus pour acheter un appartement, mais aussi pour financer éventuellement la construction d'un pavillon, d'une maison individuelle.
02:14C'est une mesure qui était très attendue par le secteur du bâtiment, sachant que 2024 a été une très mauvaise année d'une façon générale pour les professionnels de l'immobilier.
02:24Il faut retenir ce chiffre, selon les dernières prévisions, on va terminer 2024 sur 700 000 transactions financières.
02:32C'est quasiment 40% de moins qu'en 2022.
02:38Alors 2022 c'était une très bonne année, mais 2023 avait été pour le coup une très mauvaise année pour le secteur.
02:43Donc ça a eu des conséquences, d'ailleurs pas que pour les professionnels de l'immobilier, mais aussi pour les finances des départements et des communes.
02:50Pourquoi ? Parce que les départements et les communes, c'est eux qui touchent l'essentiel de ce qu'on appelle un peu abusivement les frais de notaire.
02:56– Merci Pierre.