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00:00Un plaisir de vous retrouver pour les informer en direct tous les matins jusqu'à 9h30.
00:16Bonjour Renaud Delis.
00:17Bonjour Salia.
00:18Et bonjour à nos informés autour de la table.
00:20Myriam Ankaoua, présentatrice de l'émission Ça vous regarde sur LCP à 19h30 du mardi
00:24au vendredi.
00:25Bonjour Myriam.
00:26Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:27Jean-Jérôme Berthollus, éditorialiste politique à France Info TV.
00:30Bonjour Jean-Jérôme.
00:31Bonjour Salia.
00:32Renaud Delis, on commence tout de suite par le suspense du jour, 49.3 ou pas ?
00:36A priori effectivement le Premier ministre, faute de majorité à l'Assemblée nationale,
00:40devrait déclencher le 49.3, le fameux article qui permet d'adopter un texte sans vote,
00:45sauf adoption d'une motion de censure par l'opposition.
00:49Donc cet article 49.3 devrait être enclenché par le Premier ministre qui engage dans ces
00:53cas-là la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la
00:57sécurité sociale, ce devrait être cet après-midi à 15h.
01:00Dès lors la gauche l'a déjà annoncé, toute la gauche, insoumis, socialistes et les autres,
01:03ils déposeront une motion de censure.
01:05On sait que la gauche n'a pas la majorité, elle a donc besoin du soutien, de l'appui,
01:10de l'extrême droite et ça tombe bien puisqu'effectivement Marine Le Pen le dit et le répète depuis
01:14maintenant plusieurs jours, elle devrait voter la censure et ceci malgré les concessions
01:19de Michel Barnier en fin de semaine dernière, notamment la suppression des taxes sur l'électricité.
01:24Ce matin d'ailleurs le président du Rassemblement National, invité de nos confrères de RTL,
01:28Jordan Bardella, confirmait que l'ERN votera la censure.
01:32A partir du moment où Michel Barnier poursuit la politique d'Emmanuel Macron, le Rassemblement
01:38National censura évidemment ce gouvernement.
01:40La réponse est oui, le Rassemblement National actionnera le mécanisme du vote de la censure,
01:47sauf évidemment, miracle de dernière minute, si Michel Barnier venait à revoir sa copie
01:51d'ici 15 heures, mais j'ai peu d'espoir qu'il soit touché par la grâce.
01:54Alors reste peut-être une petite porte de sortie pour l'ERN, c'est-à-dire de déposer
01:58sa propre motion de censure.
02:00On sait que la gauche, elle ne voterait pas un texte déposé par l'ERN, ce qui permettrait
02:05peut-être aux Lepénistes d'afficher leur hostilité au budget, mais de ne pas voter
02:10en retour la motion de censure déposée par la gauche.
02:13On n'en est pas là, à l'heure qu'il est, tous les clignotants sont en rouge pour le
02:17gouvernement et le Rassemblement National semble donc prêt à voter la motion de censure
02:22avec la gauche, ce dont la gauche d'ailleurs se réjouit.
02:25Alors va-t-on vers la chute du gouvernement ?
02:27Et d'ailleurs Michel Barnier, le gouvernement serait-il les seuls perdants de cette hypothèse ?
02:31Ou est-ce que finalement ce n'est pas l'ensemble de la classe politique et d'abord des parlementaires
02:36qui risquent de sortir affaiblis par cette crise politique ?
02:39À l'heure qu'il est, il est 9h08, le gouvernement Michel Barnier a jusqu'à 15 heures pour
02:44essayer de faire bouger les choses. Est-ce qu'un miracle peut se produire d'ici là ?
02:48En tout cas les canaux sont très ouverts. Il ne faut pas croire qu'ils ne se parlent pas jusqu'à 15 heures.
02:52C'est évident que la négociation va continuer jusqu'au bout.
02:56Alors le terme de négociation, il est récusé par le gouvernement, mais pourquoi ?
03:00Parce que quand vous déposez un 49-3, la copie finale est dans la main du gouvernement.
03:06Ça veut dire que jusqu'à 15 heures, le gouvernement peut encore amender le budget de la sécu
03:13issu de la commission mixte paritaire conclusive.
03:17Ça ne veut pas dire que les dés ne sont pas jetés, mais ça veut dire que s'il a décidé de faire un geste supplémentaire,
03:24la nouvelle ligne rouge quand on lit entre les lignes de ce que disent les cadres du RN
03:29qui se sont beaucoup exprimés ce week-end, c'est l'indexation intégrale des pensions de retraite en janvier.
03:35Ça c'est vraiment, s'il cédait là-dessus, ce dont je ne crois pas parce que c'est quand même 3 milliards d'euros
03:40et que la facture on est déjà à 10 milliards, devient très très lourde
03:43et ça donnerait l'impression vraiment d'avoir cédé à un chantage de Marine Le Pen.
03:47Mais c'est vraiment ce qu'il martèle comme étant au fond le fameux petit miracle
03:53qui pourrait se produire avec beaucoup beaucoup de conditionnels d'ici 15 heures.
03:57Mais savoir que le 49-3 c'est celui du gouvernement, c'est-à-dire que la copie peut changer,
04:03ça veut dire qu'ils doivent dire au RN, attention on a changé la copie.
04:09On ne peut pas arriver à 15 heures en disant 49-3 sans savoir ce qu'il y a dans la copie finale.
04:14Il y a deux scénarios possibles.
04:16Le premier c'est, au fond ils ont décidé de se donner une ultime chance de négocier, de temporiser.
04:23Et ça c'est peu probable mais ça peut arriver.
04:25Parce qu'au fond Marine Le Pen se rend compte que malgré le procès,
04:30malgré la crainte de ne pas pouvoir forcément concourir à la présidentielle,
04:35peut-être volonté de précipiter une élection présidentielle malgré ces conditions non remplies,
04:41elle risquerait de porter le chapeau des conséquences graves.
04:45On a vu ce qu'a dit Jordan Bardella ce matin, ça semble peu probable ce scénario.
04:48C'est très peu probable mais il pourrait être donné encore quelques jours.
04:52Et ça c'est quoi ce scénario ? Il est peu probable.
04:54C'est que le Premier ministre soumette au vote la 49-3.
04:58À ce moment-là c'est très simple.
05:00Il y a une nouvelle lecture, le budget de la sécu sera rejeté par l'Assemblée
05:04et il retournera au Sénat, il retournera à l'Assemblée avec un délai constitutionnel contraint au 5 décembre.
05:09Peu probable.
05:10Mais celui de la censure de Marine Le Pen autonome est intéressant
05:14parce qu'il permettrait de sauver la face des deux côtés.
05:1749-3 je n'irai pas plus loin, Michel Barnier.
05:20Marine Le Pen, j'ai censuré, votez pour ma censure.
05:24Après je suis d'accord avec Renaud, à un moment il faut les prendre au pied de la lettre.
05:28Ils se sont tellement avancés qu'à un moment donné la censure est toute proche.
05:35On est quand même dans un jour de stratégie politique.
05:37Donc le scénario du vote, il ne faut pas totalement l'écarter peut-être, Jean-Jérôme Berthodis ?
05:42Il ne faut pas totalement l'écarter mais il y a les aspects techniques et les aspects politiques.
05:46Et pourquoi Michel Barnier, maintenant depuis plusieurs jours, a l'intention de déposer un 49-3 ?
05:52Parce que lui estime que le compromis qui s'est fait au sein de la commission mixte paritaire
05:59c'est en fait un véritable compromis politique et c'est un compromis que souhaitaient les Français.
06:05C'est ça que va dire Michel Barnier tout à l'heure à 15h.
06:09Et donc je pense que, sans surprise, Michel Barnier veut déposer un 49-3.
06:14Un 49-3, il ne le précisera pas, mais il faudra le lire entre les lignes,
06:18exactement à l'opposé de ce que déposait Elisabeth Borne en rafale.
06:23C'est pour ça qu'il ne va pas pouvoir véritablement modifier sa copie.
06:27Et deuxièmement, même si Michel Barnier, je ne sais pas si vous n'avez pas frappé,
06:32moi ça me frappe à chaque instant, est vraiment un homme seul.
06:35C'est-à-dire, c'est un peu son échec d'ailleurs, l'échec c'est qu'éventuellement le 49-3 soit voté
06:42par le Nouveau Front Populaire et par le Rassemblement National.
06:45Mais son échec, c'est aussi d'avoir absolument pas de majorité.
06:49C'est-à-dire que ce qu'il n'a pas su faire avec le Rassemblement National,
06:52mais il n'a pas su le faire non plus avec sa propre majorité.
06:55Ce matin, par exemple, il réunit trois ministres.
06:58Je ne vais pas être offensant, mais si je vous disais leur nom,
07:01peut-être à vous qui êtes spécialistes, ça vous dirait quelque chose,
07:04mais aux Français, ça ne leur dit rien du tout.
07:06Et il ne réunit pas, en fait, les piliers de sa majorité.
07:10Laurent Wauquiez, Gabriel Attal, Édouard Philippe.
07:14Mais ils sont passés où ? On ne les entend plus.
07:16Or, c'est eux qui devraient soutenir effectivement Édouard Philippe.
07:19Donc on a un Premier ministre assez...
07:21Édouard Philippe, oui.
07:23On a un Premier ministre très faible, politiquement.
07:26Et on a un Rassemblement National qui doit quand même, en quelque sorte,
07:31aller dans le sens de ce que souhaitent ses électeurs,
07:34avec des Français qui, semble-t-il, n'ont plus peur.
07:37Et c'est ça aussi qu'a retenu le Rassemblement National ces dernières heures.
07:40C'est ça l'argument du Rassemblement National.
07:42On représente 11 millions d'électeurs, et avec ce budget,
07:45le gouvernement n'écoute absolument pas ceux qui ont voté pour nous.
07:48Effectivement, et les 11 millions d'électeurs seront d'ailleurs les premiers,
07:51en l'occurrence, à souffrir des conséquences de la motion de censure que va voter le Rennes.
07:54C'est là que c'est totalement absurde, puisque les fameuses mesures
07:57sur le pouvoir d'achat vont tomber, puisque un certain nombre de Français
08:01vont entrer soit dans le barème de l'impôt sur le revenu,
08:03soit vont voir leur impôt augmenter,
08:06puisque les mesures prises, par exemple,
08:08sur l'annulation des taxes sur l'électricité vont tomber.
08:11Donc, comme toujours, dans une période d'ailleurs de difficultés économiques,
08:15voire de chaos financier, les taux d'intérêt vont s'envoler un peu plus.
08:18Ce sont évidemment les plus fragiles et les plus précaires
08:20qui vont souffrir encore plus, justement, de la crise politique
08:23que s'apprête à déclencher le Rennes.
08:25Donc c'est tout le paradoxe, avec effectivement cette posture
08:28de Marine Le Pen, prétendument candidate du pouvoir d'achat.
08:32En fait, elle a décidé de censurer, me semble-t-il, ce gouvernement
08:34depuis les réquisitions qu'il a vises dans l'affaire
08:37des assistants fictifs du Rennes.
08:39On sait que la décision est attendue pour le 31 mars
08:42et qu'elle a quatre mois, en quelque sorte,
08:44pour faire tomber le chef de l'État.
08:46L'intention du Rennes, et ça tombe bien, c'est la même
08:48qui est celle de Jean-Luc Mélenchon,
08:50c'est d'essayer de mettre la pression maximale sur l'Élysée.
08:53Et dès que le gouvernement sera tombé,
08:55Marine Le Pen expliquera qu'Emmanuel Macron doit démissionner.
08:58C'était d'ailleurs à peu près ce que disait ce matin
09:00Louis Alliot, le vice-président du Rennes,
09:03ce matin sur l'antenne de France Info.
09:05Donc tout ça n'a pas grand-chose à voir avec le fond du débat,
09:07avec la question justement du budget.
09:09Ça, ce sont les conséquences de cette censure
09:12qui semblent quand même probables quand on écoute
09:14le rassemblement national.
09:16Et je pense qu'au-delà même, évidemment,
09:18de l'échec de Michel Barnier, de l'absence de majorité,
09:20ce qu'on sait, d'un point de vue arithmétique,
09:22depuis le 7 juillet dernier, je crois que c'est vraiment
09:24un naufrage collectif. C'est-à-dire qu'on voit
09:26des parlementaires se faire hara-kiri.
09:28Souvenez-vous, le 7 juillet dernier,
09:30parce qu'il n'y avait aucune majorité,
09:32ni de droite, ni du centre, ni de gauche,
09:34ni d'extrême droite.
09:36On s'est pris, certains se sont pris à rêver
09:38que les parlementaires, finalement, deviennent
09:40un peu plus adultes et que, on disait,
09:42le pouvoir passe de l'Elysée au Parlement,
09:44au Palais-Bourbon.
09:46Il va y avoir un renouveau du parlementarisme.
09:48Il s'est produit exactement l'inverse depuis 5 mois.
09:50C'est-à-dire qu'on a des groupes qui rivalisent d'irresponsabilité.
09:52Alors, le pompon étant pour Marine Le Pen
09:54depuis quelques jours.
09:56Mais la gauche n'a pas fait mieux,
09:58et on l'a vu, d'ailleurs, au moment du débat budgétaire.
10:00Puisque, plutôt que d'essayer
10:02d'amender, on va dire, avec sérieux
10:04le budget, ils ont voté
10:06des dizaines de milliards d'impôts supplémentaires
10:08pour le défigurer, sachant très bien
10:10que ce budget serait, finalement, rejeté
10:12par une majorité de députés
10:14à l'arrivée. C'est ce qui s'est produit.
10:16Quant au fameux socle commun,
10:18qui n'est pas vraiment un socle et qui n'a pas grand-chose de commun,
10:20on a vu, en particulier, Laurent Wauquiez
10:22et Gabriel Attal engagés dans une espèce
10:24de rivalité tout aussi puéril
10:26avec déjà 2027 en tête.
10:28Et donc, taper sur le budget, sur le Premier ministre,
10:30légitimement par avance, en fait,
10:32faisant la pédagogie par avance d'une éventuelle censure.
10:34Tout ça parce qu'effectivement, on a
10:36une addition d'irresponsabilité
10:38et d'enfantillage depuis le 7 juillet
10:40dernier à l'Assemblée nationale
10:42qui va aboutir, a priori,
10:44dans quelques heures, à la catastrophe politique
10:46et, accessoirement, financière
10:48qui devrait se produire.
10:50Dans un instant, on va parler particulièrement de l'attitude
10:52du plan de la gauche
10:54dans cette situation de crise politique.
10:56En attendant, il est 9h17.
10:58Les informés continuent après le Fil Info de Maureen Suniar.
11:00Stellantis
11:02plonge de plus de 6%
11:04à la Bourse de Paris ce matin.
11:06Cela fait suite à l'annonce de la démission de Carlos Tavares,
11:08lui qui avait réussi
11:10la fusion de Fiat, PSA et Chrysler
11:12a désormais des divergences avec
11:14le Conseil d'administration. Il quitte
11:16le groupe avec un bonus de dizaines
11:18de millions d'euros. La France
11:20resterait des mois ou des années à se relever
11:22d'une censure, affirme ce matin
11:24la porte-parole du gouvernement.
11:26Michel Barnier peut utiliser le 49.3
11:28cet après-midi pour adopter
11:30le budget de la Sécurité sociale
11:32sans vote. Une motion de censure
11:34pourrait alors être déposée. Le Rassemblement national
11:36la votera. Sauf miracle,
11:38dit le président du parti
11:40qui demande encore des concessions au gouvernement.
11:42Ils étaient encore des dizaines
11:44de milliers en Géorgie. Quatrième nuit
11:46de manifestation en faveur de l'Union européenne.
11:48Le gouvernement pro-russe refuse
11:50d'organiser de nouvelles élections législatives.
11:52L'opposition dénonce des fraudes.
11:54Le dispositif de sécurité s'inspire
11:56de celui de la cérémonie d'ouverture
11:58des Jeux olympiques. Le préfet
12:00Paris de police détaille
12:02les mesures à venir avant la réouverture
12:04de Notre-Dame de Paris le week-end prochain.
12:06La circulation sera coupée
12:08sur les quais de Seine dès mardi.
12:10Tous les commerces de l'île de la Cité seront
12:12aussi fermés pendant deux jours.
12:14France Info
12:18Les informés
12:20Renaud Dely, Saliha Brakia
12:24Les informés continuent
12:26avec Myriam Ankawa, journaliste
12:28présentatrice sur LCP
12:30avec Jean-Jérôme Bertholus, éditorialiste politique
12:32à France Info TV. Et Renaud Dely,
12:34pendant ce temps-là, la gauche
12:36prépare la suite. Et oui, quelles conséquences
12:38à cette motion de censure probable ?
12:40Quelles conséquences politiques ? Y a-t-il
12:42un plan B en quelque sorte ? Alors pas vraiment,
12:44en fait, personne, d'ailleurs, que ce soit
12:46à gauche, à droite,
12:48au centre ou à l'extrême droite, on ne sait vraiment
12:50à quoi ressemblera le jour d'après.
12:52C'est en quelque sorte un saut dans l'inconnu. La logique,
12:54la gauche et l'extrême droite votant ensemble,
12:56visiblement, cette motion de censure pour faire tomber le gouvernement,
12:58serait qu'elle s'associe ensuite pour former
13:00un gouvernement alternatif pour gérer le pays.
13:02C'est évidemment impossible.
13:04Dès lors, toute une partie de la gauche
13:06met désormais le cap sur la démission
13:08d'Emmanuel Macron pour essayer
13:10d'obtenir une présidentielle
13:12anticipée. A cette fin,
13:14d'ailleurs, Marine Tendelier et Lucie Castex
13:16ont lancé hier, dans
13:18la Tribune Dimanche, un appel à un candidat
13:20commun de la gauche pour la présidentielle.
13:22Tiens, ça tombe bien, la veille, il y en a justement
13:24un qui a fait une offre de service,
13:26Jean-Luc Mélenchon, qui s'est dit disponible
13:28pour être une quatrième fois
13:30candidat à l'élection présidentielle, cette fois-ci,
13:32représenté toute la gauche. On écoute
13:34le leader insoumis. C'était
13:36vendredi.
13:38Nous avons compris que les communistes ne veulent plus.
13:40Le parti communiste.
13:42Nous avons compris que la droite
13:44du parti socialiste ne veut plus.
13:46Et nous refusons de faire
13:48chemin avec des gens qui nous insultent
13:50en cours de route. Nous proposons
13:52à ceux qui veulent de venir
13:54avec nous porter une candidature
13:56commune à l'élection présidentielle
13:58et de porter un programme ensemble.
14:00Une candidature commune
14:02de la gauche, portée par
14:04Jean-Luc Mélenchon, mais quelle bonne idée
14:06pour rassembler la gauche.
14:08Non, pas vraiment. En tout cas, aux yeux
14:10de l'ancien président de la République,
14:12François Hollande.
14:14Il veut une élection présidentielle anticipée.
14:16Il veut être candidat à l'élection présidentielle.
14:18Il ne sera pas président.
14:20Il le sait aussi. Il ne sera même pas
14:22au deuxième taux. Il le sait aussi.
14:24Je pense que l'élection présidentielle doit avoir lieu
14:26à la date voulue,
14:28c'est-à-dire en 2027.
14:30Et que la gauche doit se préparer
14:32de se reconstituer et de faire
14:34une candidature qui puisse valablement
14:36gagner la présidentielle.
14:38Alors une candidature de toute la gauche pour la présidentielle,
14:40une candidature commune, est-ce que c'est la condition
14:42de la victoire de la gauche ?
14:44Ou est-ce que c'est au contraire la garantie
14:46de la défaite de surcroît
14:48si jamais c'était Jean-Luc Mélenchon qui était
14:50ce candidat unique de la gauche ?
14:52Écoutez, pour l'instant, enquête après enquête,
14:54dans les quatre figures où Jean-Luc Mélenchon
14:56réussirait à se qualifier au deuxième
14:58tour, il est battu
15:00par Marine Le Pen et il est
15:02perçu par les Français comme
15:04la personnalité politique la plus dangereuse.
15:06Donc je ne suis pas sûre
15:08que ce soit à ce jour
15:10celui qui permettrait la victoire
15:12de la gauche.
15:14Lui est certain que s'il est qualifié
15:16au deuxième tour, le réflexe
15:18d'Uno Passarane
15:20non à l'extrême droite
15:22marcherait. Là, pour le moment,
15:24quand on regarde l'opinion,
15:26ça n'est pas du tout le cas.
15:28Évidemment, c'est
15:30une candidature unique à condition
15:32que ce soit moi. C'est un peu ce que tout le monde dit.
15:34Moi, ce qui me frappe, c'est que
15:36quand les appels à l'unité fleurissent
15:38comme ça, la chou-fleurisation,
15:40pour reprendre le très bon titre de l'opinion ce matin,
15:42des appels à l'unité pour une candidature
15:44de gauche, ça veut dire que la gauche n'arrivera pas à s'unir.
15:46C'est déjà la difficulté. Vous avez, d'un côté,
15:48Alexis Corbière qui dit « tous unis »,
15:50c'est les purgés d'Alephi.
15:52Vous avez Mélenchon qui dit la même chose
15:54à condition que ce soit moi et sur mon programme.
15:56Vous avez, aujourd'hui, Lucie Castais
15:58et Marine Tondelier qui disent la même chose.
16:00Ça raconte bien l'éclatement
16:02et les fractures profondes.
16:04Déjà, ils ne sont pas sur le même agenda. Parce que François Hollande
16:06attend 2027, alors que Jean-Luc Mélenchon
16:08pense à une présidentielle anticipée.
16:10Oui, et puis François Hollande, il attend aussi
16:122025, mais non pas une présidentielle
16:14anticipée en 2025, mais le Congrès
16:16du Parti Socialiste. En fait,
16:18à gauche,
16:20tout le monde a un peu son agenda. Boris
16:22Vallaud, lui, rêve d'être le prochain
16:24Premier ministre. Olivier Faure,
16:26il se garde à gauche,
16:28il se garde à droite.
16:30François Hollande, il essaye de voir si
16:32tout le monde ne peut pas se rassembler, évidemment
16:34derrière lui. Jean-Luc Mélenchon,
16:36vendredi, mais il faut écouter
16:38ce moment politique, parce que c'est un vrai moment.
16:40C'est-à-dire qu'il
16:42tétanise l'ensemble de la gauche. On en a vu
16:44un extrait, effectivement, mais c'est
16:46qu'il est en meeting, et pour lui, la présidentielle,
16:48c'est vraiment demain.
16:50C'est assez... Voilà.
16:52Mais en même temps,
16:54j'ai envie de dire,
16:56le vrai moment politique,
16:58c'est quand même de savoir
17:00quel prochain
17:02Premier ministre on va avoir,
17:04quel prochain budget. Donc la gauche
17:06est quand même complètement déconnectée
17:08de
17:10cette réalité politique.
17:12Elle est déconnectée ou alors elle anticipe ?
17:14Non, elle anticipe dans le sens où, effectivement,
17:16il y en a un qui anticipe,
17:18c'est Jean-Luc Mélenchon. Donc les autres
17:20essayent de suivre, dont Marine Tondelier.
17:22Lui, il anticipe
17:24parce qu'il est persuadé que le Président
17:26de la République ne pourra pas se maintenir.
17:28Mais ils ne sont pas très nombreux, à le penser, finalement.
17:30C'est vrai qu'il y a eu des voix isolées.
17:32Jean-François Copé, maire de Maux, par exemple,
17:34bon, ok, c'est son grand retour.
17:36Mais, je veux dire,
17:38c'est vrai qu'il y a des sondages où, effectivement,
17:40les Français demandent la démission du chef de l'État,
17:42mais pour l'instant, c'est vraiment
17:44un scénario complètement de fiction.
17:46Renaud, vous l'évoquiez, il y avait aussi Marine Tondelier
17:48et Lucie Castet qui élaborent un plan.
17:50Elles seront invitées, d'ailleurs, demain,
17:52du 8.30, France Info.
17:54Marine Tondelier, qui, de toute façon, a quasiment
17:56arrimé les verts aux Insoumis, depuis déjà plusieurs mois.
17:58On l'a vu, d'ailleurs, lors de la fameuse négociation
18:00au moment de la dissolution
18:02du nouveau Front Populaire.
18:04On se souvient que les verts avaient topé avec les Insoumis
18:06avant même que les socialistes soient rentrés dans l'Allance,
18:08en quelque sorte, et qu'ils ont été mis devant le fait accompli.
18:10Donc, comme par hasard, effectivement,
18:12Marine Tondelier et Lucie Castet prennent cette initiative
18:14au moment où Jean-Luc Mélenchon,
18:16lui-même, évidemment, est effectivement à gauche,
18:18à peu près le seul à être en capacité
18:20de se présenter demain matin.
18:22Et on voit bien surtout qu'il y a,
18:24donc c'est cousu de fil blanc,
18:26il y a une entente, une candidature commune.
18:28Aujourd'hui, ça ne servirait que Jean-Luc Mélenchon,
18:30évidemment, et on voit bien qu'il y a une convergence
18:32Jean-Luc Mélenchon-Marine Le Pen.
18:34Ce sont les deux qui ont déjà commencé,
18:36et vont le faire plus fortement
18:38si le gouvernement tombe, vont réclamer sur tous les tons
18:40la démission du président de la République
18:42pour obtenir une présidentielle anticipée.
18:44Après, avec quelle perspective ?
18:46On le voit, et tous les sondages, toutes les enquêtes d'opinion le montrent,
18:48à cause de ses outrances,
18:50de sa radicalisation depuis plusieurs années
18:52sur d'innombrables sujets,
18:54Jean-Luc Mélenchon s'est devenu aujourd'hui le tapis rouge
18:56de l'entrée de Marine Le Pen à l'Elysée.
18:58Et effectivement, un duel au second tour
19:00entre Jean-Luc Mélenchon,
19:02qui était le principal agent de la banalisation,
19:04de la normalisation de Marine Le Pen ces dernières années,
19:06notamment le comportement des insoumis à l'Assemblée,
19:08entre autres,
19:10un duel Mélenchon-Le Pen, on voit très bien
19:12qui ça servirait aujourd'hui,
19:14et c'est la garantie de la victoire de Marine Le Pen.
19:16Mais surtout, ce qui est plus intéressant,
19:18pour se remettre encore plus sur le fond,
19:20c'est qu'à gauche, ce mythe du candidat unique,
19:22d'une candidature unique,
19:24non seulement ça semble extrêmement compliqué,
19:26on ne voit pas tellement Jean-Luc Mélenchon
19:28aujourd'hui représenter toute la gauche,
19:30et effectivement, les socialistes auraient peut-être quand même du mal,
19:32et ils disent qu'il n'en est pas question, en tout cas, de se ranger derrière lui,
19:34mais de surcroît, a priori,
19:36c'est la garantie de la défaite.
19:38Quand la gauche a gagné l'élection présidentielle,
19:40elle l'a gagnée avec plusieurs candidats,
19:42jamais avec, au premier tour, jamais avec un seul candidat unique,
19:44parce que la gauche, elle est diverse,
19:46et il faut qu'il y ait
19:48un candidat de gauche suffisamment fort
19:50au premier tour pour rassembler l'ensemble des gauches au second tour.
19:52C'est comme ça que François Mitterrand
19:54a gagné à deux reprises, et que François Hollande
19:56a gagné une fois. Et on voit bien qu'il y a notamment,
19:58entre la gauche réformiste et la gauche radicale,
20:00il y a évidemment des divergences de fonds
20:02qui peuvent converger face à l'adversaire au second tour,
20:04et un tout dernier point,
20:06dans toute l'histoire de la gauche,
20:08c'est qu'elle a gagné aux élections, et même avant,
20:10lors du Front Populaire,
20:12ou lors d'autres épisodes
20:14historiques,
20:16que quand c'était la gauche réformiste qui était en tête.
20:18C'est-à-dire quand la force
20:20de la gauche radicale se ralliait
20:22à la gauche réformiste au second tour
20:24ou dans une coalition.
20:26Mais tant que la gauche radicale
20:28est en tête,
20:30et tant que les réformistes
20:32sont soumis aux insoumis,
20:34c'est la certitude de la défaite
20:36à l'arrivée pour la gauche.
20:38– Mais si on regarde dans les rangs du Parti Socialiste, par exemple,
20:40qui peut prendre le flambeau et dire, allez, suivez-moi ?
20:42François Hollande, lui, il y croit.
20:44C'est son pari.
20:46– Non mais ce n'est pas comme ça que ça se construit.
20:48Il faut d'abord que les socialistes envisagent
20:50peut-être de s'émanciper des insoumis.
20:52Ça passe peut-être par exemple par l'introduction
20:54de la proportionnelle de façon à pouvoir
20:56s'émanciper de cette alliance lors d'éventuelles législatives
20:58anticipées qui suivraient une nouvelle dissolution.
21:00Et c'est ensuite qu'émerge un leadership.
21:02Après, il y en a.
21:04Éric Luxman, Bernard Cazeneuve, je ne sais pas,
21:06n'importe quels autres, il peut y en avoir.
21:08Mais je pense que la première condition pour les socialistes
21:10s'ils veulent peser, voire gagner la prochaine présidentielle,
21:12c'est évidemment de se détacher des insoumis.
21:14– Et s'il y avait une présidentielle anticipée,
21:16du coup, ceux qui seraient largement en retard,
21:18finalement, c'est le camp macroniste ?
21:20C'est ce qu'on appelle le socle commun ?
21:24– Oui et non, parce que là,
21:26on parlait de tous les candidats potentiels
21:28et ils sont innombrables,
21:30effectivement, dans les rangs de la gauche,
21:32ce qu'on appelle, je n'ai jamais très bien compris
21:34ce que ça voulait dire, les socio-démocrates,
21:36mais dans le socle commun,
21:44ils sont aussi très nombreux, et plutôt trop nombreux.
21:48C'est-à-dire qu'est-ce qu'on voit quand même ?
21:50La politique, c'est quand ?
21:52– Quelqu'un qui est assez solide pour partir en campagne dès demain,
21:54il n'y en a pas 10 000 non plus.
21:56– Gabriel Artal qui va prendre la main sur le parti,
21:58Édouard Philippe qui ne cesse de renforcer son groupe,
22:00quand même, il y a effectivement des candidats,
22:02mais surtout, ce qu'on voit actuellement,
22:04c'est des batailles d'appareils.
22:06Et ça, je pense qu'aucun mouvement politique
22:08ne gagne sur des batailles d'appareils,
22:10il faut quand même un mouvement d'opinion.
22:12– Merci, merci à tous les trois,
22:14on arrête d'être à 15h,
22:16on resuive la journée avec…
22:18– La jeudi ou la mercredi.
22:20– Voilà, c'est ça, merci à tous les trois.
22:22Mireille Mankawa, présentatrice de l'émission
22:24« Ça vous regarde » sur LCP,
22:26c'est du mardi au vendredi à 19h30,
22:28on rappelle aussi ce soir, 19h30,
22:30lundi c'est politique avec Francis Letellier
22:32et l'invité Jean-Philippe Tanguy du RN.
22:34Émission en partenariat avec France Info,
22:36merci à vous, Jean-Jérôme Berthollus,
22:38éditorialiste politique à France Info TV,
22:40merci Renaud, on se retrouve demain,
22:42on a plein de choses à se dire.
22:44Les informés du soir arrivent à 20h
22:46avec Jean-Rémi Baudot et Agathe Lombrey.
22:48– Sous-titrage Société Radio-Canada
22:50– J'apprends l'Info, le programme d'éducation à l'information.