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Baisse des taux d'intérêt : quel impact sur l'épargne, l'activité, l'immobilier ?

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00:00 (Générique)
00:06 Comme chaque semaine les informés de l'Eco, votre rendez-vous sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT avec le Cercle des économies.
00:13 Chaque samedi, on décrypte les faits de l'actualité économique et sociale.
00:18 Et cette semaine, c'est avec vous Fanny Guinochet. Bonjour Fanny.
00:20 - Bonjour.
00:20 - On vous retrouve d'ailleurs tous les matins dans le Décryptage ECO sur France Info Radio.
00:24 À 8h moins 10, les informés du jour. Bonjour Anne-Sophie Alcif.
00:28 - Bonjour.
00:29 - Enseignante en économie à la Sorbonne, chef économiste à la Société d'études BDO France.
00:33 Et à vos côtés Patrice Geoffron, membre du Cercle des économistes.
00:40 Professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières.
00:46 Je crois que j'ai tout dit. Merci beaucoup Patrice. Merci à vous d'être là.
00:50 On va se parler de ce qui s'est passé cette semaine, ce qui était en réalité attendu.
00:53 Mais la BCE a dit ce qu'elle a fait, ce qu'elle a laissé entendre, ce qu'elle avait prévu.
00:58 C'est-à-dire que la Banque centrale européenne a baissé ses taux.
01:01 Fanny, ça va avoir un impact, ça peut avoir un impact sur nous autres, les ménages, les entreprises ?
01:06 - Oui et c'est une première. C'est pour ça que c'est important.
01:09 Depuis 2019, depuis 5 ans, la BCE, la Banque centrale européenne, augmentait, augmentait, augmentait ses taux pour juguler l'inflation.
01:18 C'est vrai que la BCE, on lui reprochait d'avoir une politique monétaire très restrictive.
01:23 Donc là, elle ouvre légèrement les vannes.
01:25 - On va écouter Christine Lagarde, présidente de la BCE, nous en parler.
01:30 - Le Conseil des gouverneurs a décidé d'abaisser les 3 taux d'intérêt directeur de la BCE de 0,25 points de base.
01:39 Nous sommes déterminés à faire en sorte que l'inflation revienne rapidement à notre objectif à moyen terme de 2%.
01:47 Nous maintiendrons les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre cet objectif.
01:55 - Alors ça, c'est l'annonce de Christine Lagarde cette semaine, qui donc passe les taux de 4% à 3,75%.
02:04 Alors c'est vraiment une petite baisse, mais qui amorce un virage.
02:08 Et c'est vrai que ces taux directeurs, c'est important parce qu'en fait, c'est le niveau de prix auquel les banques commerciales,
02:14 Société Générale, BNP, etc., auxquelles s'adressent les Français, qui achètent de l'argent à la BCE.
02:21 Donc ça change vraiment la donne. On va en parler plus largement ce matin.
02:25 - Anne-Sophie Elsifon, on va essayer d'être très concret. C'est important une baisse comme ça ?
02:29 On a entendu Christine Lagarde, 25 points de base. C'est léger, mais c'est important.
02:34 Ça peut jouer notamment sur nos crédits immobiliers, à nous ?
02:36 - Alors oui, c'est important, parce que comme on l'a très bien rappelé, il y a eu plus de 10 hausses de taux en moins de 2 ans.
02:42 Donc c'était assez inédit. Donc le marché attendait vraiment une baisse des taux d'intérêt.
02:46 Alors c'est important, parce que c'est un signal. Ça montre que la BCE a commencé sa baisse des taux.
02:53 Après, concrètement, c'est pas cette baisse qui reste encore très minime, qui va avoir demain un impact sur vos taux d'intérêt.
03:01 Si vous voulez acheter un bien immobilier ou avoir un prêt à la consommation, il faudra attendre davantage que les hausses soient plus importantes
03:08 pour que vraiment les institutions financières aient une répercussion importante sur vos taux d'intérêt.
03:13 Et puis l'autre élément, c'est qu'on reviendra jamais, il faut quand même le dire, aux situations qu'on a connues avant la crise,
03:20 empruntées à 1% sur 20 ans. - Ça c'est fini ça ?
03:23 - Voilà, c'était vraiment une période qui n'était même pas normale économiquement.
03:26 Donc certes, on va aller sur une baisse des taux, mais on ne devrait pas revenir au niveau qu'on a connu avant la crise.
03:31 - Donc si vous avez un prêt immobilier aux alentours de 1%, réfléchissez à deux fois avant de le rembourser.
03:38 Patrice Geoffron, outre le crédit immobilier dont on parlait à l'instant, est-ce que ça va changer quelque chose sur l'épargne des Français ?
03:43 On sait que la baisse des taux, directeur de la BCE, ça peut rendre moins rentable les livrets d'épargne.
03:49 - Oui, mais à nouveau, on est dans l'épaisseur du trait. Enfin, il y a une petite baisse qui a été amorcée,
03:53 mais on ne voit pas se dessiner un escalier, ça a été le cas dans d'autres circonstances, qui nous conduirait vers des taux sensiblement...
03:58 - Là, on n'a pas l'impression, la BCE n'a pas laissé entendre quand même que c'était le début d'une baisse ?
04:02 - Non, Christine Lagarde, il aurait fallu pouvoir écouter l'ensemble de la conférence de presse, ça a été extrêmement, extrêmement prudente.
04:08 Antérieurement, on anticipait trois, quatre baisses peut-être dans l'année, et là, les anticipations sont bien plus modestes.
04:14 Et il y a un autre facteur qui est entre ligne de compte, c'est le fait que l'inflation aux États-Unis reste plus sensible,
04:20 et la réserve fédérale américaine est plus prudente, en tout cas n'a pas amorcé sa décrue.
04:26 Et donc, si la BCE s'engageait dans cette voie, à ce moment-là, ça aurait un impact monétaire sur l'euro,
04:33 et ça pourrait contribuer à renchérir les importations de pétrole, les importations de gaz,
04:38 et donc concourir à l'inflation. Or, c'est précisément le but contre lequel lutte la BCE,
04:44 donc il y a une zone là très étroite, et notamment avec de l'attentisme au regard de ce que pourraient faire les Américains.
04:49 - Voilà, lutter contre l'inflation, c'est la mission principale, l'une des principales missions de la BCE,
04:54 et on le rappelle effectivement que les banques centrales, entre elles, s'observent, se coordonnent,
04:58 en tout cas pour éviter qu'il y ait des différences trop importantes.
05:01 Fanny Guinochet, en dernière instance, de toute façon, sur les questions par exemple d'épargne, c'est le gouvernement qui tranche.
05:05 - Oui, effectivement. Par exemple, sur le livret A, qui est le placement préféré des Français,
05:10 Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, a promis que ce taux de livret A resterait à 3% jusqu'à 2025.
05:18 Donc là, pas de changement. Pareil pour le livret de développement durable.
05:23 Donc pour les Français qui ont majoritairement ce type de livret, il n'y aura pas de changement, en tout cas dans les mois qui viennent.
05:31 - Anne-Sophie Alsif, cette baisse des taux, est-ce que c'est une bonne nouvelle ?
05:33 Parce que là, on parlait de l'immobilier, on se met du côté des particuliers.
05:38 Est-ce que c'est une bonne chose pour les entreprises ? Est-ce que ça leur redonne des marges de manœuvre ?
05:42 - Alors oui, tout à fait. C'est aussi les entreprises qui sont concernées, puisqu'on a vu qu'avec ces dix hausses de taux en deux années,
05:48 les financements des entreprises ont été très impactés, et notamment le taux d'investissement en zone euro,
05:53 et notamment en France, qui s'effondre, qui est même négatif cette année, alors qu'il est à plus de 3,5% aux États-Unis.
05:59 Donc on voit que ce ralentissement de la croissance qu'on connaît en Europe, c'est aussi sur ces contributions à l'investissement des entreprises
06:04 qui s'est effondré, et qui fait qu'on a un ralentissement de la croissance. Donc ça va pouvoir donner plus de marges de manœuvre.
06:10 L'autre problème aussi en Europe, c'est que 95% des entreprises se financent sur le système bancaire.
06:15 C'est beaucoup moins le cas aux États-Unis, où les entreprises lèvent des fonds sur les marchés financiers.
06:19 Et donc le fait d'être très dépendant des banques pour les entreprises, eh bien ça pouvait les bloquer dans leur financement.
06:25 Donc c'est vrai que cette amorce pourra permettre d'avoir des financements plus facilement.
06:30 Alors après, il faut faire attention, c'est souvent les entreprises qui étaient les plus en difficulté, qui avaient des difficultés de financement.
06:36 Et celles-ci, malgré cette petite baisse des taux, vont pas avoir tout d'un coup une trésorerie, des accès au financement incroyables.
06:43 Mais c'est plutôt l'impact sur le taux d'investissement, encore une fois, qui est important.
06:46 – Bon alors, on a vu les particuliers pour les pré-immobiliers, la question des entreprises qui se refinancent.
06:53 Il y en a d'autres qui se refinancent, ce sont les États, pas très jaufront.
06:55 Est-ce que l'État, qui emprunte évidemment énormément d'argent,
06:58 est-ce que le taux de la baisse, ça joue sur le prix de l'argent pour l'État aussi ?
07:03 – Oui ça joue, mais de fait, on est dans une période dans laquelle il y a eu deux signaux contradictoires.
07:07 Celui qui nous réunit ce matin, mais par ailleurs la dégradation,
07:10 modeste, mais qui est tout de même un signal du rating de la France.
07:15 Donc ce qu'on a pu observer au cours de ces dernières semaines…
07:17 – L'annotation de la dette, vous parliez de la S&P, ce qui s'est passé la semaine dernière.
07:20 À l'issue de cette nouvelle, finalement, les taux ont peu varié,
07:24 donc ça avait été assez largement anticipé par les marchés financiers.
07:29 Mais vous avez tout à fait raison, comme le raisonnement est à peu près analogue
07:33 à celui qui a été évoqué pour les particuliers et pour les entreprises,
07:37 si cette baisse devait se confirmer,
07:40 elle contribuerait à réduire le coût de refinancement de la dette française.
07:44 – Parce qu'aujourd'hui, la France, elle se finance auprès de la BCE ou pas ?
07:47 – En tout cas, alors partiellement, mais en tout cas, ce qui est important,
07:50 c'est que le taux directeur de la Banque centrale a un impact sur schématiquement
07:54 l'ensemble des taux, y compris les taux auxquels se refinancent les Etats européens.
07:58 Alors évidemment, il y a des différences selon la qualité du rating.
08:02 Et donc ça va plutôt, dans le bon sens, sous réserve, évidemment,
08:04 de confirmation durant l'année.
08:06 – C'est quand même une bonne nouvelle, parce qu'on se rappelle,
08:08 effectivement, Standard & Poor's, vendredi en 8, a dégradé la note de la France,
08:13 c'est-à-dire la façon, la capacité de la France à se refinancer sur les marchés.
08:18 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, économiquement parlant, la France ne va pas si mal.
08:23 Elle a un taux de chômage qui se maintient relativement bas,
08:25 une croissance qui est meilleure, par exemple, que celle de nos voisins.
08:28 Mais le gros, gros problème, c'est quand même cette dette.
08:31 On est extrêmement endetté, 112% du PIB, du Produit Intérieur Brut.
08:35 Donc même une toute petite baisse, épaisseur du trait, c'est toujours bon à prendre.
08:39 – Exactement.
08:41 – Oui, alors, Alessia, tiens. – Pour finir là-dessus, c'est le cas, en effet, de la France.
08:44 Mais ce qui est intéressant, c'est le cas des États-Unis,
08:45 qui sont à plus de 7% de déficit.
08:47 Le Royaume-Uni, on en parle moins, qui sont plus dans l'Europe, qui sont à 6%.
08:50 Donc le problème, c'est qu'en effet, cette petite croissance
08:53 n'est financée que par de la dette, et malheureusement,
08:55 va plus sur la consommation qu'encore une fois l'investissement.
08:58 – Bon, on va continuer à se poser des questions de l'incidence,
09:00 de ce que… les conséquences de cette baisse des taux de la Banque Centrale Européenne.
09:05 On se retrouve juste après les infos,
09:06 mais on se retrouve juste après le Fil info, il est 9h50, Claire Chekaglini.
09:10 – Démonstration du bon climat des relations entre Paris et Washington.
09:14 Pour la première visite d'État de Joe Biden, Emmanuel Macron déploie le faste de la République,
09:18 descente sur les Champs-Élysées avec la garde républicaine et banquette, ensuite à l'Élysée.
09:24 Il avait été blessé par balle par un gendarme lundi dernier.
09:27 Cet homme est décédé hier en Nouvelle-Calédonie.
09:30 Le bilan des violences sur le Caillou s'élève désormais à 8 morts, dont 2 militaires.
09:34 Le couvre-feu sera maintenu jusqu'au 17 juin, annonce du Haut Commissariat de la République à Nouméa.
09:40 Leur mouvement avait été très suivi fin mai,
09:42 leurs revendications viennent d'être globalement satisfaites.
09:45 Les pharmaciens seront mieux rémunérés pour leur garde.
09:48 Ils pourront aussi bénéficier jusqu'à 20 000 euros de subventions
09:51 en cas de difficultés à cort trouvé avec l'assurance maladie.
09:55 Elle devrait être en CE2, une élève de 9 ans sera candidate au baccalauréat spécialité
10:01 maths et physique dans l'Académie de Strasbourg.
10:04 Jamais l'Education nationale n'avait enregistré une postulante aussi jeune.
10:08 Elle planchera avec près de 730 000 candidats.
10:11 Les informés de l'écho de France Info deuxième partie,
10:24 toujours avec Anne-Sophie Alsif, enseignante en économie à la Sorbonne
10:28 et Patrice Geoffron, du cercle des économistes.
10:31 On continue à parler de cette baisse des taux directeur de la Banque centrale européenne.
10:36 Qu'est ce que ça change, Fanny ?
10:38 Donc, on le disait tout à l'heure, l'un des rôles de la BCE,
10:42 c'est de faire en sorte que l'inflation n'aille pas trop, qu'il reste contenu.
10:46 Si la BCE baisse ses taux, ça veut dire qu'elle pense que l'inflation a diminué.
10:50 Est ce que ça veut dire que, là c'est très concret pour nous,
10:53 est ce que ça veut dire que la hausse des prix, est ce que c'est terminé ?
10:57 Alors, il y a un débat, effectivement.
10:59 Mais c'est vrai que quand on regarde factuellement, on est plutôt en phase de décru.
11:04 C'est à dire qu'on est, par exemple, en mars, 2,3% pour l'inflation sur un an.
11:09 En avril, on était à 2,2%, en mai 2,2%.
11:13 Donc, l'objectif de la Banque centrale européenne et des économistes,
11:16 c'est d'arriver à 2. C'est un peu le seuil qui a été...
11:19 Alors, si vous écoutez Bruno Le Maire, le ministre de l'économie,
11:22 tout est gagné, c'est bon, on est à 2.
11:24 Et il a sauvé le pays.
11:24 Il a sauvé le pays.
11:26 Pour du côté de la baisse, vous en parliez tout à l'heure, Patrice Geoffron,
11:30 on est beaucoup plus prudent, effectivement.
11:32 Christine Lagarde, elle dit, attention, c'est un processus en cours qui est incertain.
11:37 C'est la vitesse et le temps de cette baisse qui va compter,
11:41 parce que l'inflation, il y a quand même encore un peu de prudence à avoir.
11:45 On est dans un environnement, l'inflation, la hausse des prix,
11:48 elle est très corrélée à, par exemple, des matières premières.
11:51 Et les matières premières, le taux des...
11:54 Le coût des matières premières est lui-même très corrélé à l'environnement géopolitique.
11:59 Et on voit bien qu'en ce moment, avec la conflictualité qu'il y a,
12:03 le prix des matières premières, certaines sont encore en train de flamber.
12:06 On peut prendre, par exemple, le cuivre.
12:08 Le fret est quand même au niveau très haut,
12:10 parce que les bateaux font des détours et mettent plus de temps.
12:13 Enfin, vous voyez, on est dans un environnement incertain.
12:16 Donc, est-ce que l'inflation, pour le consommateur, elle est complètement...
12:20 La bataille de l'inflation est complètement gagnée.
12:23 Elle est en passe d'être gagnée, mais il reste encore un petit niveau d'incertitude.
12:28 Anne-Sophie El-Syf, c'est quoi votre regard sur l'inflation ?
12:30 Vous pensez que cette inflation, elle est derrière nous ?
12:32 Alors oui, cette inflation très importante qu'on a eue,
12:35 due notamment à la flambée des prix de l'énergie, pour l'instant, elle est jugulée.
12:39 Mais en effet, comme on vient de le dire très justement,
12:41 c'était en Europe une inflation importée, exogène.
12:45 Et donc, demain, il y a un conflit géopolitique ou autre, on pourrait avoir des impacts.
12:49 On l'a vu avec le conflit israélo-palestinien,
12:50 on se disait un impact important sur le prix du baril du pétrole.
12:53 C'est resté assez stable.
12:55 Donc, on voit quand même qu'on a des anticipations vraiment d'une inflation
12:57 qui serait jugulée et derrière.
12:59 L'objectif, c'est d'arriver à 2% l'année prochaine.
13:01 C'est vrai que dans les prévisions, on devrait y arriver.
13:03 Donc, cette vraiment hyperinflation devrait être derrière nous.
13:06 Par contre, en regardant la différence entre les secteurs,
13:09 on voit qu'on a des baisses très importantes dans le secteur de l'industrie,
13:12 dans le secteur des transports à cause de l'énergie.
13:15 Par contre, les services résistent plus en raison des salaires qui sont plus rattrapés.
13:20 Donc, on voit qu'on a un ralentissement des prix à peu près partout,
13:22 sauf dans les services où il va prendre plus de temps.
13:24 Et alors, ralentissement des prix, juste pour nos auditeurs, nos téléspectateurs,
13:27 on est d'accord que ça ne veut pas dire baisse des prix.
13:29 Non, ça veut juste dire que les hausses sont moins fortes.
13:33 Voilà, mais juste qu'on ne se dise pas que demain,
13:35 on sent des déflations et des inflations.
13:38 Voilà, on le voit quand on fait ses courses.
13:40 Effectivement, on n'a pas beaucoup de...
13:43 On a des produits qui restent encore très hauts.
13:46 Patrice Geoffron, est-ce que ce contexte qu'on est en train de disséquer
13:51 depuis une dizaine de minutes, est-ce que ce contexte-là va stimuler l'économie ?
13:55 Le fait que l'inflation avance moins vite, le fait que les taux baissent,
13:58 est-ce que tout ça, ça peut aussi relancer la machine ?
14:01 Écoutez, réinvitez-nous début 2025, on y verra plus clair.
14:04 Mais enfin, le point de vigilance, c'est que derrière nous,
14:10 assez largement, en tout cas, on peut l'espérer, on a le choc massif de 2022.
14:14 Il faut imaginer qu'en 2022, 100% des pays du monde
14:18 avaient une inflation supérieure à 6%, c'est-à-dire significative.
14:22 Ça, c'était plus vu depuis les chocs pétroliers des années 70.
14:25 Donc, il y a vraiment eu un choc massif.
14:26 Et si on regarde le prix du pétrole aujourd'hui,
14:28 si on regarde surtout le prix du gaz, y compris en Europe,
14:31 eh bien, on est revenu à des niveaux, en tout cas pour le prix du gaz,
14:34 qui est particulièrement sensible pour ce qui nous concerne,
14:36 à des niveaux comparables à celui avant le début du conflit.
14:40 En revanche, le point de vigilance, ce sont les services.
14:44 Tu l'as évoqué à l'instant, et c'est important parce que les services
14:47 reposent assez largement sur les salaires.
14:49 Et donc, ça veut dire que là, le point de vigilance du côté de Christine Lagarde,
14:53 c'est de savoir si on ne voit pas l'amorçage modeste à ce stade
14:58 d'une forme de boucle prix-salaires.
15:00 Et la volonté de la BCE, c'est de juguler ce type de phénomène.
15:04 C'était d'ailleurs une des appréhensions, par exemple, politiquement en France,
15:08 de créer cette boucle salaire.
15:11 Oui, pour ne pas retrouver ce qui avait été observé dans les années 70
15:13 et jusque début des années 80, avec un autre élément à prendre en compte,
15:17 qui est que nous parlons là des taux européens.
15:20 Il se passe des choses extraordinairement différentes à l'intérieur de l'Europe,
15:23 notamment en termes de négociations salariales.
15:25 Et pour l'essentiel, l'inflation aujourd'hui en Europe,
15:29 elle est tirée par les négociations allemandes sur les salaires
15:32 qui interviennent sur un rythme triennal.
15:35 Et donc, la vigilance de la BCE
15:38 pourrait, la garde si je puis dire, pourrait se baisser
15:42 dans quelques mois à l'issue de ces négociations.
15:44 On y verra plus clair sur cette boucle prix-salaires.
15:46 Ce jeu de mots est accepté dans cette émission.
15:49 Fanny Guinochet, la crainte de la BCE,
15:51 c'est vraiment qu'il y ait un décalage entre les prix et les salaires ?
15:53 Effectivement, et c'est vrai que quand on regarde au niveau des salaires,
15:56 il reste encore élevé parce qu'on en entend souvent parler en pénurie de talent.
16:01 Donc, les salariés sont plutôt en position de force
16:04 pour négocier auprès des employeurs leurs augmentations.
16:08 Et c'est vrai que quand on regarde, par exemple, les salaires en zone euro
16:11 ont augmenté de 4-6% au premier trimestre.
16:14 4-6%, c'est assez élevé par rapport justement au niveau de l'inflation.
16:17 Donc, la crainte, c'est que finalement, ce rapport de force
16:20 soit encore plus en faveur des salariés, que le niveau des salaires augmente.
16:25 Et c'est vrai que derrière, il va y avoir une course entre les prix et les salaires.
16:30 C'est ce que veut éviter absolument la BCE.
16:32 Et c'est pour ça qu'elle est aussi si prudente.
16:35 Merci beaucoup, Fanny Guinochet,
16:36 pour m'avoir accompagnée cette semaine dans les Informer de l'écho.
16:40 Fanny Guinochet qu'on retrouve tous les matins sur France Info Radio
16:43 dans le Décryptage Éco à 8h moins 10.
16:46 Merci aussi à Anne-Sophie Alsif, enseignante en économie à la Sorbonne,
16:49 chef économiste de la Société d'études BDO France.
16:52 Et merci Patrice Geoffron, membre du Cercle des économistes,
16:55 professeur d'économie à Paris Dauphine.
16:58 Merci, chers Informer de l'écho.
17:00 Nous, ça revient la semaine prochaine, l'émission à 9h40.
17:02 Très bonne journée à tous.
17:04 ...
17:07 ...

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