Aujourd’hui dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Maud Bregeon, Porte-parole du gouvernement.
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00:00Politique à présent, avec les 4V de Javier Wittenberg. Vous recevez la porte-parole du gouvernement ce matin, Maude Bréjon.
00:09Bonjour à tous, bonjour Maude Bréjon. Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. L'ambiance, on l'a vu dans le journal de 7h30, est
00:15explosive à l'Assemblée Nationale.
00:16Avant un vote crucial la semaine prochaine sur le budget, on va en parler avec un risque de censure. Mais vous avez vu ces images
00:22des députés qui manquent d'en venir aux mains, députés de votre camp, en tout cas de l'ex-majorité avec le Modem.
00:29Qu'est-ce que ça vous inspire, des images comme ça ? Je ne peux que trouver ça
00:34déplorable et affligeant. Je me mets à la place de vos téléspectateurs ce matin qui, à 7h30, allument leur télé, voient ces images.
00:42Je pense que ça fait beaucoup de mal à tous les politiques, à l'image que nous renvoyons,
00:48élus, députés, parlementaires.
00:50Je ne peux évidemment que le déplorer parce que je crois qu'à la fin,
00:56au-delà de
00:57des individualités,
00:59c'est l'image que nous renvoyons
01:02collectivement qui est affaiblie. Mais parlons de ce qui a conduit à cette scène, c'est le fait que la gauche quand même vous reproche
01:08d'avoir fait obstruction, d'avoir empêché le vote
01:11d'une proposition d'abrogation de la réforme des retraites qui était dans ce qu'on appelle la niche parlementaire de la France Insoumise.
01:17C'est ça le point de départ, c'est quand même l'obstruction que vous avez faite. C'est deux choses très différentes.
01:22Il y a eu des centaines de soirées sur des débats parfois tendus et ça ne nécessite, mais heureusement pas, d'en venir aux mains.
01:30Et du reste, les députés du socle commun, comme les autres d'ailleurs, ont défendu leur position, ont défendu leur conviction
01:37en proposant des amendements. C'est constitutionnel, c'est le droit d'amendement.
01:40Mais est-ce que c'est démocratique lorsqu'il y a une majorité dans l'hémicycle qui veut cette amendement ?
01:44Que le débat se tienne, qu'il soit parfois tendu, que les députés, encore une fois, défendent leur conviction,
01:51portent leur position par des amendements,
01:53c'est tout à fait légitime et c'est sain. Les images qu'on a vues ce matin sur votre télé sont inadmissibles.
01:59Mais les centaines d'amendements, vous les assumez, vous dites c'est la démocratie et tant pis si on ne vote pas
02:04cette abrogation que veut pourtant une majorité de députés et peut-être même une majorité de français.
02:08Vous savez, lors du débat de la réforme des retraites, il y a environ deux ans de ça, maintenant, j'étais députée,
02:14la France Insoumise avait déposé 13 000 amendements et c'était plein
02:18du manque de temps pour débattre. Il y avait alors deux semaines.
02:23Penser, prétendre qu'on puisse revenir sur un sujet aussi crucial et aussi structurant
02:28pour l'économie française et pour le système de retraite par répartition en quelques heures de débat,
02:34c'est mentir aux français.
02:36Mais vous faites que vous avez reproché aux députés de gauche à l'époque.
02:38Pour des sujets aussi importants, on a besoin de temps pour débattre et je le redis, que des députés,
02:43peu importe leur appartenance politique, déposent des amendements pour défendre des positions, c'est légitime.
02:49Mais on pourra revenir sur cette réforme des retraites, oui ou non ? C'est ça la question, en fait.
02:54Puisqu'il y aura d'autres niches parlementaires, peut-être d'autres partis de gauche qui la reproposeront au vote.
02:59Vous, vous dites, jamais de l'avis ?
03:01Cette réforme des retraites, on ne l'a pas fait par plaisir.
03:03On l'a fait pour sauver, encore une fois, ce système des retraites qui est si précieux,
03:08qui traduit cette solidarité intergénérationnelle.
03:11Et on l'a fait parce que c'était nécessaire.
03:14Pour autant, le Premier ministre a proposé d'améliorer cette réforme en lien avec les partenaires sociaux.
03:21Ça nécessite du dialogue, plus que quelques heures de débat au sein de l'hémicycle.
03:25Ce qui s'est passé hier, en tout cas, risque de renforcer quand même l'ambiance délétère
03:31et la menace qui pèse aujourd'hui sur le gouvernement avec l'idée qu'il faut peut-être en finir.
03:35En tout cas, voilà où on en est.
03:37Vous n'avez toujours pas convaincu le RN de ne pas appuyer sur le bouton censure,
03:42malgré les concessions faites hier par Michel Barnier,
03:45notamment en renonçant à la taxe sur l'électricité.
03:47C'était une des lignes rouges faites par Marine Le Pen, mais elle en demande d'autres.
03:52Et elle donne jusqu'à lundi à Michel Barnier pour, en quelque sorte, faire de nouvelles concessions.
03:57Est-ce que c'est un ultimatum ? Est-ce que vous l'acceptez ?
03:59Vous savez, depuis la domination du gouvernement,
04:01on a dit et redit notre volonté de trouver des chemins de compromis.
04:05Dans un contexte budgétaire extrêmement contraint et extrêmement compliqué.
04:09Je note que les débats et que l'ouverture du Premier ministre ont permis de trouver des compromis.
04:14Sur les retraites, sur les entreprises.
04:16Hier, sur l'électricité, en renonçant à l'augmentation de la taxe sur l'électricité,
04:20c'est un pas majeur fait en avant par Michel Barnier.
04:24Mais insuffisant.
04:26Pour trouver des compromis, il faut être deux.
04:30Et ça nécessite que chacun soit en capacité et soit d'accord pour faire un pas vers l'autre.
04:35Nous, nous sommes dans cette démarche.
04:37Et moi, je demande ce matin, est-ce que Madame Le Pen,
04:39est-ce que le Rassemblement National souhaite réellement attribuer un budget à la France ?
04:44Ou est-ce que Marine Le Pen et le Rassemblement National souhaitent envoyer la France dans le mur ?
04:48Parce que, je le redis, c'est ce qui se passera si on termine l'année sans budget,
04:52avec une confiance en Berne et des taux d'intérêt qui augmentent.
04:56Il faut que les Français puissent entendre la vérité sur cet enjeu.
05:00Vous dites qu'il faut aller vers des compromis.
05:02Soyons précis, Jordan Bardella, lui, dit, entre autres,
05:05qu'il faut que vous reveniez sur le déremboursement supplémentaire de médicaments.
05:09C'est prévu dans la loi de financement de la Sécurité Sociale.
05:11Celle qui risque d'être censurée.
05:13Est-ce que vous lui donnerez satisfaction, oui ou non ?
05:15Nous avons terminé, nous allons terminer cette année à 6,1% de déficit.
05:19Nous serons à 7% de déficit l'année prochaine.
05:22Si on ne fait rien, ça constituerait un décrochage dont la France mettrait des années à se relever.
05:28Ce qui, je le redis, censurerait le gouvernement et ferait tomber le budget,
05:33ne permettrait pas à la France de terminer l'année avec un budget,
05:37affaiblirait considérablement notre pays et emporterait la responsabilité.
05:42Ça veut dire que vous n'irez pas plus loin, mot de Bréjan ?
05:44Nous avons entendu les parlementaires de l'ensemble des groupes,
05:48je le redis encore une fois, pour protéger les retraités, pour protéger le pouvoir d'achat des Français sur l'électricité.
05:53Mais nous sommes des gens responsables et je crois que les Français nous ont élus pour ça.
05:58Nous ne pouvons pas raser gratis.
06:00Donc oui aux discussions, mais chacun doit prendre en compte le cadre budgétaire extrêmement contraint.
06:08Et la question qui est posée derrière, c'est qui souhaite réellement redresser les finances publiques de ce pays ?
06:14Mais ça veut dire que, par exemple, la non hausse de la taxe sur l'électricité, pour l'instant, n'est pas compensée.
06:21Les 3 milliards qu'elle devait rapporter, où allez-vous les trouver ?
06:24J'ai parfois très envie de renvoyer ces questions sur celles et ceux qui nous demandent chaque jour de nouvelles concessions.
06:33Les débats vont encore se tenir et nous allons devoir compenser d'une façon ou d'une autre en baissant les dépenses.
06:40Et ce n'est pas facile de baisser les dépenses.
06:42Les mesures qui sont prises et qui ont été récemment annoncées par le gouvernement,
06:46notre objectif, c'est toujours de revenir autour de 5% pour retrouver une trajectoire qui est celle de l'ensemble des pays européens.
06:55Vous entendez parmi les économies, notamment que vous envisagez ce qu'a dit Michel Barnier,
07:00revenir sur l'aide médicale d'État, en tout cas la réduire pour les étrangers en situation irrégulière,
07:06c'est une demande express du RN.
07:09Ce que dit la gauche, et peut-être faut-il l'entendre, c'est que vous cédez aux pressions du RN aujourd'hui qui co-gouvernent la France.
07:17C'est une porte qui avait déjà été ouverte par le gouvernement, par Michel Barnier.
07:22Bruno Rotaïo s'était largement exprimé sur cette question.
07:25Elisabeth Borne, Première ministre, avait elle-même commandé le rapport Stéphanie Niévin sur lequel nous nous appuierons.
07:31Lorsqu'on demande des efforts aux Français, il est aussi normal qu'on réduise les dépenses de l'aide médicale d'État, en tout cas c'est ma conviction.
07:38Et je le redis pour terminer, la meilleure façon structurelle de réduire l'aide médicale d'État, c'est de réduire l'immigration clandestine en France.
07:50Pour autant, est-ce qu'on peut revoir le panier de soins tel qu'il est aujourd'hui ? Je pense que la réponse est oui.
07:56Ce que Marine Le Pen vous reproche, c'est de ne pas dire, ok, nous avons par exemple renoncé à la taxe sur l'électricité parce que vous nous l'avez demandé.
08:03De ne pas lui donner le point, c'est ce qu'elle dit au journal Le Monde.
08:06Pourquoi ne dites-vous pas que vous avez reculé là-dessus, c'est par exemple Gérald Darmanin qui le dit, pour satisfaire les 11 millions d'électeurs du RN ?
08:13Pourquoi vous ne le dites pas ?
08:14Nous entendons les 577 députés et à travers eux les 67 millions de Français.
08:19C'est une demande qui a été formulée par quasiment l'intégralité des groupes de l'Assemblée nationale, également par Gérard Larcher, le président du Sénat, par RD Marseille, le président du groupe Union Centriste.
08:30Les députés EPR, de ma propre famille politique, avaient déposé des amendements pour aller vers une mesure en ce sens.
08:36Le pouvoir d'achat des Français, c'est une inquiétude du Rassemblement national, mais c'est une cause qui est portée, je crois, par l'ensemble des députés aujourd'hui.
08:43Vous admettez que...
08:44Ce n'est pas la chasse gardée de Marine Le Pen.
08:46Ce n'est pas la chasse gardée de Marine Le Pen.
08:47Vous êtes porte-parole d'un gouvernement sursis.
08:49Est-ce que vous vous préparez quand même à cette censure qui est quand même fort probable la semaine prochaine ?
08:54Moi, je me bats pour ce que j'estime être bon pour mon pays.
08:56Je me suis engagée en politique pour ça.
08:58Et l'histoire politique démontre que quand on se demande éternellement où on sera dans un mois ou dans six mois, on ne fait pas grand-chose.
09:04Donc, on continue à avancer.
09:05Bon, en tout cas, vous êtes là ce matin.
09:06Toujours porte-parole du gouvernement.
09:08Et c'est la suite de Télématin.
09:10Merci, Maude Bréjean.
09:11Merci à vous.