Les 4 vérités - Bruno Retailleau

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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur.

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Transcription
00:00Bruno Retailleau dont la parole est très attendue sur un sujet sur lequel on s'écharpe
00:06évidemment beaucoup traditionnellement et on le constate d'ores et déjà, Bruno Retailleau,
00:09bonjour.
00:10Bonjour Julien Arnaud.
00:11Alors ministre de l'Intérieur, c'est vrai que votre parole est attendue puisqu'on a
00:13appris ce week-end qu'une nouvelle loi immigration allait donc arriver en début d'année prochaine
00:16mais on ne connaît pas encore son contenu à part l'allongement de la durée de rétention,
00:20commençons par ça peut-être de 90 à 210 jours, c'est ce que vous souhaitez, mais
00:24ça ne concernera pas tout le monde, ça concernera qui exactement ?
00:26Ça concernera les individus les plus dangereux.
00:28Qu'est-ce qui s'est passé avec Philippine ? C'était même avant les 90 jours où elle
00:33a été malheureusement violée, assassinée par un individu qui était frappée d'une
00:37obligation de quitter le territoire français et moi ce que je veux c'est que pour sauver
00:41des vies, on change les lois.
00:42À chaque fois qu'on voit qu'il y a un trou dans la raquette, notre travail, à nous,
00:46gouvernement, proposer législateurs pour pouvoir voter, c'est précisément de changer
00:50les règles pour qu'elles protègent vraiment les Français.
00:52Il y a suffisamment de places dans les centres de rétention pour faire ça ou pas ?
00:55Non, c'est pour ça qu'on va en construire, on veut atteindre 3000 places dans deux ans.
01:00J'ai fait un certain nombre de déplacements et je mets en place une task force pour accélérer
01:04justement la construction de nouvelles places.
01:06Mais si les pays d'origine ne veulent pas récupérer leurs ressortissants, ça sert
01:09à quoi d'élonger cette durée de rétention ?
01:11Justement, avec mes collègues européens, on a vu un certain nombre de leviers, par
01:16exemple le levier réadmission, visa.
01:19Vous ne voulez pas me donner des visas de retour ? Je ne vous en donne pas.
01:23Deuxième élément, je vous subventionne pour l'aide au développement ? Très bien,
01:26vous ne coopérez pas, alors on baisse les subventions.
01:28Troisième élément, on est en train de voir au niveau de l'Europe des tarifs douaniers,
01:32vous ne voulez pas coopérer ? Vous ne voulez pas nous donner des laissés-passés qui sont
01:35indispensables pour éloigner vos ressortissants, notamment dangereux ?
01:39À ce moment-là, on va regarder les doigts de Oran.
01:41Il faut des leviers, il faut une réciprocité, c'est tout.
01:44Je pense que le droit international, c'est la réciprocité, c'est simplement ce que je demande.
01:48Quelles seront les autres mesures prévues dans cette loi ? Est-ce que vous allez reprendre
01:51l'ensemble des mesures, et on va en détailler certaines, qui ont été retoquées par le
01:55Conseil constitutionnel la dernière fois ?
01:57Moi, c'est mon souhait.
01:58Moi, je ne veux pas aller au-delà de ce qui a déjà été voté, mis à part la disposition
02:02que vous disiez, que vous indiquiez sur la durée de rétention.
02:05Il y a une loi qui a été votée à une écrasante majorité, il y a quelques mois, il y a à
02:09peu près un an, par l'Assemblée nationale.
02:12Donc, cette loi, elle a été censurée pour des motifs de pure forme par le Conseil constitutionnel.
02:16Moi, j'espère qu'on va pouvoir être capables de remettre ce travail, justement, sur les
02:21assemblées pour qu'on puisse voter enfin ce texte qui a, encore une fois, été voté
02:25à la majorité.
02:26Ce qui veut dire concrètement durcir, par exemple, sur les aides sociales, il faudra
02:31une durée de séjour plus longue avant de les toucher ?
02:32Oui, par exemple, aussi, rétablir le droit de séjour, enfin, plutôt, le délit de séjour
02:38irrégulier.
02:39C'est un instrument qui est indispensable pour nous.
02:41Simplement, moi, mon souhait, c'est que la France ne soit pas plus attractive en matière
02:46d'immigration que le reste des pays de l'Europe.
02:48Et je constate sur beaucoup de dispositifs que, malheureusement, on est souvent dans
02:51la moyenne haute.
02:52Si on est dans la moyenne haute, ça veut dire qu'on crée des appels d'air et ça veut
02:56dire que les passeurs, les filières qui sont très, très informées, détournent les flux.
03:00Donc, notre travail à nous, précisément, c'est de situer la France, de reviser tous
03:04les dispositifs pour situer vraiment la France dans la moyenne des pays de l'Union européenne.
03:09Ça veut dire durcir aussi les conditions du regroupement familial ?
03:12Ça veut dire, sur chaque dispositif, les examiner en matière de soins, en matière
03:16de regroupement familial, le délit de séjour irrégulier, les prestations sociales.
03:21Quand ces prestations sociales ne sont pas contributives, ça me semble juste qu'un étranger,
03:25il y ait un délai de carence qui passe deux ans ou trois ans avant de percevoir, par exemple,
03:29des allocations familiales.
03:30Sur un autre sujet qui fait, évidemment, polémique, qu'allez-vous faire ? C'est le sujet de l'aide
03:35médicale d'État.
03:36Est-ce que vous allez la transformer ? Ça aussi, c'était prévu dans un premier temps,
03:39en aide médicale d'urgence.
03:40Et si oui, concrètement, ça changera quoi ?
03:42Il ne s'agit pas de, comment dirais-je, de jeter l'ensemble du dispositif aux sorties.
03:46Là encore, il faut s'adapter à la moyenne des pays européens.
03:49Ce que je constate, quand je compare par exemple à l'Espagne, quand je compare à l'Allemagne,
03:53à la Suède, etc., c'est qu'on est un des pays les plus avantageux parce qu'en plus,
03:57on a un autre dispositif qui consiste à donner des titres de séjour pour des étrangers malades.
04:02Moi, ce que je souhaite, c'est tenir compte d'un rapport qui a été fait par M.
04:06Stefanini, M.
04:07qui constate quoi ?
04:08Qui constate que l'AME, c'est un encouragement à la clandestinité.
04:12Première chose.
04:13Deuxième chose.
04:13Les conclusions générales du rapport étaient plutôt en faveur de l'AME,
04:16en faveur de son maintien et en faveur de son efficacité.
04:19C'était très clairement, très clairement dit dans le rapport.
04:22L'AME est un dispositif qui enquiste, qui est un encouragement à la clandestinité.
04:27Deuxième chose.
04:28On va, notamment, il va y avoir le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
04:32On va demander aux Français, aux nationaux français, des efforts.
04:36Par exemple, en matière de baisse de reboursement d'un certain nombre de prestations en matière de santé.
04:42Donc, les Français seraient appelés à faire des efforts et les étrangers clandestins, aucun.
04:46Donc, encore une fois, il ne s'agit pas de tout annuler.
04:49Il s'agit simplement de faire en sorte qu'un dispositif qui est parmi les plus généraux d'Europe
04:54puisse progressivement devenir une aide médicale d'urgence.
04:57On ne laisse pas mourir les gens.
04:59Une femme qui est enceinte, on s'en occupe.
05:00C'est un milliard de fois aujourd'hui, il faut baisser la facture à combien dans votre idée ?
05:04Je pense qu'il y a beaucoup d'économies à faire.
05:07Combien ?
05:07Je le pense, je ne vais pas me dire parce que tout dépend du panier qu'on pourrait retenir en matière de soins.
05:12C'est tout l'objet du débat.
05:13Oui, mais justement, il y a un débat.
05:14En tout cas, ce que je souhaite, moi, c'est qu'on puisse être là encore au niveau des autres pays européens.
05:19Parce que sinon, la France sera toujours plus attractive.
05:22Et c'est le contribuable français.
05:23À peu près la moitié, 500 millions, 600 millions ?
05:25Non, il y a en tout cas une belle marge d'économie, croyez-moi.
05:28Alors que dans le budget, si on ne change rien, il y aura une augmentation de plus de 8 %
05:32des crédits consacrés à l'aide médicale d'État.
05:35Vous allez aussi réécrire ce qu'on appelle la circulaire valse.
05:38Alors pour expliquer simplement, en gros, c'est le texte qui définit les conditions d'une régularisation
05:42pour quelqu'un qui est de façon irrégulière en France, on va le dire comme ça.
05:45Vous allez changer quoi dans cette circulaire exactement ?
05:48La loi, elle a changé, notamment pour la régularisation en matière de travail clandestin,
05:53de travail pour des gens qui sont en situation irrégulière.
05:56Si la loi change, elle est plus restrictive, la loi.
05:58Il faut donc l'adapter par la circulaire.
06:01Parce que le champ de la loi a été restreint, par exemple la circulaire valse,
06:04vous pouviez régulariser les préfets, toutes sortes de métiers.
06:07Aujourd'hui, on va s'en tenir à une liste des métiers qui sont dites en tension.
06:11On ne la connaît toujours pas cette liste, elle sera publiée quand ?
06:13Elle est en train d'être travaillée rapidement maintenant, rapidement.
06:16C'est un travail qu'on fait avec ma collègue du ministère du Travail.
06:19Et puis ensuite, les conditions d'octroi de la régularisation ont été durcies.
06:23Par exemple, on veut vraiment regarder la nature du travail.
06:26On veut aussi regarder l'insertion sociale, la compatibilité avec le respect des principes
06:30de la République pour voir la bonne insertion, la bonne intégration.
06:34Donc, si la loi change, il faut évidemment que la circulaire qui en sera issue puisse s'adapter.
06:40On a vu tout à l'heure dans le journal ce qui se passe du côté de l'Italie sur les demandeurs d'asile.
06:45L'Italie donne de l'argent à l'Albanie pour qu'elle mette des centres en Albanie.
06:50Et donc, les dossiers sont étudiés alors que les migrants sont en Albanie.
06:52Est-ce que c'est une solution dont vous dites que la France pourrait s'inspirer ?
06:55Est-ce qu'on pourrait faire la même chose ?
06:57Il y a un problème en France parce que le préambule de la Constitution de 1946,
07:01de la Quatrième République, ne permet pas.
07:02Les demandeurs notamment d'asile, les demandes d'asile doivent être étudiées sur le territoire français.
07:07En revanche, il y a un certain nombre de bonnes choses qui ont été faites
07:10dans le cadre de l'Union européenne, puisque l'Union européenne avec l'Égypte
07:15ont conclu avec la Tunisie des accords bilatéraux.
07:17Et c'est à la suite de ces accords que l'Italie est parvenue à réduire de 64%
07:22les flux de la migration irrégulière vers l'Italie.
07:26Et je pense qu'il faut qu'on s'en inspire.
07:28Vous savez, j'ai eu une expérience qui était pour moi très éclairante.
07:31Il y a quelques jours, j'étais en Conseil des ministres de l'Intérieur de l'Europe.
07:34C'est-à-dire qu'il y avait 26 collègues.
07:36On s'est tous exprimés.
07:37Je vous mets au défi à écouter les ministres de l'Intérieur
07:41de savoir s'ils provenaient d'un gouvernement de droite ou d'un gouvernement de gauche.
07:45En d'autres termes, l'Europe partage cette conviction que j'ai,
07:49qu'il faut absolument reprendre le contrôle sur les flux migratoires
07:52et notamment sur l'immigration irrégulière.
07:55Mais ça veut dire qu'en France, on ne peut pas « sous-traiter »
07:58le traitement de la demande d'asile par des pays tiers ?
08:00Non, mais on pourrait parfaitement, sur des pays tiers sûrs,
08:04sur des pays de transit, les lois européennes nous permettent,
08:07on pourrait pratiquer un certain nombre d'éloignements,
08:10quand bien même, par exemple, le pays d'origine refuserait d'accueillir son ressortissant.
08:15C'est des points qu'on est en train d'étudier.
08:17Quel pays serait prêt à accepter ça ?
08:18Vous avez déjà commencé à discuter avec eux ou pas ?
08:20Non, mais je pense qu'il y a un certain nombre de pays sur la plaque asiatique,
08:23sur la plaque africaine, sur lesquels il faut qu'on arrive aussi à discuter.
08:27Mais ma première discussion, c'est avec les pays d'origine.
08:30Alors, vous avez vu les premières réactions politiques à l'arrivée de cette loi.
08:34Il y a de nombreuses réactions critiques, notamment celle de Gabriel Attal,
08:37qui est censé être votre partenaire dans la coalition qui est actuellement au gouvernement.
08:41Il dit, on n'a pas besoin d'une nouvelle loi,
08:43commençons par appliquer celle qu'on a votée l'année dernière.
08:45Vous lui répondez quoi ?
08:46Tous les peuples d'Europe demandent à leurs gouvernants de reprendre le contrôle.
08:52Ensuite, moi, je ne propose rien de plus que ce qui a déjà été voté
08:54par la majorité d'ailleurs de Gabriel Attal, il y a encore une fois quelques mois.
08:58Si cette majorité, à l'époque la majorité présidentielle,
09:01a voté toutes ces dispositions qui ensuite ont été censurées par le Conseil concessionnel,
09:05c'est bien qu'elle considérait qu'elles étaient utiles, puisqu'ils les ont votées.
09:08À ce moment-là, c'était une manœuvre, vous vous souvenez très bien,
09:10ils avaient dit, oui, on va les voter en gros pour faire plaisir à Bruno Retailleau,
09:14mais on sait très bien que le Conseil concessionnel va les retoquer.
09:16C'était un peu ça l'idée ?
09:17Je doute, très franchement.
09:18Quand la loi a été votée, encore une fois, deux tiers, très très large majorité,
09:22je doute franchement qu'elle ait été votée pour me faire plaisir.
09:24Ce que je veux dire, c'est que vous savez que les Français sont très divisés sur beaucoup de sujets.
09:28Il y a un sujet sur lequel ils sont très rassemblés, autour des trois quarts, c'est énorme,
09:33c'est le sujet de la reprise du contrôle des flux migratoires,
09:37notamment pour l'immigration irrégulière.
09:38Et ça, c'est une demande des Français, ce n'est pas une demande de Bruno Retailleau.
09:42Moi, je ne suis rien, simplement j'essaie de mener une politique
09:45qui est une politique qui, en France, est très majoritaire.
09:47Est-ce que c'est une politique qui est partagée par le Rassemblement national ?
09:53D'ailleurs, Laure Lavallée, députée Rassemblement national, dit
09:55« Bruno Retailleau, ça pourrait être un porte-parole du RN ».
09:57Vous lui répondez quoi ?
09:58Écoutez, ça fait des années et des années que j'ai ces convictions-là et que je les mets en œuvre.
10:03Je n'ai pas attendu le Rassemblement national.
10:05Je ne me suis jamais situé vis-à-vis du Rassemblement national.
10:08Moi, ma boussole, ce sont les Français, les Français de droite comme de gauche.
10:11Aujourd'hui, une majorité y compris de Français de gauche
10:14souhaitent que le gouvernement applique une politique de fermeté vis-à-vis de l'immigration.
10:18Et vous savez, c'est d'abord les Français les plus modestes.
10:20Ceux qui n'ont pas les moyens de mettre leurs enfants dans les bonnes écoles.
10:24Ceux qui n'ont pas les moyens d'habiter les beaux quartiers
10:26et qui, justement, subissent les conséquences d'une immigration qui est totalement immatrisée.
10:32Les précisions de Bruno Retailleau sur la future loi immigration.
10:35Merci beaucoup, Monsieur le ministre, d'être venu ce matin les donner dans les QLV.

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