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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Laurent Nunez, préfet de Paris.

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Transcription
00:00Bonjour Laurent Nunez, merci d'être avec nous ce matin, 0-0 sur le terrain, on l'a dit.
00:04Qu'en est-il du bilan sécuritaire de ce match France-Israël qui était tant redouté ?
00:09On a pu voir des bagarres entre supporters dans les tribunes,
00:11on voyait ça dans le journal de 7h30.
00:13Est-ce que vous avez recensé d'autres incidents ?
00:16Le match s'est très bien déroulé d'un point de vue sécuritaire.
00:19Il n'y a pas eu d'incident, on avait un gros gros dispositif,
00:22à la fois autour du stade, dans la profondeur, dans les transports en commun, voilà.
00:25Ça s'est très bien passé.
00:27Qu'est-ce qui s'est passé alors dans les tribunes ?
00:28Il y a eu un incident effectivement, il y a eu une bagarre qui a éclaté,
00:31qui a tout de suite été contenue par les stadiers de la Fédération française de football.
00:35On sait ce qui s'est passé, qui avait commencé, il y a eu des interpellations ?
00:38Les stadiers, permettez-moi quand même de saluer le travail quand il est bien fait,
00:41donc les stadiers ont fait leur travail,
00:43et les forces de l'ordre évidemment se sont également positionnées,
00:46puisque vous savez hier c'était un match exceptionnel,
00:47les forces de l'ordre étaient positionnées dans le stade,
00:50et donc il y a eu deux interpellations, une immédiatement,
00:53puis une à l'issue du match, une fois qu'on a pu à la vidéo décortiquer ce qui s'était passé.
00:58Donc il y a deux personnes qui sont en garde à vue sur cet incident.
01:00Qui sont de quelle origine ?
01:02Je n'ai pas d'informations à donner là-dessus,
01:03ce que je peux vous dire c'est qu'il y a eu un début de bagarre,
01:06on a été extrêmement réactifs,
01:08ce qui fait que l'incident a été très vite contenu, et après il n'y en a plus eu.
01:11Un rassemblement dénonçant la tenue de ce match se tenait quelques heures plutôt à Saint-Denis,
01:17dans la ville de Saint-Denis, des manifestants voulaient aller vers le stade,
01:23ils en ont été dissuadés par votre impressionnant dispositif policier.
01:26Ça veut dire quoi ?
01:27Qu'il va falloir s'habituer à ces stades bonkérisés en quelque sorte,
01:31lorsqu'il y a ce genre d'événement ?
01:32Oui, effectivement, dans l'ordre.
01:34Il y a eu effectivement une manifestation de personnes qui s'opposaient à la tenue de ce match,
01:38qui avait été déclarée et à laquelle je ne me suis pas opposé,
01:40puisqu'avec les organisateurs on a trouvé un terrain d'entente sur le lieu de cette manifestation,
01:44qui a réuni 1400 personnes.
01:47Sans incident ?
01:48Il n'y a pas eu d'incident, il y a peut-être eu des propos qui ont été tenus,
01:51qui méritent que je m'y penche pour voir s'ils tombent sous le coup de la loi pénale.
01:55Évidemment, comme d'habitude.
01:56Et ensuite, 50 à 100 personnes ont essayé de rejoindre le Stade de France,
01:59évidemment, elles en ont été empêchées.
02:01Après, est-ce qu'il faut s'habituer à ce genre de contexte pour des matchs de football ?
02:05Évidemment non.
02:05Vous voyez bien que ce match de football-là,
02:07il avait présenté une tonalité particulière compte tenu du contexte géopolitique
02:13et compte tenu des appels au boycott qui avaient eu lieu.
02:15La France peut à nouveau rencontrer l'équipe israélienne dans une autre discipline.
02:19Est-ce qu'il faut à chaque fois prévoir ?
02:21Il y avait 4000 policiers et gendarmes hier, un dispositif de cette nature,
02:26dans le stade et autour.
02:27Chaque fois qu'il y a des risques, chaque fois qu'il y a des tensions,
02:29chaque fois qu'il y a des risques de troubles à l'ordre public,
02:31moi, le ministre de l'Intérieur me demande et il me demandera de constituer,
02:34de mettre en place des dispositifs pour assurer la sécurité des personnes et des biens.
02:38C'est ce qui a été fait hier et j'en remercie et en félicite
02:41l'ensemble des policiers, gendarmes et des militaires du dispositif centennel qui ont été engagés.
02:45Vous êtes satisfait ?
02:46Ça fait longtemps que vous dirigez des forces de police,
02:49que vous sécurisez des stades lors d'événements comparables à celui d'hier.
02:53N'étiez-vous pas un peu triste quand même de voir ce stade au quart rempli,
02:57avec évidemment très peu de ferveur, aucune ambiance ?
02:59Non, non, je n'étais pas triste.
03:00Je veux vous dire franchement, on est content.
03:02On a réussi à montrer qu'on était capable de faire un match,
03:05comme l'a souhaité le ministre de l'Intérieur au Stade de France,
03:07qui est le lieu habituel où évolue l'équipe de France.
03:10Donc on n'est pas triste, on était content.
03:11Même si les spectateurs ne sont pas venus, qui n'ont pas entendu votre…
03:14Les spectateurs ne sont pas venus.
03:15Vous savez, la commercialisation des billets a été mise en vente très tard.
03:19Ce n'est pas la seule raison, vous le savez, on l'entendait dans le reportage.
03:22Beaucoup d'appels au boycott.
03:23Mon papa disait…
03:23Il y a un certain nombre d'autorités qui ont pu considérer
03:26qu'elles n'invitaient pas leurs citoyens à se rendre à ce match.
03:28Je pense qu'on a démontré hier que les conditions de sécurité étaient complètement réunies.
03:32Les autorités, on voyait Bruno Retailleau à l'instant,
03:34il y avait le président de la République, ses deux prédécesseurs, le Premier ministre.
03:38Elles étaient contentes, elles aussi, ces autorités,
03:40ou il y avait quand même une petite pointe de déception de voir ce stade
03:43qu'on revoit encore pratiquement vide ?
03:45Le Premier ministre, le gouvernement, le ministre de l'Intérieur
03:48et le président de la République ont souhaité que ce match se tienne au Stade de France.
03:50Ça a été le cas.
03:51Évidemment qu'elles étaient contentes, évidemment.
03:54Voilà, on a fait ce match dans des conditions normales.
03:57Il y avait moins de monde, certes.
03:58Il y avait un dispositif policier exceptionnel, certes.
04:00Mais le match a eu lieu, il s'est tenu.
04:02Vous savez, il y avait aussi des familières dans les tribunes, voilà.
04:05Il s'est tenu, contrairement à d'autres pays qui ont parfois annulé le match ?
04:08Absolument, la France ne renonce jamais.
04:11Autre sujet, deux hommes ont été tués hier soir à Marseille
04:15dans le cadre de ce qui est probablement un nouveau règlement de compte
04:18dans le domaine du narcotrafic.
04:20Il y a quelques jours, à Marseille, deux ministres,
04:23celui de l'Intérieur et de la Justice, sont venus annoncer des mesures.
04:27Visiblement, la création d'un parquet spécialisé, le statut du repenti,
04:33ça semble presque, vu de l'extérieur, une goutte d'eau
04:36par rapport à l'ampleur du phénomène qui ne cesse de s'accroître.
04:38Non, alors, pas du tout.
04:40D'abord, l'activité des services de police et de gendarmerie
04:43pour le reste du territoire national en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants,
04:47elle produit des résultats exceptionnels, il faut le rappeler.
04:49Les saisies augmentent en permanence,
04:53les points de deal diminuent au fur et à mesure de notre action.
04:56Force est de constater, vous avez raison de le rappeler,
05:00qu'autour du trafic de stupes, on voit se développer une délinquance
05:03qui touche des personnes de plus en plus jeunes, qui est de plus en plus violente
05:07et que malgré les coûts portés au trafic, celui-ci perdure.
05:11Celui-ci perdure et le ministre de l'Intérieur a donc annoncé
05:16le lancement d'une nouvelle politique qui consiste à mieux réarmer,
05:20sans doute budgétairement évidemment, mais surtout juridiquement,
05:24les forces de police qui luttent contre le trafic de stupes,
05:27d'où évidemment la création d'un parquet national de lutte contre la criminalité organisée.
05:32Puisqu'autour du trafic de drogue, il y a bien d'autres formes de délinquance
05:36liées au trafic, des séquestrations, des cambriolages,
05:39des vols de violence pour payer des dettes et autres.
05:41Et donc l'idée, c'est encore de faire plus et de nous renforcer.
05:44Les effets à moyen terme, mais à court terme par exemple.
05:47Ah non, ça sera à très court terme.
05:48À très court terme, on aura des résultats.
05:52Certains élus, je pense par exemple au député de Poissy, Karl Olive,
05:55lui il suggère, mais il n'est pas le seul, d'envoyer des militaires,
05:59l'armée pour débusquer les caches d'armes, pour faire la guerre à ces trafiquants
06:04qui utilisent eux-mêmes parfois des méthodes de guerre.
06:07Qu'en pensez-vous ?
06:07Non, les missions de l'armée, le ministre de l'Intérieur l'a rappelé récemment,
06:13la mission de l'armée, c'est d'abord de protéger nos concitoyens,
06:15ça n'est pas d'intervenir et de mener des missions de sécurité et d'ordre public.
06:18Ça n'est pas leur mission, ils ne sont pas formés pour ça,
06:21ils font un travail remarquable en sécurisation dans le cas du dispositif Sentinelle,
06:25mais ça n'est pas leur mission.
06:27Les mesures qui ont été annoncées par le ministre de l'Intérieur,
06:30notamment celles qui vont renforcer les moyens juridiques des policiers,
06:33leur permettre d'avoir des enquêtes patrimoniales,
06:36élargir les possibilités dans lesquelles elles vont pouvoir réaliser
06:39des enquêtes patrimoniales, saisir des avoirs,
06:41mieux utiliser des techniques spéciales d'enquête,
06:44les micros, les sonorisations, les écoutes,
06:46vont évidemment, ce sont d'abord des mesures attendues dans la police nationale
06:49et vont nous permettre d'augmenter notre capacité à lutter contre le trafic.
06:53Dans la lutte contre les violences,
06:55et beaucoup d'entre elles sont liées au trafic de drogue,
06:57est-ce que vous aimeriez que les polices municipales, qui sont nombreuses,
07:00qui vous épaulent parfois dans certaines missions, soient armées ?
07:04Je pense à celle de Paris en particulier, le maire de Bordeaux, qui est un écologiste,
07:07vient de décider d'armer une partie de sa police municipale.
07:11D'abord, les polices municipales, dans le continuum de sécurité,
07:15elles jouent un rôle important.
07:16Chacun dans son domaine de compétence,
07:18il y a une vraie complémentarité avec la police nationale.
07:21Après, pour l'armement de la police municipale,
07:23vous savez, il y a un principe dans notre pays,
07:25qui est fixé à l'article 72 de la Constitution française,
07:27c'est la libre administration des collectivités locales.
07:30Donc chaque collectivité...
07:31Qu'est-ce que ça vous aiderait, je pense à Paris en particulier,
07:33où elle n'est pas armée ?
07:34Mon sentiment personnel, à titre personnel,
07:37je considère que les polices municipales devraient être armées,
07:40d'abord parce que ça leur donne un caractère beaucoup plus dissuasif.
07:45Et puis surtout, il faut penser aussi à la protection de ces agents,
07:48qui, bien souvent, sont devenus des cibles.
07:51Eh bien, je vous remercie.
07:52Monsieur le préfet de police de Paris, Laurent Nunez.