Impôts : "Il n'y aura aucune augmentation pour les classes moyennes", assure la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon

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Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, était l'invitée de franceinfo soir le 3 octobre 2024.

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Transcription
00:00France Info soir, l'invité, Agathe Lambret.
00:05Bonsoir Maude Bréjon.
00:06Bonsoir Agathe Lambret.
00:07Vous êtes la nouvelle porte-parole du gouvernement,
00:09ça ne doit pas être évident d'être la porte-parole d'un gouvernement
00:12et donc d'un Premier ministre qui met en cause votre bilan, une dette colossale,
00:17ce sont ses mots, et un Premier ministre qui fait l'inverse de tout ce que vous avez prôné
00:21pendant ces temps, c'est-à-dire qu'il augmente les impôts.
00:24Vous savez les Français n'ont pas élu une assemblée nationale homogène,
00:28ils n'ont pas fait le choix de la pensée unique, ils nous demandent de nous rassembler.
00:32C'est ce que nous faisons autour de Michel Barnier,
00:35le Premier ministre a salué une partie de l'action des différents gouvernements depuis sept ans
00:40sur la question du chômage, sur la question de l'attractivité économique,
00:43et puis on admet avec lui que sur certains sujets il y a besoin d'avancer encore davantage,
00:49on en parlera, sur la question du budget il faut un budget de redressement,
00:53sur le régalien les Français attendent de nous de la fermeté en matière de sécurité et d'immigration clandestine.
00:59Lors de sa déclaration de politique générale il mettait encore en cause Gabriel Attal
01:02sur le déficit qu'il avait trouvé en arrivant en jeu.
01:05Je pense que notre intérêt collectif c'est de faire avancer le pays.
01:08On a le choix, l'immobilisme ou l'instabilité institutionnelle qui serait encore plus grave,
01:13et de l'autre côté arriver à s'entendre, à mettre de l'eau dans son vin,
01:17à trouver des compromis, à bâtir des chemins de compromis,
01:20et je pense au fond que c'est ce qu'attendent de nous les gens, c'est ce qu'attendent de nous les gens.
01:25Et donc ça veut dire Maude Bréjean que d'un coup vous êtes convertie à la hausse d'impôts ?
01:28Non, ça veut dire qu'on sort de plusieurs années de crise,
01:32années durant lesquelles on a protégé les Français et les entreprises,
01:36et je pense qu'il ne faut pas renier là d'où l'on vient,
01:39et on peut être fier d'avoir protégé les Français, les ménages, je pense notamment aux classes moyennes,
01:45et on arrive aujourd'hui à un moment où les crises sont derrière nous,
01:48et donc il faut redresser la barre.
01:50C'est mathématique si je puis me permettre.
01:53On propose un budget de redressement, Michel Barnier a fait des propositions.
01:57Justement on va parler de ces propositions, un exemple de cette potion amère concoctée par Michel Barnier,
02:04les retraités verront leur passion revalorisée avec six mois de retard,
02:09en juillet au lieu du mois de janvier.
02:12Pourtant Michel Barnier s'était engagé à ce que les hausses ne touchent que les plus riches
02:16et pas les classes moyennes.
02:18Les retraités, ce sont tous des privilégiés pour vous.
02:20Il n'y a pas de classe moyenne, il n'y a pas de petite retraite.
02:22Il ne faut surtout pas rentrer dans ce type de caricature.
02:25On a besoin de faire 60 milliards d'euros d'économie.
02:2940 milliards, même un peu plus, plus des deux tiers seront faits sur des réductions de dépenses.
02:35Donc le premier levier c'est la réduction des dépenses,
02:37et c'est ce qu'on fera, c'est ce que proposera Laurence Amartin.
02:40On ne désindexe pas les retraites, c'est extrêmement important.
02:45Vous décalez l'indexation.
02:47On décale l'indexation des retraites après, rappelons-le quand même,
02:50les avoir augmentées en début d'année de 5,3%.
02:54C'est plus que la hausse moyenne des salaires des actifs.
02:57Donc pour vous, un retraité qui gagne 1 200 euros par mois aujourd'hui
03:00et qui va perdre 20 euros par mois pendant six mois, ça n'est pas un problème ?
03:03Et c'est plus que l'inflation.
03:04Sur ce point, répondez vraiment, parce que c'est intéressant.
03:06Ça ne vous dérange pas qu'un retraité qui a 1 200 euros par mois
03:11perde pendant six mois une vingtaine d'euros ?
03:13On maintient l'indexation des retraites.
03:15Il n'y aura pas de différence, c'est ça que je veux dire,
03:17parce que vous auriez pu différencier les retraités les plus riches, les plus pauvres.
03:20On aura le débat dans le cadre du projet de loi de finances.
03:23Vous savez, moi j'ai conscience d'être porte-parole d'un budget
03:28qui va être un budget difficile.
03:30On parle peu des dépenses, mais 40 milliards d'économies sur les dépenses,
03:35c'est colossal et il va falloir qu'on arrive à le porter politiquement, c'est difficile.
03:39Et on demande des contributions, on demandera des contributions.
03:42Aux Français les plus aisés et aux entreprises qui font le plus de profits.
03:47Je pense que c'est un budget de responsabilité.
03:50Au fond, la question c'est, est-ce qu'on choisit la responsabilité budgétaire ou pas ?
03:57Moi je pense que oui, parce que derrière, les conséquences pour l'économie française,
04:03pour nos enfants, seront dramatiques.
04:05Je ne veux pas que la France devienne la Grèce de 2010.
04:08Et est-ce que vous êtes pour cibler cette mesure sur les retraites ?
04:11Est-ce que vous êtes pour cibler cette mesure sur les petites retraites ?
04:14On ne peut pas épargner les petites retraites.
04:16Aujourd'hui ce qu'on propose, c'est un décalage de 6 mois de l'indexation des retraites,
04:21mais en maintenant cette indexation pour l'année prochaine,
04:24comme on l'a réalisé cette année.
04:26Je le redis, les retraites ont augmenté de plus de 5% en début d'année,
04:29avec une inflation à 2%.
04:31Oui, on a entendu, mais...
04:33Pardonnez-moi, c'est important.
04:35On sait qu'on est dans un contexte budgétaire très difficile.
04:38On fait le choix de conserver cette indexation, parce que vous avez raison,
04:42il y a des retraités qui sont extrêmement modestes,
04:45moi j'en connais dans ma circonscription.
04:47Vous ne répondez pas à ma question, est-ce que vous êtes pour le fait de cibler ?
04:50Pardon ?
04:51Est-ce que vous êtes pour le fait de cibler ?
04:52On aura ce débat, et je vous renvoie à la présentation du projet de loi de finances.
04:55Vous savez, la méthode Barnier, c'est une méthode qui ouvre des portes,
04:59ce n'est pas une méthode qui les ferme.
05:01La méthode Barnier, c'est le fait d'assumer,
05:03de ne pas arriver avec un dossier qui serait ficelé, figé,
05:08sur lequel on ne pourrait pas discuter.
05:10On a conscience qu'il y a des avis qui divergent,
05:13et on l'entend sur vos chaînes, on le voit à la télé,
05:17les Français le comprennent bien.
05:19Mais on a cette responsabilité d'avancer.
05:216% de déficit cette année, 7% l'année prochaine si on ne fait rien.
05:25Ce n'est pas acceptable.
05:26Les 60 milliards, c'est énorme.
05:27Notre Bréjon, certains disent que vous n'y arriverez pas.
05:29Est-ce que c'est une mise de départ pour ensuite négocier,
05:32ou c'est vraiment, vous dites, 60 milliards en 2025,
05:35c'est l'argent qu'on va trouver ?
05:36C'est l'argent qu'il faut trouver, si on veut arriver à un budget l'année prochaine
05:40qui contienne le déficit à 5%, ce qui est déjà beaucoup.
05:44Il faut que chacun comprenne que 6% de déficit,
05:46ce qui est environ ce qu'on va faire cette année,
05:48ça nous place comme le plus mauvais élève de l'Union Européenne après l'Italie.
05:54Depuis 10 jours, on emprunte à 5 ans à un taux plus élevé que la Grèce.
05:58On ne peut pas laisser le pays filer dans le mur.
06:01On a besoin de faire des économies.
06:03Après des années de dépenses exceptionnelles,
06:06qui étaient justifiées parce qu'on avait besoin d'aider les Français
06:09durant la crise du Covid, face à l'inflation, face à la crise de l'énergie,
06:13le bouclier tarifaire, c'était nécessaire pour les ménages et pour les entreprises.
06:17Mais aujourd'hui...
06:18Il y a aussi 20 milliards de hausses d'impôts.
06:19Laurent Wauquiez ne propose que des économies.
06:21Il ne propose pas 20 milliards de hausses d'impôts.
06:23Il y a un plan avec 50 milliards d'économies.
06:25Moi, je vais vous dire, Agathe Landry,
06:26si les parlementaires, si les groupes parlementaires, tous confondus,
06:29ont des idées pour faire mieux de façon plus efficace
06:32et en économisant cette somme,
06:35mais proposer, Michel Barnier est très ouvert.
06:39Je voudrais qu'on écoute, parce qu'en attendant,
06:41il y a aussi des gens que ça mécontente,
06:43au sein même de cette fragile coalition.
06:46Je voudrais qu'on écoute Gérald Darmanin, que vous connaissez bien.
06:49Je ne voterai pas d'augmentation d'impôts.
06:50C'est une mauvaise direction.
06:51C'est la direction François Hollande.
06:52Je préférerais la direction Emmanuel Macron.
06:54Moi, je n'ai rien contre le fait qu'on augmente,
06:57qu'on corrige des comportements égoïstes des capitalistes.
07:01La correction fiscale, j'ai toujours été favorable à ça.
07:04Je suis pour l'emploi.
07:05Mais la création d'impôts supplémentaires,
07:07c'est le chômage de demain.
07:09Voilà, Gérald Darmanin, ex-ministre de l'Intérieur,
07:11que vous connaissez bien.
07:12Il dit qu'il ne votera pas le budget tel quel,
07:14avec ses hausses d'impôts.
07:15Quand on ne vote pas le budget, Maude Bréjean,
07:17on est dans l'opposition, non ?
07:18Alors, d'abord, il y aura des débats en commission
07:21à l'Assemblée nationale, puis au Sénat.
07:23Donc, on a encore quelques semaines à voir venir.
07:25Moi, ce que je veux dire aux gens qui nous écoutent,
07:27c'est qu'il n'y aura aucune augmentation
07:28pour les classes moyennes.
07:29Qu'a dit Laurent Saint-Martin ?
07:31Il a dit augmentation.
07:32Sauf pour les retraités de classe moyenne
07:33et le malgré.
07:34Laissez-moi terminer.
07:35Laurent Saint-Martin a précisé quelque chose
07:37de très important ce matin.
07:38En ce qui concerne les particuliers,
07:41les hausses d'impôts concerneront les Français
07:44qui, pour un couple, par exemple,
07:46gagnent plus de 500 000 euros nets par an.
07:51J'invite chacun à regarder autour de lui.
07:54Des Français qui gagnent plus de 500 000 euros nets par an,
07:58a priori, ce n'est pas la classe moyenne.
08:00C'est 0,3% des gens.
08:02On parle vraiment des plus fortunés des plus fortunés.
08:05Mais avec ça, vous êtes sûr d'aller chercher
08:06suffisamment d'argent ?
08:07Parce que l'assiette est très sèche, quand même.
08:08Ça fait partie des propositions qui sont faites.
08:11Ah non, c'est pour aller plus loin ?
08:13Non, pour les ménages.
08:15Pour les ménages, c'est cette assiette-là qu'on vise.
08:19Je pense que ça porte un nom.
08:21Ça s'appelle la justice sociale.
08:23Le fait d'avoir les plus aisés, les plus fortunés
08:26qui, dans le moment où l'on a besoin
08:29d'une solidarité nationale face à la situation,
08:32contribuent davantage.
08:34Mais il y a le malus écologique qui concernera les travailleurs
08:36et les classes moyennes.
08:37Pointe-Clute-Châtel, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy.
08:39Le malus écologique, le durcissement du malus
08:42qui est renforcé sur les voitures thermiques,
08:44lui, il concernera tout le monde.
08:45Ce n'a pas été confirmé par Laurence Amartin.
08:48Encore une fois, je vous renvoie à la présentation du budget.
08:51Mais ce que je veux dire, c'est que
08:54Michel Barnier fera tout ce qui est en son pouvoir
08:57pour protéger les Français les plus modestes
09:00et les classes moyennes.
09:02Et proposer un budget de redressement
09:04qui permette de contenir le déficit français.
09:08A long terme, c'est protéger le pays.
09:11Sur la majorité, vous ne m'avez pas répondu.
09:13Gérald Darmanin, il est dans la majorité ou dans l'opposition ?
09:15Il faut lui demander.
09:16Mais il est dans un groupe qui aujourd'hui s'inscrit dans la majorité.
09:20On n'a pas l'impression qu'il a envie que le Premier ministre réussisse.
09:23Si Gérald Darmanin a un sens de l'État,
09:26je le connais bien, c'est un ami.
09:28Il y a besoin de dialogue, il y a besoin de discussion.
09:31Vous pensez qu'il y a des postures en ce moment ?
09:34Je pense qu'il y a des femmes et des hommes
09:36qui viennent de familles politiques différentes
09:38qui se sont parfois affrontées ces dernières années.
09:41Ça a été notre cas avec le Premier ministre.
09:43Mais on n'a pas gagné les élections.
09:45Jusqu'à preuve du contraire.
09:47Et donc, il faut qu'on arrive à composer ensemble
09:52le socle le plus large possible
09:54et à faire chacun un pas vers l'autre.
09:56Ça vaut pour Gérald Darmanin,
09:58ça vaut pour Laurent Wauquiez,
10:00ça vaut pour nous au sein du gouvernement.
10:02Il faut qu'on écoute les parlementaires
10:04et qu'on adapte également nos propositions.
10:07Mais si on n'y arrive pas, qu'est-ce qui se passe ?
10:10C'est une vraie question.
10:12Il y a des départs du groupe macroniste en ce moment.
10:14Il y en a un de plus avec Stella Dupont.
10:16Vous pensez que ça peut durer,
10:18que ça peut tenir longtemps, cette alliance ?
10:20L'intérêt du pays, c'est que Michel Barnier réussisse.
10:23L'intérêt du pays et l'intérêt des Français,
10:25c'est que Michel Barnier réussisse.
10:27Parce que si tout ça ne fonctionne pas,
10:29ce qui compte, ce n'est pas nos postes de ministre.
10:32Ce qui compte, c'est le pays.
10:34Et il se passe quoi le jour d'après ?
10:36Avec un déficit à plus de 7% l'année prochaine
10:39et une crise institutionnelle.
10:41Je ne suis pas sûre que nos électeurs souhaitent ça.
10:43Je pense que nos électeurs,
10:46ils souhaitent qu'on puisse mettre de l'ordre dans les comptes
10:49et continuer à avancer sur la consolidation des services publics.
10:53Une dernière question.
10:55Les ports et aéroports de plusieurs villes de Corse,
10:58dont Bastia, Calvi et Ajaccio,
11:00sont paralysés cet après-midi
11:02par un mouvement des salariés des chambres de commerce
11:05et d'industrie de Lille.
11:07Il se trouve que le préfet de Corse
11:09a mis en doute la pérennité du système actuel.
11:14Les ports et les aéroports sont gérés
11:16par les chambres de commerce et d'industrie de Lille.
11:19Que fait le gouvernement ?
11:21Le ministre des Transports, François Durouvray,
11:23agit en ce moment même en lien avec le préfet
11:26pour rétablir le dialogue,
11:28le dialogue politique et le dialogue social.
11:30Il n'est dans l'intérêt de personne
11:32que la Corse soit bloquée.
11:34Nous aspirons à ce que ce dialogue puisse reprendre
11:37pour éviter les blocages de ces infrastructures
11:40qui sont stratégiques, encore une fois,
11:42pour les Corses qui en ont besoin.
11:44Quand est-ce que ce sera débloqué, la situation ?
11:46Tout est mis pour reprendre le dialogue.
11:48Merci Maude Bréjon, porte-parole du gouvernement,
11:50d'avoir répondu aux questions de France Info.

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