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Avec Jérôme Guedj, député de l'Essonne et porte-parole du PS

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-11-29##

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News
Transcription
00:00— SUDRADIO, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin.
00:07— Avec nous, Jérôme Gage, qui est député socialiste de l'Essonne et porte-parole du PS. Jérôme Gage, bonjour.
00:12— Bonjour, Jean-Jacques Bourdin. — Pas d'abrogation de la réforme des retraites hier, pas de vote à l'Assemblée nationale. Pourquoi ?
00:21— Le spectacle était navrant dans l'hémicycle hier. Vous savez, il y a une tradition qui est que les niches parlementaires
00:27permettent un jour par an à chacun des groupes de pouvoir débattre d'un sujet qui tienne à cœur. Pour nous, les socialistes,
00:34c'est le 12 décembre prochain. Donc on a 5 ou 6 textes qui nous tiennent vraiment à cœur. — Quel sera votre texte majeur, d'ailleurs ?
00:40— Vous savez, on a pris des sujets de la vie quotidienne. Vous avez reçu il y a quelques jours ici mon collègue Philippe Brun,
00:47par exemple, qui porte une proposition de loi sur quelque chose qui pourrit la vie des habitants dans les quartiers notamment,
00:52qui sont les pannes d'ascenseurs. Donc c'est un texte pour contraindre les ascensoristes à répondre plus rapidement à quelque chose.
00:59Vous savez, c'est des sujets qui sont pas en haut de la pile des préoccupations dans le débat politique. Mais moi, dans ma permanence à Massy,
01:06on vient quand il y a une panne d'ascenseurs. Donc on a comme ça des sujets sur la vie chère, notamment en Martinique, en Guadeloupe
01:11et dans les départements et territoires ultramarins. Donc on a pris des sujets du quotidien très concrets pour nos concitoyens.
01:17— Bon, hier, c'était la niche parlementaire d'LFQ. — LFQ avait le choix d'un texte sur l'abrogation de la réforme des retraites. Moi, j'ai pas de problème
01:23avec l'idée de revenir de 64 ans à 62 ans. J'ai été élu sur ce programme-là. Et j'avais fait campagne en 2024 notamment pour l'abrogation
01:33dans le prolongement du mouvement social important sur ce sujet-là. Le problème qu'on a eu hier est d'abord un problème de forme.
01:38Pour la première fois, une sorte de tradition non dite mais qui s'est toujours pratiquée était de respecter la niche parlementaire
01:45des autres groupes. Et là, on a le socle commun qui a décidé de pourrir cette niche en déposant des centaines d'amendements,
01:52ce qui fait que le texte n'a pas pu être examiné. C'est un précédent qui est fâcheux, parce que ça veut dire que demain, on peut jouer
01:58comme ça à bloquer totalement une niche parlementaire. Et donc on n'a pas eu de débat sur le fond.
02:06— Il y a eu des incidents. Il y a eu cet accrochage entre un député modem et un... Bon. Mais il y a eu quelque chose qui me...
02:14Vous allez me dire quel est votre sentiment. Des listes, des noms et des visages de députés rendus publics, députés qui ont déposé
02:24des amendements contre le texte abrogeant la réforme des retraites à 64 ans. C'est la volonté de l'EFI. N'est-ce pas indécent ?
02:33Non, mais indécent, c'est de la dénonciation, non ? Jérôme Gage. — Alors on va utiliser les bons mots. Chaque vote est public
02:41à l'Assemblée nationale. Donc n'importe qui peut aller regarder sur le site de l'Assemblée nationale qui a voté ou qui a déposé
02:48tel ou tel amendement. Après, il y a d'ailleurs dans la Constitution un principe qui est il n'y a pas de mandat impératif.
02:55C'est-à-dire qu'on peut pas obliger un député à voter telle ou telle chose. Chacun vote en conviction. Donc moi, mon rapport
03:01au débat politique consiste à ne pas le conflictualiser en permanence. Voilà. Donc une fois qu'on a dit tel ou tel a fait de l'obstruction,
03:08etc., je suis pas dans la surenchère. Donc les méthodes des listes, des affichettes avec les noms, etc., c'est pas ma méthode.
03:15Mais je ne dis pas pour autant que c'est indigne, parce que quand on vote, on assume son vote. Quand on dépose un amendement,
03:23on assume. Et la transparence aujourd'hui des votes, eh bien, elle passe aussi par le fait d'informer sur qui a voté, qui n'a pas voté.
03:32Par contre, la ligne, c'est que dans cette période de brutalisation, de conflictualisation, quand ces listes sont publiées sur les réseaux sociaux,
03:39dans un souci de transparence, en disant « Interpelez votre député pour lui demander pourquoi il empêche ça », il y a des gens qui interpellent
03:47de manière courtoise. Et le problème, c'est qu'il y a des gens qui interpellent de manière dégueulasse. Voilà. En envoyant des messages,
03:51en passant des coups de fil, etc. Et là, c'est la limite avec du harcèlement, de la pression. Et ça, c'est pas acceptable, parce que moi,
03:58je suis pour une conception de la politique qui est la dispute apaisée, pas la libération des mauvais instincts.
04:04— Bien. Budget de la Sécurité sociale, qui va arriver à l'Assemblée nationale lundi. Et nous verrons bien ce qui va se passer d'ici lundi.
04:13Il y a – je dirais, j'empoierai le mot – négociation entre Marine Le Pen et Michel Barnier. C'est-à-dire que Marine Le Pen dresse
04:21des lignes rouges. Finalement, ultimatum à Michel Barnier pour éviter que l'Assemblée nationale ne vote la censure.
04:30Est-ce que Michel Barnier est en train de se déshonorer à vos yeux ? — Incontestablement, oui, sur la forme et sur le fond.
04:37Je vais vous dire pourquoi. Sur la forme, il y a quelque chose de bizarre. Moi, il s'avère que j'étais responsable du texte sur le budget
04:42de la Sécurité sociale pour le groupe socialiste. Donc j'ai passé des heures et des heures à préparer ce texte.
04:47— Et vous étiez à la CMP. — Et j'étais à la commission mixte paritaire toute l'après-midi de mercredi
04:53jusqu'à dans le milieu de soirée. Et quand je suis arrivé dans cette CMP, j'ai dit que c'était la dernière chance pour qu'on puisse avoir
05:00un budget de la Sécurité sociale qui soit si non satisfaisant mais du moins acceptable. Et donc j'ai démarré.
05:08Je suis le premier à être intervenu en disant « Voilà les propositions de compromis que nous faisons ». Et en disant une chose.
05:15Et vraiment, entendez ça. Nous sommes prêts à ne pas voter contre ce budget de la Sécurité sociale. Et par conséquent,
05:21vous épargnez et nous épargnez un 49-3 et donc une motion de censure et donc une crise institutionnelle. Et donc acceptez le compromis.
05:29Par rapport à ce qu'on avait dit dans le débat à l'Assemblée, on a reconsidéré les demandes que nous posions.
05:36Je vais vous donner très concrètement les demandes parce que ça parle du quotidien de nos concitoyens. Il n'y a pas assez de moyens pour l'hôpital
05:42et pour les EHPAD. Il est à l'os. Il est en grande difficulté. 85% des EHPAD sont en difficulté. Il n'y a pas assez de personnel.
05:48On demandait 3 milliards d'euros pour renforcer le budget des hôpitaux. On demandait à ce qu'il n'y ait pas le gel des pensions de retraite
05:56pour tous les retraités. On demandait qu'il n'y ait pas de déremboursement des consultations médicales et des médicaments.
06:03Et on demandait qu'il soit supprimé ce que le Sénat avait introduit, les 7 heures de travail.
06:08— Mais vous avez été pratiquement entendu sur les 7 heures de travail. Vous avez été entendu ?
06:11— Sur les 7 heures, c'est la seule mesure qui a été entendue. Voilà. Elle a été supprimée. Sur les 4 autres mesures que je demandais,
06:19que je viens de vous mentionner, ça n'a pas été entendu. Et parce qu'en face, on disait... Vous savez, ça, ça ne coûte que 8 milliards d'euros,
06:26ce qu'on propose, c'est-à-dire 1,2% du budget de la Sécurité sociale. Dit autrement, ça veut dire qu'on était d'accord...
06:32On était prêts à être d'accord à 98,8%. Et ils ont refusé parce qu'ils nous disaient que non, parce qu'en face, il faut créer des recettes.
06:38Et hors de question de créer des recettes. — Donc est-ce qu'aujourd'hui, est-ce que vous voterez en l'état actuel ?
06:44— Le budget de la Sécurité sociale ou le Parti socialiste ? — Évidemment pas, parce qu'il n'y a pas ces mesures. Et donc j'ai terminé la CMP en disant...
06:49— Vous ne voterez pas ? — En disant que si le budget reste en l'état – et il n'y a pas de raison qu'il change, c'est vraiment coup de jarnac
06:56à nouveau dans le week-end –, on peut pas le voter. Et donc on va vers la motion de censure. Mais j'ajoute une chose.
07:03C'est que le représentant du RN, qui était présent, qui est intervenu après moi, il a dit... Nous aussi, on a un certain nombre – il a utilisé le terme
07:11que moi, j'utilisais pas – de ligne rouge. Et il a dit que dans ce budget, il y a toujours le gel des retraites pour tous les retraités.
07:20Il y a toujours la baisse des remboursements des consultations médicales. Il n'y a pas assez de moyens pour l'hôpital.
07:24— À l'annulation des remboursements comme vous, d'ailleurs. — Exactement. Et donc il a dit que puisqu'on n'a pas obtenu ça, eh bien on sera contre.
07:33Donc ils ont voté contre les conclusions de la CMP. Et il a dit qu'on sera contre dans l'hémicycle. Donc ça veut dire que soit d'ici à lundi,
07:40Michel Barnier leur cède à nouveau. Mais dans ce cas-là, pourquoi il l'a pas fait dans le cadre d'une discussion globale ? Pourquoi est-ce qu'on n'a pas
07:47été capables avec l'ensemble des parlementaires d'avancer ces mesures ? — Soyons concis, Jérôme Gage. Aujourd'hui, Michel Barnier a cédé à ME pour les sans-papiers.
07:56Il a cédé à Marine Le Pen. Il veut sensiblement diminuer les soins pris en charge dans le cadre de la ME. Baisse de 14% des tarifs d'électricité,
08:06c'est-à-dire qu'en fait, la hausse de la fiscalité sera moins forte que prévue. — Il y aura une hausse de la fiscalité, mais elle sera moins forte
08:15que prévue. — C'est le rendement envisagé. — Ça permettra une baisse de 14% des tarifs. C'est ce que voulait Marine Le Pen aussi.
08:19— C'était... Enfin pardon, mais c'était ce que nous avions tous demandé dans les débats à l'Assemblée nationale avec une série de propositions
08:25et avec des recettes en face. Parce que ce qui est intéressant, Marine Le Pen, elle demande des baisses, mais elle ne demande pas comment compenser
08:31ces baisses-là. — Mais Jérôme Gage, tout ça, ce sont des avancées, à part la ME. Mais la ME, c'est pas... — Non, ça, on le demandait pas.
08:39— La ME, c'est indigne de le demander et d'y céder. — Pourquoi est-ce que vous êtes prêts à voter contre lundi ? Vous voterez contre lundi.
08:47— Mais pour la simple raison, c'est qu'il n'y a pas eu de bouger significatif sur le budget de la Sécurité sociale, qui est quand même
08:54le budget le plus important que le budget de l'État et qui va se traduire par faire payer aux assurés sociaux et aux retraités
09:02la mauvaise gestion qu'est celle du gouvernement. — Ça veut dire, Jérôme Gage, que vous voterez la censure.
09:06— Ça veut dire que la suite logique, quand on n'a pas fait le compromis... Et moi, je le redis. Je pouvais pas faire mieux que les yeux dans les yeux
09:14dire à mes collègues parlementaires « Nous sommes prêts à nous abstenir sur le budget si vous acceptez de bouger ».
09:20Et je vais vous dire une chose, le vrai drame dans cette histoire, c'est que Michel Barnier, quand il est arrivé Premier ministre,
09:26il a dit « Je n'ai que 15 jours pour préparer ce budget. Mon budget est perfectible et je souhaite qu'on puisse l'améliorer ».
09:33Eh bien je vous le redis solennellement. Moi, comme responsable du budget de la Sécurité sociale pour le groupe socialiste,
09:38je n'ai eu aucun contact avec ni Matignon ni aucun des ministres en charge de ce secteur. Aucun ne m'a dit qu'est-ce qu'on peut faire
09:47pour qu'on puisse aboutir à ce compromis. Moi, je suis pour le parlementarisme. — Donc il n'y a pas de compromis.
09:51— Ils n'ont pas voulu le compromis. Donc c'est eux qui prennent la responsabilité du 49.3. On peut pas se lamenter.
09:56— Ça veut dire, 49.3, est-ce que vous voterez la censure du budget ? — Évidemment que la logique, quand ils déposent un 49.3 pour passer en force
10:02un budget qui n'est pas bon pour les Français, qui va se traduire par... Ils vont augmenter les remboursements des consultations
10:08chez le médecin, geler les pensions pour tous les retraités et continuer à avoir des hôpitaux et des EHPAD qui fonctionnent pas
10:13dans des bonnes conditions. Eh bien je suis obligé de dire non. Mais c'est eux qui me mettent dans cette situation.
10:17— Vous voterez la censure ? — Je voterai. Nous déposerons une motion de censure et nous voterons une censure. C'est la suite logique
10:23d'un gouvernement. — Vous voterez la censure de l'FI ? — Je voterai. Alors il nous reste encore à discuter des modalités.
10:29Moi, je souhaite qu'il puisse y avoir une motion de censure qui soit présentée et qui... Sur les termes et les positions qui sont les nôtres.
10:35— Ah, vous n'êtes pas certain de voter la censure LFI ? — Non mais pour l'instant... — La motion LFI ? — Vous savez, le groupe socialiste,
10:42il a cette possibilité aujourd'hui de déposer par lui-même une motion de censure. Voilà. — Non, je dis ça parce qu'il y a une rupture.
10:46Parce que soyons clairs, il y a une rupture au sein du nouveau front populaire entre LFI d'un côté et les socialistes, peut-être certains écologistes.
10:54Aujourd'hui, il y a une volonté peut-être de coalition avec le Bloc central. Peut-être. On en a à parler. J'ai entendu Boris Vallaud dimanche dernier.
11:04C'est vrai ou pas ? Il y a cette volonté chez vous ? — D'abord, si vous parlez de rupture avec la FI, vous avez en face de vous un interlocuteur
11:11qui a été élu député en ayant contre lui une candidature soutenue par la FI, parce que moi, je n'avais pas souhaité être investi
11:21dans le cadre de cet accord, parce que j'ai des divergences profondes et je ne supporte plus la manière d'incarner le combat politique
11:28porté par Jean-Luc Mélenchon. C'est malheureux. C'est ainsi. Mais il s'aborde la gauche. — Qu'est-ce que vous ne supportez plus ?
11:33— La brutalisation, la complétarisation. — De la part de Jean-Luc Mélenchon. — Et une sorte de fuite en avant. En gros, vous savez,
11:40François Ruffin, il l'a très bien dit. Il a dit que c'est lui qui fait paire de la gauche. Voilà. Ça aurait pu ne pas être le cas.
11:45J'aurais préféré que ce soit pas le cas. Mais je me suis trompé en 2022. J'ai pensé qu'il allait raisonnablement être une sorte de pater familias
11:52de l'ensemble de la gauche. Il a préféré rester dans son couloir, brutaliser, conflictualiser, à tel point qu'il en est arrivé à dire des horreurs,
12:00y compris... Moi, je me suis pris un texte dont j'ai dit pour la première fois de ma vie qu'il était au relan antisémite me concernant.
12:07Et moi, je vais au bout de la logique. Quand je constate ça, je peux avoir un partenariat. Je parle pas des électeurs de la France insoumise.
12:14Je parle pas des propositions. Moi, je suis très à gauche, mais je suis très républicain aussi. — Mais Jean-Luc Mélenchon se dit « Voilà une opportunité
12:20pour que le président de la République démissionne, pour que je sois candidat à la présidence de la République ». C'est bien ce qu'il se dit.
12:26— Oui. Il a en tête probablement une logique de chaos institutionnel qui amène à mettre en porte-à-faux l'ensemble de ses partenaires.
12:35Regardez ce qui s'est passé cette semaine. Voilà. Dans cette seule semaine, dimanche... Enfin en début de semaine, on a la proposition hallucinante
12:44d'abrogation du délit d'apologie du terrorisme, qui est typiquement quelque chose dont ils savent que ça va cliver à gauche.
12:53Les réactions ont été unanimes. Tout le monde a dit « Mais attendez, c'est n'importe quoi. C'est même dangereux. C'est contraire
12:59à un certain nombre de valeurs et de principes que nous portons ». Donc dans cette semaine-là, il y a ça. Et puis on a parlé hier de l'abrogation
13:07de la réforme des retraites. Mais ils avaient glissé au passage un mauvais coup aux socialistes, parce que non seulement ils abrogeaient
13:14la réforme Borne, mais ils y ont glissé – ce qui n'était pas dans le programme du Nouveau Front populaire – l'abrogation de la réforme Touraine
13:21en voulant mettre en porte-à-faux les socialistes. Ce que je veux dire, c'est qu'en permanence, ils essayent non pas de faire du rassemblement
13:27de la gauche, mais de tirer la couverture à eux. Et ça, ce n'est pas la logique d'une coalition, ce n'est pas la logique d'une démarche commune.
13:35Donc voilà, il faut en tirer les conséquences. Moi, je souhaite qu'on tire les conséquences le plus rapidement. Je l'ai toujours dit, il faut assumer
13:41une confrontation politique avec la France insoumise en disant « Il y a des socialistes, il y a d'autres forces politiques à gauche qui sont
13:48pour un rassemblement serein ». Ça veut dire qu'on est déterminés, avec tous ceux qui le souhaitent, d'abord avec le reste de la gauche
13:56pour les prochaines échéances et pour répondre à votre question. Moi, je vais être tout à fait transparent. Et je suis sûr que ce que je vais vous dire
14:02dans un instant va déclencher, comme il l'a fait quand Philippe Brun a dit à peu près la même chose sur votre antenne il y a quelques jours,
14:07un tweet « assassins et vengeurs » de Jean-Luc Mélenchon. Il est assez frénétique en ce moment sur son compte Twitter. Moi, je considère que la gauche
14:14n'a pas gagné les élections le 7 juillet dernier. Elle est arrivée en tête, donc il y a une préférence qui a été donnée à la gauche, mais que
14:21dans le même temps, il y a eu un front républicain qui s'est exprimé et qui a empêché l'arrivée au pouvoir de Jordan Bardella, et que le président
14:27de la République aurait été bien inspiré de tenir compte de cette double réalité, une préférence donnée à la gauche et un front républicain,
14:33et qu'il aurait donc dû nommer un Premier ministre issu de la gauche à charge pour lui de construire une coalition gouvernementale qui respecte
14:43ce front républicain pour prendre nos responsabilités et diriger le pays sans blocage. C'est donc un accord de non-censure. C'est exactement ce qu'a dit
14:52Boris Vallaud pour l'après Michel Barnier. C'est de dire « si nous devons être des gens responsables, il faut partir de cette préférence qui a été donnée
14:59à la gauche, d'identifier un certain nombre de propositions qui peuvent avoir soit un soutien sans participation des autres forces de gauche
15:07ou des autres forces de l'arc politique, mais éviter le blocage du pays ». Parce que moi, c'est ça qui m'inquiète. Le blocage du pays que certains appellent
15:13de leur vœu, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, il n'est destiné qu'à provoquer un chaos pour aller vers l'élection présidentielle et se dire
15:20qu'ils ont plus de chance. Ces gens-là pensent à une élection présidentielle alors que moi, j'essaye de penser aux attentes de nos concitoyens.
15:26Et il est encore possible d'y répondre dans la période, de considérer que dans les deux ans...
15:31— En créant une coalition, en trouvant un compromis, en rompant, c'est une... Est-ce une rupture avec LFI ?
15:37— Mais c'est une rupture avec le message qui consiste à dire « au lendemain des élections du 7 juillet, c'est tout le programme, rien que le programme
15:45du nouveau Front populaire qui peut s'appliquer ». Là, c'est un mensonge adressé aux électeurs. On peut appliquer tout son programme
15:51quand on a la majorité. Il n'y a pas la majorité. Il y a une préférence, je le redis, qui a été donnée à la gauche. Et donc sur des sujets essentiels,
15:58il faut qu'en termes de services publics, en termes de pouvoir d'achat, en termes de transition écologique, on parte de ces propositions.
16:04Mais il faut qu'on obtienne le soutien des autres forces politiques. Et pour obtenir le soutien des autres forces politiques,
16:09il faut faire cette chose qui n'est pas un gros mot. Il faut construire du compromis, faire le contraire de ce que Michel Barnier n'a pas fait.
16:15— Du compromis. Une nouvelle élection présidentielle est-elle la seule solution pour résoudre la crise ? C'est ce que disent
16:20certains responsables politiques. Vous les avez entendus. — Eh bien je pense que ça, c'est la fuite en avant de ceux qui se disent
16:26qu'il faut qu'absolument, il y ait l'élection présidentielle dès à présent. Voilà. Il y a un côté pièce lancée en l'air et incertitude majeure
16:36pour le pays. — Jean-Luc Mélenchon dit que le gouvernement tombera la semaine prochaine. C'est ce qu'il a dit il y a 2 jours.
16:41Et Emmanuel Macron va démissionner. Voilà ce qu'il dit. — C'est parce que son obsession... C'est assez amusant pour un défenseur
16:49de la VIe République. Son obsession, c'est l'élection présidentielle. Voilà. Donc il veut que le calendrier soit accéléré, se disant que ça va
16:58couper l'herbe sous le pied du reste de la gauche, qui sera pas en capacité justement de s'organiser. Et moi, je souhaite que les 2 années
17:04qui viennent permettent à la gauche d'organiser dans un cadre collectif et démocratique 2 caractéristiques qui sont pas celles de la France insoumise,
17:11parce que moi, je souhaite que toute la gauche dans sa diversité puisse dire collectivement et démocratiquement, voilà qui est notre candidat,
17:19voilà qui est notre programme, qui a une chance de battre Marine Le Pen ou Jordan Bardella à l'élection présidentielle, parce que ça demeure
17:26mon obsession principale. La responsabilité qu'elle a nôtre dans la période, c'est éviter l'arrivée au pouvoir du RN, pas par principe,
17:34tout simplement parce que leur programme n'est pas satisfaisant. Je vous prends qu'un seul exemple. Dans les lignes rouges du RN pour ne pas censurer,
17:41vous les avez entendues une seule fois dire « notre ligne rouge, c'est l'abrogation de la réforme des retraites ». Ils font semblant de dire qu'ils sont
17:47pour l'abrogation de la réforme des retraites, contre la retraite à 64 ans, mais à aucun moment ils en font une ligne rouge pour ne pas censurer le gouvernement.
17:55— Vous voyez, il y a un décalage entre ce qu'ils disent et puis les actes de pression qu'ils font. — S'il y a censure, s'il y a censure budgétaire, ça veut dire quoi ?
18:03Ça veut dire que c'est le budget 2024 qui s'appliquera, il y aura un budget. Ça veut dire que toutes les aides... Je sais pas, moi, pour l'hébergement d'urgence,
18:12par exemple. — Il faut arrêter de dramatiser la situation. Les textes prévoient parfaitement le report d'un vote du budget, parce que s'il n'y a pas de budget immédiat,
18:21il pourrait y en avoir un dans le premier trimestre 2025. Vous savez, on peut même faire une proposition qui consiste à dire qu'en premier temps...
18:28— Toutes les avancées budgétaires seront reportées. — D'abord, le pays continuera à tourner. Les salaires seront versés, les retraites seront versées.
18:36Il faut arrêter l'argument de la dramatisation, parce que c'est quand même assez cocasse de la part de Michel Barnier de dire s'il n'y a pas de budget,
18:42si le gouvernement est renversé, alors ça va être la crise, y compris la crise financière sur les marchés financiers. Mais alors si c'est aussi risqué,
18:50pourquoi il fait pas le compromis qui serait moins coûteux ? Moi, je le redis. On a fait une proposition sur le budget de la Sécu, un compromis à 8 milliards
18:57sur 662 milliards qu'est le budget de la Sécu. On n'est pas capables de faire un compromis sur 1,2% d'un budget. Et on nous dit par contre
19:06« Ah là là, si le gouvernement est renversé, c'est la crise financière qui coûtera plus cher que les 8 milliards du compromis qu'on propose ».
19:12— Jérôme Guesche, c'est clair. Vous voterez contre le budget Sécurité sociale. Vous voterez censure, la censure, dans le cadre de ce budget de la Sécurité sociale.
19:20— Je vous le dis, je le regrette un peu. — Vous allez déposer une motion de censure. — D'une manière ou d'une autre, on déposera une motion de censure, oui.
19:25— Vous, les socialistes, on est bien d'accord. — Moi, je préférerais que ce soit une motion de censure déposée par les socialistes eux seuls pour pouvoir
19:32la rédiger en leurs termes. Mais voilà, on a la discussion dans le groupe socialiste. Et on aura cette expression. — Et sur le budget aussi ?
19:39— Eh bien sur les budgets, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Alors ça se trouve, tout s'arrêtera avec la motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale.
19:48Mais encore une fois, on a les deux mêmes problématiques. Un gouvernement qui a refusé de discuter avec l'ensemble des groupes politiques.
19:57— Vous êtes toujours en train... Vous êtes toujours prêt à discuter ? — Il a passé plus de temps au gouvernement... Mais moi, je l'ai encore redit.
20:02Je vous le dis mercredi en disant... Vous savez, si on doit rester 3 jours en commission mixte paritaire pour faire un travail inédit qui est de dire
20:08« Nous, parlementaires, députés et sénateurs, on essaye de se mettre d'accord dans l'intérêt général du pays ». Et en face de moi, j'ai le président de la commission
20:15qui m'a dit « Ce n'est pas le mandat qu'on a reçu ». Mais je lui dis « Mais les parlementaires, ils n'ont pas à recevoir de mandat du gouvernement.
20:20Ils ont à prendre et à exercer le sursaut quand le gouvernement n'a pas été capable de le faire ». Vous savez, le gouvernement, son drame, c'est qu'il a passé
20:26plus de temps à négocier à l'intérieur de son socle commun, le mal nommé socle commun, parce qu'il y en avait plusieurs qui savonnaient la planche de l'intérieur
20:34à Michel Barnier. Quand je voyais Gabriel Attal et Gérald Darmanin qui disaient « On ne touche pas au bilan des 7 dernières années d'Emmanuel Macron ».
20:43Mais elle est là, l'hérésie. Quand on n'a pas gagné les élections législatives, on accepte de remettre en cause ce qui s'est passé les dernières années.
20:50Et donc, là aussi, faire du compromis en disant « OK, on est prêt à lâcher sur telle ou telle planche ».
20:54— Jérôme Guesche, dernière question qui n'a plus rien à voir avec la politique française, quoique immunité pour Benjamin Netanyahou s'il vient en France.
21:03— J'ai vu que c'est la position que le quai d'Orsay a exprimée. — En expliquant qu'Israël n'est pas membre de l'ACPI, donc il pourrait bénéficier d'une immunité.
21:14— Moi, je vais vous parler franchement. Je respecte les décisions de la Cour pénale internationale. Voilà. Je considère que dans ces périodes troubles,
21:22le droit international, c'est ce qui nous reste pour réguler des rapports, y compris quand ils sont passés par la guerre et plus par la diplomatie.
21:35Et que donc, si c'est un moyen de pression juridique sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou que je combats et que je continue à combattre...
21:42Et dire ça, c'est bien évidemment distinct de soutenir l'État d'Israël dans son existence même quand elle est menacée.
21:51Mais s'il y a violation du droit international, alors il est légitime d'avoir des sanctions. Maintenant, derrière, il y a une lecture diplomatique
22:00qui est de « Est-ce qu'il faut mettre sous écrou les dirigeants israéliens s'ils se présentent sur le territoire national ? ».
22:08Je suis pas sûr que ce soit ça qui fasse avancer le schmilblick du drame que connaît la région du Proche et du Moyen-Orient.
22:14— Merci, Jérôme Schiavou. — Merci d'être venu nous voir ce matin sur l'antenne de Sud Radio. Patrick Roger, juste après les informations d'Honneveur.

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